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25 octobre 1910 - Bibliothèque de Toulouse

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CENTIMES<br />

M<br />

Organe quotidien, <strong>de</strong> ÏX5>ïeïise Sociale<br />

RÉDACTION ET ADMINISTRATION: <strong>Toulouse</strong>, Roquelaine, <strong>25</strong><br />

LE NUMÉRO 5CENTIMES<br />

TMfaiMta hat tau<br />

m0!0«» OÉU'iRTEMKKTS USOTEOPK» .... © tr. 44 ir. 20<br />

ptr^cfTâ «OS UK1TR0PHB 7. 43 - 34-<br />

^^>1OP P«U1«) 40 - ao- «o-<br />

1^ u-eaients partant tal'rtUh casque mois et tont psyabJM d*«Tano»<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Lof, Aveyron, Corrbze, Cantal<br />

Gan, Htu-Pyrénôes, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>s<br />

Tirn-et-Garonne, Lot-et-Garonne<br />

Târn, Au<strong>de</strong>, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />

Haute-Garonne Ariègo<br />

Edition du matin spécial» • Toutous*<br />

, , , , j i , i t> 9ga* O " PO<br />

***** . - 4-80<br />

' ." i i 1 . 1 i i î ! 1 > i • 5 i - 2 " »<br />

, - s - »<br />

te» Anuouo»» st Réclame» «ont reçue» 4»n» .„„n^.nt«<br />

ul Bureaux, rua 3a«u«iain*. u,. 4 Toulon*», et cliex loua ao» Corr*ïpo»aalii»<br />

