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Préservation du Milan royal en Alsace Bossue INTRODUCTION A travers les conventions internationales qu'elle a ratifiées, la France s'est engagée à assurer un état de conservation favorable aux espèces listées dans leurs annexes. A ce titre, elle a mis en place un outil contribuant à la protection de ces espèces : les plans nationaux d'action. Initialement appelés plans de restauration, ces dispositifs ont été mis en oeuvre pour la première fois en France en 1996. Leur objectif est d'améliorer les connaissances des espèces menacées ou faisant l'objet d'un intérêt particulier en vue d'une meilleure conservation de celles-ci. Gravement menacé, le Milan royal fait partie des espèces bénéficiant d'un plan national d'action. Face au déclin dramatique des populations de Milans royaux en France et à la diminution considérable de son aire de répartition, la Ligue pour la Protection des Oiseaux a lancé, dès 1999, un appel alarmant sur la situation critique de l'espèce. Un groupe de travail s'est alors constitué, sous l'égide du ministère de l'environnement. Les concertations ont abouti à la rédaction d'un premier plan de restauration sur cinq ans. Mis en oeuvre de 2003 à 2007, il a pour objectif principal de stopper le déclin des effectifs français de Milans royaux et de restaurer les populations. Au vu de la situation dramatique de l'espèce et de la responsabilité majeure de la France pour sa conservation, le lancement d'un nouveau plan a été validé. En Alsace, la déclinaison régionale du plan a été réalisée et sera mise en oeuvre dès 2013 afin de répondre à la situation préoccupante de l'espèce. En effet, La Ligue pour la Protection des Oiseaux Alsace constate une dynamique négative de la population alsacienne de Milans royaux en lien avec l'intensification des pratiques agricoles à laquelle s'ajoutent les empoisonnements accidentels et volontaires, le tir ou les collisions avec les lignes électriques et les véhicules. Ainsi, la LPO Alsace assure chaque année un recensement régional des couples de Milans royaux nicheurs et un suivi de la nidification.En 2011, ils ont permis la découverte d'un couple de Milans royaux nichant à proximité immédiate d'un projet de parc éolien sur la commune de Dehlingen en Alsace bossue, l'un des bastions régionaux de cette espèce remarquable. La problématique des éoliennes et leur impact potentiel sur les populations de Milans royaux n'est abordée que depuis peu de temps et les connaissances sur le sujet sont encore limitées. Néanmoins au vu des objectifs de la France en matière de développement éolien, il convient de prendre en compte le risque potentiel que représente ces aménagements par mesure de précaution. En effet, le Grenelle de l'Environnement a fixé les objectifs de la France à 19 000 MW pour l'éolien terrestre à l'horizon 2020 (MEEDDM, 2010). Une manière d'anticiper la situation française est de se tourner vers l'Allemagne, pays en avance en matière de développement éolien. Les études ont montré que 16% des oiseaux retrouvés morts à la suite d'une collision avec les pâles des éoliennes sont des Milans royaux (Rasran L. et al., 2008a). Ce chiffre atteint 43% lorsque l'on considère uniquement les rapaces. C'est pourquoi une attention toute particulière a été portée au couple de Milans royaux dans ce premier projet de construction de parc éolien en Alsace. Après les premières observations en 2011, la Ligue pour la Protection des Oiseaux Alsace a piloté un projet de suivi du couple pour l'année 2012, accepté et financé par le développeur éolien Nordex et en partenariat avec le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, l'Institut de Recherche pour le Développement, le Centre National de la Recherche Scientifique et l'association la Grange aux Paysages. L'objectif principal du suivi est d'évaluer la sensibilité du couple de Milans royaux au futur parc éolien afin de pouvoir proposer, à terme, des mesures d'atténuation du risque ou des mesures compensatoires et de bénéficier d'un retour d'expérience pour l'aménagement de futurs parcs éoliens. Après une présentation de la biologie et de l'écologie de l'espèce, nous nous attacherons à dresser l'état des connaissances de l'impact des parcs éoliens sur l'espèce et les rapaces en général. Puis nous détaillerons les méthodes retenues pour mener à bien ce suivi et répondre à nos questionnements. Enfin, nous discuterons des résultats et proposerons les mesures envisageables à l'échelle du parc éolien ou des communes alentours. Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 9
1 LE MILAN ROYAL : UNE ESPECE SENSIBLE 1.1 PRÉSENTATION DE L'ESPÈCE 1.1.1 RECONNAÎTRE LE MILAN ROYAL Préservation du Milan royal en Alsace Bossue Avec une envergure comprise entre 145 et 165 centimètres, le Milan royal est le plus grand rapace diurne nicheur d'Alsace. De couleur rousse avec une tête blanchâtre, il est reconnaissable à sa queue fortement échancrée et aux « mains » blanches sous les ailes. On peut observer un dimorphisme sexuel de taille et de poids (de 800 à 1050 grammes pour les mâles et de 950 à 1300 grammes pour les femelles) (LPO Mission Rapaces, 2008). Les juvéniles ont une coloration plus claire, un oeil plus sombre et surtout, une ligne blanche sur les couvertures sus-alaires. Une confusion est possible entre le Milan royal et le Milan noir (Milvus migrans). Ce dernier est cependant plus sombre, avec un plumage moins contrasté et une queue nettement moins échancrée que le Milan royal. Le Milan royal est en outre plus grand et son vol est plus léger. 1.1.2 UN RÉGIME ALIMENTAIRE ÉCLECTIQUE Opportuniste et charognard, le Milan royal est une espèce dont le régime alimentaire est plutôt varié. D'après les études, il se nourrit essentiellement de micrommamifères (Carter, 2007). Son régime comprend également des invertébrés (lombric, larves, insectes) et de petits oiseaux (passereaux, jeunes corvidés). Les carcasses d'animaux domestiques trouvées aux abords des exploitations agricoles et les restes d'animaux victimes du trafic routier représentent également une part de son alimentation. 1.1.3 HABITAT Milan royal adulte en vol. (Photo : R. Riols) On retrouve le Milan royal en plaine mais sa préférence va aux étages collinéen et montagnard où le relief lui permet d'utiliser les masses d'air pour le vol. La topographie est donc l'un des facteurs principaux influençant sa distribution (Seone J. et al., 2003). Ainsi, en Alsace, le Milan royal occupe essentiellement l'étage collinéen (73% de la population régionale) (Wassmer B. & Didier S., 2004). Son territoire comprend des milieux forestiers de petite taille et des milieux ouverts. Son habitat de prédilection comprend des zones agricoles ouvertes avec polyculture et élevage extensif. Il évite les milieux trop humides ou, à l'inverse, trop arides (Seone J. et al., 2003) contrairement au Milan noir qui peut se reproduire dans des zones très chaudes (Carter, 2007 in LPO Alsace, 2011). Le Milan royal niche essentiellement dans des bois de faible superficie, généralement à moins de 100 mètres de la lisière (Mionnet A., 2004 ; Wassmer B. & Didier S., 2009). Les principales essences utilisées en France pour la nidification sont le hêtre, le chêne et le pin sylvestre. Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 10
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