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25 octobre 1910 - Bibliothèque de Toulouse

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î Organe quotMien <strong>de</strong> Défense Sociale et Religieuse<br />

^ (jUKÊROOCENTIMES RÉDACTION ET ADMINISTRATION^ <strong>Toulouse</strong>, Rue Roquelaine, <strong>25</strong> LE NUMÉRO 5 CENTIMES<br />

V* <strong>de</strong>ma&l* à* changement 4'adreue «toit àtr» aoeompagnée <strong>de</strong> 60 oentimet.<br />

Trois moii Hz moi» u<br />

6 fr. 41 fr. ao «>••<br />

7 - 13 - 2* -<br />

io - ao - 40 -<br />

anenients partent <strong>de</strong>s 1* et 16 <strong>de</strong> chaque mois et sont payables d'avance<br />

«ornffi ET DÉPARTEMENTS LIMITROPHES<br />

«^rjfENTS N0N UMITR0PHES<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Lof, AveyNm, Corrèze, Cantal<br />

Gers, W-Py rénées, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>s<br />

Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne<br />

Tarn, Au<strong>de</strong>, Hérault, Pyrénées-Orient Aies<br />

Haute-Garonne Ariège<br />

Edition du matin spéciale a <strong>Toulouse</strong><br />

.JCHONCES (4i pa£Q<br />

RÉCLAMES —<br />

lieu MES (Il fugl) .<br />

LOCALES.<br />

nos Bureum. ruo<br />

la Bgaa O 80<br />

1-50<br />

2 - »<br />

3 -<br />

Le» Annonçai st Réolames «ont reçue» dan» _„_-, mo „ dJ . n t«<br />

Koquelaln«. 26. A <strong>Toulouse</strong>, et chez tou» no» Oorreaponoani»<br />

ardi <strong>25</strong> Octobre 1913. - W Année - N* 6,5 4CI.<br />

ri o soixante à quatre-vingts che-<br />

Un gT^nJkt-Ètat, punis <strong>de</strong> prison pour<br />

„itwts ' ;» l'ordre <strong>de</strong> mcbil.sat.ori<br />

^lonfwuf^nr.ier à ta caserne <strong>de</strong> la<br />

pèpit ièfe - —<br />

oharretiers^ar^urs ^mionneurs<br />

tes<br />

& Marseille se sont mis en grève<br />

«MiAns les listes d'admissibilité aux<br />

^ r U eaUPOuM'U 3 ersité <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong>.<br />

te gendarme Uac^eT * J^ff S<br />

Sf<br />

^^Ho^ur! rsu^omoé aux sul-<br />

J" jie ses blessures. # ^<br />

^Vïlnprunï ^ent rompues.<br />

inondations ont causé <strong>de</strong> grands dégâts<br />

vLê <strong>de</strong>s Crsoo, près <strong>de</strong> Naples ; on signale<br />

p/> rs morts "<br />

I(,ir ,,ar ailleurs, les nouvelles qui nous<br />

parvenues à la <strong>de</strong>rnière heure.<br />

U y a <strong>de</strong>s gens bien curieux sur notre<br />

planète. Tout à l'heure, au journail, un <strong>de</strong><br />

œs atomes qu'on appeWc un électeur,<br />

noue <strong>de</strong>niandjait graveai-ant à brûle<br />

pourpoint :<br />

- Gomment croyez-vous que finira la<br />

partie qui va se jouer dans quelques<br />

heures, à la Chambre, entre M. Briand<br />

et les amis <strong>de</strong> MM. Combes et Jaurès "<br />

Moi, j'espère que nous allons vers un<br />

esprit nouveau ».<br />

Après quarante années <strong>de</strong> bluff pairle-<br />

fÉre, il y a donc <strong>de</strong>s Français qui<br />

prennent au sérieux les faits et gestes <strong>de</strong><br />

m gouvcrnaints ! Ce sont les Français<br />

, croyant encore à la souveraineté du<br />

peuple, ont la can<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> se considérer<br />

«marse <strong>de</strong>s souverains dont, à certaines<br />

tores détarminées; las jours <strong>de</strong> cotnsul-<br />

laticn électorale, lHnterrvention et<br />

ogement pourramt exercer une influence<br />

flâcenque .sur les <strong>de</strong>stinées du pays !<br />

Vous -pensez avec quelle attention<br />

(s Français se préparent à suivre les<br />

Phases <strong>de</strong> la bataille- qui se prépare<br />

t noterotntt tous les coups, sans en ou<br />

Nier m seul ; ils souligneront sur leur<br />

Rpéi toutes les phases <strong>de</strong> l'attacrue et <strong>de</strong><br />

b défense,. Puis, le jour du vote, quand<br />

* gouvernement les appellera, autour<br />

fuîmes, ils se croiront en état — les<br />

tores gens — <strong>de</strong> rendre urne sentence<br />

conforme à la sagesse et à la<br />

"«on et d'en imposer l'exécution à tous.<br />

Nous eussions voulu faire comprendre<br />

Uotee interlocuteur, qui appartient à<br />

catégorie d'hommee candi<strong>de</strong>s, com-<br />

311 d s'illusionne en espérant qu'un<br />

£ la Chambre et au Sénat est sus-<br />

><strong>de</strong> modifier da situation politique<br />

" * sens <strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong> l'ordre et<br />

