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GREQAM<br />
Groupement de Recherche en Economie<br />
Quantitative d'Aix-Marseille - UMR-CNRS 6579<br />
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales<br />
Universités d'Aix-Marseille II et III<br />
Document de Travail<br />
n°03C02<br />
Boubou Cissé<br />
Stéphane Luchini<br />
Jean-Paul Moatti<br />
Les effets des politiques de recouvrement<br />
des coûts sur la demande de soins dans les<br />
Pays en Développement : les raisons de<br />
résultats contradictoires
Les effets des politiques de recouvrement des coûts sur la demande de soins<br />
dans les Pays En Développement : les raisons de résultats contradictoires.<br />
Boubou Cissé 1, 2<br />
Stéphane Luchini<br />
Jean-Paul Moatti 1, 2<br />
1, 3, 4<br />
Octobre 2002<br />
1) INSERM U-379, Marseille, France<br />
2) Université de la Méditerranée, Aix-Marseille 2<br />
3) GREQAM-CNRS, Marseille, France<br />
4) Institut d’Economie Publique (IDEP)<br />
Résumé:<br />
Suite à la crise financière qui a durement frappée les pays en développement dès le début des<br />
années 80, l’instauration du recouvrement des coûts d’accès aux soins (politique de<br />
tarification des prestations de services de santé) a été proposée à ces pays en 1985 puis en<br />
pratique exigée par la Banque Mondiale à partir de 1987. Depuis lors, il y a eu de nombreuses<br />
controverses autour de l’impact de ces systèmes de recouvrement des coûts sur l’accès aux<br />
soins et l’utilisation des services de santé. Le but de ce travail est de procéder à l’analyse de<br />
ces écrits afin de faire le point sur les constats et les interrogations suggérées par ces études<br />
passées et en cours et dégager de nouvelles pistes de recherche pour une meilleure analyse<br />
théorique et empirique de la demande de soins dans les PED.<br />
Abstract :<br />
Fur<strong>the</strong>r to <strong>the</strong> 1980’s financial crisis which has sorely stroked <strong>the</strong> developing countries, <strong>the</strong><br />
establishment of <strong>the</strong> cost recovery scheme (user fees) has been proposed to <strong>the</strong>se countries in<br />
1985, and in practise demand from <strong>the</strong> World Bank from 1987. Since <strong>the</strong>n, <strong>the</strong>re has been<br />
many controversies about <strong>the</strong> impact of <strong>the</strong> introduction of user fees on access to health care<br />
and utilisation of health services. The purpose of this work is to analyse <strong>the</strong>se writings in<br />
o<strong>the</strong>r to take stock of <strong>the</strong> findings and questions suggested by <strong>the</strong>se past and on <strong>the</strong> way<br />
studies, and propose new research tracks for a better <strong>the</strong>oretical and empirical analysis of<br />
health care demand in developing countries.<br />
Mots-clé: Demande de soins, prix, élasticités, Modèles à choix discrets, pays en<br />
développement.<br />
JEL Classification : D.10, I.11, I.18, C.25, C.81
La solution aux problèmes des systèmes de santé nationaux des PED, proposée au cours des<br />
années 1980 par les principales organisations internationales (Banque Mondiale, Unicef, et<br />
OMS), et relayée par de nombreux gouvernements, a été de transférer une partie du<br />
financement des soins de santé du secteur public aux bénéficiaires directs des prestations<br />
sanitaires (ménages) [World Bank, 1987]. La contribution des usagers aux coûts des services<br />
de santé fournis par l’Etat, communément appelée politique de recouvrement des coûts, a été<br />
prônée de façon systématique avec l’objectif affiché que le financement privé se substitue<br />
partiellement au financement étatique et permette une augmentation globale des capacités de<br />
financement du secteur public de la santé (Van Lerberghe, 1994, Unicef, 1997). Cet élément<br />
constitue une caractéristique de l’Initiative de Bamako, laquelle représentait un ensemble<br />
cohérent de mesures de réforme du secteur de la santé, articulé en huit principes : un<br />
engagement des Etats à accélérer la prestation des services de soins de santé primaires (SSP)<br />
accessibles à tous, la mise en œuvre d’une politique de médicaments essentiels, la<br />
décentralisation des procédures décisionnelles vers les districts, la gestion décentralisée et<br />
communautaire des structures de base, la participation des communautés (en fait des usagers)<br />
au paiement des soins, donc au financement de l’approvisionnement en médicaments et des<br />
salaires du personnel, les mesures spécifiques d’accès aux soins pour les plus pauvres et la<br />
fixation d’objectifs intermédiaires et de critères d’évaluation (Unicef, 1995, 1999 ;<br />
Deschamps, 2000).<br />
Décidée dans un contexte de promotion du libéralisme économique dans le monde en<br />
développement et de désengagement général de l’intervention de l’ Etat dans le secteur socioéconomique,<br />
la politique de recouvrement des coûts est censée s’appuyer sur la logique de la<br />
régulation marchande comme moyen de restaurer un rôle de la demande, et donc des usagers,<br />
afin de rationaliser le fonctionnement des services de santé (Jimenez, 1987). Pour les<br />
promoteurs de cette politique, le paiement direct par les consommateurs de soins d’une partie<br />
du coût des prestations doit permettre d’inciter l’offre publique de soins à une meilleure<br />
allocation des ressources et constituer un stimulant pour la dispensation de services de<br />
meilleur rapport qualité/ prix (Akin et al , 1987 ; Griffin, 1988, Jimenez, 1995) 1 . En parallèle,<br />
le pari était fait qu’un renforcement de la concurrence par les prix entre secteur public et<br />
secteur privé de la santé pourrait contribuer à améliorer l’efficience d’ensemble du secteur de<br />
la santé (OMS, 1993).<br />
3
Cette évolution du financement des soins de santé vers une augmentation de la participation<br />
directe des ménages pouvait a priori sembler incompatible avec les objectifs de «la santé pour<br />
tous » (Alma-Ata, 1978) affichés par ailleurs par les organisations internationales, à<br />
commencer par l’Organisation Mondiale de la Santé, et a donc d’emblée soulevé de<br />
nombreuses controverses, notamment en ce qui concerne l’équité d’accès aux soins (Mc Pake<br />
et al, 1993 ; Gilson, 1996, 1999). En effet, compte tenu de la contrainte budgétaire à laquelle<br />
doivent inévitablement faire face les ménages on pouvait s’attendre à ce qu’une telle réforme<br />
entraîne un changement dans le comportement de consommation des malades, notamment en<br />
restreignant exagérément le recours aux services de santé des catégories les plus démunies. En<br />
effet, dans un contexte de paiement des soins par les usagers, et en l’absence de tout<br />
mécanisme d’assurance- maladie (Vogel, 1990 ; Shaw et Griffin, 1995) 2 , il est très<br />
vraisemblable que les populations les plus démunies connaissent des difficultés évidentes<br />
d’accès aux soins (Unicef, 1990), dues à des coûts d’utilisation trop élevés par rapport à leurs<br />
capacités financières. Le constat dérangeant qu’en dépit de la gratuité des soins dans le<br />
secteur public, la partie la plus pauvre de la population des PED n’a guère bénéficié des<br />
progrès sanitaires accomplis depuis les indépendances et que l’accès aux soins gratuits tendait<br />
à bénéficier plutôt aux populations des centres urbains, et parmi celles-ci pas forcément aux<br />
couches sociales disposant des revenus familiaux les plus faibles, a néanmoins pu apporter<br />
des arguments aux partisans de l’introduction de la politique de recouvrement des coûts.<br />
Celle-ci a pu aussi être présentée comme un moyen de drainer vers le secteur public de santé<br />
une partie de la demande solvable de soins (World Bank, 1987), d’améliorer ainsi le<br />
financement et le fonctionnement du système de santé et de mieux concentrer les subventions<br />
publiques de la demande sur les couches effectivement dénuées de toutes ressources<br />
financières et les plus vulnérables (Makinen and al., 1991).<br />
De ces pronostics opposés quant à l’impact potentiel de la politique de recouvrement des<br />
coûts sur l’accès et le recours aux soins des populations des PED, ont résulté un nombre<br />
important d’ études et de recherches s’intéressant à la relation entre la demande de soins, le<br />
niveau des prix et le revenu dans les PED. L’objectif, plus ou moins explicite de ces travaux,<br />
a été (et demeure) de savoir quels pouvaient être les effets des politiques de recouvrement<br />
financier sur l’utilisation ou la fréquentation des services de santé par les individus, et plus<br />
spécifiquement d’évaluer dans quelle mesure l’introduction d’une tarification par les prix des<br />
services de santé pouvait (ou non) constituer un obstacle pour la recherche de soins pour des<br />
secteurs importants de la population des PED.<br />
4
Dans la suite de cet article, nous nous efforcerons de présenter une synthèse critique de la<br />
littérature consacrée depuis une vingtaine d’années aux fonctions de demande de soins dans<br />
les PED. Nous montrerons que cette littérature s’est essentiellement concentrée sur l’effetprix<br />
sur l’utilisation des services de santé et que des résultats discordants, voire ouvertement<br />
contradictoires, qui ont été obtenus ont alimenté la poursuite des polémiques quant à l’impact<br />
des systèmes de recouvrement des coûts sur l’accès aux soins et l’utilisation des services de<br />
santé. Dans une première section, nous présenterons les premières générations d’études<br />
entreprises pour évaluer les réformes de financement des systèmes de santé des PED. Dans la<br />
section 2, nous discuterons et présenterons la littérature qui a continué à soutenir et appuyer<br />
l’hypothèse selon laquelle l’utilisation des services de santé de base demeurait peu sensible<br />
aux tarifs pratiqués dans les formations sanitaires. La troisième section sera consacrée à<br />
l’analyse des travaux ayant conclu, à l’inverse, à l’existence d’un effet significativement<br />
négatif des hausses de prix sur la demande des soins, notamment pour les populations à<br />
faibles revenus. A la lumière de ces résultats empiriques opposés, la section 4 nous conduira à<br />
nous interroger sur les facteurs qui expliquent cette hétérogénéité des résultats<br />
économétriques, et de dégager quelques recommandations utiles pour une meilleure<br />
connaissance de la réaction de la demande face aux mécanismes de tarification des services de<br />
santé dans ces pays.<br />
Section 1 : Les études économiques pionnières sur la demande de<br />
soins dans les PVD<br />
A partir des années 1960, la demande de soins et de services de santé a fait l’objet de<br />
multiples travaux, tant au niveau des pays développés que des pays en développement. Si, au<br />
départ, le contexte théorique de la recherche entre les deux zones se prêtait à l’étude de la<br />
même problématique 3 , il va très rapidement apparaître une divergence entre la littérature<br />
appliquée aux pays industrialisés et celle appliquée aux PED. Dans le contexte de la plupart<br />
des systèmes de santé des pays développés où le financement des soins bénéficie, en tout ou<br />
partie, de mécanismes collectifs d’assurance qui tendent à dissocier le montant des primes<br />
(que celles-ci passent par des cotisations sociales ou par l’impôt) versés par les ménages des<br />
niveaux individuels d’exposition au risque- maladie, les analyses ou modélisations<br />
initialement appliquées au champ de la santé se sont rapidement orientées vers le phénomène<br />
dit de la « demande induite » 4 (Evans, 1974). Cette approche a été suscitée par la prise en<br />
5
considération des problèmes d’incertitude dans l’activité médicale et d’asymétrie<br />
d’information entre le patient et le professionnel de santé auquel le premier délègue tout ou<br />
partie de sa « souveraineté de consommateur » dans le choix de ses prescriptions médicales<br />
(cf Rochaix et Jacobzone, 1997 pour une revue de la littérature exhaustive). Cette idée<br />
d’induction insiste sur la latitude dont dispose censément le prescripteur pour susciter des<br />
consommations médicales qui ne sont pas forcément justifiées par l’état « objectif » du patient<br />
mais qui correspondent à des objectifs de maximisation du revenu des prescripteurs (propre<br />
ou du groupe professionnel dans son ensemble), ou à des demandes et exigences nouvelles de<br />
la société en général. Le concept de demande induite présuppose, en rupture avec la<br />
microéconomie classique, une interdépendance des fonctions d’offre et de demande dans le<br />
cas spécifique des soins (Rochaix, 1997) pour laquelle des applications des modèles de type<br />
« Principal-Agent » (Grossman, 1983 ; Phelps, 1992 ; Menahem, 2000) sont apparus, dans la<br />
période récente, mieux appropriés.<br />
Dans les PED, une telle interdépendance praticien/ patient peut sembler une hypothèse très<br />
éloignée de la réalité empirique (Tanti Hardoin, 1994 ; Mariko, 1999). Dans ces pays, la<br />
décision de recourir (ou non) au système de soins, c’est à dire la première étape du processus<br />
d’entrée dans ce système paraît bien pouvoir être analysée comme relevant d’une fonction de<br />
demande des ménages et/ ou des individus déterminée indépendamment des fonctions d’offre<br />
de soins médicaux. Par ailleurs, une véritable concurrence s’étant instaurée dans les faits au<br />
niveau de l’offre de services sanitaires (Brunet-Jailly, 1999), le recours à la médecine<br />
moderne y est fortement concurrencé par l’automédication (moderne ou traditionnelle) et par<br />
l’absence de soins, rendant l’utilisation dans ces pays principalement contrôlée par les patients<br />
(c’est à dire traduisant les choix et les décisions individuelles), et non par les professionnels<br />
de santé qui n’ont qu’un contrôle très marginal sur la demande des services et les itinéraires<br />
