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Dossier de presse - Les Rencontres d'Arles

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un livre qui retrace les événements ayant conduit à l’indépendance <strong>de</strong> l’Angola et la guerre civile qui a suivi. C’était<br />

au milieu <strong>de</strong>s années 1980, une époque où l’Afrique du Sud traversait une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong> plus en<br />

plus importante contre les forces du gouvernement <strong>de</strong> l’apartheid, qui était par ailleurs en guerre avec l’Angola.<br />

Auparavant, l’Angola avait pour moi quelque chose d’abstrait. Dans les années 1970 et jusqu’au début <strong>de</strong>s années<br />

1980, c’était simplement « la Frontière », une zone mystérieuse où nos frères et nos petits amis étaient envoyés<br />

pour accomplir leur service militaire. Le pays restait, à mes yeux, un mythe, alors même que l’on commençait<br />

à entendre parler <strong>de</strong>s Russes, <strong>de</strong>s Cubains et <strong>de</strong> la Guerre froi<strong>de</strong>. En 2007, je me suis rendue à Luanda pour la<br />

première fois. Cinq ans s’étaient écoulés <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la guerre et je désirais étudier la démographie sociale<br />

et spatiale <strong>de</strong> la ville à la suite du conflit. Durant mon séjour, un <strong>de</strong>uxième projet émergea peu à peu, projet qui<br />

détourna mon attention <strong>de</strong> la manifestation urbaine <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong> la guerre vers « l’espace » <strong>de</strong> la guerre ellemême.<br />

Du point <strong>de</strong> vue photographique, ces œuvres examinent et autopsient l’influence symbolique ou non <strong>de</strong>s<br />

traumatismes passés dans le paysage du présent. Nous vivons dans un espace présent, mais qui, comme l’écrit<br />

Jill Bennett dans A Concept of Prepossession (Un concept <strong>de</strong> préjugé), « porte les traces indélébiles et éphémères<br />

<strong>de</strong> son histoire. Et si nous occupons <strong>de</strong>s espaces, ils ont la capacité <strong>de</strong> nous pré-occuper ».<br />

Jo Ractliffe<br />

Exposition réalisée avec la collaboration <strong>de</strong> la Galerie Michael Stevenson au Cap, en Afrique du Sud.<br />

Mikhael Subotzky_Afrique du Sud<br />

Né en 1981 au Cap en Afrique du Sud. Vit et travaille à Johannesburg.<br />

La photographie <strong>de</strong> Subotzky explore les dynamiques sociales et économiques, la culture <strong>de</strong> la peur et <strong>de</strong> la sécurité, le pouvoir<br />

et la citoyenneté marginalisée : un portrait civique complexe. Dans cette étu<strong>de</strong>, la relation entre l’artiste et ses sujets est intime,<br />

directe, mais il reste à distance, fait preuve d’une gran<strong>de</strong> empathie. En quête <strong>de</strong> concepts et d’idées, son œuvre témoigne d’une<br />

précision, d’une complexité, d’une assiduité, d’une profon<strong>de</strong>ur et d’une gran<strong>de</strong> intensité.<br />

Artur Walther<br />

PONTE CITY<br />

Cette tour <strong>de</strong> cinquante-quatre étages surplombe la ligne <strong>de</strong>s toits <strong>de</strong> Johannesburg, couronnée d’immenses<br />

lumières publicitaires, visibles <strong>de</strong>puis Soweto, au sud, et Sandton, au nord. Construite en 1976, l’année <strong>de</strong>s<br />

émeutes <strong>de</strong> Soweto, elle était située au milieu d’un quartier alors exclusivement blanc, où vivaient <strong>de</strong>s jeunes<br />

couples <strong>de</strong> classe moyenne, <strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s grand-mères juives. Mais en 1994, l’arrivée <strong>de</strong> la démocratie<br />

–avec les transformations qui allaient suivre– a entraîné un exo<strong>de</strong> vers les banlieues du nord, supposément plus<br />

sûres. La zone abandonnée <strong>de</strong>vint vite synonyme <strong>de</strong> crime, <strong>de</strong> décrépitu<strong>de</strong> urbaine et, surtout, <strong>de</strong> l’arrivée d’une<br />

population d’immigrés <strong>de</strong>s pays africains voisins.<br />

Ponte allait rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>venir le symbole du déclin du centre-ville <strong>de</strong> Johannesburg. La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> la tour<br />

s’enrichit alors <strong>de</strong> nombreuses histoires : réseaux <strong>de</strong> trafic <strong>de</strong> crack et <strong>de</strong> prostitution qui opéraient à découvert<br />

dans les parkings du bâtiment, ordures qui s’amoncelaient dans la cour centrale jusqu’au quatrième étage, <strong>de</strong><br />

nombreux suici<strong>de</strong>s… Mais malgré tout, on ne peut s’empêcher <strong>de</strong> trouver cette notoriété quelque peu exagérée.<br />

La tour est rachetée en 2007 par un promoteur immobilier mais dès la fin 2008, son ambitieuse tentative <strong>de</strong><br />

rénovation essuie un cuisant échec : peu après avoir promis <strong>de</strong> débloquer la somme <strong>de</strong> trente millions d’euros,<br />

l’acquéreur fait faillite. Il comptait cibler une nouvelle génération <strong>de</strong> la classe moyenne, désireuse <strong>de</strong> s’installer à<br />

Ponte, surtout constituée <strong>de</strong> jeunes travailleurs noirs, mobiles et en pleine ascension. Le site Web du promoteur<br />

l’explique encore aujourd’hui : « Il existe dans chaque gran<strong>de</strong> ville du mon<strong>de</strong> un bâtiment où la majorité <strong>de</strong>s<br />

gens rêve <strong>de</strong> vivre, sans en avoir la possibilité. Ces édifices sont désirables parce qu’ils sont uniques, luxueux,<br />

iconiques. Ils n’ont besoin ni <strong>de</strong> présentation ni d’explication. L’adresse, à elle seule, suffit. »<br />

Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse travaillent à Ponte City <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’année 2008. Leur projet englobe<br />

une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> sources et <strong>de</strong> supports : photographie, documents trouvés, entretiens, textes. Durant<br />

les années qu’ils y ont passé, ils ont photographié chaque fenêtre <strong>de</strong> la tour, chaque porte intérieure, chaque écran<br />

<strong>de</strong> télévision.<br />

Mikhael Subotzky<br />

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