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GREQAM<br />

Groupement de Recherche en Economie<br />

Quantitative d'Aix-Marseille - UMR-CNRS 6579<br />

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales<br />

Universités d'Aix-Marseille II et III<br />

Document de Travail<br />

n°2004-26<br />

Didier Balsan, Karine Moschetti<br />

et Lise Rochaix<br />

Consommation de soins hospitaliers : les<br />

arbitrages entre distance et qualité


Consommation de soins hospitaliers :<br />

les arbitrages entre distance et qualité<br />

Didier Balsan ∗† ,KarineMoschetti ‡ et Lise Rochaix §<br />

25 mai 2004<br />

Résumé<br />

L’objet de cet article est de développer une méthodologie permettant d’estimer les consentements<br />

à se déplacer des patients dans leur recours aux soins hospitaliers. Centré sur le patient et<br />

non sur l’attractivité des offreurs de soins, l’originalité de ce travail est de prendre en compte à la<br />

fois les caractéristiques de l’offre et les préférences des patients. La démarche repose sur l’analyse<br />

de la distance supplémentaire que les patients acceptent de couvrir alors qu’un service comparable<br />

est disponible dans un hôpital plus proche de leur lieu de résidence. Le modèle est appliqué<br />

à un extrait d’une base de données (PMSI public et privé) contenant près de 170 000 séjours<br />

individuels de patients hospitalisés dans une région de France. L’étude statistique montre qu’un<br />

tiers des patients se déplacent au-delà de l’établissement le plus proche pour recevoir des soins,<br />

révélant ainsi des consentements à se déplacer strictement positifs. Les résultats économétrique<br />

mettentenévidencequedesfacteurstelsquelaqualitédessoinsinfluencent significativement la<br />

distance parcourue par les patients dans leur recours aux soins. Ainsi, les résultats soutiennent<br />

l’idée selon laquelle la demande peut constituer un vecteur de mise en concurrence par la qualité<br />

des établissements sur le marché des soins hospitaliers et conduire à en améliorer le niveau.<br />

Classification JEL : I11, C24, R23, L44, L13<br />

∗ Lors de la rédaction de ce document, Didier Balsan était à la Direction de la Recherche des Etudes et de<br />

l’Evaluation et des Statistiques (DREES).<br />

† Les auteurs remercient la Direction de la Recherche des Etudes et de l’Evaluation et des Statistiques (DREES)<br />

pour leur avoir permis de travailler, dans le cadre d’une convention, sur la base PMSI 2001. Ils remercient également<br />

la Direction Régionale de l’Insee Limousin pour les informations socio-économiques qu’elle leur a fournies.<br />

‡ Université de la Méditerranée, Groupement de Recherches en Etudes Quantitatives d’Aix Marseille (IDEP et<br />

GREQAM). Correspondance : karine.moschetti@free.fr<br />

§ Université de la Méditerranée, Institut d’Economie Publique (IDEP et GREQAM.<br />

1


1 Introduction<br />

Ces dernières années, en France - comme dans la plupart des pays, y compris ceux où le système<br />

de santé est planifié -, le regard porté sur la place des usagers évolue rapidement. Le constat est<br />

souvent dressé d’une volonté générale des patients d’être considérés comme des acteurs à part entière<br />

du système (Amar et al., 2001 ; CNS 1 , 2000). Concrètement, la réflexion sur le rôle des usagers dans<br />

le système de santé est aujourd’hui largement engagée 2 . Selon l’enquête menée sur l’élaboration<br />

des schémas régionaux d’organisation sanitaire de deuxième génération (2000), une telle démarche<br />

"participe à une volonté politique nouvelle qui donne aux usagers un rôle de contrepouvoir face aux<br />

professionnels de santé et aux gestionnaires" 3 . Le Haut Comité de la Santé Publique pour sa part<br />

a émis, en 2002, diverses recommandations qui visent à développer la participation des usagers au<br />

fonctionnement du système de santé 4 .<br />

Au delà d’une réponse à une demande légitime de la population, il se peut que la participation<br />

des patients au système de soins puisse conduire à une amélioration de son efficacité,.le patient<br />

devenant un élément actif de la régulation du système de santé. Traditionnellement, la régulation<br />

des établissements a reposé sur la recherche de modes de rémunération prospectifs ainsi qu’en<br />

atteste la première partie de la revue de la littérature. De plus en plus, la capacité de choix des<br />

patients entre les établissements fait l’objet d’interrogations de la part du régulateur. De fait, même<br />

si les recommandations des médecins traitants ont un rôle majeur dans l’orientation des patients<br />

danslesystèmedesoins,lalibertédechoixparlespatientsdumoded’entréedanslesystème<br />

(généralistes, spécialistes, hôpitaux) demeure importante. Cette possibilité de choix permet alors à<br />

ceux qui l’exercent de s’orienter vers l’établissement dont les caractéristiques (en termes de qualité<br />

et de distance) correspondent à leurs préférences. Dans ce cas, le choix du patient peut constituer un<br />

vecteur de mise en concurrence par la qualité des établissements sur le marché des soins hospitaliers,<br />

conduisant alors à une amélioration de celle-ci.<br />

Or, une telle mise en concurrence par les patients est-elle effective ? Peut-on asseoir la régulation<br />

sur un tel levier ? S’il est vrai que la répartition de l’offre est relativement centralisée alors que celle<br />

de la demande est diffuse sur le territoire, confèrent-t-elles pour autant à l’établissement de soins<br />

une situation de monopole spatial ? Si tel était le cas, toute politique de mise en concurrence serait<br />

vouée à l’échec. Le choix des patients est-il seulement dicté par la proximité de l’établissement ?<br />

Acceptent-ils de se déplacer et quelles distances sont-ils prêts à parcourir pour atteindre une qualité<br />

supérieure ? Telles sont les interrogations auxquelles ce travail empirique tente d’apporter des<br />

1 Conférence Nationale de la Santé, 2000.<br />

2 Schéma Régional d’Organisation Sanitaire de deuxième génération, SROS II, États généraux de la santé, Conférences<br />

Régionales de Santé-CRS et Commission Régionale d’Organisation Sanitaire et Sociale - CROSS, mais aussi<br />

conseil scientifique de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation de Santé-ANAES et conseils d’administration<br />

des établissements de santé.<br />

3 Contrat d’étude de la Direction des Hôpitaux Rapport final, Janvier 2000, p. 96.<br />

4 Les propositions portent notamment sur la volonté d’accroître la place du malade dans la co-décision diagnostique<br />

et thérapeutique, d’intégrer les usagers dans le fonctionnement des institutions sanitaires et sociales, de faire participer<br />

le citoyen aux décisions de santé publique et de façon prioritaire d’assurer la représentation des usagers dans toutes<br />

les instances qui interviennent dans le domaine de la santé et des soins. Cf. HCSP, 2002, partie 4, p. 349.<br />

2


éléments de réponses.<br />

Deux raisons peuvent expliquer les déplacements effectués par les patients pour se faire hospitaliser<br />

: les caractéristiques de l’offre ou les préférences des usagers. La répartition spatiale des<br />

hôpitaux étant inégale, certains patients résidant loin des centres hospitaliers sont contraints, du<br />

fait de la localisation des établissements, de parcourir des distances importantes. Pour d’autres<br />

patients, moins contraints par la disponibilité de l’offre, les distances parcourues s’expliquent alors<br />

davantage par leurs préférences.<br />

Les études sur la mobilité des patients, menées à partir de l’analyse des distances parcourues,<br />

ne permettent pas d’identifier séparément les deux raisons précédemment évoquées. Or, ne pas<br />

distinguer dans un déplacement ce qui relève de la contrainte de l’offre,decequirelèveduchoix<br />

du patient revient à considérer que tout déplacement est associé à des comportements d’arbitrage<br />

entre les différents établissements et par conséquent à en surestimer l’envergure. Pour dissocier<br />

le mode de recours aux soins hospitaliers et le choix de l’établissement, il apparaît essentiel de<br />

disposer d’une méthode permettant d’identifier de façon distincte les facteurs relevant du caractère<br />

contraignant de l’offre hospitalière de ceux reflétant les préférences des patients.<br />

L’originalité de cette contribution est justement de proposer une méthode permettant de combler<br />

cette lacune. La démarche consiste à définirunhôpitalthéoriquequisetrouveêtreleplusproche<br />

du lieu de résidence du patient et à même de le soigner pour la pathologie qu’il présente. Cet hôpital<br />

de référence sera comparé à l’établissement effectivement choisi par le patient. Si les patients<br />

acceptent de couvrir une distance d’accès supplémentaire alors qu’un service de qualité identique<br />

est disponible dans l’hôpital théorique, ceci sera identifié à un comportement de recherche de qualité<br />

par le patient. Cette méthode contrôle de manière efficace les variations géographiques dans la<br />

disponibilité de l’offre et permet de s’assurer que les mouvements observés (distance supplémentaire<br />

positive) correspondent effectivement à des choix des patients. Quant bien même elle peut conduire<br />

à sous-estimer les comportements de recherche par les patients, elle est préférable à une majoration<br />

artificielle de ces comportements de recherche. Le contrôle effectué par la vérificationquelepatient<br />

pouvait être soigné de manière comparable (par rapport à sa pathologie) dans un établissement plus<br />

proche de son lieu de résidence, nous autorise à interpréter la distance supplémentaire éventuellement<br />

parcourue par les patients comme une proxy de la concurrence (en qualité) exercée par les<br />

patients sur les établissements de soins.<br />

Pour répondre à ces interrogations, notre attention se porte sur la demande de soins hospitaliers<br />

de la région du Limousin. L’objet de cet article n’est pas de décrire l’attractivité des établissements<br />

d’une région mais d’étudier les choix effectués par les patients dans leur recours aux soins. L’étude<br />

porte sur les patients résidant dans la zone prédéfinie et ne s’intéresse pas aux personnes extérieures<br />

à cette zone. Par conséquent, les patients entrant dans le Limousin pour se faire hospitaliser ne sont<br />

pas contenus dans la base. Le choix de cette région se justifie par ses caractéristiques. Le fait que<br />

la région est une zone rurale avec une population relativement âgée donnera une valeur minimale<br />

(une borne inférieure) à nos estimations des comportements de recherche. On pourra alors attendre<br />

des pratiques similaires, voire beaucoup plus marquées dans d’autres régions de France si l’on fait<br />

l’hypothèsed’unerelationinverseentrel’âgeetleconsentementàsedéplacer.<br />

3


Les résultats indiquent qu’une part significative (un tiers) de la population hospitalisée effectue<br />

une distance supplémentaire à celle qui la sépare de l’établissement théorique. Ce pourcentage relativement<br />

élevé ne constitue pourtant qu’une valeur plancher à l’estimation des comportements<br />

de recherche présents sur le marché hospitalier de la région étudiée. En effet, l’analyse statistique<br />

effectuée sur les patients restants (c’est à dire ceux donr les distances supplémentaires sont<br />

nulles) montre que certains d’entre eux adoptent également un comportement de recherche. L’étude<br />

économétrique réalisée sur la totalité des observations, suggère que le choix de l’établissement de<br />

soins par les patients ne se réduit pas à l’établissement le plus proche et que d’autres facteurs,<br />

comme la qualité, influencent ce choix. Le patient exerce alors une certaine pression sur l’offre de<br />

soins et participe ainsi à la mise en concurrence en qualité des offreurs de soins.<br />

L’article est organisé comme suit. La section 2 présente tout d’abord une revue de la littérature<br />

sur la régulation hospitalière et les différents travaux économiques analysant la distance qui sépare<br />

le patient de l’établissement de soins comme l’un des facteurs affectant la demande de soins hospitaliers.<br />

La section 3 présente le modèle théorique sur lequel s’appuie l’estimation économétrique<br />

qui vise à expliquer la distance supplémentaire parcourue par le patient par rapport à l’hôpital<br />

théorique. La section 4 détaille la base de données pour le Limousin et fournit également des éléments<br />

de statistiques descriptives. La section 5 fournit les résultats de l’estimation économétrique<br />

qui valident l’hypothèse selon laquelle la demande est sensible à la qualité des soins. La section<br />

suivante propose une étude complémentaire sur des variables socio-économiques caractérisant le<br />

canton de résidence des patients. La section 7 résume les résultat et propose des extensions.<br />

2 Revue de la littérature<br />

Le premier point de cette section est consacré à la littérature théorique portant sur la régulation<br />

hospitalière, comprise ici comme la mise en place de mécanismes de paiement optimaux des offreurs<br />

de soins. Cet objectif est poursuivi par l’instauration progressive, dans de nombreux pays, du<br />

paiement prospectif aux Diagnosis Related Groups (DRGs 5 ). Dans un même but, la France met<br />

actuellement en place la Tarification à l’Activité (T2A), qui s’apparente aux DRGs. Expérimentée<br />

en 2003, sa généralisation à l’ensemble des établissements hospitaliers devrait débuter au cours de<br />

l’année 2004.<br />

La littérature économique relative au marché hospitalier [Ellis & McGuire, (1986, 1990), Ma<br />

