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SoRCIERS Et SoRCIèRES AU LUXEMboURg - Jos A. Massard

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CUNLUX/ISERP<br />

Année académique 2000/2001 (Cours de M. Yante)<br />

<strong>SoRCIERS</strong> <strong>Et</strong> <strong>SoRCIèRES</strong><br />

<strong>AU</strong> <strong>LUXEMboURg</strong><br />

Caroline MASSARd<br />

Luxembourg<br />

mai 2001


Illustration de la page de couverture: détail de la page de couverture du «Tractat<br />

von Bekanntnuß der Zauberer und Hexen» de Peter Binsfeld (1590).


Caroline MASSARD (ISERP)<br />

Cours de M. Yante<br />

Année académique 2000/2001<br />

Mai 2001<br />

SORCIERS ET SORCIERES <strong>AU</strong> LUXEMBOURG<br />

« À la fin de la période médiévale se produisit un phénomène collectif où la croyance en<br />

Satan atteignit des proportions fantastiques: la sorcellerie fut prise au sérieux; on admit<br />

ses pouvoirs comme étant réels (envoûtements, capacités physiques supranormales,<br />

sabbats) et comme provenant de Satan. On crut à une sorte de Contre-Église des<br />

sorciers, fondée sur un pacte avec Satan à un culte aux rites abominables, célébrés<br />

durant les sabbats (meurtres d’enfants, sacrilèges, rapports sexuels avec Satan, etc.). Du<br />

XIVe au XVIIe siècle se développa, du fait de l’Inquisition (et sous l’influence des<br />

manuels d’inquisition, tels que Le Marteau des sorcières , 1486), une «chasse aux<br />

sorcières» d’une férocité inconcevable: des milliers de sorcières furent brûlées vives,<br />

après avoir subi les tortures les plus extrêmes. Il est difficile de comprendre cette<br />

aberration collective, à laquelle participèrent les esprits les plus cultivés du temps. Qu’il<br />

existât des sorcières convaincues de leurs pouvoirs, c’est certain; qu’elles aient cru voler<br />

dans les airs et participer à des sabbats, c’est possible, et cela s’explique par les mêmes<br />

mécanismes que les fausses possessions, probablement aussi par l’usage de substances<br />

hallucinogènes. Mais il est certain également que des milliers d’innocentes ont avoué<br />

sous l’effet de la torture. »<br />

(Encyclopaedia Universalis)<br />

Chronologie et géographie de la chasse aux sorciers et aux sorcières<br />

L’étude de la sorcellerie au Luxembourg a commencé avec un article publié en 1861 par<br />

l’abbé Nicolas Breisdorff (1826-1892), rédacteur du « Luxemburger Wort » de 1854 à<br />

1884, député de 1881 à 1887. 1 Les documents dont il dispose ne mentionnent aucun<br />

procès de sorcellerie antérieur à la seconde moitié du 16e siècle, 2 c.-à-d. antérieur au<br />

début du règne de Philippe II qui a duré de 1555 à 1598. En raison de la disparition de la<br />

majeure partie des actes des procès, Breisdorff se déclare incapable de déterminer le<br />

nombre exact des victimes, qu’il considère néanmoins comme important. Il insiste que la<br />

chasse aux sorciers et aux sorcières a sévi jusque dans les plus petites localités du pays.<br />

1 Blum 1981a, p. 112s.<br />

2 Breisdorff 1861, p. 147.


Ainsi, dans le petit village d’Enscherange deux personnes ont été brûlées comme sorcières<br />

en 1615; de même deux sorcières ont exécutées en 1621 dans le hameau d’Entrange. Tous<br />

les ans, ou presque, Echternach a été le théâtre de l’une ou de l’autre exécution; et en 1680,<br />

quatre femmes y ont été même brûlées comme sorcières. Dans la seigneurie de Wiltz trois<br />

sorcières ont été brûlées en 1614 et deux en 1615. D’après Breisdorff, la terreur a atteint<br />

son point culminant vers la fin du 16e siècle, bien qu’au début du 17e siècle la tempête ne<br />

se fût pas encore calmée. 3 Le dernier procès retrouvé par Breisdorff a eu lieu en 1692<br />

contre Thérèse Welzbach (Velzbach) d’Echternach qui a été acquittée sur ordre du Conseil<br />

provincial. 4<br />

En tout, Breisdorff a traité quelque soixante procès de sorcellerie. Une documentation<br />

nettement plus riche — plus de mille actes de procès — a été à la base des travaux de<br />

l’historien Nicolas van Werveke 5 dont la quintessence se retrouve dans le chapitre<br />

« Hexenprozesse » du premier tome de sa « Kulturgeschichte des Luxemburger Landes »<br />

publié en 1923 à Luxembourg (réimprimé en 1983).<br />

Van Werveke a montré que l’apparition des procès de sorcellerie est bien antérieure au<br />

règne de Philippe II, le premier procès ayant eu lieu d’après lui en l’an 1372. Son prochain<br />

repère est l’année 1456 où il y a eu deux procès de sorcellerie dans la prévôté de<br />

Luxembourg: en février, celui de Jean Steffen, qui a été brûlé comme sorcier, et, en<br />

septembre, celui d’une certaine Hebbel (Helena) qui s’est suicidée dans sa prison après<br />

avoir été torturée. En 1468 Elsa de Wiltz, demeurant à Hivange, est exécutée comme<br />

sorcière. En 1487 les comptes de la ville de Luxembourg mentionnent trois femmes<br />

accusées de sorcellerie. En 1488, cinq sorcières sont brûlées à Thionville. 6<br />

Atten (1986) apporte des touches complémentaires au tableau du début de la sorcellerie au<br />

Luxembourg. Le premier cas qu’il cite se situe en l’an 1451 où une femme accusée de<br />

s’être comportée de manière étrange dans l’église est incarcérée dans la prison de<br />

Luxembourg. Elle y sera retrouvée morte après avoir été soumise, en cinq jours, à la<br />

torture à trois reprises. La pauvre est enterrée subrepticement, la nuit, dans un coin non<br />

béni du cimetière du « Knodeler ». Deux ans plus tard la jeune fille d’un juif de Sierck se<br />

retrouve dans la prison de Luxembourg. On l’accuse de sorcellerie parce qu’elle a eu des<br />

propos étranges au sujet de la religion catholique. Le verdict ne tardera pas: la jeune juive<br />

sera baptisée, puis brûlée. En 1455, trois sorcières originaires d’Esch-sur-Alzette sont<br />

incarcérées à Luxembourg. La première se pend quelques jours après, la deuxième réussit à<br />

prendre la fuite, la troisième est d’abord libérée, puis de nouveau arrêtée, et elle finit sur le<br />

bûcher. En 1461, trois femmes sont accusées de sorcellerie à Luxembourg; l’une d’entre<br />

elles sera brûlée, le sort final des deux autres, qui ont résisté à la torture, n’est pas connu.<br />