ucrcorfCES i*. .<br />

RÉOUMKS -<br />

«ICLAJIES (*• pn) .<br />

UK.A1JES. ....<br />

• r-n 1 rrin" IM1 —<br />

Mardi <strong>25</strong> Octobre 1919. - 29' Année - N* 6,5 49.<br />

,„ soixante à quatre-vingts che-<br />

tin S^fS, punis ?» P'*?" £°" r<br />

J** ^' r éBÔiMSi! à l'ordre <strong>de</strong> mn-MM»*<br />

^iU «rpVTsonnier à la caserne <strong>de</strong> la<br />

i^érê. _«:«—<br />

«harretiers, chargeurs et camionneurs<br />

tes c ^ f sf V.i mis en grève.<br />

„ Marseille s- ^<br />

,,•„-= !P-en S^ s <br />

l^drfm*^ Ja , Ré P uWi q«e consp re<br />

huitième ces doctrines, combattues par une<br />

philosophie païenne, tout à coup réveillée<br />

<strong>de</strong> ses cendres, subirent une éclipse ten no-<br />

ratre Mais bientôt, les hommes <strong>de</strong> désor-<br />

dre s effondraient, <strong>de</strong>s gouvernements nou-<br />

veaux restttuaient à la vérité ses droits n<br />

la morale son empire et à la France<br />

équilibre. Mais nou*<br />

Voilà trente<br />

contre<br />

les grévistes sabb{aie^ries"fils P tSa^f<br />

ques, les signaux et les machines, lf S"<br />

<strong>de</strong>nt, du conseil ne déclarait-il pas 3 „v ,<br />

pludissements du Temps et <strong>de</strong> ïa ^aSS1<br />

que la République était plus qu^jïfi^<br />

solue a maintenu- l'enseignement athée"<br />

c est-a-dire la, cause même <strong>de</strong> notpé atnaS<br />

chie et <strong>de</strong> notre déchéance ?<br />

ai "<br />

Les tribunaux et les gendarmée- *<br />

donc beau recourir à touCks vériiT?!<br />

leut^co<strong>de</strong>s et à toutes les to^gSîfffcijj<br />

Contre la grève générale et contre ses anô-<br />

très, toutes les repressiuns comme toutes 1M<br />

amnisties seront vaines.<br />

iea<br />

FÉLIBRIGE DE LA RÉGION<br />

Comités <strong>de</strong> VOuncle Janet, par l'abbé Justin<br />

BESSOU. Ro<strong>de</strong>z, <strong>1910</strong>. Carrère, éditeur.<br />

Le Fôlibre majorai du Rouergue nous<br />

dote cette année d'un recueil nouveau do<br />

contes en patois, qui lui ont été <strong>de</strong>mandés<br />

avec instance par les lecteurs émerveillés <strong>de</strong><br />

la première collection (1).<br />

Peu <strong>de</strong> ces contes sont inventés ; nous<br />

avons là par conséquent un fond <strong>de</strong> littéra<br />

ture populaire et M. l'abbé Bessou, en k<br />

mettant au jour, contribue pour sa large<br />

part au Folklore aveyronnats. Mais le con<br />

teur actuel a mis en œuvre à sa façon la<br />

création primitive, suivant l'exemple donné<br />

par La Fontaine ; cet exemple est si bien<br />

suivi par M. l'abbé Bessou qu'il ose repren<br />

dre à son tour, après le fabuliste, le récit<br />

<strong>de</strong>s Animaux mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la peste, et il le<br />

reprend avec un accent si personnel, une<br />

telle abondance <strong>de</strong> traits particuliers, une<br />

fei fraîche vie qu'on ne peut se défendre <strong>de</strong><br />

trouver légitime et heureuse son apparente<br />

témérité.<br />

Les Contes <strong>de</strong> l'Oiuiclc Janet. comme les<br />

précé<strong>de</strong>nts, ceux do la Tata Mannou, sont<br />

faits pour les enfants, avec <strong>de</strong>s différences<br />

<strong>de</strong> ton et <strong>de</strong> sujet suivant l'âge <strong>de</strong>s naïfs au-<br />

diteurs. Les plus ingénus entre ces récits<br />

s'adressent aux tout petits, à ceux qu'on se<br />

représente ouvrant les yeux les plus surpris<br />

1 et les plus charmés, tandis qu'ils écoutent.<br />

Et les contes reçus avec cette avidité sont<br />

<strong>de</strong>s histoires d'animaux, <strong>de</strong>s aventures ar-<br />

rivées à ces êtres élémentaires auxquels, <strong>de</strong>-<br />

puis les temps les plus reculés, l'enfance<br />

s'intéresse, comme si elle les sentait mieux<br />

ù. snii niveau. Les animaux sont présentés<br />

chacun avec son caractère, cruel ou inofc>-<br />

fonsif, batailleur ou ami <strong>de</strong> la paix. Cha-<br />

cun <strong>de</strong>ux porté un nom propre qui lui con-<br />

fère une sorte <strong>de</strong> personnalité, et les contes<br />

où il est désigné ainsi seraient dignes d'im-<br />

poser pour toujours à la bête le nom qu'ils<br />

ont imaginé pour elle. — <strong>de</strong> môme que, <strong>de</strong>-<br />

puis le Roman <strong>de</strong> Benart, on ne connaît<br />

plus que sous cette dénomination fictive i<br />

l'animal appelé goupil auparavant.<br />

Le naturel <strong>de</strong>s animaux mis en scène par<br />

M. l'abbé Bessou est parfaite ment décrit,<br />

avec <strong>de</strong> transparentes allusions aux êtres<br />

humains correspondants, <strong>de</strong>s paysans bien<br />

entendu, avec lesquels la vie champêtre les<br />

met en contact familier. Chez les animaux<br />

comme chez les hommes, dont ils sont l'ima-<br />

ge, les bons s'entr' ai<strong>de</strong>nt, les méchants se<br />

nuisent, les trompeurs mutuellement se<br />

trompent. Les faibles, pour se garantir <strong>de</strong>s<br />

forts, sont obligés d'avoir recours à l'habi-<br />

leté ; quand la rase se montre vraiment in-<br />

génieuse, elle suscite <strong>de</strong>s applaudissements<br />

et <strong>de</strong> sympathiques sourires. Il ne faut pas<br />

s'en scandaliser ; cette admiration <strong>de</strong> la<br />

finesse (tromper adroitement se dit en pa-<br />

tois « ofina ») implique une pensée en som-<br />

me spiritu.aliste : c'est l'idée que l'intelli-<br />

gence, étant par son essence supérieure à la<br />

matière, a tous les droits contre elle. Dans<br />

ces contes, il arrive que les forts emploient<br />

aussi la ruse ; mais alors, ce moyen <strong>de</strong> réus-<br />

sir, n'étant pas nécessité, n'est plus excu-<br />

sable, et le scrupuleux auteur ne manque<br />

pas <strong>de</strong> le faire châtier par l'événement. Le<br />

conteur, à ces délicatesses morales, en<br />

ajoute d'autres, celles <strong>de</strong> la langue : quand,<br />

par exemple, ses personnages sont <strong>de</strong> petits<br />

animaux, il lui vient aussitôt au bout <strong>de</strong> la<br />

plume <strong>de</strong>s multitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces légers diminu-<br />