thérapeutiques de leurs patients. Les travaux sur ce thème dans les PED sont donc, dans un<br />
premier temps restés beaucoup plus proche du cadre de référence microéconomique des<br />
fonctions de demande d’inspiration néoclassique.<br />
En dépit d’une référence commune à la théorie microéconomique standard, la littérature<br />
appliquée à la demande de soins et à ses déterminants dans les PED s’est néanmoins<br />
caractérisée par une remarquable évolution, tant dans sa formulation et dans son articulation,<br />
que dans les résultats obtenus. Les premières études qui se sont intéressées aux<br />
comportements de demande de soins suite à une introduction ou à une augmentation des tarifs<br />
6
des services publics de santé ont plutôt conclu à une inélasticité de la demande par rapport au<br />
prix et au revenu : il n’y aurait pas de corrélations significatives entre les tarifs pratiqués, le<br />
revenu des ménages et la demande de services de santé des ménages. Deux études empiriques<br />
importantes, fondées sur des enquêtes transversales en population (Heller, 1982 ; Akin et al.,<br />
1986 ) ont marqué ce discours, largement et logiquement encouragé par la Banque Mondiale<br />
(Akin et al., 1987) puisqu’il apportait des arguments en faveur d’une politique de<br />
recouvrement des coûts qui affecterait peu l’accès aux soins des plus pauvres. Mais, ces<br />
premières conclusions seront rapidement réfutées par Gertler et al (1987) et Gertler et Van der<br />
Gaag (1988, 1990), qui à partir d’un modèle d’estimation différent des deux précédents<br />
concluent, à l’inverse, en faveur d’une élasticité significative de la demande de soins par<br />
rapport aux prix.<br />
Malgré ces résultats contradictoires, ces trois études partageaient une référence commune<br />
d’une part, aux travaux de Grossman (1972), et d’autre part, à ceux d’Acton (1975) et<br />
Christianson (1976). L’idée de base formulée par le modèle de Grossman est que la santé<br />
s’apparente à un bien durable, à un capital, dont l’agent dispose dès sa naissance et qu’il gère<br />
jusqu’à sa mort. Les dépenses de soins médicaux ont pour objectif d’accroître ce stock de<br />
capital- santé, ou d’éviter qu’il ne s’amenuise. Issue de la théorie du Capital Humain (Becker,<br />
1964 ; Lancaster, 1966 ), l’approche de Grossman considère que la demande de soins<br />
médicaux dérive de la demande plus fondamentale de santé elle même, laquelle produit<br />
directement de l’utilité. La demande de santé dépend non seulement de l’état de santé tel qu’il<br />
est perçu par l’individu, mais également de facteurs économiques tels que le revenu et les prix<br />
des biens et services du marché. Sur la base de ce cadre théorique, Heller (1982) mène une<br />
enquête auprès des ménages en Malaisie (cf. Annexe pour plus de détails), et trouve une très<br />
faible sensibilité au prix du nombre total de visites médicales annuelles dans cette population.<br />
En d’autres termes, l’élasticité prix de la demande globale ( représentée par le nombre de<br />
consultations internes et externes) pour des services curatifs est quasiment inélastique : la<br />
demande des patients pour les hospitalisations et les consultations ne varie pas avec le niveau<br />
du prix des services. Heller distingue la demande essentielle (m) qui correspondrait à une<br />
consommation indispensable, directement liée à l’état de santé de l’individu, de la demande<br />
discrétionnaire (m’) qualifiée de consommation « non indispensable », laquelle peut<br />
correspondre à diverses demandes (demandes de soins pour des symptômes mineurs que<br />
d’autres individus auraient pu négliger, demande de confort ou de qualité dans des prestations<br />
ne mettant pas en jeu le pronostic vital, etc.). Les résultats montrent qu’une augmentation de<br />
7
10% des prix dans les unités publiques de soins ambulatoires serait responsable d’une<br />
réduction de seulement 1.5% de la demande pour ces services (soit une élasticité prix de la<br />
demande de – 0.15) qui se révèle non significativement différent de zéro. Ils font ressortir par<br />
ailleurs que le revenu a peu d’effet sur la consommation totale de soins « essentiels » (m),<br />
mais qu’ en revanche, l’effet- revenu est nettement plus marqué sur la consommation des<br />
services préventifs que des services curatifs, et que le revenu per capita des ménages apparaît<br />
significativement associé au niveau de la demande dite discrétionnaire.<br />
Le modèle de Heller (1982) trouve justement ses limites dans la difficulté pratique qu’il y a à<br />
distinguer entre la demande essentielle (m) et la demande discrétionnaire (m’), surtout dans<br />
des contextes où le taux de contact entre la population et les ressources sanitaires demeure si<br />
faible (CIE, 1993 ; Banque Mondiale, 1994 ; Tchicaya, 1994) qu’il est difficilement<br />
envisageable de penser que la demande de services curatifs comporte une composante<br />
discrétionnaire non négligeable. De plus, l’auteur utilise un modèle dans lequel la variable<br />
endogène est représentée par une variable continue 5 , le nombre de consultations externes et<br />
internes. Or, cela revient à faire l’hypothèse que le marché des soins offre un ensemble<br />
continu des attributs des soins médicaux, et que les individus peuvent choisir un ensemble<br />
quelconque de ces attributs auprès d’un dispensateur qui peut les leur offrir dans leur totalité.<br />
Cette hypothèse ignore le fait courant dans les PED (système de santé malaisien compris) qu’<br />
il existe une discontinuité dans les prestations sanitaires fournies, certains secteurs offrant des<br />
prestations très spécifiques, dont on peut ne pas trouver l’équivalent dans d’autres secteurs<br />
(secteur traditionnel versus secteur moderne pour les maladies «mystiques » 6 ). L’hypothèse<br />
de choix dans un ensemble continu paraît de fait peu adaptée aux réalités des PED en général,<br />
et plus encore à celle des pays africains.<br />
Le cadre théorique développé par Acton et Christianson admet et formalise la nature discrète<br />
des décisions de soins de santé. Ces auteurs considèrent la demande de soins comme un<br />
processus complexe groupant des étapes décisionnelles distinctes, débutant par la déclaration<br />
d’un épisode morbide et se poursuivant par le choix d’un mode de traitement. Ainsi, ce<br />
nouveau cadre théorique ne s’intéresse plus aux quantités demandées (nombre de<br />
consultations) mais plutôt aux choix (consulter/ ne pas consulter) qui résultent des processus<br />
de décisions des individus malades. L’analyse se déplace alors, non seulement vers l’étude<br />
des choix discrets (versus celui de quantités continues) et de leurs déterminants, mais aussi<br />
vers les processus de décisions à partir desquels ces choix seront réalisés.<br />
8
Fondé sur le modèle de Acton et Christianson, Akin et al (1986), ont conduit une étude à<br />
partir d’une enquête menée auprès des ménages et réalisée aux Philippines (cf. Annexe pour<br />
plus de détails sur l’échantillon). Ils ont estimé un modèle économique de demande des soins<br />
afin d’expliquer les choix de recours des individus malades. Ils arrivent également au résultat<br />
que les prix jouent peu sur la demande des services de santé. Ils concluent que la demande de<br />
soins de santé curatifs est inélastique aux coûts monétaires et non monétaires qui n’auraient<br />
qu’un faible effet sur les probabilités de recours des individus malades (qu’ils soient adultes<br />
ou enfants). Ils montrent par ailleurs que le revenu n’a qu’une très faible influence sur les<br />
probabilités des différents recours : dans leur étude, une augmentation de 10% du revenu<br />
entraîne une variation des probabilités de recours aux diverses alternatives de soins de moins<br />
de 0.5%, cette variable n’étant significative que pour les recours au secteur privé et à<br />
l’automédication.<br />
Les conclusions de ces deux travaux ont eu des implications importantes pour les politiques<br />
de santé en Afrique, dans la mesure où elles ont encouragé la Banque Mondiale, et sous une<br />
autre forme l’Unicef, à favoriser la participation financière des ménages au paiement direct<br />
des soins : en effet, la demande étant supposée très faiblement élastique au prix,<br />
l’augmentation des tarifs imposés aux usagers des services contribuera à accroître les revenus<br />
des producteurs de soins (et donc éventuellement leur capacité à améliorer la qualité du<br />
service rendu), sans pour autant qu’il y ait un changement dans le comportement de<br />
consommation des malades et donc d’effets négatifs sur la santé publique.<br />
Or, ces résultats sont surprenants dans le sens où ils sont en contradiction avec la théorie<br />
économique du consommateur, et donc, avec le modèle théorique fondant les études. En effet,<br />
théoriquement, si les biens et services de santé sont des biens comme les autres, un<br />
accroissement des prix de ces biens et services doit « normalement » résulter en une baisse de<br />
leur demande, toutes choses étant égales par ailleurs. De même que des revenus plus<br />
importants devraient créer une demande de soins plus importante, toutes choses étant égales<br />
par ailleurs. Ainsi, logiquement, les personnes vivant dans des contraintes budgétaires très<br />
fortes, y compris sur les biens essentiels à leur survie, devraient diminuer la consommation du<br />
bien dont le prix aura augmenté ou acheter moins d’un certain type de biens au fur et à mesure<br />
que leur prix augmente. En confrontant cette rationalité à la réalité, Heller (1982) et Akin<br />
(1986) arrivent à des résultats contraires aux prédictions économiques les plus<br />
9
conventionnelles. Qu’est ce qui explique cet écart entre la logique économique théorique et<br />
ces résultats économétriques fondés sur des enquêtes de terrain ? Comment peut on expliquer<br />
ces résultats paradoxaux d’élasticité prix très marginales dans le cas des soins ?<br />
En premier lieu, il faut dire que Heller (1982) et Akin et al.(1986) n’ont pas tenu compte des<br />
interactions entre le revenu et les prix , en ce sens que leurs modèles supposent l’effet- prix<br />
comme indépendant du revenu, ce qui semble incompatible avec le modèle théorique sur<br />
lequel ils se sont fondés, et laisse donc penser que le modèle théorique présenté n’est pas celui<br />
qui a été en définitive utilisé ou testé. Dès lors, il devenait difficile pour eux de déterminer la<br />
sensibilité des différentes catégories de la population face à l’introduction ou l’augmentation<br />
des tarifs. D’ailleurs, Gertler et al (1987) démontreront que les mesures d’élasticité prix de la<br />
demande insignifiante obtenues par Heller et Akin sont en fait tributaires des choix<br />
méthodologiques effectués pour l’estimation. Ces critiques attribuent donc les résultats<br />
précédents à un artefact lié à une mauvaise spécification des modèles de demandes de soins.<br />
Supposer l’effet prix indépendant du revenu reste une hypothèse restrictive, qui suppose que<br />
le revenu soit absent de la règle de décision des individus et ne peut par conséquent contribuer<br />
à ce qu’une alternative soit choisie plutôt qu’une autre. Pourtant, on pourrait fort logiquement<br />
supposer les personnes à niveau de revenu élevés être moins sensible aux différents prix par<br />
rapport aux fournisseurs que les individus à faibles ressources. Cette restriction, qui entraîne<br />
un comportement imparfaitement rationnel au sens économique rend les modèles utilisés<br />
théoriquement réfutables, car contradictoires avec les postulats habituels de la maximisation<br />
de l’utilité sous contrainte budgétaire.<br />
Un moyen de pallier cette limite aurait pu être de procéder à une segmentation de la<br />
population d’étude en différentes strates de niveau de vie. Les auteurs auraient pu de ce fait<br />
tester si l’élasticité prix varie selon les classes de revenu ou les différentes couches de la<br />
population. Mais, la méthodologie de ces deux études n’aborde pas véritablement la question<br />
de l’obstacle financier que peut constituer la tarification de services publics de santé en<br />
matière d’accès aux soins de la catégorie de la population ayant la capacité de paiement la<br />
plus limitée. Le problème que peut poser la pauvreté dans ses rapports avec l’accès aux soins,<br />
dans un contexte de paiements des soins par les usagers, est en réalité esquivé. Or, ce qui est<br />
vrai de l’estimation à l’échelle de l’ensemble d’un échantillon (élasticité– prix très faible dans<br />
les deux études précitées), peut ne plus l’être pour certaines sous-populations (les ménages ou<br />
individus à revenus faibles, par exemple).<br />
10
Suite à ces critiques, Gertler et al (1987, 1988, 1990) vont développer un modèle qui autorise<br />
la prise en compte de l’influence du revenu dans la formulation de la fonction d’utilité. Il<br />
s’agit d’un modèle dont la structure théorique conduit à une spécification empirique qui est<br />
suffisamment flexible pour permettre aux élasticités- prix et/ ou aux mesures de propension à<br />
payer de varier selon le niveau des revenus. Pour permettre cette flexibilité de la fonction<br />
d’utilité, Gertler et al. proposent de la spécifier sous forme semi-quadratique (linéaire en santé<br />
et quadratique en consommation), forme qui n’impose pas un taux marginal de substitution<br />
constant entre la consommation et la santé 7 . Ce modèle, en meilleure adéquation avec la<br />
théorie économique, constituera une nouvelle impulsion en constituant un cadre de référence<br />
pour les modèles discrets de demande de soins de santé curatifs.<br />
A partir de ce modèle et de données collectées en 1985 dans le cadre du programme Living<br />
Standard Measurement Survey (LSMS) de la Banque Mondiale, Gertler et al (1987) montrent<br />
qu’une augmentation de prix modérée accompagnée d’un réinvestissement direct des revenus<br />
supplémentaires ainsi obtenus par le service public de santé afin d’améliorer l’accessibilité<br />
