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Préservation du Milan royal en Alsace Bossue 4 DISCUSSION 4.1 IMPACT POTENTIEL DU PARC ÉOLIEN 4.1.1 CONSTRUCTION DU PARC ET DÉRANGEMENT Les travaux de construction des éoliennes peuvent être source de dérangement car ils génèrent bruit et forte activité humaine. La mise en place des fondations (janvier à mai) n'a cependant pas empêché le couple de s'installer sur son site de nidification et n'ont vraisemblablement pas perturbé leurs activités de chasse : des individus ont en effet été observés à plusieurs reprises en chasse à proximité immédiate des ouvriers et machines. Le Milan royal et les autres rapaces habitués à la présence de l'Homme (Buse variable, Faucon crécerelle) ne semblent pas dérangés pendant la phase de construction du parc, contrairement à d'autres oiseaux, en particulier des passereaux, dont des effets négatifs sur les populations ont été constatés (Pearce-Higgins J.W. et al., 2012). Le montage des mâts, initialement prévu à l'automne 2012, n'aura finalement lieu qu'en début d'année 2013. Le suivi du futur parc éolien nous permettra de savoir si le couple se réappropriera son aire après la mise en place des machines. A priori, le caractère familier de l'espèce fait qu'il ne craint pas les nouvelles structures (Lucéole, 2012). En Belgique, à ce jour, les experts n'ont pas constaté d'abandon de site de nidification clairement lié à la construction d'éoliennes (Lucéole, 2012). 4.1.2 LE DOMAINE VITAL DE DON QUICHOTTE ENGLOBE LE PARC ÉOLIEN Les suivis visuels et télémétriques et le temps passé sur le terrain ont permis de prendre en compte tous les types d'activités de l'oiseau : chasse, repos, trajet et reproduction. Les résultats des suivis satellitaire et télémétrique montrent que le domaine vital de Don Quichotte intègre totalement le parc éolien. A noter que le domaine vital peut varier grandement d'un individu à l'autre. En Allemagne, les suivis satellitaires de 11 Milans royaux (mâles et femelles) pendant leur saison de reproduction ont mis en lumière des domaines vitaux allant de 1,7 km 2 à 74,4 km 2 (Grajetzky et al., 2011). Lors du suivi d'un couple, une femelle a été localisée à 13 km de son aire de nidification. Cela implique que d'autres couples seront vraisemblablement concernés par le danger de collision que représente les éoliennes. Les couples voisins les plus proches étant situés à environ 6 km du projet, distance que parcoure régulièrement Don Quichotte. En outre, de nouvelles aires de nidification sont susceptibles d'être encore découvertes lors des prochaines années, notamment en Moselle voisine où les efforts de prospection sont moindres. On observe par ailleurs que l''utilisation du territoire de Don Quichotte évolue au cours de la période de reproduction. Comme d'autres espèces, elle dépend de la quantité et de la disponibilité en nourriture (ici, micrommamifères), de la saison et des conditions météorologiques ou encore du déroulement de la nidification (Lucéole, 2012 ; Savitz et al. 1983 in Blanc L, 1997). En juillet, Don Quichotte restait cantonné à son aire de nidification et ses alentours. Le coeur de ses activités englobait le futur parc éolien de Dehlingen (Annexe 3). A noter qu'à compter de mi-juillet, Don Quichotte a rejoint des dortoirs de Milans royaux et Milans noirs, notamment dans le secteur de Bining, au nord est de l'aire de nidification (Annexe 3). Regroupant des dizaines de rapaces (jusqu'à 30 Milans observés simultanés), le secteur est une zone de vastes prairies où une ripisylve est utilisée comme dortoir. Si son domaine vital s'est étendu au mois d'août après l'envol des jeunes, le coeur des activités intégrait toujours le parc de Dehlingen (Annexe 5). En outre, pour le couple de Dehlingen, un facteur aggravant est la faible distance entre le nid et les premières éoliennes (900m environ). Rappelons que les Milans royaux effectuent 80% de leurs déplacements dans un périmètre de 2 kilomètres autour du nid (Grajetzky B. et al., 2011). Avec une distance aussi faible, le risque de collision est donc important (Eichhorn M. et al., 2012). Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 33
