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MOINE-GIRARDOT-Intelligence et gouvernance territoriales-cours-1-3

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Unité d’Enseignement « <strong>Intelligence</strong> <strong>et</strong> <strong>gouvernance</strong> <strong>territoriales</strong> »<br />

Page 1 sur 70<br />

C<strong>et</strong> enseignement comprend plusieurs <strong>cours</strong>. Chacun est rédigé par un expert.<br />

C<strong>et</strong>te organisation, dont il peut résulter quelques problèmes de cohérence, présente l’avantage<br />

de proposer des <strong>cours</strong> rédigés par les chercheurs qui en possède la meilleure expertise,<br />

attestée par des responsabilités dans des proj<strong>et</strong>s de recherche européens <strong>et</strong> internationaux :<br />

Cours :<br />

Le <strong>cours</strong> est illustré par des études de cas.<br />

I- Le territoire comme système complexe, Alexandre <strong>MOINE</strong>. professeur de géographie à<br />

l’Université de Franche-Comté, laboratoire ThéMA.<br />

II- Le concept d’intelligence territoriale, Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong>. maître de conférence en<br />

économie à l’Université de Franche-Comté, coordinateur scientifique du European N<strong>et</strong>work<br />

of Territorial <strong>Intelligence</strong>, ThéMA, Maison des Sciences de l’Homme <strong>et</strong> de l’Environnement,<br />

CNRS.<br />

III- La méthode <strong>et</strong> les outils d'intelligence territoriale Catalyse. Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong><br />

IV- Communication, <strong>gouvernance</strong> <strong>et</strong> intelligence territoriale. Cyril MASSELOT, maître de<br />

conférence en sciences de l’information <strong>et</strong> de la communication à l’Université de Franche-<br />

Comté, responsable du portable de l’intelligence territoriale au sein de la caENTI, action de<br />

coordination européenne<br />

V- Les méthodes fondamentales d'analyse de l'information territoriale, Serge ORMAUX,<br />

professeur de géographie à l’Université de Franche-Comté, directeur du laboratoire ThéMA,<br />

responsable de l’axe méthodes fondamentales au sein de la caENTI.<br />

VI- L’information territoriale : les indicateurs territoriaux du développement durable,<br />

Guenael DEVILLET, maître de conférence en économie à l’Université de LIEGE,<br />

responsable de l’action « webmapping » au sein de la caENTI.<br />

VII- La <strong>gouvernance</strong> territoriale, Blanca MIEDES, professeur d’économie à l’Université de<br />

HUELVA (Espagne), responsable de l’axe « principes de <strong>gouvernance</strong> » au sein de la<br />

caENTI.<br />

Analyse de cas :<br />

A- Observatorio Local de Empleo de HUELVA, Blanca MIEDES


B - Évaluation de l’Action Modèle « action concertée » du département du Doubs. Jean-<br />

Jacques <strong>GIRARDOT</strong>.<br />

C- L’évaluation des Boutiques Solidarité de la Fondation Abbé Pierre. Jean-Jacques<br />

<strong>GIRARDOT</strong><br />

D- Le système d’évaluation national <strong>et</strong> les observatoires locaux des migrations de l’ACCEM.<br />

Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong>.<br />

E- Mise en place d’un dispositif d’observation Catalyse pour la commune de CHAPELLE-<br />

LEZ-HERLAIMONT. Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong>.<br />

F- Diagnostic de territoire pour le Plan Communal de Développement de la Commune Rurale<br />

de DOUROULA au Burkina-Faso. Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong><br />

G- Observation, représentations <strong>et</strong> participation : trois cas d’application des graphes<br />

conceptuels au partage de la connaissance. Philippe SIGNORET, Ingénieur de recherche,<br />

Laboratoire Théma<br />

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Cours
I
–
Le
territoire
comme
un
système
complexe

(A.
<strong>MOINE</strong>)
<br />

Introduction :<br />

Page 3 sur 70<br />

Le territoire est aujourd’hui au cœur des préoccupations des scientifiques, des<br />

politiques, mais également des acteurs économiques. Les géographes n’ont pas été les seuls à<br />

s’approprier c<strong>et</strong>te notion, cependant ils ont fait de l’espace leur entrée principale, ce qui les<br />

distingue quelque peu des approches des économistes ou des sociologues. Loin de rem<strong>et</strong>tre<br />

en cause c<strong>et</strong>te tendance, nous pouvons néanmoins nous poser la question suivante : pourquoi<br />

le concept de territoire est-il tant utilisé, en géographie, dans des sciences connexes <strong>et</strong> plus<br />

globalement en relation avec l’aménagement de l’espace <strong>et</strong> les différents acteurs qui en ont la<br />

charge ?<br />

Cela procède à notre sens, de quatre logiques combinées :<br />

- Une logique d’aménagement propre à la France. En eff<strong>et</strong>, dans les années 60-<br />

70 durant lesquelles l’aménagement du territoire, très conquérant en France,<br />

s’est développé, l’Etat en occupant une position majeure a créé une réelle<br />

distance entre l’échelle de planification <strong>et</strong> d’intervention nationale <strong>et</strong> le<br />

développement local. Dès c<strong>et</strong>te époque, des tentatives de prise en compte des<br />

besoins locaux émergent, autour des Programmes d’Action Régionaux 1 par<br />

exemple, puis au travers des politiques rurales 2 , mais la pyramide<br />

administrative peine à faire remonter les expériences locales <strong>et</strong> surtout à<br />

adapter les politiques. Les années 80 <strong>et</strong> la décentralisation entraînent une<br />

focalisation sur les différents échelons issus de la décentralisation,<br />

substituant à la notion de territoire celle de collectivité territoriale, qui isole à<br />

la fois dans les pratiques <strong>et</strong> les représentations [BRU 90]. Ce n’est qu’à la fin<br />

des années 90 avec la mise en place de la Loi d’Orientation, d’Aménagement<br />

<strong>et</strong> de Développement Durable du Territoire (LOADDT 99) dite « Loi<br />

Voyn<strong>et</strong> », que le territoire est reconnu à travers sa fonction fédératrice des<br />

acteurs locaux <strong>et</strong> des institutions. La Loi prévoit que ces territoires de proj<strong>et</strong><br />

pourront s’interpénétrer, qu’ils pourront dépasser les limites des collectivités<br />

<strong>territoriales</strong> qui cors<strong>et</strong>aient jusqu’à présent des territoires qui étouffaient sous<br />

le joug de limites pas forcément représentatives des fonctionnements locaux.<br />

Dès lors les territoires montrent que localement il existe des systèmes<br />

d’acteurs dont les interrelations étroites perm<strong>et</strong>tent de conserver une relative<br />

stabilité aux systèmes territoriaux existants. On ne fait alors que rendre<br />

lisibles des phénomènes à l’œuvre depuis toujours, souvent de manière<br />

spontanée comme les Systèmes Productifs localisés (SPL).<br />

-<br />

1 Les P.A.R ont été mis en place par décr<strong>et</strong> en 1955, ils visaient à « promouvoir l’expansion économique <strong>et</strong> sociale des différentes régions <strong>et</strong><br />

, en particulier, de celles qui souffraient de sous-emploi ou d’un développement économique insuffisant ».<br />

2 Notamment les Plan d’Aménagement Ruraux mis en place à partir de 1970, m<strong>et</strong>tant en place une planification micro-régionale.


Page 4 sur 70<br />

- Une logique liée au besoin de conserver un lien, dans le cadre d’un monde<br />

global où l’on a tendance à perdre ses repères, avec le quotidien, les acteurs<br />

que l’on connaît, l’espace au sein duquel on évolue. Ceci correspond par<br />

ailleurs sociologiquement à un repli à l’échelle du ménage, sur des valeurs<br />

quelque-fois anciennes, <strong>et</strong> spatialement sur le logement. Eclatement des<br />

lieux, des fonctions, multiplication des possibilités de contact, mais<br />

parallèlement marasme économique, conflits, incertitudes dus à la montée<br />

des extrémismes, dérèglement climatique <strong>et</strong> multiplication des informations<br />

souvent dramatiques en provenance de tous les points du globe, déterminent<br />

un besoin de r<strong>et</strong>rouver un cadre de vie maîtrisé, connu, au sein duquel les<br />

acteurs sont identifiés. Le territoire est alors vécu comme une sorte de r<strong>et</strong>our<br />

à la matrice originelle, le lieu d’où l’on est, pas forcément celui où l’on naît,<br />

mais dans tous les cas celui où l’on vit <strong>et</strong> où l’on créé les liens qui placent le<br />

système familial en équilibre au sein d’un système local.<br />

-<br />

- Une logique liée à la complexité du monde qui nous entoure, de l’échelle<br />

locale à l’échelle régionale. Les différents acteurs pressentent c<strong>et</strong>te<br />

complexité, ils peinent à la nommer, parlent plutôt de complications,<br />

considèrent avec perplexité l’infinité de relations qui lient les acteurs, les<br />

obj<strong>et</strong>s de l’espace géographique, la multitude de boucles de rétroaction qui<br />

font évoluer des systèmes imbriqués aux limites floues. Dès lors comment<br />

caractériser c<strong>et</strong> environnement qui paraît imprécis, au sein duquel rien n’est<br />

dénombrable, où les situations complexes plongent les acteurs dans une<br />

incertitude profondes quant aux décisions à prendre <strong>et</strong> à leurs multiples<br />

conséquences ? Actuellement, le plus simple consiste encore à y attacher un<br />

concept dont la définition tout à la fois précise <strong>et</strong> suffisamment vague pour<br />

faire consensus, sorte de boîte noire que l’on se garde bien d’ouvrir. Cela<br />

peut-être utile, car il n’y a rien à gagner à sur-valoriser certains territoires,<br />

notamment les collectivités <strong>territoriales</strong>, à qui l’on demande avant toute<br />

chose de bien gérer les affaires quelles ont en charge dans l’espace qui<br />

correspond à leurs prérogatives. Mais pour l’ensemble des autres territoires,<br />

il est nécessaire de bien comprendre ce qu’ils sont, comment ils se sont<br />

constitués (systémogenèse), comment ils fonctionnent <strong>et</strong> comment ils sont<br />

susceptibles d’évoluer, en combinant à la fois les informations relatives à<br />

l’organisation de l’espace, mais également celles relatives aux acteurs qui<br />

font ces organisations, <strong>et</strong> qui, dans le même temps, sont fortement influencés<br />

par celles-ci.<br />

-<br />

- Enfin, une logique liée à la discipline même de la géographie, au sein de<br />

laquelle les anciens découpages thématiques sont progressivement<br />

abandonnés, au profit d’une approche phénoménologique. Ce positionnement<br />

montre un glissement, de l’observation du résultat d’un certain nombre de<br />

phénomènes, vers la compréhension des mécanismes qui induisent ces<br />

phénomènes <strong>et</strong> surtout un glissement vers la compréhension du rôle des<br />

acteurs, à la fois dans le temps, mais également à différents niveaux<br />

d’échelles.<br />

Et ainsi, p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it tout devient territoire, l’adjectif se généralise, à en devenir<br />

polysémique. Le territoire est tout puisqu’il recouvre une complexité qui demeure difficile à


saisir, à cerner. Véritable fourre-tout, ses limites floues, mieux, l’absence de limites précises,<br />

jouent en sa faveur en terme d’aménagement du territoire, à une époque où il ne paraît pas<br />

crédible de créer de nouveaux échelons de gestion, mais où malgré tout il s’avère<br />

indispensable de créer de nouveaux « espaces » de concertation. La notion de territoire telle<br />

que nous la concevons est donc là pour pallier une réelle difficulté à comprendre la réalité qui<br />

nous entoure. Il s’agit donc d’ouvrir la boîte noire, de rendre intelligible une partie des sous-<br />

systèmes qui la composent afin de clarifier quelques concepts clés, finalement étroitement<br />

liés bien que leurs définitions laissent à penser quelques fois qu’ils sont carrément<br />

redondants 3 !<br />

1. Il est indispensable de redéfinir le concept de territoire<br />

1.1 D’une savante polysémie autour du territoire se dégagent trois entrées<br />

Page 5 sur 70<br />

Le territoire est l’obj<strong>et</strong> de toutes les attentions depuis une vingtaine d’années, parce<br />

qu’il est au centre des représentations que nous nous faisons de la complexité qui nous<br />

entoure. Et ce qui nous entoure, c’est d’abord l’espace, mais le terme est trop neutre pour<br />

caractériser ce que nous pressentons comme étant plus élaboré. Le territoire s’est substitué<br />

doucement à ce terme (espace) en conférant plus d’épaisseur à ce que l’on pourrait aussi<br />

nommer environnement, c’est-à-dire ce qui nous entoure dans une acception très globale,<br />

c’est-à-dire mêlant à la fois milieu physique, naturel <strong>et</strong> aménagé. Mais subtilement, le<br />

territoire s’avère être beaucoup plus que l’espace, l’environnement, ou les hommes qui le<br />

peuplent <strong>et</strong> se l’approprient ; il est plus que tout cela, mais finalement ne correspond plus à<br />

rien à force d’utilisations. Les définitions finissent par se chevaucher, l’espace est<br />

géographique, le territoire est espace géographique, le milieu est tout cela mais un peu moins,<br />

l’homme y est souvent agent plus qu’acteur <strong>et</strong> la plupart du temps les approches isolent<br />

sagement ce qui relève de l’organisation de l’espace (espace géographique) <strong>et</strong> ce qui relève<br />

des acteurs. Comme le précise Romain Lajarge [LAJ 00], « le territoire n’est pas un obj<strong>et</strong><br />

neutre décidé dans l’abstraction <strong>et</strong> déconnecté du réel. Il est avant tout bricolé par les acteurs<br />

en fonction d’un grand nombre de paramètres en permanente mutation ». C<strong>et</strong>te idée est<br />

intéressante <strong>et</strong> replace bien l’enjeu que représente le territoire tant par l’idée de complexité<br />

3 Certaines définitions des concepts de territoire <strong>et</strong> d’espace géographique sont très proches :<br />

- « L’espace géographique est l’étendue terrestre utilisée <strong>et</strong> aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction, non seulement<br />

pour se nourrir <strong>et</strong> s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux », Brun<strong>et</strong> (R.), Ferras (R.), Théry (H.), Les mots de la<br />

Géographie, 1993 ;<br />

- « Le territoire est la portion de surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa production <strong>et</strong> la satisfaction de<br />

ses besoins vitaux », Le Berre (M.), Encyclopédie de Géographie, 1992.


qui en émane, que par l’impression d’impuissance face à celle-ci que matérialise le terme de<br />

bricolage. Au travers des nombreuses publications qui traitent soit directement du territoire,<br />

soit qui en replacent l’utilisation par rapport à un cadre thématique défini (développement<br />

d’une activité, déplacements, <strong>et</strong>c.), nous proposons de définir trois entrées pour comprendre<br />

progressivement sur quoi repose le concept de territoire.<br />

Page 6 sur 70<br />

Tout d’abord, il y a de l’espace dans le territoire, on peut même affirmer que la<br />

référence spatiale y est centrale. Mais nous souhaitons nuancer l’entrée qui consiste d’emblée<br />

à qualifier le territoire par l’espace [MAI 99] [BRU 92] [FRE 76] [PUM 97], dont il est<br />

quelque fois un quasi-synonyme, ou par la matérialisation de l’étendue d’un pouvoir [MIC<br />

00]. Pour Di Méo, qui semblerait se situer à l’interface de ces deux tendances, le territoire<br />

« témoigne d’une appropriation à la fois économique, idéologique <strong>et</strong> politique de l’espace par<br />

des groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de<br />

leur singularité » [DIM 98]. Selon c<strong>et</strong> auteur, le territoire repose donc sur l’existence d’un<br />

espace social <strong>et</strong> d’un espace vécu. Yv<strong>et</strong>te Veyr<strong>et</strong>, ajoute quant à elle que le territoire repose<br />

sur le socle (nous dirons sous-système comme nous le verrons plus loin) de l’espace<br />

géographique aménagé [CIA 03]. Le territoire est en fait tout cela, <strong>et</strong> plus que tout cela à la<br />

fois, selon les principes liés à l’existence d’un système 4 . Roger Brun<strong>et</strong> ajoute d’ailleurs dans<br />

les mots de la géographie, après avoir qualifié le territoire d’espace approprié […], qu’il est<br />

autre chose que l’espace [BRU 92], lui associant des représentations, <strong>et</strong> une socialisation<br />

[BAD 95]. Que de fac<strong>et</strong>tes peuvent être donc attribuées au territoire, qui selon nous ne peut<br />

être réduit à « désigner une grande famille d’espaces […] » [LEV 03]. On pose en eff<strong>et</strong><br />

souvent le cadre du territoire, « que l’on remplit ensuite par un construit dénommé territoire »<br />

comme le précise Bernard Elissalde [ELI 02]. Mais ce construit recouvre des aspects<br />

tellement disparates qu’il est difficile selon c<strong>et</strong> angle d’approche, de comprendre ce qu’est un<br />

territoire. De l’espace vécu à l’espace perçu, en passant par les sentiments d’appartenance au<br />

travers du film du passé ; des relations humaines entr<strong>et</strong>enues dans un cadre local qui va de<br />

l’immeuble au quartier en passant par les multiples réseaux de connaissance, la coquille se<br />

remplit mais ne donne pas toujours quelque chose de cohérent que l’on puisse proposer à<br />

l’interprétation. L’analyse des « territoires de vie » nous plonge dans la complexité de leur<br />

construction au <strong>cours</strong> de l’histoire, autour du social <strong>et</strong> du politique <strong>et</strong> du psychologique.<br />

L’entrée par l’espace s’appuie inévitablement sur l’appropriation qui en est faite<br />

par des groupes d’individus, enfermant ainsi le territoire dans des limites assez rigides, bien<br />

4 Le tout est plus que la somme de ses parties ou un système est plus que la somme de ses sous-systèmes.


que de plus en plus mouvantes autour d’une infinité de lieux [SAC 86] [SAC 97], qui sont<br />

administratives. La construction du territoire est alors souvent dominée par le rôle de l’Etat<br />

qui selon P. <strong>et</strong> G. Pinchemel [PIN 97] « contrôle, maintien son intégrité […] exerce une<br />

autorité, une compétence », l’étendue du territoire définissant alors le « champ d’application<br />

du pouvoir». Nombre de définitions relatives au territoire, ou d’emplois du terme, se fondent<br />

sur c<strong>et</strong>te notion de propriété, d’administration, qui assurent un contrôle, une gestion d’un<br />

espace très clairement délimité. La décentralisation, en France, a ainsi engendré de<br />

« nouveaux territoires » au sein desquels l’administration est devenue plus compliquée, tandis<br />

qu’émergeaient les territoires mouvants des intercommunalités, <strong>et</strong> bientôt ceux des proj<strong>et</strong>s au<br />

travers des « Pays ».<br />

Page 7 sur 70<br />

Mais, comme nous venons de le voir, le territoire présente une double nature, à la<br />

fois matérielle <strong>et</strong> il s’agit de faire référence alors à l’espace géographique, sous-système du<br />

territoire, <strong>et</strong> symbolique ou idéelle, en relation c<strong>et</strong>te fois avec les systèmes de représentation<br />

qui guident les sociétés dans l’appréhension qu’elles ont de leur « environnement ». Ainsi<br />

comme le souligne C. Raffestin [RAF 86], « le territoire est une réordination de l’espace […].<br />

Le territoire peut être considéré comme de l’espace informé par la sémiosphère ». Comme le<br />

précise G. Di Méo [DIM 98a], le territoire est souvent abstrait, idéel, vécu <strong>et</strong> ressenti plus que<br />

visuellement repéré ». C<strong>et</strong>te deuxième entrée fait donc référence aux processus<br />

d’organisation territoriale qui doivent selon C. Raffestin, s’analyser à deux niveaux : celui qui<br />

résulte de l’action des sociétés (ce que nous appellerons l’espace géographique), <strong>et</strong> également<br />

celui qui résulte des systèmes de représentation. Au travers du vécu, du perçu, <strong>et</strong> des<br />

multiples filtres qui nuancent la perception que l’on a d’un paysage, d’une organisation<br />

spatiale, de notre voisin, nous donnons un sens aux territoires [FOU 95], à travers une<br />

combinaison de caractéristiques issues d’un « processus de synthèse intégrative » [MUC 86].<br />

