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Envenimations en Afrique francophone : actes du deuxième ... - IRD

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occasionné 6 décès, soit une létalité de 3,6 %. L’<strong>en</strong>semble des<br />

cas de morsure réunis, aussi bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> milieu hospitalier qu’<strong>en</strong><br />

milieu communautaire, a permis d’observer une létalité de<br />

3,1 % (12/387). En milieu hospitalier, l’incid<strong>en</strong>ce des morsures<br />

de serp<strong>en</strong>t n’a pas été différ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre les hommes et les<br />

femmes. Les traitem<strong>en</strong>ts spécifiques à base de sérums antiv<strong>en</strong>imeux<br />

ne sont pas utilisés et sont remplacés par des traitem<strong>en</strong>ts<br />

palliatifs (tableau II). Sur 103 officines de Brazzaville <strong>en</strong>quêtées,<br />

deux seulem<strong>en</strong>t propos<strong>en</strong>t les sérums antiv<strong>en</strong>imeux, au<br />

prix variant <strong>en</strong>tre 25 000 et 63000 F CFA. Dans les c<strong>en</strong>trales<br />

de médicam<strong>en</strong>ts, une c<strong>en</strong>trale d’achat sur les quatre <strong>en</strong>quêtées<br />

fournit des sérums antiv<strong>en</strong>imeux et des Aspiv<strong>en</strong>ins ® au coût,<br />

respectif, de 18 763 et 7 069 F CFA (tableau IV). Ainsi, dans<br />

les formations sanitaires et dans les communautés, le traitem<strong>en</strong>t<br />

à base de la pierre noire est le plus utilisé (tableau II).<br />

Dans le Niari (Dolisie) et dans le Kouilou (Pointe-noire), le<br />

nombre de morsures <strong>en</strong>registrées a été plus important dans les<br />

formations sanitaires que dans les communautés villageoises,<br />

36 cas versus 18 dans le Niari et 63 cas versus 3 dans le Kouilou.<br />

Dans les autres départem<strong>en</strong>ts, la t<strong>en</strong>dance s’inverse.<br />

Discussion<br />

Du point de vue géographique, notre étude a permis de<br />

constituer un échantillon représ<strong>en</strong>tatif puisqu’il porte<br />

sur six des dix départem<strong>en</strong>ts <strong>du</strong> pays. Mais les unités secondaires,<br />

les villages, ont une répartition déséquilibrée. Ainsi,<br />

sur un village <strong>en</strong>quêté dans le Kouilou, 18 l’ont été dans<br />

la Lékoumou <strong>en</strong>traînant l’apparition de biais, <strong>du</strong> fait de ce<br />

grand déséquilibre, même si la solution à la recherche de la<br />

bonne incid<strong>en</strong>ce sur l’<strong>en</strong>semble <strong>du</strong> pays n’est pas une <strong>en</strong>quête<br />

exhaustive. Néanmoins, le prés<strong>en</strong>t travail a permis d’établir<br />

que les morsures de serp<strong>en</strong>t constitu<strong>en</strong>t un problème de santé<br />

publique réel au Congo-Brazzaville. La létalité est relativem<strong>en</strong>t<br />

faible, contrairem<strong>en</strong>t à celle observée <strong>en</strong> zone de savane<br />

dans la zone sud-est <strong>du</strong> Sénégal (3), supérieure à celle obte-<br />

Tableau III.<br />

Nombre de morsures et de décès dans les hôpitaux <strong>en</strong>quêtés <strong>en</strong> fonction des<br />

départem<strong>en</strong>ts et <strong>du</strong> sexe.<br />

Number of bites and deaths occurred in hospitals.<br />

départem<strong>en</strong>ts hommes femmes total décès<br />

Likouala 17 16 33 6<br />

Plateaux 4 4 8 0<br />

Lékoumou 11 9 20 0<br />

Bou<strong>en</strong>za 2 1 3 0<br />

Niari 19 19 38 0<br />

Kouilou 38 26 63 0<br />

Tableau IV.<br />

Sérums, pro<strong>du</strong>its antiv<strong>en</strong>imeux et prix dans les c<strong>en</strong>trales et les officines<br />

(période 2000-2004).<br />

Antiv<strong>en</strong>oms and antiv<strong>en</strong>omous devices sold in various wholesalers or<br />

drugstores.<br />

c<strong>en</strong>trales d’achat sérums aspiv<strong>en</strong>ins prix/unité<br />

et officines (quantité/an) (quantité/an) (F CFA)<br />

LABOREX non non -<br />

(c<strong>en</strong>trale privée) (-) (-)<br />

Coopharco non non -<br />

(c<strong>en</strong>trale privée) (-) (-)<br />

SEP oui (1) oui (2) (1) 18 763<br />

(c<strong>en</strong>trale privée) (75) (14) (2) 7 069<br />

CENAMES non non -<br />

(c<strong>en</strong>trale privée) (-) (-)<br />

officines oui non 25 000<br />

(privées) (-) à 63 000<br />

hôpitaux non non -<br />

(publics) (-) (-)<br />

J. Akiana, E. Mokondjimobé, H. J. Parra et al.<br />

nue au Sénégal ori<strong>en</strong>tal (6) et comparable à celle rapportée <strong>en</strong><br />

