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Envenimations en Afrique francophone : actes du deuxième ... - IRD

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La majorité des morsures survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au cours de la saison<br />

des pluies. Presque 3 victimes sur 4 sont de sexe masculin et<br />

l’âge moy<strong>en</strong> des pati<strong>en</strong>ts est de 28 ans. Ce sont <strong>en</strong> majorité des<br />

agriculteurs mor<strong>du</strong>s p<strong>en</strong>dant les travaux des champs.<br />

Le sérum antiv<strong>en</strong>imeux est conc<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> ville, à Niamey<br />

notamm<strong>en</strong>t, et indisponible dans les formations sanitaires<br />

périphériques (23).<br />

Il faut m<strong>en</strong>tionner une forte incid<strong>en</strong>ce des piqûres de scorpion<br />

dans le massif de l’Aïr, dans la région d’Agadez avec une morbidité<br />

importante chez l’<strong>en</strong>fant et une létalité de 23 % (1).<br />

Sénégal<br />

La population <strong>du</strong> Sénégal dépasse 10 millions d’habitants (51<br />

habitants par km 2 ), dont à peine la moitié est rurale. La population<br />

à risque est de 5,5 millions d’habitants <strong>en</strong>viron.<br />

Il existe une grande disparité d’incid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> fonction des<br />

régions. Le Sénégal ori<strong>en</strong>tal connaît sans doute l’incid<strong>en</strong>ce<br />

la plus forte avec 700 à 900 morsures pour 100 000 habitants<br />

(35, 37). La mortalité y est particulièrem<strong>en</strong>t élevée (35, 49,<br />

50). Dans les régions sahéli<strong>en</strong>nes, l’incid<strong>en</strong>ce annuelle est plus<br />

modérée, comprise <strong>en</strong>tre 30 morsures (20) et 300 (37) pour<br />

100 000 habitants. Il semble que l’incid<strong>en</strong>ce soit inversem<strong>en</strong>t<br />

proportionnelle à la d<strong>en</strong>sité de population et à la surexploitation<br />

des sols. Le recours à la médecine traditionnelle est<br />

systématique dans les zones rurales. En pays Sereer, 95 %<br />

des victimes consult<strong>en</strong>t un tradipratici<strong>en</strong> avant ou à la place<br />

<strong>du</strong> disp<strong>en</strong>saire médical (20).<br />

La distribution des sérums antiv<strong>en</strong>imeux est très irrégulière<br />

(37). L’approvisionnem<strong>en</strong>t est limité à la capitale et aux grandes<br />

villes (Dakar pour 80 %, Kaolack et Ziguinchor pour le<br />

reste). Les stocks sont par ailleurs très ré<strong>du</strong>its : 51 ampoules<br />

dans le secteur privé et une c<strong>en</strong>taine dans le secteur public<br />

pour tout le Sénégal <strong>en</strong> 2003 (résultats non publiés).<br />

Tchad<br />

La population, <strong>en</strong> majorité rurale, est de 9 millions d’habitants<br />

(7 habitants par km 2 ). La population à risque est de 7 millions<br />

de personnes.<br />

Aucune donnée précise n’est actuellem<strong>en</strong>t disponible <strong>en</strong><br />

dehors d’une étude qui confirme la prédominance des morsures<br />

par Viperidae (40).<br />

Togo<br />

La population est de 5 millions d’habitants (90 habitants par<br />

km 2 ), <strong>en</strong> majorité rurale. La population à risque est de 3,5<br />

millions d’habitants.<br />

La morbidité annuelle <strong>en</strong>registrée par le service de santé est<br />

de 130 ± 27 <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations pour 100 000 habitants, ce qui<br />

correspond à <strong>en</strong>viron 5 000 cas reçus dans les c<strong>en</strong>tres de<br />

santé chaque année (GOGOVOR, comm. pers.). Rapportée à<br />

la population à risque, la morbidité annuelle est de l’ordre de<br />

150 <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations pour 100 000 sujets à risque. La mortalité<br />

est comprise <strong>en</strong>tre 3 et 4 pour 100 000 habitants, soit près de<br />

5,5 pour 100 000 sujets à risque.<br />

CONCLUSION<br />

La population à risque, comprise <strong>en</strong>tre 115 et 120 millions<br />

d’habitants, est composée d’agriculteurs actifs, <strong>en</strong> majorité<br />

de sexe masculin. En fonction des données disponibles,<br />

plus de 100 000 personnes sont accueillies chaque année dans<br />

les c<strong>en</strong>tres de santé. Ceci correspond probablem<strong>en</strong>t à moins<br />

<strong>du</strong> tiers des victimes réellem<strong>en</strong>t mor<strong>du</strong>es par un serp<strong>en</strong>t, la<br />

plupart consultant un tradipratici<strong>en</strong>. La mortalité atteindrait<br />

Situation épidémiologique des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>.<br />

