SoRCIERS Et SoRCIèRES AU LUXEMboURg - Jos A. Massard
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Le déroulement d’un procès de sorcellerie<br />
Le procès de sorcellerie typique 26 se déroule en plusieurs étapes devant le tribunal de<br />
haute justice. La procédure est déclenchée sur plainte du haut justicier lui-même ou de son<br />
remplaçant ou sur plainte d’un plaignant privé.<br />
La plainte est suivie par l’information préparatoire: Le plaignant doit présenter des<br />
témoins à charge dont les témoignages doivent confirmer ses accusations. Les accusations<br />
se ressemblent de procès en procès: une méchante maladie a été provoquée par<br />
ensorcellement, un nourrisson jusque-là en bonne santé a commencé à dépérir, un cheval<br />
est mort subitement, un veau est tombé malade, etc.<br />
Les témoins sont engagés à observer le secret, ce qui n’empêche pas la rapide divulgation<br />
de la nouvelle, et de nouveaux témoins affluent. Le tribunal contrôle les actes des procès<br />
antérieurs pour voir si la personne soupçonnée de sorcellerie n’y a pas déjà été nommée.<br />
Le cas échéant des extraits des actes de ces procès sont rédigés. De tels extraits sont<br />
souvent demandés par les tribunaux voisins, et c’est ainsi que la chasse aux sorcières s’est<br />
rapidement propagée de village en village.<br />
Une fois bouclé, le dossier d’accusation devra être transmis au Conseil provincial. Celui-ci<br />
désigne deux juristes, en principe des avocats agréés par le Conseil provincial, qui<br />
examinent le matériel et qui sont censés intervenir dans le déroulement de l’affaire par la<br />
rédaction d’une expertise. Dans cette phase de la procédure, ils ont p. ex. à décider si<br />
l’instruction est à arrêter, si des preuves supplémentaires sont à réunir ou si le suspect est à<br />
incarcérer.<br />
En fait, de nombreux hauts justiciers préfèrent sauter cette étape et procèder d’emblée à<br />
l’arrestation de la personne suspecte. Souvent c’est déjà à ce stade-ci que les biens du<br />
suspect sont confisqués. De toute façon, coupable ou non, l’intéressé devra payer les frais<br />
du procès généralement très élevés.<br />
La prochaine étape est la confrontation aux témoignages dont la lecture est faite à l’accusé<br />
et il peut y réagir. Il peut également y avoir confrontation directe entre l’accusé et les<br />
témoins à charges. L’interrogatoire une fois terminé, les réponses sont soumises aux<br />
juristes, qui normalement recommandent de procéder à l’étape suivante, la question<br />
préparatoire (peinliche Frage), c.-à-d. la torture, dont tous les détails seront soigneusement<br />
notés par le greffier, notamment son intensité et sa durée.<br />
L’accusé est mené dans la chambre de torture et on lui fait la lecture de l’acte d’accusation<br />
en présence des instruments de torture. Si l’accusé refuse toujours d’avouer, le bourreau<br />
commence son travail. Le procédé généralement utilisé au Luxembourg consiste à lier les<br />
mains du patient derrière son dos au moyen d’une corde fixée sur une potence ou une<br />
poulie installée au plafond de la chambre de torture; on hisse l’accusé et on le laisse<br />
suspendu pendant un certain temps ou on le laisse tomber jusque près du sol. Le supplice<br />
peut être aggravé en fixant de lourdes pierres aux pieds du supplicié. Ce genre de torture<br />
entraîne le plus souvent une dislocation des membres supérieurs. On peut également serrer<br />
les pouces du supplicié en lui mettant les poucettes (Daumenschrauben) ou on lui tient une<br />
torche allumée sous l’aisselle. L’art du bourreau consiste à ne pas tuer le supplicié et à<br />
26 D’après Reuter 1986, p. 35.<br />
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