géographique des services et de réduire les temps de transports pour les usagers est<br />
susceptible d’accroître la demande globale des services. En revanche, une hausse plus<br />
conséquente des prix conduirait à une baisse significative de la demande globale de services<br />
dans les formations sanitaires publiques. Les estimations effectuées établissent que d’une part,<br />
les demandes de soins cliniques (en général, en ambulatoire) et hospitaliers tendent à devenir<br />
plus élastiques au fur et à mesure que le prix de ces services augmente, et d’autre part, sont<br />
plus élastiques pour les revenus les plus faibles (élasticité= -1.83, pour le quartile de revenu le<br />
plus faible) et par contre pratiquement inélastiques à des niveaux de revenus élevés<br />
(élasticité= -0.38 pour le quartile de revenu le plus élevé). Les auteurs concluent qu’ « en Côte<br />
d’Ivoire, l’introduction de tarifs serait régressive dans les zones rurales, dans le sens qu’elle<br />
bénéficierait aux riches et nuirait aux pauvres ». Ils montrent par ailleurs que le revenu<br />
influence la demande de soins (le choix du fournisseur), à condition que « la fonction d’utilité<br />
conditionnelle permette un taux marginal de substitution de la santé pour la consommation<br />
non constant ». L’idée, en meilleure adéquation avec la théorie microéconomique, est ici que<br />
pour obtenir une unité supplémentaire de santé, un individu riche sera a priori prêt à sacrifier<br />
davantage d’unités de consommation que ne le sera un individu pauvre.<br />
11
Gertler et Van Der Gaag. (1988, 1990) ont également montré, dans le cas du Pérou, suite à<br />
une enquête auprès des ménages, que l’élasticité- prix de la demande était toujours négative,<br />
et cela quelque soit le niveau de revenu des ménages, les variations de prix et le type de<br />
services considérés. Ils trouvent que l’élasticité- prix de la demande de services délivrés par<br />
les centres de santé, les hôpitaux ou des médecins privés est particulièrement variable avec le<br />
niveau de revenu : dans le quintile de revenu le plus élevé, la demande est quasiment<br />
inélastique (l’élasticité étant comprise entre – 0.03 et – 0.14), mais à mesure que le revenu<br />
baisse, l’élasticité prix de la demande augmente ; les élasticités- prix de la demande de soins<br />
cliniques sont entre deux et six fois plus fortes pour les revenus les plus bas de leur<br />
échantillon. De même, les élasticités- prix de la demande de soins curatifs sont plus fortes<br />
pour les soins dispensés dans les cliniques publiques (dispensant des soins primaires) que<br />
pour ceux dispensés dans les hôpitaux.<br />
Au delà des divergences entre les études de Heller (1982), Akin (1986), et Gertler et al (1987,<br />
1988, 1990), il est important de signaler qu’il existe une limite commune à ces études<br />
pionnières qui ont marqué la première génération de la littérature appliquée à la demande de<br />
soins dans les PVD: il s’agit de la non prise en compte des services des prestataires alternatifs<br />
dans chacun des modèles empiriques utilisés et de leurs qualités respectives. Or, l’objectif<br />
proclamé de l’obtention des ressources complémentaires pour les services publics de santé au<br />
travers d’une participation communautaire est de permettre une amélioration qualitative des<br />
services offerts aux communautés 8 , laquelle contribuerait à accroître l’utilisation des services<br />
de soins (World Bank, 1987 ; Nolan et Turbat, 1995). L’idée d’une co-variation entre le prix<br />
et la qualité des services ne pouvant donc être en principe exclue (Alderman et Lavy, 1996),<br />
l’absence d’information sur la qualité des soins des prestataires va sans nul doute affecter les<br />
estimations des effets des prix sur la demande des soins de santé. Cela est d’autant plus vrai<br />
que l’on sait que l’effet marginal d’une variable donnée sera toujours mal mesuré si d’autres<br />
variables pertinentes ne sont pas incluses dans l’équation de régression : en termes<br />
économétriques, on parle de biais d’estimations dus à une mauvaise spécification du modèle.<br />
Il est donc discutable, au risque de créer un biais important, d’ignorer la variable « qualité ».<br />
A la suite de ces travaux pionniers, plusieurs autres recherches ont été réalisées, en Afrique et<br />
ailleurs, sur l’impact de la mise en place du recouvrement des coûts auprès des usagers sur la<br />
demande de soins et l’accessibilité aux services. Ces études ont aussi recouru à des modèles<br />
économétriques qui, dans leur quasi totalité, ont privilégié, pour estimer les déterminants de<br />
12
la demande de soins, l’approche discrète de demande de soins popularisée par Gertler et ses<br />
collaborateurs (cf. Annexe 1 pour le détail de ces études). Les résultats de ces recherches sont<br />
demeurés mitigés et n’ont pu aboutir à une conclusion tranchée sur la question de l’impact de<br />
l’introduction ou de l’augmentation des tarifs des services sanitaires sur la demande de soins.<br />
Section 2 : Du concept d’une demande inélastique aux prix à….<br />
Malgré l’apport des travaux de Gertler et de ses collègues, la position que la demande serait<br />
inélastique aux prix a continué à être soutenue par plusieurs études, ces dernières ayant<br />
pourtant mieux pris en compte la sensibilité des différentes couches de la population à une<br />
introduction des tarifs, ainsi que le rôle du facteur « qualité ». Il s’agit principalement des<br />
travaux d’Akin (1995) au Nigeria, d’Akin et al (1998) au Sri Lanka, de Juillet (1999) au Mali,<br />
et de Perrin (2000) en Côte d’Ivoire.<br />
Akin (1995) a réalisé une étude basée sur des données collectées dans l’état d’Ogun au<br />
Nigeria, auprès de 100 ménages sélectionnés de façon aléatoire dans chacune des 86<br />
structures sanitaires échantillonnées de manière aléatoire stratifiée 9 . Les auteurs ont mesuré, à<br />
partir de l’estimation d’un modèle Probit multinomial , l’impact d’une augmentation des prix<br />
sur l’utilisation des soins de différentes couches de la population : l’idée étant de tester<br />
l’hypothèse selon laquelle la sensibilité au prix se modifie avec le niveau de revenu. Les<br />
auteurs retrouvent que les différents niveaux de revenu, exprimés en quintiles, ne sont pas<br />
statistiquement reliés de façon significative avec les variables de prix des services sanitaires et<br />
concluent que dans la population concernée, les coefficients de leur modèle, liant les prix des<br />
services sanitaires aux choix des soins de santé, ne sont pas différents pour les divers groupes<br />
de revenus.<br />
Akin et al (1998), dans une étude réalisée au Sri Lanka, estiment les déterminants d’une<br />
demande inconditionnelle 10 de soins de santé curatifs, c’est à dire portant aussi bien sur des<br />
échantillons d’individus malades que non malades. Ils concluent que la demande est<br />
inélastique au prix : un doublement des tarifs dans les formations sanitaires publiques conduit<br />
à une réduction de la demande de seulement 0.7% à 1.2% dans ces formations, soient des<br />
élasticités prix de –0.0088 à –0.0201, respectivement. Dans leur étude, les auteurs montrent<br />
l’intérêt qu’il y a à considérer, non plus uniquement les individus malades (comme il en était<br />
dans leur article précédent de 1995) , mais aussi les individus en bonne santé. L’avantage<br />
13
économétrique de cette démarche réside dans la possibilité de tester l’existence d’une<br />
sélection non aléatoire des individus malades, sélection susceptible de causer des biais lors de<br />
l’estimation du modèle de demande de soins de santé curatifs sur l’échantillon des seuls<br />
malades (Heckman, 1984). Or en présence de biais de sélection, si ce dernier n’est pas testé,<br />
contrôlé et/ ou corrigé, les coefficients estimés des déterminants de la demande de soins<br />
peuvent être biaisés, et les résultats s’en trouvent ainsi faussés. Les auteurs ne tiennent pas<br />
compte ici de la réaction des différentes catégories de la population face à l’introduction ou à<br />
l’augmentation des tarifs, mais plutôt de celle des différents groupes d’âges qui composent cet<br />
échantillon.<br />
Juillet (1999) a analysé les effets des tarifs et des revenus sur la demande de soins dans la<br />
ville de Bamako (Mali), sur un échantillon représentatif de la population de cette capitale. Les<br />
données analysées à l’aide d’un modèle Logit emboîté 11 font ressortir que la tarification n’a<br />
aucun impact identifiable (quelque soit le niveau de vie considéré) sur la probabilité de<br />
recourir en première intention à des établissements non spécialisés (dispensaires, centres de<br />
santé) plutôt qu’à des établissements spécialisés (hôpitaux, cliniques) dès lors que le malade a<br />
choisi d’opter pour des soins modernes. L’auteur précise cependant que l’absence d’effet de la<br />
tarification doit être nuancée par le fait que la probabilité de recourir plutôt à l’automédication<br />
sera d’autant plus grande que la notion de cherté des soins modernes perçue par le malade est<br />
forte.<br />
Plus récemment, Perrin (2000) a évalué l’impact, en terme d’équité, d’une modification du<br />
prix sur la demande des services de santé, entre plusieurs groupes de niveaux de vie, à partir<br />
de données d’enquête de ménages effectuée sur un échantillon représentatif de la ville<br />
d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Ses résultats se fondent sur l’estimation d’une fonction de<br />
demande à l’aide d’un modèle multinomial Logit 12 . L’auteur aboutit au résultat que la<br />
tarification des actes a un impact négatif sur l’utilisation des soins, et que cette sensibilité au<br />
prix diminue lorsque l’on monte dans l’échelle des revenus. Cependant, l’analyse des<br />
élasticités- prix de cette fonction de demande révèle que la réaction de la demande pour<br />
chaque type de soins à une augmentation des prix apparaît relativement faible, et cela pour<br />
tous les groupes de niveaux de vie : en d’autres termes, la demande de soins pour l’ensemble<br />
des individus est inélastique au prix.<br />
14
Ces quatre études trouvent leur limite dans leur façon d’identifier ceux dont l’aptitude à payer<br />
et les moyens financiers sont limités ; dans le cas où les auteurs ont procédé à une<br />
identification, cette dernière s’est avérée toujours subjective et non dépourvue de jugements<br />
de valeurs. Par ailleurs, leur manière d’estimer la sensibilité des différentes couches de la<br />
population face à une variation des tarifs des prestations reste critiquable et sujette à caution.<br />
Ces critiques sont reprises en détail dans la prochaine section.<br />
Section 3 : L’observation d’une demande élastique aux prix.<br />
Parmi les études ayant conclu, à l’inverse des précédentes, en une élasticité- prix<br />
significativement négative de la demande de soins, on peut distinguer deux approches. La<br />
première, bien qu’elle reconnaisse l’importance qu’il y a à considérer le rôle de la variable<br />
« qualité », ne considère pas spécifiquement cette dernière dans la modélisation et la<br />
formalisation des modèles de demande et adopte de fait une vision neutre et/ ou subjective 13<br />
de l’effet- qualité. La seconde approche est marquée par de fortes présomptions d’existence<br />
d’interactions étroites entre les coûts et la qualité des services dispensés 14 : l’hypothèse sousjacente<br />
est alors qu’une amélioration de la qualité est susceptible d’atténuer l’effet négatif de<br />
l’introduction de la politique de recouvrement des coûts sur la demande de soins de santé.<br />
3.1 Etudes sans prise en compte de variables spécifiques à la qualité<br />
Dans une étude réalisée en Indonésie sur le recours aux soins, Chernichovsky et Meesook<br />
(1986) ont analysé les facteurs d’utilisation des services de santé modernes et traditionnels,<br />
sur une population « à risque– maladie » composée de malades, de femmes enceintes, et de<br />
nouveaux- nés. Ils trouvent qu’en cas de maladie, les populations préfèrent les formations<br />
sanitaires « modernes » (si elles existent) aux deux autres options disponibles<br />
(automédication, médecine traditionnelle). Ils rapportent que le revenu agit positivement sur<br />
la demande des soins de santé, la demande augmentant avec le revenu pour le secteur<br />
moderne. Les auteurs soutiennent par ailleurs que le revenu est une barrière importante à<br />
l’utilisation des services sanitaires modernes pour les catégories sociales à faible revenu, et<br />
que cette barrière s’estompe au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle sociale. Par<br />
exemple, il ressort de leur étude que, disposer de revenus élevés conduit à orienter ses choix<br />
vers une médecine moderne plus onéreuse, les plus démunis étant généralement traités dans<br />
15
leur famille ou par des tradithérapeutes 15 . Les auteurs n’ont pas étudié la sensibilité des<br />
différentes catégories de la population face à une hausse du revenu, ni d’ailleurs du coût des<br />
services.<br />
Dor et al (1987), puis Dor et Van der Gaag (1988, 1993) ont utilisé une variante du modèle<br />
de Gertler pour étudier le processus de décision qui conduit le malade à choisir l’alternative<br />
qui maximise son utilité. Ils ont estimé la demande de soins de santé curatifs en milieu rural<br />
ivoirien, en adoptant une spécification économétrique qui permet d’estimer l’impact des tarifs<br />
sur la demande, alors même que les prix monétaires des soins sont nuls : c’est l’opportunité<br />
du coût en temps dépensé à obtenir les soins qui est utilisé pour identifier les paramètres<br />
nécessaires au calcul de l’élasticité- prix. Les trois études montrent que la demande est bien<br />
élastique aux coûts des soins et que ces coûts non monétaires, mesurés par le coût<br />
d’opportunité 16 du temps passé à la production de santé, affectent négativement la probabilité<br />
d’avoir recours à un choix thérapeutique formel. Ces élasticité- temps varient sensiblement<br />
