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Préservation du Milan royal en Alsace Bossue
Bilan
Les auteurs s'accordent sur un risque de collision faible dans de bonnes conditions de
visibilité (Tableau 2). Toutefois le risque de collision est très variable d'une espèce à l'autre et d'une
saison à l'autre (Lucas M. et al., 2008 ; Lekuona, 2001 ; Rasran L. et al., 2008a,b). Les rapaces et
les oiseaux d'eau sont généralement les groupes les plus sujets aux collision avec les pâles des
éoliennes (Byrne, 1983 ; Lekuona J.M., 2001 ; Smallwood KS & Thelander C., 2008) en raison de
leur comportement en vol (type de vol, distance aux éoliennes, altitude de vol).
Pays Site Habitat Espèces
Nb de
turbines
Collisions
(oiseaux/turbin
e/an)
Etats-Unis Altamont Pass secteur avec ranchs Rapaces 5000 0,06
Espagne Tarifa Collines côtières Rapaces, migrateurs 98 0,34
Etats-Unis Burgar Hill Landes côtières Plongeons, Rapaces 3 0,05
Royaume-Uni Haverigg Prairies côtières Pluvier doré, Laridés 5 0
Royaume-Uni Blyth Harbour Côtes Oiseaux côtiers, migrateurs 8 1,34
Royaume-Uni Bryn Tytli Landes sur plateaux Milan royal, faucon pèlerin 22 0
Royaume-Uni Cemmaes Landes sur plateaux Espèces de montagne 24 0,04
Royaume-Uni Urk Côte (sur axe migratoire) Gibier d'eau 25 1,7
Pays-Bas Oosterbierum Côte (sur axe migratoire) Gibier d'eau 18 1,8
Pays-Bas Kreekrak Côte (sur axe migratoire) Gibier d'eau 5 3,4
Royaume-Uni Ovenden Moor Landes sur plateaux Pluvier Doré, Coulirs 23 0,04
Danemark Tjaereborg Prairies côtières Gibier d'eau, Laridés 8 3
Suède Näsudden Interface côtes/cultures Gibier d'eau migrateurs 70 0,7
Tableau 2: Etudes des taux de collision de l'avifaune avec les éoliennes. D'après Percival S.M., 2003.
Il convient de distinguer également deux situations : les espèces migratrices et les espèces
nicheuses. Les conséquences sont généralement importantes sur les oiseaux en migration et
moindres pour les espèces nicheuses. Le taux de mortalité est plus élevé pour les oiseaux en
migration mais le risque est limité à quelques fenêtres de temps dans l'année, tandis que pour les
oiseaux nicheurs, le taux de mortalité est moindre mais réparti sur l'ensemble de la saison de
reproduction (Lekuona J.M., 2001).
Par ailleurs, la plupart des études aboutissent à la même conclusion : le taux de collision
varie très fortement d'un parc à l'autre voire d'une turbine à l'autre (Everaert J., 2003 ; Lekuona J.,
2001). Ceci dépend du type d'éoliennes, de leur positionnement les unes par rapport aux autres, le
choix du site (topographie, occupation du sol, axes migratoires...). Certains parcs éoliens
particulièrement denses et des turbines mal placées engendrent des taux de mortalité plus
importants. Or, même un faible taux de mortalité peut générer des incidences, notamment sur les
espèces menacées ou à faible productivité.
Par ailleurs, les études se basent sur le nombre de cadavres trouvés aux pieds des
éoliennes et il est difficile d'en extrapoler les mortalités réelles. En effet, il faut également prendre
en compte d'une part, le biais observateur, d'autres part les cadavres récupérés par les
charognards. Certains chiffres de mortalité peuvent donc être sous-estimés. Lekuona J.M. (2001)
estime que 75% des cadavres disparaissent en 48 heures, enlevés par les charognards
opportunistes abondants à proximité des parcs éoliens.
A l'heure actuelle, les chercheurs n'ont pas mis en évidence d'effets significatifs des parcs
éoliens sur la taille des populations de rapaces (Rasran L. et al., 2008b). Toutefois, une étude
récente basée sur des modèles statistiques a mis en avant une réaction potentiellement négative
de la dynamique des populations de Milans royaux en présence d'éoliennes (Schaub M., 2012).
Par exemple, le taux de croissance de la population est plus faible lorsque le parc comprend de
nombreuses turbines.
Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 16