Vers la fin du 15e siècle, la persécution des sorcières va en augmentant, notamment dans<br />

les régions voisines du Luxembourg, avec un paroxysme à Metz en 1481, et surtout en<br />

1488 où 35 sorcières y seront brûlées. 7<br />

3 Breisdorff 1861, p. 148.<br />

4 Breisdorff 1861, p. 144.<br />

5 Nicolas van Werveke (1851-1926), professeur d’histoire à l’Athénée puis à l’Ecole industrielle du<br />

Limpertsberg (actuel LGL). Citons dans le contexte de la sorcellerie ses articles antérieurs suivants: « Ein<br />

Hexenprozess zu Echternach, 1642 » (1883) ainsi que « Die Hexenprozesse im Luxemburger Lande » (1900).<br />

6 van Werveke 1923, p. 288.<br />

7 Atten 1986, p. 18; Atten 1995, p. 414.<br />

2


Mais, pour dramatiques qu’ils paraissent, tous ces cas ne représentent que le début d’un<br />

phénomène qui, au Luxembourg, ne prendra son véritable essor qu’à partir 1560, avec des<br />

vagues successives qui se suivront dans les diverses régions du duché jusque vers 1636 où<br />

la Guerre de Trente Ans et la peste en provoqueront un recul. 8<br />

•<br />

Un premier point culminant est représenté par les années 1588 à 1591. 9 C’est une véritable<br />

épidémie qui frappe le pays! Pour l’année 1590 Jungblut (1953) cite pour le seul prévôté<br />

de Luxembourg les cas suivants de personnes condamnées au bûcher pour sorcellerie:<br />

Felix Elsa de Clemency; l’écoutête Ludwig de Soleuvre; la boulangère Sünna de Linger; le<br />

mari de Felix Elsa de Clemency; Bentges Lucia, une femme sans ressources de Fingig; la<br />

femme de Feiltges Claus et celle de Meyer Marx; Bour Mariechen de Clemency; à<br />

Pétange: Scheren Gretchen, Poules Elsa et la femme de Scherer Peter; à Hautcharage:<br />

Houdges Gerdchen, la veuve Trein et la femme de Lambert Claus; dans la justice d’Eschsur-Alzette,<br />

il s’agit de Claus Spader, Memckes Peter et de sa femme Katharina, puis de la<br />

dénommée Büffges Ändrie et du cordonnier Jehan; dans la mayerie (Meierei) de Steinsel,<br />

il s’agit de Lollingern Marguerite de Kehlen et de Schneyderen Lena de Heffingen.<br />

Johanna-Maria Bour meurt en prison avant qu’on n’ait pu lui faire le procès. La femme de<br />

Schneyders Huart de Hautcharage prend la fuite de peur d’être arrêtée comme sorcière; sa<br />

fille Katharina âgée de dix-huit ans finira par contre au bûcher. A Strassen, les officiers de<br />

justice de Mont St. Jean ont fait appréhender la femme de Steils Meyer et l’ont fait brûler<br />

comme sorcière à Dudelange. 10<br />

En 1612/1613, vingt-quatre procès se sont déroulés en quelques semaines dans la<br />

seigneurie de Neuerbourg; en 1629/1630, il y a eu 27 affaires de sorcellerie. Au niveau<br />

national un nouveau paroxysme a été atteint en 1628-1632. Après 1636-1640, la vague des<br />

persécutions commence à diminuer, ce qui n’a pas empêché des débordements locaux, p.<br />

ex. en 1650-1652 à Siebenborn (une douzaine de procès) ou en 1679/80 à Echternach (7<br />

cas). Le dernier procès rencontré par Reuter (1986) a eu lieu en 1686 et concernait une<br />

femme originaire de Florenville qui est morte des suites de la torture qu’elle avait<br />

supportée sans avouer. 11<br />

•<br />

Il a été vu plus haut que Breisdorff (1861) situe le dernier procès en 1692. Enfin, van<br />

Werveke mentionne encore un procès qui a eu lieu à Differdange en 1700 et concernait<br />

plusieurs sujets de la seigneurie qui au moyen de la magie et avec l’aide d’un prêtre ont<br />

tenté de mettre la main sur des trésors cachés selon la légende dans la chapelle de St.<br />

Urbain au cimetière de Niedercorn. 12 L’auteur ne nous renseigne pas sur le verdict de ce<br />

procès.<br />

C’est d’ailleurs à tort que Theo Witry (1939) a affirmé dans son étude « Hexenwesen und<br />

Zauberei in Luxemburg » qu’aucun procès de sorcellerie n’aurait eu lieu dans la ville de<br />

8 Reuter 1986, p. 33; Fuge 2000, p. 89.<br />

9 Reuter 1986, p. 33.<br />

10 Jungblut 1953, p. 61s.<br />

11 Reuter 1986, p. 33.<br />

12 van Werveke 1923, p. 320.<br />

3


Luxembourg 13 . Jungblut (1953) a démontré le contraire, citant toute une série d’actes de<br />

procès qui s’y sont déroulés à partir de 1619/1620. 14<br />

En 1975, Antoinette Reuter a consacré un mémoire de maîtrise à la sorcellerie au duché de<br />

Luxembourg. 15 En 1977, Marie-Sylvie Dupont-Bouchat a présenté à l’Université<br />

catholique de Louvain une thèse de doctorat sur la « La répression de la sorcellerie dans<br />

le duché de Luxembourg aux XVIe et XVIIe siècles » avec une « analyse des structures de<br />

pouvoir et de leur fonctionnement dans le cadre de la chasse aux sorcières ». La partie<br />

centrale de cette thèse a été publiée en 1978 (Dupont-Bouchat 1978).<br />

•<br />

A côté des études d’ensemble, on rencontre dans la littérature un certain nombre d’articles<br />

consacrés à un procès précis ou à une localité en particulier. Ainsi, en 1929, Karl Lessel,<br />

« rédacteur à Luxembourg », a fait l’analyse détaillée du procès qui s’est déroulé en 1627 à<br />