L’espace <strong>et</strong> tout ce qui peut s’y rattacher est ainsi p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it reconstruit <strong>et</strong> transformé sur la<br />

base de faits idéologiques <strong>et</strong> historiques pour produire ce que certains appellent « un »<br />

territoire. Il y a beaucoup de passé dans tout cela <strong>et</strong> il s’agit aussi d’ancrer le territoire dans le<br />

temps présent : en eff<strong>et</strong>, comme le proposent F. Poulle <strong>et</strong> Y. Gorgeu [POU 97], « le sentiment<br />

d’appartenance n’est pas un héritage du passé mais l’adhésion à un proj<strong>et</strong> ». Lorsqu’il y a<br />

territoire, l’appropriation est en fait aussi importante que l’action locale, les deux<br />

phénomènes étant intimement liés <strong>et</strong> carrément indissociables : « c’est le lieu de constitution<br />

d’une société historique <strong>et</strong> d’une possibilité de vivre ensemble » [BIA 96], ils ouvrent vers<br />

les systèmes d’acteurs qui sous-tendent les territoires <strong>et</strong> représentent l’espace de vie. Par


ailleurs, les territoires s’inscrivent dans l’avenir, c’est-à-dire ce que les acteurs veulent qu’ils<br />

deviennent.<br />

Page 8 sur 70<br />

Il manque ainsi une troisième entrée, souvent mentionnée mais rarement abordée<br />

de manière systémique, en relation avec les deux premières (l’espace géographique <strong>et</strong> les<br />

représentations que l’on fait de c<strong>et</strong> espace), celle des acteurs, qui font le territoire. Il s’agit<br />

des interrelations multiples qui lient ceux qui décident, perçoivent, s’entre-aperçoivent,<br />

s’opposent, s’allient, imposent <strong>et</strong> finalement aménagent. C<strong>et</strong>te dimension est essentielle, <strong>et</strong><br />

Bernard Debarbieux déclare à ce propos que « le monde est institué par les individus en<br />

fonction de leurs actions <strong>et</strong> de leurs intentions » [DEB 99]. Comme le souligne alors P.<br />

D’Aquino [DAQ 02], « la référence du territoire n’est alors pas dans sa limite, mais dans la<br />

proximité spatiale » [LEV 91], une partie du fonctionnement du territoire peut alors « se<br />

réduire à un réseau extrêmement dense». Mais il faut faire attention à ne pas se noyer dans la<br />

complexité du sous-système qui apparaît alors. Il est impossible de prendre en compte tous<br />

les acteurs, sachant que tous entr<strong>et</strong>iennent des rapports individuels aux lieux, il faut alors<br />

privilégier cinq catégories d’acteurs 5 qui se sont partiellement isolés les uns des autres <strong>et</strong><br />

qu’il faut aujourd’hui absolument réunir au sein de l’action territoriale :<br />

- L’Etat qui influence par ses politiques, à la fois les collectivités <strong>territoriales</strong>,<br />

la société civile <strong>et</strong> les citoyens ;<br />

- Les collectivités <strong>territoriales</strong> <strong>et</strong> les intercommunalités au sein desquelles<br />

s’exprime le monde politique à une échelle régionale <strong>et</strong> locale ;<br />

- La société civile <strong>et</strong> ses multiples groupes lorsqu’ils souhaitent modifier leur<br />

environnement <strong>et</strong> disposent pour cela d’un rôle effectif ou potentiel notoire<br />

[VAI 01] ;<br />

- Les intercommunalités dont le rôle ne cesse de s’affirmer en position<br />

intermédiaire entre l’échelon communal <strong>et</strong> les échelons supérieurs<br />

(département <strong>et</strong> région) ;<br />

- Les entreprises dont le développement amène à saisir les opportunités qui<br />

s’offrent à elles, notamment vis-à-vis de l’espace géographique au sein<br />

duquel elles évoluent.<br />

C’est à ce moment que la référence au paradigme systémique perm<strong>et</strong> de conserver<br />

au concept de territoire une transdisciplinarité, qui doit être aujourd’hui totalement affirmée,<br />

mais aussi une épaisseur dont le concept ne peut ni ne doit se départir. N’oublions pas les<br />

définitions premières autour du territoire animal, espace marqué (entre autres moyens<br />

5 En 1982, dans le cadre du colloque Géopoint 82 portant sur les territoires de la vie quotidienne, Roger Brun<strong>et</strong> notait les convergences<br />

d’intérêt de trois ou quatre acteurs dans le cadre des Pays : l’Etat, la société civile <strong>et</strong> les entreprises, plaçant les individus en quatrième<br />

position.


olfactivement) sous domination, au sein duquel des relations hiérarchiques très n<strong>et</strong>tes<br />

soum<strong>et</strong>tent à la loi du plus fort [DIM 98a]. Ce territoire là repose sur un jeu de relations où la<br />

force est loi <strong>et</strong> l’assuj<strong>et</strong>tissement à la loi du plus fort, totale. Aujourd’hui les territoires dont<br />

on parle <strong>et</strong> que l’on utilise de manière opératoire, notamment dans les sciences sociales,<br />

dépassent largement c<strong>et</strong>te définition. Ainsi, d’autres disciplines utilisent le concept de<br />

territoire [LEV 00] [DIM 98b] [PEC 96] [POC 96], <strong>et</strong> d’autres encore s’appuient sur le<br />

concept de territoire par le biais de la notion de système [PRE 95] [ROL 00] [LEB 92].<br />

1.2 Le territoire est avant tout un système<br />

Le territoire est donc avant toute définition un système. Et pourtant il n’est jamais<br />

véritablement défini comme tel, même si certaines approches le sous-entendent [LEB 92]. Le<br />

territoire doit aujourd’hui être abordé de manière globale, tant la recherche de consensus est<br />

nécessaire à toutes les étapes de son aménagement <strong>et</strong> de son utilisation. Les outils mis en<br />

œuvre à l’heure actuelle doivent intégrer sa diversification <strong>et</strong> sa complexification en<br />

coordonnant notamment les dimensions sociales, politiques, économiques <strong>et</strong><br />

environnementales, en considérant tous les usages, sur la base d’une participation de plus en<br />

plus active de la population. Pour « rehausser notre compréhension des mécanisme de<br />

régulation systémique du territoire <strong>et</strong> de son développement » comme le proposent M.<br />

Thériault <strong>et</strong> R. Prélaz-Droux [THE 01], il faut asseoir la définition du territoire que nous<br />

proposons sur une solide méthodologie que le paradigme systémique nous offre par ailleurs.<br />

Page 9 sur 70


Page 10 sur 70<br />

Figure 1 : le territoire comme un système<br />

Comme un système, le territoire est une construction intellectuelle [LEM 84]<br />

mouvante, évolutive, floue, <strong>et</strong> dont les caractéristiques correspondent totalement à celles que<br />

l’on peut attribuer plus globalement au principe de complexité [ROS 75]. Il s’agit d’un tout,<br />

composé de sous-systèmes, d’éléments, <strong>et</strong> surtout de relations multiples, notamment des<br />

boucles de rétroaction positives ou négatives, qui évoluent dans le temps <strong>et</strong> surtout dans<br />

l’espace. En eff<strong>et</strong>, une boucle de rétroaction domine, celle qui lie deux sous-systèmes<br />

essentiels : celui de l’espace géographique <strong>et</strong> celui du système social, des acteurs, qui<br />

maintiennent le système territoire en équilibre. On r<strong>et</strong>rouve donc bien ici c<strong>et</strong>te rétroaction qui<br />

fait du territoire un système. A ce titre, on parle souvent de territoire vécu, au sens bien<br />

entendu de l’espace approprié qui est sous-jacent à la plupart des définitions comme nous<br />

l’avons déjà vu, <strong>et</strong> des multiples acteurs qui le composent. Nous pensons que le territoire est<br />

vécu, non pas seulement sous l’angle de c<strong>et</strong> espace, mais comme un système au sein duquel<br />

nous évoluons ; nous vivons donc le territoire, dans le sens plus englobant où nous<br />

l’influençons tout autant qu’il nous influence. Ajoutons encore que le territoire n’est pas un<br />

dérivé de l’espace [BRU 97] ; c’est entre autre sous-système, un espace organisé, aménagé, le


produit des interrelations entre les acteurs, donc de l’espace géographique. Ceci implique<br />

qu’il n’y ait pas de commandement d’un lieu sur l’autre (principe des systèmes <strong>et</strong> des sous-<br />

systèmes non hiérachisés), que les marges d’un territoire soient moins intégrées à leur centre,<br />

qu’ils puissent relever de plusieurs mailles du niveau supérieur, qu’ils puissent disposer de<br />

limites floues, changeantes, voire même comporter des vides.<br />

Page 11 sur 70<br />

Ainsi, les trois entrées du territoire que nous avions mentionnées, constituent-elles<br />

en fin de compte trois sous-systèmes en interrelation, qui évoluent dans le temps, dans le<br />

cadre d’une boucle ininterrompue fondée sur des principes de construction/déconstruction<br />

(Fig. 1) :<br />

- l’espace géographique, approprié par l’homme, aménagé <strong>et</strong> au sein duquel<br />

apparaissent des organisations spatiales <strong>et</strong> de multiples interactions fondées<br />

sur les interrelations entre les sous-systèmes qui le composent (naturel,<br />

anthropisé, social <strong>et</strong> institutionnalisé) ;<br />

- le système des représentations de l’espace géographique, ensemble de filtres<br />

(individuel, idéologique, sociétal) qui influence les acteurs dans leurs prises<br />

de décisions <strong>et</strong> les individus dans l’ensemble de leurs choix, selon deux<br />

temps :<br />

o lors de l’observation de ce qu’est l’espace géographique ;<br />

o lors de la projection de ce que sera l’espace géographique après le<br />

choix d’une action ;<br />

- le système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur<br />

l’espace géographique, influencés par leurs filtres, <strong>et</strong> suivant leur position au<br />

sein de ce système.<br />

Les espaces <strong>et</strong> leurs dynamiques sont donc fondamentalement au cœur de la<br />

géographie, comme le précise Michel Lussault [LUS 02], « l’espace dans toutes ses<br />

manifestations est un ingrédient indispensable à la visibilité, à la lisibilité <strong>et</strong> donc à la<br />

compréhension des choses ». Cependant, pour être opérationnelle, c<strong>et</strong>te géographie ne peut ni<br />

ne doit oublier ceux qui font <strong>et</strong> défont ces organisations <strong>et</strong> par qui les interactions se<br />

produisent : les acteurs, replacés au centre des territoires <strong>et</strong> constitués en un écheveau<br />

complexe d’interrelations, vivant, produisant, percevant <strong>et</strong> utilisant l’espace géographique<br />

pour constituer des territoires au sein desquels se déploient de multiples enjeux. On a trop<br />

souvent limité les investigations à des analyses sur l’organisation de l’espace, sans se pencher<br />

sur l’intentionnalité des acteurs, qui confère alors une toute autre dimension à la première<br />

observation. Si un équipement est localisé précisément à tel endroit, ce n’est pas forcément<br />

en relation avec une loi d’organisation spatiale reconnue par la communauté scientifique,


mais tout simplement parce qu’un acteur politique influant, ou plus raisonnablement un<br />

groupe d’acteur, l’a souhaité en dehors de toute « rationalité » scientifique.<br />

2. Les acteurs reviennent sur le devant de la scène<br />

2.1 Le territoire est plus qu’un espace approprié, il est agit<br />

Page 12 sur 70<br />

Il faut replacer les acteurs dans les systèmes qu’ils élaborent afin de leur perm<strong>et</strong>tre,<br />

comme l’a décrit Roger Brun<strong>et</strong> [BRU 01], de s’approprier, d’habiter, d’échanger <strong>et</strong><br />

d’exploiter dans les meilleures conditions qui soient <strong>et</strong> surtout, de manière cohérente. Ces<br />

systèmes d’acteurs perm<strong>et</strong>tent de gérer, <strong>et</strong>, à travers c<strong>et</strong>te action, de maintenir une stabilité du<br />

système au sein duquel ils agissent. Il en découle une indispensable coordination, une<br />

organisation <strong>et</strong> finalement l’aménagement avec ce que ce terme peut selon les définitions<br />

admises receler d’équité.<br />

Il faut ainsi être capable de comprendre les jeux spatialisés des acteurs pour<br />

comprendre les processus qui guident l’évolution de l’espace géographique. La répartition<br />

des obj<strong>et</strong>s (habitat, maillage, treillage, travail spatialisé, population 6 ) résulte donc des<br />

multiples activités des acteurs (habiter, échanger, exploiter, s’approprier) qui sont des<br />

fac<strong>et</strong>tes ; mais également du milieu naturel dans lequel ils évoluent. Sans acteur, l’habitat<br />

n’est qu’un obj<strong>et</strong> ; habité il prend un sens qui finalement perm<strong>et</strong> de comprendre les<br />

ségrégations, les stratégies résidentielles <strong>et</strong>c. Le cinquième acte décrit par Roger Brun<strong>et</strong> ne<br />

s’inscrit pas comme une fac<strong>et</strong>te de l’espace géographique, mais comme la résultante des<br />

interrelations du sous-système acteurs, propre à un territoire donné, qui influence les quatre<br />

fac<strong>et</strong>tes citées ci-dessus. Habiter peut ainsi prendre deux sens :<br />

- il s’agit d’un choix (qui précède donc le résultat), on étudiera alors les<br />

déterminants du choix, c’est-à-dire le processus qui amène au résultat qui est<br />

l’organisation de l’espace géographique ;<br />

- il s’agit d’un résultat, on observera alors les caractéristiques de l’habitant<br />

comme un attribut de l’obj<strong>et</strong> habitat ;<br />

L’espace géographique peut alors être « réduit » à l’espace physique comme<br />

support, <strong>et</strong> aux obj<strong>et</strong>s qui lui confèrent son statut, les relations entre les lieux, n’apparaissant<br />

alors qu’au travers du jeu des acteurs <strong>et</strong> de leurs multiples choix. En eff<strong>et</strong>, les lieux


n’entr<strong>et</strong>iennent pas de relation entre eux si ce n’est celles, topologiques, qui consistent à en<br />

donner une lecture relative. Par contre les obj<strong>et</strong>s de l’espace géographique entr<strong>et</strong>iennent des<br />

relations avec les lieux <strong>et</strong> bien entendu entre eux, mais par l’intermédiaire des acteurs. Ainsi<br />

tel ou tel service attractif, tel ou tel réseaux important, attireront des activités, des populations<br />

<strong>et</strong> donc de nouveaux services. Ils confèrent à l’espace géographique une organisation, celle-ci<br />

devenant organisante, comme le soulignait déjà Roger Brun<strong>et</strong> en 1980 [BRU 80]. Il faut ici<br />

reconnaître que toute organisation, par son caractère organisé <strong>et</strong> les buts qui lui sont assignés,<br />

est organisante [LEM 84], c’est-à-dire qu’elle à la capacité à déterminer de nouvelles<br />

relations <strong>et</strong> de nouveaux éléments dans un système, « la genèse même de chaque élément<br />

s’explique à partir de l’existence <strong>et</strong> de la genèse des autres éléments [BAR 77]. A un système<br />

d’acteurs, correspond une autonomie relative qui lui perm<strong>et</strong> de se transformer <strong>et</strong> d’évoluer.<br />

C<strong>et</strong>te organisation-organisée est organisante, il en découle une organisation qui rétroagit,<br />

c’est l’espace géographique. L’espace naturel <strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s anthropiques produisent donc des<br />

eff<strong>et</strong>s sur les organisations d’acteurs <strong>et</strong> vice-versa, la localisation des uns <strong>et</strong> des autres<br />

impliquant un proj<strong>et</strong> fondé sur un enchevêtrement de relations. Il en découle une sorte<br />

d’autonomisation spatiale du local (obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> acteurs) qui correspond finalement au territoire.<br />

Ainsi, la notion de territoire ne doit pas se réduire à celle d’appropriation. Elle est en fait<br />

beaucoup plus que cela, un système d’acteurs, en tension, c’est-à-dire en équilibre autour des<br />

actes élémentaires déjà cités.<br />

Page 13 sur 70<br />

Aujourd’hui, gérer un territoire ne s’inscrit pas forcément dans un rapport de force<br />

conflictuel, mais plus souvent dans un rapport de force constructif au sein duquel de plus en<br />

plus d’acteurs ont la capacité de s’exprimer. Les acteurs qui composent le sous-système<br />

agissant du territoire sont au nombre de 6, <strong>et</strong> nous posons comme l’a proposé Norbert Elias<br />

[ELI 81], que « l’ensemble constitue une configuration sociale dynamique qui perm<strong>et</strong> de<br />

replacer l’individu dans la société, sans l’y opposer » :<br />

- les individus ;<br />

- les entreprises ;<br />

- l’Etat ;<br />

- les collectivités ;<br />

- la société civile ;<br />

- les intercommunalités.<br />

6 Il s’agit dans ce cas des hommes répartis à la surface de la terre, produisant des densités, des hiérarchies, des flux, mais aussi des<br />

différences (ségrégations par les classes sociales, les revenus, <strong>et</strong>c.).


Page 14 sur 70<br />

Ces acteurs sont concr<strong>et</strong>s, repérables, ils font les territoires au travers des subtiles<br />

relations qu’ils entr<strong>et</strong>iennent <strong>et</strong> ils constituent autant de pouvoirs <strong>et</strong> de contre-pouvoirs<br />

respectifs qui font équilibre, comme l’a montré Franck Auriac au suj<strong>et</strong> de la société<br />

languedocienne [AUR 84]. L’espace géographique, indissociable de ces acteurs qui<br />

l’animent, devient alors territoire <strong>et</strong> sa compréhension ne peut dans un premier temps se faire<br />

sans avoir pris la mesure de leur présence, de leurs pouvoirs respectifs, de leurs stratégies <strong>et</strong><br />

de leurs moyens d’action, comme le montrent Michel Bussi <strong>et</strong> Dominique Badariotti [BUS<br />

04], « le lien entre les élus <strong>et</strong> le territoire sont plus intenses qu’un simple lien<br />

d’implantation ». Il s’agit donc, comme nous l’avons dit, de territoires en tension, mais<br />

principalement autour des acteurs locaux, sans négliger bien entendu les influences des<br />

acteurs qui relèvent des échelles nationale <strong>et</strong> mondiale. A chaque territoire ses acteurs <strong>et</strong> ses<br />

niveaux d’échelle de pouvoir emboîtées. Les jeux de pouvoirs qui se développent d’un<br />

territoire à l’autre <strong>et</strong> font évoluer autant d’espaces géographiques, sont variables <strong>et</strong> dépendent<br />

du nombre <strong>et</strong> de l’importance des acteurs en présence, ainsi que des enjeux que représentent<br />

ces espaces (<strong>et</strong> leurs obj<strong>et</strong>s).<br />

Les acteurs agissent dans le cadre de systèmes au sein desquels les interactions<br />

sont multiples <strong>et</strong> difficiles à dénombrer. Ils agissent en fonction de règles <strong>et</strong> de codes <strong>et</strong> ont<br />

un rôle limitant les uns par rapport aux autres, produisant ainsi une relative stabilité, placée<br />

au centre d’oscillations finalement minimes. Le produit de ces interrelations peut être<br />

dénommé <strong>gouvernance</strong>.<br />

2.2 Les systèmes d’acteurs produisent les territoires autour de la <strong>gouvernance</strong><br />

Le territoire est un tout au sein duquel émergent plusieurs fac<strong>et</strong>tes. Il relève de la<br />

matérialité, c’est l’espace géographique, il est approprié, suivant la conscience que chacun<br />

s’en fait au travers notamment de la perception <strong>et</strong> du vécu qu’il en a, mais aussi de l’usage<br />

qu’il en fait. Il correspond donc aux représentations collectives, sociales <strong>et</strong> culturelles<br />

fondées sur des modes, des à priori, un ensemble de perceptions éminemment floues, mais<br />

néanmoins souvent lourdes de sens non perçu. Il est enfin ce que certains acteurs veulent ou<br />

souhaitent qu’il devienne au gré des aménagements qui ne cessent d’être envisagés de<br />

manière quelque-fois contradictoire, idéal proj<strong>et</strong>é ou tout simplement anticipation d’un<br />

devenir souvent imprécis.


