TNN-journal-2013-2014-web - Théâtre National de Nice
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<strong>TNN</strong>SAISON<strong>2013</strong>>14PAGE7<br />
poste 2<br />
21.01<br />
>1.02<br />
Journal <strong>de</strong> ma<br />
nouvelle oreille<br />
Isabelle Fruchart<br />
Adaptation et mise en scène Zabou Breitman<br />
salle Michel Simon<br />
durée estimée 1 h.20<br />
Création • Avec Isabelle Fruchart • Scénographie Simon Stehlé • Conception<br />
sonore Laury Chanty • Lumière André Diot • Costumes Amina Rezig • Production <strong>Théâtre</strong> Vidy–Lausanne,<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>National</strong> <strong>de</strong> <strong>Nice</strong> - CDN <strong>Nice</strong> Côte d’Azur, <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Châtillon, <strong>Théâtre</strong> Liberté – Toulon en coréalisation<br />
avec le <strong>Théâtre</strong> du Chêne Noir - Avignon<br />
© B. Bressolin<br />
Journal <strong>de</strong> ma nouvelle oreille<br />
Angelo, tyran <strong>de</strong> Padoue<br />
littéraires <strong>de</strong> son époque fait écho à notre propre recherche. Nous portons ainsi notre imaginaire vers une<br />
totale liberté d’expression artistique où le sens et l’image fusionnent, où l’excès et le populaire, dans le sens<br />
le plus pur, se mettent au service d’une élévation <strong>de</strong> l’âme et <strong>de</strong> la pensée. Le climat <strong>de</strong> suspicion, baignant<br />
dans l’espionnage et les manipulations politiques, ouvre notre recherche vidéo-théâtre sur un jeu sophistiqué<br />
<strong>de</strong> caméras dissimulées, telles <strong>de</strong>s portes ouvertes au spectateur sur l’intime, l’émotion, le non-dit théâtral<br />
et vers la face clair-obscur, le scintillement <strong>de</strong> l’âme.<br />
Nous sommes désireux d’une aventure théâtrale sous les lumières venues <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs du passé : pour<br />
explorer l’horizon poétique, dramatique, social et politique aujourd’hui et maintenant.<br />
>Gaële Boghossian et Paulo Correia<br />
Il y a <strong>de</strong> l’utilité et <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur à développer au théâtre et […] mettre en présence, dans une action toute<br />
résultante du cœur, <strong>de</strong>ux graves et douloureuses figures, la femme dans la société, la femme hors <strong>de</strong> la<br />
société, c’est-à-dire, en <strong>de</strong>ux types vivants, toutes les femmes, toute la femme. Montrer ces <strong>de</strong>ux femmes, qui<br />
résument tout en elles, généreuses souvent, malheureuses toujours. Défendre l’une contre le <strong>de</strong>spotisme,<br />
l’autre contre le mépris. […] En regard <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux femmes, faites poser <strong>de</strong>ux hommes, le mari et l’amant,<br />
le souverain et le proscrit, et résumer en eux par mille développements secondaires toutes les relations<br />
régulières et irrégulières que l’homme peut avoir avec la femme d’une part, et la société <strong>de</strong> l’autre. Et puis<br />
au bas <strong>de</strong> ce groupe, qui jouit, qui possè<strong>de</strong> et qui souffre, tantôt sombre, tantôt rayonnant, ne pas oublier<br />
l’envieux, ce témoin fatal, qui est toujours là, que la provi<strong>de</strong>nce aposte au bas <strong>de</strong> toutes les sociétés, <strong>de</strong><br />
toutes les hiérarchies, <strong>de</strong> toutes les prospérités, <strong>de</strong> toutes les passions humaines ; éternel ennemi <strong>de</strong> tout<br />
ce qui est en haut ; changeant <strong>de</strong> forme selon le temps et le lieu, mais au fond toujours le même ; espion à<br />