Neuerbourg contre le sorcier Hans Mülner. Evy Friedrich (1976) a consacré une brève<br />

notice au procès intenté en 1680 à Echternach à l’encontre de la veuve Tolfank, un procès<br />

traité déjà par Breisdorff. 16 L’avocat <strong>Jos</strong> Herr, spécialiste de l’histoire locale de Diekirch,<br />

raconte les péripéties du procès que Nicolas Dahm(e), le prévôt de Diekirch, avait<br />

déclenché en 1649 contre Mariam Ferber, l’épouse du citoyen diekirchois Paulus Krämer<br />

(Herr 1984). Ce procès est également traité par Jungblut (1953). 17 Trois procès de<br />

sorcellerie qui se sont déroulés en 1587 à Bourscheid ont fait l’objet d’une étude de Al.<br />

Zehren (1988). Deux des femmes accusées, Feultges Threin de Welscheid et Jongh Elß de<br />

Kehmen, ont été exécutées; la troisième, Feultges Margreth, la fille de la première, est<br />

revenue sur ses aveux et semble avoir échappé à la mort.<br />

René Klein (1977) s’est penché sur deux procès de sorcellerie qui ont eu lieu à Sanem, l’un<br />

en 1595/1596, l’autre en 1608/1609. <strong>Et</strong> enfin, Hubert Mullenberger (1984) a décrit la<br />

persécution des sorcières dans la région de Steinfort au cours des 15e, 16e et 17e siècles.<br />

Le bilan de la chasse aux sorcières<br />

Dans son mémoire de maîtrise Antoinette Reuter a réuni une documentation concernant<br />

quelque 700 procès de sorcellerie. Dans une extrapolation tenant compte des dossiers<br />

disparus elle estime à 2.000-3.000 le nombre des procès qui ont eu lieu au Luxembourg. 18<br />

Cet ordre de grandeur correspond d’ailleurs à celui des procès connus du duché de<br />

Lorraine et de l’électorat de Trèves. 19<br />

Reuter a donc revu à la baisse l’estimation de van Werveke (1923) qui était arrivé à 30.000<br />

procès et 20.000 exécutions et qui avait écrit: « Ich habe Akten und Notizen von über<br />

tausend luxemburgischen Hexenprozessen, und es fehlt dabei sehr viel, dass ich alle<br />

Quellen durchgearbeitet hätte. Bestimmte Anzeichen deuten vielmehr darauf hin, dass in<br />

den 250 Jahren von c. 1450 bis 1683 in unserem Lande, in seiner früheren Ausdehnung,<br />

13<br />

Jungblut 1953, p. 102. Spedener 1937, p. 100, présente Theo Witry comme « écrivain » né en 1871 à<br />

Rollingen (Mersch).<br />

14<br />

Jungblut 1953, p. 102ss.<br />

15<br />

Reuter 1975 (mémoire non disponible à la Bibliothèque Nationale et que je n’ai pas pu consulter).<br />

16<br />

Breisdorff 1861, p. 170 ss.<br />

17<br />

Jungblut 1953, p. 140-145. Il est à noter que Herr (1984) n’indique que les initiales du nom de la victime et<br />

de son mari.<br />

18 Reuter 1986, p. 32.<br />

19 Reuter 1986, p. 32.<br />

4


ei einer Bevölkerung von ungefähr 250.000 Seelen, nicht weniger als mindestens<br />

dreissigtausend Prozesse geführt wurden, von denen etwa zwei Drittel, also 20.000, durch<br />

den Tod auf dem Scheiterhaufen einem Unglücklichen das Leben raubten. » <strong>Et</strong> quelques<br />

lignes plus loin, il dit même: « Die von mir angegebene Zahl von etwa 30.000 Prozessen,<br />

20.000 Hinrichtungen, ist (…) weit eher zu niedrig als zu hoch gegriffen. » 20<br />

Cette estimation de van Werveke avait été acceptée telle quelle par d’autres auteurs, dont<br />

Hess (1960) et Haan (1971). 21<br />

Antoinette Reuter (1986) insiste que le nombre de 20.000 à 25.000 procès de sorcellerie<br />

qu’elle attribue à van Werveke est désormais mis en doute dans les publications historiques<br />

sérieuses, alors que la littérature de vulgarisation continue de le véhiculer avec un certain<br />

plaisir. D’ailleurs Dupont-Bouchat (1978) s’est également élevée contre les calculs de van<br />

Werveke qu’elle qualifie de « hasardeux ». 22 Elle arrive à 316 procès et 260 exécutions<br />

pour les prévôtés du quartier allemand (Arlon, Bitbourg, Diekirch, Grevenmacher,<br />

Luxembourg, Remich) et à 231 procès et 98 exécutions pour les parties wallonnes de<br />

l’ancien duché, en tout donc 547 procès et 358 exécutions pour l’ensemble du duché de<br />

Luxembourg. 23<br />

Ce qui est surprenant — ne serait-ce que parce ni Reuter ni les autres, ne discutent ce<br />

fait — c’est que van Werveke a avancé à un autre endroit de son chapitre « la sorcellerie »<br />

une estimation tout à fait différente de celle à laquelle on se réfère d’habitude. En effet, à la<br />

fin de ce chapitre il rappelle encore une fois qu’il dispose de plus de mille actes de procès,<br />

et il se dit persuadé que des recherches plus poussées révéleront sans doute le double sinon<br />

le triple de ce nombre. Voici ce passage tel que van Werveke l’a formulé: « Hatte Abbé<br />

Breisdorff nur eine sehr beschränkte Zahl von Quellen zu seiner Verfügung, verfüge ich<br />

anderseits jetzt über Akten von über tausend Hexenprozessen, so wird doch sicher die Zeit<br />

kommen, in der entweder ich oder ein anderer, der, gleich mir "den traurigen Mut haben<br />

wird, staubige Akten zu durchforschen und, wie es heisst, "Skandalgeschichten ans Licht<br />

zu bringen," über das Doppelte, wenn nicht das Dreifache von Hexenprozessen verfügen<br />

werden ». 24<br />

•<br />

Sur le plan européen, le nombre des victimes des procès de sorcellerie est aujourd’hui<br />

estimé à 60.000-80.000. Dans le duché de Lorraine, le nombre aurait été de 2.000. Dans<br />

l’électorat de Trèves, on ne peut plus retrouver les traces que de 800 procès; le nombre des<br />

victimes doit être nettement supérieur, les actes des procès postérieurs à 1652 ayant été<br />

sans doute détruits sur ordre secret de l’électeur de Trèves. On sait par contre que sur le<br />

territoire de l’abbaye de St. Maximin presque 400 personnes ont été brûlées en dix ans<br />

seulement, entre 1586 et 1596. Dans l’Eifel, au moins 260 personnes ont été exécutées<br />

entre 1528 et 1641 dans les seules seigneuries de Gerolstein, Blankenheim et Kail. 25<br />