(1994), Chalkley & Malcomson (1998) et Mougeot (1998)] a clairement identifié les effets du<br />

paiement prospectif et, plus généralement, les propriétés des différentes formes de paiements (de<br />

type cost-plus, prospective ou bien, mixedpayment) sur les comportements des établissements de<br />

soins. La supériorité du paiement prospectif est établie puisqu’il permet de faire coïncider les intérêts<br />

de la tutelle et des offreurs,àlafoisentermesd’efficacité productive et d’efficacité allocative<br />

dès lors que le prix est fixé de façon adéquate. Le mécanisme de concurrence par comparaison<br />

(ou encore Yardstick competition) développé par Shleifer (1985) permet de fixer convenablement le<br />

5 Le système des DRGs est une classification médicale utilisée par les établissements hospitaliers qui classe chacun<br />

des patients dans un groupe homogène de maladies.<br />

4


prix sous des conditions particulières très exigeantes (Hartmann et al. 2001 p. 23). Le paiement aux<br />

DRGs constitue alors une illustration institutionnelle de ce modèle de concurrence par comparaison.<br />

Lorsque certaines de ces conditions sont relâchées, par exemple lorsqu’il est tenu compte de la<br />

présence de risque moral et de sélection adverse, phénomèmes à l’oeuvre sur le marché hospitalier,<br />

les mécanismes de paiements mixtes sont alors préférables [Ellis et McGuire (1986, 1988, 1990),<br />

Ellis (1998) ; Hartmann & Mougeot (2000) ; Ma (1994) ; Newhouse (1991) ; Pope (1989, 1990)].<br />

Les services hospitaliers sont en général analysés en faisant appel aux modèles principal-agent<br />

issus de la théorie des contrats, dans le cadre d’une relation bilatérale tutelle-offreur de soins. Les<br />

apports de ce type de modélisation en terme de compréhension des stratégies des établissements de<br />

soins sont incontestables. Cependant, comme le souligne Rochaix (1997), ces modèles appliqués au<br />

domaine de la santé ont tendance à isiler chaque relation d’agence sans tenir compte de l’ensemble<br />

des interactions entre agents intervenants sur le marché hospitalier ; en particulier, celles impliquant<br />

l’usager.<br />

Or, guidé par son goût pour des soins de qualité et non contraint par les prix des soins, du fait<br />

de la présence d’assurances maladie obligatoire et complémentaire, le patient peut faire jouer la<br />

concurrence en qualité sur le marché hospitalier. L’article de Pope (1989) est l’un des premiers à<br />

considérer un modèle théorique introduisant cette forme de concurrence sur le marché hospitalier.<br />

En considérant que les établissements de soins sont régulés sous paiement prospectif, l’auteur trouve<br />

que les effets de la concurrence en qualité peuvent alors être bénéfiques. Ils dissipent les profits des<br />

offreurs, incités à augmenter leur efficacité productive en accroissant leur investissement dans la<br />

qualité. Ainsi, la concurrence en qualité est susceptible de contrecarrer les incitations à fournir des<br />

soins de basse qualité et de réduire le gaspillage (managerial slack) qui est induit par ce système<br />

de paiement prospectif 6 .<br />

A la lumière de ces différents résultats théoriques, il semble qu’une régulation, pour être efficace,<br />

doive tenir compte des relations entre les différents agents du système hospitalier et reposer sur<br />

deux mécanismes aux objectifs complémentaires. La règle de paiement prospectif, établie sous forme<br />

de contrat entre la tutelle et les offreurs constituerait la première composante de la régulation et<br />

permettrait d’atteindre l’efficacité productive. La seconde composante de la régulation pourrait<br />

reposer sur la concurrence en qualité générée par le comportement des patients. Cette forme de<br />

concurrence complèterait alors la miseenplacedelarègletarifaireencesensoùellecontriburait<br />

à accroître en partie l’efficacité allocative (sous réserve qu’il n’y ait pas de sélection de patients).<br />

Dans ce cadre, si le paiement prospectif constitue un élément central des politiques de régulation<br />

hospitalière, la concurrence émanant de la demande permettrait d’en renforcer les effets bénéfiques<br />

attendus.<br />

Sans aborder de façon aussi explicite la question de la concurrence que les patients peuvent<br />

mettre en oeuvre sur le marché hospitalier, le second point de littérature comprend différentes<br />

recherches étudiant le recours aux soins hospitaliers des patients. Mobley (1998), dans une revue<br />

de travaux empiriques traitant de la mobilité des patients, distingue deux types d’approches. La<br />

première, de loin la plus utilisée, introduit la notion de distance comme variable intervenant dans le<br />

6 sous la condition que les prix soient déterminés de façon adéquate.<br />

5


choix du patient pour un établissement. Dans un tel contexte, la distance constitue un des nombreux<br />

facteurs exogènes influençant le choix du patient pour un établissement. Cette approche adapte les<br />

modèles de gravité 7 qui, dans leurs versions les plus récentes, incorporent des facteurs autres que<br />

celui de la distance dans la définition de la probabilité de choix d’un hôpital par le patient.<br />

Selon cette approche, McGuirk et Porell (1984) estiment des élasticités-temps et distance<br />

supérieures à l’unité. Burns et Wholey (1992) mettent en évidence que la distance explique près<br />

de 90% du choix d’un établissement. Ces résultats semblent indiquer qu’une grande part des choix<br />

des patients est associée à la proximité des établissements. Par contre, Luft et al. (1990) établissent<br />

que les variables relatives à la qualité expliquent une part importante du choix. Tay (2003) trouve<br />

pour sa part que les choix des patients dépendent à la fois de la distance et de la qualité.<br />

La critique suggérée par ces premiers travaux est d’expliquer le choix du patient par la variable<br />

distance, qui peut elle-même dépendre d’autres facteurs. En particulier, la distance parcourue par<br />

les patients est influencée par la qualité de l’établissement. Ainsi, selon Mobley, c’est le marché<br />

des soins lui-même — incluant la distribution spatiale des personnes, des services hospitaliers, des<br />

médecins, et les contraintes inhérentes au marché — qui détermine la distance parcourue par les<br />

patients. La distance devient alors endogène au système de soins tout entier. Dans un tel contexte,<br />

la distance parcourue résulte d’un choix des patients et il s’agit de la considérer comme variable<br />

à expliquer et non comme variable explicative, ce qui constitue le point distinctif de la seconde<br />

approche.<br />

La littérature économique ne comporte que très peu de travaux cherchant à expliquer la distance<br />

parcourue par les patients. Les articles utilisant cette seconde approche sont essentiellement constitués<br />

des travaux américains cherchant à analyser l’impact que l’introduction du Managed Care<br />

a pu avoir sur les distances parcourues par les patients. Il s’agit notamment des articles de Mobley<br />

(1998) et White et Morrisey (1998) présentés ci-dessous, qui ont chacun développé des approches<br />

théoriques différentes.<br />

Mobley (1998) exprime l’endogénéité de la distance avec le marché des soins hospitaliers dans<br />

un cadre d’interaction spatiale. Elle part d’une formulation générale des modèles d’interaction<br />

spatiale (proposée par Fo<strong>the</strong>ringham and O’Kelly, 1989, p. 44), puis s’intéresse à l’ensemble des<br />

flux provenant de tous les lieux de résidence vers tous les établissements. La variable analysée est<br />

la distance moyenne rencontrée sur le marché 8 .<br />

7 Les modèles de gravité appartiennent aux modèles d’interactions spatiales et reposent sur la loi de gravitation<br />

universelle. Cette loi est la traduction de l’hypothèse selon laquelle l’interaction entre deux ”points de l’espace”,<br />

souvent identifiés à deux populations, dépend des forces d’attraction de la destination, de la force de ”propulsion”<br />

de l’origine et de la distance qui sépare les deux populations (Fo<strong>the</strong>ringham et O’Kelly, 1989). Les forces dépendent<br />

de la taille des populations. La distance peut tout aussi bien être physique, sociale, économique que culturelle.<br />

Les modèles décrivent les flux de patients entre des lieux de l’espace, leur résidence et les établissements de soins.<br />

Plus précisément, ces flux sont déterminés par des variables d’offre, de demande et des facteurs spatiaux (distance,<br />

opportunités d’interventions, effets d’agglomération etc...).<br />

8 Le modèle estimé par Mobley se présente sous la forme d’une regression linéaire où la variable dépendante est le<br />

log de la distance et les explicatives comprennent notamment des variables de propulsion (concentration du marché<br />

6


White et Morrisey (1998) examinent les prises en charge des hôpitaux de la Californie sur une<br />

période s’étalant de 1985 à 1991. Ils analysent les séjours individuels de patients hospitalisés pour<br />

une certaine pathologie (repérée par les DRGs), et traités dans les établissements hospitaliers de<br />

différentes régions 9 .<br />

Faisant référence aux modèles standard de recherche du consommateur, White et Morrisey<br />

considèrent que les choix de trajets effectués vers les hôpitaux dépendent des coûts de déplacements,<br />

Tc, des coûts d’information Ic et des gains anticipés de la recherche effectuée sur les coûts et la<br />

qualité, G. Les auteurs établissent une relation implicite de la forme T = T (Tc,Ic,G) où T est le<br />

coût du déplacement du patient. En règle générale cependant, les modèles font l’hypothèse quêtree<br />

le consommateur, à la recherche des services hospitaliers, préfèrera l’établissement localisé le plus<br />

près de chez lui, minimisant ainsi les coûts de trajet.<br />

Si la minimisation ce coût semble l’hypothèse la plus souvent retenue par les modèles, ce coût<br />

financier n’est pas le seul que doit supporter le patient. Ce dernier accorde de la valeur à son<br />

environnement familial et la rupture (même momentanée) avec cet environnement constitue un<br />

autretypedecoûtauquellepatientdoitfaireface.Le choix de l’établissement de proximité permet<br />

de limiter ces coûts non monétaires. Par ailleurs, la nature de la pathologie et notamment sa<br />

gravité affectent la perception des coûts de déplacements et d’information et, par conséquence,<br />

les comportements de recherche. Par exemple les bénéfices attendus de la recherche de la qualité<br />

sont plus importants pour un patient atteint d’une pathologie lourde que légère. Dans ce cas, les<br />

coûts que les patients acceptent sont supérieurs et peuvent les amener à parcourir de plus longues<br />

distances. A l’opposé les facteurs tels que l’urgence et/ ou les embouteillages sur les axes routiers<br />

ont tendance à réduire les déplacements. L’arbitrage que les patients effectuent entre la distance et<br />

la qualité varie selon les personnes, dépend de la gravité de la maladie (Rochaix, 1989), mais aussi<br />

d’autres facteurs individuels tels que l’âge (Tay, 2002) et le niveau d’éducation qui affectent leur<br />

disposition à se déplacer .<br />

3 Lemodèledechoixdupatient<br />

Nous proposons dans cette section un modèle de choix du patient qui relève de la seconde<br />

approche en ce sens que nous considérons que la distance parcourue par les patients est endogène au<br />

marché. Nous représentons le choix de se déplacer et la longueur du déplacement comme le résultat<br />

d’un arbitrage entre d’une part, les coûts occasionnés par la distance parcourue, la rupture avec<br />

l’environnement habituel, le coût d’information et, d’autre part, les gains anticipés d’une meilleure<br />

qualité. Cependant, notre modèle se distingue de celui de White et Morrisey (1998) en ce que notre<br />

raisonnement est basé sur l’analyse de la distance supplémentaire parcourue et en conséquence sur<br />

hospitalier, densité démographie et type d’assurance) et des variables d’attraction (case-mix, personnel médical,<br />

nombre de lits etc... ).<br />

9 Techniquement, les auteurs utilisent un modèle de régression multiple de type Tobit dont la variable dépendante<br />

est la distance séparant le patient et l’établissement d’accueil. Les variables explicatives sont notamment des caractéristiques<br />

relatives aux patients et au marché hospitalier (taille du marché dans le voisinage du patient, variables<br />

établissements).<br />

7


la comparaison des bénéfices et des coûts, exprimés en différence, entre l’établissement choisi et<br />

l’établissement théorique.<br />

Ainsi, l’utilité (U ij ) que retire le patient i du choix de l’établissement j est la différence entre<br />

les bénéfices et les coûts associés au recours à cet établissement. Les bénéfices dépendent des<br />

caractéritiques du patient notamment la gravité de la maladie, dénotées µ i et de l’établissement<br />

(η j ), en particulier la qualité des soins. Les coûts dedéplacementssupportésparlepatientsont<br />

de deux ordres : direct et indirect. Les coûts directs reflètent les coûts monétaires 10 associés à la<br />

distance parcourue (d ij ). Les coûts indirects sont liés à l’éloignement de l’environnement habituel<br />

du patient. L’utilité du patient i se rendant dans l’établissement j est :<br />

U ij = B ij (µ i ,η j ) − C ij (µ i ,d ij )=B i (µ i ,η j ) − (CI ij (µ i )+CD ij ) (1)<br />

où CI ij (µ i ) et CD ij sont respectivement les coûts indirects et directs supportés par le patient.<br />