avec le revenu de l’individu : elles seraient faibles à des niveaux de revenus élevés<br />
(correspondant au dernier quartile de revenu le plus élevé) et assez élevées parmi les groupes<br />
de revenus faibles (les premiers quartiles de revenu les moins élevés). Par ailleurs, Dor et Van<br />
der Gaag (1988, 1993) trouvent (1) une relation positive entre le revenu et le recours aux<br />
soins, (2) ainsi que des élasticités directes près de quatre fois plus fortes pour les soins de<br />
médecins (-0.953) que pour les soins infirmiers (-0.261). Dans leur étude, les auteurs ont<br />
adopté à partir de la distribution de l’indice de bien être (revenu) un point approprié d’une de<br />
ces caractéristiques (par exemple 30ième centile comme seuil de pauvreté et 10ième comme<br />
seuil d’extrême pauvreté) pour classer les individus selon leur niveau de vie. Or, cette option<br />
est discutable, car il n’est pas évident de déterminer (et les auteurs ne donnent aucune<br />
précision) quel point doit être utilisé comme seuil, pour distinguer les « démunis » des « non<br />
démunis ». D’autres auteurs utilisent les quartiles (Gertler et al., 1987 ; Barlow et Diop,<br />
1995 ; Dor et Van der Gaag, 1988, 1990), mais d’autres choix pourraient être justifiés :<br />
Gertler et Van der Gaag (1988, 1990), Perrin (2000) ont utilisé les quintiles. Suivant la façon<br />
dont on mesure la dispersion des revenus, on localise donc et on classe les pauvres à différents<br />
endroits (aussi bien sur une échelle de calcul, que dans l’espace).<br />
Sauerborn et al (1994) ont réalisé une étude portant sur des données collectées au Burkina-<br />
Faso, et concernant l’élasticité de la demande de santé face au recouvrement des coûts. Les<br />
auteurs concluent dans un premier temps à l’inélasticité de la demande pour les soins<br />
16
ambulatoires par rapport au prix (élasticité= -0.79) : une hausse de 10% des tarifs dans les<br />
formations sanitaires entraîne une réduction de 7.9% de la probabilité d’utiliser les soins de<br />
santé. En revanche, dès lors qu’ils procèdent en une stratification ou segmentation de la<br />
population en différentes classes de niveau de vie, leur analyse fait apparaître un effet négatif<br />
de la demande de soins en fonction des revenus. En effet, leur examen par quartile de revenu<br />
leur fait observer que la demande devient fortement élastique pour les trois quartiles de<br />
revenus les moins élevés, notamment pour le premier quartile (élasticité= -1.44), alors qu’elle<br />
reste inélastique pour le quartile de revenus le plus élevé (-0.12). Les auteurs révèlent<br />
également des différences d’élasticité par groupe d’âge : -3.64 pour les enfants de 0 à 1 an, -<br />
1.73 pour les 1 à 15 ans, et enfin – 0.27 pour les individus âgés de 15 ans et plus.<br />
Ellis et al (1994) ont réalisé une étude au Caire (Egypte) et dans ses environs, portant sur les<br />
déterminants du recours aux soins de consultations externes et d’hospitalisation. Les auteurs<br />
concluent que les demandes de soins sont élastiques aux variations de prix, des augmentations<br />
agissant négativement sur le comportement de consommation des patients. Le principal apport<br />
de Ellis et al (1994) est lié aux conclusions auxquelles leur étude les conduisent quant aux<br />
élasticités- revenus. Ils soulignent en effet que bien qu’un changement dans la distribution des<br />
revenus n’ait qu’un faible effet sur les probabilités de rechercher des soins, un tel changement<br />
a un impact important sur les probabilités de s’adresser à certains types particuliers de<br />
formations sanitaires (cliniques privées ) qui constituent une fraction importante de l’offre de<br />
soins dans cette zone géographique. Ils introduisent également un effet croisé en incluant<br />
comme variable explicative le produit du prix de la consultation par la consommation par tête,<br />
ce qui les conduit à établir une comparaison plus précise de la sensibilité au prix des individus<br />
selon leur niveau de revenu : ils concluent que la demande de soins de santé est plus élastique<br />
au niveau des revenus les plus bas (le quintile de revenu le plus faible ).<br />
Barlow et Diop (1995) ont réalisé une étude portant sur les facteurs de décision de recours aux<br />
soins pour les enfants de moins de cinq ans, ainsi que des femmes enceintes, au Burkina- Faso<br />
et au Niger, à partir d’enquêtes réalisées auprès des ménages. Les auteurs se sont<br />
principalement intéressés à la réaction des demandes de soins de santé suite à une variation<br />
des tarifs et/ ou du revenu, au sein de différents groupes sociaux et ethniques. Ils montrent,<br />
dans le cas du Niger, que toutes choses égales par ailleurs, le revenu et le coût (mesuré par le<br />
coût d’accès en temps) ont un rôle important en ce qui concerne le recours aux soins de santé<br />
prénataux. Le premier agit positivement sur la demande pour les patients appartenant au<br />
17
quartile de revenu le plus élevé, tandis que le second constitue une barrière pour l’accès aux<br />
soins, surtout pour les patients appartenant au quartile de revenu le plus bas, l’utilisation<br />
diminuant par ailleurs quand la distance à parcourir augmente pour toutes les catégories<br />
sociales confondues.<br />
Bolduc et al (1996) se sont intéressés aux déterminants du lieu de traitement des patients<br />
provenant d’un milieu rural du Bénin. Ils estiment un modèle de choix discret du type Logit<br />
multinomial (LM) et Probit multinonial (PM), et aboutissent au résultat que le prix du recours<br />
aux différents types de soins mesuré par le coût du traitement à la charge directe du patient,<br />
ressort avec un effet significatif et négatif 17 . L’intérêt de leur article est d’avoir démontré<br />
empiriquement les conséquences induites par les hypothèses du choix du modèle lui même sur<br />
les calculs des élasticités croisées. A cet effet, leurs résultats d’estimation montrent que les<br />
élasticités obtenues à partir du PM sont très différentes de celles obtenues par LM. En effet,<br />
les résultats de la spécification du modèle Logit sont tels qu’une hausse de 1% des tarifs des<br />
services hospitaliers entraînera une baisse des probabilités de recours à tous les autres types<br />
de services de 3.56%, alors que la spécification du modèle Probit multinomial indique que<br />
cette même augmentation dans ces mêmes services entraînera une baisse de 15.36% de la<br />
probabilité de recours à l’automédication, de 15.59% de la probabilité de recours dans les<br />
centres de santé communautaires et de 8.57% de la probabilité de recourir aux services des<br />
cliniques privées. Les élasticités- prix sont donc bien affectées de façon significative par le<br />
choix de la méthode économétrique d’estimation.<br />
Dow (1996, 1999) et Dor et Van der Gaag (1998) ont aussi estimé les déterminants de la<br />
demande de soins, en utilisant des données collectées dans le cadre du programme Ivorian<br />
Living Standard Survey de la Banque Mondiale. Dor et Van der Gaag (1998) ont utilisé un<br />
modèle Logit multinomial pour analyser les facteurs qui conduisent les patients à rechercher<br />
des soins et à choisir entre différents modes de soins pour deux échantillons d’individus, l’un<br />
composé d’enfants et l’autre d’adultes. Les résultats sont très proches d’une part pour les deux<br />
échantillons, d’autre part pour la décision d’entrer sur le marché des soins et celle de recourir<br />
à un type de soins spécifiques : la principale conclusion de l’étude (se rapportant à une époque<br />
où la gratuité officielle des soins était le principe de fonctionnement du système de santé<br />
ivoirien) étant qu’un rationnement quantitatif s’est substitué aux mécanismes de prix. Ils<br />
observent que le manque d’établissements de soins, les insuffisances de personnel et la faible<br />
disponibilité en médicaments, ensemble de facteurs d’offre inégalement répartis, conduisent à<br />
18
des durées et à des coûts de transport très variables, lesquels ont un rôle discriminant dans la<br />
demande de soins. Quand à Dow (1996), il utilise les mêmes données que Dor pour estimer<br />
les déterminants d’une demande inconditionnelle de soins, c’est à dire portant sur les malades<br />
et les non malades, par opposition à la demande conditionnelle (malades seuls) étudiée par<br />
Dor. Il aboutit à la conclusion que les élasticités prix de demande conditionnelle sont<br />
supérieures à celle de la demande non conditionnelle.<br />
De tout ce qui précède, il ressort que des avancées importantes ont été réalisées dans l’analyse<br />
des déterminants du comportement de consommation des services de santé des malades, en<br />
particulier en ce qui concerne les élasticités- prix et revenu de la demande de soins. De l’idée<br />
que la demande est inélastique au prix et au revenu, on est passé à l’idée qu’elle l’est,<br />
notamment pour les populations ayant une capacité financière limitée (pauvres). Cependant,<br />
bien des insuffisances subsistent encore dans ces études.<br />
En effet, bien que ces études aient tenu compte de la distribution de l’introduction de la<br />
tarification sur les différents groupes de niveaux de vie, elles butent encore sur la question de<br />
l’identification effective des personnes ayant une capacité financière limitée. Leur manière de<br />
définir le manque de moyens ou l’aisance, les différents critères et méthodes de mesure de la<br />
pauvreté retenus sont peu précis et limités.<br />
La majorité des études ont retenu le revenu monétaire perçu par les individus ou les ménages<br />
comme critère de classification et/ ou de mesure de bien être. Or le revenu monétaire, dans le<br />
contexte des PED, ne donne qu’une mesure partielle du bien être du ménage ou de l’individu,<br />
car il peut arriver que dans certains cas, le niveau de vie réel du ménage soit plus élevé si l’on<br />
prenait en compte sa production domestique, et non son seul revenu monétaire. De plus des<br />
phénomènes temporaires (chômage, maladie) [Fleurbaey, 1996 ; Müller, 1997] peuvent<br />
survenir et entraîner une réduction du revenu annuel d’un individu, accident qui ne reflète pas<br />
son statut économique habituel. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains économistes<br />
soutiennent qu’il est préférable, pour obtenir une estimation correcte du revenu, d’étudier les<br />
dépenses plutôt que les revenus, car les différences dans la consommation reflètent les<br />
disparités de revenu disponible permanent des ménages plutôt que les chocs transitoires sur le<br />
revenu (Ravallion, 1996 ; Deaton, 1999 ; Atkinson et al, 2001). D’autres auteurs évoquent un<br />
problème d’endogenéité comme une autre difficulté inhérente à l’utilisation du revenu<br />
monétaire comme mesure du bien être ou du niveau de vie des ménages ( Chernichovsky et<br />
19
Meessok, 1986 ; Dor et al., 1988 ; Gertler et Van der Gaag, 1990 ; Ellis et al., 1994), dans les<br />
études portant sur la demande de soins de santé : en effet, le revenu peut être considéré<br />
comme endogène car le taux de salaire des individus peut justement être influencé par leur<br />
état de santé.<br />
Parmi les études ayant eu recours au revenu comme mesure du bien être des ménages,<br />
certaines ont considéré la variable comme inobservable (Akin et al, 1995 ; Sauerborn, 1994 ;<br />
Ellis et al, 1994) ou encore extrêmement difficile à estimer alors que d’autres ont élaboré des<br />
enquêtes intégrant le revenu comme variable observable. Dans les deux cas, l’estimation<br />
directe des revenus monétaires étant souvent difficile à réaliser 18 , c’est habituellement au<br />
travers de mesures indirectes comme le statut ou la classe sociale des individus, du type<br />
d’habitat occupé par le ménage, de la nature de la construction de son habitat (banco, ciment,<br />
paille), du patrimoine dont dispose le ménage (propriétaires de maison, de terres, de bétail) ou<br />
encore de la possession de certains objets de « confort » (fournitures et appareils<br />
électroménagers, véhicule, mobylette, bicyclette, télévisions, téléphones ), du mode d’aisance<br />
dont dispose le ménage (toilettes modernes, latrines traditionnelles), ou de la disponibilité de<br />
l’eau potable et/ ou de l’électricité dans l’habitation (Juillet, 1999 ; Mariko, 2002) qu’il va être<br />
approché. Avec de telles méthodes, la détermination ou l’identification des ménages à faible<br />
revenu devient le fruit de jugements subjectifs, de la part de l’analyste, sur ce qui peut<br />
constituer un niveau de vie minimum acceptable par la population d’une société donnée. En<br />
effet, recourir à des critères d’identification des pauvres basés sur le type d’habitat ou sur un<br />
« ciblage géographique » reste très limité, dans le sens où l’on ne trouve pas que des ménages<br />
à faible revenu dans des quartiers jugés «défavorisés », de même qu’il n’y a pas que des<br />
ménages aisés dans des quartiers dits « viabilisés ». Dans ces conditions, il devient difficile de<br />
définir dans un quartier ou une zone donnée, qui est « pauvre » et qui ne l’est pas, comme il<br />
est difficile d’y distinguer les « vrais » démunis de ceux qui le sont moins. A cela, il faut<br />
ajouter que certains critères utilisés par ces auteurs (être propriétaire de sa maison, habiter une<br />
zone viabilisée) peuvent ne pas entraîner des différences significatives du point de vue de<br />
l’utilisation des services de santé du fait que (1) les conditions d’acquisition de ces biens ne<br />
sont pas forcement déterminées par le niveau de revenu, en particulier en Afrique, (2) et que<br />
certains éléments « objectifs » de confort (électricité) peuvent ne pas faire partie du système<br />
subjectif de valeurs de la communauté concernée. De même que porter l’analyse et la mesure<br />
de l’absence de ressources sur les conditions de transport (Sauerborn et al., 1994) paraît peu<br />
20