20 van Werveke 1923, p. 307.<br />

21 Hess 1960, p. 122; Haan 1971, p. 9.<br />

22 Dupont-Bouchat 1978, p. 125.<br />

23 Dupont-Bouchat 1978, p. 127 (tableau).<br />

24 van Werveke 1923, p. 331.<br />

25 Voltmer 2000, p. 73. Le phénomène de la sorcellerie dans l’Eifel a été étudiée par Pracht (1991).<br />

5


Le déroulement d’un procès de sorcellerie<br />

Le procès de sorcellerie typique 26 se déroule en plusieurs étapes devant le tribunal de<br />

haute justice. La procédure est déclenchée sur plainte du haut justicier lui-même ou de son<br />

remplaçant ou sur plainte d’un plaignant privé.<br />

La plainte est suivie par l’information préparatoire: Le plaignant doit présenter des<br />

témoins à charge dont les témoignages doivent confirmer ses accusations. Les accusations<br />

se ressemblent de procès en procès: une méchante maladie a été provoquée par<br />

ensorcellement, un nourrisson jusque-là en bonne santé a commencé à dépérir, un cheval<br />

est mort subitement, un veau est tombé malade, etc.<br />

Les témoins sont engagés à observer le secret, ce qui n’empêche pas la rapide divulgation<br />

de la nouvelle, et de nouveaux témoins affluent. Le tribunal contrôle les actes des procès<br />

antérieurs pour voir si la personne soupçonnée de sorcellerie n’y a pas déjà été nommée.<br />

Le cas échéant des extraits des actes de ces procès sont rédigés. De tels extraits sont<br />

souvent demandés par les tribunaux voisins, et c’est ainsi que la chasse aux sorcières s’est<br />

rapidement propagée de village en village.<br />

Une fois bouclé, le dossier d’accusation devra être transmis au Conseil provincial. Celui-ci<br />

désigne deux juristes, en principe des avocats agréés par le Conseil provincial, qui<br />

examinent le matériel et qui sont censés intervenir dans le déroulement de l’affaire par la<br />

rédaction d’une expertise. Dans cette phase de la procédure, ils ont p. ex. à décider si<br />

l’instruction est à arrêter, si des preuves supplémentaires sont à réunir ou si le suspect est à<br />

incarcérer.<br />

En fait, de nombreux hauts justiciers préfèrent sauter cette étape et procèder d’emblée à<br />

l’arrestation de la personne suspecte. Souvent c’est déjà à ce stade-ci que les biens du<br />

suspect sont confisqués. De toute façon, coupable ou non, l’intéressé devra payer les frais<br />

du procès généralement très élevés.<br />

La prochaine étape est la confrontation aux témoignages dont la lecture est faite à l’accusé<br />

et il peut y réagir. Il peut également y avoir confrontation directe entre l’accusé et les<br />

témoins à charges. L’interrogatoire une fois terminé, les réponses sont soumises aux<br />

juristes, qui normalement recommandent de procéder à l’étape suivante, la question<br />

préparatoire (peinliche Frage), c.-à-d. la torture, dont tous les détails seront soigneusement<br />

notés par le greffier, notamment son intensité et sa durée.<br />

L’accusé est mené dans la chambre de torture et on lui fait la lecture de l’acte d’accusation<br />

en présence des instruments de torture. Si l’accusé refuse toujours d’avouer, le bourreau<br />

commence son travail. Le procédé généralement utilisé au Luxembourg consiste à lier les<br />

mains du patient derrière son dos au moyen d’une corde fixée sur une potence ou une<br />

poulie installée au plafond de la chambre de torture; on hisse l’accusé et on le laisse<br />

suspendu pendant un certain temps ou on le laisse tomber jusque près du sol. Le supplice<br />

peut être aggravé en fixant de lourdes pierres aux pieds du supplicié. Ce genre de torture<br />

entraîne le plus souvent une dislocation des membres supérieurs. On peut également serrer<br />

les pouces du supplicié en lui mettant les poucettes (Daumenschrauben) ou on lui tient une<br />

torche allumée sous l’aisselle. L’art du bourreau consiste à ne pas tuer le supplicié et à<br />

26 D’après Reuter 1986, p. 35.<br />

6


éviter des pertes de connaissance trop longues et trop nombreuses qui feraient traîner la<br />

procédure.<br />

Il est surprenant de constater qu’un nombre appréciable d’accusés ont résisté à la torture et<br />

ont dû être acquittés. Comme ils ont néanmoins dû payer les frais de justice, ils étaient<br />

libres, mais ruinés, et souvent invalides pour le reste de leur vie par suite des séquelles de<br />

la torture.<br />

La plupart cependant des accusés avouent sous la torture tout ce que l’on veut. Les aveux<br />

se ressemblent d’ailleurs d’un cas à l’autre, étant donné que ce sont les réponses à des<br />

questionnaires standard tels qu’on peut les trouver dans les « marteaux aux sorcières » dont<br />

il sera question plus loin. Une fois ses aveux faits, l’accusé n’a plus aucune chance<br />

d’échapper à la condamnation; s’il revient sur ses aveux, il est de nouveau soumis à la<br />

torture et il va de nouveau passer aux aveux.<br />

En cas de jugement, le condamné subit encore la « question préalable », destinée à avoir<br />

de sa bouche nom et révélation de ses complices, c.-à-d. d’autres sorciers ou sorcières dont<br />

il aurait connaissance.<br />

Les sorciers et sorcières condamnés sont exécutés par le feu. Généralement ils sont<br />

étranglés par le bourreau avant d’être brûlés dans une sorte de hutte en paille. Leurs<br />

cendres sont enfouies dans de la terre non bénite, en dehors de l’enceinte consacrée du<br />

cimetière.<br />

Une fois le mécanisme mis en route, il n’y avait que peu de possibilités de sortir sain et<br />

sauf d’un procès de sorcellerie. Certains suspects, des hommes pour la plupart, ont réussi à<br />

s’y soustraire par la fuite. S’il disposait de la fortune nécessaire et s’il savait s’y prendre, le<br />

suspect pouvait essayer d’obtenir de la part du Conseil provincial une « lettre de purge »<br />

qui le lavait de tout soupçon. Pour cela, il fallait démontrer que le plaignant agissait par<br />

mauvaise foi, envie, avidité ou malveillance. Ce sont surtout des hommes qui ont eu<br />

recours à cette possibilité, ce qui souligne par ailleurs la position inférieure de la femme<br />

dans la société de l’époque.<br />

Les victimes<br />

La majeure partie des victimes de la chasse aux sorcières étaient des femmes, au<br />