fttisement.<br />

Mais<br />

C'est<br />

| a sa question si nette, il a voulu<br />

écise. Nous lui avons donc<br />

vous, cher Monsieur, c'est<br />

te sont tes catholiques, les conser-<br />

? f les Patriotes qui seront -les<br />

%r ri la ba '- aillilie va &e livrer<br />

(Ht sv[ du lïDîustèro. Que Briand reste<br />

Ssx mL ' le pé ° ime actuel, loin <strong>de</strong><br />

^kt^ 6t d ' e blain ' c,hi ' r comme le bon<br />

*?et ni 116 f-<br />

"^ „t , eTwira toujours plus anar-<br />

Cî plusmu « e -<br />

*H ^, V0IUS dotaai «z la peine <strong>de</strong> relire<br />

^fai4 l We < yous verriez que cette teinte<br />

kg ^f s 'accentuer et que les mimis-<br />

^îoiit' S fa;VOra bies verbalement à<br />

lû d'apaisement et <strong>de</strong> détente,<br />

^d^^ meltre à la fatalité qui n'a<br />

ce JJ® s °n origine d'abord oonser-<br />

et Ver! n ,<br />

lm0nf 8615 Prédécesseurs immé-<br />

^ S ^ com m °' ln,s ml Qu'il tenait<br />

C §rtî «-?an^ en;ie dœ camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

S^itL i et qVje d 8 '"8, ^ course<br />

11 a laissés en route. Avec<br />

écrites établiraient ses relations déjà an-<br />

ciennes avec le ministère <strong>de</strong> l'Intérieur<br />

et la Sûreté générale. A l'époque même<br />

où il prêchait dans les comités révolu-<br />

tionnaires le sabotage et la guerre civile,<br />

il remplissait, dit-on-, le vilain métier<br />

d'agent provocateur et <strong>de</strong> mouchard à la<br />

soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> la République bourgeoise.<br />

Il y a <strong>de</strong>s députés socialistes qui sont<br />

décidés à dire cela à la tribune. Et la<br />

menace a été formulée aux applaudisse-<br />

m>ent <strong>de</strong>s radicaux-socialistes qui trou-<br />

vent que M. Briand s'attar<strong>de</strong> à table...<br />

Ce serait aujourd'hui que ceux-ci et<br />

ceux-là donneraient leur attaque.<br />

Mais M. Briand les attend <strong>de</strong> pied<br />

ferme.<br />

Dans ses discours et dans ses actes<br />

extra-parlementaires, on chercherait vai-<br />

nement rhomano <strong>de</strong> Saint-Etienne. Mais<br />

à quel moment est-il allé à rencontre <strong>de</strong>s<br />

ordireis formels que lui ont donné les dé-<br />

putés dn Couvent maçonnique dans ce<br />

vestibule du Palais-Bourbon qu'on ap-<br />

e le Grand-Orient ? Quand a-t-il cessé<br />

d'être l'exécuteur vigilant <strong>de</strong>s lois anti<br />

religieuises <strong>de</strong> la République ?<br />

Il a déjà interrogé les camara<strong>de</strong>s ja-<br />

loux et inquiets qui convoitent sa succes-<br />

sion. Et on ne lui a pas répondu.<br />

Voyez donc ce qu'éenivent aujourd'hui<br />

les joiurnaux officieux.<br />

Le projet -<strong>de</strong> loi Doumergue qui doit<br />

parachever l'œuvre <strong>de</strong> laïcisation et <strong>de</strong><br />

persécution.; est prêt : il sera voté au cours<br />

<strong>de</strong> cette session-. M. Jaurès réclame l'im-<br />

pôt sur le revenu. Il l'aura. Que veut-on<br />

<strong>de</strong> plus ?<br />

C'est vrai, certains tribunaux ont ap^<br />

piliqué la loi aux saboteurs qui se sont<br />

fait pireindire au courre <strong>de</strong> la grève ; M.<br />

Briand leur en avait donné l'ordre. Mais,<br />

en vacances, tout est permis à un mi-<br />

nistre. Les vacances sont aujourd'hui<br />

terminées. M. Briand ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas<br />