crédible et très limité, celles ci dépendant de la rapidité et du confort communément valorisé<br />
par chacun, ainsi que de différences de goûts ou de préférences individuelles.<br />
A cela il faut ajouter que la plupart des auteurs ont utilisé comme critères de classification les<br />
caractéristiques de tendance centrale (Gertler et al., 1897 ; Dor et Van der Gaag, 1988, 1990 ;<br />
Barlow et Diop, 1995 ; Perrin, 2000). C’est à dire qu’ils ont adopté à partir de la distribution<br />
de l’indice de bien être (généralement le revenu, ou un proxy du revenu) un point approprié<br />
pouvant correspondre à la médiane, au quartile, au quintile, ou à une fraction de la valeur<br />
moyenne de l’indicateur de bien être (40%, 50%, 60%) : le manque de moyens financiers est<br />
ainsi déterminé à travers la distribution de l’élément caractérisant le niveau de vie. En somme,<br />
ils ont procédé à une stratification par groupe de revenu, en décomposant les ménages ou<br />
individus en quintile ou quartile de revenu, la population étant classée par niveau croissant de<br />
revenu (les premiers quintiles ou quartiles correspondant aux ménages ou individus<br />
considérés comme les plus pauvres, et les derniers à ceux qui sont les plus riches). Or, il parait<br />
clair que cette façon d’identifier les pauvres comporte des limites dues à la dimension relative<br />
de sa définition. L’inconvénient majeur étant que la pauvreté peut varier et changer d’état ou<br />
de nature à l’intérieur de la communauté ou du groupe social sur lequel porte l’étude ; elle<br />
peut ainsi se retrouver dans n’importe quelle strate d’une société, tant au sein des populations<br />
vraiment « démunies » que parmi celles disposant d’un niveau de vie élevé. De plus, avec une<br />
telle procédure, la pauvreté mesurée d’un individu quelconque dépend plus du sous groupe<br />
auquel il se trouve appartenir et non pas uniquement de son niveau de vie, comme cela devrait<br />
être le cas : en effet, contrairement à la définition « absolue », le seuil de pauvreté relatif n’est<br />
pas constant dans le temps ni dans un espace déterminé (Ravallion, 1996). Une telle méthode<br />
possède également une certaine part d’arbitraire, liée au fait qu’il n’est pas évident de savoir<br />
quel percentile doit être utilisé comme seuil, et que la stratification des ménages en groupes<br />
de niveau de vie devient dès lors dépendante du choix du seuil fait par l’analyste.<br />
De plus, comme nous l’avons déjà mentionné, la « qualité » n’étant pas prise en compte, les<br />
résultats de ces études ont pu être faussés par l’omission de cette variable pertinente.<br />
3.2 Prise en compte de l’effet de la qualité des soins sur l’utilisation des services de santé<br />
Ces nouveaux résultats marquent une véritable évolution entre les études ayant conclu à une<br />
absence d’effet statistiquement significatif des prix sur la demande de santé (même en ce qui<br />
21
concerne les plus pauvres), et celles citées précédemment et qui ont, dans leur grande<br />
majorité, montré l’existence d’un effet négatif des augmentations de prix sur l’utilisation des<br />
soins, en particulier pour les populations les plus pauvres.<br />
Cette mutation est à l’origine d’une nouvelle génération d’études sur la demande de santé,<br />
marquée par de fortes présomptions d’existence d’interactions étroites entre les coûts et la<br />
qualité des services dispensés. Cette autre génération d’études tente de démontrer que<br />
l’impact négatif du recouvrement des coûts ou de la participation financière des usagers peut<br />
être compensé (au moins en partie) par un réinvestissement des fonds recouvrés à des fins<br />
d’amélioration de la qualité des prestations de soins et des services offerts (Ellis et Mwabu,<br />
1991 ; Abel-Smith et Rawal, 1992 ; Lavy et Quigley, 1993 ; Litvack et Bodart 1993 ;<br />
Wouters, 1993 et 1995 ; Mwabu et al, 1993 ; Lavy et Germain, 1994 ; Diop et al., 1995 ;<br />
Weaver et al, 1996 ; Akin et Hutchinson, 1999 ; Sahn, 2000 ; Mariko, 2002 ). En d’autres<br />
termes, la qualité jouerait un rôle essentiel dans les décisions d’utilisation des soins par les<br />
patients et influencerait positivement la demande de soins en présence d’une hausse des coûts,<br />
en contrôlant pour l’effet de divers facteurs. Ces auteurs considèrent qu’il n’est pas juste de<br />
d’étudier l’impact des tarifs sur la demande de soins sans tenir compte des améliorations<br />
concomitantes de la qualité des soins, l’omission de la variable « qualité » dans le modèle de<br />
demande de soins pouvant conduire à des résultats biaisés. Selon ces études, c’est l’analyse<br />
simultanée de ces deux variables qui permet de conclure quant à l’impact sur l’équité d’accès<br />
aux soins de la politique de recouvrement des coûts. L’hypothèse faite est qu’en introduisant<br />
des tarifs mais en améliorant dans le même temps la qualité des services sanitaires, ces<br />
derniers seront en mesure d’ attirer davantage les individus les moins fortunés, et par<br />
conséquent d’améliorer en définitive l’équité d’accès.<br />
Déjà, Mwabu et Mwangui (1986), dans une étude réalisée au Kenya, examinent deux<br />
stratégies en relation avec le contexte dans lequel leur étude a été réalisée. La première<br />
stratégie consiste à supposer que les ressources supplémentaires obtenues grâce à une<br />
augmentation des tarifs dans les services publics de santé ne s’accompagnent pas d’une<br />
amélioration de la qualité. Les résultats de l’analyse de cette stratégie concluent que la<br />
demande de soins pour les services des cliniques publiques, des missions et des pharmacies<br />
est très sensible à un changement de prix. A contrario, la demande de soins pour les services<br />
des hôpitaux publics, des cliniques privées et des tradithérapeutes sont tout à fait inélastiques.<br />
La seconde stratégie examinée par les auteurs tient compte du fait que les gains obtenus suite<br />
22
à une augmentation des tarifs dans les services publics sont utilisés pour améliorer la qualité<br />
de ces mêmes services : les auteurs observent que l’impact d’une telle stratégie conduirait les<br />
patients à orienter davantage leurs recours vers les cliniques publiques et les missions. Ainsi,<br />
l’introduction d’un système de tarification dans le secteur public des soins de santé associé à<br />
un réinvestissement des revenus générés pour en améliorer la qualité, s’accompagnerait d’un<br />
accroissement de la demande de services dans les formations sanitaires publiques. En<br />
revanche, dans l’hypothèse où les ressources supplémentaires acquises par les formations<br />
sanitaires ne seraient pas réinvestis à des fins d’amélioration de la qualité des services<br />
dispensés, les observations concluent à une diminution de la demande. En définitive, Mwabu<br />
et Mwangui (1986) concluent que l’adoption de la première stratégie aurait pour conséquence<br />
une diminution du surplus du consommateur, alors que la mise en place de la seconde<br />
conduirait à une hausse globale de l’utilisation des services.<br />
Ellis et Mwabu (1991) ont analysé la relation entre la « propension à payer » des patients et la<br />
qualité des soins médicaux, au Kenya, suite à une enquête réalisée auprès des ménages ainsi<br />
que des formations sanitaires. Leurs résultats montrent que la qualité des formations sanitaires<br />
influence fortement les choix, favorise le recours aux soins et que les utilisateurs sont disposés<br />
à payer pour une amélioration de cette qualité, en l’occurrence si la qualité observée dans les<br />
dispensaires publics était amenée au même niveau que celle des centres de santé privés. Les<br />
auteurs trouvent une relation positive entre le revenu et le recours aux soins, suggérant que les<br />
traitements curatifs sont des biens « normaux » ; ils observent également que cette demande<br />
de soins est élastique aux prix.<br />
Litvack et Bodart (1993) dans une étude de cinq formations sanitaires au Cameroun observent<br />
que l’introduction de la tarification dans les services publics ne s’accompagnant pas d’une<br />
amélioration de la qualité de ces services a des effets négatifs pour les classes à revenus<br />
faibles. Mais, ils trouvent aussi que des améliorations en qualité (notamment une plus grande<br />
disponibilité des médicaments) peuvent annuler l’impact négatif des augmentations de tarifs,<br />
et que, lorsque la qualité est contrôlée, le quintile de revenu le plus bas est moins sensible aux<br />
augmentations de prix que les autres groupes. En d’autres termes, la probabilité de recours<br />
aux soins par les plus démunis (quintile le plus bas) a augmenté, en parallèle aux<br />
améliorations de la qualité des soins, à un taux proportionnellement plus élevé que le reste de<br />
la population, en particulier, par rapport aux plus aisés. Les auteurs démontrent même, dans<br />
cette expérience menée au Cameroun, que l’effet de la qualité sur la demande est plus<br />
23
important que l’effet des prix. Des résultats semblables ont été notés par Diop et al (1995) au<br />
Niger.<br />
Mwabu et al (1993) ont mené une étude dans un district rural de l’Est du Kenya, à Méru. Ils<br />
se sont interrogés sur la relation particulière qui existe entre prix et qualité des soins, en<br />
examinant les effets d’une amélioration de la qualité des services offerts, associée à une<br />
augmentation des tarifs, sur la demande. Les auteurs ont trouvé que les facteurs de qualité<br />
utilisés dans leur étude sont significatifs et que l’impact du prix diminuait en présence de<br />
l’amélioration de la qualité, en particulier pour la disponibilité d’une large gamme de<br />
médicaments. Ils arrivent au résultat qu’une augmentation des tarifs (de 0 à 10 unités<br />
monétaires) associée à un doublement du nombre de médicaments disponibles dans les<br />
formations sanitaires publiques, accroîtrait la probabilité de choix des centres de santé publics<br />
de 13.1%, ainsi que de celles des autres alternatives (21.7% pour les centres confessionnels,<br />
22.3% pour les centres privés). Dans cette étude, les auteurs n’ont pas analysé l’impact de<br />
cette tarification sur les individus pouvant être considérés comme les plus défavorisés, ou les<br />
plus contraints financièrement.<br />
Lavy et Germain (1994) ont trouvé pour le cas du Ghana, que les facteurs de qualité<br />
(disponibilité de médicaments, personnel, infrastructures, services) utilisés dans leur étude<br />
sont significatifs et ont des effets positifs sur le choix des filières de soins : c’est la<br />
disponibilité des médicaments qui attire davantage l’attention des ménages que les autres<br />
facteurs de qualité. Ils ont également démontré que l’impact du prix par rapport à la<br />
distribution du revenu diminuait en présence de l’amélioration de la qualité. Les coefficients<br />
d’estimation des deux modèles de demande sans et avec amélioration de la qualité sont<br />
respectivement – 0,11 et – 0,08.<br />
Abel-Smith et Rawal (1992) et Weaver et al (1996) ont réalisé des études respectivement en<br />
Tanzanie et au Centrafrique. Dans ces articles, les auteurs utilisant la méthode d’Evaluation<br />
Contingente demandaient aux patients ce qu’ils étaient prêts à payer si certains aspects de la<br />
qualité étaient améliorés à l’avenir. Ils constatent que les patients étaient prêts à payer des<br />
améliorations de la qualité, particulièrement pour la disponibilité d’une large gamme de<br />
médicaments, et que ce montant était relativement important. Même les populations rurales<br />
(considérées comme celles ayant le niveau de vie le plus bas) ont manifesté une forte intention<br />
de payer l’amélioration des services.<br />
24
Plus récemment, Mariko (2002), suite à une enquête réalisée sur un échantillon représentatif<br />
de la ville de Bamako, a utilisé un modèle Logit multinomial emboîté pour étudier le choix<br />
entre six alternatives de soins. L’auteur observe d’abord qu’une augmentation du prix des<br />
traitements, la qualité restant inchangée, contribuerait à diminuer l’utilisation des formations<br />
sanitaires. Ces résultats indiquent aussi que l’omission de variables de qualité produit un biais<br />
dans l’effet de la variable « prix », et que toute décision mettant l’accent sur l’amélioration de<br />
la qualité (approvisionnement régulier en médicaments essentiels génériques, formation et<br />
sensibilisation du personnel médical) augmenterait considérablement la demande même en<br />
cas d’ accroissement sensible des tarifs des prestations. Par exemple, il trouve qu’un<br />
doublement du nombre de médicaments dans les dispensaires conduit à accroître la demande<br />
de 35%. Quant à la variable « revenu », elle a un coefficient significativement positif pour les<br />
formations sanitaires privées lucratives, et négatives pour celles à but non lucratives ; par<br />
contre, le revenu n’a pas d’effet significatif sur la probabilité de recourir aux soins des<br />
hôpitaux et dispensaires publics. Dans son étude, l’auteur a utilisé des indicateurs indirects de<br />
revenu obtenus à partir de scores attribués aux caractéristiques du patrimoine du ménage ainsi<br />
que celles liées à ses conditions de vie. Le travail de Mariko (2002) présente néanmoins le<br />
défaut de ne pas avoir examiné le rôle de la qualité dans la demande ou l’utilisation des<br />
services de santé par certaines couches sensibles de la population, en particulier les couches<br />
les plus défavorisées financièrement.<br />
Il existe d’autres preuves empiriques que la qualité est importante pour stimuler la demande<br />
des services de soins de santé, et que des améliorations en qualité peuvent réduire ou<br />
compenser l’effet négatif de l’introduction ou de l’augmentation des tarifs. Nous citerons pour<br />
exemples les travaux de Wouters (1993, 1995) au Niger, ainsi que de Leighton et Diop (1995)<br />
au Sénégal, de Akin et Hutchinson (1999) au Sri Lanka et de Sahn (2000) en Tanzanie. La<br />
Banque Mondiale (1993, 1994) cite volontiers la longue expérience des services de santé<br />