Luxembourg comme partout ailleurs. Néanmoins, en comparaison avec d’autres pays<br />

européens, la proportion d’hommes condamnés pour sorcellerie est relativement élevé dans<br />

l’ancien duché de Luxembourg: un quart environ de l’ensemble des victimes.<br />

Ces hommes appartenaient souvent à des professions qui les distinguaient de la majorité de<br />

la population rurale. Ainsi, il s’agissait p. ex. de forgerons ou de bergers. Le forgeron<br />

manipulant le feu, élément le rapprochant de l’enfer, a dû paraître inquiétant aux paysans.<br />

De même, le berger vivant en dehors de la communauté villageoise au contact de ses bêtes,<br />

connaissait souvent des remèdes contre les maladies animales et même humaines. Ces<br />

connaissances étaient souvent suspectes.<br />

Parmi les victimes féminines se trouvaient de nombreuses femmes seules, célibataires ou<br />

veuves, généralement très pauvres, essayant de survivre comme journalières ou comme<br />

7


mendiantes. Certaines de ces femmes tentaient d’avoir un revenu supplémentaire en<br />

exerçant comme sage-femme. Le métier de sage-femme jouissait de peu d’estime dans la<br />

société de l’époque; en plus on attribuait souvent à la sage-femme des connaissance<br />

suspectes dans le domaine des moyens anticonceptionnels et abortifs.<br />

Les causes de la chasse aux sorcières<br />

Glaesener (1885) nous apprend comment le 19e siècle a vu les causes du phénomène de la<br />

sorcellerie. Il l’a formulé de la manière suivante: « Le sentiment du merveilleux et du<br />

surnaturel est indestructible dans l'âme humaine et varie seulement dans ses<br />

manifestations selon les temps, les lieux et les races. Les Grecs, race poétique et artiste,<br />

habitant une contrée pittoresque, ont peuplé leurs campagnes, leurs forêts et leurs fleuves<br />

de nymphes, de dryades, de syrènes, de faunes et de satyres; leur belle nature servait de<br />

lieu d'ébats aux amours de ces créations de leur imagination. La superstition d'aujourd'hui<br />

veut entrer en communication avec le monde des esprits, avec les âmes des trépassés au<br />

moyen du magnétisme et du spiritisme. A l'époque de la Réformation l'imagination du<br />

peuple, surexcitée par le fanatisme religieux, voyait partout l'adversaire éternel du genre<br />

humain, le prince des ténèbres avec ses légions de démons. Le fanatisme était égal de part<br />

et d'autre: si pour les catholiques Luther était le fils du diable, pour les réformés Rome<br />

était la Babel de l'Apocalypse et le pape était l'Antéchrist. Luther lui-même voyait le diable<br />

et luttait contre lui. Avec un esprit public ainsi prédisposé, à une époque de guerres<br />

intestines, cruelles comme toutes les guerres religieuses, remplies d'horreurs et de<br />

dévastations, à une époque où la découverte d'un nouveau monde ouvrait au loin dans<br />

l'Occident de fantastiques perspectives aux yeux de la vieille Europe, peut-on s'étonner<br />

que la croyance au merveilleux et au surnaturel ait été générale et qu'elle ait eu surtout<br />

pour objet le monde de la magie noire, les larves, les lémures, les démons incubes et<br />

succubes, etc. ? » 27<br />

L’analyse d’Antoinette Reuter complète et précise ces réflexions. Elle fait remarquer que<br />

la chasse aux sorcières était plus développée dans la partie germanophone du duché de<br />

Luxembourg (régions de Bitbourg, Echternach, Remich, Thionville, Luxembourg, Arlon,<br />

etc.) que dans le « quartier wallon » (Virton, Bastogne, Marche, Durbuy, La Roche, Ivoix).<br />

Elle fait remarquer que le quartier wallon appartenait au diocèse de Liège, alors que le<br />

reste du Luxembourg relevait de l’autorité spirituelle de l’évêque de Trèves. Dans les deux<br />

évêchés le mouvement de la contre-réforme se manifestait de manière différente. Dans<br />

l’évêché de Liège, on visait en premier lieu les ecclésiastiques locaux dont il s’agissait<br />

d’améliorer la formation. Dans l’évêché de Trèves, par contre, l’attention des autorités de<br />

l’église se portait directement sur les fidèles. Elle organisait de vastes missions populaires<br />

dont elle chargea l’ordre des jésuites nouvellement fondé. La conséquence de cette action<br />

directe était que les idées de la contre-réforme se propageaient plus rapidement dans la<br />

population de l’évêché de Trèves que dans celui de Liège.<br />

D’après Reuter (1986) les thèmes abordés par la contre-réforme ont favorisé la chasse aux<br />

sorcières:<br />

1) La méfiance à l’encontre des sages-femmes et des femmes guérisseuses a été attisée.<br />

2) Une morale sexuelle beaucoup plus restrictive a été prônée, puisqu’on croyait que le<br />

diable profitait souvent de la sexualité pour subjuguer les gens.<br />

27 Glaesener 1885, p. 148.<br />

8


3) Les missions des jésuites ont mis l’accent sur la responsabilité de l’individu par rapport<br />

au salut de son âme et ont fait ressortir les dangers du péché, la moindre faute morale<br />

ouvrant la voie au diable.<br />

C’est donc bien ce climat spirituel particulier de la contre-réforme qui a favorisé de<br />

manière décisive l’avènement de la chasse aux sorcières.<br />

•<br />

Il ne faut cependant pas oublier que le phénomène de la persécution des sorciers et<br />

sorcières a débuté avant l’époque de la réforme. <strong>Et</strong> l’Eglise y a joué un rôle non<br />

négligeable. Après avoir longtemps fait preuve d’une certaine tolérance envers les<br />

satanisants, elle commence à changer d’attitude à partir de la fin du Moyen Age et<br />

notamment à la suite des décrétales de Jean XXII (1316-1334). La sorcellerie est<br />

désormais considérée comme une hérésie et ses adeptes sont déférés au bras séculier et à la<br />

condamnation au feu. 28<br />

A la fin du 15e siècle, les théologiens ont redoublé de rigueur. En 1484, la papauté a<br />

inauguré par la bulle « Summis desiderantes » du pape Innocent VIII une série de<br />

documents amplifiant la chasse aux sorcières qui a été codifiée par un ouvrage paru en<br />