On pose ˜B ij = B ij (µ i ,η j ) − CI ij (µ i ,d ij ) le bénéfice net des coûts indirects. Ainsi l’équation (1)<br />

s’écrit :<br />

U ij = ˜B ij (µ i ,η j ) − CD ij (2)<br />

En particulier, l’utilité du patient i soigné dans l’établissement théorique (dénoté 0) est :<br />

U i0 = ˜B i0 (µ i ,η 0 ) − CD i0 (3)<br />

Le patient choisira l’établissement j plutôt que l’établissement théorique si<br />

U ij − U i0 > 0 ⇔ ˜B ij (µ i ,η j ) − ˜B i0 (µ i ,η 0 ) >CD ij − CD i0 (4)<br />

On fait l’hypothèse que les coûts directs sont identifiables aux distances parcourues de telle<br />

sorte que :<br />

CD ij − CD i0 = d ij − d i0 (5)<br />

avec d ij la distance parcourue par i pour se rendre en j et d i0 la distance à l’établissement<br />

théorique.<br />

La différence d ij − d i0 est le supplément de distance parcourue par le patient i lorsqu’il se rend<br />

dans l’établissement j plutôt que l’établissement théorique 0.<br />

Les patients choisissent j tant que les coûts associés au déplacement sont inférieurs à un coût<br />

___<br />

seuil nommé Dij ∗ ___<br />

. Dij ∗ s’interprète comme le consentement à se déplacer (ou encore consentement à<br />

10 On fait l’hypothèse que les régimes d’assurance maladie obligatoire et comlémentaires prennent en charge la<br />

totalité des frais de traitement de sorte que la demande de soins ne dépend pas du prix du traitement.<br />

8


payer) du patient pour l’obtention d’un soin dans l’établissement j plutôt que dans l’établissement<br />

théorique. Il est donné par la condition U ij −U i0 =0, ce qui est équivalent à ˜B ij (µ i ,η j )− ˜B i0 (µ i ,η j )=<br />

___<br />

D ijḊans ∗ les données, on considère la variable dépendante D ij qui est égale à la différence de<br />

distance entre l’établissement j et l’établissement 0. On observe alors soit le supplément de distance<br />

parcourue par les patients, soit l’absence de supplément de distance. De façon plus précise :<br />

— D ij = Dij ∗ si les bénéfices ( ˜B ij (µ i ,η j ) − ˜B<br />

___<br />

i0 (µ i ,η 0 ))sontsupérieursauseuil Dij<br />

∗ i.e. si les<br />

coûts Dij ∗ sont inférieurs aux consentements à payer. Les D∗ ij sont alors des valeurs minorantes<br />

des consentements à payer des individus ;<br />

— D ij =0silesbénéfices ( ˜B ij (µ i ,η j ) − ˜B<br />

___<br />

i0 (µ i ,η 0 )) sont inférieurs au seuil Dij ∗ . Ainsi, chaque<br />

fois que les coûts Dij ∗ ___<br />

sont supérieurs au seuil Dij ∗ , la variable dépendante est nulle, bien<br />

que les consentements à payer, en toute généralité, ne le soient pas. Dans ce cas, les Dij<br />

∗<br />

représentent des majorants des consentements à payer.<br />

Dij ∗ est une variable latente dans la mesure où elle n’est observée que si le patient a effectivement<br />

choisi de se déplacer vers j.<br />

La spécification Tobit 11 , adaptée à la modélisation de telles observations tronquées, peut se<br />

résumer par l’écriture suivante :<br />

D ij =<br />

(<br />

D<br />

∗<br />

ij si<br />

0 sinon<br />

___<br />

D ∗ ij >D∗ ij<br />

⇔ (<br />

D<br />

∗<br />

D ij = ij si ˜Bij (µ i ,η j ) − ˜B i0 (µ i ,η 0 ) − Dij ∗ > 0<br />

0 sinon<br />

La modélisation exprimée à l’aide des variables explicatives s’écrit :<br />

1.<br />

(<br />

Pour la probabilité d’observer une distance supplémentaire nulle (règle de sélection) :<br />

Aij =1 si A ∗ ij > 0<br />

0 sinon<br />

où A ∗ ij = ˜B ij (µ i ,η j ) − ˜B i0 (µ i ,η 0 ) − Dij<br />

∗<br />

A ∗ ij = Z iγ + u i ,<br />

La probabilité que A ij soit égal à 1 est modélisée par une spécification probit.<br />

2. Pour la partie linéaire<br />

(<br />

D<br />

∗<br />

ij = X i β + ε i observé si A ij =1<br />

0 sinon<br />

11 Outre ces raisons d’ordre théorique, l’utilisation de la modélisation Tobit s’impose également par les valeurs prises<br />

par la variable dépendante. Les mesures des distances étant effectuées avec une certaine marge d’erreur, l’échantillon<br />

contient 30% de valeurs nulles qui ne le seraient pas si les mesures de la distance étaient parfaitement exactes. La<br />

spécification Tobit permet de ne pas rejeter ces observations et de tenir compte d’un éventuel biais de sélection lié<br />

au fait que les caractéristiques particulières de ces observations (pour lesquelles la "D ij "estartificiellement nulle)<br />

peuventêtrecorréléeàDij.<br />

∗<br />

9


où ε i et u i suivent une loi normale bivariée avec une covariance (ρ) entreε i et u i qui est non<br />

nulle.<br />

Ainsi le<br />

(<br />

modèle Tobit généralisé s’écrit :<br />

Xi β + ε i si Z i γ + ε i > 0<br />

D ij =<br />

0 sinon<br />

avec (u i , ε i ) ∼ N[0, 0, 1,σ ε ,ρ].<br />

Pour estimer statistiquement le modèle, on recourt aux ensembles de variables explicatives Z<br />

pour la règle de sélection (i.e. d’observation) et X pour la partie linéaire. Ces deux ensembles<br />

de variables se recouvrent partiellement 12 . Plus précisément, l’ensemble des variables explicatives<br />

(Z) du modèle probit est composé des caractéristiques des patients (âge, sexe, variables médicales<br />

et celles caractérisant le lieu de résidence). Les variables de la partie linéaire sont en partie<br />

celles de l’estimation précédente auxquelles sont ajoutées les caractéristiques des établissements.<br />

Nous modélisons ainsi la probabilité d’effectuer un déplacement supplémentaire comme dépendant<br />

des caractéristiques individuelles et l’envergure de ce déplacement comme expliqué par les caractéristques<br />

de la demande mais surtout celles de l’offre hospitalière. Du fait de la modélisation et<br />

de la nature même de la variable étudiée (qui est construite comme une différence de distances),<br />

les caractéristiques des établissements sont introduites par des variables exprimées elles-aussi en<br />

différences entre l’établissement j choisi par le patient et l’établissement théorique (0).<br />

4 Description de la base de données<br />

4.1 Les données<br />

La base de données est construite à partir de quatre sources distinctes : la Statistique Annuelle<br />

des Etablissements (SAE), le Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI),<br />

données 2001, l’Aide à la Gestion Hospitalière Nationale (AGHN) 2000/2001 et des données socioéconomiques<br />

au niveau des cantons (Direction régionale de l’INSEE - Limousin).<br />

La base PMSI contient des données individuelles d’hospitalisation (Résumé Standard Anonymisé<br />

- RSA) dans les secteurs public et privé en court séjour (Médecine Chirurgie Obstétrique - MCO).<br />

Une extraction de cette base pour les séjours hospitaliers des personnes résidant dans la région du<br />

Limousin a été effectuée. Plus précisément, sur la totalité des séjours des résidents du Limousin<br />

dans la base PMSI, 97,5% ont été conservés, de sorte que la base contient environ 170 000 RSA 13 .<br />

Parmi ces RSA, 93,5% représentent des séjours pris en charge par les établissements de la région,<br />

le reste correspondant aux patients hospitalisés hors de la région 14 . Les individus de la base se<br />

répartissent dans 35 établissements qui, pour la moitié, sont localisés dans le Limousin. L’annexe<br />

12 Pour des raisons d’identification des effets, il est nécessaire que la matrice Z contienne une variable non présente<br />

dans la matrice X ;lamatriceX peut inclure des variables différentes de celles de Z.<br />

13 Les 2,5 % restants sont des patients se rendant dans des hôpitaux pour lesquels trop peu d’observations étaient<br />

disponibles dans la base des résidents du Limousin pour pouvoir les inclure.<br />

14 L’information individuelle sur le mode d’entrée du patient étant disponible, elle a conduit à ne sélectionner que les<br />

patients en provenance de leur domicile. Au total 3 800 patients dont le mode d’entrée spécifiait une provenance d’un<br />

10


A.1 donne la liste des établissements d’accueil ainsi que la répartition des observations de la base<br />

dans chacun d’entre eux. L’annexe A.2 présente une carte de la région sur laquelle sont représentées<br />

les localisation des établissements, fournissant ainsi un support visuel à leur localisation. Un bref<br />

descriptif de la région est également joint à la carte.<br />

4.2 Les variables<br />

Les variables sélectionnées sont de trois ordres. Le premier porte sur les caractéristiques des<br />

patients, le second sur les facteurs décrivant les établissements de soins et le troisième sur la<br />

variable centrale à l’étude, la distance supplémentaire parcourue par les patients.<br />

4.2.1 Les variables "patients"<br />

Les variables individuelles décrites dans le tableau 1 sont celles relatives à la localisation du<br />

patient et à son séjour. En particulier la pathologie du patient est identifiée par le Groupe Homogène<br />

de Malade (GHM), la Catégorie Majeure de Diagnostic (CMD) 15 et/ou l’OAP 16 . La gravité du cas<br />

traité est mesurée en utilisant l’Indice Synthétique d’Activité (points ISA) 17 .<br />

Données individuelles<br />

Biographiques<br />

Spatiales<br />

Médicales<br />

Sexe, age<br />

Lieu de résidence (département, canton)<br />

Lieu d’hospitalisation<br />

Pathologie (GHM, CMD, OAP)<br />

Duréedeséjour(DMS)<br />

Mode de sortie (domicile ou transfert vers établissement)<br />

Nombre d’actes, diagnostics associés, durée de séance<br />

Sévérité du cas : nombre de points ISA<br />

Tab. 1 — Les variables "patients" (source : PMSI 2001)<br />

autre établissement (transferts) n’ont pas étéconservésdanslabasededonnées.Eneffet, l’étude portant sur les choix<br />

effectués par les patients quant à l’établissement de soins, la décision d’être transferé dans un second établissement,<br />

après un première hospitalisation relève en général plus d’un avis médical que d’un choix réel du patient.<br />

15 Le GHM est l’unité standard utilisée par le corps médical pour classer les malades dans les services hospitaliers.<br />

Construit à partir de regroupements de GHM, la CMD correspond à une seconde façon de répertorier la maladie d’un<br />

patient. Il existe au total près de 650 GHMs qui sont regroupés en un cinquantaine de CMD.<br />

16 Les données du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information - MCO sont, depuis plusieurs années,<br />

exploitées dans le cadre d’un outil dénommé Outil d’Analyse du P.M.S.I. (OAP). La classification OAP correspond<br />

à un regroupement des GHMs en 26 pôles d’activité.<br />

17 Le point ISA est une unité de compte des ressources utilisées pour traiter une pathologie. Plus un GHM est<br />

associé à une consommation de ressources importante et plus le nombre de points ISA augmente.<br />

11


Le Limousin, région la plus rurale de France, est constitué de trois départements aux caractéristiques<br />

démographiques et aux niveaux d’équipement 18 très inégaux. Pour tenir compte de cette<br />

disparité interdépartementale, des indicatrices identifiant le département de résidence des patients<br />

sont construites (RESID_HauteVienne, RESID_Creuse et RESID_Corrèze). Le classement selon<br />

le niveau moyen d’équipement des départements identifie le département de la Haute-Vienne comme<br />

étant le mieux équipé, vient ensuite la Corrèze et enfin, la Creuse 19 .<br />

Mais cette caractéristation des lieux de résidence des patients ne suffit pas à rendre compte des<br />

fortes disparités d’urbanisation et donc d’accès aux équipements intradépartementaux de la région.<br />

En utilisant la liste des équipements de références 20 qui classe les établissements de soins comme<br />

des équipements rares, leur présence et leur nombre peuvent alors être utilisés comme une proxy<br />

du degré d’urbanisation d’une commune. Pour tenir compte de façon précise des différences entre<br />

leszonesruralesquisontlesplusnombreusesetles zones urbaines plus ou moins développées, une<br />

variable prenant trois modalités caractérise les lieux de résidence des patients : habiter dans un<br />

pôle urbain où l’offre hospitalière est diversifiée et possédant un CHU 21 (FORTE Offre ), habiter dans<br />

une zone disposant d’au moins un établissement de soins (MOYENNE Offre )etenfin résider dans<br />

une zone ne disposant d’aucun établissement (SANS offre ).<br />

La morbidité de la population hospitalisée dans le Limousin a fait l’objet d’une comparaison<br />

avec celle de la France entière. Les résultats de cette comparaison sont présentés dans l’annexe A.3.<br />

