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Le coude du sportif

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L A L E T T R E<br />

L’OBSERVATOIRE<br />

DU MOUVEMENT<br />

LETTRE D’INFORMATION Décembre 2012<br />

n° 46<br />

Éditorial : M. Mansat 1<br />

Anatomie et cinématique <strong>du</strong> <strong>coude</strong> :<br />

F. Bonnel, P. Mansat 1<br />

Imagerie <strong>du</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong> : H. Chiavassa-Gandois 4<br />

Lésions tendino-musculaires et articulaires<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong> : P. Mansat 6<br />

Nouvelles approches thérapeutiques médicales de la<br />

tendinopathie des épicondyliens : D. Gasq, O. Ucay 9<br />

Luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> et instabilité : P. Mansat 10<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> vieux <strong>sportif</strong> : P. Mansat 12<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> douloureux <strong>du</strong> jeune <strong>sportif</strong> :<br />

F. Accadbled 13<br />

Opinion : Ch. Mansat 14<br />

Éditorial<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> est très sollicité dans la plupart des activités<br />

sportives et professionnelles. <strong>Le</strong>s lésions rencontrées<br />

sont très diverses, directement dépendantes <strong>du</strong> geste<br />

<strong>sportif</strong> et professionnel.<br />

La gymnastique est plus fréquemment responsable<br />

de pathologie intra-articulaire, le tennis d’une<br />

pathologie mixte <strong>du</strong> compartiment latéral, les sports<br />

de lancer d’une pathologie mixte tendino-musculaire<br />

et capsulo-ligamentaire <strong>du</strong> compartiment médial<br />

(compression latérale et distraction médiale).<br />

<strong>Le</strong> bilan clinique et l’imagerie doivent orienter vers<br />

un diagnostic précis. <strong>Le</strong> traitement médical et la<br />

physiokinésithérapie occupent une large place (infiltration,<br />

prévention antalgique, repos, réé<strong>du</strong>cation).<br />

Ce n’est qu’en cas d’échec que le traitement chirurgical<br />

doit être envisagé.<br />

Nous tenons à remercier les auteurs de ces différents<br />

chapitres <strong>du</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong>. <strong>Le</strong> Pr F. Bonnel et le Pr<br />

P. Mansat par leur analyse biomécanique <strong>du</strong> <strong>coude</strong>,<br />

le Dr H. Chiavassa-Gandois toujours disponible,<br />

comme l’ensemble de l’équipe <strong>du</strong> Pr J.J. Railhac pour<br />

ses conseils concernant l’imagerie <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, le Dr D.<br />

Gasq et O. Ucay concernant les nouveautés dans le<br />

domaine médical dans les tendinopathies et enfin le<br />

Pr P. Mansat pour avoir accepté de prendre en charge<br />

cette <strong>Le</strong>ttre sur le <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong> avec l’appoint chez<br />

le jeune <strong>sportif</strong> <strong>du</strong> Pr F. Accabled.<br />

Pr. Michel Mansat<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong><br />

Anatomie et cinématique <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

<strong>Le</strong> complexe articulaire <strong>du</strong> <strong>coude</strong> a un programme mécanique double : d’une part, d’allongement-raccourcissement<br />

lors de la préhension nécessitant une grande mobilité et,<br />

d’autre part, de stabilité dans les transmissions des pressions. Ce mo<strong>du</strong>le mécanique<br />

oriente, dirige et positionne l’organe terminal de la préhension avec mise en jeu synergique<br />

des articulations sus- et sous-jacentes.<br />

Eléments de la stabilité<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

La stabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> dépend de facteurs<br />

statiques, et de facteurs dynamiques. <strong>Le</strong>s<br />

éléments statiques sont représentés par<br />

l’ensemble des structures articulaires et capsulo-ligamentaires,<br />

et les éléments dynamiques,<br />

par les muscles péri-articulaires.<br />

Stabilité statique<br />

Elle résulte de la congruence articulaire huméro-ulnaire<br />

et huméro-radiale, et de la tension<br />

des éléments capsulo-ligamentaires.<br />

<strong>Le</strong>s ligaments assurent 50 % de la stabilité en<br />

varus-valgus, l’articulation assurant les 50 %<br />

restants. Ce n’est que lorsque le <strong>coude</strong> est<br />

en extension que la totalité de la stabilité est<br />

assurée par l’articulation huméro-ulnaire et la<br />

capsule antérieure quel que soit l’état des ligaments<br />

collatéraux.<br />

L’articulation huméro-ulnaire<br />

L’articulation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> est une des plus<br />

contraintes <strong>du</strong> squelette en raison de la forte<br />

congruence entre la trochlée humérale, et<br />

l’incisure trochléaire de l’ulna. Une résection<br />

intéressant plus de 50% de l’olécrâne,<br />

entraîne une instabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> aussi bien<br />

rotatoire que latérale. En varus, et à 90 degrés<br />

de flexion, la congruence articulaire assure 75<br />

à 85 % de la stabilité. <strong>Le</strong> processus coronoïde<br />

représente également un élément important<br />

pour préserver la congruence articulaire. Il<br />

s’oppose aux contraintes antéro-postérieures<br />

au niveau de l’articulation et se comporte<br />

comme une butée antérieure s’opposant au<br />

déplacement postérieur de l’avant-bras. Au<br />

moins 50% <strong>du</strong> processus coronoïde doivent<br />

être présents pour que l’articulation huméro-ulnaire<br />

reste stable.<br />

L’articulation huméro-radiale<br />

La tête radiale intervient dans la résistance à la<br />

compression à partir de 90 degrés de flexion.<br />

Son rôle dans la résistance en valgus est fortement<br />

lié à l’état <strong>du</strong> complexe ligamentaire collatéral<br />

médial. Lorsque la résection de la tête<br />

radiale est associée à une section <strong>du</strong> ligament<br />

collatéral médial, le <strong>coude</strong> devient instable et<br />

se subluxe. En cas de lésion <strong>du</strong> ligament collatéral<br />

médial, la présence de la tête radiale<br />

va entraîner une résistance<br />

suffisante lors <strong>du</strong><br />

valgus pour<br />

prévenir une subluxation.


La tête radiale a également un rôle de cale limitant<br />

l’ascension <strong>du</strong> radius par rapport à l’ulna<br />

notamment lors des lésions associées de la<br />

membrane interosseuse. Sa conservation est<br />

importante lors <strong>du</strong> syndrome d’Essex-Lopresti,<br />

qui associe une lésion des ligaments radio-ulnaires<br />

distaux et de la membrane inter-osseuse,<br />

pour éviter une déstabilisation de l’articulation<br />

radio-ulnaire distale.<br />

La capsule articulaire<br />

<strong>Le</strong> rôle de la capsule antérieure dans la stabilité<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> est prépondérant en extension.<br />

La capsule s’oppose à l’effort d’étirement assumant<br />

70 % de la tension des parties molles et<br />

ceci d’autant plus que les ligaments collatéraux<br />

sont lésés.<br />

<strong>Le</strong> ligament collatéral ulnaire<br />

<strong>Le</strong> ligament collatéral ulnaire (LCU) est composé<br />

de 3 faisceaux ten<strong>du</strong>s de l’épicondyle<br />

médial à l’extrémité proximale de l’ulna. <strong>Le</strong><br />

faisceau antérieur est le plus volumineux et le<br />

plus résistant, et s’étend de la face inférieure<br />

de l’épicondyle médial à la face médiale <strong>du</strong><br />

processus coronoïde. <strong>Le</strong> faisceau postérieur,<br />

plus fin, s’étale en éventail depuis la face inférieure<br />

de l’épicondyle médial jusqu’à la face<br />

médiale de l’olécrâne. Entre les 2, se situe le<br />

faisceau transverse. <strong>Le</strong> LCU est un élément<br />

primordial de la stabilité statique <strong>du</strong> <strong>coude</strong> en<br />

valgus notamment son faisceau antérieur. Il<br />

assure près de 78 % de la stabilité antéro-postérieure.<br />

A 90 degrés de flexion, même en<br />

l’absence de la moitié de l’olécrâne, le <strong>coude</strong><br />

reste stable si le LCU est intact. S’il est rompu,<br />

l’instabilité antéro-postérieure est majeure.<br />

<strong>Le</strong>s fractures de la facette antéro-médiale <strong>du</strong><br />

processus coronoïde intéressent l’insertion de<br />

ce faisceau antérieur compromettant la stabilité<br />

en valgus <strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

<strong>Le</strong> complexe ligamentaire radial<br />

<strong>Le</strong> complexe ligamentaire latéral est formé <strong>du</strong><br />

ligament collatéral latéral (LCR) et <strong>du</strong> ligament<br />

annulaire. <strong>Le</strong> LCR est composé de 3 faisceaux :<br />

un faisceau antérieur ten<strong>du</strong> entre la partie<br />

antéro-inférieure de l’épicondyle latéral et le<br />

ligament annulaire, un faisceau moyen huméro-ulnaire<br />

ou faisceau ulnaire <strong>du</strong> ligament<br />

collatéral latéral d’origine identique, mais qui<br />

se termine sur la crête supinatrice de l’ulna, et<br />

un faisceau postérieur représentant un simple<br />

épaississement de la capsule. L’origine <strong>du</strong> LCR<br />

se situe au niveau <strong>du</strong> centre de flexion-extension<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong>, ce qui explique son isométrie<br />

tout au long de la flexion <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. <strong>Le</strong> faisceau<br />

ulnaire <strong>du</strong> LCR va participer à la stabilité<br />

latérale de l’articulation huméro-ulnaire,<br />

à la stabilité en rotation, et résister au varus.<br />

O’Driscoll a démontré qu’une instabilité rotatoire<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> n’était possible que si le faisceau<br />

ulnaire <strong>du</strong> LCR était sectionné ; lorsqu’il<br />

est réparé, l’instabilité disparait.<br />

Stabilité dynamique<br />

Il existe peu de données biomécaniques clarifiant<br />

le rôle des stabilisateurs dynamiques.<br />

Articulation huméro-ulnaire<br />

Stabilisateurs<br />

principaux<br />

Tête radiale<br />

Stabilisateurs<br />

secondaires<br />

Capsule<br />

Muscles<br />

LCR<br />

LCU<br />

Théorie de la stabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> selon Morrey.<br />