1487, rédigé par les deux moines dominicains Jakob Sprenger et Heinrich Institoris et<br />

portant le titre « Malleus maleficarum » (Marteau des sorciers, Hexenhammer), une sorte<br />

de guide pratique permettant de confondre les sorciers et les sorcières. 29 D’autres traités de<br />

ce genre seront publiés par la suite, dont le traité « De la démonomanie des sorciers » que<br />

le magistrat et philosophe français Jean Bodin (1520-1596) a publié à Paris en 1580.<br />

Plus près de chez nous, paraît en 1589, à Trèves, l’ouvrage « Tractatus de confessionibus<br />

maleficarum et sagarum » dont la traduction allemande suivra une année plus tard sous le<br />

titre « Tractat von Bekanntnuß der Zauberer und Hexen ». L’auteur en est l’évêque Peter<br />

Binsfeld (ca. 1545-1598), suffragant 30 de l’archevêque de Trèves, que certains auteurs<br />

luxembourgeois ont considéré comme un compatriote. Blum indique qu’il est né à Binsfeld<br />

près de Weiswampach. 31 En réalité, il semble bien que Binsfeld est allemand et qu’il est<br />

né dans l’Eifel, à Binsfeld près de Himmerode. 32 Dans la lignée des Sprenger et Institoris,<br />

Binsfeld, dont l’autorité s’étend sur une bonne partie du duché de Luxembourg, plaide<br />

pour une poursuite implacable des sorciers et sorcières. 33<br />

Les opposants luxembourgeois<br />

Du côté luxembourgeois certaines voix se sont néanmoins élevées pour fustiger les excès<br />

de la chasse aux sorcières, parmi elles celle d’Antoine Hovaeus, abbé à Echternach de<br />

28<br />

Brouette 1945, p. 27.<br />

29<br />

Voir à ce sujet: Wilhelm 2000, p. 188ss. Il existe une édition allemande en format de poche de l’ouvrage<br />

de Sprenger et Institoris parue dans la collection DTV Bibliothek (Sprenger & Institoris 1983).<br />

30<br />

Suffragant se dit d’un évêque par rapport à l’archevêque dont il dépend (« Weihbischof »). Se dit<br />

quelquefois pour coadjuteur.<br />

31<br />

Blum 1981, p. 70. Hess 1960, p. 120 et 124, écrit par contre que Binsfeld serait né à Binsfeld près de<br />

Himmerode dans l’Eifel, mais il le considère tout de même comme un Luxembourgeois. L’influence de<br />

Binsfeld dans le Luxembourg est étudiée par Dupont-Bouchat 1978, p. 78ss.<br />

32<br />

Allgemeine Deutsche Biographie, 2. Bd. (1875), p. 651s.<br />

33<br />

Voir à son sujet: Lessel 1930 et Franz 1999. Voir aussi Wilhelm 2000, p. 190, Hess 1960, p. 124ss;<br />

Hammes 1983, p. 171ss; Baschwitz, p. 149s.<br />

9


1562 jusqu’à sa mort en 1568. 34 Hovaeus se prononce contre l’application de la torture qui<br />

force des innocents à avouer des crimes non commis. 35 Cela ressort d’une lettre adressée<br />

en 1563 par Hovaeus à Johann Weyer (1515-1588) et dans laquelle il félicite celui-ci de<br />

son livre « De prestigiis daemonum » qu’il vient de publier à Bâle. Weyer est né en<br />

Brabant du Nord; il a été médecin de la ville d’Arnheim (Pays-Bas), puis médecin<br />

personnel du duc Guillaume III de Kleve-Jülich-Berg. Dans son ouvrage, Weyer a<br />

développé l’idée que les femmes condamnées pour sorcellerie sont en premier lieu des<br />

vieilles personnes ne disposant plus de toutes leurs facultés intellectuelles, dont les<br />

affirmations concernant leur pacte avec le diable ou leur transformation en un animal ne<br />

sont que le fruit de leur imagination. Dans l’opinion de Weyer les autorités se livrent à un<br />

bain de sang parmi des innocents qui auraient avant tout besoin d’aide médicale.<br />

Parmi les opposants luxembourgeois aux procès de sorcellerie citons encore le curé de<br />

Koerich et de Sterpenich Henri Gaderius, né au cours de la seconde moitié du 16e siècle à<br />

Sterpenich. Il nie l’existence de la sorcellerie ce qui lui vaut d’être soupçonné à son tour<br />

comme sorcier; il se voit contraint à demander une lettre de purge. 36<br />

Friedrich Spee von Langenfeld<br />

L’année 1631 marque une étape décisive dans la lutte contre la chasse aux sorcières. C’est<br />

la publication de l’ouvrage « Cautio criminalis » dont l’auteur anonyme est le jésuite<br />

Friedrich Spee von Langenfeld (1591-1635). Dès le départ, les supérieurs de Spee ont<br />

reconnu en lui l’auteur de ce livre et ils envisagent des sanctions, d’autant plus qu’il y aura<br />

une seconde édition en 1632. Spee qui enseigne à Cologne en ce moment-là sera déplacé à<br />

Trèves où il mourra en 1635. 37<br />

Il faut préciser que Spee ne nie pas l’existence de la sorcellerie; ainsi, dans le premier<br />

chapitre de son ouvrage, il pose la question si les sorcières et les démons existent<br />

réellement et il y répond affirmativement! 38 Ce que Spee dénonce, c’est la manière dont se<br />

déroulent les procès et notamment la torture qui fait avouer aux accusés tout ce que l’on<br />

veut pourvu que cessent les atroces douleurs auxquelles ils préfèrent la mort: « Die<br />

allenthalben angewandte Tortur ist ungeheuerlich und verursacht übermäßig furchtbare<br />

Schmerzen. Mit furchtbaren Schmerzen aber ist es so: Wenn wir ihnen dadurch entgehen<br />

können, dann scheuen wir nicht einmal den Tod. Es besteht also die Gefahr, daß viele der<br />