Préservation du Milan royal en Alsace Bossue De plus, les éoliennes constituent un obstacle et un danger supplémentaires lors des premiers vols mal assurés des jeunes Milans royaux. 4.1.3 ACTIVITÉS AU SEIN DU FUTUR PARC ÉOLIEN L'analyse des axes de déplacements de Don Quichotte révèle des passages réguliers au niveau des emplacements des futures éoliennes. On distingue ainsi plusieurs couloirs de vol qui passent nettement au travers du parc éolien notamment au niveau des turbines 1 et 2 et des éoliennes 3 et 4. Si l'on considère que plus il y a de passages au niveau d'une future éolienne, plus le risque de collision est élevé, les éoliennes 1 et 2 sont les turbines où le danger est le plus important. De plus, les observateurs estiment les altitudes de vol entre 30 et 120 mètres. Avec une hauteur de mât de 80 m et des pâles de 45 m de long, la zone dangereuse se situe entre 35 et 125 mètres d'altitude et dans un périmètre de 45 m de part et d'autres de l'éolienne. A noter que certaines études mettent en avant un effet vortex provoqué par la rotation des pâles (Drewitt A.L. & Langston R.H.W, 2006). Si l'éolienne est implantée face au couloir de vol, on peut supposer que le risque de collision est fort pour le Milan royal. Comme l'ont montré d'autres études (de Lucas M., 2008 ; synthèse Drewitt A.L. & Langston R.H.W, 2006), la topographie joue ici un rôle non négligeable dans le risque encouru par les Milans. En effet, ces planeurs utilisent les courants ascendants lors de leurs déplacements. Or, comme le souligne Manuela de Lucas, les courants ascendants de pentes douces sont plus faibles que ceux des pentes plus abruptes. Ainsi, les turbines situées sur les sommets de pentes douces ne devraient pas poser un risque plus élevé que celles situées au sommet des pentes raides. Ici, les éoliennes sont implantées sur un terrain avec une topographie plutôt douce (Annexe 2). Les éoliennes sont toutes situées en sommet de pentes, ce qui peut expliquer les fréquents déplacements à leur niveau et représente un facteur de risque supplémentaire. Si l'on considère les activités de Don Quichotte au sein du parc, il y effectue régulièrement des vols de transit. Il est possible que le couple de Milans royaux sera capable d'intégrer les turbines comme une contrainte comme cela a pu être observé chez d'autres espèces d'oiseaux (DREAL Centre, 2005). Néanmoins peu d'études ont abordé le sujet de l'habituation aux parcs et les résultats sont partiellement contradictoires. Il est donc difficile de tirer des conclusions formelles à ce sujet. Par exemple, de Lucas M. et son équipe n'ont pas observé de modifications à long terme des comportements des oiseaux face aux turbines (de Lucas M. et al., 2008) : la mortalité est restée constante tout au long de la période de suivi (10 ans). A l'inverse, une équipe britannique a calculé à partir de données espagnoles une sensibilité statistiquement faible du Milan royal aux collisions avec les turbines (Whitfield D.P. & Madders M., 2006). Cependant, au vu des chiffres de mortalités relevés en Allemagne, pays en avance en matière de développement de parc éolien, il faut rester prudent avec cette conclusion. Un suivi post-implantation du parc nous permettra de vérifier d'éventuels changements de comportement, d'utilisation du territoire et l'aptitude de ce couple de Milans à éviter – ou non – ces structures. Les Milans royaux ont également été observés en situation de chasse au sein du parc éolien, notamment au début de l'été en période des foins. 4.1.4 ACTIVITÉS DE CHASSE ACCRUES EN PÉRIODE DE FENAISON Le Milan royal étant une espèce opportuniste, il a tendance à exploiter des sources temporaires de nourriture très abondantes (Blanco J.C. et al., 1990 ; Mougeot F. et al., 2011 ; Villafuerte J. et al., 1998). Le Milan royal recherche prioritairement les sols nus ou ras (Mammen U. in Lucéole, 2012), comme le montre les observations réalisées à Dehlingen. Les terrains les plus favorables sont les prairies fraîchement fauchées, les labours ou les parcelles moissonnées. Les déplacements de Don Quichotte sont ainsi souvent liées aux activités agricoles : par exemple, il va rechercher préférentiellement les prairies en cours de fauche pour s'alimenter des petits cadavres de micromammifères ou d'oiseaux victimes des machines (Annexes 8 et 9). L'ampleur Aurélie JACQUET – M2 EEB – Parcours CRB – 2011 - 2012 34
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