10 000 victimes, dont la moitié survi<strong>en</strong>drait dans un c<strong>en</strong>tre de<br />

santé, faute des soins appropriés.<br />

Les caractéristiques qui sembl<strong>en</strong>t influer sur l’incid<strong>en</strong>ce<br />

sont :<br />

– une pluviométrie annuelle supérieure à 500 mm,<br />

– une d<strong>en</strong>sité de population inférieure à 100 habitants par<br />

km 2 ,<br />

– une activité agricole dominante, certaines cultures acc<strong>en</strong>tuant<br />

la fréqu<strong>en</strong>ce des morsures et/ou leur gravité.<br />

La morbidité et la mortalité sont accrues dans la zone comprise<br />

<strong>en</strong>tre les isohyètes 700 et 1 200 mm de pluviométrie ; certains<br />

facteurs jou<strong>en</strong>t à l’évid<strong>en</strong>ce un rôle aggravant : monoculture,<br />

accessibilité au système de soins ré<strong>du</strong>ite, approvisionnem<strong>en</strong>t<br />

insuffisant. On peut y ajouter l’indisponibilité et l’impréparation<br />

<strong>du</strong> personnel de santé.<br />

La prise <strong>en</strong> charge des morsures de serp<strong>en</strong>t pose deux types<br />

de problème (22). D’une part, l’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sérum<br />

antiv<strong>en</strong>imeux et, d’autre part, la formation <strong>du</strong> personnel de<br />

santé. En effet, lorsque ces deux facteurs sont résolus, la population<br />

vi<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t consulter et la létalité est ré<strong>du</strong>ite d’un<br />

facteur 5 à 10 (24).<br />

Le sérum antiv<strong>en</strong>imeux doit répondre à des spécifications<br />

précises d’efficacité (fabrication à partir de v<strong>en</strong>ins prov<strong>en</strong>ant<br />

de la région à couvrir, titre protecteur suffisant) et de sécurité<br />

(fragm<strong>en</strong>tation puis purification des immunoglobulines et élimination<br />

des contaminations) (9). Son prix doit être abordable<br />

et sa distribution correspondre aux besoins épidémiologiques :<br />

c<strong>en</strong>tres de santé périphériques, notamm<strong>en</strong>t. Ceci nécessite un<br />

système de report des cas fonctionnel et efficace pour id<strong>en</strong>tifier<br />

les <strong>en</strong>droits où l’on doit positionner les sérums antiv<strong>en</strong>imeux.<br />

À défaut, il faudra procéder à une <strong>en</strong>quête épidémiologique<br />

nationale. La concurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre pro<strong>du</strong>cteurs est un facteur de<br />

contrôle des prix mais des systèmes de financem<strong>en</strong>t complém<strong>en</strong>taire<br />

(mutuelles, péréquation, prise <strong>en</strong> charge partielle par<br />

l’État ou les collectivités locales, <strong>en</strong>treprises privées, politique<br />

de médicam<strong>en</strong>ts orphelins) doiv<strong>en</strong>t être étudiés. En outre, le<br />

problème de la conservation <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it doit être résolu, soit<br />

par une chaîne de froid, soit par la lyophilisation <strong>du</strong> sérum<br />

antiv<strong>en</strong>imeux, pour ré<strong>du</strong>ire le risque de péremption trop<br />

rapide et faciliter la gestion des stocks (14).<br />

La formation <strong>du</strong> personnel de santé suppose de disposer d’un<br />

algorithme de traitem<strong>en</strong>t simple et approprié. Par ailleurs,<br />

outre la formation initiale lors des études de médecine ou<br />

d’infirmiers, il convi<strong>en</strong>t d’assurer la mise à jour régulière des<br />

connaissances.<br />

Un sérum antiv<strong>en</strong>imeux de bonne qualité dont l’efficacité et<br />

l’innocuité sont confirmées, correctem<strong>en</strong>t distribué, c’est-àdire<br />

positionné dans les c<strong>en</strong>tres périphériques recevant les<br />

morsures de serp<strong>en</strong>t, administré par un personnel de santé<br />

formé à son utilisation (indication, voie d’administration,<br />

posologie et surveillance) doit permettre de ré<strong>du</strong>ire la mortalité<br />

d’<strong>en</strong>viron 90 %. Elle diminuerait, dans les pays <strong>francophone</strong>s<br />

d’<strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne, de près de 10 000 décès annuels à<br />

moins de 1 000. L’information <strong>du</strong> public, <strong>en</strong> favorisant une<br />

consultation plus précoce devrait <strong>en</strong>core ré<strong>du</strong>ire ce chiffre.<br />

Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques<br />

1. ATTAMO H, DIAWARA NA & GARBA A – Épidémiologie des<br />

<strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations scorpioniques dans le service de pédiatrie <strong>du</strong><br />

CHD d’Agadez (Niger) <strong>en</strong> 1999. Bull Soc Pathol Exot, 2002,<br />

95, 209-211.<br />

2. BALDE MC, DIENG D, INAPOGUI AP, BARRY AO, BAH H &<br />

KONDE K – Problématique des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations <strong>en</strong> Guinée.<br />

Bull Soc Pathol Exot, 2005, 98, 4, 263-268 267

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