N° 46 - Page 2 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


<strong>Le</strong>s fléchisseurs <strong>du</strong> <strong>coude</strong> (biceps brachial et<br />

brachial antérieur) et les extenseurs (triceps<br />

brachial) assurent la coaptation <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

pour augmenter la congruence de l’articulation<br />

huméro-ulnaire. <strong>Le</strong> groupe des fléchisseurs-pronateurs<br />

participe à la stabilisation<br />

en valgus <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. L’anconé pour sa part,<br />

exerce une action stabilisatrice en varus. <strong>Le</strong>s<br />

muscles épicondyliens latéraux avec leur fascia<br />

et le septum inter-musculaire participent à<br />

un moindre degré à la stabilité postéro-latérale<br />

en s’opposant aux déplacements postérieurs<br />

de l’avant-bras.<br />

La stabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> va reposer sur l’intégrité<br />

<strong>du</strong> trépied principal représentant les éléments<br />

essentiels de la stabilité: le processus<br />

coronoïde, le LCR et le LCU. Lorsqu’un de ces<br />

éléments est lésé, il peut être compensé par<br />

les éléments <strong>du</strong> trépied secondaire comprenant<br />

la tête radiale, la capsule articulaire et les<br />

muscles.<br />

Cinématique et sport<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> en position intermédiaire va, par<br />

son positionnement, augmenter ou diminuer<br />

le rendement <strong>du</strong> geste. Il est sollicité dans de<br />

manière différente en fonction <strong>du</strong> sport pratiqué.<br />

Dans les sports de lancer (baseball, javelot),<br />

les contraintes au niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong> sont maximales<br />

pendant la phase d’accélération et la<br />

fin <strong>du</strong> geste. Pendant la phase d’accélération<br />

se pro<strong>du</strong>it une augmentation importante des<br />

contraintes en extension et en valgus entraînant<br />

une hypersollicitation des structures stabilisatrices<br />

médiales et postérieures <strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

Pendant la fin <strong>du</strong> geste, il existe une forte décélération<br />

au niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong> contrôlée par<br />

le tonus musculaire. En cas d’incompétence<br />

musculaire, la vitesse <strong>du</strong> <strong>coude</strong> n’est plus limitée<br />

que par les structures ligamentaires médiales,<br />

et notamment le faisceau antérieur <strong>du</strong><br />

LCU. Ces forces peuvent excéder la force de<br />

résistance <strong>du</strong> LCU entraînant des microlésions<br />

ligamentaires. La poursuite ou la répétition<br />

des lancés vont entraîner l’affaiblissement et/<br />

ou la rupture <strong>du</strong> ligament. Ces contraintes en<br />

valgus au niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong> vont entraîner, une<br />

tension excessive sur l’ensemble des structures<br />

<strong>du</strong> compartiment médial <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, un<br />

syndrome de conflit au niveau <strong>du</strong> compartiment<br />

postérieur <strong>du</strong> <strong>coude</strong> et une compression<br />

au niveau des structures latérales.<br />

Dans la pratique plus spécifique <strong>du</strong> tennis, la<br />

répartition des lésions se fait en premier lieu<br />

sur les insertions des muscles épicondyliens<br />

latéraux (revers), puis sur les muscles épicondyliens<br />

médiaux (service ; revers), enfin<br />

avec une fréquence moindre dans le défilé<br />

<strong>du</strong> nerf ulnaire, dans la fosse olécrânienne et à<br />

l’insertion terminale <strong>du</strong> biceps.<br />

Chez le golfeur, le <strong>coude</strong> est essentiellement<br />

sollicité lors de l’impact sur la balle puisque<br />

plus de 50% des lésions surviennent pendant<br />

cette phase. <strong>Le</strong>s douleurs latérales sont plus<br />

fréquentes que les douleurs médiales avec un<br />

ratio de 5:1. L’épicondylite latérale est plus fréquente<br />

au niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong> gauche chez un<br />

droitier, alors que l’épicondylite médiale est<br />

plus fréquente sur le <strong>coude</strong> droit. L’épicondylite<br />

latérale intéresse le bras moteur, et l’épicondylite<br />

médiale le bras accompagnateur.<br />

Au cours de la natation et plus spécialement<br />

dans le crawl, la position <strong>du</strong> <strong>coude</strong> demeure<br />

un sujet de controverse. Pour certains, la<br />

force de propulsion est maximale avec le<br />

<strong>coude</strong> en extension. Pour d’autres, c’est avec<br />

le <strong>coude</strong> à 120° de flexion que le rendement<br />

est le meilleur.<br />

Enfin, au cours <strong>du</strong> lancer <strong>du</strong> poids, dans la<br />

phase préparatoire d’élan, le <strong>coude</strong> est en position<br />

de flexion maximale avec le poids placé<br />

au contact de la région cervicale. Dans la<br />

phase <strong>du</strong> lancer proprement dit, le <strong>coude</strong> doit<br />

passer de la position de flexion à celle d’extension.<br />

Pour obtenir le meilleur rendement, la<br />

vitesse de déplacement angulaire <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

doit être la plus rapide possible avec un angle<br />

de 45°. La même gestuelle peut être visualisé<br />

chez l’haltérophile, avec un passage brutal de<br />

la flexion à l’extension <strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

Pr. François Bonnel, Pr. Pierre Mansat<br />

Aspect schématique de l’articulation <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

N° 46 - Page 3 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


Imagerie <strong>du</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong><br />

Modalités d’imagerie<br />

<strong>Le</strong>s radiographies standard doivent être réalisées<br />

en première intention après un examen<br />

clinique précis afin d’orienter ou de poser un<br />

diagnostic. Elles comprennent une incidence<br />

de face et une incidence de profil. Des incidences<br />

obliques peuvent compléter le bilan.<br />

L’échographie permet d’explorer les parties<br />

molles périarticulaires, particulièrement les<br />

lésions tendineuses et ligamentaires. Bien<br />

qu’opérateur dépendant, c’est un examen<br />

rapide, peu couteux, et dynamique. La tomodensitométrie<br />

(TDM) n’a d’intérêt que<br />

pour la recherche de lésions osseuses dans le<br />

cadre <strong>du</strong> <strong>coude</strong> traumatique, en précisant le<br />

nombre de fragments, leur déplacement et<br />

leur rapport avec les surfaces articulaires. L’arthro-TDM<br />

permet d’analyser le cartilage et les<br />

surfaces osseuses, et détecte des corps étrangers.<br />

L’IRM permet l’analyse de l’ensemble<br />

des éléments constitutifs <strong>du</strong> <strong>coude</strong> : muscles,<br />

structures tendino-ligamentaires, structures<br />

osseuses et cartilagineuses. L’injection intraveineuse<br />

de gadolinium avec saturation des<br />

graisses s’avère parfois nécessaire dans certains<br />

contextes de traumatismes chroniques,<br />

à la recherche de processus inflammatoires<br />

tendineux, synoviaux… L’artro-IRM a un intérêt<br />

dans les pathologies ligamentaires,<br />

notamment dans les bilans d’instabilité <strong>du</strong><br />

<strong>coude</strong>, dans la recherche d’ostéochondromatose<br />

et dans les bilans d’ostéochondrites.<br />

La pathologie épicondylienne<br />

Radiographies standard : <strong>Le</strong>ur intérêt est limité,<br />

car elles sont le plus souvent normales.<br />

<strong>Le</strong>s calcifications des parties molles épicondyliennes<br />

sont rares. Il existe parfois voir des irrégularités<br />

corticales <strong>du</strong> condyle huméral, voir<br />

des signes d’arthrose huméro-radiale.<br />

Echographie : Elle confirme le diagnostic dans<br />

les cas douteux, précise la sévérité des lésions<br />

et permet de suivre la réponse sous traitement<br />

: épaississement hypoéchogène <strong>du</strong><br />

tendon en regard de son insertion, perte de<br />

l’aspect fibrillaire, zones de clivage en rapport<br />

avec la rupture partielle ou totale, épaississement<br />

des parties molles péri-tendineuse, et<br />

fine lame liquidienne superficielle à l’origine<br />

<strong>du</strong> tendon. En phase chronique, il existe des<br />

irrégularités corticales, des pro<strong>du</strong>ctions osseuses<br />

sur l’épicondyle latéral.<br />

L’IRM permet de quantifier la dégénérescence<br />

tendineuse, le degré de rupture, l’évaluation<br />

des structures adjacentes, et particulièrement<br />

l’état <strong>du</strong> tendon court extenseur radial <strong>du</strong><br />

carpe et <strong>du</strong> ligament collatéral latéral. Elle permet<br />

la détection d’anomalies de l’interligne huméro-radial<br />

et <strong>du</strong> cartilage. La présence d’une<br />

image méniscoïde de l’interligne radio-huméral<br />

appelé « ménisque » n’est pas rare. Elle se<br />

présente sous la forme d’une petite formation<br />

triangulaire en hyposignal en T1, et en signal<br />

intermédiaire ou en hypersignal en T2.<br />

Pathologies traumatiques <strong>du</strong><br />

tendon distal <strong>du</strong> biceps brachial<br />

Échographie : En cas de rupture complète<br />

elle montre l’absence <strong>du</strong> tendon <strong>du</strong> biceps<br />