Page 15 sur 70<br />

Dans c<strong>et</strong>te dernière perspective, si on reprend la boucle de rétroaction de<br />

l’aménagement (Fig. 1), le système d’acteurs s’approprie de l’espace, naturel anthropisé, pour<br />

finalement produire un espace politique, gouverné ou institutionnalisé, au sein duquel on<br />

reconnaît selon P. D’Aquino, l’existence d’un « ensemble d’actions ou de pratiques<br />

organisées de façon stable <strong>et</strong> reconnues par tous, comme un champ de relations sociales<br />

convergentes <strong>et</strong> légitimées » [DAQ 02]. L’institution collective qui émerge alors, se distingue<br />

de l’Etat ; elle repose sur un pouvoir politique local fait d’une étroite imbrication entre<br />

structures <strong>et</strong> comportements centraux, leaders <strong>et</strong> groupes hétérogènes [BIA 96], <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en<br />

œuvre des actions de gestion <strong>et</strong> d’aménagement, qui s’articulent théoriquement autour d’un<br />

processus politique perm<strong>et</strong>tant de dégager un consensus ou sinon perm<strong>et</strong>tant d’obtenir le<br />

consentement ou l’assentiment nécessaires à l’accompagnement d’un proj<strong>et</strong> au sein d’un<br />

territoire où de nombreux intérêts divergents sont en jeu [GAU 02]. Comme le précise Marie-<br />

Claude Smouts [SMO 98], la <strong>gouvernance</strong> traduit à l’heure actuelle « un out idéologique pour<br />

une politique de l’Etat minimum », qui replace les multiples acteurs locaux (de l’échelon<br />

régional à l’échelon infra-communal), sur le devant de la scène politique, là où justement<br />

l’Etat ne peut plus jouer un rôle moteur [ROS 92].<br />

Ainsi, les acteurs agissant au sein des territoires sont relativement autonomes,<br />

organisés, opérant donc de manière à trouver des solutions aux problèmes multiples qui se<br />

posent à eux. L’action collective telle que la présentent Michel Crozier <strong>et</strong> Erhard. Friedberg<br />

[CRO 77] est une action organisée, construite, ensemble de solutions en relation avec un<br />

contexte donné, en l’occurrence, dans le cadre de ces travaux, un territoire. Il est montré que<br />

les actions qui forment l’action collective, se combinent, interfèrent <strong>et</strong> rétroagissent au sein<br />

de ce qu’il est convenu d’appeler un système, ce que nous nommerons le territoire,<br />

produisant régulièrement des phénomènes contre-intuitifs. Le système d’action qui repose sur<br />

les multiples acteurs peut être défini de la manière suivante : il s’agit d’un ensemble humain<br />

structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux<br />

relativement stables <strong>et</strong> qui maintient sa structure, c’est-à-dire la stabilité de ses jeux <strong>et</strong> les<br />

rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d’autre jeux 7 . Dans<br />

7 Une grande difficulté, lorsqu’on considère les systèmes d’action, réside dans le fait qu’une grande partie des relations sont en fait<br />

informelles <strong>et</strong> constituent en fait le cœur du système alors que les relations formelles n’ont qu’une faible importance. Il en ressort bien<br />

entendu une très grande difficulté à appréhender un système d’action.


une thèse récente [VAI 02], l’auteur proposait deux catégories d’organisation englobant les<br />

acteurs :<br />

Page 16 sur 70<br />

- les organisations politiques correspondant à la sphère politique, « forme<br />

d’encadrement de l’action collective <strong>et</strong> individuelle » constituée par les<br />

collectivités locales <strong>et</strong> les différentes formes d’intercommunalités ;<br />

- les organisations sociales correspondant à la sphère des relations<br />

économiques, culturelles <strong>et</strong> sociales constituées par les associations, les<br />

organismes consulaires, les entreprises, <strong>et</strong>c.<br />

Au sein de ces deux catégories d’organisation, les acteurs sont donc<br />

interdépendants, ils coopèrent, mais poursuivent également des intérêts divergents (stratégies<br />

d’acteurs), souvent même contradictoires. En fait, il émerge du système un ensemble de<br />

pouvoirs en interrelation <strong>et</strong> en équilibre, suivant des modalités que négocient sans cesse les<br />

acteurs <strong>et</strong> que structurent des règles qui sont étroitement liées à l’existence d’un pouvoir [FRI<br />

93] (système d’acteurs concr<strong>et</strong>). Il demeure cependant des incertitudes multiples, au cœur de<br />

toute organisation (techniques, financières, humaines) qui confèrent par ailleurs une limite à<br />

la rationalité des décisions qui peuvent être prises à un moment donné. Au sein d’un<br />

territoire, ceci est exprimé par la boucle de rétroaction de l’aménagement au sein de laquelle<br />

les acteurs observent sans cesse les contraintes <strong>et</strong> les aménités que peuvent leur procurer<br />

l’espace géographique. Ils agissent alors en fonction :<br />

- de leur(s) propre(s) constat(s) ;<br />

- des connaissances qu’ils ont du territoire ;<br />

- des représentations qu’ils s’en font ;<br />

- de la liberté que leur offre le système de gestion au sein duquel ils évoluent ;<br />

- de leurs objectifs propres ;<br />

- du jeu des acteurs locaux.<br />

Dans ce contexte, la notion de pouvoir est omniprésente <strong>et</strong> traduit ce que Michel<br />

Crozier <strong>et</strong> Erhard Friedberg nomment la politique quotidienne, fondée sur la notion de<br />

stratégie qui sous-tend quasi-systématiquement les actions humaines <strong>et</strong> dont l’efficacité<br />

dépend de la vision plus ou moins globale qu’ont les acteurs du système. Le pouvoir dépend<br />

de la manière dont un système est structuré, <strong>et</strong> par rétroaction, le système est sensé maintenir<br />

ce pouvoir efficient afin de perdurer. Pouvoir <strong>et</strong> organisation sont ainsi indissolublement liés,<br />

au sein de ce que Edgar Morin nomme « les réalités organisatrices » [MOR 91]. C’est ainsi<br />

que l’ensemble des acteurs qui interviennent au sein d’un territoire, se positionnent en<br />

permanence les uns par rapport aux autres, à la fois en fonction de leurs prérogatives<br />

réciproques (lorsqu’ils en ont en tant qu’élus par exemple), <strong>et</strong>/ou de leurs objectifs


communautaires, <strong>et</strong>/ou personnels <strong>et</strong> enfin en fonction de « coutumes ». C’est ainsi que se<br />

recouvrent plus ou moins des champs de compétence, des aires d’action ou d’influence, mais<br />

aussi c’est ainsi qu’apparaissent des zones d’incertitude.<br />

2.3 Les systèmes d’acteurs produisent aussi de l’instabilité<br />

Ce système d’acteur, dont nous posons que les références sont entre autres spatiales<br />

comme le laisse supposer le vocabulaire employé ci-dessus, est complexe. L’espace<br />

géographique constitue un cadre d’action également complexe avec lequel se combine le<br />

système d’acteurs que H. Mintzberg [MIN 82] défini comme étant guidé par des facteurs de<br />

contingences. Nous posons que ces facteurs sont essentiels. Il en résulte comme nous l’avons<br />

déjà dit, des territoires en « tension », c’est-à-dire dont l’équilibre dynamique repose sur un<br />

ensemble d’interrelations qui ne cessent de se modifier dans le temps. Elles sont en eff<strong>et</strong><br />

fondées sur des contraintes qui ne sont jamais complètement prévisibles, compte tenu de<br />

l’infinité de phénomènes qui se déroulent simultanément, en obéissant à des temporalités<br />

différentes, <strong>et</strong> modifient sans cesse le contexte décisionnel des acteurs. On peut identifier au<br />

moins six origines à cela :<br />

Page 17 sur 70<br />

- l’espace géographique ne présente jamais la même organisation, il évolue en<br />

permanence ;<br />

- le cadre législatif est en évolution constante autour de temporalités de l’ordre<br />

de quelques dizaines d’années ;<br />

- les acteurs agissent plus ou moins selon les situations qui se présentent en<br />

permanence ;<br />

- la donne politique est renouvelée régulièrement, selon des temporalités<br />

inférieures à dix ans ;<br />

- l’environnement global est très fluctuant <strong>et</strong> ne donne guère de lisibilité audelà<br />

d’une année ;<br />

- les idéologies évoluent <strong>et</strong> se transforment en permanence.<br />

C<strong>et</strong> ensemble d’interrelations forme des organisations, sortes de structurations<br />

conscientes des champs d’action, mais reposent également sur un ensemble de perceptions<br />

inconscientes <strong>et</strong> qui font écho à des acquis ou des vécus personnels. Le maître mot est donc<br />

bien complexité, autour de la multiplicité des acteurs, des cadres d’intervention (maillages),<br />

des situations à gérer <strong>et</strong> de l’environnement global. Notons également pour ajouter à c<strong>et</strong>te<br />

complexité, qu’un acteur peut être partie prenante dans plusieurs systèmes d’action en<br />

relation les uns avec les autres. Prenons l’exemple du maire d’une commune, Président de la<br />

communauté de communes dont fait partie sa commune, chef d’une entreprise locale <strong>et</strong> enfin<br />

bien entendu citoyen : chacune de ses décisions, dans le cadre de l’une de ses qualités sera<br />

influencée par les autres.<br />

La prise de décision est alors complexe, loin de la rationalité apparente, d’autant<br />

qu’elle se situe au croisement de multiples informations auxquelles c<strong>et</strong> acteur aura accès


(techniques, stratégiques, organisationnelles). Ceci est d’autant plus vrai que le cumul de<br />

mandats offre encore plus d’opportunités aux élus de croiser des informations. C’est en eff<strong>et</strong><br />

autour des intercommunalités (communautés de communes, communautés d’agglomération,<br />

communautés urbaines) que se nouent aujourd’hui les pouvoirs locaux , <strong>et</strong> notamment autour<br />

des moyens mis en œuvre dans le cadre des diverses contractualisations (Contrat de Plan<br />

Etat-Région, Contrat de Pays, Contrat d’agglomération, Contrat de Ville, <strong>et</strong>c.). Loin d’être<br />

figés dans leurs limites, ces territoires évoluent sans cesse, ils se recomposent, leurs mailles<br />

demeurent floues si on considère le temps long, ce que les institutions n’avaient jamais vécu<br />

jusqu’à présent dans le cadre des départements ou des régions.<br />

Page 18 sur 70<br />

L’espace géographique est naturellement influencé par ces mouvances. Cependant,<br />

les études privilégient plus souvent celui-là, en oubliant d’analyser les forces en tension,<br />

celles qui vont devoir de plus en plus composer ensemble puisque loin d’être isolantes, les<br />

mailles du territoire sont aujourd’hui de plus en plus poreuses, par nécessité, notamment en<br />

relation avec la Loi Solidarité <strong>et</strong> Renouvellement urbain (SRU- 2001) qui rend<br />

interdépendant nombre de documents, d’orientation (SCOT, Programme Local de l’Habitat,<br />

proj<strong>et</strong> d’Agglomération), de contractualisation (Contrat de ville, Contrat d’agglomération) ou<br />

prescriptifs (Plan Local d’Urbanisme, Plan de Déplacement Urbain). A l’heure actuelle, les<br />

acteurs liés aux mailles les plus p<strong>et</strong>ites (communes) ont intérêt à communiquer le plus<br />

possible avec les acteurs des mailles voisines ou avec les mailles supérieures (département,<br />

région, <strong>et</strong>c.). Sans se déconcentrer, les pouvoirs ont donc tendance à se multiplier <strong>et</strong> partant, à<br />

complexifier les prises de décision au sein des territoires.<br />

3. Une définition qui appelle un nouvel agencement des concepts <strong>et</strong> des<br />

interrogations<br />

3.1 La boucle de rétroaction qui organise le territoire pousse à réorganiser les concepts<br />

Le glissement que nous proposons dans la définition du territoire sous l’angle d’un<br />

système, induit la réorganisation de quelques concepts. Ceci ne signifie pas une nouvelle<br />

définition de ces derniers, mais simplement un repositionnement conceptuel, dans une<br />

perspective systémique. On a compris en eff<strong>et</strong> que certains d’entre eux apparaissent<br />

redondants par l’utilisation qui en est faite, notamment en ce qui concerne le territoire,<br />

l’espace géographique, le milieu. Il s’agit donc de reprendre les définitions les plus


communément admises <strong>et</strong> de les ré-articuler avec la nouvelle définition que nous avons<br />

donnée du territoire.<br />

Page 19 sur 70<br />

On peut finalement avancer la définition suivante d’un territoire : le territoire est<br />

un système complexe qui évolue dans le temps en relation avec la boucle de rétroaction qui<br />

lie un ensemble d’acteurs <strong>et</strong> l’espace géographique qu’ils utilisent aménagent <strong>et</strong> gèrent.
<br />

clairement définis :<br />

C<strong>et</strong>te définition s’appuie en fait sur la mise en relation de trois sous-systèmes<br />

- les acteurs en interrelation qui vont perm<strong>et</strong>tre, soit dans un espace donné, soit<br />

par rapport à une problématique donnée, de comprendre en partie les raisons<br />

des équilibres en présence qui déterminent une stabilité dynamique du<br />

territoire ;<br />

- l’espace géographique, espace aménagé par les acteurs, en fonction du<br />

géosystème, présentant de multiples obj<strong>et</strong>s en interaction <strong>et</strong> que l’on peut<br />

désagréger en trois sous-systèmes :<br />

o le géosystème ou milieu géographique au sein duquel évoluent les<br />

acteurs, on parlera des contraintes ou aménités naturelles qui entrent en<br />

interaction avec les acteurs <strong>et</strong> influencent l’organisation de l’espace<br />

géographique ;<br />

o l’espace anthropisé constitué par l’ensemble des obj<strong>et</strong>s anthropiques<br />

(réseaux, constructions, hommes, <strong>et</strong>c.) répartis au sein du géosystème ;<br />

o l’espace social, celui des rapports sociaux qui recèle « l’ensemble des<br />

interrelations sociales spatialisées » [FRE 84], entre les individus, les<br />

groupes <strong>et</strong> en étroite relation bien entendu avec l’espace politique <strong>et</strong><br />

institutionnalisé ;<br />

o l’espace politique <strong>et</strong> institutionnalisé au sein duquel sont formalisées<br />

les multiples relations entre les acteurs. Il s’agit d’une portion d’espace<br />

régi par la reconnaissance de règles communes.<br />

- les systèmes de représentation, qui se fondent sur l’interconnexion entre trois<br />

types de filtres, individuel, sociétal (valeur) <strong>et</strong> idéologique (théorie, modèle)<br />

qui forgent à la fois la connaissance <strong>et</strong> la conception qu’ont les acteurs du<br />

monde qui les entoure [CAL 90].<br />

C<strong>et</strong>te définition s’appuie en fait sur la mise en relation de trois sous-systèmes<br />

clairement définis (Fig. 1) :<br />

- les acteurs en interrelation qui vont perm<strong>et</strong>tre, soit dans un espace donné, soit<br />

par rapport à une problématique donnée, de comprendre en partie les raisons<br />

des équilibres en présence qui déterminent une stabilité dynamique du<br />

territoire, faisant émerger deux types d’espace :<br />

o l’espace social, celui des rapports sociaux qui recèle « l’ensemble des<br />

interrelations sociales spatialisées » [FRE 84], entre les individus, les<br />

groupes <strong>et</strong> en étroite relation bien entendu avec l’espace politique <strong>et</strong><br />

institutionnalisé ;


Page 20 sur 70<br />

o l’espace politique <strong>et</strong> institutionnalisé au sein duquel sont formalisées<br />

les multiples relations entre les acteurs. Il s’agit d’une portion d’espace<br />

régi par la reconnaissance de règles communes.<br />

- l’espace géographique, espace aménagé par les acteurs (espace anthropisé),<br />

en fonction du géosystème (conditions de vie), présentant de multiples obj<strong>et</strong>s<br />

en interaction (réseaux, constructions, hommes, <strong>et</strong>c.) ;<br />

- les systèmes de représentation, qui se fondent sur l’interconnexion entre<br />

quatre types de filtres, individuel, sociétal (valeur), idéologique (théorie,<br />

modèle), <strong>et</strong> enfin lié aux modes ; qui forgent à la fois la connaissance <strong>et</strong> la<br />

conception qu’ont les acteurs du monde qui les entoure [CAL 90].<br />

Nous pouvons d’ailleurs faire référence aux travaux de Eric Schwarz dans ce<br />

domaine, évoquant trois plans (physique, logique <strong>et</strong> existenciel) pour décrire à minima, <strong>et</strong><br />

d’une manière générale, un système [SCH 96] [LEB 92].<br />

L’espace géographique est « l’étendue terrestre utilisée <strong>et</strong> aménagée par les<br />

sociétés en vue de leur reproduction » [BRU 92], en incluant dans le terme de reproduction,<br />

bien plus que le seul acte de perpétuer une descendance, puisqu’il s’agit également au travers<br />

de la complexité des relations sociales, de maintenir des valeurs qui forment la cohésion<br />

d’une société, partant, les conditions de son maintien. Il existe en fait deux niveaux distincts<br />

de relations, qui vont lier à la fois les obj<strong>et</strong>s de l’étendue terrestre, localisés en des lieux,<br />

entre eux ; <strong>et</strong> ces mêmes obj<strong>et</strong>s avec des systèmes de relation entre des acteurs. On peut alors<br />

définir l’espace géographique comme étant « l’ensemble des lieux <strong>et</strong> de leurs relations »<br />

[BAI 01] ; mais il est plus que cela puisqu’il est à la fois le produit des sociétés humaines,<br />

avec toute la complexité relationnelle entre des acteurs que sous-tend c<strong>et</strong>te affirmation, le<br />

produit des relations avec <strong>et</strong> entre des obj<strong>et</strong>s répartis à la surface de la terre <strong>et</strong> localisés en<br />

des lieux, <strong>et</strong> enfin le produit des relations entre les lieux avec d’autres espaces par le<br />

truchement des acteurs (l’environnement du système territoire). L’espace géographique est<br />

une dimension intrinsèque des sociétés [CIA 03]. Il est donc clairement un sous-système du<br />

système territoire, qui inclut l’espace naturel, les obj<strong>et</strong>s anthropiques qui l’occupent <strong>et</strong><br />

l’ensemble des relations qu’ils entr<strong>et</strong>iennent lui conférant la dimension d’environnement<br />

social. Comme le précise Jean-Pierre Augustin [AUG 00] « le territoire doit être distingué des<br />

concepts d’espace géographique, d’espace social, d’espace vécu », nous ajouterons : bien<br />

qu’il repose en fait sur la combinaison de ces concepts.<br />

Le lieu est unique, du point de vue de ses coordonnées. Mais plus encore, si par<br />

hypothèse on le déplaçait, il serait impossible de le reconstituer ailleurs car l’arrangement<br />

initial était à la fois cause <strong>et</strong> conséquence. « Il y a lieu, lorsque les obj<strong>et</strong>s spatiaux coexistant<br />

dans une distance nulle forment un ensemble suffisamment consistant pour faire système »


[LEV 91]. L’espace géographique englobe donc des lieux qui se singularisent, à sa<br />

différence, par leur valeur d’usage, par leur saisissante réalité » [DIM 98a].<br />

3.2 L’intelligence territoriale comme support de la <strong>gouvernance</strong><br />

Page 21 sur 70<br />

L’intelligence territoriale s’appuie sur les deux premiers concepts présentés<br />

précédemment (<strong>gouvernance</strong>, territoire) auxquels s’ajoute la dimension informationnelle en<br />

mobilisant les nouvelles technologies de l’information (UE2 – S1). Son fondement repose sur<br />

la notion de territoire telle qu’elle a été proposée, les jeux d’acteurs produisant l’organisation<br />

de l’espace géographique en fonction de nombreuses contraintes, qu’elles soient physiques,<br />

mais également organisationnelles, <strong>et</strong> qui sont matérialisées notamment par les nombreux<br />

documents de planification, d’orientation ou de cohérence territoriale actuellement requis.<br />

L’intelligence territoriale se décrit donc comme l’organisation de l’ensemble des<br />

connaissances utilisées <strong>et</strong> partagées par un ensemble d’acteurs dans le cadre d’un territoire<br />

donné, afin d’observer <strong>et</strong> d’analyser collectivement pour une meilleure <strong>gouvernance</strong>.<br />

L’intelligence territoriale a de ce point de vue une tâche importante pour<br />

développer les connaissances pluridisciplinaires <strong>et</strong> les informations multisectorielles<br />

indispensables au développement durable. Les connaissances concernant les territoires sont<br />

essentiellement produites dans un cadre disciplinaire, <strong>et</strong> les lieux pour croiser, confronter <strong>et</strong><br />

organiser les connaissances sur les territoires au niveau universitaires doivent encore être<br />

multipliés pour que se développe un « science du territoire ». L’usage des méthodes<br />

fondamentales <strong>et</strong> des outils génériques d’analyse du territoire <strong>et</strong> de l’information territoriale<br />

reste inégal selon les laboratoires <strong>et</strong> dans les diverses disciplines concernées. Cela se ressent<br />

bien sûr également sur le terrain, au niveau des observatoires <strong>et</strong> des divers bureaux d’études<br />

<strong>et</strong> proj<strong>et</strong>s territoriaux où sont également utilisées <strong>et</strong> développées les connaissances<br />

<strong>territoriales</strong>, <strong>et</strong> où sont collectées, exploitées <strong>et</strong> produites les informations <strong>territoriales</strong>.<br />