mieux que dte montrer aux révolution-<br />

maires comanent il comprend l'apaise-<br />

ment. Pourquoi ne pas amnistier les<br />

saboteurs, à l'exception d'un seul : Mg<br />

â'évêque <strong>de</strong> Grenoble, qui a osé saboter<br />

« les lois laïques » ? Le vaillant et pieux<br />

prélat a osé donner puLbliquement une<br />

leçon <strong>de</strong> catéchisme qui réfute les fans<br />

satés 'et les calomnies contenues dans les<br />

histoires officielles. C'est lui, le sabo-<br />

teur ! C'est lui qui, selon la Lanterne,<br />

doit payer les frais <strong>de</strong> lia grève. Et M.<br />

Briand ne dit pas non !... Il serait tout<br />

disposé à dire oui si on ne le bouscule<br />

pas trop fort.<br />

Des négociations ont été entamées sur<br />

ce terrain, — le ban. terrain <strong>de</strong> la persé-<br />

cution relligieutse. Il se pourrait qu'elles<br />

n'aboutissent pas au maintien <strong>de</strong> M.<br />

Briand. Il sa pouinrait aussi que celui-ci<br />

fît comprendre à la majorité maçon-<br />

nique qu'il est le seul capable <strong>de</strong> tenir<br />

tête au... sabotage 'clérical.<br />

Mais, dans les <strong>de</strong>ux cas, il est <strong>de</strong> toute<br />

évidènee — il est <strong>de</strong> toute nécessité —<br />

que « la République poursuive son œu-<br />

vre laïque », cernante,l'a répété M. Briand<br />

chez M. Masourauid.<br />

Et vous avez pu, Monsieur, avoir <strong>de</strong>s<br />

doutes sur l'issue <strong>de</strong> la bataille ? — Com-<br />

ment finira-t-elle ? avez-vous <strong>de</strong>mandé.<br />

Nous vous assurons qu'elle finira com-<br />

me toutes les batailles républicaines :<br />

sua; notre dés et sur notre bourse.<br />

pauvre reporter apprit avec chagrin quon<br />

s'était moqué dfô lut et qu'il n'était pas plus<br />

décoré que son patron.<br />

Comme il avaiit une femme et <strong>de</strong>ux enfauts<br />

à nouûT.iii', a dont se serrer pendiant un mois<br />

pour raitnaiper les cent francs que la fan-<br />

taisie <strong>de</strong> son rédacteur en. chef lui avait<br />

coûtés.<br />

-Mais, <strong>de</strong>puis, M. Briand lui a offert une<br />

joliie compensation!.<br />

: :<br />

La Leçon <strong>de</strong> la Grève<br />

Certains hommes d'ordre triomphent <strong>de</strong><br />

l'énergie déployée par Briand contre les<br />

grévistes et s'imaginent que l'arrestation<br />

d'une cinquantaine <strong>de</strong> militants a sauvé le<br />

pays. » Si le prési<strong>de</strong>nt du conseil, disent-ils,<br />

avait, dès le premier jour, mis la police en<br />

mouvement, nul arrêt e.t nul désordre n'au-<br />

raient bouleversé le service <strong>de</strong> nos trans-<br />

ports. Frappés <strong>de</strong> terreur, les ouvriers <strong>de</strong> la<br />

voie ferrée n'auraient ni déserté les gares ni<br />

abdiqué leur tâche ! »<br />

. Dieu me gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> m'élever contre l'emploi<br />

d« la force et <strong>de</strong> nier ses vertus. Combien<br />

do fois n'ai-je pas, ici même, blâmé nos<br />

amis <strong>de</strong> borner leur défensive à d'inutiles<br />

exercices oratoires ? Mais pour que la force<br />

accomplisse dans lo mon<strong>de</strong> la mission dont<br />

l'investit la Provi<strong>de</strong>nce, il faut qu'elle<br />

obéisse à un principe moral et non à un<br />

intérêt passager et matériel.<br />

En mettant soudain les fauteurs <strong>de</strong> la<br />

grève dams l'impossibilité d'agir, en les en-<br />

fermant dans mie geôle qu'a voulu Briand ?<br />

Il s'est exclusivement inspiré <strong>de</strong>s nécessi-<br />

tés <strong>de</strong> l'heure présente. Le public récrimi-<br />

nait, le prési<strong>de</strong>nt du conseil a voulu mettre<br />

un terme à ses murmures et calmer :Son mé-<br />

contentement. Une détente immédiate a,<br />

sans doute, suivi les mesures ministériel<br />

les ? Mais pour combien d'années, pour<br />

combien <strong>de</strong> mois, pour combien <strong>de</strong> jours ?<br />

Dans son Histoire <strong>de</strong> l'Affaire BrfAjfus,<br />

Joseph Reinach raconte qu'en 1898, — il y a<br />

douze ans, — les ouvriers <strong>de</strong> la voie ferrée<br />

voulurent so mettra en grève. La France<br />

était alors gouvernée par Brisson : que fit<br />

cet homme d'Etat ? Sur son ordre, les juges<br />

d'instruction perquisitionnèrent chez les<br />

meneurs ~at la troupe occupa les gares.<br />

Grâce à ces précautions sommaires, le fléau<br />

fut eanjuré.<br />

Mais Reinach se njonire ici trop discret et<br />

il ne dit pas tout. A la tête du syndicat <strong>de</strong>s<br />

chemins <strong>de</strong> fer se trouvait alors un bruyant<br />

tribun. La République acheta l'agitateur et<br />

le pourvut d'une riche prében<strong>de</strong>. Moyen-<br />

nant ce marché, le syndicat resta tranquille<br />

pendant sept ou huit ans. Mais ce n'est ni<br />

avec <strong>de</strong>s trafics <strong>de</strong> consciences, ni avec <strong>de</strong>s<br />

opérations <strong>de</strong> -police que les vrais pasteurs<br />

d'hommes viennent à bout <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s cri-<br />

ses sociales. A journer les conflits, ce n'est<br />

point les pacifier.<br />

Que l'en ne se hâte donc point d'ériger une<br />

statue à Briand.De même qu'en 1898, l'achat<br />

Les tribunaux et les gendarmes auront<br />

donc beau recourir à toutes les sévérités <strong>de</strong><br />

leurs co<strong>de</strong>s et à toutes les énergies <strong>de</strong> leurs<br />