qui apparaît rétracté et la présence de liquide<br />

hypoéchogène dans le lit tendineux en rapport<br />

avec l’hématome. <strong>Le</strong>s ruptures partielles<br />

sont moins fréquentes que les ruptures totales.<br />

Elles apparaissent sous la forme d’un<br />

épaississement ou un amincissement hypoéchogène<br />

tendineux, aux contours irréguliers<br />

sans discontinuité.<br />

L’IRM : <strong>Le</strong>s signes de ruptures complètes sont :<br />

une discontinuité tendineuse, un épanchement<br />

liquidien dans la gaine bicipitale distale,<br />

une rétraction tendino-musculaire et l’existence<br />

d’une masse mal définie au niveau de<br />

la distalité tendineuse. <strong>Le</strong>s ruptures partielles<br />

se situent le plus souvent au niveau de l’insertion<br />

tendineuse ; elles seront évoquées devant<br />

un amincissement tendineux, un hypersignal<br />

intratendineux en séquence pondérée T2 et<br />

la présence de liquide péritendineux. <strong>Le</strong> diagnostic<br />

différentiel de la tendinopathie <strong>du</strong><br />

biceps brachial est la bursite radiale bicipitale.<br />

Pathologies <strong>du</strong> tendon <strong>du</strong> triceps<br />

brachial<br />

Echographie : <strong>Le</strong> tendon rompu est irrégulier,<br />

rétracté et entouré par <strong>du</strong> liquide. L’échographie<br />

définit le degré de rétraction tendineuse<br />

et aide au diagnostic de lésion partielle.<br />

Une bursite olécranienne est retrouvée, particulièrement<br />

dans le cadre de microtraumatismes<br />

répétés.<br />

IRM : Confirme la rupture et précise les lésions<br />

partielles. <strong>Le</strong>s tendinopathies tricipitales<br />

se révèlent en IRM par un épaississement<br />

tendineux et des modifications <strong>du</strong> signal intra-tendineux.<br />

Pathologie ligamentaire et<br />

instabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

Echographie : Elle permet d’étudier le ligament<br />

collatéral ulnaire. L’analyse est bilatérale<br />

et comparative, en position neutre et en valgus<br />

forcé. Une lésion ligamentaire se tra<strong>du</strong>it<br />

par un aspect hypoéchogène avec interruption<br />

de la continuité des fibres. L’étude en valgus<br />

forcé permet de mesurer l’ouverture de<br />

l’interligne articulaire huméro-ulnaire et de la<br />

comparer à l’ouverture mesurée en position<br />

neutre.<br />

L’IRM : En aiguë, l’IRM visualise une contusion<br />

osseuse sur le compartiment latéral associée<br />

à l’atteinte ligamentaire ; une atteinte des<br />

tendons fléchisseurs est fréquente. La majorité<br />

des lésions (90 %) se localise au niveau<br />

des fibres moyennes et proximales <strong>du</strong> faisceau<br />

antérieur <strong>du</strong> ligament collatéral ulnaire.<br />

Dans 10 % des cas, l’atteinte est distale. Lors<br />

de ruptures complètes, il existe une solution<br />

de continuité ligamentaire. <strong>Le</strong>s lésions chroniques<br />

liées à des microtraumatismes répétés<br />

se caractérisent par un épaississement<br />

ligamentaire. <strong>Le</strong> ligament peut contenir des<br />

calcifications voire parfois une ossification<br />

notamment au niveau de son insertion sur<br />

l’apophyse coronoïde. L’arthro-IRM permet<br />

dans ces cas de mieux localiser les éléments<br />

ossifiés au sein de la distension liquidienne<br />

articulaire et permet de distinguer les lésions<br />

ligamentaires complètes des lésions partielles.<br />

<strong>Le</strong>s examens sont identiques pour les<br />

instabilités postéro-latérales <strong>du</strong> <strong>coude</strong> par<br />

incompétence <strong>du</strong> ligament collatéral radial.<br />

L’arthro-IRM semble l’examen le plus sensible<br />

pour montrer la distension ligamentaire et/ou<br />

la rupture.<br />

Ostéochondrite disséquante<br />

Radiographies standard : elles permettent<br />

de visualiser les remaniements osseux le plus<br />

souvent localisés au niveau <strong>du</strong> capitulum : déminéralisation<br />

osseuse, kyste sous chondral<br />

entouré d’un liseré osseux, fragmentation<br />

et décrochage articulaire, voire corps étrangers<br />

intra-articulaires. L’arthro-TDM, l’IRM ou<br />

l’arthro-IRM permettent de mieux préciser<br />

ces lésions. L’IRM permet d’analyser le signal<br />

<strong>du</strong> cartilage et l’interface entre la lésion ostéochondrale<br />

et l’os natif ; La présence de liquide<br />

articulaire ou d’un tissu de granulation<br />

en hypersignal sur les séquences sensibles<br />

à l’œdème au niveau de cette interface témoigne<br />

d’une lésion instable. L’arthro-IRM a<br />

pour avantages de faciliter la détection des<br />

corps étrangers et d’établir la communication<br />

entre le fragment osseux sous chondral et<br />

l’articulation en suivant le trajet <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it de<br />

contraste, confortant le diagnostic de lésion<br />

instable.<br />

Atteinte nerveuse<br />

L’échographie permet de bien analyser les<br />

structures nerveuses <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, de préciser<br />

une anomalie de calibre, d’échostructure ou<br />

mettre en évidence une compression extrinsèque<br />

voire une instabilité dynamique <strong>du</strong><br />

nerf.<br />

L’IRM fait aussi partie des techniques d’imagerie<br />

dans les neuropathies <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, en complément<br />

de l’échographie.<br />

Dr Chiavassa-Gandois Hélène, Service d’Imagerie<br />

Médicale. CHU Purpan Toulouse<br />

N° 46 - Page 4 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


Lésions tendino-musculaires et articulaires<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> <strong>sportif</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> est sollicité dans de nombreux sports comportant des activités diverses comme,<br />

lancer, rattraper, pousser, tirer ou maintenir le manche d’une raquette ou un club de golf.<br />

Ces activités vont entrainer des lésions capsulo-ligamentaires, tendino-musculaires, ou<br />

articulaires qui sont essentiellement liées à des sollicitations chroniques ou microtraumatismes<br />

répétés.<br />

Lésions au niveau <strong>du</strong><br />

compartiment médial<br />

<strong>Le</strong> syndrome d’hypersollicitation<br />

Il se rencontre chez les lanceurs, en relation<br />

avec la présence de micro-lésions au niveau<br />

<strong>du</strong> groupe musculaire des fléchisseurs-pronateurs<br />

qui aboutissent à une contracture.<br />

Ces lésions sont liées au rôle majeur de ces<br />

muscles pour assurer la stabilité dynamique<br />

en valgus <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, ainsi qu’à la fatigue musculaire<br />

apparaissant avec la répétition des<br />

contractions lors des lancers. <strong>Le</strong>s symptômes<br />

sont caractérisés par la douleur et l’apparition<br />

d’un oedème en regard <strong>du</strong> groupe musculaire<br />

à l’effort. Il s’y associe un déficit d’extension.<br />

<strong>Le</strong> traitement est essentiellement médical et<br />

basé sur le repos et la récupération.<br />

<strong>Le</strong> syndrome de compression<br />

fascial de Bennett<br />

Il est lié à une hypertrophie de ce même<br />

groupe musculaire qui vient se comprimer<br />

contre le fascia, réalisant une forme de syndrome<br />

de loge. Cette compression se tra<strong>du</strong>it<br />

par une douleur médiale à l’effort ou après l’effort,<br />

obligeant le lanceur à arrêter ces activités<br />

après quelques lancers. <strong>Le</strong> traitement repose<br />

sur le repos, et un échauffement adéquat. La<br />

nécessité d’une fasciotomie chirurgicale est<br />

exceptionnelle, et est réalisée en cas d’échec<br />

<strong>du</strong> traitement conservateur.<br />

L’épicondylite médiale ou<br />

épitrochléalgie<br />

Moins fréquente que les épicondylalgies latérales<br />

(1:5), elle se rencontre assez spécifiquement<br />

dans la pratique <strong>du</strong> golf qui nécessite<br />

des mouvements répétés de flexion et pronation<br />

<strong>du</strong> poignet, main en prise de force sur<br />

le club. La douleur, de type mécanique, se localise<br />

au niveau de l’insertion épicondylienne<br />

de la masse des fléchisseurs-pronateurs, avec<br />

diminution de la force de serrage. Elle possède<br />

souvent une irradiation descendante.<br />

<strong>Le</strong>s symptômes peuvent être aggravés ou<br />

augmentés par la flexion et la pronation <strong>du</strong><br />

poignet contre-résistance, doigts fléchis, en<br />

inclinaison cubitale. <strong>Le</strong> traitement est avant<br />

tout préventif : bonne hydratation, correction<br />

des mauvais gestes techniques, et choix<br />

d’un matériel adapté. <strong>Le</strong> traitement curatif est<br />

essentiellement conservateur, et repose sur<br />

le soulagement de la douleur et le contrôle<br />

de l’inflammation, mais également sur des<br />

exercices visant à favoriser la cicatrisation et<br />

la régénération tendineuse. <strong>Le</strong> taux d’échec<br />

<strong>du</strong> traitement conservateur varie de 5 à<br />

15 %. Même chez les travailleurs manuels, le<br />

pronostic est bon avec un taux de guérison<br />

à 3 ans de 81 %. De plus, le retentissement<br />

fonctionnel des épicondylites médiales est<br />

moins important que celui des épicondylites<br />

latérales tant en termes de douleur que<br />

de fonction musculaire. Ainsi la chirurgie de<br />

l’épicondylalgie médiale d’origine tendineuse<br />

reste exceptionnelle. Elle consiste à désinsérer<br />

les fléchisseurs-pronateurs, puis à les réinsérer<br />

avec une effet d’allongement, régulariser l’épicondyle<br />

médial, ouvrir l’arcade <strong>du</strong> fléchisseur<br />

ulnaire <strong>du</strong> carpe, et neurolyser le nerf ulnaire.<br />

Atteinte <strong>du</strong> nerf ulnaire<br />

Elle est soit isolée, soit associée à une autre lésion<br />

<strong>du</strong> compartiment médial. Elle résulte d’un<br />

traumatisme direct, d’un phénomène de traction,<br />

de compression ou de friction. <strong>Le</strong>s lésions<br />

par traction sont liées aux contraintes exercées<br />

sur le nerf en cas d’instabilité en valgus <strong>du</strong><br />

<strong>coude</strong>. <strong>Le</strong>s irritations <strong>du</strong> nerf par friction sont<br />

en relation avec l’existence d’une subluxation<br />

<strong>du</strong> nerf dans sa gouttière et éventuellement à<br />

l’existence d’ostéophytes au niveau des bords<br />

de cette gouttière. Enfin l’hypertrophie musculaire<br />

va entraîner une compression <strong>du</strong> nerf<br />

ulnaire au niveau de l’arcade <strong>du</strong> fléchisseur ulnaire<br />

<strong>du</strong> carpe. <strong>Le</strong> diagnostic d’atteinte <strong>du</strong> nerf<br />

