Jean Jacques hatt Mythes et dieux de la Gaule, tome II 1

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CIL XII 1518, N.D. des Anges Silvan (maillet) - Voconces CIL XII 1521, Aubignosc : Silvano c. Iulius Thallus ex voto - Avantici CIL XII 1526, Monétier d'Allemond : Silvano Sex Marius Montanus vslm - Avantici CIL XII 1536, Mont Seleucus : Silvan. D. Roccius Titulus vs - Avantici CIL XIII1571, Die : Silvano Masidia Ingenua - Voconces CIL XII 1834, Vienne : Silvano Aug. Primigenius Victoris servus votum solvit - Allobroges CIL XII 1835, Vienne : Silvano sacrum (maillet) - Allobroges CIL XII 5381, Toulouse : Deo Silvano dom(ino) Becco vslm - Tectosages CIL XII 5960, Narbonne Silvano Aug. sacrum Pompeius Ingenus iussum redidit - Arécomiques CIL XII 3132, Nîmes : Deo Silvano et Libero patri et Nemauso xystarchus synodi - Arécomiques Espérandieu n° 85, Vitrolles : Silvano Anthillus - Salyens Espérandieu n° 86, Mauran : Silvani sibi votum - Salyens Espérandieu n° 146, Saint-Rémy : Silvano L. Val. ex voto - Néarques Espérandieu n° 147, Saint-Rémy : Silvanu L. Val. ex voto - Néarques Espérandieu n° 148, Saint-Rémy : deo Silvano ... ius Silanus ex voto - Néarques Espérandieu n° 162, Ménerbes : Deo Selvano soci Sextus Ilulius Belatullus Catulus Marcellinus vslm - Albiques Espérandieu n° 163, Apt : D.S. Exuperius ex voto - Albiques Espérandieu n° 200, Vaison : Silvano sacrum - Voconces Espérandieu n° 224, Montsalier : Silvano sacrum Pefirus - Avantici Espérandieu n° 413, Nîmes : Silvano V. - Arécomiques Espérandieu n° 516, Aigues Mortes : Iovi et Silvano C. Octavius (maillet, pot, serpe, foudre, roue) - Arécomiques W. 21, Saint-Béat : Silvan Amarad v s l m - Convènes W. 22, Saint-Béat : Silvano deo Tauricus Taurini - Convènes W. 23, Saint-Béat : Natalis Martialis et Sintus officinatores cum suis collegis vslm - Convènes En bas-relief, image de Silvain et quatre scènes illustrant la protection du dieu sur les carrières, les forêts, les troupeaux. Nous pouvons tirer de cette liste de dédicaces des indications de plusieurs ordres. REPARTITION DES INSCRIPTIONS DANS LES DIVERSES TRIBUS Tribus peu celtisées : Albiques 8, Néarques 8, Avantici 5, Salyens 2, Verucini 1, Reii 1, Convènes 5 : total 30. Tribus celtisées : Voconces 6, Arécomiques 4, Allobroges, Tectosages 1, Helvètes, Cavares 2 : total 16. Nous observons d'abord que la majorité des dédicaces provient de tribus peu celtisées, mais où les guerriers hallstattiens du VIIIe-VIIe siècles ont très probablement pénétré. Parmi ces tribus, celles qui ont fourni la plus grande quantité d'inscriptions sont les Néarques et les Albiques. Les Néarques du Rhône Inférieur ont certainement été au contact des guerriers hallstattiens, ainsi que les Albiques de la région d'Apt. C'est dans le territoire de cette dernière région que nous avions déjà constaté la plus forte concentration des Mars indigènes. Il est vraisemblable que le dieu au maillet a été, soit allié, soit assimilé au Mars indigène dans certains sanctuaires de sources. CARRIERES DE SAINT-BEAT ET DE MÉNERBES A ces derniers, il faut ajouter les carrières : W. 21, 22, 23. Le processus d'alliance et d'assimilation d'un dieu topique à un dieu plus généralement adoré est rendu évident par la série des dédicaces à Eriappe, dans la carrière de Saint-Béat, chez les Convènes. En effet, un dieu topique de la montagne et des rochers fait l'objet dans cette dernière, de la plupart des dédicaces : W. 2 à 20. Mais trois de celles-ci sont adressées à Silvain. L'une d'entre elles émane des officinatores, artisans carriers associés à leurs collègues, les deux autres d'indigènes portant des noms du crû pour la plupart : Amarad, Tauriscus, fils de Taurinus. Il y a un parallélisme entre les dédicaces des artisans carriers de Saint- Béat, et celle des soci, compagnons de la carrière de Ménerbes. Si à Saint-Béat le processus d'assimilation de Silvain à Eriappe est évident, dans la série des inscriptions, il est probable qu'à Ménerbes Silvain succède dans la carrière à un dieu plus ancien. HISTOIRE DE LA DIFFUSION DU CULTE DE SILVAIN La répartition du culte de Silvain en Gaule ne correspond donc pas à une permanence traditionnelle, mais à une diffusion assurée d'abord à l'époque hallstattienne par l'aristocratie guerrière, confirmée ensuite régionalement par les allées et venues des artisans pour les carrières, des pèlerins pour les sanctuaires de sources. Jean Jacques hatt Mythes et dieux de la Gaule, tome II 16