4.2.2 Les variables "proxy" de la qualité des établissements hospitaliers<br />

La qualité relevant de facteurs aussi bien objectifs que subjectifs, différents aspects y sont<br />

généralement associés et les définitions retenues sont souvent variables selon le type de personnes<br />

interrogées. On peut ainsi distinguer ce qui pourrait être retenu comme critères par le Ministère<br />

dans une optique de régulation, par le directeur de l’établissement ou encore par l’usager. La<br />

préocupation principale étant ici d’expliquer le choix des patients, seront retenues les variables<br />

décrivant les établissements de soins que les patients sont susceptibles de retenir pour fonder leur<br />

choix d’établissement. Pour ce faire, nous reprenons ici les recommandations de groupes d’usagers,<br />

issues d’une enquête concernant les informations qu’ils considèrent comme centrales dans le choix<br />

d’un établissement. Ces informations peuvent être classées en quatre groupes : l’offre de soins, les<br />

fonctions médico-techniques, la catégorie de l’établissement et son environnement 22 .<br />

A partir des bases PMSI, SAE et AGHN, le tableau 2 synthétise les quatre groupes de variables<br />

retenues comme "proxy" de critères de qualité mis en avant par les usagers. L’estimation<br />

18 Le niveau d’équipement se définit par le nombre de commerces et de services présents sur la commune sur un<br />

total de 36 équipements de référence (bureau de tabac, médecin généraliste, établissement de santé etc...).<br />

19 Source : d’après Insee région Limousin, Inventaire communal 1998.<br />

20 Les établissements de santé et les salles de cinéma appartiennent à la gamme des services les plus rares implantés<br />

dans les communes.<br />

21 Cette indicatrice identifie égalementlefaitderésideràLimogesquiestlazonelaplusurbainedelarégionet<br />

qui dispose d’un CHU.<br />

22 Le lecteur se reportera à l’article de Amar et al., 2001, Solidarité et santé, n ◦ 2, 2001, p. 106-107 pour des précisions<br />

concernant cette enquête.<br />

12


économétrique renseignera sur l’impact de ces variables dans le recours aux soins hospitaliers des<br />

patients. Plus exactement, les différentiels de "qualité" entre l’établissement choisi et le théorique<br />

permettront d’estimer les consentements à se déplacer des patients.<br />

Type de variables<br />

I. Offre de soins<br />

Spécialisation<br />

Sévérité<br />

Durée de séjour par pathologie<br />

Existence ou non de services d’urgence<br />

II. Fonctions médico-techniques<br />

Equipement<br />

Moyens humains<br />

III. Catégorie d’établissement<br />

IV. Hôpital et environnement<br />

Sécurité<br />

Evaluation<br />

Confort<br />

Ecoute / réactivité<br />

Information<br />

Proxy retenues<br />

- Volume d’activité=nombre de séjours par pôle d’activité (OAP)<br />

- Proportion des GHM de chirurgie en % GHM totaux<br />

- Proportion de CMD24 (AMBU)<br />

- Poids moyen du cas Traité (PMCT) issu des points ISA produits<br />

- Durée Moyenne de Séjour par pôle d’activité (OAP)<br />

- Indicatrice sur la présence de l’activité d’urgence<br />

-Nombredelits<br />

- Indicatrice sur la présence d’équipement SCAN, IRM, SCIN<br />

- Indicatrice sur la présence d’activité Chirurgicale, de biologie<br />

- ETP ramené au nombre de séjours<br />

d’internes (et assimilés), et de pers. non médical<br />

- Catégorie juridique (CHU, public, privé)<br />

- Moyens mis en œuvre pour lutter contre les infections nosocomiales<br />

- Existence du compte rendu de la procédure<br />

d’accréditation réalisé par l’ANAES à la date 2003<br />

- Indicatrice de sous-traitance de la<br />

restauration, blanchisserie et nettoyage<br />

- Moyens mis en œuvre pour lutter contre la douleur<br />

- Indicatrice sur l’existence d’un site Internet<br />

Tab. 2 — Les variables décrivant les établissements<br />

I. Offre de soins<br />

— Le degré de spécialisation d’un établissement et la sévérité des cas traités sont, en général,<br />

les premiers indicateurs que les patients considèrent comme critères reflétant la qualité d’un<br />

établissement. Le volume d’activité total est également un indicateur important. Alors que<br />

les études empiriques ne démontrent pas, de façon indiscutable, de relation entre le volume<br />

d’activité et la qualité des soins 23 , il semble qu’en pratique les patients se tournent vers les<br />

établissements dont le nombre de patients traités est le plus élévé dans le but d’accéder à une<br />

meilleure qualité des soins. Ici, la variable reflétant le degré de spécialisation de l’établissement<br />

est le pourcentage d’activité réalisé dans chacun des pôles d’activité définisparlesOAP.Le<br />

poids moyen du cas traité par OAP donne une indication de la lourdeur des cas traités par<br />

les établissements. Les noms donnés à ces variables dans l’estimation sont respectivement<br />

SPE 24 OAP et PMCT OAP .<br />

23 Cf. "Les soins de proximité : une exception française", CREDES, 2001.<br />

24 SPE O ff re est calculée à partir du nombre de séjours par OAP et du volume total d’activité mesurée en nombre<br />

de séjours.<br />

13


— Pour les patients, la durée moyenne de séjour est un autre indicateur de la qualité d’un<br />

établissement. Alors que certains patients peuvent voir dans une durée d’hospitalisation plus<br />

courte une diminution de qualité des soins associée à un moindre intérêt de la part des<br />

établissements, d’autres patients au contraire peuvent y voir une marque de performance et<br />

donc de qualité de traitement. La possibilité de développer une infection nosocomiale 25 est un<br />

autre élément qui met directement en relation la DMS et la qualité des soins. La probabilité de<br />

développer une infection pourrait en effet croître avec la durée de séjour. La durée moyenne<br />

de séjour par OAP (DMS OAP ) est la variable utilisée pour tenir compte de l’impact de la<br />

durée d’hospitalisation dans les choix d’un établissement par les patients.<br />

II. Fonctions médico-techniques<br />

— L’équipement technique de l’établissement défini par la présence de machines d’imagerie<br />

(IRM, scanners etc...) et par les moyens en personnel (médical ou non) renseigne sur les<br />

ressources de l’établissement. Pour certains patients, des ressources plus importantes peuvent<br />

être perçues comme le signe d’un meilleur service.<br />

III. Catégorie de l’établissement<br />

— Parmi les variables proxy de la qualité intervient également la catégorie de l’établissement,<br />

notamment le statut juridique (privé ou public) ainsi que les fonctions qui lui sont rattachées<br />

(enseignement & recherche) et qui sont très souvent synonymes de qualité. Pour certains<br />

patients, la taille d’un étalissement et l’éventail des services qu’il offre sont des critères positivement<br />

associés à la qualité. Ainsi, de par leur place dans la hiérarchie des établissements de<br />

soins, se rendre dans un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) peut refléter les préférences<br />

marquées d’un patient pour la qualité. Cependant pour d’autres, les établissements privés<br />

sont perçus comme fournissant des soins de meilleure qualité 26 .Desvariablespermettantd’identifier<br />

si le patient s’est rendu dans un établissement privé, public ou encore dans un CHU<br />

seront introduites dans la modélisation économétrique 27 .<br />

IV. L’hôpital et son environnement<br />

— La réactivté des établissements concernant la prise en charge de la douleur des patients participe<br />

à définir l’environnement hospitalier. La sécurité et l’évaluation extérieure sont également<br />

des facteurs qualifiant l’établissement. Des variables (ACCRED) mentionnant l’existence<br />

du compte rendu de la procédure d’accréditation de l’Agence Nationale d’Accréditation<br />

et d’Etablissements en Santé et la participation de l’établissement à un programme national<br />

de lutte contre les infections nosocomiales (PgNat Noso )sontdeuxautresproxydelaqualité<br />

associés aux établissements hospitaliers.<br />

25 Une infection est dite nosocomiale, si elle apparaît au cours ou la suite d’une hospitalisation et si elle est absente<br />

lors de l’admission.<br />

26 Le plus souvent en France, les établissements privés sont très spécialisés dans le traitement d’une pathologie. La<br />

notoriété du chirurgien de cette spécialité peut alors contribuer à développer une bonne réputation de l’établissement<br />

tout entier.<br />

27 Dans l’étude économétrique, une distinction est effectuée entre le CHU de Limoges et les CHU des autres régions<br />

vers lesquelles certains patients se sont rendus. Elle n’a pour vocation que de tenir compte d’un effet de localisation<br />

géographique et non d’un éventuel effet qualité.<br />

14


— Les prestations hôtelières participent aussi à l’appréciation de la qualité par le patient. En<br />

conséquence, des variables sur un éventuel recours à la sous-traitance sur la restauration, la<br />

blanchisserie et le nettoyage sont introduites.<br />

—Enfin une variable précisant la présence d’un site internet (WEB) permettra de tenir compte<br />

de la dimension relative à l’information.<br />

Des statistiques descriptives sur l’ensemble des variables caractérisant les 35 établissements de<br />

la base sont données en annexe A.4.<br />

4.2.3 La variable distance supplémentaire<br />

La variable distance<br />

Aujourd’hui, en France, aucune base de données ne fournit directement les distances parcourues<br />

par les patients hospitalisés. Pour disposer de cette variable, il est donc nécessaire de la construire.<br />

Ce travail s’effectue par le lien entre les lieux d’implantation des établissements et les localisations<br />

des patients 28 . Ces dernières sont identifiées dans l’espace avec une précision qui s’apparente à<br />

celle du canton. A partir des localisations respectives des patients et des établissements, il est alors<br />

possible de calculer une matrice de distances séparant l’ensemble des cantons et l’ensemble des<br />

établissements et ainsi de disposer des distances calculées à vol d’oiseau entre les différents points<br />

de l’espace 29 .<br />

Construction de la variable distance supplémentaire parcourue<br />

La distance supplémentaire parcourue par un patient correspond à la différence entre la distance<br />

réellement parcourue (distance observée) et la distance qui le sépare de l’établissement le plus proche<br />

et dont l’activité permet de le traiter de manière comparable (distance théorique).<br />

La définition de l’adéquation entre le besoin du patient et l’activité de l’établissement théorique<br />

repose sur la CMD. Pour un patient, on retient comme établissement théorique celui qui est le plus<br />

proche et qui a une activité dans la même CMD 30 . Cependant, cette définition ne permet pas, étant<br />

donné les approximations de mesure de la distance, d’obtenir dans tous les cas un établissement<br />

théorique unique. Lorsqu’il existe plusieurs établissements théoriques, plusieurs critères, comme<br />

par exemple le fait que l’activité de l’établissement soit insuffisante dans cette CMD, peuvent<br />

être utilisés pour effectuer un choix. Celui retenu ici repose sur un tirage aléatoire pour réduire<br />

l’ensemble des possibilités de choix d’hôpital théorique à un seul établissement 31 .<br />

28 Depuis 2000, les bases PMSI fournissent un code de résidence qui renseigne sur la localisation physique des<br />

patients.<br />

29 Pour les mêmes raisons de non disponibilité des données, Luft et al. (1990) et Mobley (1998) travaillent également<br />

sur des distances calculées à vol d’oiseau.<br />

30 Le choix de la CMD (plutôt que le GHM qui est une classification plus fine), se justifie par le fait que certains<br />

GHM n’étaient pas assez représentés dans l’activité des établissements. Ainsi, nombreux étaient les GHMs avec moins<br />

de 50 séjours réalisés au cours de l’année 2001. En travaillant avec des regroupements de GHM (c’est à dire les CMD)<br />

cette difficulté disparait alors. Pour autant la sensibilité des résultats à cette définition a fait l’objet de test qui sont<br />

présentés dans la partie de présentation de résultats.<br />

31 Ce tirage aléatoire a été effectué pour un tiers des patients qui ont des distances supplémentaires strictement<br />

positives.<br />

15


4.3 Statistiques sur la variable distance supplémentaire<br />

L’analyse de la distance supplémentaire parcourue par les patients de l’échantillon met en évidence<br />

une proportion relativement importante (un tiers) de patients qui effectuent une distance<br />

supplémentaire strictement positive. Ces patients acceptent ainsi de ne pas se rendre dans l’établissement<br />

le plus proche et de parcourir une distance plus grande pour satisfaire leur préférences<br />

(section 4.3.1). Pour les autres, la distance supplémentaire qu’ils sont disposés à couvrir est nulle.<br />

Bien que pour ces patients la distance soit un facteur qui détermine de façon marquée le choix d’un<br />

