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Comprendre le fonctionnement de simulations sociales ... - Risc

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« Sur l’avenir tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> se trompe. L’homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce<br />

bien vrai ? Peut-il vraiment <strong>le</strong> connaître, <strong>le</strong> présent ? Est-il capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong> juger ? Bien sûr que non. Car<br />

comment celui qui ne connaît pas l’avenir pourrait-il comprendre <strong>le</strong> sens du présent ? Si nous ne savons pas<br />

vers quel avenir <strong>le</strong> présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu’il<br />

mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ? »<br />

Milan Kun<strong>de</strong>ra, L’ignorance.<br />

1 Introduction<br />

Avant-propos<br />

Pour la compréhension du <strong>fonctionnement</strong> <strong>de</strong> systèmes comp<strong>le</strong>xes naturels ou sociaux, <strong>le</strong>s scientifiques<br />

ont <strong>de</strong> plus en plus souvent recours à la modélisation. Cependant, il arrive fréquemment que <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> réalisé<br />

soit suffisamment comp<strong>le</strong>xe pour n’être pas intelligib<strong>le</strong> au premier abord.<br />

Le travail présenté dans ce mémoire concerne la compréhension du comportement ou du<br />

<strong>fonctionnement</strong> <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> socia<strong>le</strong>s individus-centrés. Dans ce cadre, nous nous concentrerons<br />

plus particulièrement sur <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> dynamiques d’opinions dans une population. Cependant, si un <strong>de</strong>s buts<br />

premiers <strong>de</strong> ce travail est bien <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong> <strong>fonctionnement</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s pris en exemp<strong>le</strong>, il s’agit<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s techniques d’exploration <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s plus génériques pouvant<br />

s’appliquer à d’autres modè<strong>le</strong>s et éventuel<strong>le</strong>ment à d’autres domaines.<br />

Nous allons présenter dans cette introduction <strong>le</strong>s enjeux et la motivation <strong>de</strong> ce travail, sa relation avec<br />

<strong>le</strong>s différents domaines <strong>de</strong> recherche abordés et l’organisation du document qui en décou<strong>le</strong>.<br />

1.1 Motivations et enjeux<br />

Au cours <strong>de</strong>s quinze <strong>de</strong>rnières années, la diffusion <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s (Legay, 1973 ; 1997 ;<br />

Schmidt-Lainé et Pavé, 2002 ; Varenne, 2003) pour une meil<strong>le</strong>ure compréhension du <strong>fonctionnement</strong> <strong>de</strong>s<br />

systèmes comp<strong>le</strong>xes (Atlan, 1979) dans <strong>de</strong> nombreux domaines a induit <strong>de</strong> fait la diffusion <strong>de</strong> la simulation et<br />

particulièrement <strong>de</strong> la simulation individus-centrée, en particulier en écologie (Reynolds, 1987 ; De Angelis et<br />

Gross, 1992 ; Grimm, 1999) et en sciences socia<strong>le</strong>s (Gilbert et Troitzsch, 1999). Dans ces <strong>de</strong>ux domaines, <strong>le</strong><br />

simp<strong>le</strong> fait <strong>de</strong> pouvoir réaliser <strong>de</strong>s hypothèses sur <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s entités du système modélisé et <strong>le</strong>s<br />

prendre en compte explicitement dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s réalisés peut être envisagé comme un changement <strong>de</strong><br />

paradigme (Kuhn, 1962), puisqu’il consiste en un nouveau point <strong>de</strong> vue du modélisateur sur <strong>le</strong>s systèmes<br />

modélisés et qu’il a conduit à l’élaboration <strong>de</strong> nouveaux outils et <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s pour supporter ce<br />

nouveau paradigme.<br />

Cependant, <strong>le</strong> fait <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s individus-centrés repose la question du statut du modè<strong>le</strong>.<br />

En effet, si <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s individus-centrés restent <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong>stinés à améliorer la<br />

compréhension d’un système (Legay, 1973), ils entrent éga<strong>le</strong>ment en résonance avec la définition <strong>de</strong> la<br />

comp<strong>le</strong>xité qu’en donne Von Neumann (Von Neumann et Burks, 1966), à savoir que l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />

comportements possib<strong>le</strong>s du système considéré (en l’occurrence <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> individus-centré) est infiniment plus<br />

diffici<strong>le</strong> à caractériser que ses règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>fonctionnement</strong>. Dans <strong>le</strong> cas du modè<strong>le</strong> individus-centré, ces <strong>de</strong>rnières<br />

sont explicitées formel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> programme <strong>de</strong> simulation. Cette comp<strong>le</strong>xité inhérente à la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

modélisation ne provient pas d’une éventuel<strong>le</strong> et très probab<strong>le</strong> stochasticité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s mais bien<br />

plutôt du jeu intime <strong>de</strong>s interactions entre <strong>le</strong>s entités qui produisent un phénomène agrégé qui n’est pas spécifié<br />

explicitement dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>. Ce <strong>de</strong>rnier point peut être mis en regard <strong>de</strong> certaines définitions <strong>de</strong> l’émergence <strong>de</strong><br />

phénomènes col<strong>le</strong>ctifs dans <strong>le</strong>s <strong>simulations</strong> individus-centrées (Gilbert, 1995 ; MRJean, 1997).<br />

Confronté à ce modè<strong>le</strong> qu’il a construit et dont il ne peut pourtant appréhen<strong>de</strong>r complètement <strong>le</strong><br />

comportement, <strong>le</strong> modélisateur se retrouve partiel<strong>le</strong>ment dans la situation <strong>de</strong> l’expérimentateur <strong>de</strong>s sciences du<br />

vivant (Dupuy, 1994). Partiel<strong>le</strong>ment, puisque malgré tout, il reste l’auteur du modè<strong>le</strong> et qu’à ce titre il en connaît

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