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LAO-TZEU, LIE-TZEU TCHOANG-TZEU

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Léon WIEGER — Les pères du système taoïste 91<br />

paraissaient puants, le sucre amer, le mal bien. En un mot, pensées et choses,<br />

en tout et pour tout, il était le contraire des autres hommes.<br />

Un certain Yang dit à son père :<br />

— Ce cas est bien extraordinaire, mais les lettrés de Lou sont très<br />

savants ; demandez-leur conseil.<br />

Le père du déséquilibré, alla donc à Lou. Comme il passait par Tch’enn, il<br />

rencontra Lao-tan, et lui raconta le cas de son fils. Lao-tan lui répondit :<br />

— C’est pour cela que tu tiens ton fils pour fou ? Mais les hommes<br />

de ce temps en sont tous là. Tous prennent le mal pour le bien,<br />

tenant leur profit pour règle des mœurs. La mala die de ton fils, est<br />

la maladie commune ; il n’est personne qui n’en souffre pas. Un<br />

fou par famille, une famille de fous par village, un village de fous<br />

par principauté, une principauté de fous dans l’empire, ce serait<br />

tolérable, à la rigueur. Mais maintenant, l’empire entier est fou, de<br />

la même folie que ton fils ; ou plutôt, toi qui penses autrement que<br />

tout le monde, c’est toi qui es fo u. Qui définira jamais la règle des<br />

sentiments, des sons, des couleurs, des odeurs, des saveurs, du bien<br />

et du mal ? Je ne sais pas au juste si moi je suis sage mais je sais<br />

certainement que les lettrés de Lou (qui prétendent définir ces<br />

choses), sont les pires semeurs de folie. Et c’est à eux que tu vas<br />

demander de te guérir ton fils ? ! Crois-moi, épargne les frais d’un<br />

voyage inutile, et retourne chez toi par le plus court chemin.<br />

Lie3.H. Un enfant né dans la principauté de Yen (tout au nord), avait été<br />

transporté et élevé dans le royaume de Tch’ou (tout au sud de l’empire ;, où il<br />

passa toute sa vie. Vieillard, il retourna dans son pays natal. A mi-chemin,<br />

comme il approchait du chef-lieu de Tsinn, ses compagnons de voyage lui<br />

dirent, pour se moquer de lui :<br />

— Voici le chef-lieu de Yen ta patrie.<br />

Notre homme les crut, pâlit et devint triste. Puis, lui montrant un tertre du<br />

génie du sol, ils lui dirent :<br />

— Voici le tertre de ton village natal.<br />

L’homme soupira douloureusement. Puis ils lui montrèrent une m aison et<br />

dirent :<br />

— Voici la demeure de tes ancêtres.<br />

L’homme éclata en pleurs. Enfin, lui montrant des tombes quelconque, ils<br />

lui dirent :<br />

— Et voilà leurs tombeaux.<br />

A ces mots notre homme éclata en lamentations. Alors ses compagnons se<br />

moquant de lui, lui découvrirent leur supercherie.

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