Le modèle de développement actuel privilégiant encore largement le secteur<br />

économique, les indicateurs sociaux, culturels <strong>et</strong> environnementaux restent relativement peu<br />

nombreux. Il y a là un vaste espace de travail à tous les niveaux.<br />

Il existe également des besoins importants à satisfaire quant à l’accessibilité de<br />

l’information pour les acteurs territoriaux. La plupart des informations <strong>et</strong> des indicateurs sont<br />

publiés au niveau communal comme niveau le plus fin. Or de nombreux proj<strong>et</strong>s de<br />

développement concernent des territoires infracommunaux, voire des territoires constitués de<br />

plusieurs zones infracommunales appartenant à plusieurs communes. Le sens <strong>et</strong> le mode de


confection des indicateurs ne sont pas toujours simples à comprendre pour une personne qui<br />

n’est pas spécialiste. L’actualisation des indicateurs doit être améliorée. La diversité des<br />

types de découpages pourrait certainement être grandement simplifiée pour un meilleur<br />

partage des informations <strong>et</strong> des objectifs.<br />

Page 22 sur 70<br />

Ce sont donc de vastes chantiers qui attendent l’intelligence territoriale dans sa<br />

fonction de support de la <strong>gouvernance</strong>. Ils montrent l’importance de c<strong>et</strong>te fonction. Les<br />

observatoires territoriaux peuvent être des outils précieux pour faciliter une large accessibilité<br />

à la connaissance <strong>et</strong> à l’information territoriale, la standardisation des indicateurs territoriaux,<br />

ainsi que la conservation, le partage <strong>et</strong> la diffusion de la connaissance sur les territoires <strong>et</strong> de<br />

l’information territoriale.<br />

Notons que le rapport entre connaissance <strong>et</strong> information, d’un coté, <strong>et</strong><br />

<strong>gouvernance</strong>, de l’autre, est bi-univoque. La <strong>gouvernance</strong> peut aussi restreindre ou faciliter<br />

l’irrigation des territoires par la connaissance <strong>et</strong> par l’information. La transparence est un des<br />

critères qui revient souvent pour qualifier la bonne <strong>gouvernance</strong>.<br />

Conclusion<br />

Les difficultés d’interprétation <strong>et</strong> de compréhension des territoires que pose<br />

l’emboîtement des sous-systèmes présentés nécessitent inévitablement un r<strong>et</strong>our vers l’idée<br />

de complexité. Il est en eff<strong>et</strong> indispensable de proposer de manière précise des outils<br />

susceptibles d'aborder la complexité qui sous-tend à la fois les organisations spatiales, mais<br />

également les systèmes d'acteurs qui les font évoluer. L'approche systémique est ainsi<br />

présentée, comme un paradigme capable de guider l'approche <strong>et</strong> la compréhension des<br />

systèmes complexes <strong>et</strong> comme préalable à des démarches de modélisation plus avancées.<br />

Comme l’ont souligné Marius Thériault <strong>et</strong> Marie-Hélène De Sède [DES 96], « la diversité<br />

des décisions <strong>et</strong> l’importance d’en maîtriser les implications notamment dans une optique<br />

d’instrumentation » est aujourd’hui un fait reconnu. Par ailleurs comme Marie-Hélène De<br />

Sède le précise [DES 02] « le diagnostic <strong>et</strong> la décision perm<strong>et</strong>tant de maîtriser un problème<br />

depuis sa formulation jusqu’à sa résolution, doivent s’inscrire dans un continuum <strong>et</strong> ne pas<br />

être soumis à des ruptures ».<br />

Trois sous-systèmes, liés entre eux, sont donc à aborder dans le cadre d’un<br />

diagnostic que nous nommerons territorial :


Page 23 sur 70<br />

- le contexte naturel du territoire abordé, il peut présenter des contraintes <strong>et</strong> des<br />

atouts qui auront une incidence sur l’organisation de l’espace géographique,<br />

mais aussi sur les relations entre les acteurs ;<br />

- l’organisation de l’espace géographique, au travers de la répartition des<br />

obj<strong>et</strong>s, de l’interaction entre ces obj<strong>et</strong>s, des forces <strong>et</strong> faiblesses de c<strong>et</strong>te<br />

organisation, de l’influence du contexte naturel <strong>et</strong> de l’évaluation de la mise<br />

en œuvre des politiques actées dans le cadre des différents documents de<br />

programmation, d’orientation <strong>et</strong> de prescription ;<br />

- l’organisation des acteurs du territoire étudié ou diagnostic stratégique 8 , la<br />

superposition de mailles de gestion, l’articulation des documents de<br />

programmation, d’orientation <strong>et</strong> de prescription, <strong>et</strong> leur mise en place autour<br />

d’acteurs clés, le décideur devant aujourd’hui intégrer la notion de<br />

« maillagement » [MON 96] ;<br />

La mise en relation des trois diagnostics doit perm<strong>et</strong>tre la mise en place du<br />

diagnostic territorial. Il repose donc à la fois sur une approche spatiale <strong>et</strong> organisationnelle du<br />

territoire étudié <strong>et</strong> vise à :<br />

- répondre à des objectifs précis, partagés par les différentes catégories<br />

d’acteurs ;<br />

- prendre en compte l’ensemble des contraintes qui s’appliquent au territoire<br />

en question ;<br />

- prendre en compte les orientations déjà prises par l’ensemble des acteurs ;<br />

- rendre compte d’un fonctionnement socio-économique spatialisé ;<br />

- respecter la culture locale, les valeurs partagées ;<br />

- tenir compte de l’environnement extérieur au territoire, à différentes échelles.<br />

C<strong>et</strong>te approche nécessite de surmonter les spécialisations thématiques <strong>et</strong> la<br />

complexité qui découle inévitablement d’une approche globale. En outre elle oriente vers une<br />

combinaison d’outils à m<strong>et</strong>tre en œuvre afin de comprendre le fonctionnement d’un territoire<br />

<strong>et</strong> le cas échéant de proposer des simulations de son évolution, sur la base de découpages<br />

administratifs discr<strong>et</strong>s produits dans le cadre de fonctionnements résiliaires [DES 02]. A c<strong>et</strong>te<br />

complexité qu’il nous est donné d’observer, <strong>et</strong> que nous avons présentée, correspond<br />

forcément un agencement d’outils capable d’intégrer <strong>et</strong> d’analyser les différentes fac<strong>et</strong>tes du<br />

territoire. Marie-Hélène De Sède avance fort justement que « l’efficacité des démarches<br />

participatives en aménagement, sera conditionnée par un réel couplage entre décisions <strong>et</strong><br />

instrumentation, notamment instrumentation géomatique, l’espace demeurant au centre de<br />

tous les enjeux », <strong>et</strong> dans la perspective d’un système territoire qui intègre simultanément<br />

8 CERTU, 201, « L’analyse des systèmes d’acteurs : diagnostics de territoires », Cahier n° 1, Lyon, pp. 8-9.


trois dimensions : temporelle, spatiale, <strong>et</strong> organisationnelle, mais qui chacune se divisent de<br />

la manière suivante [ROL 00] :<br />

Page 24 sur 70<br />

- le temps est composé d’un avant, d’un après <strong>et</strong> d’une durée :<br />

o La prise en compte des évènements passés expliquent l’état actuel du<br />

système <strong>et</strong> sa dynamique . Ce passé constitue en quelque sorte le<br />

réservoir d’information par rapport auquel les acteurs vont se référer<br />

afin de mener à bien leurs politiques ;<br />

o La prise en compte de l’avenir en proj<strong>et</strong>ant ce que les acteurs<br />

souhaitent que le territoire deviennent, sur la base de scénarii<br />

prospectifs guide les décisions. C<strong>et</strong>te démarche est productrice de<br />

nouvelles informations ;<br />

o La prise en compte de la durée des évènements est importante<br />

puisqu’elle perm<strong>et</strong> finalement d’en nuancer les influences.<br />

- l’espace est composé d’échelles emboîtées qui peuvent se r<strong>et</strong>rouver au sein :<br />

o Du local <strong>et</strong> de l’ensemble des superpositions spatiales <strong>et</strong> des acteurs qui<br />

s’y matérialisent. Loin d’être isolés, ces différents niveaux <strong>et</strong> acteurs<br />

sont très étroitement imbriqués <strong>et</strong> liés, ils contribuent à définir les<br />

proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> donc à peser sur le devenir du territoire ;<br />

o Du global, ou environnement du système, qui symbolise les influences<br />

externes qui peuvent agir sur la trajectoire du système. Celui-ci ne peut<br />

ignorer en eff<strong>et</strong> un certain nombre d’informations qui, aujourd’hui bien<br />

que dépendantes d’un contexte global, affectent indubitablement le<br />

devenir du système local.<br />

- La dimension organisationnelle est composée de trois sphères :<br />

o Celle des individus, « unité spécifique au sein des sociétés (…) on ne<br />

peut imaginer de société qui ait été totalement dépourvue d’autonomie<br />

individuelle car c’est grâce à c<strong>et</strong>te autonomie que la répartition<br />

complexe de fonctions que suppose une société, peut exister » [LEV<br />

94] ;<br />

o Celle de la politique ;<br />

o Celle des relations économiques, culturelles <strong>et</strong> sociales.<br />

L’enjeu est aujourd’hui très important, de comprendre comment se structurent les<br />

territoires, sous l’acception globale que nous avons proposée ; comment ils fonctionnent,<br />

comment ils évoluent. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des réalités quelque-fois<br />

difficiles à m<strong>et</strong>tre en adéquation, avec d’un côté une complexification croissante des<br />

contextes au sein desquels nous évoluons, de l’autre une exigence de résultat fondée sur les<br />

notions de cohérence <strong>et</strong> de développement durable qui forcent à adopter une approche globale<br />

capable de saisir <strong>et</strong> de rendre compte de c<strong>et</strong>te complexité. Nous disposons d’outils très<br />

sophistiqués, mais la réalité offre toujours un décalage avec ce que nous concevons. En<br />

proposant une approche plus globale de la notion de territoire, nous pensons que sa


compréhension en sera améliorée. Mais il faut faire attention à ne pas tenter de réduire la<br />

complexité à tous prix, il faut lui laisser sa liberté, c’est-à-dire la représenter en limitant les<br />

mutilations.<br />

Page 25 sur 70


Bibliographie du <strong>cours</strong> I<br />

[AUG 00] AUGUSTIN (J-P.), 2000, “Activités <strong>et</strong> médiations <strong>territoriales</strong>”, in “Montagnes<br />

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Louisville, KY 40206-0808, USA.<br />

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Besançon, 358 p.


Cours II – Le concept d’intelligence territoriale, domaines <strong>et</strong> réseaux (J-J.<br />

<strong>GIRARDOT</strong>)<br />

Le concept d’intelligence territoriale<br />

Page 31 sur 70<br />

L’intelligence territoriale est un concept émergent fortement polysémique. Il suffit<br />

de taper « intelligence territoriale », “territorial intelligence” ou “inteligencia territorial” dans<br />

un moteur de recherche sur Intern<strong>et</strong> pour être convaincu de la diversité <strong>et</strong> du foisonnement de<br />

ses définitions. Comme l’a souligne Jean-Marc BLANCHERIE en 2002, l’intelligence<br />

territoriale « surgit de la conjonction des changements majeurs <strong>et</strong> interdépendants dans les<br />

économies <strong>et</strong> les sociétés » 9 . Ces changements désignent l’émergence de la société de<br />

l’information, puis de la connaissance, ainsi que les crises énergétiques, sociales,<br />

économiques, culturelles, financières, qui conjuguent leurs eff<strong>et</strong>s de façon répétées en<br />

menaçant notre planète <strong>et</strong> les équilibres humains <strong>et</strong> sociaux depuis les années soixante dix.<br />

Ce <strong>cours</strong> ne vise donc pas à donner une définition exhaustive <strong>et</strong> consensuelle du<br />

concept d’intelligence territoriale, mais plutôt de le situer au sein des pôles les plus<br />

caractéristiques du réseau conceptuel au sein duquel il se situe. On peut simplifier ce réseau<br />

en considérant que les définitions de l’intelligence territoriale s’ordonnent dans un spectre qui<br />

va, d’un coté, d’une déclinaison de l’intelligence économique jusqu’à une conception<br />

fortement inspirée du développement communautaire de l’autre coté. Il faut toutefois tenir<br />

compte du fait que nous sommes en présence de concepts d’origine anglo-saxonne qui ont été<br />

souvent redéfinis dans le cadre européen ou français.<br />

Dans la mesure où le développement durable, caractérisé par la convergence des<br />

objectifs économiques, sociaux, culturels <strong>et</strong> environnementaux, constitue l’alternative à la<br />

conjonction des crises répétées qui menacent notre planète, notre objectif est de positionner<br />

l’intelligence territoriale comme en accord avec ce paradigme, comme une alternative aux<br />

modes de développement fondés sur la rentabilité économique à court terme <strong>et</strong> sur l’autorité<br />

politique centrale.<br />

L’intelligence économique<br />

L’intelligence économique s’est développée aux Etats-Unis sous le terme de<br />

“comp<strong>et</strong>itive intelligence”, ou “business intelligence”, dans le contexte de la société de


l’information à partir des travaux de Michael PORTER 10 en 1980, puis de Craig FLEISHER<br />

and Bab<strong>et</strong>te BENSOUSSAN 11 . Elle se définit habituellement comme l’action de définir,<br />

recueillir, analyser, <strong>et</strong> diffuser des informations sur les produits <strong>et</strong> services, les clients, les<br />

concurrents ainsi que sur le travail, les finances, la fiscalité, <strong>et</strong> d'autres aspects de l'économie<br />

d'une nation ou du système économique international, utiles pour aider les gestionnaires <strong>et</strong> les<br />

cadres d’une entreprise à prendre des décisions stratégiques. Dans le glossaire « Language of<br />

Business <strong>Intelligence</strong> », Vernon PRIOR en donne une définition de référence dans le monde<br />

anglo-saxon : « L’intelligence compétitive est un programme systématique <strong>et</strong> éthique de<br />

collecte, d'analyse de gestion de toute combinaison de données, d'informations <strong>et</strong> de<br />

connaissances sur l'environnement dans lesquelles une entreprise exerce ses activités qui, une<br />

fois mises en œuvre, vont conférer un avantage concurrentiel significatif ou activer de bonnes<br />

décisions à prendre. » 12 . L’intelligence économique s’est diffusée dans les entreprises<br />

américaines à partir de 1986 avec la fondation de la Soci<strong>et</strong>y of Comp<strong>et</strong>itive <strong>Intelligence</strong><br />

Professionals.<br />

Page 32 sur 70<br />

Le rapport MARTRE 13 , qui fait référence en France depuis 1994, définit<br />

l’intelligence économique comme « un ensemble d’actions coordonnées de recherche, de<br />

traitement, de distribution <strong>et</strong> de protection de l’information, en vue de son exploitation, utile<br />

aux acteurs économiques, <strong>et</strong> obtenue en toute légalité». Comme le précise Wikipedia dans sa<br />

version française : « La plupart des spécialistes français résument l'intelligence économique<br />

par une trilogie : veille (acquérir l'information stratégique pertinente), protection des<br />

informations (ne pas laisser connaître ses secr<strong>et</strong>s) <strong>et</strong> influence (propager une information ou<br />

des normes de comportement <strong>et</strong> d'interprétation qui favorisent sa stratégie) »<br />

Alain JUILLET a donné en 2006 une définition de l’intelligence économique qui<br />

nous intéresse ici, parce qu’elle a été énoncée lors d’une conférence qui se tenait à Avignon<br />

pour présenter les aspects de l’intelligence économique liés au développement régional.<br />

Consacrée notamment aux pôles de compétitivités comme instruments principaux du<br />

développement des régions françaises <strong>et</strong> des p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennes entreprises, c<strong>et</strong>te conférence<br />

impliquait la dimension territoriale. « L’intelligence économique consiste en la maîtrise <strong>et</strong> la<br />

9 BLANCHERIE, 2002<br />

10 PORTER, 1980.<br />

11 FLEISHER, BENSOUSSAN, 2003.<br />

12 “Comp<strong>et</strong>itive intelligence is a systematic and <strong>et</strong>hical programme for gathering, analysing, and managing any<br />

combination of Data, Information, and Knowledge concerning the Business environment in which a company operates<br />

that, when acted upon, will confer a significant Comp<strong>et</strong>itive advantage or enable sound decisions to be made.” Le glossaire<br />

peut être téléchargé gratuitement sur le site http://www.markintell.com/introduction-vernon-prior<br />

13 MARTRE, 1994.


protection de l’information stratégique pour tout acteur économique. Elle a pour triple finalité<br />

la compétitivité du tissu industriel, la sécurité de l’économie <strong>et</strong> des entreprises <strong>et</strong> le<br />

renforcement de l’influence de notre pays.» 14<br />

Page 33 sur 70<br />

Le développement de l’intelligence économique s’est effectué dans le cadre de<br />

l’émergence de la société de l’information, un paradigme dont l’origine remonte à la<br />

démonstration par Marc Uri PORAT, en 1977, que la majeure partie de la population active<br />

des pays industrialisés est employée dans le secteur de l’information pour fabriquer des<br />

matériels informatiques <strong>et</strong> de télécommunication, pour éditer des logiciels <strong>et</strong>, principalement,<br />

pour produire <strong>et</strong> diffuser des informations. Depuis les années 50 de nombreux observateurs<br />

s’étaient rendu compte que le développement des économies avancées ne se fondait plus sur<br />

l’agriculture ni sur l’industrie, mais plutôt sur les services. « L’un des premiers auteurs à<br />

identifier correctement la principale caractéristique de la nouvelle économie naissante fut<br />

MACHLUP (1962), qui la décrivit comme une « industrie basée sur le savoir » … PORAT<br />

[établit] la distinction entre deux domaines de l’économie : le domaine de la matière <strong>et</strong> de<br />

l’énergie, <strong>et</strong> celui de l’information. Le premier comprend les secteurs agricole <strong>et</strong> industriel,<br />

alors que le second correspond au secteur de l’information <strong>et</strong> s’occupe de la transformation<br />

de l’information « d’un genre à un autre » 15 . Le concept de société de la connaissance m<strong>et</strong> à<br />

présent l’accent sur la production <strong>et</strong> le diffusion des connaissances <strong>et</strong> sur l’importance du<br />

capital humain <strong>et</strong> du capital social. Le rapprochement de la connaissance <strong>et</strong> de l’action, dans<br />

les parcs scientifiques <strong>et</strong> techniques, fleurons actuels du développement économique par<br />

exemple, est le moyen de stimuler l’innovation <strong>et</strong> la production.<br />

Toutes les définitions de l’intelligence économique font référence à un processus<br />

qui implique la collecte d'informations, leur conversion en intelligence <strong>et</strong> l’utilisation de c<strong>et</strong>te<br />

dernière dans des décisions stratégiques d’entreprises. Toutefois, l’obj<strong>et</strong> de l’intelligence<br />

économique ne se réduit pas au processus scientifique <strong>et</strong> technique de collecte <strong>et</strong> de<br />

transformation d’informations en intelligence qui relève des sciences <strong>et</strong> technologies de<br />

l’information <strong>et</strong> de la communication. La définition du rapport MARTRE est ambiguë sur ce<br />

point, la où les définitions américaines sont claires. L’obj<strong>et</strong> de l’intelligence territoriale est<br />

relatif à des contenus d’information précis, relatifs au “business”, <strong>et</strong> par son utilité, fournir un<br />

avantage compétitif <strong>et</strong> un système d’alerte vigilant. Il n’y a pas d’intelligence économique, si<br />

14 JUILLET, 2006<br />

15 VERTOLA, 2005.


les informations recueillies ne sont pas exploitables pour la décision stratégique d’entreprise<br />

sur le marché concurrentiel.<br />

Page 34 sur 70<br />

A l’inverse, l’intelligence économique est intéressée par l’ensemble des solutions<br />

scientifiques <strong>et</strong> technologiques qui constituent un aspect du « knowledge management »<br />

(gestion des connaissances) <strong>et</strong> qui concernent la collecte d’information <strong>et</strong> leur organisation<br />

dans des bases de données, en intégrant des données provenant notamment des services de<br />

gestion des ressources, de mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> de relations clients de l’entreprise, puis l’extraction<br />

des données utiles (data mining) pour les transformer en intelligence. Vernon PRIOR définit<br />

comme suit le knowledge management : “La gestion des connaissances est processus intégré<br />

systématique d'identification, de collecte, de stockage, d'extraction <strong>et</strong> de transformation de<br />

l'information <strong>et</strong> des actifs de connaissances en connaissances qui sont facilement accessibles<br />

dans le but d'améliorer la performance de l'organisation. Les principes fondamentaux de la<br />

gestion des connaissances sont d'améliorer la prise de décision, de favoriser l'innovation,<br />

d’établir des relations, d’établir la confiance, de partager l'information, <strong>et</strong> d’améliorer<br />

l'apprentissage. Les moyens pour ce faire pourrait inclure des programmes d'apprentissage <strong>et</strong><br />

de paraînnage, des briefings <strong>et</strong> des débriefings, des babillards électroniques, des bases de<br />

données, des documents, des cartes de connaissances, des programmes éducatifs <strong>et</strong> de<br />

formation, des rencontres, des réseaux, <strong>et</strong> des visites. L’améliorations des performances peur<br />

s'effectuer par l'apprentissage, la résolution de problèmes, la planification stratégique <strong>et</strong> la<br />

prise de décisions. 16<br />

L’intelligence économique revendique une éthique, celle d’employer<br />

exclusivement des moyens légaux, à la différence de l’espionnage industriel qui est une<br />

activité illégale. C<strong>et</strong>te éthique concerne également le respect de l’État. Dans le contexte<br />

agonistique de la mondialisation, l'intelligence économique implique la défense <strong>et</strong> la<br />

promotion des entreprises nationales dans des secteurs stratégiques clés.<br />

Le développement communautaire, « community development », est un concept<br />

développé dans le monde anglo-saxon en matière de développement local. Selon la formule<br />