établissement, près de la moitié d’entre eux adopte pourtant un comportement de recherche de la<br />

qualité (section 4.3.2).<br />

4.3.1 Distribution des distances supplémentaires strictement positives<br />

Environ un tiers de l’échantillon (soit 50 000 patients) choisit de ne pas se rendre dans l’établissement<br />

le plus proche (D ij > 0) et la distance moyenne parcourue par ces patients est alors de 34<br />

km (cf. tableau sur les moments et quantiles en Annexe A.5). On observe cependant une dispersion<br />

des valeurs prises par la distance supplémentaire ainsi que l’indique le coefficient de variation (figure<br />

1). Près de 50% des patients parcourent des distances supplémentaires supérieures à 21 km et près<br />

de 15% supérieures à 80 km.<br />

Effectif<br />

9000<br />

8000<br />

7000<br />

6000<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

Distribution de la distance supplémentaire (Valeurs>0)<br />

0 ; 5<br />

5 ; 10<br />

10; 15<br />

15 ; 20<br />

20 ; 25<br />

25 ; 30<br />

30 ; 35<br />

35 ; 40<br />

40 ; 45<br />

45 ; 50<br />

50 ; 55<br />

55 ; 60<br />

60 ; 65<br />

65 ; 70<br />

70 ; 75<br />

75 ; 80<br />

80 et plus<br />

Intervales<br />

Fig. 1 — Distribution de la distance selon des intervalles exprimés en km.<br />

16


4.3.2 Typologie des patients avec des distances supplémentaires nulles<br />

Parmi l’ensemble des patients qui choisissent de se rendre dans l’établissement le plus proche<br />

(D ij =0), on peut distinguer différents groupes : ceux dont la distance observée est positive et<br />

ceux qui parcourent une distance observée nulle. Alors que le premier cas regroupe les patients<br />

résidant dans des zones rurales disposant d’une offre de soins réduite voire, inexistante, le deuxième<br />

correspond aux patients qui habitent dans des zones urbaines où l’offre de soins est diversifiée.<br />

A cette première distinction s’ajoute le fait d’adopter ou pas un comportement de recherche de<br />

qualité. On distingue alors quatre cas de figure en combinant ces deux éléments (cf. Tableau 3 sur<br />

la décomposition des observations et la figure 2).<br />

Les groupes 1 et 2 contiennent les patients qui ont dû se déplacer hors de leur canton de résidence<br />

pour rejoindre un établissement. Dans le premier cas, ils se sont déplacés vers des villes où l’offre<br />

de soins correspondant à leur besoin était diversifiée. Dans le second, la ville d’hospitalisation ne<br />

dispose que d’un unique établissement pouvant les traiter.<br />

Les groupes 3 et 4 sont formés de patients qui habitent une zone disposant d’au moins un<br />

établissement hospitalier. Alors que pour les patients du groupe 3, l’offre se réduit à un seul établissement,<br />

pour ceux du groupe 4 en revanche, le nombre d’établissements susceptibles de les traiter<br />

(établissements théoriques) est supérieur à deux.<br />

17


Distance supplémentaire nulle Groupe N Pourcentage<br />

Total 116788 69<br />

distance obs. >0 etEtab.obs.différent de Etab. théo. 1 32118 19<br />

distance obs. >0 etEtab.obs.égal àEtab.théo. 2 29246 17<br />

distance obs. =0 et Etab. obs. égal àEtab.théo. 3 18544 12<br />

distance obs. = 0 et Etab. obs. différent de Etab. théo. 4 35880 21<br />

Tab. 3 — Décomposition des observations en différents groupes.<br />

Lieu de résidence<br />

Patient<br />

Dist. obs>0<br />

Groupe 1<br />

Lieu d'hospitalisation<br />

Etab. observé<br />

Etab. théorique<br />

Etab. observé<br />

différent de<br />

Etab. théorique<br />

Lieu de résidence<br />

Dist. obs>0<br />

Lieu d'hospitalisation<br />

Patient<br />

Groupe 2<br />

Etab. observé<br />

=<br />

Etab. théorique<br />

Lieu de résidence et<br />

lieu d’hospitalisation<br />

Patient<br />

Dist. obs=0<br />

Lieu de résidence et<br />

lieu d’hospitalisation<br />

Dist. obs=0<br />

Patient<br />

Etab. obs =Etab. théo.<br />

Etab. obs<br />

différent de<br />

Etab. théo.<br />

Groupe 3 Groupe 4<br />

Fig. 2—Lesdifférents groupes pour lesquels la distance supplémentaire est nulle.<br />

Seuls les patients des groupes 1 et 4 (représentant 40% de l’échantillon) ont eu la possibilité de<br />

choisir leur établissement. Les patients qui auraient exercé un tel choix viendraient alors s’ajouter<br />

aux 30% adoptant un comportement de recherche et précédemment trouvés.<br />

Si l’envergure de la distance supplémentaire parcourue permet de révéler les préférences des<br />

patients pour la qualité lorsque les D ij sont strictement positives, cette méthode ne permet pas de<br />

mesurer l’impact accordé en soi à la qualité, lorsque les D ij sont nulles. L’étude économétrique, en<br />

tenant compte à la fois des patients pour lesquels est observée une distance supplémentaire nulle<br />

et une distance strictement positive, permet alors de résouder cette difficulté rencontrée dans cette<br />

approche purement statistique. Elle porte sur les choix de tous les patients dans leur recours aux<br />

soins hospitaliers en analysant les variables qui influencent la distance supplémentaire d’accès aux<br />

soins.<br />

18


5 Résultats économétriques<br />

Cette section présente les résultats issus de l’estimation d’un modèle Tobit, classiquement effectuée<br />

en deux étapes. Dans la première, un modèle Probit estime la probabilité d’effectuer un<br />

déplacement supplémentaire strictement positif. A l’issue de cette estimation, l’inverse du ratio de<br />

Mills est calculé. La seconde étape permet de mesurer l’importance du déplacement supplémentaire<br />

par une estimation de la différence de distance dans laquelle, outre des variables explicatives, l’inverse<br />

du ratio de Mills est introduit. Cette variable permet de tester et de contrôler pour un éventuel<br />

biais de sélection. Un tel biais correspond au fait que les caractéristiques individuelles expliquant la<br />

probabilité de parcourir une distance supplémentaire strictement positive peuvent également être<br />

des facteurs qui expliquent l’étendue de cette distance supplémentaire. La présence de cette variable<br />

conduit à une hétéroscédasticité dont la forme est connue et corrigée. La statistique de Student<br />

relative à l’inverse du ratio de Mills, obtenue à partir de la matrice de Variance-Covariance corrigée,<br />

permet de tester l’existence du biais de sélection. Cette variable est ici fortement significative, ce<br />

qui indique la présence d’un tel biais et constitue une validation ex-post de l’intérêt statistique du<br />

recours à la modélisation Tobit. Les résultats 32 de la première étape sont présentés dans la section<br />

5.1, ceux de la seconde dans la section 5.2.<br />

5.1 Facteurs explicatifs de la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire<br />

positive<br />

Les résultats de l’estimation de la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire à celle<br />

nécessaire pour atteindre l’établissement théorique (tableau 4) montrent l’influence de deux types<br />

de variables : celles décrivant le lieu de résidence du patient et les variables individuelles.<br />

Facteurs explicatifs Coefficient Ecart-type Statistique χ 2<br />

Constante -0,309 0,014 523,072<br />

RESID_Haute-Vienne (réf. = RESID_Creuse) -0,091 0,010 91,855<br />

RESID_Corrèze -0,385 0,009 1778,877<br />

FORTE O ff re (réf. = SANS O ff re ) -2,002 0,018 11748,927<br />

MOYENNE off re -0,366 0,009 1611,934<br />

AGE 2 -0,000 0,000 637,199<br />

AGE 0,013 0,001 649,351<br />

SEXE (réf. = femme) 0,082 0,007 138,010<br />

Source : PMSI 2001<br />

Tab. 4 — Facteurs individuels expliquant la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire<br />

32 Le nombre très important d’observations contenu dans les bases de données peut affecter la significativité des<br />

coefficients estimés dans les régressions. Il conduit ici à deux cas extrêmes concernant les coefficients estimés : soit<br />

ils sont fortement significatifs, soit très faiblement. Généralement, la méthode qui consiste à n’estimer le modèle<br />

qu’avec les variables au moins faiblement significatives (|T | de student >1) n’est pas envisageable ici puisque les cas<br />

de significativité intermédiaire sont absents. La liste des variables initialement introduites dans l’estimation Tobit est<br />

donnée en annexe A.6.<br />

19


L’effet des variables caractérisant le lieu de résidence<br />

— Les patients habitant en Corrèze sont ceux des trois départements qui effectuent le moins<br />

souvent une distance supplémentaire pour accéder à des soins ; viennent ensuite les habitants<br />

de Haute-Vienne et enfin ceux qui résident dans la Creuse. Ces résultats sont obtenus toutes<br />

choses égales par ailleurs, en particulier à âge comparable ;<br />

— Les patients qui résident dans une zone où l’offre hospitalière est forte ont une probabilité plus<br />

faible d’effectuer une distance supplémentaire. Ainsi, même s’ils effectuent un choix entre les<br />

différents établissements, cela ne génèrera pas une distance supplémentaire. C’est par exemple<br />

le cas de certains patients des groupes 1 et 4 décrits à la section précédente ;<br />

— De même, mais de façon naturellement moins marquée, les patients habitant dans une zone<br />

qui dispose d’au moins un établissement (MOYENNE Offre )desoinseffectuent moins souvent<br />

un déplacement supplémentaire.<br />

L’effet des variables relatives aux caractéristiques individuelles<br />

— L’introduction de l’âge et de l’âge au carré permet de tenir compte d’un effet éventuellement<br />

non linéaire de l’âge sur la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire. La concavité<br />

de la courbe représentant la probabilité de déplacement en fonction de l’âge est confirmée par<br />

l’effet marginal toujours négatif de l’âge. Les patients seraient de moins en moins enclins à<br />

effectuer une distance supplémentaire avec l’augmentation de l’âge et les patients très jeunes<br />

ont une variation de la probabilité de déplacement avec l’âge faible. Le caractère urgent des<br />

pathologies dont souffrent généralement les jeunes enfants peut justifier le recours, par les<br />

parents, à l’établissement le plus proche.<br />

— Les hommes ont une probabilité plus forte d’effectuer une distance supplémentaire 33 .<br />

5.2 Facteurs explicatifs de la distance supplémentaire parcourue<br />

Les résultats de l’estimation linéaire sont présentés dans le tableau 5 dans lequel les paramètres<br />

peuvent être interprétés directement comme des kilomètres. La dernière colonne donne la part de<br />

chacune des variables dans l’explication de la distance supplémentaire parcourue 34 .<br />

Les effets du lieu de résidence<br />

— Les patients résidant en Corrèze sont ceux qui parcourent la distance supplémentaire la plus<br />

grande (en moyenne, d’environ 20 km supérieure à celle des habitants du département de<br />

la Creuse). En moyenne, les habitants de la Haute-Vienne ont une distance supplémentaire<br />

de 4 km inférieure à celle des Creusois. Il est intéressant de noter que le classement des<br />

distances supplémentaires moyennes en fonction du département s’éloigne de celui dressé<br />

précédemment sur la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire. Ainsi, si la Corrèze<br />

est le département pour lequel cette probabilité est la plus faible, lorsqu’un tel déplacement<br />

se produit, la distance couverte est, en moyenne, plus grande.<br />

33 Les variables relatives à la durée de séjour et au mode de sortie ont été introduites dans l’estimation Probit mais<br />

ne sont pas significatives, même faiblement.<br />

34 Cf. Annexe A.7 pour la méthode retenue pour calculer les parts des variables.<br />

20


Facteurs explicatifs Coefficient Ecart-type Stat. Student % d’explication<br />

Constante -7,609 2,103 -3,618 9,17<br />

Résidence du patient<br />

RESID_Haute-Vienne (réf. RESID_Creuse)<br />

-3,684<br />

RESID_Corrèze<br />

19,651<br />

FORTE off re (réf. SANS off re )<br />

110,178<br />

MOYENNE off re 33,985<br />

Caractéristiques des établissements<br />

Choix d’un CHU (réf.serendredansnonCHU)<br />

0,478<br />

0,714<br />

2,465<br />

0,663<br />

-7,710<br />

27,517<br />

44,706<br />

51,227<br />

III. CHU de Limoges 12,155 0,493 24,635 5,79<br />

III. CHU autres 63,435 0,776 81,724 1,93<br />

Différence entre l’hôpital choisi et le théorique<br />

I. SPE OAP 58,460 1,543 37,896 3,81<br />

I. PMCT OAP 0,008 0,000 25,747 2,50<br />

I. DMS OAP -1,484 0,071 -20,994 2,93<br />

I. VAL_ISA OAP 83,654 1,613 51,875 9,87<br />

II. Choix CHIR _vs_Théo NonCHIR 0,655 0,454 1,441 0<br />

II. Choix NonBIO _vs_Théo BIO -13,792 1,560 -8,840 0,12<br />

III. Choix PUB _vs_Théo PRIV 10,737 0,545 19,689 1,78<br />

III. Choix PRIV _vs_Théo PUB 3,943 0,506 7,794 1,53<br />

IV. Choix NonPgNatNoso _vs_Théo PgNatNoso 16,719 0,522 32,042 1,95<br />

IV. Choix ACCRED _vs_Théo NonACCRED 5,260 0,428 12,301 2,55<br />

IV. Choix NonACCRED _vs_Théo ACCRED -13,124 0,542 -24,239 1,51<br />

IV. Choix WEB _vs_Théo NonWEB 1,892 0,360 5,252 0,82<br />

IV. Choix NonWEB _vs_Théo WEB -7,451 0,503 -14,810 1<br />

LAMBDA 27,888 2,670 10,444 22,35<br />

Source : PMSI 2001<br />

Tab. 5 — Facteurs explicatifs de la distance supplémentaire parcourue<br />

1,95<br />

6,35<br />

0,51<br />

4,57<br />

— Les patients qui habitent dans une zone où l’offre est forte couvrent, lorsqu’ils ne trouvent pas<br />