ulnaire repose sur l’existence d’un signe de Tinel<br />

au niveau de la gouttière épitrochléo-olécranienne,<br />

et la présence de paresthésies digitales<br />

au niveau <strong>du</strong> territoire neurologique <strong>du</strong><br />

nerf ulnaire. La réalisation d’une électromyographie<br />

après épreuve d’effort confirme le diagnostic,<br />

et permet d’évaluer la sévérité de l’atteinte<br />

et le pronostic. Cette pathologie répond<br />

le plus souvent au traitement conservateur.<br />

En cas d’échec, une neurolyse <strong>du</strong> nerf ulnaire<br />

dans sa gouttière avec ou sans transposition<br />

antérieure <strong>du</strong> nerf est réalisée.<br />

Pathologie <strong>du</strong> ligament collatéral<br />

ulnaire (LCU)<br />

<strong>Le</strong>s lésions <strong>du</strong> LCU résultent de contraintes<br />

répétitives en valgus, qui vont entraîner des<br />

microlésions intra-ligamentaires qui vont progressivement<br />

affaiblir le ligament, jusqu’à la<br />

survenue d’une éventuelle rupture. Une rupture<br />

brutale de ce ligament peut également<br />

être rencontrée. <strong>Le</strong> diagnostic repose sur<br />

l’existence d’une douleur localisée au niveau<br />

<strong>du</strong> bord médial <strong>du</strong> <strong>coude</strong> lors de la phase<br />

d’armer et d’accélération. L’examen retrouve<br />

cette douleur en dessous de l’épicondyle<br />

médial au niveau de l’articulation huméro-ulnaire.<br />

La stabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> en valgus est testée<br />

et peut mettre en évidence une instabilité.<br />

Des examens complémentaires tels que des<br />

radiographies en stress, un arthro-scanner ou<br />

une arthro-IRM peuvent aider au diagnostic.<br />

<strong>Le</strong> traitement est dans un premier temps<br />

conservateur. Une réé<strong>du</strong>cation spécifique<br />

<strong>du</strong> groupe des muscles fléchisseurs-pronateurs<br />

est préconisée. <strong>Le</strong> traitement chirurgical<br />

n’est réservé qu’aux échecs des traitements<br />

conservateurs. Il comprend la réparation ou la<br />

reconstruction <strong>du</strong> faisceau antérieur <strong>du</strong> LCU<br />

à l’aide d’un greffon tendineux. Dans les ruptures<br />

aiguës, la réparation <strong>du</strong> ligament représente<br />

le traitement de choix.<br />

Lésions au niveau <strong>du</strong><br />

compartiment latéral<br />

Epicondylalgie latérale ou « Tennis<br />

elbow »<br />

Il s’agit d’une tendinopathie aiguë ou chronique<br />

en relation avec une hypersollicitation<br />

des muscles et tendons épicondyliens latéraux<br />

survenant chez le <strong>sportif</strong> entre 35 et 50<br />

ans. Ce surmenage va entraîner une tendinopathie<br />

dégénérative d’insertion au niveau<br />

<strong>du</strong> cône tendineux des épicondyliens. Ces<br />

lésions vont prédominer au niveau <strong>du</strong> tendon<br />

<strong>du</strong> court extenseur radial <strong>du</strong> carpe. C’est<br />

la tendinopathie <strong>du</strong> <strong>coude</strong> la plus fréquente.<br />

Elle peut être associée à une arthropathie huméro-radiale<br />

par hyperpression et/ou à une<br />

Compressions possibles <strong>du</strong> nerf ulnaire au<br />

<strong>coude</strong> :<br />

1 - aponévrose profonde <strong>du</strong> FCU<br />

2 - sous l’arcade fibreuse entre les 2<br />

chefs <strong>du</strong> FCU (arcadre d’Osborne)<br />

3 - gouttière<br />

épitrochléo-olécranienne<br />

4 - au niveau de l’arcade<br />

de Stuthers<br />

N° 46 - Page 5 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


pathologie <strong>du</strong> nerf radial avec épaississement<br />

aponévrotique <strong>du</strong> bord supérieur <strong>du</strong> faisceau<br />

superficiel <strong>du</strong> supinateur (arcade <strong>du</strong> supinateur<br />

ou arcade de Fröhse), et compression<br />

de la branche motrice <strong>du</strong> nerf. La douleur<br />

représente le symptôme principal. De caractère<br />

mécanique, elle est aggravée par le geste<br />

<strong>sportif</strong> et calmée par le repos. Elle siège à la<br />

partie latérale <strong>du</strong> <strong>coude</strong> avec parfois une irradiation<br />

descendante le long <strong>du</strong> bord latéral<br />

de l’avant-bras. La palpation retrouve un point<br />

douloureux exquis sur le relief de l’épicondyle<br />

et au niveau de la zone d’insertion des épicondyliens.<br />

Trois tests spécifiques réveillent ou<br />

aggravent la douleur épicondylienne. Ils sont<br />

recherchés <strong>coude</strong> en extension complète en<br />

position de tension maximale des épicondyliens.<br />

Il s’agit : de la flexion dorsale contrariée<br />

<strong>du</strong> poignet, de la supination contrariée de<br />

l’avant-bras, et de l’extension contre-résistance<br />

de la métacarpo-phalangienne <strong>du</strong><br />

majeur. La compression <strong>du</strong> nerf radial est<br />

suspectée devant la recrudescence nocturne<br />

des douleurs, et le caractère rebelle ou récidivant<br />

de l’épicondylalgie. <strong>Le</strong> point douloureux<br />

est plutôt antérieur, au-dessous de la tête radiale,<br />

déclenchant des douleurs à irradiation<br />

basse. <strong>Le</strong>s examens complémentaires vont<br />

permettre d’authentifier ces différentes pathologies<br />

: la radiographie qui peut montrer<br />

des micro-calcifications intratendineuses ;<br />

l’échographie ou l’IRM peuvent mettre en<br />

évidence des remaniements intra-tendineux,<br />

et visualiser des lésions de chondromalacie<br />

condylo-radiales ; enfin, l’électromyographie<br />

permet d’éliminer ou de confirmer une atteinte<br />

associée <strong>du</strong> nerf radial en cas de suspicion<br />

clinique ; cet examen doit être sensibilisé<br />

par une épreuve d’effort. Comme pour l’épicondylite<br />

médiale, le traitement est avant tout<br />

préventif. <strong>Le</strong> traitement curatif est de principe<br />

conservateur et comprend plusieurs phases :<br />

soulager la douleur et contrôle de l’inflammation<br />

et favoriser la cicatrisation tendineuse. <strong>Le</strong><br />

plus souvent, la tendinopathie rentre spontanément<br />

dans l’ordre en 6 à 24 mois dans 80<br />

à 90 % des cas. La chirurgie reste exceptionnelle,<br />

et n’est proposée qu’après échec d’un<br />

traitement conservateur bien con<strong>du</strong>it.<br />

Lésion ostéochondrale radiohumérale<br />

L’effet des contraintes en valgus au niveau <strong>du</strong><br />

<strong>coude</strong> va entraîner des forces en compression<br />

au niveau <strong>du</strong> compartiment radio-huméral<br />

d’autant plus qu’il existe une instabilité en valgus.<br />

L’apparition de lésions ostéochondrales<br />

au niveau <strong>du</strong> condyle latéral ou au niveau de<br />

la tête radiale, ainsi que la formation de corps<br />

étrangers vont se tra<strong>du</strong>ire par des douleurs latérales,<br />

à l’effort, ou lors des mouvements de<br />

prono-supination. La mise en compression de<br />

l’articulation humero-radiale va repro<strong>du</strong>ire ou<br />

augmenter la symptomatologie douloureuse.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est étayé par l’arthro-scanner<br />

ou l’IRM. <strong>Le</strong> traitement est essentiellement<br />

conservateur. La régularisation arthroscopique<br />

d’un fragment ostéochondral peut être<br />

préconisée en cas de clapet ou de fragment<br />

libre articulaire.<br />

Lésions <strong>du</strong> compartiment<br />

postérieur <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

Conflit postérieur de surcharge<br />

<strong>Le</strong>s contraintes en extension-valgus vont entraîner<br />

des symptômes au niveau <strong>du</strong> compartiment<br />

postéro-médial <strong>du</strong> <strong>coude</strong> en relation<br />

avec l’apparition d’un conflit entre l’olécrâne,<br />

et le bord médial de la fossette olécrânienne<br />

de l’humérus. <strong>Le</strong>s patients se plaignent de<br />

douleur en extension au niveau de la partie<br />

postérieure <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. <strong>Le</strong>s lanceurs vont se<br />

plaindre de douleurs lors des lancers apparaissant<br />

de plus en plus tôt dans le jeu. Cela se tra<strong>du</strong>it<br />

par une perte de contrôle, avec lâché prématuré.<br />

<strong>Le</strong>s joueurs de tennis présenteront la<br />

même symptomatologie lors <strong>du</strong> service. Parfois<br />

des impressions de ressaut peuvent survenir,<br />

voire des blocages <strong>du</strong>s aux corps étrangers<br />

libérés. Généralement il existe un déficit<br />

d’extension de 15 à 20°. L’examen retrouve<br />

une douleur postérieure à la palpation de la<br />

pointe de l’olécrâne, exacerbée par l’hyperextension<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong>. <strong>Le</strong>s radiographies standard<br />

retrouvent l’ostéophytose de la pointe<br />

de l’olécrâne, et les corps étrangers dans la<br />

fossette postérieure. L’arthroscanner permet<br />

de mieux préciser ces lésions. <strong>Le</strong> traitement<br />

est initialement médical. <strong>Le</strong> traitement chirurgical<br />

proposé en cas de persistance de la<br />

symptomatologie, consiste à réséquer de manière<br />

chirurgicale ou sous arthroscopie les os-<br />

N° 46 - Page 6 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


téophytes présents au niveau de l’olécrâne et<br />

de l’humérus pour faire disparaître le conflit.<br />

Fracture de fatigue de l’olécrâne<br />

Cette lésion résulte de la traction excessive et<br />

répétitive sur l’olécrane. Elle se tra<strong>du</strong>it par une<br />

douleur postérieure centrée sur l’olécrâne,<br />

survenant uniquement à l’effort, cédant au repos,<br />

avec limitation de l’extension <strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

