L'Ange du Bizarre Le romantisme noir de Goya à Max Ernst - Cndp
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Résurgence et mutations symbolistes<br />
L'héritage romantique <strong>noir</strong> est réactivé <strong>à</strong> la faveur <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> siècle inaugurés<br />
par la terrible année 1871. La confiance envers le positivisme scientifique et la démocratie<br />
s'essouffle, certaines franges intellectuelles s'exaspèrent <strong>de</strong> l'hypocrisie étouffante <strong>de</strong>s<br />
conventions morales et artistiques bourgeoises, trop soumises aux apparences. Avi<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
donner forme aux énigmes profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la vie autrement que par l'analyse scientifique ou<br />
l'imitation <strong>de</strong>s formes extérieures, les symbolistes trouvent dans le <strong>romantisme</strong> <strong>noir</strong> le cri <strong>de</strong><br />
liberté, la force <strong>de</strong> subversion, <strong>de</strong> magie et <strong>de</strong> mystère qu'ils recherchent.<br />
Ils y impriment toutefois certaines mutations, en élargissant le champ <strong>de</strong>s références.<br />
L'illustration <strong>de</strong> Dante, Shakespeare et Milton cè<strong>de</strong>nt le pas <strong>à</strong> un puissant syncrétisme mêlant<br />
les figures les plus troublantes et cruelles issues <strong>de</strong>s mythologies méditerranéennes,<br />
nordiques et <strong>de</strong> l'Ancien testament. L'autre mutation concerne la féminisation <strong>de</strong>s anti-héros<br />
maléfiques : le cortège <strong>de</strong> Satan et autres princes <strong>du</strong> Mal ménage désormais une place <strong>de</strong><br />
choix <strong>à</strong> la Mé<strong>du</strong>se, au Sphinx ou <strong>à</strong> Salomé.<br />
Mé<strong>du</strong>se, face béante et hurlante, grouillante <strong>de</strong> serpents, pétrifie ceux qui croisent son regard<br />
<strong>de</strong>puis le viol dont elle a été victime par Poséidon. Avant même que la psychanalyse<br />
n'établisse le lien symbolique <strong>de</strong> cette figure avec le complexe <strong>de</strong> castration, les romantiques<br />
avaient érigé cette figure en nouveau modèle esthétique, fascinant par sa lai<strong>de</strong>ur. A la fois<br />
victime et agresseur, elle constitue le support idéal d'un art qui veut forcer le spectateur <strong>à</strong><br />
faire face <strong>à</strong> ses hantises.<br />
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