biceps.<br />

Contre la grève générale et contre ses apô-<br />

tres, toutes les répressions comme toutes les<br />

amnisties seront vaines.<br />

Et malheur à nous si nous n'en compre-<br />

nons pas l'avertissement très clair que vient<br />

<strong>de</strong> nous donner la souveraine Sagesse ! En<br />

arrêtant la grève au moment même ou elle<br />

menaçait la Civilisation française d'un<br />

anéantissement total, la Provi<strong>de</strong>nce a voulu<br />

nous faire entrevoir la puissance <strong>de</strong>struc-<br />

trice dont seront animées <strong>de</strong>main les masses<br />

complètement « affranchies » <strong>de</strong> l'idée di-<br />

vine.<br />

Au vandalisme <strong>de</strong>s idées correspondra le<br />

vandalisme <strong>de</strong>s actes.<br />

Oscar HAVARD.<br />

nm-<br />

, dans<br />

^ T la cJf 11 a employés pour faire<br />

\l bv %anT; e5! néraile ' ~ dont il fut<br />

J'*?,* 5 bSÏ^,<br />

lu,i dwn *r l'as-<br />

ti d luU même a aMto <strong>de</strong>s arm*s<br />

v£ S Si W & V 1C Si m ^emeï-<br />

C tout. I;1 y 7 a i qu'on ne sait pas en-<br />

exempte, <strong>de</strong>s preuves<br />

L© char <strong>de</strong> l'Etat.<br />

Uu statisticien a cherché à établir ce que<br />

le gouvernement a coûté en France, pendant<br />

unie heure, sous les différents pouvoirs du<br />

siècle <strong>de</strong>rnier.<br />

•Sous le Oonsuiat et l'Empire, le char <strong>de</strong><br />

l'Etat -roulait à raison <strong>de</strong> 115,000 francs l'heure.<br />

Sous la Restauration, l'heure coûtait liy.oOO<br />

francs.<br />

Sous LouisHPhiilippe, 150,000 francs.<br />

Sons la République <strong>de</strong> 1848, 172,000 francs.<br />

Sous le second Empire, 2-49,000 francs.<br />

Enfin, sous la troisième République, dans<br />

les <strong>de</strong>rnières années du dix-neuvième siècle<br />

403,000 francs.<br />

—€>— Il n'y a que trop d'anecdotes dans lo<br />

pasisé <strong>de</strong> M. Briand !<br />

Eu voici une que -rapporte le Cri <strong>de</strong> Paris :<br />

C'était en 18%, pendant les fêtes franoo-<br />

•ruisses. La Lanterne avait alors ses bureaux<br />

rue Richer : son rédacteur en chef s'appelait<br />

Aristi<strong>de</strong> Bniand et son secrétaire général René<br />

Viviani.<br />

Puuir suivre te tsaa-, qui venait pour la pre-<br />

mière fois en France, le réducteur en chef<br />

avait désigné notre confrère A...<br />

Un soir, dans la i,al!e <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> la<br />

Lanterne on attendait le retour d'A... Non<br />

point que sa copie fût en retard, mais Briand<br />

— on disait Briand tout court à cette époque<br />

— avait imaginé <strong>de</strong> faire une bonne blague<br />

à son reporter.<br />

Enfin A... se montra. A ce moment précis,<br />

M. Viviani <strong>de</strong>manda :<br />

— Briand,, passe-moi donc la feuille Havas.<br />

M. Viviani parcourut la feuille et brusque-<br />

ment s'écria :<br />

— N... <strong>de</strong> D...! le tsar a décoré A...<br />

On entoura le jeune A... On lc félicita. Seul<br />

M. Briand protesta avec indignation.<br />

— J'espère que tu vas refuser cette croix !<br />

Tu ne te laisseras pas décorer par un <strong>de</strong>spote,<br />

un autocrate.<br />

Mais A... tenait à son ruban. Alors M.<br />

Briand reprit :<br />

— Si tu l'acceptes., il faut que tu l'arroses,<br />

ta décollation.<br />

A... voulut alléguer que sa bourse était bien<br />

légère et que ses appointements ne lui per-<br />

mettaient pas d'inutiles largesses. Mais M.<br />

Briand fut inipitoyablio :<br />

— Si tu n'as pas le sou, je vais te signer<br />

un. bon <strong>de</strong> oiimq louis. On boira le Champagne<br />

pour îêtet ta croix. Viviani, fais4ui donner<br />

cent francs.<br />

Les cent francs d'A... furent vivement bus<br />

dans un petit café voisin. Et le len<strong>de</strong>main le<br />

du citoyen X... n'empêcha pas la grève <strong>de</strong><br />

<strong>1910</strong> ; <strong>de</strong>. même, aujourd'hui, l'arrestation<br />

du citoyen Toffin et <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s ne dé-<br />