offerts par les missions religieuses qui fournissent des preuves quant à la disposition des<br />
populations à payer pour des soins de bonne qualité.<br />
Pourtant, d’autres travaux soulignent que ce rôle compensateur que l’on attribue à la qualité,<br />
par rapport à l’effet négatif de l’augmentation des tarifs sur le recours aux soins ne serait pas<br />
systématique, mais dépendrait de différents paramètres tels que l’ampleur des hausses de<br />
coûts et les composantes de la qualité concernés par ces hausses, comme cela a été observé au<br />
25
Zaïre (Haddad et Fournier 1995 ; Fournier et al., 1997 ). De même au Niger, l’amélioration de<br />
la qualité n’a pas empêché la baisse d’utilisation des soins par le quartile de revenu le plus bas<br />
de – 32,4% dans l’arrondissement de Say (où l’on pratiquait un paiement par épisode de<br />
maladie), tandis que leur utilisation a plus que doublé dans l’arrondissement de Boboye ( où<br />
l’on pratiquait un système de financement social par taxe plus un co-paiement en fonction de<br />
l’age du patient) [Bitran, 1995].<br />
Dans cette génération d’études empiriques prenant en compte le rôle de la qualité dans la<br />
demande des services de santé, peu de travaux tiennent compte de la réaction des différentes<br />
catégories de la population face à une hausse du prix associée à une amélioration de la qualité.<br />
Et comme la plupart de ces études ont laissé de coté la stratification de la population en<br />
différentes classes de revenu, elles ne tranchent pas avec certitude, ni de façon objective, sur<br />
l’hypothèse que l’effet qualité peut totalement compenser l’effet négatif de la facturation de<br />
l’usager sur l’accès aux soins des catégories de la population pouvant être considérées comme<br />
les plus « pauvres ». Le cas échéant, la question de la difficulté de l’identification et de la<br />
classification de ce groupe de la population demeure encore, de la même façon que<br />
précédemment, en ce sens que les critères d’identification ne sont pas bien établis, ainsi que<br />
les caractéristiques à prendre en compte pour définir ce qu’est un « pauvre ».<br />
La plupart de ces études laissent donc encore entrevoir des insuffisances, liées à leur façon<br />
d’identifier ceux dont l’aptitude à payer et les moyens financiers sont limités. Leur grande<br />
faiblesse tient à leur inaptitude à mettre en évidence des modèles ou méthodes connus et testés<br />
d’identification des personnes ou des ménages ayant une capacité limitée à payer les<br />
prestations. En effet, aucun des critères d’identification utilisé par les différents auteurs, ne<br />
reposent sur une définition préalable du concept de « pauvreté », ni même sur une évaluation<br />
concrète et crédible de la pauvreté, dans le sens où il n’existe pas un niveau de vie<br />
prédéterminé et bien défini qualifié de « seuil de pauvreté » et qu’une personne doit avoir<br />
atteint pour ne pas être considérée comme « pauvre ».<br />
Section 4 : Inélasticité ou Elasticité de la demande par rapport au<br />
prix ? Réalités ou choix méthodologiques.<br />
Comme nous venons de le voir, la littérature empirique existante sur la demande de soins dans<br />
les pays en développement présente une image assez contradictoire sur la tarification et son<br />
26
impact sur la fréquentation des services. Les résultats obtenus des différents travaux sont en<br />
effet pour le moins mitigés. Autant la divergence des résultats des études pionnières pouvait<br />
découler de choix théoriques différents, autant les études suivantes sont restées<br />
contradictoires, alors même qu’elles se réclament toutes de semblables fondements<br />
théoriques, à savoir ceux empruntés au modèle de Gertler et al (1987, 1990). Dès lors, la<br />
variabilité des résultats empiriques ne peut être attribuée qu’à une variabilité réelle des<br />
comportements dans des groupes de population divers, ou à des choix méthodologiques dans<br />
l’application, notamment économétrique, du modèle de référence.<br />
4.1 Des terrains d’application variés<br />
La quasi totalité des études reposent sur des enquêtes transversales, parfois auprès des<br />
ménages, et certaines ont été complétées par des enquêtes auprès des établissements<br />
sanitaires. Bien que certaines précisent que leurs échantillons ont été choisis de manière<br />
aléatoire, souvent par tirage stratifié (Akin et al., 1986, 1995 ; Mwabu et al., 1986, 1993 ;<br />
Ellis et al., 1994 ; Juillet, 1999 ; Perrin, 2000 ; Mariko, 2002 ), beaucoup de travaux sont<br />
fondés sur des échantillons non randomisés et non contrôlés, qui ne sont pas représentatifs de<br />
la population étudiée (Mwabu et al., 1986 ; Chernichovsky et Meesook, 1986 ; Ellis et al.,<br />
1994 ; Akin et al., 1995 ; .Diop et al., 1995 ; Bolduc et al., 1996). Dès lors, la comparabilité<br />
des résultats s’avère problématique puisque les résultats ne peuvent pas être rapportés à la<br />
population générale.<br />
Par ailleurs, même si la méthode d’échantillonnage et les caractéristiques de la base de<br />
sondage mises en œuvre pour obtenir les données utilisées sont souvent semblables, certaines<br />
enquêtes ont lieu auprès des seuls utilisateurs échantillonnés sur les lieux de dispensation des<br />
services (Akin et al., 1999 ; Sahn, 2000). Or ces seuls utilisateurs interrogés à un temps donné<br />
(et ne correspondant pas forcément à l’ensemble des utilisateurs potentiels) ne sont pas<br />
représentatifs de la population malade de la zone étudiée. Ce type d’enquête ne prend donc<br />
pas en compte les comportements des individus souffrant d’un épisode morbide qui n’ont pas<br />
engagés de démarche de recours aux structures sanitaires. Dans la mesure où ces non recours<br />
peuvent également être une expression du comportement des individus en réaction à l’état de<br />
l’offre sanitaire, les omettre de fait de par la procédure d’échantillonnage peut entraîner un<br />
biais de sélection non négligeable.<br />
27
A cela il faut ajouter que les études regroupent souvent des espaces géographiques plus ou<br />
moins importants qui peuvent aller du niveau local au niveau régional et/ ou national avec des<br />
caractéristiques de l’offre très différentes selon le niveau. De plus, les études portent sur des<br />
populations hétérogènes sur le plan des caractéristiques socioéconomiques et socioculturelles<br />
qui peuvent être soit exclusivement rurales (Akin et al., 1995 ; Dor et al., 1987 ; Gertler et al.,<br />
1987 ; Gertler et al., 1990 ; Lacroix et al., 1994 ; Litvack et Bodart, 1993 ; Mwabu et<br />
Mwangui, 1986 ; Mwabu et al., 1993 ; Sauerborn et al., 1994 ; Dow, 1996 ; Bolduc et al.,<br />
1996 ; Audibert et Mathonnat, 1999), soit urbaines (Bitran et al., 1993 ; Ellis et al., 1994 ;<br />
Juillet, 1999 ; Perrin, 2000 ; Mariko, 2002 ) ou encore rurales et urbaines mélangées (Akin et<br />
al., 1986 ; Chernichovsky et al., 1986 ). Il parait donc encore difficile de comparer des<br />
comportements de consommations de soins de santé des pays entre des pays aux structures de<br />
répartition de revenu très différentes et où les systèmes de santé existants peuvent être très<br />
différents (il existe par exemple des pays où il y a une segmentation totalement étanche des<br />
populations et des systèmes de santé, avec un système totalement gratuit pour les plus pauvres<br />
et un système privé avec assurance maladie privée).<br />
Parmi l’ensemble des études, certaines ont étudié les conduites thérapeutiques de populations<br />
particulières (enfants, femmes, patients hospitalisés, accouchements) [Akin et al., 1995], et<br />
/ou se sont également basées sur des types de services différents (préventifs, ou curatifs). Or,<br />
les comportements ou déterminants de la demande de santé (notamment l’impact des tarifs)<br />
peuvent être différenciés selon qu’il va s’agir de soins curatifs, préventifs ou encore d’autres<br />
soins plus particuliers comme les hospitalisations, les soins pédiatriques ou les<br />
accouchements. Cela rend difficile la comparaison des résultats et peut expliquer pour partie<br />
les divergences de résultats observées.<br />
Une autre raison pouvant expliquer l’hétérogénéité des résultats obtenus concerne les<br />
différences dans les types de structures étudiées (hôpitaux ou structures de soins primaires par<br />
exemple), l’impact de l’introduction des tarifs pouvant être différente d’une structure à<br />
l’autre. Les recherches ne se sont pas toutes intéressées aux demandes des mêmes services de<br />
santé, et l’ensemble des services disponibles n’a presque jamais été pris en compte. Akin et al<br />
(1986) ont étudié les recours aux secteurs publics modernes, privés modernes, et traditionnels.<br />
Chernichovsky et al (1986) ont analysé les recours aux sages femmes ou autres professionnels<br />
paramédicaux, aux médecins et aux tradithérapeutes. Mwabu et al (1986), Dor et al (1987),<br />
Gertler et al (1988, 1990) et Dow (1996) tiennent compte dans leur étude des cliniques<br />
28
publiques, des hôpitaux (soins externes), et de l’automédication. Lavy et Germain (1994) ont<br />
étudié les consultations à l’hôpital en distinguant les hospitalisations et les autres recours à<br />
l’hôpital ; l’ensemble des recours analysé comprend également les soins recherchés dans les<br />
dispensaires, les recours aux pharmacies, aux cliniques, et enfin une catégorie « autre soins »<br />
dans laquelle les auteurs placent les recours à l’automédication. Si Bitran et al (1993), Litvack<br />
et al (1993), Ellis et al (1994) n’ont analysé que les services de santé qui pourraient être<br />
définis comme appartenant au service sanitaire moderne, les premiers auteurs se sont<br />
intéressés aux services délivrés dans les formations publiques, privées ainsi que dans les<br />
centres de sécurité sociale, alors que les seconds, dans leur analyse ont restreint leur champ<br />
d’études en ignorant tout ce qui n’est pas centres de santé publics pratiquant une politique de<br />
recouvrement des coûts ; quant à Ellis et al (1994) , ils se sont concentrés autant sur les<br />
formations hospitalières et non hospitalières de leur zone d’études que sur les formations<br />
privées caritatives. Mais Bitran et al (1993) n’ont tenu compte que des visites rendues à un<br />
médecin. Sauerborn et al (1994) opposent les recours à un professionnel de la santé à tous les<br />
comportements qui consistent à ne pas rechercher les soins auprès d’un professionnel. Bolduc<br />
et al (1996) analysent les recours à l’automédication, aux hôpitaux, aux centres de santé<br />
communaux, et aux cliniques privées. Akin et al (1995) examinent les structures publiques et<br />
privées, ainsi que l’automédication. Audibert et al (1999) ont retenu trois types de recours<br />
dans leur estimation finale, à savoir l’automédication, le recours à une structure moderne<br />
(hôpital et secteur non hospitalier) et le recours aux tradipraticiens. Non seulement les études<br />
divergent donc sur le type de recours étudiés mais aucune ne considère le spectre de l’offre de<br />
soins dans son ensemble ce qui peut conduire à passer à côté de divers phénomènes de<br />
complémentarité ou de substituabilité entre les types de services, ceci d’autant que le<br />
recouvrement des coûts peut affecter différemment la demande de soins selon les segments<br />
concernés de l’offre.<br />
4.2 Des choix méthodologiques variés<br />
Le choix de la population et les techniques d’échantillonnage mises en œuvre n’expliquent<br />
pas à eux seuls l’hétérogénéité des résultats observés. La nature des variables utilisées et les<br />
techniques d’estimations peuvent aussi avoir un impact sur les résultats.<br />
4.2.1 Une variable « prix » non homogène<br />
29
La variable déterminante dans les études portant sur la demande dans les PED est la variable<br />
« prix » puisque l’attention a toujours été focalisée sur les effets des prix des services sur la<br />
demande de soins. Pour l’approcher, certains auteurs utilisent des coûts totaux correspondant<br />
à des dépenses de santé dont les montants sont obtenus en multipliant les tarifs par les<br />
quantités consommées (Heller, 1982). D’autres utilisent simplement les prix officiels en<br />
vigueur dans les centres considérés (Mwabu, 1993 ; Litvack et Bodart, 1993) : or une telle<br />
mesure n’est pas satisfaisante, car elle n’incorpore pas l’éventualité de l’existence de dépenses<br />
liées aux prix des examens complémentaires et des médicaments. Les coûts doivent inclure<br />
les dépenses pour les honoraires et les traitements, et les coûts de transport.<br />
Lavy et Germain (1994) ne tiennent compte que des honoraires et excluent de leur analyse le<br />
coût des médicaments, au motif qu’il « n’est pas connu ex-ante par le malade pour lui<br />
permettre d’effectuer une comparaison entre les modes de traitement ». D’autres auteurs, ne<br />
disposant pas d’informations directes sur les prix, intègrent dans leur modèle des mesures<br />
indirectes ou des variables équivalentes. Par exemple, Chernichosky et al (1986), évaluent une<br />
relation prix- hédonique laquelle fournit une estimation des coûts relatifs directs des services<br />
en reliant l’utilisation de chaque service particulier aux dépenses des ménages. Bolduc et al<br />
(1996) estiment également des équations hédoniques de prix, en fonction des variables<br />
susceptibles d’expliquer les différences de prix payé par chaque individu. Cependant, cette<br />
méthode comporte un défaut lié au fait que les variables explicatives de prix se trouvent être<br />
aussi les variables explicatives de la demande de soins de santé : cela pose un problème de<br />
simultanéité dans l’estimation de la probabilité de décision, du fait que le prix devient<br />
endogène. Or, le modèle théorique retient les « prix » comme variable explicative parce qu’ils<br />
sont censés être indépendants du comportement des individus, et donc de la décision de choix.<br />