La radiographie standard de profil montre<br />

la solution de continuité. <strong>Le</strong> traitement est<br />

conservateur, avec repos complet par attelle<br />

pendant 6 à 8 semaines, puis réé<strong>du</strong>cation, et<br />

reprise <strong>du</strong> sport après la fin <strong>du</strong> 3 e mois.<br />

Autres tendinopathies<br />

Tendinopathie <strong>du</strong> biceps<br />

<strong>Le</strong>s tendinopathies touchant le tendon distal<br />

<strong>du</strong> biceps sont rares. Elles peuvent donner<br />

lieu à deux tableaux : soit un tableau douloureux,<br />

généralement associé à une rupture<br />

partielle, soit un tableau déficitaire lié à une<br />

rupture totale. La rupture se tra<strong>du</strong>it par une<br />

perte de force de flexion de 20 à 30 % et une<br />

perte de force en supination de 40 à 50 %. La<br />

gêne reste modérée et concerne surtout des<br />

sujets jeunes, manuels, avec une demande<br />

fonctionnelle importante (haltérophile). <strong>Le</strong><br />

diagnostic est évident en cas de rupture complète,<br />

plus frustre en cas de lésion partielle.<br />

La douleur à la palpation de la tubérosité<br />

bicipitale à la face latérale de l’avant-bras en<br />

pronation maximale peut aider au diagnostic.<br />

L’échographie ou l’IRM peuvent confirmer<br />

l’impression clinique. En cas de tendinite ou<br />

lésion partielle, la mise au repos est le traitement<br />

initial. Une infiltration au niveau de l’insertion<br />

<strong>du</strong> biceps peut être proposée. Dans<br />

les lésions chroniques certains proposent la<br />

désinsertion puis la réinsertion <strong>du</strong> tendon <strong>du</strong><br />

biceps sur la tubérosité radiale. En cas de rupture<br />

complète, il est clairement acquis que la<br />

réinsertion anatomique <strong>du</strong> tendon donne de<br />

meilleurs résultats sur la force et l’en<strong>du</strong>rance<br />

que le traitement conservateur. Celle-ci doit<br />

être effectuée dans les 3 semaines qui suivent<br />

la rupture pour limiter les complications.<br />

Tendinopathie <strong>du</strong> triceps<br />

<strong>Le</strong>s avulsions ou les ruptures <strong>du</strong> tendon <strong>du</strong><br />

triceps sont rares (1 à 2 % de l’ensemble des<br />

ruptures tendineuses) et parfois méconnues<br />

initialement. La lésion la plus habituelle est<br />

une avulsion de l’insertion sur l’olécrane dont<br />

le traitement chirurgical précoce donne de<br />

bons résultats dans la majorité des cas. <strong>Le</strong><br />

plus souvent, la lésion siège à l’insertion tendineuse.<br />

Elle peut être partielle, avec conservation<br />

de l’extension contre résistance ou<br />

complète avec avulsion d’un fragment osseux<br />

aux dépens de l’olécrane. L’extension contre<br />

résistance, voire simple pesanteur, est impossible.<br />

La rupture survient en général lors<br />

d’une contraction excentrique <strong>du</strong> triceps. Des<br />

facteurs favorisants sont souvent retrouvés :<br />

physiques, par application de charges répétées<br />

(haltérophilie, body building) ; locaux<br />

(bursite et injections de corticoïdes) ; métaboliques<br />

ou hormonaux (insuffisance rénale<br />

avec hyperparathyroïdie secondaire, diabète,<br />

anabolisants). Pour les ruptures partielles, le<br />

traitement conservateur permet<br />

en général une cicatrisation sans<br />

déficit fonctionnel. Une réparation<br />

n’est justifiée secondairement<br />

que si des symptômes persistent<br />

(douleur et faiblesse rési<strong>du</strong>elle).<br />

Pour les ruptures complètes récentes,<br />

le traitement chirurgical<br />

précoce donne de bons résultats<br />

dans la majorité des cas et l’indication<br />

chirurgicale est systématique.<br />

Pour les ruptures anciennes, la réparation<br />

peut être indiquée en cas<br />

de gêne fonctionnelle persistante.<br />

Pr. Pierre Mansat,<br />

CHU Purpan, Toulouse<br />

Palpation et testing <strong>du</strong> brachioradialis, muscle<br />

féchisseur <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

Représentation schématique <strong>du</strong> trajet des muscles<br />

épitrochléens.<br />

Palpation de<br />

l’expansion interne<br />

<strong>du</strong> biceps qui<br />

recouvre le paquet<br />

huméral<br />

ODM 27 : Sports<br />

et Muscles<br />

N° 46 - Page 7 - La <strong>Le</strong>t tre de L’ObservatOire <strong>du</strong> MouveMent


Nouvelles approches thérapeutiques<br />

médicales de la tendinopathie<br />

des épicondyliens<br />

La réé<strong>du</strong>cation est largement utilisée dans<br />

la prise en charge de la tendinopathie épicondylienne<br />

(TE). <strong>Le</strong>s étirements des muscles<br />

épicondyliens, associés à des massages<br />

transverses profonds et à de la physiothérapie<br />

antalgique montre une efficacité modérée. <strong>Le</strong><br />

travail musculaire excentrique a montré une<br />

efficacité à moyen terme (plus de 6 semaines)<br />

par rapport à une réé<strong>du</strong>cation plus classique.<br />

Elle doit être associée à un arrêt des sollicitations<br />

tendineuses excessive pour apporter un<br />

bénéfice à la prise en charge.<br />

<strong>Le</strong>s infiltrations de corticoïdes sont efficaces<br />

à court terme (6 semaines). <strong>Le</strong>ur indication<br />

est controversée en raison d’un fort<br />

pourcentage de récidive au delà de 3 mois, et<br />

d’un résultat à long terme inférieur aux étirements<br />

associés à un travail excentrique. <strong>Le</strong>ur<br />

indication éventuelle reste limitée au début<br />

de la prise en charge afin de passer un cap<br />

douloureux, avant de pouvoir débuter la réé<strong>du</strong>cation.<br />

La médecine manuelle-ostéopathie et<br />

l’acupuncture ne doivent pas être oubliées<br />

dans le panel thérapeutique. <strong>Le</strong>s techniques<br />

manuelles articulaires locales et l’acupuncture<br />

ont une efficacité avérée à court terme. <strong>Le</strong>ur<br />

principal intérêt est qu’elles permettent de<br />

traiter les épicondylalgies latérales d’origine<br />

cervicale, liées à un dysfonctionnement métamérique<br />

C5-C6.<br />

De nouveaux traitements<br />

médicaux ont été proposés ces<br />

dernières années.<br />

Monoxyde d’azote<br />

L’application de patch de trinitrine en regard<br />

des épicondyliens permet un passage<br />

transcutané de métabolites se transformant<br />

en monoxyde d’azote ou NO au sein <strong>du</strong><br />

tendon. <strong>Le</strong> NO entraine une activation des<br />

fibroblastes favorisant la synthèse de collagène.<br />

En parallèle d’une prise en charge réé<strong>du</strong>cative<br />

(étirements et renforcement musculaire),<br />

l’application de patch de trinitrate<br />

de glycérine (1,25 mg/24 heures) <strong>du</strong>rant 6<br />

mois a montré une amélioration des douleurs<br />

dès la 2 e semaine, avec une amélioration<br />

de la force musculaire à 3 mois. Un suivi<br />

à 5 ans montre que les patients présentent<br />

toujours des douleurs, mais très nettement<br />

diminuées par rapport à l’évaluation initiale.<br />

Ce traitement semble donc intéressant en<br />

association avec la réé<strong>du</strong>cation pour potentialiser<br />

les effets à court et moyen terme,<br />

mais ne modifie pas l’évolution à long terme.<br />

<strong>Le</strong>s ondes de choc (ODC) extra-corporelles<br />

sont des ondes acoustiques, focales<br />

ou radiales, appliquées en regard des structures<br />

à traiter. <strong>Le</strong>urs mécanismes d’action sont<br />

proches de ceux des massages transverses<br />

profonds : libération locale d’endorphines ou<br />

de substances inhibitrices de la douleur, inflammation<br />

locale avec accroissement de la<br />

vascularisation et des processus de réparation<br />

tissulaire. <strong>Le</strong>s résultats de la littérature restent<br />

discordants. Ce traitement ne doit en tout cas<br />

jamais être proposé sans une prise en charge<br />

réé<strong>du</strong>cative associée, et doit être appliqué<br />

dans des conditions optimales. Il s’agit probablement<br />

d’un traitement de dernier recours<br />

en l’absence de preuve suffisante d’efficacité.<br />

L’injection in situ de plasma riche en plaquettes<br />

(PRP) autologues ou de sang total<br />

autologue se développe dans la prise en<br />

charge de la TE depuis une dizaine d’années.<br />

L’obtention <strong>du</strong> PRP s’effectue en centrifugeant<br />

un prélèvement sanguin autologue. Il<br />

existe une libération de facteurs de croissance<br />

par les plaquettes, qui permettent de stimuler<br />

la prolifération cellulaire et de relancer<br />

les processus de cicatrisation. L’injection de<br />

sang autologue est plus simple en terme de<br />

procé<strong>du</strong>re et repose sur le même concept.<br />

L’injection de PRP a montré une amélioration<br />

supérieure à une injection de corticoïdes, à<br />

court terme et jusqu’à 2 ans, en termes de<br />

diminution de la douleur et d’amélioration<br />

de la fonction, en présence de TE chroniques.<br />

L’injection de sang autologue a une efficacité<br />

supérieure à une injection de corticoïdes à<br />

8 semaines pour certains, alors que d’autres<br />

montrent une absence d’efficacité par rapport<br />

à un placebo, entre 2 semaines et 6 mois.<br />

Au total, l’utilisation <strong>du</strong> PRP (et peut être <strong>du</strong><br />