Les oracles de Silvain En ce qui concerne ces derniers, il est probable que les formules ex iussu (CIL XII 1335, Vaison) ou iussum redidit (CIL XII 5960 Narbonne) correspondent à un oracle donné par la divinité dans un sanctuaire des eaux. Ex iussu signifie suivant l'ordre du dieu, et la phrase maladroite iussum reddidit peut se traduire, s'est rendu à l'ordre du dieu. Les deux Silvain La comparaison des deux dédicaces d'Arles (CIL XII 662, 663) dont l'une accompagnait, d'après la notice du CIL, la représentation purement romaine d'un Silvain vêtu d'une peau de chèvre et de plus présidant à la vie végétale et à la récolte des fruits, peut nous éclairer sur le processus d'interprétation de la divinité latine. Les deux inscriptions appartiennent à des milieux sociaux différents. Titus Flavius Severus est un patricien urbain très romanisé. Le fait, toutefois, qu'il croie nécessaire d'ajouter à son Silvain, vêtu à la romaine, l'épithète d'Auguste, tendrait à faire croire qu'il le considère comme un dieu indigène. Il nous apporte l'explication d'un fait connu par ailleurs dans l'iconographie de Silvain. Ce dernier, principalement sur les statuettes de bronze, est souvent représenté la tête et le dos couvert de la peau de loup du Silvain latin, et revêtu de la tunique classique, à manches courtes 24 et parfois de façon plus populaire et plus maladroite, du justaucorps indigène à manches longues, serré à la taille par une ceinture visible 25 . Il y a donc deux aspects du Silvain gallo-romain, dont l'un est plus romanisé que l'autre : une forme adaptée à la culture classique de l'aristocratie urbaine, une autre propre aux milieux populaires de la campagne, comme des villes. Sous ce rapport, la dédicace CIL XII 1025, des environs d'Avignon, est particulièrement instructive : elle émane de la familia urbana, c'està-dire de la domesticité urbaine d'un riche propriétaire, Atalicus Firmanus. La "clientèle" de Silvain en Narbonnaise présente donc un double caractère : elle est à la fois répandue dans la haute société, sans doute chez les patriciens urbains enrichis qui disposent de domaines viticoles et de riches villas de campagne, et chez les artisans et les esclaves domestiques 26 . Silvanus dominus En deux inscriptions, CIL XII 1001, N.D. de Beauregard (Néarques) et 5381, Toulouse (Arécomiques), Silvanus est appelé dominus probablement dans le sens de maître de la vie et de la mort, et plus spécialement des Enfers, comme Serapis, auquel il semble bien que dans le processus de l'orientalisation des dieux indigènes, il ait été assimilé, en tant que Seigneur des Enfers, à l'instar de Dispater, son homologue de Germanie. Silvain-Sucellus et Dionysos Une dédicace remarquable entre toutes, de Nîmes (CIL XII 3132 : Deo Silvano et Libero Patri et Nemauso), associe Silvain à Liber Pater ; elle émane du xystarchus synodi directeur du stade de la compagnie des athlètes, titre hellénique 27 . Cette charge, dévolue à d'éminentes personnalités de la cité, se cumulait souvent avec des fonctions de prêtrise, ici probablement de prêtre de Dionysos-Liber Pater. Nous verrons plus loin que les fonctions de Silvain Sucellus s'étendent, dès la Narbonnaise, à la culture de la vigne et à la production du vin. Il faut observer d'autre part que le Silvain-Sucellus de Séguret 28 tient de la main droite un maillet et, de la gauche, une syrinx, qui le rattache au thiase bacchique. Sur le monument de Javols, Silvain est accompagné de la vigne portant des raisins, de tonneaux, d'instruments du culte de Bacchus. Silvanus et Silvana Silvain, en tant que réprésentant de Sucellus, est accompagné parfois, en Narbonnaise, comme en Gaule et en Germanie, d'une parèdre. Cette parèdre apparaît sous le nom de Silvane, datif de Silvana, sur l'inscription de Roussillon (CIL XII 1103). Silvain et Jupiter 24 ROLLAND, H., Bronzes antiques de Haute-Provence, n° 12 25 ROLLAND, H., op. cit., n° 13 26 CIL XII 1834, Vienne, Primigenius Victoris servus. 27 Voir Dict. Ant., article xystus 28 ESPERANDIEU, tome I, n° 301 Jean Jacques hatt Mythes et dieux de la Gaule, tome II 17
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