livre les masses ouvrières ni da leurs aspi-<br />

rations, ni <strong>de</strong> leurs ressentiments. Dans ûn<br />

an, clans <strong>de</strong>ux ans, dans trois ans, la grève<br />

se déchaînera, plus savante et plus terrible.<br />

Loin <strong>de</strong> désarmer, les syndicalistes pré-<br />

pareront un nouveau « coup » qui, cette fois<br />

au lieu do rallier seulement le tiers <strong>de</strong> là<br />

corporation, entraînera toute la masse. Les<br />

orateurs du parti ne manqueront pas, en<br />

effet, d'appeler l'attention <strong>de</strong>s récalcitrants<br />

d'aujourd'hui sur le profond désarroi qu'a<br />

provoqué dans lo mon<strong>de</strong> gouvernemental<br />

une grève même partielle. « Quelles satis-<br />

factions n'obtiendrons-nous pas — diront<br />

les meneurs, - si la prochaine fois, l'unani-<br />

mité ues travailleurs adhèrent au chômage- 1<br />

Quel est le principe <strong>de</strong> la Démocratie. ? La<br />

souveraineté du Nombre. Devenons, <strong>de</strong>-<br />

main, ,1e groupe numériquement le 'plus<br />

fort, La République et la France seront le<br />

butin d© notre victoire. La commête du<br />

Pouvoir n'est qu'une question d© chiffres. »<br />

Sans être -prophète, il est facile <strong>de</strong> pré-<br />

voir que le comité <strong>de</strong> la grève ne se laissera<br />

pas impressionner par une répression iudi-<br />

ciaire qui, sous 1© gouvernement républi-<br />

cain, ne saurait jamais être sérieuse. Notre<br />

démocratie se décompose en <strong>de</strong>ux fractions •<br />

l'une qui comprend 1© corps électoral et l'au-<br />

tre le personnel gouvernemental. Or, com-<br />

me ce personnel n© peut se maintenir au<br />

pouvoir qu'avec les suffrages <strong>de</strong> la plèbe<br />

comment veut-on qu'il se brouille avec une<br />

plèbe à laquelle il doit tout ? Dans une Ré-<br />

publique, l'amnistie <strong>de</strong>s séditions populai-<br />

res ©st non moins obligatoire que le service<br />

militaire et l'écol© laïque.<br />

Mais cette indulgence professionnelle <strong>de</strong><br />

nos gouvernants pour les crimes commis<br />

par les multitu<strong>de</strong>s factieuses ne poussera<br />

-pas, seul©, les ouvriers <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer à<br />

une nouvelle grève et à un© nouvelle ré-<br />

volte.<br />

Autrefois, lorsque, chez une nation chré-<br />

tienne, <strong>de</strong>ux races d'hommes se mettaient<br />

en face l'un© do l'autre, le poignard à la<br />

main, prêtes à s'entretuer, il suffisait d'un<br />

appel soudain au Dccaloguc pour que les<br />

belligérants laissassent tomber leurs armes.<br />

C'est o.insi qu'au Moyen Age les moines<br />

franciscains, apparaissant tout à coup sur<br />

les champs <strong>de</strong> bataille, réconcilient maintes<br />

fois les Gibelins <strong>de</strong> Pis© avec les Guelfes <strong>de</strong><br />

Florence. Mais aujourd'hui, quels principes<br />

supérieurs pourraient invoquer nôs maîtres<br />

contre les auteurs <strong>de</strong> l'anarchie et contre<br />

les <strong>de</strong>structeurs <strong>de</strong> la Franc© ?<br />

Sous nos ye-ux. les républicains ne se<br />

font-ils pas un <strong>de</strong>voir d'extirper <strong>de</strong> l'âme<br />

trançaise les principes qui, <strong>de</strong>puis dix-huit<br />

siècles; comprimaient nos insthicts barba-<br />

A <strong>de</strong> certaines heures, il eat vi<br />

le sepeme siècle comme à la fin du dix<br />

huitième ces doctrines, combattues par rn<br />

philosopha païenne, tout à c ou p rêve il lé©<br />

<strong>de</strong> ses cendres, subirent une éclipse tempo<br />

raire Mais bientôt, les hommes et© S-<br />

dre -s'effondraient, <strong>de</strong>s gouvernement^T noù<br />

veaux restituaient à la vérité ses droite •<br />

la moral© son empire et à la France son<br />

équilibre. Mais nous n'en sommes D1U«<br />

Voilà trente ans que la République ifZ B s'est établi. On me l'a pas vu paraître une<br />

seule fois. Lorsque les travailleurs <strong>de</strong> toutes<br />

les corporations ©t <strong>de</strong> toutes les catégories<br />

sont au travail, lui, il n'a rien à faire ;<br />

mais, lorsqu'ils sont ©n grève, il est en grève<br />

aussi et il se terre dans son clapier, encore<br />

"tout parfumé du souvenir <strong>de</strong>s prélats qu'il a<br />

remplacés.<br />

Cependant, l'ordre étant rétabli à peu<br />

près et la grève terminée, M. Viviani a ris-<br />

qué une oreill©. puis un pied hors <strong>de</strong> sa cal-<br />

me <strong>de</strong>meure. On assure aujourd'hui qu'il<br />

s'oppose à la fermeture <strong>de</strong> la Bourse du<br />

Travail, où l'on n© s'occupe que d'empêcher,<br />

<strong>de</strong> troubler 1© travail ; il fait obstacle aux<br />

mesures jugées par tous les hommes <strong>de</strong> bon<br />

•sens indispensables au rétablissement d©<br />

l'ordre.' à la vie du commerce -et <strong>de</strong> l'indus-<br />

trie, à la sécurité <strong>de</strong> la République et <strong>de</strong> la<br />

patrie.<br />

Et voilà à quoi aura servi cette institution<br />

coûteuse d'un ministère du travail : elle<br />

ïç.ura permis à un professionnel <strong>de</strong> la grève<br />

d'attendre et <strong>de</strong> saisir l'occasion <strong>de</strong> fairo<br />

