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La Gazette nº 7 - Middlebury College

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l’air de contempler un jardin de roses en fleur. Celles-ci sont<br />

fragiles mais peut-être ne sont-elles pas aussi fragiles que<br />

toi. Tu regardes par la fenêtre, mais tes yeux ne sont pas fixés<br />

sur le paysage. Tu as le regard perdu. D’horribles pensées te<br />

dérangent-elles ? Ton visage blanc et impénétrable est rigide.<br />

Ta posture rappelle les hiéroglyphes égyptiens et te donne<br />

l’air d’une princesse—mais pas une princesse vivante. Je peux<br />

t’imaginer en l’an 2000 avant Jésus Christ, assise sur le trône<br />

dans une salle construite en pierre. Les voix sourdes de tes<br />

conseillers résonnent lorsque ceux-ci attendent ton signe. Tu<br />

n’es pas pressée de leur donner une réponse. C’est une guerre<br />

qu’ils voudraient commencer ou peut-être voudraient-ils arranger<br />

ton mariage ! Comment pourraient-ils savoir que ton<br />

amour a déjà été donné à un autre. Et quel autre alors ! C’est<br />

un artiste de ton royaume. Tu as fait sa connaissance il y a trois<br />

ans quand tes conseillers l’ont engagé pour faire ton portrait<br />

à l’occasion de ton vingtième anniversaire. Il était marié et tu<br />

étais princesse—mais votre amour ne pouvait pas être étouffé.<br />

Tu gardes les pensées de ce profond amour même à l’intérieur<br />

de ta cour. Mais le trône n’est pas un bon siège pour ces sentiments.<br />

Ton dieu t’a dessinée avec une intention spécifique.<br />

Il t’a donné un pouvoir incontestable. Ta présence force le<br />

respect. Tu es douce, sage, et gentille. De plus, tu es belle.<br />

C’est pour cela que tes sujets t’adorent. Mais qu’as-tu dit ? Il<br />

me semble que tu me caches quelque chose. N’y a-t-il pas une<br />

larme sur ta joue ? Tu me dis que c’est seulement une ombre.<br />

C’est vrai que la lumière dans cette salle transforme les formes<br />

et rend la réalité plus étrange. <strong>La</strong> lumière produit des trompel’oeil<br />

dont tu formes une partie. Mais où est-il, ton cher artiste?<br />

Tu attends. Tu l’attends. Sans ton amant, le temps passe très<br />

lentement. Il est dans une chambre souterraine. Il crée un<br />

nouveau chef-d’œuvre. Es-tu son sujet ? Ou en a-t-il choisi un<br />

autre ? Les fleurs de ton jardin n’ont pas les réponses que tu<br />

cherches. Tu es comme une femme sculptée en pierre. Tu es<br />

immobile. Tu es belle. Tu attends.<br />

LE CRÉPUSCULE<br />

Kerry HARTMAN<br />

Le ciel a commencé à s’assombrir. <strong>La</strong> nature agissait comme<br />

si elle voulait me capturer : elle montrait toute la beauté des<br />

feuilles sur terre aux nuages dans les cieux. <strong>La</strong> lourde chaleur<br />

qui nous avait épuisés tout la journée diminuait. Sous mes<br />

pieds la fraîcheur de l’herbe m’apporterait un calme qui transcendait<br />

toute raison en m’obligeant à oublier les complexités<br />

de la mondialisation, du cinéma, et de la grammaire. <strong>La</strong> soie<br />

verte caressait la peau délicate de mes pieds ; avec chaque pas<br />

les détails du jour disparaissaient, comme si les brins les absorbaient.<br />

L’élégante fleur coincée entre mes orteils m’éblouit ; j’étais<br />

heureuse qu’elle m’ait choisie pour partager sa beauté. Tout à<br />

coup j’ai vu, comme si c’était pour la première fois, la multitude<br />

des petites fleurs blanches qui dansait autour de mes doigts de<br />

pieds, chatouillée par la brise qui roucoulait dans mes oreilles.<br />

Le souffle suave accouplé avec la douce mélodie des grillons<br />

invisibles et des moustiques ennuyeux me rassasiait. Deux lucioles<br />

quittaient leurs maisons d’arbres et leurs rêves, se réveillaient<br />

avec la nuit en pétillant comme les étoiles, car toutes les<br />

deux avaient fui le soleil toute la journée. Mais elles sortaient<br />

avec la lune et restaient inaccessibles pour moi.<br />

Le gentil bruit causé par la danse entre les feuilles et la brise<br />

c’était comme la voix de Dieu dans ce coin de paradis sur la<br />

terre disant « Bonsoir, je t’aime ». Les cris joyeux et sauvages de<br />

gamines en chassé-croisé flottaient depuis les champs lointains,<br />

en se mélangeant avec la subtile présence de Dieu.<br />

À côté de moi la forêt était comme un grand bataillon de<br />

soldats impressionnants qui gardaient la frontière entre la terre<br />

verdoyante et le ciel changeant et coloré. Les branches allongées<br />

maintenaient cette frontière, laissant seulement les rayons<br />

du soleil la traverser et les spectateurs la regarder avec admiration.<br />

Le soleil était mon meilleur ami à ce moment-là ; il me<br />

caressait avec ses rayons de couleurs vibrants : le blanc le plus<br />

pur, le doux bleu, l’or fascinant, l’orange si frais que je pouvais<br />

le manger, le gris presque à ma portée, le rouge brûlant, et<br />

toutes les couleurs mélangées.<br />

<strong>La</strong> paix qui existait dans ce monde-là me plaisait et je voulais<br />

crier, danser, chanter et gambader pour signaler que j’acceptais<br />

la réanimation et tout ce que la nature m’avait donné. J’ai commencé<br />

à chanter. <strong>La</strong> nature était heureuse comme si elle avait<br />

gagné un prix : en fait, elle a reçu mon âme et l’a menée aux<br />

cieux avec le crépuscule.<br />

Michèle HERNANDEZ<br />

LA PLUS BELLE FEMME DU MONDE<br />

Quand on la regarde, c’est évident qu’elle est la plus belle<br />

femme du monde. Elle mesure 1,66 mètre. Elle est très mus-<br />

(suite à la page 17)<br />

quinze<br />

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