Jean Jacques hatt Mythes et dieux de la Gaule, tome II 1

allusion au nectar d'immortalité, à la fabrication duquel il préside et qu'il offre aux mortels comme aux défunts dans le
gobelet qu'il tient dans sa main droite.
Le Sucellus de Vienne
En dépit du caractère indigène celtique de ses attributs, le Sucellus de Vienne, de par sa nudité et le caractère
académique de sa facture, appartient au type le plus romanisé. Il contraste nettement avec celui du Musée de Lyon, dont
le costume, d'un caractère nettement indigène régional, consiste dans un justaucorps à longues manches, s'arrêtant aux
genoux, serré à la taille par une ceinture de cuir nouée 32 . Cette différence dérive du caractère relativement complexe de
la clientèle de cette divinité qui comprenait, à côté d'artisans, d'ouvriers et de paysans, des membres du patriciat urbain
possédant des propriétés à la campagne.
MONUMENTS CULTUELS DU DIEU AU MAILLET. SCULPTURES SUR PIERRE
Nous donnons ici une liste des sculptures représentant le dieu au maillet. Nous n'avons pas tenu compte des
statuettes en bronze, parce que ces dernières, sauf rares exceptions, ne sont pas attachées à un milieu régional. Cette liste
même ne saurait être complète et exhaustive. Elle nous permet toutefois d'ébaucher une répartition régionale, et de
déterminer les principales caractéristiques présentant une signification religieuse.
La répartition d'ensemble, par cités et par grandes régions, est la suivante :
Narbonnaise, peuples peu celtisés : Néarques 3 (compris les deux stèles d'Arles CIL XII 662, 663, déjà citées dans la
liste des dédicaces inscrites). Peuples celtisés : Arécomiques 7, Allobroges 2, Voconces 2, Tricastins 1 = 12. Groupe des
Héduens-Lingons-Senons : Héduens 21, Senons 8, Lingons 1 = 30. Divers Gaule : Arvernes 1, Lémovices 1, Ségusiaves
3, Ambarres 1, Séquanes 1, Leuques 4, Triboques 1, Médiomatriques 1, Gabales 1 = 14.
Germanie militaire : Mayence 1, Limes 2 = 3.
Sont significatives, l'absence ou l'extrême rareté des monuments figurés chez les peuples peu celtisés, alors que ces
derniers ont fourni une quantité importante de dédicaces et de maillets figurant sur des autels ; la concentration des
monuments est importante chez les Héduens.
SUCELLUS ET LES MARS INDIGENES PRECELTIQUES
Si l'on fait le total des divers témoignages du culte de Sucellus, inscriptions, maillets, représentations figurées,
on obtient les résultats suivants : peuples peu celtisés de la Narbonnaise : inscriptions 28, maillets 40, représentations 3 =
71.
Héduens, Lingons, Senons : inscriptions 0, maillets 30, représentations de personnages, etc... 30 = 60. Ce sont donc les
peuples les moins celtisés de Narbonnaise, et le groupe des Héduens, Lingons, Senons qui comptent, de beaucoup, le
plus grand nombre de témoignages du culte de Sucellus.
Le point commun dans le passé protohistorique de ces deux groupes est la prédominance du culte de Mars préceltique.
Le dieu Sucellus ne saurait donc être considéré comme un dieu purement et exclusivement celtique. C'est une divinité
hybride, non conforme au système indo-européen des trois fonctions, qui a été amenée à l'époque hallstattienne par une
aristocratie de guerriers porteurs de l'épée de bronze ou de fer, et dont la civilisation n'était pas purement celtique. Le
dieu Sucellus est donc, dès son origine, une divinité hybride. Il s'est associé à certains dieux indigènes plus anciens, ou
au Mars indigène, dans les sanctuaires.
Nous envisagerons maintenant les principaux attributs de Sucellus, pour mieux préciser son caractère et sa
fonction.
LE MAILLET-SCEPTRE
Une grande partie des maillets que tient le dieu est d'une longueur considérable. Leur manche atteint ou
dépasse même la taille du dieu, qui les tient la plupart du temps de la main gauche, s'appuyant sur la hampe, de la même
32 REINACH, S., Bronzes figurés, fig. 159
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