tifs, aimables, presque tendres, dont le pa-<br />

tois, il faut le reconnaître, est beaucoup<br />

mieux pourvu que le français.<br />

L'intelligence, malgré ses droits évi<strong>de</strong>nts,<br />

peut commettre <strong>de</strong>s excès repréhensibles.<br />

L'homme, auquel Dieu, en le plaçant au<br />

premier rang <strong>de</strong>s créatures, a permis d'em-<br />

ployer les animaux pour son usage, les ex-<br />

ploite parfois sans ménagement r'ies bêtes,<br />

à qui ces contes donnent la parole, savent<br />

bien le lui reprocher par <strong>de</strong>s arguments qui<br />

couvrent leur bourreau <strong>de</strong> confusion.<br />

Après les contes où les animaux jouent le<br />

principal rôle, viennent <strong>de</strong>s récits où les<br />

personnages sont tous <strong>de</strong>s hommes, et<br />

ceux-là contiennent d'expresses leçons <strong>de</strong><br />

psychologie et <strong>de</strong> morale t ainsi, par exem-<br />

ple, celui où le pauvre <strong>de</strong>venu riche déploie<br />

<strong>de</strong> subtiles qualités d'esprit pour reconnaî-<br />

tre les vraies amitiés et les distinguer <strong>de</strong>s<br />

fausses.<br />

Dans d'autres contes, l'homme aux prises<br />

avec le merveilleux, traverse <strong>de</strong>s aventures<br />

fantastiques. Ces inventions où s'accumu-<br />

lent <strong>de</strong>s suites d'événements bizarres doi-<br />

vent être très anciennes; on en trouve d'ana-<br />

logues dans les Contes <strong>de</strong> Gascogne, recueil<br />

lis par Bladé. Il serait intéressant' <strong>de</strong> com<br />

parer les unes avec les autres ces créations<br />

populaires <strong>de</strong> divers pays.<br />

Dans celles du Rouergue, la fantasmago-<br />

rie ne tient pas une gran<strong>de</strong> place ; le carac<br />

tère profondément religieux <strong>de</strong> notre race<br />

se manifeste en <strong>de</strong>s récits, où surgissent<br />

avec toute leur beauté et leur bonté infinie<br />

les figures divines, et où, d'autre part, le<br />

démon joue, dans l'ordre surnaturel, le rôle<br />

départi tout à l'heure, dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

bêtes, aux animaux méchants qu'il n'est pas<br />

défendu <strong>de</strong> tromper.<br />

Sur toutes ces imaginations et même, à<br />

<strong>de</strong>s moments, sur les légen<strong>de</strong>s pieuses, se<br />

déploie une gaieté ouverte, lumineuse, fran-<br />

che et saine, qu'épanche abondamment la<br />

verve heureuse <strong>de</strong> l'abbé Bessou. Cependant<br />

le problème <strong>de</strong> la douleur est, à plusieurs<br />

reprises, abordé dans ces contes ; mais il<br />

n'y reste pas à l'état d'énigme ténébreuse et<br />

obsédante : il est bientôt résolu, et <strong>de</strong> la fa-<br />

çon la plus simple et la plus sûre, par la<br />

Foi.<br />

Quel est le théâtre où se déroulent tous<br />

ces événements, où se montrent tous ces<br />

personnages, inférieurs, humains ou céles-<br />

tes ? Le lieu <strong>de</strong> la scène est bien délimité :<br />

c'est, sauf quelques échappées au <strong>de</strong>hors, le<br />

pays montagneux, creusé <strong>de</strong> ravins abrupts,<br />

arrosé <strong>de</strong> ruisseaux limpi<strong>de</strong>s, qui est com-<br />