16 “Knowledge management is an integrated, systematic process for identifying, collecting, storing, r<strong>et</strong>rieving, and<br />

transforming Information and Knowledge ass<strong>et</strong>s into Knowledge that is readily accessible in order to improve the<br />

performance of the organisation. The basic ten<strong>et</strong>s of knowledge management are to enhance decision making, foster<br />

innovation, build relationships, establish trust, share information, and improve learning. The means for doing so might<br />

include apprenticeship schemes and mentoring programmes, briefings and debriefings, bull<strong>et</strong>in boards, databases,<br />

documents, educational and training programmes, knowledge maps, me<strong>et</strong>ings, n<strong>et</strong>works, and visits. Performance<br />

improvements may be effected through enhanced learning, problem solving, strategic planning, and decision-making.”<br />

PRIOR, Vernon, supra.


concise de Dimitriu SANDU il « fait référence à des changements volontaires dans, par <strong>et</strong><br />

pour la communauté » 17. Plutôt orienté sur une approche sociologique des communautés<br />

territoriale que sur une approche territoriale, il adopte souvent une attitude méfiante vis-à-vis<br />

des technologies au profit de méthodes participatives d’animation. Toutefois le programme «<br />

Information pour tous » de l’UNESCO accorde une haute priorité au renforcement des<br />

infrastructures de communication <strong>et</strong> d’information à l’échelle des communautés locales. De<br />

telles infrastructures offrent des outils de base perm<strong>et</strong>tant d’initier <strong>et</strong> de gérer le<br />

développement <strong>et</strong> les changements de la communauté.<br />

Page 35 sur 70<br />

Dans le présent contexte de mondialisation des marchés, des collectifs américains<br />

puissants, comme le National Council for Urban Economic Development<br />

(http://www.CUED.org) dont les 1730 membres sont réunis par l’objectif principal de<br />

revitaliser <strong>et</strong> de développer les économies locales, ainsi que les recherches en développement<br />

communautaire développées par de nombreuses universités américaines proposent des voies<br />

alternatives de lutte contre le chômage <strong>et</strong> de développement économique axées sur le niveau<br />

local plutôt que sur le niveau global. Ils proposent de nombreuses ressources électroniques<br />

dans le domaine du développement communautaire <strong>et</strong> plus particulièrement du<br />

développement économique communautaire : http://www.uwex.edu/ces/cced/ (centre de<br />

développement communautaire de l'université du Wisconsin), http://ctb.ku.edu/en/ (Boite à<br />

outils du développement communautaire de l'université du Kansas), http://luc.edu/curl/prag/<br />

(Consortium d’organisations de développement communautaire intégrant Chicago State<br />

University, DePaul University, Loyola University of Chicago, National-Louis University, <strong>et</strong><br />

University of Illinois, Chicago.). Le site PowertyN<strong>et</strong> de la Banque Mondiale<br />

(http://web.worldbank.org, mot clé : powerty) présente le concept de capital social qui est<br />

essentiel pour le développement communautaire : « Le capital social est défini comme<br />

l'ensemble des conventions <strong>et</strong> des relations sociales qui sont ancrées dans les structures de la<br />

société <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tent aux personnes de la communauté de coordonner leurs actions afin<br />

d'atteindre leurs buts. (Poverty n<strong>et</strong>)<br />

Le terme “intelligence territoriale” a été proposé en 1998 18 pour illustrer une<br />

approche du développement des territoires fondée sur une approche scientifique, systémique<br />

<strong>et</strong> pluridisciplinaire. Elle se fonde sur une vision nouvelle, systémique <strong>et</strong> dynamique, du<br />

17 SANDU 2005<br />

18 Le terme a ét proposé par Jean-Jacques <strong>GIRARDOT</strong> en décembre 2008 lors de la réflexion « Université du 3 e<br />

Millénaire en Franche-Comté». Il a été signalé par un article du Journal Le Monde du 18 mai 1999 « Une piste originale liée<br />

à la thématique homme-temps-territoire » qui synthétisait c<strong>et</strong>te réflexion.


territoire, ensemble complexe formé deux sous-ensembles, l’espace géographique <strong>et</strong> la<br />

communauté territoriale, qui a été développée dans la première partie du <strong>cours</strong>, le concept de<br />

territoire, par Alexandre <strong>MOINE</strong>. Elle traduit une évolution de la représentation des<br />

territoires « Le territoire n’est plus considéré comme un cadre naturel, plus ou moins<br />

contraignant, doté d’un patrimoine historique plus ou moins enrichissant, mais comme une<br />

construction des acteurs » 19 . La référence à la communauté rapproche l’intelligence<br />

communautaire <strong>et</strong> le développement communautaire. Toutefois, dans les approches du<br />

développement communautaire, la prise en compte du territoire s’arrête souvent à la<br />

dimension locale <strong>et</strong> n’inclut pas systématiquement une analyse de l’espace géographique ni<br />

des dynamiques spatiales.<br />

Page 36 sur 70<br />

Les premières définitions, données en 2000 <strong>et</strong> 2001, affirment le lien entre la<br />

connaissance <strong>et</strong> l’action, lien caractéristique de la société de la connaissance, dans le<br />

développement des territoires. Elles indiquent l’intérêt des technologies de l’information <strong>et</strong><br />

de la communication <strong>et</strong> de l’implication des praticiens dans le processus d’observation <strong>et</strong><br />

dans l’interprétation des résultats, pour que la connaissance soit utile pour l’action.<br />

« L'intelligence territoriale est un moyen pour les chercheurs, pour les acteurs <strong>et</strong><br />

pour la communauté territoriale d’acquérir une meilleure connaissance du territoire, mais<br />

également de mieux maîtriser son développement. L’appropriation des technologies de<br />

l'information <strong>et</strong> de la communication, <strong>et</strong> de l’information elle-même, est une étape<br />

indispensable pour que les acteurs entrent dans un processus d’apprentissage qui leur<br />

perm<strong>et</strong>tra d’agir de façon pertinente <strong>et</strong> efficiente. L'intelligence territoriale est notamment<br />

utile pour aider les acteurs territoriaux à proj<strong>et</strong>er, définir, animer <strong>et</strong> évaluer les politiques <strong>et</strong><br />

les actions de développement territorial durable » 20 .<br />

« L’intelligence territoriale m<strong>et</strong> les technologies de l’information au service du<br />

développement durable des territoires dans la société de la connaissance en respectant les<br />

principes de la <strong>gouvernance</strong> démocratique : participation, approche intégrée <strong>et</strong> partenariat. 21 »<br />

Ces deux premières définitions, établissent clairement le lien entre l’intelligence<br />

territoriale <strong>et</strong> le développement durable. Elles rompent avec l’intelligence économique par<br />

un objectif plus ambitieux que le business: le développement durable caractérisé par le<br />

pluralité des objectifs économiques, sociaux <strong>et</strong> environnementaux. Issu des revendications du<br />

19 Jean-Claude DAUMAS, 2002, proj<strong>et</strong> de Maison de Sciences de l’Homme de Franche-Comté.<br />

20 <strong>GIRARDOT</strong>, 2000<br />

21 <strong>GIRARDOT</strong>, 2001


tiers-monde, le développement durable, qui « s'attache à résoudre les besoins des populations<br />

[en priorité des groupes les plus vulnérables], sans comprom<strong>et</strong>tre la capacité des générations<br />

futures de répondre aux leurs » 22 , est progressivement apparu avec la répétition <strong>et</strong><br />

l’amplification des crises économiques, sociales <strong>et</strong> environnementales comme une alternative<br />

au développement « économique » fondé sur la rentabilité financière du capital à court terme.<br />

Nous insistons sur la dimension sociale d’un concept en précisant « en priorité des groupes<br />

les plus vulnérables » pour rappeler son origine. Ces points seront développés dans le module<br />

« Théorie du développement » dans la partie relative à « Perspectives du développement<br />

durable dans le contexte de la globalisation ».<br />

Page 37 sur 70<br />

La référence au développement durable comme l’orientation fondamentale de<br />

l’intelligence territoriale, a pour corollaires une approche globale <strong>et</strong> une <strong>gouvernance</strong><br />

participative fondée sur le partenariat. Le développement durable propose une approche<br />

globale prenant en compte conjointement des objectifs économiques, sociaux <strong>et</strong><br />

environnementaux, auxquels nous proposons d’ajouter la culture 23 . Il ne peut être réduit à une<br />

seule de ses dimensions sans perdre son sens. Il implique conjointement un processus cognitif<br />

multidisciplinaire <strong>et</strong> une action multisectorielle fondée sur le partenariat. L’intelligence<br />

territoriale se fonde depuis l’origine sur les partenariats de développement 24 .<br />

L’intelligence territoriale se distingue définitivement sur ce point de l’intelligence<br />

économique qui ne considère que l’objectif économique <strong>et</strong>, qui concentre son intérêt dans le<br />

champ de l’économique uniquement sur le « bussiness » <strong>et</strong> sur la compétitivité<br />

essentiellement orientés sur la rentabilité financière de préférence à la création <strong>et</strong> à<br />

l’amélioration des emplois, ou à l’amélioration de la qualité de vie pour tous, <strong>et</strong> à la<br />

coopération. Les rapports avec le développement communautaire sont plus complexes.<br />

Parallèlement aux tendances décentralisatrices de la <strong>gouvernance</strong>, le développement durable<br />

<strong>et</strong> le développement communautaire insistent conjointement sur l’importance du territoire<br />

comme espace d’action <strong>et</strong> de la communauté territoriale comme acteur collectif, en accord<br />

avec le slogan “penser globalement pour agir localement”. Toutefois le développement<br />

communautaire conserve souvent le développement économique des territoires comme<br />

objectif principal. La convergence entre intelligence territoriale <strong>et</strong> développement<br />

communautaire se situe plus au niveau du partenariat <strong>et</strong> de la participation. L’intelligence<br />

territoriale dispose notamment au niveau du développement communautaire d’un vaste<br />

22 BRUNDTLAND report, 1987<br />

23 AMMATURO, 2008<br />

24 Selon la terminologie du programme européen de cohésion sociale « Equal »


ensemble de méthodes participatives <strong>et</strong> partenariales pour l’animation des actions de<br />

développement durables.<br />

Page 38 sur 70<br />

Les premières définition de l’intelligence territoriale affirme clairement l’intérêt du<br />

re<strong>cours</strong> aux technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication. Elles veulent d’abord<br />

situer l’intelligence territoriale au sein de la société de l’information, où l’information est le<br />

principal vecteur du développement. Comme l’intelligence économique, l'intelligence<br />

territoriale fait appel à des procédés traditionnels de diffusion de l'information <strong>et</strong> utilisent les<br />

technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication au moyen de sites Intran<strong>et</strong> <strong>et</strong> Intern<strong>et</strong>,<br />

de la documentation <strong>et</strong> des méthodes de traitement de l’information. L’intelligence<br />

territoriale va cependant plus loin : la mention du territoire ajoute les méthodes d’analyse<br />

spatiale <strong>et</strong> les systèmes d’information géographiques, alors que la référence au<br />

développement durable implique également les méthodes d’analyse multicritères. L’usage<br />

des technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication par l’intelligence territoriale<br />

s’inscrit toutefois dans l’éthique du développement durable, qui réfute la logique économique<br />

compétitive au profit d’une démarche globale <strong>et</strong> coopérative, de partage de l’information <strong>et</strong><br />

de travail commun. C<strong>et</strong>te éthique pose également des limites à l’usage des technologies de<br />

l’information <strong>et</strong> de la communication.<br />

Une nouvelle définition de l’intelligence territoriale a été précisée en 2002 avec la<br />

volonté de proposer un proj<strong>et</strong> de recherche qui reste cependant en lien avec l’action : « Le<br />

concept d’intelligence territoriale désigne l’ensemble des connaissances pluridisciplinaires<br />

qui, d’une part, contribue à la compréhension des structures <strong>et</strong> des dynamiques <strong>territoriales</strong><br />

<strong>et</strong>, de l’autre, ambitionne d’être un instrument au service des acteurs du développement<br />

durable des territoires » 25 . Il s’agit de m<strong>et</strong>tre en accord le concept d’intelligence territoriale<br />

avec la société de la connaissance, dans laquelle on renforce l’intégration entre la<br />

connaissance <strong>et</strong> action afin que la connaissance stimule l’innovation <strong>et</strong> alimente l’action.<br />

Dans la logique du développement durable, l’intelligence territoriale sollicite l’ensemble des<br />

connaissances pluridisciplinaires dans les domaines de la connaissance des territoires, de la<br />

<strong>gouvernance</strong> territoriale <strong>et</strong> de l’ingénierie territoriale. De même qu’en intelligence<br />

économique, l’information doit être utile, non afin d’exploiter un avantage compétitif, mais<br />

pour satisfaire les besoins des génération présente sans nuire à la satisfaction des besoins des<br />

générations futures.


Page 39 sur 70<br />

L'intelligence territoriale s'est également nourrie de l’apport des sciences <strong>et</strong><br />

technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication (STIC) <strong>et</strong> de la gestion des<br />

connaissances. A partir de 2004, les liens avec l'intelligence territoriale <strong>et</strong> les STIC sont<br />

souvent au centre des définitions courantes de l’intelligence territoriale. Ainsi Philippe<br />

DUMAS a rapproché « l’intelligence comme processus cognitif <strong>et</strong> d’organisation de<br />

l’information, <strong>et</strong> le territoire comme espace de relations signifiantes » 26 <strong>et</strong> Yann<br />

BERTACCHINI a suggéré que l’intelligence territoriale « peut être assimilée à la<br />

territorialité qui résulte du phénomène d’appropriation des ressources d’un territoire puis<br />

aux transferts des compétences entre des catégories d’acteurs locaux de culture<br />

différente » 27 . Bernard CORBINEAU affirme dans une formule simple l’importance de la<br />

cohésion sociale <strong>et</strong> de la dimension temporelle indissociable de la notion de développement<br />

<strong>et</strong> du développement durable : « Qu’est-ce que c’est l’intelligence territoriale sinon<br />

l’intelligence de vivre ensemble dans un espace-temps donné ? » 28 . Ces définitions insistent<br />

sur les concepts d’intelligence, sur les compétences, la culture <strong>et</strong> les processus, plutôt que sur<br />

l’usage des technologies de l’information.<br />

D’autres rappellent au contraire, avec Thierry FERRARI que « L’intelligence<br />

territoriale ne peut pourtant pas exister sans faire appel aux technologies de l’information <strong>et</strong><br />

sans mobiliser les compétences au service de l’attractivité <strong>et</strong> de la compétitivité des<br />

territoires. » 29<br />

Ils se rapprochent alors de l’intelligence économique. Ainsi Aurélien<br />

GAUCHERAND, exprime une vision de l’intelligence territoriale très proche de<br />

l’intelligence économique en distinguant « Trois aspects :<br />

1) l’intelligence économique territoriale (la création de produits <strong>et</strong> l’animation des<br />

services de l’intelligence économique pour les acteurs de l’innovation économique);<br />

2) l’intelligence territoriale stratégique (la création des infrastructures permanentes<br />

pour une veille stratégique – veille stratégique territoriale);<br />

3) la gestion des communautés <strong>territoriales</strong> – la création d’un centre de ressources<br />

qui encourage le développement de différents territoires numériques.”<br />

25 <strong>GIRARDOT</strong>, 2002<br />

26 DUMAS, 2004<br />

27 BERTACCHINI, 2004<br />

28 CORBINEAU, Bernard, 2005, <strong>Intelligence</strong> territoriale <strong>et</strong> société en réseau- Les médiathèques de proximité, portails de la<br />

connaissance. 4 e rencontres TIC & Territoires, Ile Rousse. http://isdm.univ-tln.fr/PDF/isdm22/isdm22_corbineau.pdf<br />

29 FERRARI, Thierry, 2005


Page 40 sur 70<br />

Nous sommes ici en présence d’une définition déclinée de l’intelligence territoriale<br />

<strong>et</strong> qui confond les moyens avec le contenu.<br />

Au <strong>cours</strong> de ces dernières années nous avons fait progresser la définition de<br />

l’intelligence territoriale dans le cadre de la caENTI afin de mieux la distinguer, d’un bord,<br />

de l’intelligence économique par la référence au développement durable, <strong>et</strong> de l’autre bord,<br />

du concept de développement communautaire, en affirmant l’intérêt d’une approche<br />

scientifique multidisciplinaire <strong>et</strong> de l’usage des technologies de l’information.<br />

Nous définition actuelle : « l’intelligence territoriale est la science dont l’obj<strong>et</strong> est<br />

le développement durable des territoires <strong>et</strong> dont le suj<strong>et</strong> est la communauté territoriale ». Dès<br />

l’origine, l’approche territoriale <strong>et</strong> le développement durable ont été posés comme les<br />

orientations fondamentales de l’intelligence territoriale, avec pour corollaires les principes<br />

d’approche globale, multidisciplinaire <strong>et</strong> multisectorielle, le partenariat des acteurs<br />

territoriaux <strong>et</strong> la participation de la communauté territoriale.<br />

L'intelligence territoriale ne constitue pas une simple variante de l'intelligence<br />

économique, elle est plus ambitieuse. Elle ne limite pas le développement territorial à la<br />

croissance économique, ni à la compétition économique. Elle ne considère pas le territoire<br />

comme un marché ou comme un lieu de compétition.<br />

Le partenariat, qui constitue l’instrument de l’approche globale, va à l'encontre du<br />

principe de concurrence dans la mesure où il se fonde sur la coopération, y compris au sein<br />

des « pôles de compétitivité ». Il répond cependant à une logique économique car il vise à<br />

rassembler les ressources locales disponibles avant de recourir à des nouvelles ressources.<br />

Les réseaux perm<strong>et</strong>tent non seulement aux acteurs privés de prendre part aux<br />

processus de prise de décisions dans le cadre de la démocratie participative, mais aussi à la<br />

fourniture de biens <strong>et</strong> services communs.<br />

L’intelligence territoriale n’a cependant pas pour objectif l’élimination du marché,<br />

de la concurrence ou de la compétitivité. Elle veut limiter <strong>et</strong> réguler les eff<strong>et</strong>s néfastes du<br />

marché par le développement d’espaces de coopération. Elle propose également d’intégrer les<br />

coûts sociaux, environnementaux <strong>et</strong> culturels dans le budg<strong>et</strong> global des proj<strong>et</strong>s de<br />

développement, tout en sachant que c<strong>et</strong>te comptabilité est insuffisante car les enjeux<br />

énergétiques du développement durable ne sont pas seulement d’ordre économique.<br />

Comme le développement communautaire, l’intelligence territoriale respecte deux<br />

principes éthiques issus du développement durable : la participation citoyenne <strong>et</strong> le


partenariat des acteurs. Toutefois, à la différence du concept de développement<br />

communautaire, l'intelligence territoriale se fonde sur l'usage systématique des technologies<br />

de l'information <strong>et</strong> de la communication <strong>et</strong> le re<strong>cours</strong> aux outils de connaissance des<br />

territoires <strong>et</strong> d’analyse de l’information territoriale dans le contexte de la société de la<br />

connaissance. L’originalité des méthodes <strong>et</strong> outils d’intelligence territoriale est de constituer<br />

des réponses technologiques qui respectent les principes de la <strong>gouvernance</strong> démocratique <strong>et</strong><br />

de la coopération.<br />

Page 41 sur 70<br />

A partir des connaissances <strong>et</strong> des méthodes scientifiques, l'intelligence territoriale<br />

conçoit <strong>et</strong> réalise des outils avec les acteurs territoriaux qui souhaitent coopérer au sein d’un<br />

processus de recherche-action pour inscrire leurs proj<strong>et</strong>s dans les orientations du<br />

développement durable. Elle constitue à la fois une intelligence « embarquée » dans ces outils<br />

<strong>et</strong> elle vise à développer une intelligence collective.<br />

C’est une intelligence embarquée qui utilise les technologies de l’information <strong>et</strong> de<br />

la communication pour intégrer les informations <strong>territoriales</strong> <strong>et</strong> leurs outils d’analyse au sein<br />

de systèmes d’information partagés <strong>et</strong> coopératifs. Un outil de cartographie en ligne perm<strong>et</strong><br />

par exemple à un acteur de cartographier un indicateur en précisant simplement le territoire <strong>et</strong><br />

l’information souhaités. Pour perm<strong>et</strong>tre à un acteur d’obtenir ce résultat sans reproduire<br />

l’ensemble des choix d’un expert il faut automatiser les analyses statistiques multicritères <strong>et</strong><br />

spatiales de l’information territoriale, décrire <strong>et</strong> spécifier les protocoles de traitement <strong>et</strong><br />

intégrer l'expertise à la place des étapes qui auraient impliqué des choix experts.<br />