sang autologue) en association avec un programme<br />

réé<strong>du</strong>catif, semble intéressante en<br />

présence d’une TE résistante au traitement initial,<br />

avec des résultats encourageants à court,<br />

moyen et long terme.<br />

L’injection locale de gel d’acide hyaluronique<br />

est une nouvelle option thérapeutique<br />

dans la TE. Des études animales ont suggéré<br />

le rôle de l’acide hyaluronique sur l’amélioration<br />

de la cicatrisation tendineuse. Une étude<br />

randomisée et contrôlée a montré une amélioration<br />

significative de la douleur, de la force<br />

musculaire, de la fonction et des possibilités<br />

de reprise <strong>du</strong> sport très en faveur des injections<br />

<strong>du</strong> gel d’acide hyaluronique, à 1 mois, 3<br />

mois et 1 an. L’utilisation des gels d’acide hyaluronique<br />

pourrait donc être une alternative<br />

thérapeutique intéressante étant donné des<br />

premiers résultats encourageants avec des<br />

effets secondaires limités.<br />

L’injection intramusculaire de toxine botulique<br />

A dans les muscles extensor carpi<br />

radialis brevis (ECRB) et extensor digitorum<br />

communis (EDC des 3 e et 4 e doigts essentiellement)<br />

se développe dans la prise en charge<br />

de la TE. La toxine botulique agit au niveau des<br />

plaques motrices en bloquant la libération<br />

d’acétylcholine, ce qui diminue les capacités<br />

contractiles <strong>du</strong> muscle, mais présente également<br />

des propriétés antalgiques propres. La<br />

parésie in<strong>du</strong>ite permettrait une décharge relative<br />

<strong>du</strong> tendon des épicondyliens, suivi d’une<br />

remise en charge progressive au fur et a mesure<br />

de la diminution des effets de la toxine.<br />

<strong>Le</strong> principal effet secondaire de ce traitement<br />

est la perte de force de serrage et la difficulté<br />

d’extension des 3ème et 4ème doigts que<br />

présentent certains patients. L’injection de<br />

toxine botulique (30 à 40 unités Botox dans<br />

l’ECRB) semble aussi efficace qu’une prise en<br />

charge chirurgicale en cas de TE chronique<br />

résistante aux traitements médicaux, avec<br />

environ 30 % d’amélioration à 3 mois, 60 % à<br />

6 mois, 80 % à 1 et 2 ans. L’injection de toxine<br />

botulique semble être un traitement efficace<br />

de la TE chronique résistante aux autres approches<br />

médicales, qui peut être proposée en<br />

alternative à la chirurgie.<br />

David Gasq 1 , Olivier Ucay 2<br />

1<br />

Assistant Hospitalo-Universitaire, Explorations<br />

Fonctionnelles Physiologiques, CHU Rangueil,<br />

2<br />

Interne en médecine, Médecine Physique et Réadaptation,<br />

CHU Rangueil<br />

Points d’injection de l’AH<br />

N° 46 - Page 8 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


Luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> et instabilité<br />

<strong>Le</strong>s luxations <strong>du</strong> <strong>coude</strong> représentent 25 % des lésions de cette articulation, avec une incidence<br />

d’environ 6 pour 100 000. La raideur et la récidive sont les complications les plus<br />

fréquentes après ce traumatisme.<br />

Mécanisme des luxations<br />

La majorité des luxations <strong>du</strong> <strong>coude</strong> surviennent<br />

typiquement à la suite d’une<br />

chute sur la main, <strong>coude</strong> en extension ou en<br />

légère flexion. Quatre mécanismes ont été<br />

décrits comme pouvant être à l’origine de<br />

la luxation. Mécanisme par hyperextension :<br />

elle entraine une déchirure <strong>du</strong> plan capsulo-musculaire<br />

antérieur et effet de levier <strong>du</strong><br />

bec olécrânien sur la fossette olécrânienne<br />

entraînant le processus coronoïde en arrière.<br />

La lésion <strong>du</strong> complexe ligamentaire médial<br />

constitue la lésion ligamentaire initiale. Mécanisme<br />

en valgus-supination-compression<br />

axiale : lors <strong>du</strong> mouvement luxant, se pro<strong>du</strong>it<br />

une combinaison de valgus <strong>du</strong> <strong>coude</strong>,<br />

supination de l’avant-bras, et compression<br />

axiale. Cette association in<strong>du</strong>it une atteinte<br />

séquentielle des tissus péri-articulaires qui<br />

progresse <strong>du</strong> compartiment latéral vers le<br />

compartiment médial <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. Cette séquence<br />

in<strong>du</strong>it une lésion <strong>du</strong> complexe ligamentaire<br />

latéral, qui va s’étendre vers la capsule<br />

antérieure et postérieure, pour atteindre<br />

le compartiment ligamentaire médial. La<br />

luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> est donc le stade terminal<br />

de cette progression lésionnelle, de l’instabilité<br />

rotatoire postéro-latérale à la luxation<br />

postérieure <strong>du</strong> <strong>coude</strong> avec ou sans lésion<br />

<strong>du</strong> faisceau antérieur <strong>du</strong> LCU. Mécanisme en<br />

varus-supination-compression axiale : dans<br />

certains cas, lors d’une chute sur la main,<br />

<strong>coude</strong> en extension ou en légère flexion, un<br />

mouvement de varus va in<strong>du</strong>ire une instabilité<br />

rotatoire postéro-médiale entraînant<br />

une fracture/tassement de la facette antéro-médiale<br />

<strong>du</strong> processus coronoïde, ou une<br />

lésion <strong>du</strong> LCR, ou une fracture de l’olécrâne,<br />

ou une fracture <strong>du</strong> processus coronoïde à sa<br />

base. Mécanisme direct postéro-antérieur<br />

sur l’olécrane : enfin, dans quelques cas, un<br />

choc direct au niveau de l’extrémité proximale<br />

de l’ulna entraîne sa fracture et con<strong>du</strong>it<br />

à la luxation trans-olécrânienne.<br />

Diagnostic et traitement d’une<br />

luxation postérieure <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

La luxation postérieure <strong>du</strong> <strong>coude</strong> est l’épisode<br />

aigu d’instabilité le plus fréquent. Une<br />

luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> doit toujours être ré<strong>du</strong>ite<br />

en urgence. En l’absence ou en présence de<br />

fractures associées, la luxation est dite simple<br />

ou complexe. Dans tous les cas, il faut éviter<br />

les immobilisations prolongées, facteurs d’enraidissement<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

Luxation simple<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est habituellement évident<br />

devant la déformation <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. L’examen<br />

clinique doit rechercher une complication<br />

immédiate qui nécessite une prise en<br />

charge adaptée : cutanée (exceptionnelle),<br />

vasculaire, ou neurologique. Un bilan radiographique<br />

standard permet d’affirmer la<br />

luxation, et de préciser sa direction. Il permet<br />

également de rechercher des lésions<br />

osseuses associées : tête radiale, processus<br />

coronoïde, olécrâne, épicondyle latéral, épicondyle<br />

médial. Un bilan tomodensitométrique<br />

peut permettre de mieux apprécier<br />

ces lésions. Dans tous les cas, le traitement<br />

doit être effectué en urgence. Il consiste à<br />

ré<strong>du</strong>ire la luxation, à tester la stabilité de l’articulation,<br />

et rechercher des complications<br />

neurovasculaires. L’évaluation de la stabilité<br />

après ré<strong>du</strong>ction est un temps fondamental,<br />

car il va conditionner la prise en charge ultérieure.<br />

Un nouveau bilan radiographique<br />

confirme la ré<strong>du</strong>ction et vérifie l’absence<br />

de fractures associées. Si le <strong>coude</strong> est stable<br />

après ré<strong>du</strong>ction, il est immobilisé à titre antalgique<br />

pendant une semaine, puis une<br />

mobilisation active est ensuite débutée. Si<br />

par contre, le <strong>coude</strong> tend à se subluxer ou se<br />

luxer en extension, ou si le <strong>coude</strong> n’est pas<br />

congruent sur les radiographies de contrôle,<br />

l’avant-bras est positionné en pronation et<br />

la stabilité est à nouveau évaluée. Si la stabilité<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> est restaurée, une orthèse<br />

N° 46 - Page 9 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


articulée est réalisée avec l’avant-bras en<br />

pronation. Un blocage de l’extension à 30°<br />

est effectué, pour permettre de débuter<br />

la mobilisation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> dans un secteur<br />

protégé. Cette limitation de l’extension est<br />

ensuite supprimée au bout de 3 semaines,<br />

mais l’orthèse limitant les mouvements de<br />

varus-valgus est conservée jusqu’au 45 e jour.<br />

Lorsque le <strong>coude</strong> nécessite une flexion de<br />

45 à 60° pour rester stable, certains auteurs<br />

préconisent la réalisation d’une réparation<br />

ligamentaire chirurgicale alors que d’autres<br />

effectuent une mobilisation protégée avec<br />

un blocage de l’extension à 60°. Enfin,<br />

lorsque le <strong>coude</strong> reste instable après ré<strong>du</strong>ction,<br />

quelle que soit la position de flexion,<br />

une réparation ligamentaire chirurgicale est<br />

indiquée.<br />

Luxation complexe<br />

Elle associe aux lésions ligamentaires, des<br />

lésions osseuses : fractures de la tête radiale,<br />

<strong>du</strong> processus coronoïde, de l’olécrâne ou des<br />

épicondyles. <strong>Le</strong> terme de « terrible triade » associe<br />

à la luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, des fractures de<br />

la tête radiale et <strong>du</strong> processus coronoïde. <strong>Le</strong><br />

risque d’instabilité persistante ou d’arthrose<br />

est particulièrement élevé. L’objectif principal,<br />

devant ce type de lésions, est la restauration<br />

des éléments osseux de la stabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong>,<br />

pour convertir une luxation complexe, en une<br />

luxation simple.<br />

Fracture de l’olécrâne : il s’agit d’une luxation<br />

trans-olécrânienne. <strong>Le</strong> principe <strong>du</strong> traitement<br />

repose sur la stabilisation de l’articulation<br />

huméro-ulnaire. Elle est effectuée de<br />

préférence par un matériel d’ostéosynthèse<br />

rigide, de type plaque d’ostéosynthèse, plutôt<br />

qu’un haubanage. En présence d’une fracture<br />

associée <strong>du</strong> processus coronoïde, celui-ci est<br />

synthésé dans le même temps.<br />

Fracture <strong>du</strong> processus coronoïde : le<br />

traitement va dépendre de la taille <strong>du</strong> fragment<br />

et des lésions associées. <strong>Le</strong>s fractures<br />

de petit volume (


modensitométrique doit être la règle après<br />

ré<strong>du</strong>ction de la luxation pour évaluer les<br />

différentes lésions osseuses. <strong>Le</strong> principe <strong>du</strong><br />