pris entre Villefranche, Rieupeyroux et Na-<br />

jae. Les lieux, les villages, les hameaux, les<br />

propriétés sont tous là. avec leur vrai nom.<br />

Et pourtant, cette contrée si réelle, si ac-<br />

tuelle, apparaît comme ouverte sur l'autre<br />

mon<strong>de</strong>, toute baignée <strong>de</strong> surnaturel. Par les<br />

chemins bordés <strong>de</strong> houx qui la sillonnent,<br />

Jésus est passé jadis, ou naguère, hier peut-<br />

être... on ne sait pas bien ; il y est passé du<br />

temps où, la douceur sur le visage, le bras<br />

armé <strong>de</strong> toute-puissance, il évangélisait ce<br />

canton.<br />

A <strong>de</strong> telles imaginations, à <strong>de</strong> telles<br />

croyances, il faut pour s'exprimer un lan-<br />

gage spécial ; seule, une langue naïve peut<br />

y correspondre avec harmonie, c'est l'idio-<br />

me <strong>de</strong> ceux qui conçurent ces inventions en<br />

une intacte ingénuité. On sait assez com-<br />

bien M. l'abbé Bessou parle cette langue vé-<br />

ritablement et magistralement, Elle vit en<br />

toute sa fraîcheur sur ses lèvres et. sous sa<br />

plume. Il la connaît en toutes ses nuances et<br />

dans l'ample richesse <strong>de</strong> ses synonymes<br />

Au ssi il la fait jouer <strong>de</strong> toutes manières, en<br />

<strong>de</strong>s dialogues où on la sent mêlée à <strong>de</strong> ro-<br />

bustes respirations, ou en <strong>de</strong>s propos sur-<br />

pris tout vifs parmi le brouhaha <strong>de</strong>s foules<br />

assemblées. Il reproduit, pour s'en être ré-<br />

joui souvent, les défigurations qu'une heu-<br />

reuse ignorance fait subir aux mots fran-<br />

çais, et il a bien raison, puisque les formes<br />

<strong>de</strong> la langue savante, en s'altérant ainsi<br />

sont <strong>de</strong>venues du patois. Enfin, signe d'ins-<br />

piration jaillissante, ou d'adresse dans son<br />

art, l'auteur du célèbre poème d'Al Brès à la<br />

Toumbo introduit au bon endroit, dans ses<br />

récits en prose, <strong>de</strong>s vers ou au moins <strong>de</strong>s<br />

rimes, qu'il sait utiliser comme un élément<br />

comique où éclate la jovialité.<br />

Tant d© talent dépensé dans une longue<br />

d'un usage si restreint, et, dont le cercle est<br />

borné si étroitement I U faut bien le recon-<br />

naître, le patois <strong>de</strong> l'abbé Bessou, comme<br />

celui <strong>de</strong>s autres poètes et conteurs populai-<br />

res du Midi, n'est compris parfaitement qu%<br />

dans une zone resserrée. Mais aussi là<br />

précisément parce que nous constatons les<br />

proches limites do ce cercle, comme nous<br />

nous sentons chez nous, en parlant ou en<br />

lisant notre langue locale ! On n'a cette im-<br />

pression <strong>de</strong> propriété affectueuse que pour<br />

une possession <strong>de</strong> peu d'étendue, partagée<br />

avec un petit nombre d'associés seulement.<br />

C'est alors comme un foyer <strong>de</strong> famille d'où<br />

les étrangers sont exclus et où l'on s'aima<br />

d'autant mieux entre soi. En famille, on<br />

contracte l'habitu<strong>de</strong> d'expressions particu-<br />

lières, <strong>de</strong> locutions ou <strong>de</strong> proverbes, qu'on<br />

a reçus <strong>de</strong> la bouche <strong>de</strong>s parents, que l'on<br />

emploie entre frères, et qu'on enseigne avec<br />

fidélité aux entants. En employant ces ter-<br />

mes étroitement familiers, on ne profite pas<br />

du retentissement que suscite une langue<br />

parlée par tonte une nation, mais ces mots<br />

sonnent à l'oreille avec une douceur intime<br />

qui vaut mieux pour le cœur.<br />

Voilà pourquoi M. l'abbé Bessou se sert<br />

ave^persevéra.nc.0 du patois usité entre Na-<br />

vant qu'en cet idiome rustique, il compose<br />

uniquement do très simples récits et se plaît<br />

en particulier à dire <strong>de</strong>s contes au- enfants.<br />

Il est prêtre, un prêtre animé u une piété<br />

profon<strong>de</strong> et d'un zèle ar<strong>de</strong>nt pour le bien dus<br />