Côte-d’Ivoire (2).<br />

Dans les communautés villageoises, le nombre de cas déclarés<br />

est plus élevé que ceux qui sont <strong>en</strong>registrés dans les formations<br />

sanitaires. Mais <strong>en</strong> milieu urbain (Pointe-noire) et semi-urbain<br />

(Dolisie), le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t est plus important dans les formations<br />

sanitaires que ceux qui sont déclarés dans les villages. Le<br />

recours aux soins est modifié selon qu’on se trouve <strong>en</strong> ville ou<br />

au village ; il y aurait donc un attrait vers les hôpitaux pour les<br />

citadins et un attrait vers la pharmacopée traditionnelle pour<br />

les villageois. Il est certain que dans les milieux ruraux, le<br />

manque de traitem<strong>en</strong>ts modernes de qualité dans les hôpitaux<br />

explique le recours aux soins traditionnels.<br />

Le manque de sérums et pro<strong>du</strong>its antiv<strong>en</strong>imeux spécifiques<br />

dans les officines, les formations sanitaires et les c<strong>en</strong>trales<br />

d’achat et de v<strong>en</strong>te des médicam<strong>en</strong>ts peut être attribué à l’abs<strong>en</strong>ce<br />

d’un programme national de prise <strong>en</strong> charge des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations<br />

et au coût élevé de ces pro<strong>du</strong>its proposés par leurs<br />

fabricants.<br />

Conclusion<br />

Cette étude établit de manière évid<strong>en</strong>te que les <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations<br />

par morsure de serp<strong>en</strong>t sont un problème de<br />

santé publique au Congo, même si la létalité reste relativem<strong>en</strong>t<br />

faible. Les registres de notification des cas dans les hôpitaux<br />

devrai<strong>en</strong>t être systématiquem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> place et bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>us<br />

afin de permettre un rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t correct qui fournirait des<br />

données fiables, <strong>en</strong> terme d’incid<strong>en</strong>ce et de létalité. Celles-ci<br />

devrai<strong>en</strong>t refléter la réalité pour permettre une bonne prise de<br />

décision par les autorités sanitaires <strong>du</strong> pays.<br />

Notre travail est <strong>en</strong> train d’être complété par une <strong>en</strong>quête<br />

dans les ménages.<br />

Ces <strong>en</strong>quêtes permettront, d’une part, une bonne s<strong>en</strong>sibilisation<br />

des autorités aux problèmes d’<strong>en</strong>v<strong>en</strong>imation au Congo et,<br />

d’autre part, de décl<strong>en</strong>cher une sonnette d’alarme à l’<strong>en</strong>droit<br />

des fabricants de sérums et autres pro<strong>du</strong>its antiv<strong>en</strong>imeux afin<br />

qu’ils cré<strong>en</strong>t de nouvelles conditions pouvant concourir à la<br />

mise au point de schémas thérapeutiques spécifiques et à la<br />

disponibilité de ces pro<strong>du</strong>its.<br />

Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques<br />

1. CARME B, TRAPE JF & LUBAKI KUMBA L – Les morsures de<br />

serp<strong>en</strong>t au Congo. Estimation de la morbidité à Brazzaville<br />

et <strong>en</strong> zone rurale de la région <strong>du</strong> Pool et <strong>du</strong> Mayombe. Ann<br />

Soc Belg Med Trop, 1986, 66, 183-189.<br />

2. CHIPPAUX JP – Épidémiologie des morsures de serp<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

République de Côte d’Ivoire. Bull Soc Pathol Exot, 2002, 95,<br />

167-171.<br />

3. CHIPPAUX JP & DIALLO A – Évaluation de l'incid<strong>en</strong>ce des<br />

morsures de serp<strong>en</strong>t <strong>en</strong> zone de sahel sénégalais, l’exemple<br />

de Niakhar. Bull Soc Pathol Exot, 2002, 95, 151-153.<br />

4. RAVISSE P – Note sur les serp<strong>en</strong>ts de Brazzaville. Bull Inst<br />

Etudes C<strong>en</strong>trafr, 1960, 19-20, 45-53.<br />

5. TRAPE JF, PEELMAN P & CARME B – La gravité d’une morsure<br />

de serp<strong>en</strong>t. À propos de trois observations au Congo. Ann<br />

Soc Belge Méd Trop, 1992, 72, 155-157.<br />

6. TRAPE JF, PISON G, GUYAVARCH E & MANE Y – High mortality<br />

from snakebite in south-eastern S<strong>en</strong>egal. Trans R Soc<br />

Trop Med Hyg, 2001, 95, 420-423.<br />

<strong>Env<strong>en</strong>imations</strong> 306

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