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LAO-TZEU, LIE-TZEU TCHOANG-TZEU

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Léon WIEGER — Les pères du système taoïste 81<br />

lie2.O. Yang-tchou passant par la principauté de Song, reçut l’hospitalité<br />

dans une hôtellerie. L’hôtelier avait deux femmes, l’une belle, l’autr e laide. La<br />

laide était aimée, la belle était détestée.<br />

— Pourquoi cela ? demanda Yang-tchou à un petit domestique.<br />

— Parce que, dit l’enfant, la belle fait la belle, ce qui nous la rend<br />

déplaisante ; tandis que la laide se sait laide, ce qui nous fait<br />

oublier sa laideur.<br />

— Retenez ceci, disciples ! dit Yang-tchou. Etant sage, ne pas<br />

poser pour sage ; voilà le secret pour se faire aimer partout.<br />

lie2.P. Il y a, en ce monde, comme deux voies ; celle de la subordination,<br />

la déférence ; celle de l’insubordin ation, l’arrogance. Leurs tenants ont été<br />

définis par les anciens en cette manière : les arrogants n’ont de sympathie que<br />

pour les plus petits que soi, les déférents affectionnent aussi ceux qui leur sont<br />

supérieurs. L’arrogance est dangereuse, car elle s ’attire des ennemis ; la • 101<br />

déférence est sûre, car elle n’a que des amis. Tout réussit au déférent, et dans<br />

la vie privée, et dans la vie publique ; taudis que l’arrogant n’a que des<br />

insuccès. Aussi U-tzeu a-t-il dit, que la puissance doit toujours être tempérée<br />

par la condescendance ; que c’est la condescendance qui rend la puissan ce<br />

durable ; que cette règle permet de pronostiquer à coup sûr, si tel particulier, si<br />

tel État, prospérera ou dépérira. La force n’est pas solide, tandis que rien<br />

n’égale la solidité de la douceur. Aussi Lao-tan a-t-il dit : « la puissance d’un<br />

état lui attire la ruine, comme la grandeur d’un arbre appelle la cognée. La<br />

faiblesse fait vivre, la force fait mourir. »<br />

lie2.Q. • • • Le Sage s’allie avec qui a les mêmes sentiments intérieurs que<br />

lui, le vulgaire se lie avec qui lui plaît par son extérieur. Or dans un corps<br />

humain peut se cacher un cœ ur de bête ; un corps de bête peut contenir un<br />

cœur d’homme. Dans les deux cas, juger d’après l’extérieur, induira en erreur.<br />

Fou-hi, Niu-wa, Chenn-noung, U le Grand, eurent, qui une tête humaine<br />

sur un corps de serpent, qui une tête de bœuf, qui un museau de tigre ; mais,<br />

sous ces formes animales, ce furent de grands Sages (6). Tandis que Kie le<br />

dernier des Hia, Tcheou le dernier des Yinn, le duc Hoan de Lou, le duc Mou<br />

de Tch’ou, furent des bêtes sous forme humaine (7). — Quand Hoang-ti livra<br />

bataille à Yen-ti dans la plaine de Fan-ts’uan, des bêtes féroces formèrent son<br />

front de bataille, des oiseaux de proie ses troupes légères. Il s’était atta ché ces<br />

animaux par son ascendant. — Quand Yao eut chargé K’oei du soin de la<br />

musique, les animaux accoururent et dansèrent, charmés par ces accents.<br />

•Peut-on dire, après cela, qu’il y ait, entre les animaux et les hom mes, une<br />

différence essentielle ? Sans doute, leurs formes et leurs langues différent de<br />

celles des hommes, mais n’y aurait -il pas moyen de s’entendre avec eux

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