âmes. Mais, à côté <strong>de</strong> ces vertus sacerdota-<br />

les, il porte en lui, par un don éininent, le<br />

génie du patois, et, avec le pouvoir, il a<br />

reçu la mission <strong>de</strong> présenter cette langue<br />

dans tout son relief et tout son charme, <strong>de</strong><br />

la fixer ainsi d'une façon durable, au mo-<br />

ment où elle est menacée <strong>de</strong> finir.<br />

J'ai appris naguère que le poète <strong>de</strong> D'al<br />

Brès à la Toumbo, <strong>de</strong> Bagalclelos, <strong>de</strong> Besu-<br />

carietos, l'auteur <strong>de</strong>s Countes <strong>de</strong> la 'Tata<br />

Mannou et <strong>de</strong>s Countes <strong>de</strong> VOuncle Janet<br />

avait été <strong>de</strong> bonne heure pré<strong>de</strong>stiné. Il est<br />

né à Méjalanou, hameau situé sur une pente<br />

qui s'incline vers la petite rivière <strong>de</strong> la Sé-<br />

rène, non loin du village <strong>de</strong> Saint-Salvadou.<br />

Mon ami si regretté, Emile Pouvillon. et<br />

moi. unis dans une fervente admiration<br />

pour le génial écrivain populaire, nous<br />

avions formé le projet d'aller un jour visi-<br />

ter ce hameau comme un lieu <strong>de</strong> poétique<br />

pèlerinage ; il me semblait bon et plein <strong>de</strong><br />

grâce confraternelle que l'auteur <strong>de</strong> Cés-ctte<br />

allât ainsi rendre hommage à mon voisin, le<br />

conteur du Ségala. La mort cruelle s'est op-<br />

posée à l'accomplissement <strong>de</strong> ce rêve. Ne<br />

pouvant le réaliser avec mon ami, j'ai voulu<br />

cependant y donner suite avec quelqu'un<br />

qui représentât ce cher compagnon, et j'ai<br />

amené avec moi celui <strong>de</strong> ses fils qui m'est<br />

<strong>de</strong>venu proche par une heureuse alliance.<br />

Arrivés à Méjalanou, nous avons regardé<br />

la maison, l'étable, le jardin, les champs,<br />

tous les alentours. Près <strong>de</strong> la source qui<br />

arrose une <strong>de</strong>s prairies, on nous a dit :<br />

— Tenez, à cet endroit, Justin, quand il<br />

avait dix ou douze ans. <strong>de</strong>mandait à sa<br />

sœur <strong>de</strong> s'asseoir et <strong>de</strong> filer sa quenouille,<br />

prétendant qu'elle serait la Demoiselle pour<br />

qui le Fils du Roi va se noyer dans une<br />

fontaine... Nous reconnûmes la chanson an-<br />

cienne où figure la jeune fille qui refuse sa<br />

main au Prince, et nous pensâmes, le fils <strong>de</strong><br />

Pouvillon et moi : — Il s'est passé ici un<br />

événement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> portée pour cette ré-<br />

gion rustique ; à ce moment dont on nous<br />

parle, au bord <strong>de</strong> cette eau claire qui jaillit<br />

du sol mystérieux, la Légen<strong>de</strong>, éternelle-<br />

ment jeune et fraîche, a apparu à Justin<br />

Bessou, suscitant son émoi ; à ce moment<br />

précis, durant la scène qu'on évoque, ce<br />

garçon aux traits ru<strong>de</strong>s, aux yeux pleins <strong>de</strong><br />

