SoRCIERS Et SoRCIèRES AU LUXEMboURg - Jos A. Massard

2) l'accusateur aussi bien que l'accusé sera emprisonné tant que dureront l'enquête et le
procès; il portera son accusation à ses risques et périls;
3) interdiction aux bourreaux de visiter, d'interroger et de torturer les prisonniers en
l'absence des juges. Ceux-ci seront tenus de procéder eux-mêmes ou par leur greffier;
4) interdiction à ceux-ci de torturer sans avis des juristes désignés et d'interroger sur les
complices, à moins qu'ils ne soient déjà accusés de crime semblable par le même procès ou
dénoncés par des sorciers exécutés et morts en bons chrétiens. Ces complices ne pourront
être nommément cités dans le dictum de sentence, mais leurs noms seront envoyés aux
officiers judiciaires de leur ressort pour qu'on puisse procéder à une enquête;
5) fixation d'un tarif de frais de justice; il n'est pas prévu de dépense de bouche.
Les derniers soubresauts
Nous avons vu qu’au Luxembourg les derniers procès de sorcellerie ont eu lieu vers la fin
du 17e siècle. Cela n’a pas empêché la croyance aux sorcières de survivre. Ainsi, en 1710
est imprimé à Luxembourg un ouvrage intitulé « Serta moralia » qui reprend toutes les
idées classiques sur la sorcellerie. Son auteur est le Luxembourgeois Bernard Büringer
(alias Reichling), né en 1642 à Büringen (près de Dudelange), curé à Dahlem et
Sprinckange. Pour lui, il est hors de doute que les sorciers et sorcières peuvent provoquer
tempête, grêle, tonnerre, foudre, coups de vents intempestifs, et qu’ils sont capables de
détruire les récoltes, de nuire aux animaux et de renverser arbres et maisons. Ils peuvent
transporter avec la plus grande rapidité des personnes et des bêtes d’un endroit à un autre;
ils peuvent provoquer chez d’autres personnes la folie, l’amour, la haine et l’envie. Les
sorciers renient leur foi et le baptême, n’obéissent pas à Dieu, rejettent les sacrements de
l’Eglise, dédaignent les images des saints et font un usage abusif des choses sacrées. Ils se
soumettent au Diable, lui font des sacrifices et le vénèrent. Ils ont des relations coupables
avec le Diable et tentent de toutes leurs forces de nuire aux gens. Voilà pourquoi ils
méritent la mort, estime Büringer. 46
Au début du 19e siècle le catéchisme en usage au Luxembourg ne laisse pas de doute que
la sorcellerie existe réellement et menace toujours les chrétiens. Ce catéchisme remonte au
jésuite Philippe de Scouville, né à Champlon (province de Luxembourg) en 1622 et mort à
Luxembourg en 1701. 47
La sorcellerie dans nos contes et légendes
Les sorciers et sorcières font partie de l’imaginaire populaire et sont entrés dans de
nombreux contes et légendes. Celles concernant le Luxembourg se retrouvent dans les
recueils de légendes publiés au 19e siècle par Edmond de la Fontaine 48 (« Luxemburger
Sagen und Legenden », 1882) et par Nicolas Gredt 49 (« Sagenschatz des Luxemburger
Landes », 1883).
46 van Werveke 1923, p. 295
47 van Werveke 1923, p. 295s; Blum 1981b, p. 445ss.
48 Edmond de la Fontaine (1823-1891), avocat, juge de paix, connu surtout comme auteur de pièces de
théâtre qu’il a signées du pseudonyme de « Dicks ».
49 Nicolas Gredt (1834-1909), directeur de l’Athénée.
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