Gefolterten, um sich den Qualen der Tortur zu entziehen, ein Verbrechen gestehen, das sie<br />

gar nicht begangen haben, und daß etliche sich irgendwelche Missetaten andichten, die<br />

ihnen von dem vernehmenden Beamten eingegeben werden oder die sie sich selbst schon<br />

vorher zu bekennen vorgenommen haben. » 39<br />

Si déjà les hommes ne résistent pas à la torture comment les femmes, le sexe faible, le<br />

pourraient-elles? « Die Gefährlichkeit des Hexenprozesses wird aber noch durch die<br />

Anlagen des weiblichen Geschlechts selbst erhöht. Jeder weiß, was für ein schwaches<br />

Geschöpf das Weib ist, wie unfähig, Schmerzen zu ertragen, und wie geschwätzig es ist.<br />

Wenn, wie gesagt, nicht einmal gewissenhafte Männer so charakterfest sind, daß sie den<br />

34<br />

Franz 1995.<br />

35<br />

Franz 1985, p. 36 et 39; Hess 1960, p. 122; Haan 1971, p. 14ss. Pour plus de détails, voir: Hammes 1983,<br />

p. 193-207.<br />

36<br />

van Werveke 1923, p. 304s; Hess 1960, p. 120s.<br />

37<br />

Voir à son sujet: Arens 1981, Miesen 1987, Wilhelm 2000.<br />

38 Spee 1982, p. 1.<br />

39 Spee 1982, p. 79.<br />

10


Tod nicht den Qualen der Folter vorziehen, was soll man da von jenem gebrechlichen<br />

Geschlecht erwarten? » 40<br />

Enfin, si une personne est soupçonnée de sorcellerie, on se sert du moindre prétexte pour<br />

recourir à la torture: « Die Gefahr wird ferner dadurch erhöht, daß die Anwendung der<br />

Folter auf — wie mir jedenfalls scheint — ganz nichtige Gründe hin beschlossen wird.<br />

Nämlich schon auf ein bloßes Gerücht, auf Denunziationen oder auf alles beides hin,<br />

während von Rechts wegen doch keinem von beiden eine Bedeutung beigemessen werden<br />

sollte. » 41<br />

En plus, dans les procès de sorcellerie sont utilisés des instruments de torture plus cruels<br />

que dans les procès ordinaires: « Die Gefahr wird ferner dadurch erhöht, daß man beim<br />

Verbrechen der Hexerei in der Regel noch schärfere Folterwerkzeuge zur Anwendung<br />

bringt als bei anderen Vergehen, und daß man — wie ich in diesen Tagen hörte — die<br />

bisher gebräuchlichen Foltermittel in manchen Gegenden für zu milde hält und deshalb<br />

auf neue sinnt. » 42<br />

Remarquons que dans le temps le professeur de théologie Cornelius Loos (1545-1597)<br />

avait déjà en 1592 eu le courage de s’opposer à la chasse aux sorcières et aux idées de<br />

l’évêque Peter Binsfeld. Loos était un prêtre catholique néerlandais qui s’était réfugié à<br />

Trèves pour échapper au calvinistes. Dans son ouvrage « De vera et falsa magia » publié à<br />

Cologne en 1591 il qualifie de superstition la croyance à la sorcellerie; en plus, il affirme<br />

que ce n’est que grâce à la torture que de pauvres vieilles femmes avouent des crimes<br />

qu’elles n’ont jamais commis. Il fustige en même temps la cupidité des tribunaux qui par<br />

une alchimie nouvelle transforment le sang humain en or et en argent (confiscation des<br />

biens des condamnés!). Loos est incarcéré et forcé de révoquer ses thèses. 43 Encore a-t-il<br />

eu plus de chance que le docteur Heinrich Flade, l’ancien recteur de l’université de Trèves,<br />

qui a été brûlé pour avoir propagé le même genre d’idées. 44<br />

Les ordonnances du Conseil provincial<br />

Il faut dire que dans le duché de Luxembourg le Conseil provincial a pris assez tôt des<br />

dispositions pour empêcher les abus les plus flagrants de la chasse aux sorcières. Il a<br />

précisé son point de vue par deux ordonnances parues l’une en 1563 et l’autre en 1591. 45<br />

L’ordonnance de 1563 fait défense aux justiciers locaux de saisir et d’emprisonner des<br />

personnes suspectes de sorcellerie sur simple dénonciation et de procéder à la torture sans<br />

enquête suffisante et sans attendre l’avis de l’instance supérieure.<br />

Les dispositions de l’ordonnance de 1591 sont plus complexes. Le Conseil constate<br />

d'abord le nombre croissant de procédures en matière de sorcellerie, ainsi que les excès qui<br />

se produisent journellement de la part de ceux qui sont appelés à juger ces crimes. Il édicte<br />

ensuite un certain nombre de mesures qu'il croit aptes à porter remède à ces abus:<br />

1) interdiction d'enquêter et d'appréhender sans avis préalable des juristes à ce commis;<br />

40 Spee 1982, p. 82.<br />

41 Spee 1982, p. 82.<br />

42 Spee 1982, p. 82.<br />

43 van Werveke 1923, p. 300; Wilhelm 2000, p. 194; Hess 1960, p. 122.<br />

44 van Werveke 1923, p. 300s; Hess 1960, p. 122. Pracht 1991, p. 90-104.<br />

45 Brouette 1945, p. 30 ss, dont le texte est repris dans ce chapitre.<br />

11


2) l'accusateur aussi bien que l'accusé sera emprisonné tant que dureront l'enquête et le<br />

procès; il portera son accusation à ses risques et périls;<br />

3) interdiction aux bourreaux de visiter, d'interroger et de torturer les prisonniers en<br />

l'absence des juges. Ceux-ci seront tenus de procéder eux-mêmes ou par leur greffier;<br />

4) interdiction à ceux-ci de torturer sans avis des juristes désignés et d'interroger sur les<br />

complices, à moins qu'ils ne soient déjà accusés de crime semblable par le même procès ou<br />

dénoncés par des sorciers exécutés et morts en bons chrétiens. Ces complices ne pourront<br />

être nommément cités dans le dictum de sentence, mais leurs noms seront envoyés aux<br />

officiers judiciaires de leur ressort pour qu'on puisse procéder à une enquête;<br />

5) fixation d'un tarif de frais de justice; il n'est pas prévu de dépense de bouche.<br />

Les derniers soubresauts<br />

Nous avons vu qu’au Luxembourg les derniers procès de sorcellerie ont eu lieu vers la fin<br />

du 17e siècle. Cela n’a pas empêché la croyance aux sorcières de survivre. Ainsi, en 1710<br />

est imprimé à Luxembourg un ouvrage intitulé « Serta moralia » qui reprend toutes les<br />

idées classiques sur la sorcellerie. Son auteur est le Luxembourgeois Bernard Büringer<br />