traitement repose sur 2 points principaux :<br />

restaurer les structures osseuses stabilisatrices<br />

(tête radiale et processus coronoïde)<br />

et réparer le LCR. <strong>Le</strong> fixateur externe n’est indiqué<br />

en urgence qu’en cas d’instabilité persistante<br />

après reconstruction des éléments<br />

osseux et ligamentaires. Il permet de stabiliser<br />

l’articulation, de protéger les réparations<br />

et permettre une mobilisation précoce.<br />

Fracture de l’épicondyle médial : Elle se<br />

rencontre rarement chez l’a<strong>du</strong>lte, plus fréquemment<br />

chez l’adolescent. Elle est liée au<br />

point de faiblesse représentée par le cartilage<br />

de croissance non encore fusionné. <strong>Le</strong><br />

fragment épicondylien peut s’incarcérer dans<br />

l’interligne articulaire rendant la luxation incoercible.<br />

<strong>Le</strong> traitement est chirurgical pour<br />

ré<strong>du</strong>ire et stabiliser ce fragment, zone d’insertion<br />

<strong>du</strong> LCU.<br />

Instabilité rotatoire<br />

postéro-latérale<br />

Elle représente la forme la plus fréquente des<br />

instabilités <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. Elle est la conséquence<br />

d’une incompétence <strong>du</strong> LCR, et fait suite à<br />

une luxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> simple ou complexe.<br />

<strong>Le</strong> patient peut parfois se présenter avec<br />

une instabilité évidente ou des luxations<br />

récidivantes, mais dans la plupart des cas, la<br />

symptomatologie est plus frustre, se limitant<br />

à une douleur latérale <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, une gêne<br />

fonctionnelle, une sensation de ressaut lors<br />

des mouvements de flexion-extension, ou<br />

une sensation de subluxation <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. <strong>Le</strong><br />

point commun de cette symptomatologie<br />

est sa survenue le <strong>coude</strong> en extension ou<br />

en légère flexion, l’avant-bras en supination.<br />

Des manœuvres ont été décrites pour mettre<br />

en évidence cette instabilité dont le test<br />

d’appréhension postéro-latéral ou « pivot<br />

shift test » d’O’Driscoll. Celui-ci consiste à<br />

effectuer, un mouvement de supination<br />

de l’avant-bras, valgus <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, et compression<br />

axiale, le <strong>coude</strong> légèrement fléchi<br />

à 35°. Cette manœuvre va entraîner chez le<br />

patient, une sensation d’appréhension ou<br />

une subluxation <strong>du</strong> complexe radio-ulnaire<br />

en arrière de l’humérus. Elle se ré<strong>du</strong>it avec<br />

la flexion <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, avec une sensation de<br />

ressaut caractéristique. <strong>Le</strong>s radiographies<br />

standard sont habituellement normales. <strong>Le</strong>s<br />

radiographies en stress, lors de la manœuvre<br />

d’appréhension, peuvent montrer une subluxation<br />

de la tête radiale et l’ulna en arrière<br />

de l’humérus. L’arthro-IRM montre généralement<br />

la lésion <strong>du</strong> LCR. <strong>Le</strong> traitement<br />

conservateur de l’instabilité postéro-latérale<br />

va consister à immobiliser le <strong>coude</strong> en pronation<br />

pour permettre une cicatrisation <strong>du</strong><br />

complexe ligamentaire. <strong>Le</strong> renforcement<br />

des muscles stabilisateurs semble primordial<br />

pour permettre la stabilisation dynamique<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> et suppléer le ligament déficient.<br />

Cependant, une réparation chirurgicale est<br />

souvent nécessaire, car la cicatrisation spontanée<br />

est la plupart <strong>du</strong> temps insuffisante.<br />

Elle consiste habituellement à reconstruire le<br />

ligament rompu et déficient par une plastie<br />

ligamentaire utilisant préférentiellement le<br />

tendon <strong>du</strong> long palmaire.<br />

Pr. Pierre Mansat,<br />

CHU Purpan, Toulouse<br />

www.observatoire-<strong>du</strong>-mouvement.com<br />

N° 46 - Page 11 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> <strong>du</strong> vieux <strong>sportif</strong><br />

La répétition des sollicitations mécaniques au niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong> va aboutir à l’apparition<br />

de lésions dégénératives. Elles se situent principalement au niveau <strong>du</strong> compartiment latéral<br />

mais des ossifications ligamentaires diffuses sont fréquentes.<br />

L’Arthrose <strong>du</strong> compartiment<br />

huméro-radial<br />

Elle se rencontre chez le « vieux » <strong>sportif</strong>. Elle<br />

résulte d’une pratique ancienne et continue<br />

de sport impliquant le <strong>coude</strong> (judo +++).<br />

Elle se tra<strong>du</strong>it par des douleurs latérales au<br />

niveau <strong>du</strong> <strong>coude</strong>, des épanchements articulaires,<br />

et une limitation des amplitudes<br />

articulaires avec un flessum <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. L’arc<br />

moyen de mobilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong> est en général<br />

libre et non douloureux. La pronosupination<br />

est souvent douloureuse. <strong>Le</strong> test de compression<br />

radio-huméral exacerbe cette douleur.<br />

L’arthrose est d’autant plus importante qu’il<br />

existe une instabilité médiale et chronique<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong>. La radiographie et l’arthro-scanner<br />

permettent de faire le diagnostic, d’évaluer<br />

l’état articulaire <strong>du</strong> <strong>coude</strong> et de rechercher<br />

des corps étrangers libres intra-articulaires. Un<br />

pincement huméro-radial est présent associé<br />

à une hypertrophie de la tête radiale ; il existe<br />

des ostéophytes sur le sommet <strong>du</strong> processus<br />

coronoïde et au niveau de la pointe de l’olécrâne<br />

; les fossettes antérieures et postérieures<br />

sont souvent comblées. <strong>Le</strong> traitement est initialement<br />

médical. En cas de gêne significative,<br />

se discute la résection de la tête radiale<br />

associée à l’ablation des ostéophytes et des<br />

corps étrangers intra-articulaires.<br />

L’ostéochondromatose secondaire<br />

Il s’agit d’une pathologie d’hypersollicitation<br />

entrainant la pro<strong>du</strong>ction de formations osseuses<br />

intra-articulaires ou corps étrangers.<br />

Ceux-ci peuvent être pédiculés au niveau de<br />

la synoviale ou libre en intra-articulaire. Ils sont<br />

souvent associés à l’arthrose <strong>du</strong> <strong>coude</strong>. Il se<br />

manifeste par la survenue de blocages aigües,<br />

suivis d’un épanchement articulaire. <strong>Le</strong> diagnostic<br />

est clinique, confirmé par la radiographie,<br />

et surtout l’arthro-scanner qui permet<br />

de visualiser l’ensemble des corps étrangers,<br />

et d’évaluer l’état des surfaces articulaires. <strong>Le</strong><br />

traitement repose sur l’ablation arthroscopique<br />

des corps étrangers libres intra-articulaires,<br />

associée à une synovectomie. Une régularisation<br />

d’ostéophytes peut être fait dans<br />

le même temps. <strong>Le</strong> pronostic de cette chirurgie<br />

dépend directement de l’état de l’articulation.<br />

Si le patient présente une altération <strong>du</strong><br />

cartilage articulaire, le résultat sera incomplet<br />

avec persistance de douleurs à l’effort et d’une<br />

limitation de l’arc de mobilité.<br />

Pr. Pierre Mansat, CHU Purpan, Toulouse<br />

N° 46 - Page 12 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> douloureux <strong>du</strong> jeune <strong>sportif</strong><br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

L’ostéochondrite disséquante <strong>du</strong> capitellum<br />

(OCD) représente la pathologie articulaire<br />

microtraumatique la plus fréquente chez l’enfant.<br />

Elle correspond à une nécrose localisée<br />

de l’os sous chondral qui peut entrainer une<br />

fissuration puis une séparation <strong>du</strong> cartilage<br />

articulaire. Elle survient chez des sujets de 10<br />

à 20 ans, surtout de sexe masculin. <strong>Le</strong>s activités<br />

à risque sont les sports de lancer, la gymnastique,<br />

et le BMX et motocross. L’OCD <strong>du</strong><br />

capitellum ne doit pas être confon<strong>du</strong>e avec<br />

la maladie de Panner ou ostéochondrose <strong>du</strong><br />

capitellum, caractérisée par une fragmentation<br />

<strong>du</strong> noyau d’ossification secondaire <strong>du</strong><br />

capitellum. La maladie de Panner atteint des<br />

sujets plus jeunes de 4 à 10 ans et n’est pas<br />

associée à des microtraumatismes répétés.<br />

Elle ne relève que d’une simple surveillance<br />

et son évolution est généralement spontanément<br />

favorable.<br />

Diagnostic<br />

<strong>Le</strong>s symptômes de l’OCD sont représentés<br />

par la douleur, la raideur, les craquements<br />

ou pseudo blocages ou blocages vrais et<br />

l’œdème. Il convient de noter les mobilités<br />

<strong>du</strong> <strong>coude</strong> en flexion-extension et prono-supination,<br />