sur place de quoi satisfaire leurs attentes, une distance supplémentaire importante, de l’ordre<br />

de 110 km. Par exemple, tous ceux qui trouvent satisfaction dans le canton de Limoges, et ils<br />

sont nombreux dans ce cas en raison de l’importance de l’offre (un CHU et quatre cliniques),<br />

ont une distance excédentaire nulle 35 . Pour les habitants qui résident dans un canton (autre<br />

que celui de Limoges) qui dispose d’un établissement de soins (MOYENNE Offre ), la distance<br />

supplémentaire est de 34 km supérieure à celle parcourue par les patients résidant dans un<br />

canton qui en est dépourvu.<br />

35 Le nombre de patients résidant à Limoges et qui ne se sont pas rendus dans un des établissements de la ville est<br />

d’environ 600.<br />

21


Les effets des caractéristiques des établissements<br />

I. Les différences d’offre de soins entre l’établissement choisi et le théorique<br />

— Les patients choisissent les établissements qui ont la spécialisation la plus forte dans le pôle<br />

d’activité qui leur correspond. En effet, l’effet de la variable (SPE OAP ) calculée comme la<br />

différence entre la spécialisation de l’hôpital choisi et celle du théorique est positif (≈+58km)<br />

sur la distance supplémentaire parcourue.<br />

— Parcourent des distances supplémentaires plus grandes les patients qui se rendent dans un<br />

hôpital pour lequel le poids moyen du cas traité (PMCT OAP ) est plus élevé que dans l’hôpital<br />

le plus proche, révélant ainsi leurs préférences pour des hôpitaux techniques, soignant des cas<br />

lourds (au sens de l’échelle des coûts en points ISA).<br />

— Les patients couvrent des distances plus grandes (≈+83,5) pour atteindre les hôpitaux qui<br />

ont une valeur du point ISA supérieure à la valeur du point nationale, ce qui indiquerait,<br />

selon l’interprétation standard de cet indicateur, une surdotation relativement à leur activité<br />

mesurée en point ISA.<br />

—Lecoefficient négatif (≈ −1,5) correspondant à la variable DMS OAP indique que le consentement<br />

à se déplacer des patients est plus limité pour rejoindre un établissement où la durée<br />

moyenne de séjour (relativement à leur affection) est supérieure à celle de l’établissement le<br />

plus proche. Ceci laisse supposer que les patients ont une préférence pour les séjours de courte<br />

durée.<br />

II. Les différences sur les fonctions médico-techniques<br />

—Auregarddescoefficients estimés, les patients préfèrent les établissements pratiquant des<br />

actes de biologie. En effet, la distance supplémentaire qu’ils acceptent d’effectuer pour atteindre<br />

un établissement n’en pratiquant pas à la différence de l’établissement le plus proche,<br />

est plus faible de 14 km. Ici, la situation de référence est constituée du cas où l’hôpital choisi<br />

effectue des actes de biologie et l’hôpital théorique n’en pratique pas, et de celui où ces deux<br />

établissements ne sont pas différents sur cet aspect.<br />

III. Les différences sur les statuts et l’effet du choix d’un CHU<br />

— En moyenne, les patients se rendant dans un CHU parcourent une distance supplémentaire<br />

supérieure relativement à ceux qui se rendent dans un hôpital d’une autre catégorie (que<br />

celui-ci soit public ou privé). Cette distance est naturellement plus grande dans le cas de<br />

figure, relativement peu fréquent, où le CHU est implanté à l’extérieur du Limousin 36 :63<br />

km. Le surcroît de distance pour atteindre le CHU de Limoges, qui draine près de 50000<br />

patients, soit 29 % des observations, est de 12 km.<br />

— Les patients soignés dans un hôpital public, alors que l’hôpital le plus proche est privé,<br />

parcourent en moyenne une distance supplémentaire de 11 km supérieure aux patients de<br />

caractéristiques identiques mais qui se rendent dans un hôpital ayant le même caractère<br />

public ou privé que l’établissement théorique. Ces patients, les plus nombreux dans la base,<br />

36 CHU de Toulouse, 593 patients, soit 0,4 % de patients ; CHU de Bordeaux, 649, 0,1 % ; Clermont-Ferrand, 1832,<br />

1,1 % ; AP-HP, 145, 0,1 % ; CHU de Poitiers, 155, 0,1 %.<br />

22


eprésentent environ 54%. A l’opposé, certains patients (17%) préfèrent se faire soigner dans<br />

un établissement privé alors que l’établissement le plus proche est public mais, dans ce cas, la<br />

distance supplémentaire qu’ils acceptent en moyenne est plus faible (4 km environ). Ainsi, les<br />

distances supplémentaires couvertes sont plus élevées si les statuts juridiques - public/privé<br />

- des établissements sont différents. Ce résultat mettrait en évidence une préférence pour les<br />

établissements publics alors que l’établissement le plus proche est privé.<br />

IV. Les différences d’environnement<br />

— Les patients se rendent préférentiellement dans les hôpitaux ne pratiquant pas de politique<br />

nationale (PgNat Noso ) de lutte contre les infections nosocomiales, ce qui paraît peu conforme<br />

à l’intuition dans la mesure où l’on associe par ailleurs la participation à de tels programmes<br />

à une recherche de sécurité et donc de qualité 37 .<br />

— Les patients préfèrent être soignés dans les établissements accrédités. En effet, pour atteindre<br />

un hôpital ayant reçu cette certification alors que l’établissement le plus proche n’en dispose<br />

pas encore, ils parcourent en moyenne un supplément de distance de 6 km de plus comparé<br />

aux patients pour lesquels l’hôpital théorique et l’hôpital réel ne se distinguent pas sur ce<br />

point. A l’opposé, ils parcourent 14 km de moins que le cas de référence pour accéder à des<br />

soins dans un établissement non accrédité alors que l’établissement le plus proche l’est.<br />

— De même que pour le point précédent, les résultats indiquent que les patients préférent les<br />

établissements disposant d’un site Internet.<br />

Les parts de la qualité parmi les facteurs explicatifs de la distance supplémentaire parcourue<br />

En ne considérant que les variables d’offre relatives à la spécialisation et la lourdeur des cas<br />

traités (SPE OAP et PMCT OAP ), la part de la qualité parmi les facteurs explicatifs de la distance<br />

supplémentaire parcourue est de l’ordre de 5% (Cf. dernière colonne du tableau 5). Ce pourcentage<br />

doit être considéré comme une valeur plancher. S’y ajoutent les autres facteurs considérés comme<br />

proxy de la qualité et qui caractérisent l’offre (19,11%), le statut de l’établissement (11,40%) et<br />

son environnement (7,84%). Ainsi, la qualité expliquerait au total plus d’un tiers (38,11%) 38 de la<br />

distance supplémentaire parcourue par les patients.<br />

Les autres variables, notamment le lieu de résidence des patients, ainsi que l’inverse du ratio de<br />

Mills (LAMBDA) ne sont pas considérées comme variables proxy de la qualité. Le controle précis<br />

de ces facteurs, dont la part totale représente 45%, permet en conséquence d’attribuer à la qualité<br />

ce qui lui revient véritablement dans la distance supplémentaire parcourue.<br />

Le résidu, qui représente 17% 39 , comprend une partie des facteurs de qualité pour lesquels<br />

aucun indicateur n’a pu être introduit et qui s’apparentent à des effets de réputation. Difficiles<br />

à appréhender, la renommée du chirurgien et la pratique d’une nouvelle technique de traitement<br />

sont en effet des éléments pouvant orienter les choix des patients. Cependant, aucune information<br />

37 Cet effet est perçu par le coefficient positif (16,719) associé à la variable indiquant que le patient est soigné dans<br />

un établissement ne pratiquant pas cette politique alors que l’établissement le plus proche la pratique.<br />

38 Ce chiffre correspond à la somme de toutes les parts des variables proxy de la qualité.<br />

39 La part relative aux résidus est obtenue par différence entre 100% et la somme des parts de toutes les variables.<br />

23


pouvant servir de proxy à cette notion de réputation n’était disponible de telle sorte que cette<br />

dimension se retrouve dans les résidus.<br />

5.3 Spécification du modèle et robustesse des résultats<br />

—Lecoefficient associé à l’inverse du ratio de Mills présent dans la seconde étape est significatif,<br />

signalant ainsi la présence d’un biais de sélection corrigé par la méthode d’estimation.<br />

Dans une variante non présentée ici, l’âge et la durée de séjour ont été inclus dans l’estimation<br />

réalisée à la seconde étape. Ces variables n’étant pas significatives, leur rôle sur la<br />

distance supplémentaire n’est alors qu’indirect. Ayant un impact significatif sur la probabilité<br />

(première étape) d’effectuer une différence de distance strictement positive, ces variables<br />

interviennent par l’intermédiaire de l’inverse du ratio de Mills.<br />

— La taille de l’échantillon du modèle économétrique peut avoir tendance à générer artificiellement<br />

la significativité des paramètres estimés. Ainsi, pour permettre de valider la robustesse<br />

des résultats, dans les deux étapes du modèle TOBIT des estimations ont été réalisées sur des<br />

échantillons de taille réduite. Lorsqu’on réduit le nombre d’observations à 50 00, 10 000 puis<br />

2 000, les coefficients estimés et leur significativité sont très proches des résultats obtenus et<br />

présentés à partir de l’échantillon de 170 00 observations. Ceci confirme ainsi les résultats de<br />

l’estimation économétrique sur l’ensemble de l’échantillon.<br />

— Enoutre,onavérifié que l’on obtient des estimations économétriques proches lorsque la définition<br />

de l’établissement théorique repose sur le GHM plutôt que sur la CMD. Le GHM étant<br />

une unité plus fine que la CMD, cette seconde définition est plus restrictive que la précédente.<br />

L’établissement théorique répond alors à des critères beaucoup plus stricts. Hormis de faibles<br />

différences concernant l’impact des lieux de résidence des patients dans l’explication de la<br />

distance supplémentaire parcourue, les coefficients relatifs à l’impact des variables proxy de<br />

la qualité des établissements sont proches de ceux exposés dans l’étude CMD. Ceci vérifie la<br />

robustesse de nos résultats.<br />

6 Une étude complémentaire : l’impact des variables socio-économiques<br />

Si les résultats indiquent que les lieux de résidence jouent un rôle important dans la distance<br />

supplémentaire parcourue par les patients, le choix d’un établissement est souvent aussi corrélé aux<br />

facteurs sociaux. Bien que peu nombreuses, des études françaises mettent en évidence un impact<br />

significatif des facteurs sociaux sur la mobilité des patients hospitalisés (Tonnelier et Vigneron,<br />

1999). Les variables telles que le niveau d’instruction et la profession des patients ont un effet<br />

positif sur leurs déplacements. Une étude menée par le CREDES (2000) établit que la distance<br />

est d’autant plus déterminante dans le choix d’un établissement que les patients sont relativement<br />

âgés et ont un niveau d’études inférieur à un deuxième cycle. Lucas et Tonnelier (1996), montrent<br />

que plus le niveau d’études est élevé, plus la distance parcourue par les patients hospitalisés est<br />

24


importante.<br />

Ne disposant d’aucune information individuelle de nature socio-économique, la seule possibilité<br />

pour considérer ce type de variables dans les estimations est d’affecter aux patients les valeurs<br />

moyennes de leur canton de résidence, les variables s’interprétant ensuite comme une description<br />

non pas de l’individu mais de son environnement 40 . Pour l’ensemble des cantons du Limousin, on<br />

introduit le taux de chômage, les catégories socio-professionnelles (5 CSP) et le niveau d’études.<br />

Toutes ces informations sont introduites sous forme de taux pour chacun des cantons. Pour éviter<br />

les problèmes de colinéarité, l’introduction de ces nouvelles variables dans les estimations conduit<br />

à supprimer l’indicatrice de la zone de forte offre hospitalière 41 . Des statistiques descriptives des<br />

variables et les tableaux détaillés de résultats de l’estimation Tobit sont présentés dans l’annexe<br />

