La Gazette nº 7 - Middlebury College
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littérature africaine au féminin<br />
lences, chuchotements et cris, Frieda Ekotto renoue avec<br />
les écritures rebelles des années quatre-vingts et quatrevingt-dix,<br />
mais les renouvelle grâce à une narration savamment<br />
élaborée, complexe à souhait, revêtant la forme<br />
d’un lacis de voix anonymes, et dont on ne découvre que<br />
dans les ultimes pages, les histoires et les secrets…<br />
S’il est vrai que les femmes africaines ont longtemps été<br />
condamnées au silence, et s’il a fallu attendre les années<br />
soixante-dix et la parution des romans de Camara <strong>La</strong>ye,<br />
Mariama Bâ et Werewere Liking, pour voir des femmes<br />
s’affirmer comme romancières, c’est au début des années<br />
quatre-vingts qu’a émergé une génération de femmes<br />
«rebelles» désireuses de faire entendre, par-delà leurs<br />
voix, celles de leurs contemporaines vouées au silence, et<br />
de décrire sans aucune concession, dans des romans à la<br />
structure élaborée et à l’écriture vindicative, le quotidien<br />
et la destinée des femmes africaines, donnant naissance à<br />
ce type de roman auquel Odile Cazenave a donné le nom<br />
de «nouveau roman africain au féminin». À cette littérature<br />
rebelle a succédé ces dernières années une littérature<br />
plurielle, entre divertissement, témoignage et rébellion,<br />
qui atteste la vitalité et la créativité croissante des romancières<br />
africaines, et apporte la preuve irréfutable que le<br />
temps où on pouvait stigmatiser leur absence est bien<br />
révolu.<br />
(suite de la page 13)<br />
gieux : la laïcité européenne peut être<br />
un rempart contre ce «choc des civilisations»<br />
que certains prédisent, et qui<br />
n’a rien d’inéluctable.<br />
D’aucuns pensent aussi que cette<br />
Communauté élargie est une porte<br />
ouverte à la mondialisation, que<br />
nous y perdrons nos acquis sociaux<br />
et que notre niveau de vie en souffrira.<br />
Mais face à la mondialisation,<br />
que «pèsent» 62 millions de Français,<br />
ou 82 millions d’Allemands ? N’est-ce<br />
pas dans l’union de ses 4 6 millions<br />
de citoyens (la troisième population<br />
mondiale, derrière la Chine et l’Inde<br />
mais bien avant les États-Unis) que<br />
l’Europe peut construire une alternative<br />
crédible à une mondialisation<br />
purement libérale ? 4 6 millions de<br />
femmes et d’hommes parmi les mieux<br />
formés au monde, les plus productifs<br />
de la planète (et de loin), bénéficiant<br />
de la meilleure espérance de vie… et<br />
1 Angèle Bassolé, « Les mémoires absentes ! Femmes,<br />
Afrique, parole et écriture ! » [in] Mots Pluriel, no.13,<br />
avril 2000.<br />
Orientations bibliographiques<br />
les plus pacifiques. Cela prendra du<br />
temps, et peut-être faudra-t-il que<br />
chacun de nos pays fasse des concessions<br />
au bien commun, mais seul le<br />
modèle social particulier de l’Europe<br />
(ce qu’on appelle l’économie sociale<br />
de marché) permet une paix durable<br />
entre les personnes et les nations, et<br />
une solidarité effective entre les pays.<br />
Moi-même, j’ai longtemps douté. J’ai<br />
voté non à Maastricht parce que ce<br />
Traité dévaluait à mon sens ce qu’est<br />
vraiment l’Europe. Parce qu’on y<br />
voyait avant tout une union de marché<br />
en construction alors qu’elle est pour<br />
moi depuis toujours une communauté<br />
de valeurs. Mais je reconnais<br />
aujourd’hui que Maastricht était<br />
une étape obligée. Que l’utilisation<br />
de la même monnaie, outre qu’elle<br />
a imposé l’Europe sur les marchés<br />
mondiaux, a participé à un sentiment<br />
d’appartenance général. Avec<br />
l’adhésion à un futur traité constitu-<br />
BASSOLE, Angèle, « Les mémoires absentes ! Femmes,<br />
Afrique, parole et écriture ! » [in] Mots Pluriel, no.13,<br />
avril 2000. http://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/<br />
MP300anb.html.<br />
CAZENAVE, Odile, Femmes rebelles. Naissance d’un<br />
nouveau roman africain au féminin, Paris, L’Harmattan,<br />
1996, « Critiques littéraires »<br />
Dominique LANNI<br />
tionnel réaménagé, nous renforcerons<br />
cette appartenance à la fédération des<br />
États-Unis d’Europe. J’aimerais tant<br />
qu’il soit possible d’emmener chaque<br />
«eurosceptique» dans une salle des<br />
Conseils des ministres européens,<br />
à Bruxelles : vingt-cinq femmes et<br />
hommes prennent place autour d’une<br />
table et échangent leurs points de vue.<br />
Le temps de parole est également limité<br />
pour chacun, qu’il soit allemand,<br />
français ou chypriote. Chacun écoute<br />
l’autre, dans le respect mutuel. Il n’y<br />
a pas de «petit pays», il n’y a que des<br />
partenaires dans une même aventure,<br />
complexe certes, mais riche et forte.<br />
Lorsque l’on a la chance de participer<br />
à ce type d’événement, on comprend<br />
que l’Europe à un sens et une direction.<br />
Et que tout cela fonctionne, finalement,<br />
plutôt mieux qu’on ne le dit.<br />
Rachel LAUTHELIER-MOURIER<br />
dix-neuf<br />
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