songe, a été désigné pour <strong>de</strong>venir le poète<br />

<strong>de</strong> sa race et <strong>de</strong> son pays.<br />

Charles DE POMAIROLS.<br />

(1) Voir l'Express du Uidi du 16 avril 1909.<br />

LA SANTÉ DE PIE X<br />

Paris, 24 <strong>octobre</strong>.<br />

L'Agence Havas a reçu la déipêche suivante<br />

<strong>de</strong> Rome :<br />

« Le professeur Marcbia-Fava a visité le<br />

Pape et a constaté une attaque <strong>de</strong> goutte ;<br />

il a conseillé un repus <strong>de</strong> quelques jours.<br />

» Le Pape n'a pas voulu décomman<strong>de</strong>r ses<br />

audiences, mais à cause du mauvais temps il<br />

n'est pas <strong>de</strong>scendu dans les jardins et est<br />

resté dans la bibliothèque.<br />

La Polies et les Eé?eliiw<br />

Un inci<strong>de</strong>nt mystérieux<br />

Paris, 24 <strong>octobre</strong>.<br />

On racontait cet après-midi au Palais un<br />

inci<strong>de</strong>nt encore assez mystérieux.<br />

Hier, diisoit-on, M. <strong>de</strong> Mai man<strong>de</strong>, don* an<br />

couinait le rô:e actif daus le muuvement révo-<br />

lutionnaire, reçut un pneumatique lui don-<br />

nant rendiez-v«us dans un café <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong><br />

Rennes.<br />

M. <strong>de</strong> Maranandie s'y rendit et se trouva en<br />

pré&enco d'un inconnu qui, fie donnant eoimmo<br />

un envoyé du mitefetère <strong>de</strong> l'intérieur, lui pro-<br />

posa <strong>de</strong>. collaborer discrètement avec la po-<br />

lice et lui offrait <strong>de</strong>s mensualités réguUeres, 300<br />

puis 500 francs.<br />

M. die Marman<strong>de</strong> fit une réponse évasive et<br />

engagea le tentateur à vernir le revoir le len-<br />

<strong>de</strong>main chez lui.<br />

L'inconnu so serait, en effet, rendu ce matin<br />

au domicilie <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Maanoaan<strong>de</strong>.qui avait dis-<br />

simulé <strong>de</strong>s témoins, entre autres M. Jacques<br />

-Bonzom, dans unie pièce voisine.<br />

Les propositions furent renouvelées, mais<br />

les amis du révotationnaire firent monter un<br />

agent <strong>de</strong> police qui arrêta l'inconnu et te con-<br />

duisit au prochain couinai/ssarnat.<br />

Là cet iiiidiiivàdu déclara se ruommer Myller<br />

et habiter 02, rue <strong>de</strong> Ranelugh ; le commis-<br />

saire <strong>de</strong> police le consigna ù sa disposition<br />

Cet inci<strong>de</strong>nt, dès qu'il a été connu au ml-<br />

nnistèire <strong>de</strong> l'intérieur, a été aussitôt fonnel'e-<br />

menit démenti.<br />

M 0 Jacques Bonaon, que mous avons rencon-<br />

tré, nous affirme le récit qui précè<strong>de</strong> et nous<br />

a donné sur le piège tendu à Myller et sur ses<br />

résultats, les prédisions suivantes : *<br />

— M. <strong>de</strong> Marmara<strong>de</strong> avait feint d'accepter la<br />

proposition <strong>de</strong> M. Myller et l'avait engagé a<br />

revenir ce matin ; il nous avait postés dans<br />

son appartement <strong>de</strong> manière que nous puis-<br />

sions être les témoins auriculaires <strong>de</strong>s offres<br />

qui lui seraient renouvelées.<br />

» M. Myller me tarda pas à arriver ; il for-<br />

mula et précisa les propositions qu'il avait<br />

déjà faites.<br />

» A ce moment, le publie-iste libertaire ou-<br />

vrit la porte <strong>de</strong> la pièce où nous nous trou-<br />

vions ; l'un <strong>de</strong> nous alla chercher un agent en<br />

campagrate donne] U revint bientôt.<br />

» Cependant, M. Myller protestait violerm<br />

ment, déclrwn.nit qu'il étal* couvert par le mi-<br />

nistre <strong>de</strong> l'iiiiitc'Tiuw ; H profr.vnit Mes mciivaees<br />

ii l'égard dn publiieiste qui l'avait fait prendre<br />

a son piège.<br />

» En compagnie <strong>de</strong> l'agent et malgré les<br />

•efforts désespérés <strong>de</strong> M. Myl.'er, noms

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