(alias Reichling), né en 1642 à Büringen (près de Dudelange), curé à Dahlem et<br />

Sprinckange. Pour lui, il est hors de doute que les sorciers et sorcières peuvent provoquer<br />

tempête, grêle, tonnerre, foudre, coups de vents intempestifs, et qu’ils sont capables de<br />

détruire les récoltes, de nuire aux animaux et de renverser arbres et maisons. Ils peuvent<br />

transporter avec la plus grande rapidité des personnes et des bêtes d’un endroit à un autre;<br />

ils peuvent provoquer chez d’autres personnes la folie, l’amour, la haine et l’envie. Les<br />

sorciers renient leur foi et le baptême, n’obéissent pas à Dieu, rejettent les sacrements de<br />

l’Eglise, dédaignent les images des saints et font un usage abusif des choses sacrées. Ils se<br />

soumettent au Diable, lui font des sacrifices et le vénèrent. Ils ont des relations coupables<br />

avec le Diable et tentent de toutes leurs forces de nuire aux gens. Voilà pourquoi ils<br />

méritent la mort, estime Büringer. 46<br />

Au début du 19e siècle le catéchisme en usage au Luxembourg ne laisse pas de doute que<br />

la sorcellerie existe réellement et menace toujours les chrétiens. Ce catéchisme remonte au<br />

jésuite Philippe de Scouville, né à Champlon (province de Luxembourg) en 1622 et mort à<br />

Luxembourg en 1701. 47<br />

La sorcellerie dans nos contes et légendes<br />

Les sorciers et sorcières font partie de l’imaginaire populaire et sont entrés dans de<br />

nombreux contes et légendes. Celles concernant le Luxembourg se retrouvent dans les<br />

recueils de légendes publiés au 19e siècle par Edmond de la Fontaine 48 (« Luxemburger<br />

Sagen und Legenden », 1882) et par Nicolas Gredt 49 (« Sagenschatz des Luxemburger<br />

Landes », 1883).<br />

46 van Werveke 1923, p. 295<br />

47 van Werveke 1923, p. 295s; Blum 1981b, p. 445ss.<br />

48 Edmond de la Fontaine (1823-1891), avocat, juge de paix, connu surtout comme auteur de pièces de<br />

théâtre qu’il a signées du pseudonyme de « Dicks ».<br />

49 Nicolas Gredt (1834-1909), directeur de l’Athénée.<br />

12


De la Fontaine cite dix-sept légendes luxembourgeoises se rapportant à des sorcières. Le<br />

matériel compilé par Gredt est nettement plus riche et plus varié. Il y est question de<br />

sorciers, de loups-garous, d’envoûtement et de désenvoûtement, de sorcières et des moyens<br />

de se protéger contre la sorcellerie, en tout presque deux cents légendes.<br />

Jean Haan 50 a largement puisé dans ces recueils pour rédiger son livre « Von Hexen und<br />

wildem Gejäg » paru en 1971.<br />

Certains lieux élevés du paysage luxembourgeois ont eu la réputation de servir comme lieu<br />

de danse des sorcières, dont une colline de la région de Koerich, et surtout la butte de<br />

« Thull » près d’Echternach. Van Werveke pense qu’il s’agit éventuellement de lieux de<br />

culte anciens sinon préhistoriques 51<br />

Le mot « Zara » et sa variante « Zarabina » dont les Luxembourgeois se servent pour<br />

désigner une fille ou une femme méchante remontrerait étymologiquement à « saga », mot<br />

latin désignant une sorcière. 52<br />

Sorciers et sorcières, sujets d’expositions<br />

En 1985, les sorcières ont fait dans la ville de Luxembourg l’objet d’une exposition à<br />

laquelle avaient invité les « Femmes socialistes luxembourgeoises ». L’exposition a été<br />

complétée par une séance académique au cours de laquelle Simone Baldauff-Beck, Michel<br />

Pauly, Alain Atten et Antoinette Reuter ont traité les différentes facettes du phénomène de<br />

la sorcellerie au Luxembourg. 53<br />

L’exposition « Succubi Incubi » qui s’est tenue au Musée d’Histoire de la Ville de<br />

Luxembourg du 5 mai au 29 octobre 2000, a montré que la sorcellerie est un sujet<br />

historique qui reste d’actualité et attire beaucoup de monde.<br />

Le dépliant de l’exposition estime que, « bien que les bûchers de sorcellerie appartiennent<br />

à un lointain passé, les processus complexes qui les ont rendus possibles ne sont pas<br />

entièrement anéantis de nos jours ». La notice publiée le 5 août 2000 par le « Lëtzebuerger<br />

Journal » qui nous annonce que de prétendus sorciers (quatre femmes et un homme) ont<br />

été lynchés (brûlés!) quelques jours auparavant dans un village indien par une population<br />

qui leur reprochait d’être responsables du décès d’un membre de leur communauté, ne peut<br />

que confirmer cette appréhension. 54<br />

50<br />

Jean Haan, instituteur à Gilsdorf, mort en 1997, à l’âge de 87 ans (avis mortuaire dans le « Luxemburger<br />

Wort » du 22 décembre 1997).<br />

51<br />

van Werveke 1923, p. 289.<br />

52<br />

Haan 1971, p. 19 (qui se réfère à Hess).<br />

53<br />

Tageblatt du 25 mars 1985, p. 3.<br />

54<br />

Lëtzebuerger Journal, Nr. 149, 5./6. August 2000, p. 24.<br />

13


Références:<br />

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G. Franz & F. Irsigler: Hexenglaube und Hexenprozesse im Raum Rhein-Mosel-Saar. Trier, Spee<br />

Buchverlag: 405-415.<br />

Blum, M. (1981a): Bibliographie luxembourgeoise ou catalogue raisonné de tous les ouvrages ou travaux<br />

littéraires publiés par des Luxembourgeois ou dans le Grand-Duché actuel de Luxembourg. Première<br />

partie: Les auteurs connus. Nouvelle édition, complétée, avec introduction et index analytique, par<br />

Carlo Hury. First published 1902-1932. Reprinted 1981. - München, Kraus International Publications,<br />

vol. 1: A-L, XXXIII-756 p<br />

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Carlo Hury. First published 1902-1932. Reprinted 1981. - München, Kraus International Publications,<br />

vol. 2: M-Z, 700 p.<br />

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