C’est une également intelligence collective qui associe les compétences de manière<br />

coopérative en vue d’argumenter, de réaliser <strong>et</strong> d’évaluer des proj<strong>et</strong>s innovants, adaptés <strong>et</strong><br />

pérenne. Ainsi que le précise le glossaire de Vernon PRIOR « L'intelligence collective se<br />

réfère aux résultats tirés de la collaboration <strong>et</strong> du partage de l'information, ainsi que par la<br />

compétition entre de nombreux individus. C'est l'objectif principal de la gestion des<br />

connaissances. Bien que le terme soit applicable à de nombreuses activités (y compris ceux<br />

de certaines bactéries, les insectes <strong>et</strong> autres animaux), il se réfère dans ce contexte au<br />

comportement de masse d'êtres humains. L’intelligence collective peut être considéré<br />

comme une forme de réseau, qui a été activé par l'évolution récente des technologies de<br />

l'information. » 30 . L’intelligence territoriale résulte notamment d’un transfert des experts aux<br />

30 “Collective intelligence refers to the results gained from collaboration and the sharing of information, as well as through<br />

comp<strong>et</strong>ition, b<strong>et</strong>ween many individuals; it is the primary objective of Knowledge management. Although the term is<br />

applicable to many activities (including those of certain bacteria, insects, and other animals), in this context it refers to the


acteurs qui favorise l’accès le plus large aux connaissances. Elle implique pour ce faire, outre<br />

le partage de l’information la formation, l’accompagnement la co-construction du savoir. Elle<br />

mobilise dans un premier temps les acteurs territoriaux, les partenariats de développement.<br />

Elle s’adresse à terme à l’ensemble de la communauté territoriale.<br />

Page 42 sur 70<br />

L’intelligence territoriale entend ainsi contribuer à la combinaison équilibrée des<br />

dimensions du développement durable en impliquant largement chaque personne dans le<br />

développement de son bien-être, de sa communauté dans son territoire, <strong>et</strong> de l’humanité sur<br />

la planète.<br />

Les domaines de l’intelligence territoriale<br />

Quels sont les domaines concernés par les recherches <strong>et</strong> les applications en<br />

intelligence territoriale ? Nous distinguons quatre domaines : les connaissances scientifiques,<br />

les méthodes fondamentales d’analyse, la <strong>gouvernance</strong> territoriale <strong>et</strong> les outils d’intelligence<br />

territoriale.<br />

Dans le domaine scientifique, l’intelligence territoriale vise à rassembler, intégrer<br />

<strong>et</strong> augmenter les connaissances multidisciplinaires (<strong>et</strong> les protocoles de recherche) qui<br />

contribuent à une approche globale des structures <strong>territoriales</strong>, des systèmes territoriaux <strong>et</strong><br />

des dynamiques des territoires. C<strong>et</strong>te approche globale est indispensable à la combinaison des<br />

objectifs économiques, sociaux, culturels <strong>et</strong> environnementaux du développement durable.<br />

Dans ce cadre l’intelligence territoriale s’intéresse au concept de territoire (cf. le <strong>cours</strong> sur le<br />

concept de territoire d’Alexandre <strong>MOINE</strong>), au concept d’intelligence territoriale (cf. ce <strong>cours</strong><br />

<strong>et</strong> les recherches dont l’obj<strong>et</strong> principal est le territoire <strong>et</strong>/ou le développement durable. Elle<br />

compare également les approches culturelles du territoire.<br />

Dans le domaine méthodologique, l’intelligence territoriale identifie, agrège <strong>et</strong><br />

développe les méthodes scientifiques fondamentales d’analyse <strong>et</strong> d’observation des territoires<br />

(cf. le <strong>cours</strong> sur les méthodes fondamentales d’intelligence territoriale de Serge ORMAUX).<br />

Elle favorise la diffusion au sein des sciences de l’homme <strong>et</strong> de l’environnement des<br />

méthodes <strong>et</strong> les outils génériques de large applicabilité employées dans les sciences de la<br />

matière <strong>et</strong> de a nature <strong>et</strong> qui sont utiles pour analyser les territoires <strong>et</strong> l’information<br />

territoriale. Elle approprie <strong>et</strong> transfère des modules appliqués accessibles aux acteurs<br />

territoriaux. Elle utilise les technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication (TIC) pour<br />

mass behaviour of human beings. It may be regarded as a form of N<strong>et</strong>working, which has been enabled by recent<br />

developments in Information technology 30 ”. PRIOR.


partager <strong>et</strong> diffuser largement l’information territoriale <strong>et</strong> pour coopérer, auxquelles elle<br />

adjoint les outils d’analyse multicritère <strong>et</strong> d’analyse spatiale.<br />

Page 43 sur 70<br />

Les observatoires territoriaux identifie <strong>et</strong> harmonise les indicateurs territoriaux<br />

fournis par les instituts statistiques <strong>et</strong> qui sont utiles au développement durable (cf. le <strong>cours</strong><br />

sur les indicateurs du développement durable de Guenaël DEVILLET). Ils les rassemble <strong>et</strong><br />

les rend accessibles au sein de systèmes d’information territoriaux. Ils produisent au besoin<br />

les indicateurs non disponibles ou non accessible au niveau du territoire. Ils assure la gestion<br />

du processus informationnel de la collecte des données à l’édition en ligne des résultats sous<br />

des formes appropriées à leurs destinataires.<br />

Dans le domaine de la <strong>gouvernance</strong>, l’intelligence territoriale évalue la<br />

<strong>gouvernance</strong> territoriale participative caractérisée par les partenariats multisectoriels <strong>et</strong> par<br />

l'équilibre entre le secteur compétitif <strong>et</strong> le secteur coopératif. Elle étudie les principes<br />

éthiques qui garantissent une prise en compte équilibrée des besoins, une distribution<br />

équitable <strong>et</strong> la pérennité des ressources, grâce au partenariat <strong>et</strong> à la participation. La<br />

<strong>gouvernance</strong> se distingue du gouvernement en ceci qu’elle constitue un cadre temporaire<br />

perm<strong>et</strong>tant de réunir des acteurs publics, privés <strong>et</strong> associatifs, qui coopèrent pour définir des<br />

objectifs communs concr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> qui coordonnent leurs ressources pour réaliser ces objectifs de<br />

façon rationnelle <strong>et</strong> fonctionnelle (cf. le <strong>cours</strong> sur la <strong>gouvernance</strong> territoriale de Blanca<br />

MIEDES).<br />

Enfin, l’intelligence territoriale conçoit <strong>et</strong> réalise des outils appliqués pour, avec <strong>et</strong><br />

par les acteurs territoriaux qui aspirent à développer leurs territoires dans le respect des<br />

principes du développement durable <strong>et</strong> de la <strong>gouvernance</strong> démocratique. Elle adapte <strong>et</strong><br />

transfère des modules des outils génériques pour les rendre accessibles aux acteurs<br />

territoriaux. Elle définit les spécifications techniques des outils. Chercheurs <strong>et</strong> acteurs co-<br />

construisent les outils utiles pour argumenter, gérer <strong>et</strong> évaluer les proj<strong>et</strong>s de développement<br />

durable des territoires (cf. le <strong>cours</strong> sur les méthodes <strong>et</strong> les outils d’intelligence territoriale, <strong>et</strong><br />

le <strong>cours</strong> sur les outils <strong>et</strong> la communauté Catalyse de Cyril MASSELOT<br />

Les Réseaux<br />

C<strong>et</strong>te partie présente les réseaux dans lesquels s’effectue aujourd’hui les recherches<br />

en intelligence territoriale. Elle perm<strong>et</strong>tra notamment d’indiquer les références de ces<br />

recherches <strong>et</strong> de détailler les résultats de l’action de coordination du Réseau Européen<br />

d’<strong>Intelligence</strong> Territoriale, la caENTI.


Page 44 sur 70<br />

La dissémination de la méthode Catalyse, à partir de 1989, dans une quarantaine de<br />

territoires du centre, du sud <strong>et</strong> de l’est de l'Europe, posé les fondements empiriques de<br />

l’intelligence territoriale en 1998.<br />

Catalyse Community<br />

Dès sa conception en 1989, la méthode d’observation communautaire Catalyse a<br />

été une méthode scientifique respectueuse du développement durable, de la participation des<br />

personnes <strong>et</strong> du partenariat des acteurs. Elle proposait aux acteurs territoriaux des outils<br />

adaptés aux usages, économiques <strong>et</strong> simples à utiliser.<br />

En se diffusant en Europe, elle a tissé les liens entre les acteurs <strong>et</strong> les chercheurs<br />

qui collaboraient à la réalisation de diagnostics de territoire, d’évaluation de proj<strong>et</strong>s locaux <strong>et</strong><br />

d’observation territoriale dans le cadre de programmes transnationaux soutenus par des fonds<br />

européens (Equal, Leader, Interreg …)<br />

Figure 1 : Le réseaux des observatoires Catalyse<br />

Le réseau des observatoires Catalyse qui compte aujourd’hui plus de 80 références,<br />

forme à présent le noyau de la communauté Catalyse, « Catalyse community » perm<strong>et</strong>tra de<br />

télécharger des versions actualisées des outils depuis le portail de l’intelligence territoriale


http://www.territorial-intelligence.eu/catalyse. On peut également y accéder à une aide en<br />

ligne <strong>et</strong> à des protocoles de traitement en anglais, en <strong>cours</strong> de traduction en français.<br />

TIC <strong>et</strong> Territoires<br />

Page 45 sur 70<br />

Principalement animé par le laboratoire I3m (Information, Milieu, Média,<br />

Médiation http://i3m-univ-tln.fr ) en Sciences de l’Information & de la Communication, de<br />

l’Université du Sud Toulon <strong>et</strong> de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, le réseau Tic &<br />

Territoire a organisé un colloque annuel de 2002 à 2007. Les communications ont<br />

régulièrement été publiées sur la revue en ligne ISDM, « Informations, savoirs, Décisions &<br />

Médiations », Revue permanente en ligne des utilisateurs des Technologies de l'Information<br />

<strong>et</strong> de la Communication http://isdm.univ-tln.fr/isdm.html<br />

REIT - Réseau Européen d’<strong>Intelligence</strong> Territoriale<br />

Le réseau REIT s’est d’abord développé pour organiser des séminaires<br />

transnationaux afin de développer les échanges d’expérience, d’organiser la formation<br />

méthodologique <strong>et</strong> de partager les coûts de développement des outils. Il a été officiellement<br />

constitué en 2002 pour développer des activités de recherche en intelligence territoriale<br />

concernant le développement des connaissances multidisciplinaires sur les dynamiques des<br />

territoires, la diffusion des méthodes scientifiques multicritères <strong>et</strong> des outils génériques<br />

d’analyse spatiale, ainsi que les modes de <strong>gouvernance</strong> appropriés au développement durable.<br />

Le réseau REIT a organisé trois colloques à BESANÇON (2003), PECS (Hongrie,<br />

2004) <strong>et</strong> LIEGE (Belgique, 2005) dont les communications sont à présent en ligne sur le<br />

portail de l’intelligence territoriale http://www.territorial-intelligence.eu avec certains<br />

séminaires du REIT.<br />

CaENTI – Réseau Européen d’<strong>Intelligence</strong> Territoriale<br />

De mars 2006 à février 2009, la caENTI a engagé la constitution d’un laboratoire<br />

virtuel rassemblant huit universités <strong>et</strong> sept acteurs, rassemblant près de 220 chercheurs<br />

appartenant à sept pays européens (Belgique, France, Espagne, Italie, Hongrie, Roumanie,<br />

Slovénie) plus Taïwan. Ce proj<strong>et</strong> a été soutenue par le 6 programme-cadre de recherche <strong>et</strong> de<br />

développement technologique « Intégrer <strong>et</strong> Renforcer l'Espace Européen de la Recherche »<br />

de l'Union Européenne, dans la priorité thématique 7 « Citoyens <strong>et</strong> <strong>gouvernance</strong> dans une<br />

société de la connaissance ».


Page 46 sur 70<br />

Figure 2 : Le consortium caENTI<br />

L’objectif général de la caENTI était d’intégrer des proj<strong>et</strong>s actuels de recherche sur<br />

les outils de l’intelligence territoriale afin de leur donner une dimension européenne.<br />

La pertinence de c<strong>et</strong> objectif s’appuyait sur le fait que, depuis les années 80,<br />

l'Union européenne avait introduit la gestion de proj<strong>et</strong>, la pratique de l'évaluation, les critères<br />

de partenariat <strong>et</strong> de participation dans ses appels à proj<strong>et</strong>. Les instruments scientifiques<br />

adaptés à ces principes étaient disponibles pour les experts, mais les acteurs territoriaux<br />

bénéficiaient rarement d'outils simples <strong>et</strong> économiques pour élaborer, gérer, observer <strong>et</strong><br />

évaluer leurs proj<strong>et</strong>s.<br />

La caENTI a montré l’utilité de l’analyse comparative, à l’échelle européenne <strong>et</strong><br />

mondiale, des approches interculturelles <strong>et</strong> des représentations du territoire. Elle a initié une<br />

réflexion sur l’ontologie du concept de territoire 31 qui a constitué un thème constant de la<br />

conférence internationale annuelle d’intelligence territoriale. Elle a engagé avec le réseau<br />

latino-américain « territorios posibles » l’enquête « Qu’entendez vous par territoire ? » 32<br />

31 Animée par Philippe DUMAS, au <strong>cours</strong> des trois dernières conférences internationale d’intelligence territoriale<br />

32 Initiée par Horacio BOZZANO, <strong>et</strong> poursuivie avec Alexandre <strong>MOINE</strong> <strong>et</strong> Philippe SIGNORET comme action du futur<br />

portail international « territoriesn<strong>et</strong>.org »


auprès de scientifiques de toutes les disciplines <strong>et</strong> d’acteurs de secteurs divers à l’échelle<br />

internationale.<br />

Page 47 sur 70<br />

La caENTI a inventorié les méthodes <strong>et</strong> les outils scientifiques utilisés pour<br />

l’analyse des dynamiques <strong>territoriales</strong> <strong>et</strong> de l’information <strong>et</strong> de l’information territoriale. Elle<br />

a entrepris une étude sur dans la diffusion des méthodes statistiques exploratoires,<br />

inférentielles <strong>et</strong> multicritères, de l’analyse <strong>et</strong> de la modélisation spatiale, des systèmes<br />

d’information géographiques <strong>et</strong> de l’observation territoriale <strong>et</strong> au sein des sciences humaines<br />

<strong>et</strong> sociales.33<br />

Un inventaire des équipes de recherche sur le territoire en Europe (420) 34 précise<br />

leurs thématiques, leurs approches <strong>et</strong> les méthodes qu’elles utilisent. C<strong>et</strong>te base est en <strong>cours</strong><br />

d’extension <strong>et</strong> d’analyse 35.<br />

La caENTI a progressivement montré que les informations, les systèmes<br />

d’information, sont plus importants que les méthodes <strong>et</strong> les outils. La réflexion sur les<br />

informations disponibles à l’échelle européenne 36 37 a cependant établi, avec la réalisation<br />

d’un webmapping d’échelle européenne38, l’absence d’homogénéité, la diversité des<br />

références spatiale <strong>et</strong> le défaut d’actualisation des indicateurs territoriaux disponibles.<br />

Ce sont généralement des indicateurs économiques non adaptés au développement<br />

durable, faute d’indicateurs sociaux <strong>et</strong> environnementaux. Généralement publiés au niveau de<br />

la commune, les indicateurs disponibles ne sont pas accessibles aux acteurs territoriaux qui<br />

œuvrent généralement sur des territoires d’échelle infra communale qui chevauchent<br />

fréquemment plusieurs communes.<br />

La caENTI a recherché les meilleures pratiques dans la production scientifique qui<br />

inspirent la <strong>gouvernance</strong> territoriale en respectant le développement durable. Elle a proposé<br />

une “L<strong>et</strong>tre de qualité européenne” qui précise les principes éthiques, standards <strong>et</strong> protocoles<br />

doivent être respectés par la recherche action <strong>et</strong> par les outils d’intelligence territoriale dans<br />

une optique de développement durable39. Un outil d’évaluation destiné aux partenariats de<br />

33<br />

ORMAUX, <strong>MOINE</strong> <strong>et</strong> DE SEDE-MARCEAU, 2008<br />

34 MOLLO, 2009.<br />

35<br />

Le réseau territorios posibles <strong>et</strong> le laboratoire MIT de l’Université du Québec en Outaouais a engagé l’extension<br />

internationale de c<strong>et</strong>te base de données, autre action du proj<strong>et</strong> « territoriesn<strong>et</strong>.org ».<br />

36<br />

DEVILLET <strong>et</strong> BREUER, 2009<br />

37<br />

FILO, 2009<br />

38<br />

DEVILLET, OSTIR, PEHANI <strong>et</strong> LANDRE, 2009<br />

39 MIEDES, 2007


développements l’accompagne. Un annuaire Intern<strong>et</strong> des proj<strong>et</strong>s d’intelligence territoriale a<br />

40 41.<br />

été conçu sur c<strong>et</strong>te base<br />

Page 48 sur 70<br />

Elle a approfondi la réflexion sur l’usage des technologies de l’information <strong>et</strong> de la<br />

communication, qui sont indispensable pour partager <strong>et</strong> de diffuser les informations utiles à la<br />

réalisation de diagnostics territoriaux, à l’évaluation des actions <strong>et</strong> à l’observation territoriale,<br />

au service de proj<strong>et</strong>s de développement durable. C<strong>et</strong>te investigation a notamment porté sur le<br />

respect de la vie privée <strong>et</strong> sur l'accessibilité des informations <strong>et</strong> des technologies à l’ensemble<br />

des acteurs <strong>et</strong> de la communauté territoriale, sans nuire à la qualité de l’information 42 .<br />

Inversement, une étude a porté plus spécifiquement sur les méthodes participatives 43.<br />

La caENTI a modélisé <strong>et</strong> harmonisé les outils Catalyse à partir de l'expérience des<br />

acteurs en s'assurant de la conformité des indicateurs aux standards européens 44 45 46 . Les<br />

spécifications méthodologiques <strong>et</strong> informatiques utiles à une actualisation des outils ont été<br />

définies 47 48 . Le développement informatique de nouvelles versions multiplateformes <strong>et</strong><br />

multilingues a été engagé ; ainsi que des versions en ligne qui pilotent une base de données<br />

unique <strong>et</strong> qui autorise le traitement en temps réel 49.<br />

Plusieurs expérimentations ont été engagées en Espagne 50 51 52 53 54 55<br />

, en Belgique<br />

56 <strong>et</strong> en France 57 58 59 60 61 pour approfondir le choix des indicateurs, leur formulation <strong>et</strong> leur<br />

définition <strong>et</strong> pour décrire le protocole de traitement de chaque indicateur 62 .<br />

40<br />

SANCHEZ <strong>et</strong> <strong>GIRARDOT</strong>, 2009<br />

41<br />

MIEDES, 2009<br />

42<br />

AMIOTTE-SUCHET, 2009<br />

43<br />

SACCHERI <strong>et</strong> SCHMITZ, 2009<br />

44<br />

SANCHEZ <strong>et</strong> <strong>GIRARDOT</strong>, 2007<br />

45<br />

SANCHEZ, <strong>GIRARDOT</strong> <strong>et</strong> MASSELOT, 2007<br />

46<br />

<strong>GIRARDOT</strong> <strong>et</strong> CHEN, 2006<br />

47<br />

<strong>GIRARDOT</strong>, 2006<br />

48<br />

<strong>GIRARDOT</strong> <strong>et</strong> MASSELOT, 2006<br />

49<br />

DAMY, HERRMANN, MASSELOT, BENILAN, THOMAS <strong>et</strong> RAMAGE, 2009<br />

50<br />

FERNANDEZ QUINTANILLA, MAHIA, <strong>GIRARDOT</strong> <strong>et</strong> MASSELOT, 2007<br />

51<br />

FERNÁNDEZ QUINTANILLA, MAHIA <strong>et</strong> MIEDES, 2008<br />

52<br />

FERNÁNDEZ QUINTANILLA, 2009<br />

53<br />

FRANCO LIGENFERT, 2009<br />

54<br />

CHARLIER, DEVILLET, BRUNETTI, CUSUMANO, DELVOYE, DOYEN <strong>et</strong> URBANO, 2008<br />

