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Jean Jacques hatt Mythes et dieux de la Gaule, tome II 1

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QUATRIEME PARTIE (Suite du volume I)<br />

DIVINITES MASCULINES<br />

Chapitre I<br />

UN DIEU ARCHAÏQUE, PLURIVALENT ET POLYMORPHE : SUCELLUS - SILVAIN - DISPATER -<br />

VULCAIN<br />

SUCELLUS ET LE GRAND DIEU CELTIQUE PLURIVALENT ?<br />

P. Lambrechts, qui fut le premier à aller au fond <strong>de</strong>s choses <strong>et</strong> à orienter sa recherche dans le sens même <strong>de</strong>s<br />

réalités celtiques <strong>et</strong> gallo-romaines, nous a donné <strong>de</strong> Sucellus une excellente définition : "De tout ce qui précè<strong>de</strong>, il<br />

découle nécessairement que le dieu au maill<strong>et</strong> fut une divinité celtique aux attributions multiples. Divinité protectrice<br />

<strong>de</strong>s hommes, <strong>de</strong>s maisons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fruits, dieu <strong>de</strong>s richesses <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité, dieu du ciel <strong>et</strong> du tonnerre, démon <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mort <strong>et</strong> Père <strong>de</strong> <strong>la</strong> race gauloise, principe phy<strong>la</strong>ctérique invoqué contre le mauvais sort, peut-être aussi dieu <strong>de</strong>s combats<br />

<strong>et</strong> dieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, tel il nous apparaît sur les monuments gaulois." 12 Toutefois, il ajoute : "Le dieu au maill<strong>et</strong> a été une<br />

<strong>de</strong>s principales formes sous lesquelles s'est manifesté le grand dieu national celtique". Dans c<strong>et</strong>te affirmation, nous ne<br />

saurions le suivre, car c<strong>et</strong>te notion <strong>de</strong> grand dieu national <strong>de</strong>s Gaulois est une abstraction qui ne correspond ni à l'essence<br />

même du panthéon indo-européen <strong>et</strong> trifonctionnel <strong>de</strong>s Celtes, ni, comme nous l'avons vu, à l'évolution <strong>de</strong>s milieux<br />

provinciaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> aux époques protohistoriques <strong>et</strong> historiques. En eff<strong>et</strong>, nous avons pu prouver que <strong>la</strong> plurivalence<br />

<strong>de</strong> certains <strong>dieux</strong> gallo-romains, comme Jupiter ou Mercure, n'était nullement due à une unité originelle, mais à <strong>de</strong>s<br />

métissages avec les éléments religieux <strong>de</strong>s substrats antérieurs aux Celtes. Il est donc essentiel <strong>de</strong> considérer d'abord<br />

c<strong>et</strong>te divinité dans ses origines <strong>et</strong> dans son évolution au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Protohistoire.<br />

ORIGINE HALLSTATTIENNE DE SUCELLUS : SA REPARTITION GEOGRAPHIQUE<br />

La répartition même <strong>de</strong>s inscriptions mentionnant ce dieu, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s images qui le représentent témoigne <strong>de</strong> son<br />

origine hallstattienne. En eff<strong>et</strong>, Lambrechts écrit 13 : "Si nous j<strong>et</strong>ons un coup d'oeil sur <strong>la</strong> carte <strong>de</strong> dispersion<br />

géographique du dieu au, nous voyons que son culte se répartit en trois groupes : l'embouchure <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vallée du Rhône, le<br />

Rhône supérieur <strong>et</strong> <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Saône, surtout le pays héduen, enfin un troisième groupe, beaucoup moins important,<br />

dans le Nord-Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, surtout en pays médiomatrique. L'on peut affirmer que <strong>la</strong> région du Rhône <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Saône<br />

doit être considérée comme le lieu d'origine du dieu au maill<strong>et</strong>".<br />

C<strong>et</strong>te répartition, avec ses <strong>de</strong>ux pôles méridional <strong>et</strong> septentrional : basse vallée du Rhône en Provence,<br />

Héduens-Lingons-Senons, milite pour une origine hallstattienne <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te divinité. Il est probable que son culte est né<br />

dans le cours supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire <strong>et</strong> le cours moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> Saône, dans c<strong>et</strong>te région héduenne-lingonne-senonne, dont<br />

nos étu<strong>de</strong>s régionales ont démontré <strong>la</strong> personnalité <strong>et</strong> l'homogénéité. Ce fut, à l'époque hallstattienne (V<strong>II</strong>Ie-VIe siècle<br />

avant J.C.), le principal centre <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s tombes à épées <strong>de</strong>s guerriers celtiques, <strong>et</strong> leur pôle <strong>de</strong> dispersion vers<br />

l'Ouest <strong>et</strong> le Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. De même, les régions montagneuses <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence <strong>et</strong> <strong>la</strong> région du Bas-Rhône ont livré un<br />

certain nombre <strong>de</strong> tombes hallstattiennes anciennes, ainsi que <strong>la</strong> garrigue <strong>la</strong>nguedocienne au Nord <strong>de</strong> Nîmes. D'autre<br />

part, c<strong>et</strong>te région héduenne-lingonne-senonne <strong>de</strong>vait <strong>de</strong>venir, comme nous l'avons vu pour le culte <strong>de</strong> Mars, l'un <strong>de</strong>s<br />

principaux creus<strong>et</strong>s où <strong>de</strong>vaient se fondre cultes celtiques <strong>et</strong> cultes préceltiques <strong>de</strong> tous les niveaux, encore à l'époque<br />

romaine.<br />

SUCELLUS ET TARANIS, LES MONNAIES GAULOISES<br />

P. Lambrechts a soutenu que le dieu au maill<strong>et</strong> n'était qu'une variante du dieu du ciel Taranis. Il se fondait, pour<br />

l'affirmer, sur le fait que beaucoup <strong>de</strong> statu<strong>et</strong>tes en bronze du dieu au maill<strong>et</strong> sont gravées d'ornements en forme <strong>de</strong> S,<br />

<strong>de</strong> cercles pointés ou irradiés qui sont <strong>de</strong>s symboles du dieu sidéral. En réalité, les rapports entre Taranis <strong>et</strong> le dieu au<br />

maill<strong>et</strong> doivent être envisagés dans une perspective englobant à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> protohistoire <strong>et</strong> l'époque gallo-romaine.<br />

12 LAMBRECHTS, P., Contribution à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>dieux</strong> celtiques, p. 114-115<br />

13 LAMBRECHTS, P. , op. cit. , p. 115<br />

<strong>Jean</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>hatt</strong><br />

<strong>Mythes</strong> <strong>et</strong> <strong>dieux</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, <strong>tome</strong> <strong>II</strong><br />

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