plus sûrement obstacle à l'administration<br />

<strong>de</strong> son pays.<br />

En voilà une bouche inutile et mauvaise !<br />

En voilà une économie à faire tout <strong>de</strong> suite !<br />

Elle profiterait, non seulement, au budget né-<br />

cessiteux <strong>de</strong> la France, mais au commerce,<br />

à l'industrie et à tout le mon<strong>de</strong> du travail,<br />

qui n'a vaient certes pas besoin qu'on inven-<br />

tât cette nouvelle, manière <strong>de</strong> les troubler ot<br />

<strong>de</strong> les trahir.<br />

FÉLIBRIGE DE LA RÉGION<br />

chie et d© notre déchéance î<br />

Countcs <strong>de</strong> VOuncle Janet, par l'abbé Justin<br />

BESSOU . Ro<strong>de</strong>z, <strong>1910</strong>. Carrère, éditeur.<br />

Le Féiibre majorai du Rouergue nous<br />

dote cette année d'un recueil nouveau <strong>de</strong><br />

Montes en patois, qui lui ont été <strong>de</strong>mandés<br />

avec instance par le-s lecteurs émerveillés <strong>de</strong><br />

la première collection (1).<br />

Peu <strong>de</strong> ces contes sont inventés ; nous<br />

avons là pur conséquent un fond <strong>de</strong> littéra-<br />

ture populaire ©t M. l'abbé Bessou, en le<br />

mettant au jour, contribue pour sa large<br />

$>art au Folklore avoynonnais. Mais le cou<br />

leur actuel a mis en oeuvre à sa façon la<br />

création primitive, suivant l'exemple donné<br />

par La Fontaine ; cet exemple est si bien<br />

suivi par M. l'abbé Bessou qu'il ose repren<br />

dre à son tour, après le fabuliste, le récit<br />

<strong>de</strong>s Animaux mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la peste, et il le<br />

reprend avec un accent si personnel, une<br />

tell© abondance <strong>de</strong> traits particuliers, une<br />

si fraîche vie qu'on n© peut so défendre <strong>de</strong><br />

trouver légitime -et heureuse son apparente<br />

témérité.<br />

Los Contes <strong>de</strong> l'OimcJe Janet. comme les<br />

précé<strong>de</strong>nts, ceux d© la Tata Mannou, sont<br />

faits pour les enfants, avec <strong>de</strong>s différences<br />

<strong>de</strong> ton ©t <strong>de</strong> sujet suivant l'âge <strong>de</strong>s naïfs au-<br />

diteurs. Les plus ingénus entre ces récits<br />

s'adressent aux tout petits, à ceux qu'on se<br />

représenté ouvrant les yeux les plus surpris<br />

«t les plus charmés, tandis qu'ils écoutent,<br />

Et les contes reçus avec cette avidité sont<br />

j <strong>de</strong>s histoires d'animaux, dés aventures ar-<br />

rivées à ces êtres élémentaires auxquels, <strong>de</strong>-<br />

puis les temps les plus reculés, l'enfance<br />

1 B'intéresso, comme si elle les sentait mieux<br />

à son niveau. Les animaux sont présentés<br />

chacun avec son caractère, cruel pu înot-<br />

fensif, batailleur ou ami <strong>de</strong> la paix. _ Cha-<br />

cun d'eux porte un nom propre qui lui con-<br />

fère une sort» <strong>de</strong> personnalité, et les contes<br />

où il est désigné ainsi seraient dignes d im-<br />

poser pour toujours à la bête le nom qu ils<br />

ont imaginé pour elle. — <strong>de</strong> même que, <strong>de</strong>-<br />

puis le Roman <strong>de</strong> Renart, on ne connaît<br />

plus que sous cette dénomination fictive<br />

l'animal appelé goupil auparavant. _<br />

Le naturel <strong>de</strong>s animaux mis en scène par<br />

M. l'abbé Bessou est parfaitement décrit,<br />

avec <strong>de</strong> transparentes allusions aux êtres<br />

humains correspondants, <strong>de</strong>s paysans bien<br />

entendu, avec lesquels la vie champêtre les<br />

met en contact familier. Chez les animaux<br />

comme che-z les hommes, dont ils sont l'ima-<br />

ge, les bons s'entr'ai<strong>de</strong>nt, les méchants se<br />

nuisent, les trompeurs mutuellement se 1<br />

trompent. Les faibles, pour se garantir <strong>de</strong>s<br />

forts, sont obligés d'avoir recours à l'habi-<br />

leté ; quand la ruse se montre vraiment in-<br />

génieuse, elle suscite <strong>de</strong>s applaudissements<br />

et <strong>de</strong> sympathiques sourires. Il ne faut pas<br />

s'en scandaliser ; cette admiration <strong>de</strong> la<br />

finesse (tromper adroitement se dit ©n pa-<br />

tois « ofina ») implique une pensée en som-<br />

me spiritualiste : c'est l'idée que l'intelli-<br />

gence, étant par son essence supérieure à 'a<br />

matière, a tous les droits contre elle. Dans<br />

ces contes, il arrive que les forts emploient<br />

aussi la ruse ; mais alors, c© moyen <strong>de</strong> réus-<br />

sir, n'étant pas nécessité, n'est plus excu-<br />

sable, et le scrupuleux auteur ne manque<br />

pas <strong>de</strong> le faire châtier par l'événement. Le<br />

conteur, à ces délicatesses morales, en<br />

ajoute d'autres, celles <strong>de</strong> la langue : quand,<br />

par exemple, se^ personnages sont <strong>de</strong> petits<br />

animaux, il lui vient aussitôt au bout <strong>de</strong> la<br />

plume <strong>de</strong>s multitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces légers diminu-<br />