A.8. Seuls les principaux résultats sont présentés ici.<br />

1. Pour les nouvelles variables introduites, la première étape de l’estimation montre que :<br />

— La probabilité d’effectuer une distance supplémentaire diminue avec l’importance du taux de<br />

chômage du canton de résidence du patient ;<br />

— L’impact du nombre de personnes possédant un niveau d’instruction supérieur (ou égal)<br />

àunBaccalauréat+2estquantàluipositif.Ainsi, les patients résidant dans des zones<br />

relativement favorisées d’un point de vue économique sont plus susceptibles d’effectuer un<br />

déplacement supplémentaire ;<br />

— Un résultat analogue est obtenu avec la croissance de la proportion de cadres dans le canton<br />

de résidence du patient ;<br />

— Pour les variables individuelles (âge et lieu de résidence), quelques différences avec les précédentes<br />

estimations sont à noter. La variable "résident dans une zone disposant d’au moins un<br />

établissement (MOYENNE offre )" n’est plus significative lorsque les variables socio-économiques<br />

sont introduites. Ce résultat est probablement associé à l’existence d’une relation forte entre<br />

les zones urbaines et les nouvelles variables introduites. La variabilité géographique qui existe<br />

entre les zones où l’offre hospitalière est forte, les zones disposant d’au moins un établissement<br />

et/ou les zones ne diposant pas d’établissement de soins serait ainsi capturée par les<br />

différentes variables socio-économiques.<br />

2. La deuxième étape établit que :<br />

— La distance supplémentaire parcourue est d’autant plus petite (coefficient négatif) que le taux<br />

de chômage du canton de résidence du patient est élevé. Ainsi, cette variable a tendance à<br />

réduire la probabilité de se déplacer mais aussi la distance supplémentaire parcourue lorsque<br />

le déplacement a lieu ;<br />

— Lacroissancedunombredecadresdanslecantonderésidencedupatientapoureffet d’augmenter<br />

la distance supplémentaire parcourue. L’impact du nombre de personnes possédant<br />

un niveau d’instruction supérieur (ou égal) à un Baccalauréat +3 est quant à lui positif ;<br />

40 Les données statistiques (1999) de la Direction régionale de l’Insee du Limousin permettent de construire de tels<br />

agrégats au niveau cantonal.<br />

41 On rappelle (cf. section 4) que pour tenir compte des différences d’urbanisation au sein de la région du Limousin,<br />

trois indicatrices caractérisant les zones de résidence des patients ont été créées.<br />

25


— A l’exception des variables qui ne sont plus significatives (se rendre dans le CHU de Limoges,<br />

différence de la durée moyenne de séjour, de la lourdeur des cas traités et du caracère privé<br />

alors que l’établissement le plus proche est public), l’impact des différences de caractéristiques<br />

des établissements sur les distances supplémentaires parcourues est comparable à celui<br />

présenté dans la section (5.2).<br />

Même si les variables introduites, de par leur nature agrégée, ne permettent pas d’identifier<br />

de façon individuelle l’effet des CSP et du niveau d’études sur les déplacements des patients,<br />

les résultats rejoignent dans l’ensemble ceux déjà établis par la littérature. Les facteurs sociaux<br />

interviennent de façon significative dans le choix des établissement hospitaliers qu’effectuent les<br />

patients.<br />

7 Conclusion<br />

L’objectif principal de notre étude est d’identifier dans quelle mesure les patients consentent à<br />

se déplacer au delà de l’établissement hospitalier le plus proche pour recevoir des soins. En tenant<br />

compte de l’adéquation entre les besoins des patients et les caractéristiques de l’offre de soins par<br />

la définition de l’hôpital théorique, notre analyse permet de se concentrer sur les préférences des<br />

patients. L’étude de la distance supplémentaire que les patients acceptent de couvrir alors qu’un<br />

service de qualité identique est disponible dans un hôpital plus proche fournit une proxy de la<br />

concurrence en qualité qu’ils exercent sur le marché hospitalier. L’existence d’une proportion non<br />

négligeable de patients (un tiers) qui acceptent d’effectuer une distance supplémentaire strictement<br />

positive met en évidence que le choix des patients en terme d’hospitalisation ne se limitent pas<br />

systématiquement à l’établissement le plus proche. Les résultats des estimations économétriques<br />

présentés dans les deux sections précédentes établissent que des variables proxy de la qualité des<br />

établissements contribuent de manière significative à expliquer l’envergure de la distance supplémentaire<br />

parcourue. Parmi celles-ci, les caractéristiques de l’offre hospitalière, le statut de l’établissement<br />

et son environnement jouent un rôle important. Dès lors les choix des patients dans leur<br />

recours aux soins hospitaliers ne se réduisent pas à la minimisation des coûts mais à un arbitrage<br />

entre distance et qualité.<br />

Le tirage aléatoire nécessaire à la détermination d’un établissement théorique unique constitue<br />

une limite incontestable de la méthode développée dans ce papier. Les regroupements de certains<br />

lieux de résidence opérés dans la base pour des raisons de confidentialité sont à l’origine de cette<br />

difficulté. Elle pourrait être levée par une information plus fine sur le lieu de résidence du patient.<br />

Par ailleurs la mesure des distances est effectuée à vol d’oiseau pour des raisons pratiques. Quand<br />

bien même cette approche est couramment retenue dans les études de ce type, une mesure basée<br />

sur les temps d’accès (et prenant en compte les effets de congestion du réseau routier) lui serait à<br />

l’évidence préférable. L’élaboration de logiciels spécifiques permettant d’obtenir de telles mesures<br />

pour un échantillon de cette taille s’avère un préalable à une mesure plus adéquate de la distance<br />

parcourue.<br />

26


Ceci dit, la taille très importante de l’échantillon qui couvre tous les patients hospitalisés résidant<br />

dans la régionconduit à relativiser les biais de mesures. La prise en compte de l’ensemble des<br />

pathologies à la différence d’études antérieures souvent centrées sur une seule pathologie constitue<br />

aussi un atout important de l’étude. La méthodologieretenuepourraitêtreappliquéeàd’autres<br />

régions présentant des caractéritiques complémentaires (plus urbaines et/ou avec une population<br />

moins âgée).De telles extensions permettraient de vérifier que la probabilité de se déplacer et l’envergure<br />

d’un tel déplacement demeurent valides dans de tels environnements.<br />

En terme de politique de régulation, si nos résultats suggèrent que les patients peuvent participer<br />

à l’amélioration de la qualité des établissements hospitaliers, l’accès à l’information pourrait<br />

en être un catalyseur. En réduisant l’asymétrie d’information, la diffusion d’information sur les<br />

établissements auprès des usagers pourrait les aider à mieux s’orienter vers l’offre de soins 42 .En<br />

acceptant alors que les choix des patients sont associés à la recherche de soins de qualité, la diffusion<br />

d’information constitue "une stratégie peu onéreuse d’amélioration de la qualité des services<br />

de santé 43 " et pourrait ainsi conduire à un système de santé plus performant. D’autres recherches<br />

portant sur l’information à diffuser auprès des usagers et son impact sur l’efficacité du système<br />

hospitalier sont nécessaires.<br />

42 Luft et al. 1990., Amar et al. 2001 et Marshall et al. 2004.<br />

43 "In spite of mixed results in <strong>the</strong> literature to date, quality reporting remains a plausible low-cost strategy for<br />

making improvement in <strong>the</strong> quality of health care services", Glazer et McGuire 2004.<br />

27


8 Références bibliographiques<br />

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30


A<br />

Annexes<br />

A.1 Les établissements de la base<br />

FINESS REGION Libellé Lits HC Catégorie / Activité<br />

Répartition<br />

030780100 Auvergne CTRE HOSP. DE MONTLUCON 423 CH4 (CH nb-sejours>16000) 1863 1,12<br />

030781116 Auvergne POLYCL. ST FRANCOIS-ST ANTOINE DESERTINES 229 CL5 (nb-sejours>16000) 2830 1,7<br />

150780096 Auvergne CTRE HOSP. D’AURILLAC 282 CH3 (CH 10000


Carte des établissements de soins du Limousin (Source : Macé & Kervasdoué 2002).<br />

A.3 La morbidité de la population hospitalisée<br />

Pôle d’activité Indice comp. DMS Indice comp. PMCT<br />

AA — Digestif 0,99 0,97<br />

AB - Orthopédie, Rhumatologie 1,02 0,96<br />

AC - Uro-néphrologie 1,06 1,86<br />

AD - Système nerveux 0,99 0,97<br />

AE - Cardiologie 1,02 1<br />

AF - Vasculaire périphérique 0,99 0,95<br />

AG - Pneumologie 1,04 0,98<br />

AH - ORL, Stomatologie 1,01 0,95<br />

AI - Ophtalmologie 1,07 1,02<br />

AJ - Gynécologie 0,95 1,02<br />

AK - Obstétrique 1,02 1,01<br />

AL - Nouveau-nés 1,04 0,98<br />

AM - Hématologie 0,95 0,99<br />

AN - Chimiothérapie, radiothérapie, transfusion 1,1 Non Significatif (NS)<br />

AO - Endocrinologie 1,09 1,03<br />

AP - Peau et tissu sous-cutané 1,05 0,98<br />

AQ - Brûlures NS NS<br />

AR - Maladies infectieuses (hors VIH) 1,05 1,01<br />

AS - Maladie VIH NS NS<br />

AT - Transplantations d’organes, Greffes de moelle NS NS<br />

AU - Traumatismes multiples ou complexes graves NS NS<br />

AV - Psychiatrie, Toxicologie, Intoxications, Alcool 1,03 0,98<br />

AX - Autres prises en charge 1,01 1,52<br />

AY - Erreurs et séjours inclassables NS NS<br />

AZ - Vasculaire interventionnel NS NS<br />

Tab. 6 — Indices comparatifs des durées moyennes de séjours (DMS) et des poids moyens des cas<br />

traités (PMCT)<br />

32


Afin de comparer la durée moyenne de séjours (DMS) et le poids moyen, en terme de points ISA, du cas<br />

traité (PMCT) du Limousin relativement à ceux de la France entière, on construit des indices comparatifs<br />

pour tenir compte des différences de structure par âge. A cet effet, on estime, par pôle d’activité, une relation<br />

très simple liant, à l’échelle nationale, la durée du séjour (respectivement le nombre de points ISA) à une<br />

constante et à l’âge du patient. On obtient ainsi une relation théorique appliquée au Limousin : la DMS<br />

théorique du Limousin est celle obtenue avec cette relation en introduisant l’âge moyen des patients de<br />

cette région. On calcule ensuite le rapport entre la DMS (respectivement le PMCT) observée et la DMS<br />

(respectivement le PMCT) théorique par pôle d’activité.<br />

Si cet indice comparatif est supérieur à l’unité (cf. tableau), cela signifie que pour ce pôle d’activité et<br />

compte tenu de l’âge moyen des patients, les DMS sont en moyenne supérieures dans le Limousin par rapport<br />

à la moyenne de la France entière.<br />

A.4 Les caractéristiques des établissements<br />

Catégories Fréquence Moyenne lits<br />

Ctre Hospitalier Régional Universitaire 7 3468<br />

Privé monodisciplinaire chirurigical 1 35<br />

Privé monodisciplinaire médical 1 57<br />

Ctre Lutte Contre Cancer 2 144<br />

Ctre Hospitalier 11 220<br />

Privé pluridisciplinaire 13 155<br />

Tab. 7 — Les catégories d’établissements de la base.<br />

Variables Moments Quantiles<br />

Moy. des moy. Moyenne Coeff var 100% (max) 75% 50% 25% 0% (min)<br />

Nbre lits (HC) 831,34 296,64 14552,00 423,00 183 102 26<br />

Nbre séjours 218591,62 136,77 155836 23038 13547 5537 898<br />

Durée moy. séj. 4,78 25,9 7,87 5,53 4,97 3,7 2,89<br />

Poids moy. cas. traité 1244,86 14,14 1946,34 1314,20 1 194,00 1159,20 971,38<br />

Somme pts ISA 36 351 400 139 204 951 480 25 748 275 16 005 320 8 268 085 1287430<br />

Valeur pt/V. nationale 0,957 8,561 0,831 0,998 0,947 0,902 1,183<br />

Nbre décès 0,02 66,02 0,06 0,03 0,02 0,01 0<br />

Age patients 52,93 14,01 70,06 57,1 51,18 47,9 40,67<br />

Tab. 8 — Statistiques relatives aux établissements de la base<br />

33


A.5 Statistiques sur la variable distance supplémentaire<br />

N 52858 Quantile<br />

Moyenne 34,2 100 % (Max) 75% (Q3) 50% (Médiane) 25 % (Q2) 0% (Min)<br />

Coefficient de variation 120,9 418,5 46,4 20,9 9,4 0,0<br />

Tab. 9 — Moments et Quantiles sur la variable distance supplémentaire (Valeurs strictement positives)<br />

A.6 Les variables retenues pour l’estimation<br />

Etant donné le nombre important de variables disponibles dans la base de données (cf. tableaux<br />

