SoRCIERS Et SoRCIèRES AU LUXEMboURg - Jos A. Massard

1562 jusqu’à sa mort en 1568. 34 Hovaeus se prononce contre l’application de la torture qui
force des innocents à avouer des crimes non commis. 35 Cela ressort d’une lettre adressée
en 1563 par Hovaeus à Johann Weyer (1515-1588) et dans laquelle il félicite celui-ci de
son livre « De prestigiis daemonum » qu’il vient de publier à Bâle. Weyer est né en
Brabant du Nord; il a été médecin de la ville d’Arnheim (Pays-Bas), puis médecin
personnel du duc Guillaume III de Kleve-Jülich-Berg. Dans son ouvrage, Weyer a
développé l’idée que les femmes condamnées pour sorcellerie sont en premier lieu des
vieilles personnes ne disposant plus de toutes leurs facultés intellectuelles, dont les
affirmations concernant leur pacte avec le diable ou leur transformation en un animal ne
sont que le fruit de leur imagination. Dans l’opinion de Weyer les autorités se livrent à un
bain de sang parmi des innocents qui auraient avant tout besoin d’aide médicale.
Parmi les opposants luxembourgeois aux procès de sorcellerie citons encore le curé de
Koerich et de Sterpenich Henri Gaderius, né au cours de la seconde moitié du 16e siècle à
Sterpenich. Il nie l’existence de la sorcellerie ce qui lui vaut d’être soupçonné à son tour
comme sorcier; il se voit contraint à demander une lettre de purge. 36
Friedrich Spee von Langenfeld
L’année 1631 marque une étape décisive dans la lutte contre la chasse aux sorcières. C’est
la publication de l’ouvrage « Cautio criminalis » dont l’auteur anonyme est le jésuite
Friedrich Spee von Langenfeld (1591-1635). Dès le départ, les supérieurs de Spee ont
reconnu en lui l’auteur de ce livre et ils envisagent des sanctions, d’autant plus qu’il y aura
une seconde édition en 1632. Spee qui enseigne à Cologne en ce moment-là sera déplacé à
Trèves où il mourra en 1635. 37
Il faut préciser que Spee ne nie pas l’existence de la sorcellerie; ainsi, dans le premier
chapitre de son ouvrage, il pose la question si les sorcières et les démons existent
réellement et il y répond affirmativement! 38 Ce que Spee dénonce, c’est la manière dont se
déroulent les procès et notamment la torture qui fait avouer aux accusés tout ce que l’on
veut pourvu que cessent les atroces douleurs auxquelles ils préfèrent la mort: « Die
allenthalben angewandte Tortur ist ungeheuerlich und verursacht übermäßig furchtbare
Schmerzen. Mit furchtbaren Schmerzen aber ist es so: Wenn wir ihnen dadurch entgehen
können, dann scheuen wir nicht einmal den Tod. Es besteht also die Gefahr, daß viele der
Gefolterten, um sich den Qualen der Tortur zu entziehen, ein Verbrechen gestehen, das sie
gar nicht begangen haben, und daß etliche sich irgendwelche Missetaten andichten, die
ihnen von dem vernehmenden Beamten eingegeben werden oder die sie sich selbst schon
vorher zu bekennen vorgenommen haben. » 39
Si déjà les hommes ne résistent pas à la torture comment les femmes, le sexe faible, le
pourraient-elles? « Die Gefährlichkeit des Hexenprozesses wird aber noch durch die
Anlagen des weiblichen Geschlechts selbst erhöht. Jeder weiß, was für ein schwaches
Geschöpf das Weib ist, wie unfähig, Schmerzen zu ertragen, und wie geschwätzig es ist.
Wenn, wie gesagt, nicht einmal gewissenhafte Männer so charakterfest sind, daß sie den
34
Franz 1995.
35
Franz 1985, p. 36 et 39; Hess 1960, p. 122; Haan 1971, p. 14ss. Pour plus de détails, voir: Hammes 1983,
p. 193-207.
36
van Werveke 1923, p. 304s; Hess 1960, p. 120s.
37
Voir à son sujet: Arens 1981, Miesen 1987, Wilhelm 2000.
38 Spee 1982, p. 1.
39 Spee 1982, p. 79.
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