55<br />

RULOT <strong>et</strong> DELVOYE, 2009<br />

56<br />

MEIRE, DELVOYE <strong>et</strong> DE NOOSE, 2009<br />

57<br />

PERETZ, 2009<br />

58<br />

BACCON, 2009<br />

59<br />

RIGOLI, 2009<br />

60<br />

ALPE, FAUGUET <strong>et</strong> TRUDA, 2009<br />

61<br />

CAILLE-CATTIN, HAMMAD, POIREY <strong>et</strong> THOMAS, 2009<br />

62 MAHE, 2009


Page 49 sur 70<br />

L’espace « Catalyse community » facilite à présent l’accès des chercheurs <strong>et</strong> des<br />

acteurs territoriaux aux outils d’intelligence territoriale, à une aide en ligne <strong>et</strong> à des<br />

protocoles de traitement.<br />

L’analyse <strong>et</strong> la modélisation de l’intégration de ces outils au sein de systèmes<br />

d’informations <strong>territoriales</strong> a débuté 63 64 65 . Conçus à partir des besoins des acteurs <strong>et</strong> de la<br />

communauté territoriale, ils ont été nommés « systèmes communautaires d’intelligence<br />

territoriale » 66 .<br />

ENTI – European N<strong>et</strong>work of Territorial <strong>Intelligence</strong><br />

La caENTI a précisé les domaines de l’intelligence territoriale <strong>et</strong> clarifié son<br />

ambition afin de proposer une définition qui fonde la spécificité du champ <strong>et</strong> de axes de<br />

recherche de ENTI.<br />

La caENTI a permis de préciser les domaines de l’intelligence territoriale, ainsi<br />

que la conjonction de crises qui démontrent l’urgence d’une coordination des dimensions<br />

économiques, sociales <strong>et</strong> environnementales du développement durable.<br />

C’est un enjeu du réseau ENTI, qui a su attirer de nouveaux partenaires, <strong>et</strong> qui<br />

intéresse à présent d’autres territoires en Asie, en Afrique, en Amérique latine <strong>et</strong> au Québec,<br />

comme l’atteste la création récente du laboratoire TAG “Territoires, Acteurs, Gouvernances”<br />

à l’Université de La Plata (Argentine), qui coordonne le réseau “territorios posibles” à<br />

l’échelle du Mercosur 67 , <strong>et</strong> du laboratoire “Modélisation <strong>et</strong> <strong>Intelligence</strong> Territoriale” à<br />

l’Université du Québec en Outaouais 68 .<br />

ENTI est à présent une structure informelle ouverte à tous ceux qui adhère à la<br />

définition de l’intelligence territoriale « science dont l’obj<strong>et</strong> est le développement durable des<br />

territoires <strong>et</strong> la sujat est la communauté territoriale » <strong>et</strong> à la définition de ces domaines de<br />

recherche <strong>et</strong> qui souhaitent contribuer à son programme de recherche autour de trois axes <strong>et</strong><br />

de trois thèmes transversaux.<br />

Les trois axes, définis par le board of ENTI dans le continuité de la caENTI sont :<br />

63 <strong>GIRARDOT</strong>, 2007<br />

64 <strong>GIRARDOT</strong>, SANCHEZ <strong>et</strong> ASENSIO, 2007<br />

65 DAMY <strong>et</strong> HERRMANN, 2009<br />

66 <strong>GIRARDOT</strong> <strong>et</strong> MASSELOT, 2009<br />

67 BOZZANO, 2009<br />

68 GAGNON, 2009


Page 50 sur 70<br />

[Territory] Les territoires comme lieux, <strong>et</strong> l'intelligence territoriale comme moyen<br />

d'une transition socio-écologique caractérisée par la combinaison des objectifs économiques,<br />

sociaux, environnementaux <strong>et</strong> culturels du développement durable.<br />

[Indicators] La définition d'indicateurs du développement durable tenant compte de<br />

la diversité de ses objectifs, l'accessibilité des ces indicateurs à tous les acteurs des<br />

territoires, les méthodes scientifiques d'analyse multi-critères <strong>et</strong> d'analyse spatiale, les outils<br />

d'analyse des indicateurs pour, avec <strong>et</strong> par les acteurs.<br />

territoires.<br />

[Governance] La <strong>gouvernance</strong> territoriale du développement durable.<br />

Les trois thèmes transversaux sont:<br />

[Vulnerability] Vulnérabilité des territoires <strong>et</strong> populations vulnérables.<br />

[Culture] La culture comme quatrième pilier du développement durable des<br />

[Gender] Parité des genre <strong>et</strong> développement durable des territoire.<br />

ENTI organise deux conférences en 2010. Le conférence d’<strong>Intelligence</strong> Territoriale<br />

du Grand-Ouest aura lieu du 23 au 26 mars 2010, à Nantes <strong>et</strong> Rennes sur le thème<br />

« Transition socio-écologique <strong>et</strong> prospective socio-écologique ». La seconde du 17 au 19<br />

novemebre sur le thème « Innovation écologique <strong>et</strong> sociale dans la transition socio-<br />

écologique » à Strasbourg.<br />

ENTI a déposé deux proj<strong>et</strong>s : un proj<strong>et</strong> de recherche européen job-LIFE <strong>et</strong> un<br />

proj<strong>et</strong> international GdRIit.<br />

Job-LIFE - « Future jobs for a b<strong>et</strong>ter life »<br />

« Future jobs, b<strong>et</strong>ter life », job-LIFE, est un «proj<strong>et</strong> intégrateur de large envergure»<br />

dont l’obj<strong>et</strong> est «la création <strong>et</strong> l’adaptation des emplois en Europe dans le contexte d'une<br />

transition socio-écologique» dans le contexte de la « combinaison des objectifs écologiques,<br />

sociaux <strong>et</strong> environnementaux du développement durable ».<br />

job-LIFE rassemble un consortium de 39 participants, géré par le CNRS (France),<br />

pendant 4 ans.Il s'agit d'un laboratoire virtuel de 23 centres de recherche <strong>et</strong> 13 acteurs<br />

territoriaux représentant pr ès de 350 chercheurs qui contribueront à la diffusion des résultats<br />

des recherches <strong>et</strong> pratiques innovantes. 36 participants de 11 pays européens, vont coopérer<br />

avec trois équipes de recherche non européennes.


Page 51 sur 70<br />

L'objectif de job-LIFE est d'établir une prospective pour les emplois en Europe à<br />

un niveau territorial en 2025, dans le cadre de la transition socio-écologiques, avec de<br />

nouvelle trajectoires de développement, caractérisées par la combinaison des objectifs<br />

économiques, sociaux, écologiques <strong>et</strong> culturels du développement durable pour une<br />

meilleure qualité de vie.<br />

Le proj<strong>et</strong> organise dix « work packages » selon trois axes de recherche:<br />

L’axe «Travail, territoires <strong>et</strong> qualité de vie dans la combinaison des objectifs du<br />

développement durable» vise à établir une analyse prospective des mutations du travail dans<br />

une approche comparative globale du développement des territoires européens.<br />

L’axe "Systèmes d'emploi territoriaux, innovation <strong>et</strong> <strong>gouvernance</strong> pour la création<br />

<strong>et</strong> l'adaptation de l'emploi dans la transition socio-écologique» se concentrera sur<br />

l'identification des tendances <strong>territoriales</strong> de création <strong>et</strong> d'adaptation des emplois. Elle portera<br />

sur les expériences positives d'innovation sociale <strong>et</strong> écologique <strong>et</strong> discutera de la <strong>gouvernance</strong><br />

territoriale favorable à l’innovation.<br />

L’axe «Communication, culture, l'éducation <strong>et</strong> diffusion pour de nouvelles<br />

trajectoires de développement" interrogera le processus d'information <strong>et</strong> de communication<br />

pour la co-construction de nouveaux modèles sociaux <strong>et</strong> culturels de développement. Il<br />

analysera les pratiques éducatives <strong>et</strong> de formation pour <strong>et</strong> par le développement durable. Un<br />

point de vue éthique sur le développement durable sera élaboré pour imaginer de nouvelles<br />

cultures de l'activité humaine.<br />

C<strong>et</strong> axe diffusera également les résultats du proj<strong>et</strong> job-LIFE.<br />

GdRIit – Groupe de Recherche International en <strong>Intelligence</strong> Territoriale<br />

L'objectif du GdRIit est d'intégrer les équipes de recherche-action en intelligence<br />

territoriale à l'échelle mondiale afin de constituer un laboratoire virtuel liant des centres<br />

territoriaux de recherche-action, pluridisciplinaires <strong>et</strong> associant des partenariats<br />

multisectoriels de développement durable, autour d'un programme de recherche international<br />

concerté sur le thème de l'observation territoriale.<br />

Ce proj<strong>et</strong> sera déposé auprès du CNRS <strong>et</strong> des organismes nationaux compétents<br />

des partenaires (France, Espagne, Belgique, Italie, Hongrie, Roumanie, Mercosur, Canada<br />

…)


La bibliographie suivante présente de nombreux ouvrages <strong>et</strong> lien de téléchargement qui<br />

représentent une documentation de plusieurs milliers de pages qui vous perm<strong>et</strong> d’approfondir<br />

le concept d’intelligence territoriale <strong>et</strong> les concepts voisins.<br />

Bibliographie<br />

ALPE Y., FAUGUET J.-L., TRUDA G., 2009. Report on feasibility of a European Observatory of the Rural<br />

Schools, deliverable 61 of caENTI, project funded under FP6 research program of the European Union. <br />

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<strong>Intelligence</strong>, Besançon 2008. Papers on Tools and m<strong>et</strong>hods of Territorial <strong>Intelligence</strong>, MSHE, Besançon, 2009.<br />

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AMIOTTE-SUCHET L., 2009. Possibilities of ICT and tool limits relative to sustainable development,<br />

participation and partnership (Catalogue of technological tools). In International Conference of Territorial<br />

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Les Cahiers du Centre d'études <strong>et</strong> de Recherche, Humanisme <strong>et</strong> Entreprise n° 267, La Sorbonne Nouvelle,<br />

Paris, 16 pages. <br />

BLANCHERIE J-M., 2001. Knowledge Management: communautés de pratiques, intelligence territoriale…<br />

pour entrer dans l'ère de la connaissance. Revues management durable. <br />

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DAUMAS, J.C., <strong>GIRARDOT</strong> J.-J., <strong>et</strong> al., 2002: Programme de recherche du pôle 1 “<strong>Intelligence</strong> territoriale” de<br />

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Cours
III. La
méthode
<strong>et</strong>
les
outils
d'intelligence
territoriale
Catalyse<br />

(J.-J. <strong>GIRARDOT</strong>)<br />

Page 56 sur 70<br />

La méthode <strong>et</strong> les outils Catalyse sont des outils de base pour l’intelligence<br />

territoriale qui sont particulièrement accessibles pour les acteurs qui souhaitent engager une<br />

action de développement durable à l’échelle d’un territoire. On peut bien sûr remplacer les<br />

outils Catalyse par d’autres outils, mais que la méthode reste une référence en intelligence<br />

territoriale, dont nous nous efforcerons ici de commenter les principes, les objectifs, ainsi <strong>et</strong><br />

les spécifications méthodologique. Ce <strong>cours</strong> est plutôt axé sur la méthode, le <strong>cours</strong> de C.<br />

MASSELOT, traitera les spécifications techniques <strong>et</strong> les usages des outils d’intelligence<br />

territoriale.<br />

Catalyse a été développée à la demande d'acteurs organisés en partenariats dans<br />

des territoires en crise. Ces acteurs souhaitaient comprendre la complexité <strong>et</strong> la diversité des<br />

situations <strong>et</strong> des besoins des personnes qu'ils avaient en charge, car les services traditionnels<br />

ne parvenaient plus à répondre aux besoins de ces personnes. Ils souhaitaient également agir<br />

ensemble à l’échelle territoriale en vue d’améliorer le bien être des personnes dans le cadre<br />

d’actions de développement durable.<br />

La méthode Catalyse a été conçue pour <strong>et</strong> avec les acteurs de l' « action concertée »<br />

Mosaïque de 1989 à 1993 en Franche-Comté dans le cadre du troisième programme européen<br />

de lutte contre la pauvr<strong>et</strong>é, puis du programme d'insertion socio-économique « Horizon ».<br />

Elle s'est diffusée à partir de 1994 dans une trentaine de territoires à la demande de<br />

partenariats d'acteurs dans des territoires frappés par la récession industrielle, <strong>et</strong> dans des<br />

territoires vulnérables du sud <strong>et</strong> de l’est de l’Europe précédemment gouvernés par des états<br />

autoritaires. A Seraing (Belgique), ancien fleuron de l’industrie, à Huelva en Andalousie<br />

(Espagne), dans la région d’Ormanság (Hongrie) ou d’Alba Iulia (Roumanie), <strong>et</strong>c. (cf. figure<br />

1 : Le réseaux des observatoires Catalyse) Tous ces territoires présentaient une situation<br />

fortement dégradée au niveau social <strong>et</strong> environnemental : taux de chômage dépassant 30%<br />

dans certaines zones, pas d’emploi pour les jeunes <strong>et</strong> les immigrés, précarité <strong>et</strong> exclusion<br />

socio-économique, état de santé affaibli par les conditions de travail <strong>et</strong> par l’environnement,<br />

nombreux logements vétustes <strong>et</strong> hébergements de fortune, personnes sans protection sociale,<br />

sans logement, environnement insalubre …


Principes méthodologiques<br />

Page 57 sur 70<br />

Depuis son origine, la méthode Catalyse se réfère à trois concepts qui sont devenus<br />

les concept de références de l’intelligence territoriale : le développement durable, le territoire<br />

<strong>et</strong> l’information. La méthode Catalyse a également toujours fondé son origine son originalité<br />

sur le respect des principes éthiques du développement.<br />

Du développement durable, Catalyse tire trois principes :<br />

1. Les besoins des personnes, <strong>et</strong> non les compétences des acteurs, constituent<br />

l’obj<strong>et</strong> prioritaire d’un diagnostic ou d’une évaluation <strong>et</strong> le niveau de base de<br />

l’observation. Les résultats en terme de satisfaction des besoins exprimée par<br />

les personnes constitue la référence avant les moyens consommés par les<br />

acteurs pour obtenir ces résultats.<br />

2. La participation des personnes, <strong>et</strong> non seulement des acteurs, dans<br />

l’élaboration, la gestion <strong>et</strong> l’évaluation des actions. Les actions proposées par<br />

les acteurs publics, privés ou associatifs pour satisfaire ces besoins, sont<br />

considérés, autant que faire se peut, comme des services <strong>et</strong> non comme des<br />

aides ou de l’assistance.<br />

3. L’approche globale, multidimensionnelle <strong>et</strong> multisectorielle, <strong>et</strong> donc son<br />

corollaire : le partenariat.<br />

Catalyse a toujours considéré le territoire, système résultant de l’interaction entre<br />

un espace géographique <strong>et</strong> une communauté, comme l’environnement dans lequel s’inscrit un<br />

proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> dans lequel ce dernier doit être observé si on veut en comprendre sa pertinence <strong>et</strong><br />

son impact.<br />

Catalyse a considéré d’emblée l’information comme le nouveau vecteur du<br />

développement après l’agriculture <strong>et</strong> l’industrie. Nous n’ignorons pas toutefois que<br />

l’informatisation de la société a fortement aggravé l’état endémique de crise économique <strong>et</strong><br />

sociale enclenchée par la crise énergétique depuis 1973. Les outils Catalyse utilisent<br />

largement les technologies de l’information <strong>et</strong> de la communication pour organiser le partage<br />

des information <strong>et</strong> pour favoriser le travail collectif en dépit des distances. Catalyse utilise<br />

également les méthodes statistiques multicritères, l’analyse spatiale, la gestion par proj<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

l’évaluation. Nous connaissons également les risques que présente l’usage des technologies<br />

de l’information à l’encontre des libertés individuelles. Le partenariat <strong>et</strong> la participation sont


les principes éthiques qui encadrent l’usage des technologies de l’information <strong>et</strong> de la<br />

communication, outils d’analyse multicritère <strong>et</strong> spatiale compris, dans les proj<strong>et</strong>s qui<br />

s’affirment de développement durable.<br />

Page 58 sur 70<br />

Notons que les principes de Catalyse sont cohérents avec les orientations de<br />

l’Union Européenne. Les programmes européens ont introduit depuis les années 80 l'exigence<br />

de la gestion par proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> de l'évaluation dans tous les appels à proj<strong>et</strong>s; ainsi que les critères<br />

de participation, d'approche globale <strong>et</strong> de partenariat. En 2000, le somm<strong>et</strong> de Lisbonne a<br />

placé la société de la connaissance <strong>et</strong> le développement durable en tête des orientations de<br />

l'Union Européenne : 1) être l’économie de la connaissance la plus compétitive ; 2) Être<br />

capable d’une croissance durable <strong>et</strong> 3) améliorer la cohésion sociale. Le conseil européen de<br />

Göteborg a ajouté en 2001 la dimension environnementale aux orientations économiques <strong>et</strong><br />

sociales du processus de Lisbonne.<br />

Méthode<br />

Figure 3 : Schéma général de la méthode Catalyse


Page 59 sur 70<br />

La méthode Catalyse perm<strong>et</strong> aux partenariats d’acteurs de répondre à trois<br />

questions <strong>et</strong> de confronter les résultats pour définir des actions de développement durable.<br />

1. Quels sont les besoins des personnes ?<br />

2. Les ressources, produits <strong>et</strong> services individuels ou collectifs, privés ou publics -<br />

disponibles sur le territoire peuvent-elles satisfaire ces besoins ?<br />

3. Quelles sont les potentialités <strong>et</strong> les vulnérabilités du territoire qui conditionnent<br />

les besoins des personnes <strong>et</strong> qui favorisent, ou qui freinent, une meilleure adaptation des<br />

ressources aux besoins ?<br />

territoriale :<br />

Pour répondre à ces questions Catalyse propose trois outils d’intelliegence<br />

- Un diagnostic quantitatif <strong>et</strong> qualitatif, pour définir <strong>et</strong> mesurer les principaux<br />

profils de besoins des personnes.<br />

- Un répertoire de ressources disponibles sur le territoire pour les confronter aux<br />

profils de besoins en afin d'améliorer la pertinence des services <strong>et</strong> d'évaluer leur efficience.<br />

- Des systèmes d’indicateurs territoriaux utiles pour estimer l'impact des activités<br />

des services au niveau du territoire <strong>et</strong> de la communauté territoriale.<br />

Ces outils m<strong>et</strong>tent en œuvre plusieurs outils d’analyse des données :<br />

Le guide de diagnostic <strong>et</strong> d'évaluation recueille les données individuelles selon une<br />

approche multisectorielle : emploi, logement, santé, social, autonomie … Il débouche sur un<br />

proj<strong>et</strong> individuel sous forme d'activités à réaliser. Il est structuré sous la forme d’un<br />

questionnaire remplit conjointement par un (éventuellement plusieurs) acteur(s) <strong>et</strong> la<br />

personne, pour faciliter le stockage des informations dans des bases de données, puis leur<br />

traitement automatisé à l’aide de logiciels statistiques, d’analyse multicritère, de cartographie<br />

<strong>et</strong> d’analyse spatiale.<br />

Le logiciel epragma enregistre les réponses en ligne <strong>et</strong> les stocke dans une base de<br />

données unique. Les données peuvent être regroupées en temps réel pour établir des tableaux<br />

de bord quantitatifs par action, par service <strong>et</strong> au niveau du territoire.<br />

Anaconda, logiciel d'analyse multicritère établit une typologie des personnes à<br />

l'échelle du territoire. C<strong>et</strong>te typologie m<strong>et</strong> en valeur les principaux profils de besoins qui<br />

appellent des réponses appropriées.