tifs, aimables, presque tendres, dont le pa-<br />

tois, il faut le reconnaître, ©st beaucoup<br />

mieux pourvu que le français.<br />

L'intelligence, malgré ses droits évi<strong>de</strong>nts,<br />

peut commettre <strong>de</strong>s excès repréhensibles.<br />

L'homme, auquel Dieu, en le plaçant au<br />

premier rang <strong>de</strong>s créatures, a permis d'em-<br />

ployer les animaux pour son usage, les ex<br />

ploite parfois sans ménagement ; les bêtes<br />

à qui ces contes donnent la parole, savent<br />

bien 1© lui reprocher par <strong>de</strong>s arguments qui<br />

couvrent leur bourreau <strong>de</strong> confusion.<br />

Après les contes où les animaux jouent le<br />

principal rôle, viennent <strong>de</strong>s récits où les<br />

personnages sont tous <strong>de</strong>s hommes, et<br />

ceux-là contiennent d'expresses leçons <strong>de</strong><br />

psychologie et <strong>de</strong> morale : ainsi, par exem-<br />

ple, celui où le pauvre <strong>de</strong>venu riche déploie<br />

<strong>de</strong> subtiles qualités d'esprit pour reconnaî-<br />

tre les vraies amitiés et les distinguer <strong>de</strong>s<br />

fausses.<br />

Dans d'autres contes, l'homme aux prises<br />

avec 1© merveilleux, traverse <strong>de</strong>s aventures<br />

fantastiques. Ces inventions où s'accumu-<br />

lent <strong>de</strong>s suites d'événements bizarres doi-<br />

vent être très anciennes; on en trouve d'ana-<br />

logues dans l-es'CoTUes- <strong>de</strong> Gascogne, recueil-<br />

lis par Bladé. U serait intéressant' <strong>de</strong> com-<br />

parer les unes avec les autres ces créations<br />

populaires <strong>de</strong> divers pays.<br />

Dans celles du Rouergue, la fantasmago-<br />

rie n© tient pas une gran<strong>de</strong> place ; le carac-<br />

tère profondément religieux <strong>de</strong> notre race<br />

se manifeste en <strong>de</strong>s récits, où surgissent<br />

avec toute leur beauté et leur bonté infinie<br />

les figures divines, et où, d'autre part, le<br />

démon joue, dans l'ordre surnaturel, le rôle<br />

départi tout à l'heure, dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

bêtes aux animaux méchants qu'il n'est pas<br />

défendu <strong>de</strong> tromper.<br />

Sur toutes ces imaginations et même, à<br />

<strong>de</strong>s moments, sur les légen<strong>de</strong>s pieuses, s-e<br />

déploie une gaieté ouverte, lumineuse, fran-<br />

che et saine, qu'épanche abondamment la<br />

verve heureuse <strong>de</strong> l'abbé Bessou. Cependant<br />

le problème <strong>de</strong> la douleur est, à plusieurs<br />

reprises, abordé dans ces contes ; mais il<br />

n'y reste pas à l'état d'énigme ténébreuse et<br />

obsédante : il est bientôt résolu, et <strong>de</strong> la fa-<br />

çon la plus simple et la plus sûre, par la<br />

Foi.<br />

Quel est le théâtre où se déroulent tous<br />

ces événements, où se montrent tous ces<br />

personnages, inférieurs, humains ou céles-<br />

tes ? Le lieu <strong>de</strong> la scène est bien délimité :<br />

c'est, sauf quelques échappées au <strong>de</strong>hors, 1©<br />

pays montagneux, creusé <strong>de</strong> ravins abrupts,<br />

arrosé <strong>de</strong> ruisseaux limpi<strong>de</strong>s,. qui est com-<br />

pris entre Villefranche, Rieupeyroux et Na-<br />

jac. Les lieux, les villages, les hameaux, les<br />

propriétés sont tous là. avec leur vrai nom.<br />

Et pourtant, cette contrée si réelle, si ac-<br />

tuelle, a-pparaît comme ouverte sur l'autre<br />

mon<strong>de</strong>, toute baignée <strong>de</strong> surnaturel. Par les<br />

chemins bordés <strong>de</strong> houx qui la sillonnent,<br />

Jésus est passé jadis, ou naguère, hier peut-<br />

être... on ne sait pas bien ; il y est passé du<br />

temps où, la douceur sur le visage le bras<br />

armé <strong>de</strong> toute-puissance, il évangélisait ce<br />

canton.<br />

A <strong>de</strong> telles imaginations, à <strong>de</strong> telles<br />

croyances, il faut pour s'exprimer un lan-<br />

gage spécial ; seule, une langue naïve peut<br />

y correspondre avec harmonie c'est l'idio-<br />

me <strong>de</strong> ceux qui conçurent ces inventions en<br />

une intacte ingénuité. On sait, assez com-<br />

bien M. l'abbé Bessou parle cette langue vé-<br />

ritablement et magistralement, Elle vit en<br />

tout© sa fraîcheur sur ses lèvres et sous sa<br />

plume. Il la connaît en toutes ses nuances et<br />

dans l'ample richesse <strong>de</strong> ses synonymes.<br />

Aussi il la fait jouer <strong>de</strong> toutes manières, ©n<br />

<strong>de</strong>s dialogues où on la sent mêlée à <strong>de</strong> ro-<br />

