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LAO-TZEU, LIE-TZEU TCHOANG-TZEU

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Léon WIEGER — Les pères du système taoïste 175<br />

Tch5.C. Dans la principauté de Lou, un certain Chou-chan qui avait subi<br />

l’amputation des orteils, alla demander à Confucius de l’instruire.<br />

— A quoi bon ? lui dit celui-ci, puisque vous n’avez pas su<br />

conserver votre intégrité corporelle.<br />

— Je voulais, pour compenser cette perte, apprendre de vous à<br />

préserver mon intégrité mentale, dit Chou-chan. Le ciel et la terre<br />

se prodiguent à tous les êtres, quels qu’ils soient, sans distinction.<br />

Je croyais que vous leur ressembliez. Je ne m’attendais pas à être<br />

rebuté par vous.<br />

— Pardonnez mon incivilité, veuillez entrer, dit Confucius ; je<br />

vous dirai ce que je sais.<br />

Après l’entrevue, Chou -chan s’en étant retourné, Confucius dit à ses<br />

disciples :<br />

— Que cet exemple vous anime au bien, enfants ! Voyez, ce mutilé<br />

cherche à réparer ses fautes passées. Vous, ne commettez pas de<br />

fautes.<br />

Cependant Chou-chan, malcontent de Confucius, s’était adressé à Lao-tan.<br />

— Ce K’oung-ni, lui dit-il, n’est pas un sur -homme. Il s’attire des<br />

disciples, pose en maître, et cherche visiblement la réputation. Or<br />

le surhomme considère les préoccupations comme des menottes et<br />

des entraves.<br />

— Pourquoi, dit Lao-tan, n’avez -vous pas profité de votre entrevue<br />

avec lui, pour lui dire sans ambages, que la vie et la mort sont une<br />

seule et même chose ; qu’il n’y a aucune distinction entre oui et<br />

non ? Vous l’auriez peut -être délivré de ses menottes et de ses<br />

entraves.<br />

— Impossible, dit Chou-chan. Cet homme est trop plein de<br />

lui-même. Le Ciel l’a puni en l’aveuglant. Personne ne le fera plus<br />

voir clair.<br />

Tch5.D. • 247 Le duc Nai de Lou dit à Confucius :<br />

— Dans le pays de Wei vivait un homme nommé T’ouo le laid. Il<br />

était de fait la laideur même, un véritable épouvantail. Et<br />

cependant ses femmes, ses concitoyens, tous ceux qui le<br />

connaissaient, raffolaient de lui. Pourquoi cela ? Pas pour son<br />

génie, car il était toujours de l’avis des autres. Pas pour sa<br />

noblesse, car il était du commun. Pas pour sa richesse, car il était<br />

pauvre. Pas pour son savoir, car il ne connaissait du monde que son<br />

village... Je voulus le voir. Certes il était laid à faire peur. Malgré

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