toujours de manière bilatérale et<br />

comparative. La douleur est typiquement<br />

localisée sur le versant latéral. La radiographie<br />

est indispensable, de face et de profil, et<br />

suffit souvent au diagnostic. L’IRM permet de<br />

rechercher une lésion cartilagineuse associée<br />

ou un fragment libre articulaire. La présence<br />

d’un halo péri lésionnel en hypersignal T2 est<br />

de mauvais pronostic et signe « l’instabilité »<br />

de la lésion même si cet élément n’a que peu<br />

de valeur s’il est isolé. Enfin, l’IRM permet de<br />

mesurer la taille et la localisation exacte de<br />

la lésion. L’extension latérale de la lésion et<br />

son caractère peu profond sont associés à un<br />

mauvais pronostic.<br />

Traitement<br />

<strong>Le</strong> traitement médical est institué pour 6<br />

mois avec arrêt de l’activité à risque et mise<br />

au repos de l’articulation, en encourageant<br />

néanmoins la mobilisation. <strong>Le</strong> traitement<br />

chirurgical est indiqué devant l’absence<br />

d’amélioration clinique et radiographique ou<br />

en cas de libération d’un fragment ostéocar-<br />

IRM séquence T2 Fat Sat. OCD <strong>du</strong> capitellum chez<br />

un garçon de 13ans pilote de BMX. Epanchement<br />

articulaire. A : en coupe sagittale B : en coupe<br />

coronale<br />

Vue arthroscopique <strong>du</strong> capitellum chez le même<br />

patient par la voie antéro médiale. Lésions<br />

cartilagineuses. Synovite réactionnelle.<br />

tilagineux dans l’articulation. <strong>Le</strong>s indications<br />

dépendent de l’état <strong>du</strong> cartilage : intact, fissuré,<br />

clapet instable ou libre. Si le cartilage est intact<br />

ou fissuré et que la maladie évolue depuis<br />

plus de 6 mois en dépit <strong>du</strong> repos, des perforations<br />

transchondrales ou transhumérales<br />

rétrogrades arthroscopiques sont indiquées,<br />

associées à un débridement. Ce traitement a<br />

montré de bons résultats à court terme avec<br />

reprise des activités sportives dans 80 % des<br />

cas, mais rarement l’activité à risque. En présence<br />

d’un clapet instable, il convient d’ajouter<br />

aux gestes sus-cités une ostéosynthèse <strong>du</strong><br />

fragment par vis sans tête enfouie. L’ablation<br />

d’un fragment libre peut nécessiter une reconstruction<br />

<strong>du</strong> défect par une greffe ostéochondrale<br />

par arthrotomie. L’évolution à long<br />

terme de l’OCD <strong>du</strong> capitellum se fait vers des<br />

symptômes au quotidien dans la moitié des<br />

cas parfois associée à de l’arthrose <strong>du</strong> <strong>coude</strong>.<br />

Pr. Franck Accadbled<br />

Orthopédiste pédiatrique, CHU Purpan, Toulouse<br />

N° 46 - Page 13 - La let tre de l’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement


Opinion<br />

A. Quesnot, J.C. Chanussot, Réé<strong>du</strong>cation de l’appareil locomoteur, Masson,<br />

2008.<br />

La réé<strong>du</strong>cation de l’appareil locomoteur <strong>du</strong> membre supérieur est la<br />

suite <strong>du</strong> premier volume sur le membre inférieur. Il est construit selon<br />

les mêmes principes, le diagnostic, les examens complémentaires et les<br />

principes de traitement avec en particulier la place de la réé<strong>du</strong>cation dans<br />

les différentes lésions observées. Ce livre est très utile pour le chirurgien et<br />

le réé<strong>du</strong>cateur. Il confirme l’importance de la réé<strong>du</strong>cation dans la prise en<br />

charge des différentes lésions observées au niveau <strong>du</strong> membre supérieur<br />

et <strong>du</strong> <strong>coude</strong> en particulier.<br />

Conseil d’administration<br />

Président : Christian Mansat<br />

Secrétaire Général : Fabien Pillard<br />

Trésorier : Christiane Dupeyron<br />

Conseil scientifique<br />

Président : Jean-Jacques Railhac<br />

Secrétaire : Michel Mansat<br />

Sciences fondamentales : Jean-Pierre Bali, Dragoslav<br />

Mitrovic, Jean-Pierrre Pujol, Pierre Valdiguié<br />

Traumatologie et Sport : François Bonnel, Michel Mansat,<br />

Pierre Mansat, Gérard Saillant, Christian Benezis, Valérie Lafontan<br />

Orthopédie pédiatrique : Jean-Philippe Cahuzac<br />

Urgence : Jean-louis Ducassé<br />

Médecine physique Réé<strong>du</strong>cation : Pierre Châ<br />

Imagerie : Julie Vial, Jean-Paul Barbut, Philippe Adam,<br />

Jean Prère, Gérard Richardi, Olivier Loustau<br />

Gynécologie : Marie-Paule Bersani<br />

Rhumatologie : Bernard Auvinet, Francis Blotman,<br />

Bernard Fournié, Bernard Mazières, André Monroche,<br />

Jacques Rodineau, Éric Vignon<br />

Pharmacie : Christianne Dupeyron<br />

Podologie : Claude Huertas, Jean-Paul Weber<br />

Kinésithérapie : Patrick Castel, Alain Lapêtre<br />

Psychiatrie : Philippe Most, Cécile <strong>Le</strong>strade<br />

Gériatrie : Claude Jeandel, Yves Rolland<br />

Médecine <strong>du</strong> Sport : Fabien Pillard, Daniel Rivière,<br />

Maryline Salvetat<br />

Cardiologie <strong>du</strong> Sport : Jacques Tricoire<br />

Biomécanique : Pascal Swider<br />

Actualités<br />

François Bonnet<br />

<strong>Le</strong>s lésions traumatiques observées dans la<br />

pratique sportive ont vu leur fréquence augmenter<br />

ces dernières années. Cela est dû en<br />

partie à la place prise par l’activité physique et<br />

sportive dans nos sociétés, tous âges confon<strong>du</strong>s,<br />

à l’intensification et à la diversification<br />

des différentes pratiques et à la recherche de<br />

la performance.<br />

Ces lésions sont de plusieurs types : aigües<br />

(luxation, facture, entorse, rupture tendino-musculaire)<br />

et surtout chroniques.<br />

Ces dernières peuvent être considérées<br />

comme des séquelles d’accidents aigües, lésions<br />

ostéo-cartilagineuses, ou comme des<br />

lésions de surmenage.<br />

Elles sont alors la conséquence directe <strong>du</strong> type<br />

de gestes et de son caractère répétitif (courir,<br />

sauter, marcher, lancer, frapper, porter). Ces<br />

gestes sont spécifiques à chaque sport, certains<br />

ayant une tendance mono-gestuelle et<br />

d’autres plutôt une tendance poly-gestuelle.<br />

L’articulation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> a un programme<br />

mécanique double : huméro anti-brachial de<br />

flexion-extension et huméro-ulnaire et radio-ulnaire<br />

de pronosupination.<br />

Cette <strong>du</strong>alité explique l’insertion uniquement<br />

ulnaire de principaux ligaments en particulier<br />

latéraux. Ce fonctionnement est indissociable<br />

de la radio-ulnaire inférieure. Il permet grâce<br />

à la courbure pronatrice <strong>du</strong> radius, la transformation<br />

des mouvements axiaux de la tête en<br />

mouvements circonférentiels <strong>du</strong> poignet.<br />

L’articulation <strong>du</strong> <strong>coude</strong> est une articulation<br />

complexe et fragile particulièrement sollicitée<br />

dans le sport. Plusieurs gestes sont concernés :<br />

le geste <strong>du</strong> lancer (javelot, vitesse) dont on<br />

peut rapprocher les sports de raquette (lancer,<br />

frapper), le lancer <strong>du</strong> poids ou <strong>du</strong> disque (lancer,<br />

force), le <strong>coude</strong> d’appui (gymnastique), le<br />

golf (vitesse), les sports de combat.<br />

Prochain numéro<br />

Fractures de l’arrière-pied<br />

L e s i t e<br />

www.observatoire-<strong>du</strong>-mouvement.com<br />

<strong>Le</strong>s bibliographies des articles sont<br />

en ligne sur le site de l’ODM<br />

<strong>Le</strong> <strong>coude</strong> et les articulations anti-brachiales<br />

sont très sollicités. <strong>Le</strong>s lésions <strong>du</strong> surmenage<br />

ou traumatiques sont fréquentes et leur<br />

prise en charge difficile. Elles concernent les<br />

différentes structures articulaires, toutes de<br />

nature conjonctive, tendineuse, aponévrotique,<br />

musculaire, cartilagineuse et osseuse.<br />

<strong>Le</strong>s lésions au niveau de ces structures sont<br />

diverses, de gravité variable et de potentiel<br />

évolutif différent.<br />

Il importe, par un examen clinique précis et<br />

complet, interrogation, inspection, palpation,<br />

étude de la mobilité, de la force musculaire<br />

et par certains tests spécifiques d’orienter le<br />

diagnostic et l’imagerie adapté (radiographie<br />

standard, TDM, échographie, IRM) voir de proposer<br />

une arthroscopie.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic lésionnel doit être très précis<br />

avant toute proposition thérapeutique :<br />

■ lésions tendino-musculaires latérales ou<br />

médiales<br />

■ lésions tendino-musculaires antérieures<br />

(biceps)<br />

■ instabilité <strong>du</strong> <strong>coude</strong><br />

■ lésions ostéo-cartilagineuses et synoviales<br />

■ syndromes neurologiques : ulnaire (interne)<br />

ou radial (extérieur)<br />

■ parfois lésions postérieures avec conflit olécrano-huméral.<br />

Au total, articulation complexe et fragile, sollicitation<br />

mécanique importante sur le plan<br />

<strong>sportif</strong> et professionnel, diversité lésionnelle<br />

donc nécessité dans la prise en charge d’un<br />

diagnostic précis, bien complété par les différentes<br />

techniques d’imagerie et surtout prudence<br />

dans la prise en charge, compétence et<br />

rigueur dans l’évaluation <strong>du</strong> degré d’handicap<br />

et de son évolutivité (échelles d’évaluation).<br />

Ch. Mansat<br />

La lettre « L’Observatoire en Mouvement »<br />

est une publication de<br />

L’Observatoire <strong>du</strong> Mouvement<br />

Chez Bruno Mansat - Route de Gauré 31130 Balma<br />

christian.mansat@wanadoo.fr<br />

E-mail & site : contact@observatoire-<strong>du</strong>-mouvement.com<br />

www.observatoire-<strong>du</strong>-mouvement.com<br />

téléphone portable : 06 11 66 93 78<br />

Directeur de la publication : Michel Mansat<br />

Conception et réalisation :<br />

JB Conseil - 05 61 12 60 40<br />

Impression : SIA<br />

N° ISSN : 2105-7451<br />

Dépôt légal : novembre 2012<br />

N° 46 - Page 14 - La <strong>Le</strong>t tre de L’ObservatOire <strong>du</strong> MouveMent

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