Gertler et al (1987, 1988, 1990), Dor et al (1987), Dow (1996) et Sahn (2000) approchent leur<br />
variable « prix » par la mesure du coût d’opportunité calculé en multipliant le temps de trajet<br />
entre le domicile du malade et le lieu de consultation choisi, par le taux de salaire en vigueur<br />
dans la communauté.<br />
4.2.2 Des modèles économétriques variés<br />
La totalité des études susmentionnées portant sur la demande de soins, ont cherché à estimer<br />
l’impact de l’introduction ou de l’augmentation des tarifs sur les probabilités qu’un individu<br />
30
malade choisisse un type de service donné parmi un nombre donné d’alternatives. Leur<br />
objectif était d’expliciter les choix d’individus confrontés à différentes alternatives<br />
thérapeutiques. Dans ce cadre, elles ont toutes utilisé un modèle de choix discret pour leur<br />
analyse, à l’exception du travail de Heller (1982). Cette utilisation n’a pas été sans<br />
conséquence.<br />
Dans la quasi totalité des études appliquées aux PED, les auteurs ont tous [excepté Dow<br />
(1996), et Akin et al (1998)] estimé une fonction d’utilité conditionnelle. C’est à dire que<br />
l’estimation de la demande de soins de santé est toujours conditionnée à l’état morbide, donc<br />
réalisée sur des échantillons d’individus malades. Or cette démarche est susceptible de<br />
produire une sélection non aléatoire des individus malades, sélection susceptible de causer des<br />
biais lors de l’estimation des élasticités du modèle de demandes de soins de santé curatifs sur<br />
l’échantillon des seuls malades (Heckman, 1984). Ce problème étant rarement discuté et testé<br />
dans la littérature, aucuns des auteurs n’a procédé à une éventuelle correction de ce biais de<br />
sélection. Pourtant Dow (1996) et Akin et al (1998) ont montré l’intérêt qu’il y a à considérer<br />
non plus uniquement les individus malades, mais aussi d’introduire dans l’analyse l’ensemble<br />
des demandes nulles (représentant les individus en bonne santé). Dow (1996), dans son étude<br />
des déterminants d’une demande inconditionnelle de soins aboutit à la principale conclusion<br />
que les élasticités- prix de demande conditionnelle sont supérieures à celles de demande non<br />
conditionnelle.<br />
Certains auteurs ont estimé une fonction de demande de soins de santé dans laquelle ils<br />
supposaient que l’individu malade faisait face à deux alternatives au maximum : « se soigner<br />
dans le secteur moderne » ou « ne pas se soigner avec la médecine moderne ». Et, pour<br />
estimer la probabilité qu’un individu choisisse entre l’une des deux modalités existantes, les<br />
auteurs ont eu recours à un modèle Logit binomial ou binaire (Chernichovsky et Meessok,<br />
1986 ; Litvack et Bodart 1993 ; Sauerborn et al., 1994 ; Barlow et Diop, 1995). Or, la réalité<br />
offre un large spectre de soins (dépassant très généralement deux options) dont il est<br />
important de tout considérer (au risque de créer un biais dans l’estimation), chaque catégorie<br />
de service renvoyant à des comportements différents des consommateurs et donc à<br />
l’expression de demandes différentes. Pour l’étude de Chernichovsky et Meessok (1986) en<br />
particulier, cette dernière trouve sa limite dans le fait que les auteurs utilisent un modèle de<br />
régression linéaire pour expliquer des variables dépendantes dichotomiques. Or, une telle<br />
procédure est inappropriée, car l’utilisation des techniques d’inférence par moindres carrés<br />
31
(MCO ou MCG) n’est pas valable dans le cas où la variable dépendante est binaire (c’est à<br />
dire prenant la valeur 1 ou 0) [Jonhson, 1988 ; Gourieroux, 1989], l’interprétation des<br />
paramètres estimés n’ayant aucune signification.<br />
Dans les cas où plus de deux alternatives sont considérées, les auteurs ont eu recours à des<br />
modèles à choix discrets multinomiaux (Logit multinomial simple, Logit multinomial<br />
emboîté, Probit multinomial).<br />
Le modèle multinomial Logit a été utilisé par Akin (1986), Mwabu et Mwangui (1986), Dor<br />
et Van der Gaag (1988), Mwabu et al. (1993), Li (1996) et Perrin (2000), cette dernière ayant<br />
utilisé un Logit multinomial conditionnel. La principale limite de ce type de modèle est<br />
l’hypothèse sous-jacente d’ « indépendance de l’alternative non pertinente », ordinairement<br />
appelée dans la littérature anglo-saxonne « Irrelevant Independant Alternative ». Ce modèle<br />
suppose que la corrélation entre les termes d’erreurs des fonctions d’utilité indirecte est nulle<br />
(Maddala, 1983 ; Greene, 2000). Elle suppose donc que le rapport des probabilités entre deux<br />
alternatives est indépendant de l’ensemble des autres alternatives disponibles. Autrement dit,<br />
le rapport de substitution entre deux services dont les individus peuvent disposer ne tient<br />
compte que des caractéristiques de ces deux services, sans qu’entre en ligne de compte les<br />
caractéristiques des autres services. Par conséquent, la décision de choisir entre deux services<br />
considérés serait supposée indépendante, donc séparable, des caractéristiques de l’ensemble<br />
des autres services. Il s’agit bien d’une hypothèse restrictive dont la conséquence est que les<br />
élasticités croisées par rapport à une variable donnée sont égales pour tous les modes de soins.<br />
Par exemple, si un malade a le choix entre trois modes de soins, l’automédication, le privé et<br />
le public, une augmentation de 1% du prix dans les services publics réduirait d’un<br />
pourcentage identique la probabilité de recourir à l’automédication ou aux centres de soins<br />
privés. Le choix d’un tel modèle paraît donc non approprié dans le cas ou il existe différents<br />
degrés de complémentarité ou de substituabilité entre les diverses alternatives considérées, car<br />
il ignore la possibilité de substitution entre les alternatives.<br />
Pour remédier à ces problèmes, deux solutions sont proposées dont la première consiste à<br />
chercher une formulation logistique mieux adaptée, telle que la formulation du modèle<br />
multinomial Logit emboîté, laquelle autorise une possibilité de dépendance des variables. Elle<br />
a été utilisée par Gertler et al. (1987, 1988, 1990), Dor et al (1987), Bitran et al. (1993), Juillet<br />
(1999), Sahn (2000), et Mariko (2002). Cependant, elle ne résout pas complètement le<br />
32
problème de l’hypothèse d’ « Indépendance de l’Alternative non Pertinente », car si cette<br />
dernière est levée entre des choix appartenant à différents niveaux de l’arbre de décision, elle<br />
reste quand même maintenue entre des choix appartenant à un même niveau, ou sous<br />
ensemble. De plus, ce modèle ne permet pas qu’une même variable explicative soit retenue<br />
comme déterminant de plusieurs recours, ou d’une étape à l’autre (d’un niveau d’emboîtement<br />
à l’autre).<br />
La deuxième solution proposée consiste à choisir une loi pour les utilités telle que l’hypothèse<br />
d’ « Indépendance des Alternatives non Pertinentes » ne soit pas toujours satisfaite. C’est ce<br />
qui est fait dans le modèle Probit multinomial, qui évite d’emblée le problème que pose<br />
l’hypothèse IIA. Il permet toutes les corrélations et formes de substitution possibles entre les<br />
termes d’erreurs d’une part, et les alternatives d’autre part. Bolduc et al (1996), dans leur<br />
étude des déterminants du lieu de traitement des patients provenant d’un milieu rural du<br />
Bénin, estiment un modèle à choix discret du type Logit Multinomial (ML) et Probit<br />
multinomial (PM) ; leurs résultats d’estimation montrent que les élasticités obtenues à partir<br />
du PM sont différentes de celles obtenues par LM.<br />
Il ressort donc de cette réflexion que la méthodologie utilisée (choix de la variable prix et<br />
choix du modèle économétrique) auquel sont associées des hypothèses économiques<br />
particulières relatives au comportement des malades n’est pas neutre par rapport aux résultats<br />
trouvés, et donc, peut entraîner les décideurs à opter pour des stratégies de santé ayant un<br />
impact opposé à celui qui serait recherché.<br />
Conclusion<br />
La littérature existante sur la demande de soins dans les pays en développement (notamment<br />
sur la tarification et son impact sur la fréquentation des services) contient des informations en<br />
définitive clairsemées sur la réaction aux prix. Alors que certains ont avancé que les prix<br />
avaient peu d’effet sur l’utilisation des services de santé, d’autres ont suggéré que c’était le<br />
phénomène contraire que l’on observait mais que l’impact négatif du prix peut être réduit,<br />
voire compensé par des améliorations de qualité de services offerts. Audibert et Mathonnat<br />
(1999) font même part d’un effet significatif et positif du prix sur la demande de soins, alors<br />
que Haddad et Fournier (1995) et Fournier et al. (1997) contestent même l’idée qu’une<br />
33
amélioration de la qualité des services dispensés dans les formations sanitaires pourrait en<br />
quoi que ce soit compenser l’effet négatif du prix sur la demande.<br />
Cette variabilité des résultats sur l’élasticité peut d’une part être liée aux modèles<br />
économétriques utilisés, et d’autre part au fait que les enquêtes sur lesquelles les études se<br />
fondent ont été conduites indépendamment les unes des autres, à l’aide de questions<br />
formulées de diverses manières sur les prix et l’utilisation des prestations de santé et sur la<br />
base de différentes périodes et zones de référence. En conséquence, aucune comparaison ne<br />
serait appropriée, et il est très difficile de savoir si les résultats divergents observés résultent<br />
d’une réalité des comportements de demande de soins ou s’il s’agit de divergences<br />
méthodologiques dans l’analyse de ces comportements ? A ce stade, il apparaît clairement que<br />
l’on ne peut pas trancher, alors même que ces résultats ont des implications importantes sur<br />
les politiques de santé dans les PED.<br />
Il ressort néanmoins de cette réflexion qu’il serait souhaitable de conduire de nouvelles<br />
recherches en utilisant les mêmes méthodes de collecte et d’analyse de données afin de<br />
pouvoir faire des comparaisons adéquates. Il conviendrait également d’améliorer la<br />
formulation des questions et la standardisation des réponses avant que des comparaisons ne<br />
prennent sens, et de s’appuyer sur des techniques d’analyses validées ( c’est à dire, celles qui<br />
permettent d’éviter une situation dans laquelle on aurait aucune idée de la fragilité réelle des<br />
conclusions face aux données et aux hypothèses sur lesquelles elles reposent) pour répondre<br />
aux questions soulevées par les résultats mitigés observés.<br />
En ce sens, des efforts sont encore nécessaires pour améliorer significativement les acquis. La<br />
réflexion menée sur l’analyse théorique et empirique de l’étude de la demande de soins dans<br />
les PVD gagnerait à mieux définir un cadre général dans lequel l’équité puisse être intégrée à<br />
l’objectif d’efficacité, de sorte que le changement induit par une action (ici l’introduction ou<br />
l’augmentation de la tarification des soins) ne se fasse au détriment d’aucun agent. Il faudra<br />
pour cela à l’avenir commencer par réfléchir soigneusement aux effets de la tarification des<br />
soins sur l’utilisation des services de santé par les plus démunis, en tenant compte de la<br />
question de l’accès aux soins des « pauvres » et en surmontant les difficultés d’ordre<br />
sémantique et technique liées à leur identification. Les résultats mitigés qui accompagnent les<br />
études de demande de soins dans les PED pourraient également être améliorés par une<br />
meilleure prise en compte de l’ensemble des spécificités du marché de la santé, c’est à dire de<br />
34
la pluralité des ressources sanitaires existantes et de leurs éventuelles complémentarités, et de<br />
l’ensemble des conduites thérapeutiques potentielles (automédication, soins modernes, soins<br />
traditionnels, secteur informel). Ceci permettra d’une part à l’individu d’exprimer son<br />
comportement d’utilisation dans le pluralisme des systèmes existants ( et non pas limiter son<br />
choix en matière de santé) et d’autre part, permettre de mesurer l’impact des tarifs sur<br />
l’ensemble de la demande (toutes alternatives considérées). Enfin, il faudra estimer les<br />
différentes configurations de modèles à choix discret (Logit multinomial simple, Logit<br />
multinomial emboîté, Probit multinomial), afin de saisir si les résultats sont liés aux<br />
contraintes liées au terrain d’application ( autrement dit aux spécificités de chaque pays ou<br />
zone d’études), ou aux interprétations qui peuvent être faites à partir des résultats obtenus<br />
grâce aux modèles. Le cas échéant, utiliser le modèle le plus solide sur le plan théorique, et<br />
qui ne soit contraint d’aucune restriction, en l’occurrence le Probit multinomial.<br />
Biographie des auteurs<br />
Jean-Paul MOATTI est Professeur à l’Université de la Méditerranée (Faculté de Sciences<br />
Economiques) et Directeur de l’INSERM (u-379).<br />
Stéphane LUCHINI est chargé de recherche au CNRS, rattaché au GREQAM et membre<br />
associé de l’IDEP (Institut d’Economie Publique).<br />
Boubou CISSE est doctorant en économie à l’Université de la Méditerranée (Aix- Marseille<br />
2).<br />
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48
ANNEXE 1<br />
Source<br />
Akin et al.<br />
(1986)<br />
Akin et al.<br />
(1995)<br />
Akin et al.<br />
(1998)<br />
Audibert et<br />
Mathonat<br />
(1999)<br />
Barlow et<br />
Diop<br />
(1995)<br />
Pays<br />
Philippines<br />
Nigeria<br />
Sri Lanka<br />
(districts de<br />
Colombo,<br />
Galle, Matale<br />
et<br />
Polonnaruwa)<br />
Cote d’Ivoire<br />
-Burkina-Faso<br />
-Niger<br />
Type<br />
Données,<br />
d’enquêtes<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 1903<br />
ménages 100<br />
formations<br />
sanitaires en<br />
milieu urbain et<br />
rural<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 86<br />
