Télécharger le pdf - Parc naturel régional des Vosges du Nord

Préservation du Milan royal en Alsace Bossue
Figure 2: Distribution et abondance
du Milan royal en France (enquête
rapaces 2000-2002). Carte extraite
de Rapaces nicheurs de France,
Thiollay J.M. et Bretagnolle V., 2004.
Le nombre de couples en France est estimé à 3000 –
3900 (Thiollay J.M. & Bretagnolle V., 2004). Les populations
de Milans royaux se répartissent en cinq foyers principaux
(Fig. 2) : le piémont pyrénéen, le Massif central, la chaîne
jurassienne, les plaines du Nord-Est et la Corse (Mionnet A.,
2004). Cette distribution correspond au couloir migratoire de
l'espèce (Mionnet A., 2004).
En Alsace, un recensement exhaustif des couples
nicheurs a lieu chaque année depuis 2009. En 2011, la LPO
Alsace estimait un effectif de 35 à 49 couples nicheurs et 39
jeunes à l'envol ont été observés. L'Alsace bossue fait partie
des bastions principaux de l'espèce avec le Sundgau des
étangs, le Jura alsacien et, dans une moindre mesure, le
Pays de Hanau (Annexe 1). Ces quatres entités naturelles
regroupe 80% des couples nicheurs en 2010. Faciès
collinéen, tradition de polyculture-élevage avec une part
importante d'herbage, boisements, ce territoire répond
pleinement aux besoins écologiques de l'espèce.
1.1.7 TENDANCES ET IDENTIFICATION DES MENACES
Les populations de Milans royaux sont globalement en déclin depuis le XIXe siècle et cette
régression s'observe tant au niveau des effectifs que de la répartition géographique. En France,
entre les années 1975 et 1990, on observe une augmentation des effectifs, en partie à cause des
mesures de protection mises en place (protection des rapaces en 1972). Depuis le début des
années 1990, la tendance est au déclin. La diminution des effectifs est de l'ordre de 50 à 80% par
rapport aux années 80, notamment dans le nord-est de la France (Mionnet A., 2004).
En Alsace, la tendance est également à la baisse. La LPO Alsace observe ainsi une
diminution du nombre de couples nicheurs : en 2010, on recense 39 à 52 couples nicheurs contre
37 à 88 entre 1999 et 2002 (Heuacker V. & Didier S., 2012). On constate également la diminution
de la densité moyenne régionale (0,5 c./100 km2 en 2010 contre 0,8 c./100 km2 en 1999-2002)
ainsi que de la productivité des couples nicheurs particulièrement faible aujourd'hui avec 1,0 jeune
par couple nicheur en 2009 contre 1,9 jeune par couple nicheur en 1997-2002 (Heuacker V. &
Didier S., 2012). Les résultats du suivi 2011 en Alsace Bossue font état de 12 à 13 couples
nicheurs. Comme dans le reste de la région, le nombre de couples nicheurs est en baisse : lors de
l'enquête rapaces 1999-2002, 20 couples étaient recensés en Alsace Bossue dont 10 couples
nicheurs possibles et 10 couples nicheurs probables ou certains (Plan Régional d'Action Milan
Royal, 2012).
Ce déclin dramatique des populations de Milan royal peut être expliqué par l'accumulation
de facteurs défavorables au maintien de cette espèce.
Au premier rang des causes, la modification des pratiques agricoles et le changement
d'utilisation des terres (intensification de l'agriculture). La modification du paysage qui en résulte a
eu pour effet de restreindre les ressources alimentaires. S'ajoute à cela la disparition progressive
des décharges ainsi que la mise à l'équarrissage systématique des animaux d'élevage.
L'autre problème majeur est l'empoisonnement direct ou indirect des prédateurs. Lors d'une
étude conduite par le laboratoire de toxicologie de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 62 Milans
royaux supposés empoisonnés ont été examinés en dix ans (1992-2002). Pour 82% d'entre eux, la
mort par empoisonnement a été confirmée (Berny P. & Gaillet JR., 2008). Les substances toxiques
majoritairement détectées sont les carbamates, les insecticides organophosphorés et les
rodenticides anticoagulants. Sont notamment détectés la bromadiolone et le carbofuran (interdit en
France depuis 2008). En France, les campagnes de traitements à la bromadiolone contre le
Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 12