1 et 2), les problèmes de colinéarité conduisent à effectuer une analyse en composantes principales<br />

(ACP) et une analyse simple des corrélations, pour ne conserver que des variables non corrélées à<br />

introduire dans les régressions. Les résultats de l’ACP donnent la liste des variables retenues pour<br />

l’analyse économétrique.<br />

Les informations individuelles conservées sont les variables spatiales caractérisant la zone d’habitation<br />

à savoir, aussi bien le département (Haute-Vienne, Corrèze, Creuse) que la nature de<br />

l’équipement hospitalier disponible au lieu de résidence (FORTE Offre ,MOYENNE Offre et SANS Offre ).<br />

Par contre, parmi les données médicales sont éliminées, le nombre de point ISA, le nombre d’actes<br />

et de diagnostics. Restent donc l’AGE, la DMS et le MODE de sortie.<br />

Pour les informations relatives aux établissements de soins, les variables Equivalent Temps Plein<br />

d’internes et de personnel non médical, le nombre de lits, les moyens mis en oeuvre pour lutter<br />

contre la douleur, le nombre total de séjours et le nombre de points ISA réalisés sont éliminées après<br />

analyse de la colinéarité. Les variables en différence conservées pour l’estimation et qui caractérisent<br />

les établissements de soins sont les suivantes. Les quatre premières sont des variables continues, les<br />

autres sont des variables polychotomiques.<br />

SPE OAP =variable correspondant à la différence entre l’établissement choisi et le théorique de<br />

la part d’activité de l’OAP dans l’activité totale, mesurée en séjours.<br />

PMCT OAP =variable correspondant à la différence entre l’établissement choisi et le théorique<br />

de la lourdeur moyenne des cas traités (mesurée par le poid moyen du cas traité, PMCT).<br />

VAL_ISA OAP = variable correspondant à la différence entre l’établissement choisi et le théorique<br />

de la valeur du point ISA comparée à la moyenne nationale.<br />

Choix AMBUL _vs_Théo NonAMBU = Indicatrice : présence d’un service d’urgence dans l’établissement<br />

choisi alors que le théorique n’en dispose pas.<br />

Choix CHIR _vs_Théo NonCHIR = Indicatrice : l’établissement choisi pratique une activité de<br />

chirurgie alors que l’établissement théorique n’en pratique pas.<br />

Choix URGT _vs_Théo NonURGT = Indicatrice : présence d’un service d’urgence dans l’établissementchoisitalorsquelethéorique<br />

n’en dispose pas.<br />

Choix IRM _vs_Théo NonIRM = Indicatrice : présence d’une IRM dans l’établissement choisi par<br />

le patient alors que le théorique n’en dispose pas.<br />

34


Choix SCAN _vs_Théo NonSCAN = Indicatrice : présence d’un scanner dans l’établissement choisi<br />

par le patient alors que le théorique n’en dispose pas.<br />

Choix BIO _vs_Théo NonBIO = Indicatrice : pratique des actes de biologie dans l’établissement<br />

choisi alors que l’établissement théorique n’en pratique pas.<br />

Choix NonBIO _vs_Théo BIO = Indicatrice : pas de pratique d’actes de biologie dans l’établissement<br />

choisi alors que l’établissement théorique en pratique.<br />

Choix NonPgNatNoso _vs_Théo PgNatNoso =Indicatrice :pas de suivi d’un programme national de<br />

lutte contre les infections nosocomiales dans l’établissement choisi alors que l’établissement théorique<br />

en suit une.<br />

Choix ACCRED _vs_Théo NonACCRED & (Choix NonACCRED _vs_Théo ACCRED ) = Indicatrice :<br />

accréditation de l’ANAES de l’établissement choisi alors que l’établissement théorique ne l’est pas<br />

(& Indicatrice : pas d’accréditation de l’ANAES de l’établissement choisi alors que l’établissement<br />

théorique l’est.<br />

Choix NETTO _vs_Théo NonNETTO & Choix NonNETTO _vs_Théo NETTO = Indicatrice : sous<br />

traitance du nettoyage dans l’établissement choisi alors que l’établissement théorique n’en effectue<br />

pas.<br />

Choix WEB _vs_Théo NonWEB & Choix NonWEB _vs_Théo WEB = présence d’un site Internet<br />

dans l’établissement choisi alors que le théorique n’en dispose pas.<br />

A.7 Calcul de la part des variables parmi les facteurs explicatifs de la distance<br />

supplémentaire parcourue<br />

Cette section présente le calcul de l’indicateur construit pour mesurer la part des variables<br />

associées à la qualité d’un établissement parmi l’ensemble des facteurs identifiés comme influençant<br />

la distance supplémentaire. Cependant, mesurer la part de la qualité dans les facteurs explicatifs<br />

de la distance supplémentaire parcourue demande de résoudre une difficulté d’ordre technique. Elle<br />

tient au fait que certains des effets sur la distance supplémentaire parcourue sont positifs et d’autres<br />

négatifs. La distance supplémentaire estimée par le modèle est égale à la somme des effets positifs<br />

ou négatifs. Mesurer la part de chacun des effets en les relativisant à la distance supplémentaire<br />

parcourue aboutit au fait que la somme de ces parts est supérieure à 100%. Pour résoudre cette<br />

difficulté, on choisit donc de raisonner sur les valeurs absolues des effets des variables. La part d’une<br />

variable parmi les facteurs explicatif de la distance est calculée comme le rapport entre l’effet absolu<br />

de cette variable et la somme des valeurs absolues des effets de chacune d’elles. La part moyenne<br />

d’une variable pour l’échantillon est calculée comme la moyenne des parts de cette variable pour<br />

chacun des individus.<br />

Ex. Part.SPE OAP de l’individu n :P n SPE =|Xn i=SPE β i=SPE|<br />

. La variable qui calcule l’importance<br />

21P ¯<br />

¯Xn i<br />

β i¯¯<br />

i=1<br />

de l’effet de la différence de spécialisation est égale à la valeur absolue du produit du coefficient et<br />

de la valeur même de la différence. Pour un individu, la part de cette variable relativement à la<br />

somme des valeurs absolues se déduit en faisant le quotient comme dans la formule ci-dessus. La<br />

part moyenne, sur l’ensemble de l’échantillon, de la variable SPE est calculée comme la moyenne<br />

35


des parts de chacun des individus 1 N ∗ P N P n SPE ∗ 100.<br />

n=1<br />

A.8 Annexes sur l’étude complémentaire introduisant les variables socio-économiques<br />

Taux Moyenne Ecart-Type Minimum Maximum<br />

*Chômage 0,09 0,02 0,04 0,19<br />

*CSP<br />

agriculteurs 0,13 0,09 0,00 0,38<br />

artisans 0,10 0,04 0,01 0,22<br />

cadres 0,06 0,02 0,01 0,14<br />

profession interm. 0,16 0,04 0,08 0,27<br />

employés 0,26 0,07 0,08 0,52<br />

ouvriers 0,29 0,09 0,04 0,64<br />

* Niveau d’études<br />

sup_bac_2 0,12 0,04 0,05 0,24<br />

sup_bac_3 0,05 0,02 0,02 0,11<br />

Source : Insee Limousin 1999<br />

Tab. 10 — Les variables socio-économiques pour le Limousin (exprimées en Taux)<br />

A.8.1<br />

Facteurs explicatifs de la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire<br />

positive<br />

Facteurs explicatifs Coefficient Ecart-type Statistique χ 2<br />

Constante 2,285 0,183 156,71<br />

RESID_Haute-Vienne (réf. =RESID_ Creuse) 0,258 -0,012 487,40<br />

RESID_Corrèze 0,066 -0,012 32,34<br />

MOYENNE off re (réf. = SANS O ff re ) 0,000 0,011 0,9<br />

AGE 2 -0,000 0,000 901,83<br />

AGE 0,014 0,001 649,351<br />

SEXE (réf. = femme) 0,085 0,007 141,61<br />

Variables cantonales<br />

Taux de chômage -0,590 0,205 8,26<br />

Catégories socio-professionnelles<br />

-Agriculteurs<br />

-Artisans<br />

-Cadres<br />

-Employés<br />

-Ouvriers<br />

-0,564<br />

-1,626<br />

+6,477<br />

-0,494<br />

-2,956<br />

0,186<br />

0,162<br />

0,286<br />

0,222<br />

0,213<br />

9,20<br />

101,27<br />

514,50<br />

4,96<br />

193,48<br />

Niveau études supérieur à bac + 2 20,581 0,208 9777,98<br />

Source : PMSI 2001 & Insee Limousin 1999<br />

Tab. 11 — Facteurs explicatifs de la probabilité d’effectuer une distance supplémentaire (avec variables<br />

socio-économiques cantonales).<br />

36


A.8.2<br />

Facteurs explicatifs de la distance supplémentaire parcourue<br />

Facteurs explicatifs Coefficient Ecart-type Stat. Student<br />

Constante 10,482 2,312 4,534<br />

Résidence du patient<br />

RESID_Haute-Vienne (réf. RESID_Creuse)<br />

RESID_Corrèze<br />

-4,924<br />

6,442<br />

0,471<br />

0,468<br />

-10,460<br />

13,755<br />

MOYENNE off re (réf.SANS off re ) 28,975 0,443 65,397<br />

Variables socio-économiques (agrégées au niveau cantonal)<br />

Taux de chômage -203,485 0,527 -386,301<br />

Catégorie Socio-professionnelles<br />

Agriculteurs<br />

Artisans<br />

Cadres<br />

Ouvriers<br />

22,065<br />

-40,793<br />

47,015<br />

61,627<br />

0,434<br />

0,544<br />

0,361<br />

0,508<br />

50,856<br />

-75,033<br />

130,342<br />

121,320<br />

Niveau d’études supérieur à Bac+3 412,958 30,259 13,648<br />

Choix d’un CHU<br />

CHU de Limoges 9,209 7,714 1,194<br />

CHU autres (réf. se rendre dans non CHU) 63,715 2,534 25,141<br />

Différence entre l’hôpital choisi et le théorique<br />

SPE OAP 61,974 0,553 112,144<br />

VAL_ISA OAP 88,588 0,773 114,610<br />

PMCT OAP 0,008 0,49 0,016<br />

DMS OAP -1,572 2,728 -0,576<br />

Choix PUB _vs_Théo PRIV 10,671 4,949 2,156<br />

Choix PRIVi _vs_Théo PUB 4,284 9,768 0,438<br />

Choix CHIR _vs_Théo NonCHIR 7,438 0,509 14,624<br />

Choix NonBIO _vs_Théo BIO -8,233 0,071 -116,431<br />

Choix NonPgNatNoso _vs_Théo PgNatNoso 19,543 0,000 64625,290<br />

Choix ACCRED _vs_Théo NonACCRED 6,210 1,670 3,718<br />

Choix NonACCRED _vs_Théo ACCRED -13,110 1,524 -8,602<br />

Choix WEB _vs_Théo NonWEB 4,679 0,473 9,901<br />

Choix NonWEB _vs_Théo WEB -11,910 1,532 -7,775<br />

LAMBDA -11,210 1,250 -8,970<br />

Source : PMSI 2001<br />

Tab. 12 — Facteurs explicatifs de la distance supplémentaire parcourue (avec variables socioéconomiques)<br />

Les variables CHU_limoges, PMCT OAP ,DMS OAP et choisir un établissement public alors que<br />

le plus proche est privé (Choix PUB _vs_Théo PRIV )nesontpassignificativeslorsquelesvariables<br />

soci-économiques sont introduites.<br />

37


<strong>Working</strong> <strong>Paper</strong>s / Documents de Travail<br />

Le GREQAM diffuse une série de documents de travail qui prend la suite de celle diffusée depuis 1982<br />

par le GREQE. Cette série comporte 4 sous séries - respectivement : "théories", "applications",<br />

"méthodologie", "Tirés à part"<br />

Certains papiers sont disponibles sous la forme de fichiers PDF. Adobe Acrobat vous permet de les<br />

lire, de les transférer et de les imprimer.<br />

http://<strong>greqam</strong>.univ-mrs.fr/dt/dt.htm<br />

___________<br />

Adresses du GREQAM<br />

GREQAM<br />

Centre de la Vieille Charité<br />

2 Rue de La Charité<br />

13002 MARSEILLE<br />

tél. 04.91.14.07.70<br />

fax. 04.91.90.02.27<br />

E-mail : <strong>greqam</strong>@ehess.univ-mrs.fr<br />

GREQAM/<br />

LEQAM<br />

Château La Farge<br />

Route des Milles<br />

13290 LES MILLES<br />

tél. 04.42.93.59.80<br />

fax. 04.42.93.09.68<br />

E-mail : leqam@romarin.univ-aix.fr<br />

GREQAM/<br />

C.R.I.D.E.S.O.P.E.<br />

Faculté d'Économie Appliquée<br />

Bât. Austerlitz<br />

15-19 Allée Claude Forbin<br />

13627 Aix-en-Provence Cedex 1<br />

Tel : 04 42 96 12 31<br />

Fax : 04 42 96 80 00

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