bustes respirations, ou en <strong>de</strong>s propos sur-<br />

pris tout vifs parmi le brouhaha <strong>de</strong>s foules<br />

assemblées. Il reproduit, pour s'en être ré<br />

emploie entre frères, ci qu on enseigne avec<br />

fidélité aux enfants. En employant ces ter-<br />

mes étroitement familiers, on no profite pas<br />

du retentissement que suscite un© langue<br />

parlée par tout© une nation, mais ces mots<br />

sonnent à l'oreille avec une douceur intime<br />

qui vaut mieux pour lo cœur.<br />

Voilà pourquoi M. l'abbé Bessou se sert<br />

avec persévérance du patois usité entre Na-<br />

jac, Villefranche et Rieupeyroux. Et, n'écri-<br />

vant qu'en cet idiome rustique, il compose<br />

uniquement <strong>de</strong> très simples récits et se plaît<br />

en particulier à dire <strong>de</strong>s contes au - enfants.<br />

Il est prêtre, un prêtre animé u une piété<br />

profon<strong>de</strong> et d'un zèle ar<strong>de</strong>nt pour le bien <strong>de</strong>s<br />

âmes. Mais, à côté <strong>de</strong> ces vertus sacerdota-<br />

les, il porte en lui, par un don éminont, lt<br />

génie du patois, et, avec 1© pouvoir, il a<br />

reçu la mission <strong>de</strong> présenter cette langue<br />

dans tout son relief et tout son charme, <strong>de</strong><br />

la fixer ainsi d'une façon durable, au mo-<br />

ment où elle est menacée <strong>de</strong> finir.<br />

J'ai appris naguère que le poète <strong>de</strong> D'al<br />

Brès à la Toumbo, <strong>de</strong> Bagaieletos, <strong>de</strong> Besu-<br />

carietos, l'auteur <strong>de</strong>s Countcs <strong>de</strong> la Tata<br />

Mannou et <strong>de</strong>s Countcs <strong>de</strong> VOuncle Janet<br />

avait été <strong>de</strong> bonne heure pré<strong>de</strong>stiné. Il est<br />

né à Méjalanou, hameau situé sur une pente<br />

qui s'incline vers la petite rivière <strong>de</strong> la Sé-<br />

rène, non loin du village <strong>de</strong> Saint-Salvadou.<br />

Mon ami si regretté, Emile Pouvillon. ot<br />

moi. unis dans une fervente . admiration<br />

pour le génial écrivain populaire, nous<br />

avions formé 1© projet d'aller un jour visi-<br />

ter ce hameau comme un lieu <strong>de</strong> poétique<br />

pèlerinage ; il me semblait bon et plein <strong>de</strong><br />

grâce confraternelle que l'auteur <strong>de</strong> Céi'efte<br />

allât ainsi rendre hommage à mon voisin, lë<br />

conteur du Ségala. La mort cruelle s'est op-<br />

posé© à l'accomplissement <strong>de</strong> ce rêve. Ne<br />

pouvant le réaliser avec mon ami, j'ai voulu<br />

cependant y donner suite avec quelqu'un<br />

qui représentât c© cher compagnon, et j'ai<br />

amené avec moi celui <strong>de</strong> ses fiis qui m'est<br />

<strong>de</strong>venu proche par une heureuse alliance.<br />

Arrivés à Méjalanou, nous avons regardé<br />

la maison, l'étable, le jardin, lès champ.-i,<br />

tous les alentours. Près <strong>de</strong> la sourds oui<br />

arrose une <strong>de</strong>s prairies, on nous a dit :<br />

— Tenez, à cet endroit, Justin, quand ii<br />

avait dix ou douze ans <strong>de</strong>mandait à sa<br />

sœur <strong>de</strong> s'asseoir et do filer sa quenouille,<br />

prétendant qu'elle serait la Demoiselle Dont<br />

qui le Fils du Roi va se noyer dans* une<br />

fontaine... Nous reconnûmes la chanson ai.<br />

cie-nne où figure la jeune fille qui refuse si<br />

main au Prince, ©t nous pensâmes, le fils<br />

Pouvillon et moi : — Il s'est passé i- i d<br />

événement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> portée pour ce;:<br />

gion rustique ; à ce moment dont on a<br />

parle, au bord <strong>de</strong> cette eau claire oui jai<br />

du sol mystérieux, la I.égenrie. éte.<br />

ment jeune et fraîche, a apparu j .<br />

Bessou, suscitant son émoi ; à ce im-<br />

précis durant la scène au'on é -<br />

garçon aux .traits ru<strong>de</strong>s, aux yen •-.<br />

songe, a été désigné pour <strong>de</strong>venir U<br />

<strong>de</strong> sa race et <strong>de</strong> son pays.<br />

Charles DE PÛMAHV<br />

pce<br />

(1) Voir VExpress du Midi du 16 avril 1<br />

a F<br />

Paris, 34 octo<br />

L'Agence Havas a reçu la dépêchi su :. je<br />

<strong>de</strong> Rome- :<br />

« Lo professeur Marchia-Fava a v - e<br />

Pape ©t a constaté une attaque <strong>de</strong> gou . ;<br />

il a consecffiié un repas <strong>de</strong> queijquet jouis.<br />

» Le Pape n'a pas voulu dècomnM . , ...<br />

aua'eniîies, mars à. cause du maïuvadj -. ;J<br />

n'est pas <strong>de</strong>scendu dans les Jardine et est<br />

resté dans la biblii0th.èque. ,<br />

LE DUC D'ORL^ M i<br />

.uiJie.<br />

MIT la<br />

W 0

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