Venise, eunuque à Constantinople, pamphlétaire à Paris. […] Enfin au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ces trois hommes, entre ces<br />
<strong>de</strong>ux femmes, poser comme un lien, comme un symbole, comme un intercesseur, comme un conseiller, le<br />
dieu mort sur la croix. Clouer toute cette souffrance humaine au revers du crucifix. >Victor Hugo<br />
>Rencontre avec l’équipe artistique le samedi 11 janvier à l’issue <strong>de</strong> la représentation<br />
© P. Correia<br />
l’histoire>>>L’autobiographie sous forme <strong>de</strong> <strong>journal</strong> d’une jeune femme subitement <strong>de</strong>venue<br />
malentendante à l’adolescence et dont le diagnostic a été très tardif. Aucune solution ; elle attendra plus<br />
<strong>de</strong> dix ans pour s’appareiller. Tout est histoire <strong>de</strong> perception. Un conte mo<strong>de</strong>rne qui donne envie d’écouter<br />
les êtres et les choses.<br />
ce qu’ils en DIsent>>>Le Journal <strong>de</strong> ma nouvelle oreille, c’est la perception du mon<strong>de</strong> qui entoure<br />
Isabelle Fruchart. C’est la part d’approximation aussi, qui fait du mon<strong>de</strong> le sien, le nôtre. Et pas exactement<br />
celui <strong>de</strong> notre voisin. Car les approximations <strong>de</strong> chacun ne sont pas les mêmes. Accepter <strong>de</strong> ne pas tout<br />
entendre, pour évaluer le mon<strong>de</strong> dans sa globalité, est la proposition délicate <strong>de</strong> ce texte. Ce sujet profond,<br />
traité avec drôlerie, poésie et légèreté nous amène librement à écouter nos propres sensations. Ce doigt<br />
pointé par Isabelle Fruchart sur notre écoute permet à cette pièce qui expose un problème spécifique <strong>de</strong> le<br />
rendre universel. C’est pour cela qu’il était important qu’elle joue elle-même son histoire. Et que ce soit elle<br />
qui nous invite à écouter pousser les fleurs. >Zabou Breitman<br />
À l’âge <strong>de</strong> 14 ans, j’ai cessé <strong>de</strong> comprendre les paroles <strong>de</strong>s chansons et je me suis mise à copier sur ma<br />
voisine pendant les cours, non que je sois <strong>de</strong>venue subitement nulle en orthographe mais je ne comprenais<br />
plus ce que dictait la prof. Ma sœur partageait ma chambre et quand le soir à table, elle racontait à nos<br />
parents ce que je comprenais quand nous parlions dans le noir, c’était si drôle qu’ils étaient persuadés<br />
que je faisais le clown pour me faire remarquer. Ce n’est que bien plus tard, à l’âge <strong>de</strong> 26 ans, qu’on m’a<br />
diagnostiqué 70% d’audition en moins à chaque oreille. Les cellules avaient disparu, ce n’était pas évolutif,<br />
mais aucune chirurgie ne pouvait me les rendre et l’appareillage risquait <strong>de</strong> me faire perdre le peu<br />
d’audition qui me restait. J’ai continué à vivre avec les oreilles d’une dame <strong>de</strong> 80 ans. Puis l’ai<strong>de</strong> auditive a<br />
été révolutionnée par l’outil numérique. À point nommé. J’étais épuisée <strong>de</strong> faire tant d’efforts pour<br />
comprendre les autres. À l’âge <strong>de</strong> 37 ans, j’ai décidé <strong>de</strong> m’appareiller.<br />
Jour 1<br />
J’ai les mains moites, le cœur battant. Je ne sais pas à quoi m’attendre.<br />
Une voix parle et c’est la mienne. J’entends ma voix. En dolby stéréo à travers les micros. J’entends ma voix.<br />
Mais alors, avant, je ne m’entendais pas ? Je vais enfin pouvoir m’écouter. C’est la première chose que je me dis.<br />
Avant, je ne pouvais pas m’écouter, puisque je ne m’entendais pas.<br />
>Isabelle Fruchart, Extrait du Journal <strong>de</strong> ma nouvelle oreille<br />
>Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 24 janvier à l’issue <strong>de</strong> la représentation<br />
© P. Correia