formations<br />
sanitaires avec<br />
100 patients<br />
choisis au<br />
hasard dans<br />
chaque<br />
formation et<br />
questionnés sur<br />
leur statut socioéconomique<br />
et<br />
démographique<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès des<br />
10.000 ménages<br />
781 formations<br />
sanitaires<br />
Enquête auprès<br />
de 734 familles<br />
d’exploitants<br />
agricoles en<br />
milieu rural<br />
(Nord de la Cote<br />
d’Ivoire)<br />
étude<br />
expérimentale<br />
avec un groupe<br />
de contrôle<br />
prétest-postest<br />
Type de<br />
Prestataires<br />
et/ou de services<br />
Soins prénataux<br />
-Formations<br />
publiques<br />
-Formations<br />
privées<br />
-Formations<br />
publiques<br />
-Formations<br />
privées<br />
-Soins modernes<br />
-Soins<br />
traditionnels<br />
-Soins prénataux<br />
et immunisation<br />
des enfants contre<br />
la tuberculose<br />
Variable<br />
« prix »<br />
utilisée<br />
- honoraires de<br />
consultation<br />
- coûts de<br />
transport<br />
Prix des<br />
consultations<br />
affichés dans<br />
les formations<br />
sanitaires<br />
- distance<br />
- coûts<br />
monétaires<br />
Coûts du<br />
traitement<br />
(consultation+<br />
médicaments+<br />
analyses<br />
éventuelles)<br />
- Durée du<br />
trajet<br />
- frais de<br />
consultation<br />
Méthode<br />
d’estimation<br />
Logit<br />
multinomial<br />
(MNL)<br />
Probit<br />
Multinomial<br />
(PM)<br />
MNL<br />
Probit<br />
multinomial<br />
(PM)<br />
Logit<br />
binomial<br />
Bitran et<br />
McInnes<br />
(1994)<br />
Amérique<br />
Latine<br />
(République<br />
Dominicaine,<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 2537<br />
ménages en<br />
-Formations<br />
privées<br />
-Formations<br />
publiques<br />
49<br />
- prix affichés<br />
dans les<br />
formations<br />
sanitaires<br />
Logit<br />
multinomial<br />
(MNL)
Bolduc et<br />
al. (1996)<br />
et Saint<br />
Salvador)<br />
Bénin, milieu<br />
rural (Ouidah)<br />
République<br />
Dominicaine et<br />
2885 ménages à<br />
Saint Salvador<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès des 2591<br />
ménages<br />
-Centres de<br />
Sécurité Sociale<br />
-Hôpital<br />
-Centres de Santé<br />
de commune<br />
-Clinique privée<br />
Prix-hédonique MNL et PM<br />
Chernicho<br />
vsky et<br />
Meesook<br />
(1986)<br />
Diop et al.<br />
(1995)<br />
Indonésie<br />
Niger<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de<br />
ménages et<br />
formations<br />
sanitaires<br />
étude<br />
expérimentale<br />
avec un groupe<br />
de contrôle<br />
prétest-postest,<br />
en milieu rural<br />
-Soins modernes<br />
-Soins<br />
traditionnels<br />
- Secteur non<br />
hospitalier<br />
Prix-hédonique OLS<br />
- Prix affichés<br />
dans les<br />
formations<br />
sanitaires<br />
Logit<br />
binomial<br />
Dor et al.<br />
(1987)<br />
Dor et Van<br />
der Gaag.<br />
(1988,<br />
1993)<br />
Dow<br />
(1996,<br />
1999)<br />
Ellis et<br />
Mwabu<br />
(1991)<br />
Ellis et al.<br />
(1994)<br />
Gertler et<br />
al. (1987)<br />
Cote d’Ivoire<br />
(milieu rural)<br />
Cote d’Ivoire<br />
(milieu rural)<br />
Cote d’Ivoire<br />
(milieu rural)<br />
Kenya<br />
(milieu rural)<br />
Egypte (Caire,<br />
milieu urbain)<br />
Cote d’Ivoire<br />
(milieu rural)<br />
Données LSMS<br />
de la Banque<br />
Mondiale, avec<br />
950 ménages<br />
Données LSMS<br />
de la Banque<br />
Mondiale avec<br />
950 ménages<br />
Données LSMS<br />
de la Banque<br />
Mondiale avec<br />
950 ménages<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 315<br />
ménages et 15<br />
Formations<br />
sanitaires<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 1652<br />
ménages<br />
Données LSMS<br />
de la Banque<br />
-Hôpital<br />
-Centres de santé<br />
- Médecin<br />
- Infirmier<br />
-Hôpital<br />
-Centres de Santé<br />
public<br />
- Dispensaires<br />
publics<br />
- Formations<br />
sanitaires privées<br />
- formations<br />
sanitaires<br />
confessionnelles<br />
-Hôpital<br />
-Formations<br />
sanitaires<br />
publiques<br />
-Formations<br />
privées et<br />
caritatives<br />
- Hôpital<br />
- Centres de santé<br />
- temps de<br />
trajet<br />
- temps de<br />
trajet<br />
- temps de<br />
trajet<br />
- Distance<br />
entre le<br />
domicile et la<br />
formation<br />
sanitaire<br />
- coût moyen<br />
des services<br />
Coût<br />
d’opportunité<br />
NMNL<br />
MNL<br />
NMNL, et<br />
PM<br />
MNL<br />
NMNL<br />
50
Gertler et<br />
al. (1988,<br />
1990)<br />
Heller<br />
(1982)<br />
Juillet<br />
(1999)<br />
Lavy et<br />
Quigley<br />
(1993)<br />
Litvack et<br />
Bodart<br />
(1993)<br />
Mwabu et<br />
Mwangui<br />
(1986)<br />
Mwabu et<br />
al. (1993)<br />
Pérou<br />
Malaisie<br />
Mali<br />
(Bamako,<br />
milieu urbain)<br />
Ghana<br />
Cameroun<br />
(milieu rural)<br />
Kenya (milieu<br />
rural)<br />
Kenya (milieu<br />
rural, Meru)<br />
Mondiale (980<br />
adultes et 744<br />
enfants de<br />
moins de 16<br />
ans)<br />
Données LSMS<br />
de la Banque<br />
Mondiale<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès des<br />
ménages<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès des<br />
ménages (1200)<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès des<br />
ménages et<br />
formations<br />
sanitaires<br />
étude<br />
expérimentale<br />
avec un groupe<br />
de contrôle<br />
prétest-postest<br />
dans cinq<br />
formations<br />
sanitaires (800<br />
ménages<br />
concernés)<br />
Enquête auprès<br />
de 315 ménages<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 315<br />
ménages et 15<br />
Formations<br />
sanitaires<br />
publics<br />
-Hôpital<br />
-Centres de santé<br />
publics<br />
-Formations<br />
sanitaires privées<br />
Quantités de soins<br />
consommés=<br />
nombre de<br />
consulations<br />
-Hôpital<br />
-Dispensaires<br />
publics<br />
-Consultation<br />
externe Hôpital<br />
-Consultation<br />
interne Hôpital<br />
-Dispensaires,<br />
centre de santé<br />
-Automédication<br />
-Centres de santé<br />
publics<br />
-Formations<br />
publiques<br />
-Formations<br />
publiques<br />
-Formations<br />
confessionnelles<br />
-Formations<br />
privées<br />
en temps=<br />
temps de<br />
trajet*taux de<br />
salaire en<br />
vigueur<br />
Coût<br />
d’opportunité<br />
en temps=<br />
temps de<br />
trajet*taux de<br />
salaire en<br />
vigueur<br />
Coûts=<br />
Quantités de<br />
soins * Tarifs<br />
Coûts de la<br />
consultation +<br />
coûts de<br />
transport<br />
Honoraires<br />
Prix des<br />
consultations<br />
dans les<br />
formations<br />
sanitaires<br />
Prix des<br />
consultations<br />
dans les<br />
formations<br />
sanitaires<br />
Prix des<br />
consultations<br />
dans les<br />
formations<br />
sanitaires<br />
NMNL<br />
NMNL<br />
OLS<br />
NMNL<br />
NMNL<br />
Logit<br />
binomial<br />
Logit<br />
conditionnel<br />
MNL<br />
Perrin<br />
(2000)<br />
Cote d’Ivoire<br />
(milieu urbain,<br />
Enquête<br />
transversale<br />
-Centre de santé<br />
spécialisés<br />
51<br />
Coûts totaux<br />
(transport,
Mariko<br />
(2002)<br />
Sahn<br />
(2000)<br />
Sauerborn<br />
et al.<br />
(1994)<br />
Abidjan) auprès de 1903<br />
ménages<br />
Mali (milieu<br />
urbain,<br />
Bamako)<br />
Tanzanie<br />
(milieu rural)<br />
Burkina-faso<br />
(milieu rual)<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 1200<br />
ménages 1200 et<br />
35 formations<br />
sanitaires<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 2200<br />
Ménages<br />
Enquête<br />
transversale<br />
auprès de 624<br />
ménages<br />
-Centre de santé<br />
non spécialisés<br />
-Hôpital<br />
-Formations<br />
privées<br />
-Formations<br />
privées non<br />
lucratives<br />
-Dispensaires<br />
-Hôpital public<br />
-Hôpital privé<br />
-Clinique privée<br />
-Clinique<br />
publique<br />
-Formations<br />
sanitaires<br />
publiques<br />
consultation,<br />
médicaments<br />
et examens<br />
complémentair<br />
es)<br />
Coûts totaux<br />
(transport,<br />
consultation,<br />
médicaments<br />
et examens<br />
complémentair<br />
es<br />
Coût<br />
d’opportunité<br />
en temps=<br />
temps de<br />
trajet*taux de<br />
salaire en<br />
vigueur<br />
Coût<br />
d’opportunité<br />
en temps et<br />
Coûts de la<br />
consultation +<br />
coûts de<br />
transport<br />
Logit<br />
conditionnel<br />
NMNL<br />
NMNL<br />
Logit<br />
binomial<br />
52
1 La tarification des soins est également utilisée pour permettre un apport de ressources supplémentaires.<br />
2 Dans les pays en développement, et dans les pays africains en particulier, le phénomène de couverture contre<br />
le risque maladie est quasiment inexistant, et les prestations demeurent non couvertes par les assurances. Ce<br />
mode de financement institutionnel des soins est très peu répandu (Shaw et Griffin, 1995).<br />
3 Il s’agissait des études de l’état de la consommation ainsi que des facteurs socioéconomiques qui l’expliquent (<br />
Grossman, 1972 ; Phelps et Newhouse, 1972 ; Davis et Russell, 1972 ; Acton, 1976 ; Christianson 1976 ; Akin<br />
et al, 1981 ). Ces études se réalisaient à travers des travaux calqués sur des modèles néoclassiques de<br />
concurrence pure et parfaite sans prise en compte de l’incertitude ou de l’ignorance du patient, ainsi que des<br />
modèles issus de la théorie du capital humain.<br />
4 Le médecin disposerait d’un pouvoir discrétionnaire lui permettant de gonfler artificiellement la demande des<br />
services médicaux s’il le désire.<br />
5 A l’exception de l’étude d’Heller, toutes les autres études considèreront la demande de soins de santé curatifs<br />
comme une variable de choix discret.<br />
6 Une maladie mystique est une maladie dont la représentation par une partie de la population est qu’elle est<br />
« causée » par des évènements non naturels (empoisonnement, action maléfique d’un sorcier ou d’un marabout,<br />
etc...)<br />
7 Gertler et al (1987, 1990) ont montré que le revenu peut influencer le choix du soin uniquement si la fonction<br />
d’utilité permet un taux marginal de substitution de la santé pour la consommation qui ne soit pas constant.<br />
8 L’argumentation développée à cet effet étant que « les ressources générées par la contribution des usagers<br />
permettraient de financer les inputs qui manquent le plus, de développer des activités de supervision et de<br />
formation qui ont pour fonction d’améliorer la qualité des soins et le bon fonctionnement du système de soins<br />
dans son ensemble (Dumoulin et Kaddar, 1993).<br />
9 Dans cette étude, c’est l’échantillon de la formation sanitaire qui a permis le tirage au sort de l’échantillon des<br />
individus.<br />
10 Par demande « inconditionnelle », il est entendu une demande émanant autant des malades que des personnes<br />
saines (non malades).<br />
11 Il s’agit d’un modèle qui conserve la spécification Logit, mais effectue des regroupements entre modalités<br />
similaires. Il a l’avantage de prendre en compte différents degrés de substitutions entre les alternatives. Les<br />
individus choisissent donc d’abord parmi un ensemble de groupes d’options puis, une fois dans le groupe,<br />
choisissent entre les différentes alternatives de ce groupe.<br />
12 Il s’agit d’un modèle de choix de McFadden (1973,1981), dans lequel les termes d’erreurs sont<br />
indépendamment et identiquement distribués selon une loi de type Weibull (Greene, 1997), et dans lequel aucune<br />
structure d’emboîtement des choix n’est imposée par l’analyste. L’individu choisit entre plusieurs alternatives,<br />
dont l’utilité dépend des caractéristiques des individus ainsi que des attributs spécifiques aux options de soins<br />
choisies.<br />
13 Par « qualité subjective », il est attendu la qualité perçue par l’usager des différents services auxquels il peut<br />
accéder, par opposition à la qualité pouvant être jugée comme « normative » ou « objective ».<br />
14 Quelques expériences de recouvrement des coûts observent que la fréquentation des services publics augmente<br />
avec l’introduction des tarifs, si cette contribution financière des usagers s’accompagne d’une amélioration de la<br />
qualité (Burkina-Faso).<br />
15 Le tradithérapeute est une personne reconnue par la collectivité dans laquelle elle vit, comme compétente pour<br />
dispenser les soins de santé, grâce à l’emploi de substances végétales, animales et minérales, et d’autres<br />
méthodes basées sur le fondement socioculturel et religieux aussi bien que sur les connaissances, compétences et<br />
croyances liées au bien être physique, mental et social ainsi qu’à l’étiologie des maladies et invalidités prévalant<br />
dans la collectivité (définition de l’OMS, cité par Diakité Djigui, 1993)<br />
16 Le coût d’opportunité est calculé en multipliant le temps de trajet entre le domicile du malade et le lieu de<br />
consultation le plus proche par le taux de salaire en vigueur dans la communauté.<br />
17 Ce modèle permet de s’affranchir de l’hypothèse d’Indépendance des Alternatives non Pertinentes, IIA,<br />
présente dans le Logit Multinomial (Gourierroux, 1989 ; Alban, 2000).<br />
18 Il faut en effet reconnaître que la mesure du revenu dans les sociétés ou le salariat reste l’exception constitue<br />
une difficulté d’importance, certainement entachée d’erreurs et de biais. De plus les économies des pays en<br />
développement, particulièrement des pays africains sont des économies partiellement monétarisées, et les<br />
revenus monétaires ne sont qu’une petite partie des revenus totaux.<br />
53
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<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
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<br />
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<br />
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<br />
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<br />
<br />
<br />
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<br />
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