Page 60 sur 70<br />

Le guide sert ensuite pour évaluer les par<strong>cours</strong> individuels, les services <strong>et</strong> les<br />

dispositifs territoriaux en confrontant activités prévues aux actions réalisées en fonction de la<br />

satisfaction des besoins des personnes.<br />

Le répertoire de services est une base de données qui peut être actualisée en<br />

Intran<strong>et</strong> <strong>et</strong> consultée sur Intern<strong>et</strong>. Il inventorie les services aux personnes <strong>et</strong> les services à la<br />

communauté accessibles aux habitants du territoire. Chaque service est décrit grâce à un<br />

formulaire : coordonnées, secteur d'activité, activités, publics accueillis, capacités.<br />

Outil quotidien de consultation <strong>et</strong> de gestion des services, le répertoire perm<strong>et</strong><br />

également la comparaison avec les données individuelles du guide afin d'apprécier<br />

l'adaptation des services aux besoins exprimés, au niveau d'un proj<strong>et</strong> ou du territoire. C<strong>et</strong>te<br />

comparaison se fonde également sur des tableaux de bord <strong>et</strong> sur des typologies de service.<br />

Le système d'indicateurs territoriaux intègre une sélection d'informations à<br />

caractère socio-économique décrivant le territoire <strong>et</strong> la communauté territoriale.<br />

Alors que les données du guide <strong>et</strong> du répertoire, sont directement collectées par le<br />

partenariat auprès des personnes <strong>et</strong> des services, les indicateurs sont constitués <strong>et</strong> fournis par<br />

les services statistiques d'institutions spécialisées. Certains indicateurs sont directement<br />

accessibles sur Intern<strong>et</strong>. Ils doivent être compatibles avec les données du guide <strong>et</strong> du<br />

répertoire afin d’autoriser les confrontations.<br />

Le système d'indicateurs territoriaux perm<strong>et</strong> d'éditer en ligne des cartes<br />

d'indicateurs territoriaux (web mapping). Il cartographie aussi les besoins <strong>et</strong> les services <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong> d'analyser leur répartition spatiale.<br />

Spécifications méthodologiques des outils.<br />

La caENTI a permis de rédiger les spécifications méthodologiques des outils<br />

d’intelligence territoriale en partant des diverses expériences Catalyse en Europe.<br />

Les outils informationnels (guide, répertoire <strong>et</strong> indicateurs) <strong>et</strong> les logiciels<br />

d’analyse des données (pragma, anaconda, cartographie) ont été harmonisés en confrontant<br />

les outils utilisés sur les différents sites <strong>et</strong> en dégageant les contenus communs. Les résultats<br />

ont été confrontés avec les standards européens lorsqu’ils existaient.<br />

La caENTI a intégré les différents outils élaborés par les différents observatoires<br />

européens Catalyse participants à la caENTI. Comme ce sont les acteurs qui sélectionnent les


informations <strong>et</strong> les indicateurs qui leur seront utiles, les outils variaient d’un observatoire à<br />

l’autre. La caENTI a identifié les données locales que tous les acteurs utilisaient<br />

indépendamment des différents contextes, puis elle les a harmonisé avec les indicateurs<br />

contextuels publiés par Eurostat ou, à défaut, par les instituts nationaux.<br />

Page 61 sur 70<br />

Ainsi elle a repéré les données locales qui pouvaient être confrontées avec des<br />

indicateurs territoriaux Eurostat dans le guide utilisé pour définir les besoins des personnes <strong>et</strong><br />

dans le descriptif des services. A défaut, elle a étudié les possibilités de comparaison avec les<br />

données publiées par des instituts nationaux.<br />

Figure 4 : Harmonisation des outils Catalyse à l’échelle européenne (caENTI 2007)<br />

L’harmonisation des outils a été également permis d’améliorer les confrontations<br />

entre les trois outils : guide, répertoire <strong>et</strong> indicateurs territoriaux.<br />

Il s’agissait également d’améliorer les confrontation entre les données locales, qui<br />

concernent la définition des besoins des personnes <strong>et</strong> la description des services avec les<br />

données externes fournies par des services statistiques spécialisés. Ces données sont<br />

collectées à l’aide de guides pour les données personnelles <strong>et</strong> de formulaires pour les<br />

services.<br />

Le guide a été précédemment découpé en trois parties :<br />

- La partie « acceuil-orientation » (reception-orientation dans la figure suivante<br />

en anglais) rassemble en une page des questions objectives, présentant peu<br />

d’ambiguïté, qui peuvent être renseignées au <strong>cours</strong> d’un premier entr<strong>et</strong>ien.


Page 62 sur 70<br />

- La partie « proj<strong>et</strong> » (project) est une partie de diagnostic qui se termine par le<br />

« proj<strong>et</strong> » exprimé par la personne sous la forme de services consommables au<br />

<strong>cours</strong> d’une période d’une année, les « services proposés » (necessary<br />

services). Elle est remplie par un acteur, ou par le référent d’un réseau<br />

d’accompagnement, ou par la personne, avec l’accord de c<strong>et</strong>te dernière.<br />

- La partie « évaluation » perm<strong>et</strong> d’abord de voir périodiquement les « activités<br />

réalisées » (made services) qui peuvent être périodiquement comparées aux<br />

activités prévues, pour évaluer l’efficience du proj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te partie contient<br />

également des questions perm<strong>et</strong>tant de recueillir des informations objectives<br />

sur l’évolution de la situation de la personne ainsi que son sentiment subjectif<br />

sur c<strong>et</strong>te évolution.<br />

Figure 5 : Intégration des outils<br />

La figure précédente illustre la comparaison entre les données individuelles du<br />

guide au centre, les données sur les services du répertoire (repertory form) à droite <strong>et</strong> le<br />

système d’indicateurs territoriaux (territorial indicators) à gauche. Au sein du guide,<br />

l’identification des services nécessaires (necessary services) au terme de l’élaboration du<br />

proj<strong>et</strong> individuel (au <strong>cours</strong> d’entr<strong>et</strong>iens avec le référent qui accompagne la personne) prépare


la comparaison avec les services réalisés (made services) qui sera opérée plus tard, au<br />

moment de l’évaluation individuelle.<br />

Page 63 sur 70<br />

Les guides individuels sont agrégés par services, puis au niveau territorial, pour<br />

évaluer l’efficience des services, puis du proj<strong>et</strong>. L’homogénéité des listes de services du<br />

guide avec les services (existing services) du répertoire perm<strong>et</strong> l’analyse de la bonne<br />

adéquation des services existants aux services nécessaires <strong>et</strong> réalisés, au niveau des servies<br />

puis au plan territorial.<br />

Au niveau des indicateurs territoriaux Catalyse confronte des données locales -<br />

définies, collectées <strong>et</strong> analysées au sein des partenariats d’acteurs, avec les indicateurs<br />

contextuels fournis par des instituts statistiques spécialisés.<br />

Aussi, les données individuelles du guide doivent être compatibles avec les<br />

indicateurs territoriaux contenus dans les systèmes d’indicateurs territoriaux, soit pour<br />

confronter le données individuelles agréées au niveau d’un territoire avec les indicateurs<br />

contextuels provenant des institutions statistiques, soit pour compléter ces indicateurs<br />

contextuels avec des indicateurs locaux, constitués à partir de données collectées (à l’aide du<br />

guide ou des répertoires de services).<br />

Les observatoires Catalyse développent des indicateurs territoriaux à partir des<br />

données qu’ils collectent, dans des territoires <strong>et</strong>/ou dans des secteurs (santé par exemple),<br />

pour lesquels les instituts spécialisés ne publient pas d’indicateurs.<br />

Ainsi Catalyse perm<strong>et</strong> d’évaluer distinctement l’efficience d’un proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> son<br />

impact à partir de la satisfaction des besoins individuels. L’agrégation peut se poursuivre au<br />

niveau d’un programme <strong>et</strong> d’une politique sans confusion entre l’efficience, le fait de réaliser<br />

l’objectif du proj<strong>et</strong> pour un groupe cible à un coût raisonnable, <strong>et</strong> l’impact du proj<strong>et</strong> sur le<br />

territoire <strong>et</strong> sur la communauté territoriale.<br />

Les logiciels d’analyse des données ont également fait l’obj<strong>et</strong> d’une harmonisation<br />

concrétisée par des spécifications méthodologiques favorisant une meilleure accessibilité <strong>et</strong><br />

une robustesse accrue. Ces spécifications ont permis d’engager le développement de versions<br />

multilingues, cross-platform (qui fonctionnent sur tous les types d’ordinateurs <strong>et</strong> sur tous les<br />

systèmes d’exploitation), <strong>et</strong> de versions en ligne dont la mise en œuvre suppose un simple<br />

navigateurs. Ces versions sont disponibles en ligne sur Catalyse community :<br />

http://www.intelligence-territoriale.eu/catalyse/


Page 64 sur 70<br />

Les figures suivantes montre le proj<strong>et</strong> epragma en ligne <strong>et</strong> le prototype de la<br />

version multiplateforme de Anaconda.<br />

Figure 6 : Nouvelle version de Pragma en ligne<br />

Figure 7 : Nouvelle version du logiciel Anaconda d’analyse qualitative des données.


Page 65 sur 70<br />

Un prototype de SiT a été réalisé à l’échelle européenne. Les observatoires<br />

Catalyse stockent les indicateurs territoriaux dans un système d’indicateurs territoriaux SiT,<br />

architecturés comme des SIG, pour les confronter aux données collectées auprès des<br />

personnes <strong>et</strong> des services. Ces SiT ne sont pas des SIG, ils utilisent des outils gratuits <strong>et</strong> ils<br />

sont accessibles sur Intern<strong>et</strong> pour effectuer de la cartographie interactive en ligne (web<br />

mapping).<br />

Figure 8 : prototype de webmapping européen d’indicateus territoriaux.<br />

La gestion participative de Catalyse au sein des partenariats multisectoriels<br />

Les acteurs de Catalyse forme généralement des « partenariats de<br />

développement ». Ce sont des réseaux territoriaux, temporaires, reliant des membres distants<br />

<strong>et</strong> dispersés dans différentes organisations. Ils sont multisectoriels dans deux sens :<br />

Ils regroupent des acteurs des secteurs public, privé <strong>et</strong> associatifs dans la logique<br />

de la <strong>gouvernance</strong> locale.<br />

Ils rassemblent sur un territoire des acteurs proposant des services dans divers<br />

secteurs d'activité, conformément au développement durable.<br />

Ils sont réunis par un proj<strong>et</strong> commun pour réaliser ensemble un objectif concerté <strong>et</strong><br />

concr<strong>et</strong> de développement durable.<br />

La méthode Catalyse définit les principes qui perm<strong>et</strong>tent d’instaurer une<br />

<strong>gouvernance</strong> participative au sein des partenariats de développement au niveau de leur


organisation <strong>et</strong> de leur fonctionnement. C<strong>et</strong>te <strong>gouvernance</strong> se fonde sur l’intégration des<br />

tâches d’observation, qui constituent des outils au service du partenariat dont l’objectif est<br />

l’action.<br />

Page 66 sur 70<br />

La <strong>gouvernance</strong> participative des partenariats de développement s’intéresse ainsi<br />

particulièrement au processus qui perm<strong>et</strong> d’améliorer la compréhension des besoins des<br />

personnes au sein d’une dynamique territoriale <strong>et</strong> qui doit déboucher sur la mise en œuvre<br />

d’actions de développement durable de ce territoire.<br />

La caENTI a modélisé les c<strong>et</strong>te <strong>gouvernance</strong> dans le schéma suivant, qui<br />

positionne le partenariat de développement <strong>et</strong> l’équipe de coordination qui assure le<br />

management <strong>et</strong> la coordination du partenariat ainsi que les tâches d’observation.<br />

Figure 9 : Gestion participative de Catalyse au sein des partenariats<br />

Le partenariat de développement est un instrument de <strong>gouvernance</strong> locale qui<br />

procure un cadre de coopération pour les acteurs publics <strong>et</strong> privés, spécialisés dans plusieurs<br />

secteurs d’activité, qui souhaitent réaliser une action répondant à un objectif concerté, en<br />

partageant leurs informations, leurs compétences <strong>et</strong> leurs ressources.


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Pour la Commission Européenne la <strong>gouvernance</strong> désigne : “ La somme des voies<br />

<strong>et</strong> moyens à travers lesquels les individus <strong>et</strong> les institutions, publiques ou privées, gèrent leurs<br />

affaires communes. Il s’agit d’un processus continu grâce auquel les divers intérêts en conflit<br />

peuvent être arbitrés <strong>et</strong> une action coopérative menée à bien 69 ”. C’est un processus interactif :<br />

une succession d’étapes à travers lesquelles des acteurs nombreux n’ayant pas le même<br />

intérêt <strong>et</strong> agissant à différentes échelles, mais confrontés à un même problème vont<br />

progressivement construire une représentation commune de c<strong>et</strong>te réalité, lui donner un sens,<br />

se fixer des objectifs, adopter des solutions puis les m<strong>et</strong>tre en œuvre collectivement sans que<br />

rien - ni c<strong>et</strong>te représentation, ni ces objectifs, ni ce sens, ni c<strong>et</strong>te interaction ne soient<br />

déterminés à l’avance.<br />

Le partenariat est résolument orienté vers l’action. Le diagnostic, l’évaluation <strong>et</strong><br />

l’observation constituent pour lui un outil au service de l’action, utile pour évaluer la<br />

pertinence, l’efficacité <strong>et</strong> l’impact de leur action.<br />

Le partenariat est une association informelle, sans structure hiérarchique, constitué<br />

entre des organismes distants <strong>et</strong> dispersés réunis volontairement pendant une durée<br />

déterminée pour réaliser un objectif commun. Chaque participant conserve son organisation<br />

<strong>et</strong> son autonomie de gestion.<br />

Le partenariat est généralement animé par une équipe de coordination, qui assure<br />

les tâches qui concernent le management du partenariat, la communication <strong>et</strong> l’observation,<br />

éventuellement avec l’aide de partenaires.<br />

La répétition régulière du diagnostic, l'actualisation permanente du répertoire <strong>et</strong> des<br />

indicateurs contextuels alimentent un système d'information partagé <strong>et</strong> participatif. Elles<br />

débouchent sur une logique d'observation qui génère le besoin de nouvelles compétences qui<br />

sont regroupées dans une équipe de coordination souvent appelée « observatoire ». Ces<br />

compétences concernent la gestion informatique des réseaux <strong>et</strong> des bases de données,<br />

l’analyse quantitative <strong>et</strong> qualitative des données, l’analyse spatiale, la documentation, la<br />

communication interne <strong>et</strong> externe (site, newsl<strong>et</strong>ter, blog, journal interne, relations avec la<br />

presse) <strong>et</strong> l’aide au montage de proj<strong>et</strong>.<br />

L’équipe de coordination peut être hébergée par l’un des partenaires ou par une<br />

structure juridique constituée par l’ensemble des partenaires, comme une association ou un<br />

69 Christophe BAIL, 1996.


consortium. Elle est intégrée au sein d’une structure hiérarchique, sous le contrôle d’un<br />

conseil d’administration, alors qu’elle coordonne le partenariat de façon transversale.<br />

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L'université constitue un partenaire de proximité important qui apporte aux<br />

partenariats <strong>et</strong> à leurs observatoires de nombreux services en matière de recherche :<br />

- Connaissance approfondie du territoire, de ses dynamiques <strong>et</strong> des indicateurs ;<br />

- Prestations scientifiques hautement spécialisées ;<br />

- Apport <strong>et</strong> transfert de compétences scientifiques <strong>et</strong> techniques dans les domaines<br />

qui manquent souvent le plus dans les partenariats comme l’informatique, l’analyse<br />

statistique <strong>et</strong> spatiale, <strong>et</strong>c.<br />

- Partage des équipements coûteux : serveurs spécialisés, SIG à un coût accessible<br />

pour les acteurs sociaux, environnementaux <strong>et</strong> culturels ;<br />

- Transfert d’outils pour, avec <strong>et</strong> par les acteurs.<br />

Les activités du partenariat constituent des débouchés pour les étudiants qui sortent<br />

de formations supérieures, en particulier les activités de la coordination. Nous avons observé<br />

que des acteurs reprennent leurs études <strong>et</strong> valident des diplômes pour progresser au sein du<br />

partenariat. Des équipes de recherche <strong>et</strong> des chercheurs rejoignent également le partenariat<br />

dans le cadre de la recherche-action.<br />

Au <strong>cours</strong> de la dissémination de la méthode Catalyse, les universités voisines ont<br />

toujours été associées aux partenariats, pour apporter le conseil, la formation <strong>et</strong><br />

l’accompagnement scientifiques, méthodologiques <strong>et</strong> techniques utiles à la réalisation des<br />

diagnostics, des évaluations <strong>et</strong> des observations par les acteur. C’est la pratique ouverte qui a<br />

permis la constitution du réseau ENTI constitué d’équipes de recherche <strong>et</strong> d’acteurs<br />

territoriaux.<br />

Des sociétés de service proposent également leurs services, notamment au niveau<br />

de la maintenance informatique, de l’animation, de la communication <strong>et</strong> de<br />

l’accompagnement méthodologique <strong>et</strong> technique. Elles constituent également des débouchés<br />

intéressants pour les étudiants qui sortent des universités <strong>et</strong> que les universités doivent éviter<br />

de concurrencer par une sage répartition des rôles.<br />

Le groupe opérationnel multisectoriel réunit périodiquement l’ensemble des<br />

acteurs du partenariat impliqués dans l’action commune. Un comité de pilotage formé de


esponsables des structures participant au partenariat <strong>et</strong> d'experts réalise le suivi <strong>et</strong> évalue le<br />

groupe opérationnel.<br />

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Le groupe opérationnel constitue l’instance de proposition qui valide les décisions<br />

à soum<strong>et</strong>tre aux élus territoriaux ou aux instances délibératives des partenaires. C’est<br />

l’instance décisionnelle pour les tâches qui relèvent de l’exécution de ces décisions <strong>et</strong> de la<br />

mise en œuvre du proj<strong>et</strong>.<br />

Dans le cadre des diagnostics, de l’évaluation <strong>et</strong> de l’observation, le groupe<br />

opérationnel définit de façon cohérente les informations utiles : guide, répertoire <strong>et</strong><br />

indicateurs, <strong>et</strong> les actualise périodiquement. Les partenaires peuvent collecter<br />

individuellement les données sur Intran<strong>et</strong>, ou utiliser un panel. Ils partagent les données <strong>et</strong><br />

leurs informations pour l’analyse de ces données. Le groupe opérationnel valide les profils de<br />

besoin <strong>et</strong> définit des ateliers pour approfondir leur analyse. Il supervise les analyses <strong>et</strong> valide<br />

les interprétations <strong>et</strong> les conclusions avant leur publication sur Intern<strong>et</strong>.<br />

Les acteurs approfondissent les résultats <strong>et</strong> les interprètent au sein d'ateliers<br />

thématiques constitués en fonctions des profils de besoins. Les ateliers confrontent les<br />

besoins résultant du diagnostic avec le répertoire des services pour identifier les lacunes <strong>et</strong> les<br />

inadaptations de l’offre de services. Ils comparent la distribution territoriale des besoins avec<br />

celle des services. Ils confrontent les résultats aux indicateurs territoriaux pour exploiter les<br />

potentialités du territoire <strong>et</strong> pour tenir compte de ses contraintes.<br />

C’est au sein des ateliers que s’améliore la compréhension des dynamiques<br />

<strong>territoriales</strong>, des besoins de la communauté territoriale, que s’améliore la capacité des<br />

services à répondre à ces besoins <strong>et</strong> que s’élaborent de nouvelles actions. Toutefois, les<br />

ateliers n'ont pas vocation a gérer des proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des actions, sinon ils se substitueraient aux<br />

acteurs partenaires. Ils ont pour vocation d'inciter les acteurs à faire évoluer leurs services, <strong>et</strong><br />

à leur perm<strong>et</strong>tre créer de nouveaux services, de facilité l’innovation. Ils facilitent souvent le<br />

rapprochement d'acteurs pour créer des services communs. Les ateliers sont également un<br />

lieu d'évaluation des actions nées en leur sein.<br />

Les proj<strong>et</strong>s d'évolution, de création <strong>et</strong> de financement de proj<strong>et</strong>s, sont élaborés dans<br />

des groupes proj<strong>et</strong> de p<strong>et</strong>ite taille qui assurent chacun le « montage » opérationnel,<br />

organisationnel <strong>et</strong> financier d’un proj<strong>et</strong>. Ils sont assistés par l’équipe de coordination qui leur<br />

fournit les informations <strong>et</strong> les compétences nécessaires.


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Une équipe d'animation constituée de membres délégués du partenariat assure la<br />

préparation, la modération <strong>et</strong> les comptes-rendus du groupe opérationnel <strong>et</strong> des ateliers.<br />

Les systèmes communautaires d’intelligence territoriale<br />

qui perm<strong>et</strong>tent :<br />

La caENTI a enfin permis d’établir les spécifications de systèmes d’information<br />

- d’intégrer les logiciels d’analyse quantitative <strong>et</strong> qualitative des données <strong>et</strong><br />

d’analyse spatiale (en bleu dans la figure suivante)<br />

- les protocoles de traitement afin de les automatiser ou de les guider (rouge)<br />

- le work-flow documentaire (standardisation des documents, méta-données)<br />

éditorial <strong>et</strong> de la collecte des données à la publication des résultats sur Intern<strong>et</strong> (jaune)<br />

- les besoins <strong>et</strong> les usages des différentes instances du partenariat <strong>et</strong> de la<br />

communauté territoriale (orange)<br />

Figure 10 : systèmes communautaires d’intelligence territoriale<br />

Ces systèmes procurent une premier schéma synthétique des méthodes <strong>et</strong> des outils<br />

de l’intelligence territoriale dans leur diversité, en montrant comment ils peuvent être mis au<br />

service de la communauté territoriale, pour que l’information partagée, « embarquée » dans le<br />

système, contribuent à l’intelligence collective de c<strong>et</strong>te communauté.

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