Frédéric Mitterrand, Ministre <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication Depuis 42 ans, <strong>Les</strong> <strong>Rencontres</strong> d’Arles restent un moment exceptionnel parmi les grands ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>s amateurs, collectionneurs et professionnels <strong>de</strong> la photographie. Parce qu’elles présentent avec passion pratiquement toutes les postures auxquelles la photographie a eu recours <strong>de</strong>puis ces quarante <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années, elles sont <strong>de</strong>venues un ren<strong>de</strong>z-vous unique en son genre. Cette confrontation <strong>de</strong>s pratiques et <strong>de</strong>s esthétiques <strong>de</strong> la photographie, si elle déroute parfois certains professionnels, a été plébiscitée par un très large public. Elle correspond à une évi<strong>de</strong>nte nécessité : accueillir toutes les formes et toutes les attitu<strong>de</strong>s avec la gourmandise visuelle et la passion que François Hébel met, avec brio, à ce difficile exercice, chaque année <strong>de</strong>puis qu’il dirige cette manifestation. Cet événement culturel <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur témoigne aussi <strong>de</strong> l’importance grandissante <strong>de</strong> la photographie d’auteur à un moment où le mon<strong>de</strong> entier semble être <strong>de</strong>venu photographe. Walter Benjamin écrit : « On s’était dépensé en vaines subtilités pour déci<strong>de</strong>r si la photographie <strong>de</strong>vait être ou non un art, mais on ne s’était pas <strong>de</strong>mandé si cette invention même ne transformait pas le caractère général <strong>de</strong> l’art.» Il n’est pas certain que la réponse à cette question soit encore évi<strong>de</strong>nte pour tous. Mais elle l’est assurément pour tous ceux qui, si nombreux, fréquentent les «<strong>Rencontres</strong>» et permettent à la ville d’Arles <strong>de</strong> tenir une place essentielle parmi les gran<strong>de</strong>s manifestations culturelles qui, dans le mon<strong>de</strong>, permettent à la photographie d’être pleinement reconnue comme une <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> création et d’expressions artistiques majeures <strong>de</strong> notre temps. Comme toutes les gran<strong>de</strong>s manifestations, elle associe expositions et échanges professionnels, débats et colloques, conservant ce rôle historique <strong>de</strong> grand ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>s pratiquants et <strong>de</strong>s amateurs tout en s’ouvrant aux approches plasticiennes, aux trésors <strong>de</strong> l’histoire, y compris parfois à ceux du photo-journalisme comme en témoigne l’exposition tant attendue consacrée aux images perdues puis retrouvées <strong>de</strong> Robert Capa. Car c’est bien <strong>de</strong> rencontres dont il s’agit ici, faites <strong>de</strong> chaleur, <strong>de</strong> convivialité et d’échanges, entre tous ceux pour qui la photographie est un langage à part entière : les auteurs, le public, <strong>de</strong> plus en plus nombreux, mais aussi les industriels, les «producteurs», les mécènes. Tout le mon<strong>de</strong> s’y croise avec la même ferveur. La place conquise par les <strong>Rencontres</strong> d’Arles, parmi les manifestations qui dans le mon<strong>de</strong> se consacrent à la photographie, est unique non seulement par son ampleur, mais aussi par sa nature même, par l’esprit qui y règne. Faire chaque année un programme pour Arles est une entreprise complexe, une alchimie qui tient du collage, <strong>de</strong> la subtilité <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> gastronomie et du sens du spectacle. C’est aussi un désir <strong>de</strong> «révéler», action bien familière à la photographie. Cette année, le regard <strong>de</strong> François Hébel s’est tourné vers le Mexique, ces trésors photographiques et ses talents multiples. Le Mexique sera donc bien présent sans doute dans <strong>de</strong>s conditions qui ont compliqué la lour<strong>de</strong> tâche qui consiste à équilibrer un programme, entre passion <strong>de</strong>s images et exigences économiques. C’est pourquoi, dans ce contexte difficile, je tiens à adresser à tous ceux qui sont engagés dans les «<strong>Rencontres</strong>», à leur Prési<strong>de</strong>nt, Jean-Noël Jeanneney, à leur directeur, François Hébel, mais aussi à toute l’équipe, mes sincères félicitations pour leur persévérance auquel mon ministère s’associe avec ferveur et fidélité. Parmi les plus fidèles amis <strong>de</strong>s «<strong>Rencontres</strong>», je tiens à mentionner tout spécialement Maja Hoffmann dont l’engagement arlésien, avec le magnifique projet <strong>de</strong> la fondation LUMA, apportera au développement culturel <strong>de</strong> la ville l’essor et le geste architectural qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire si <strong>de</strong>nse et si riche. Je veux remercier les collectivités locales, région et département qui, par leur fidélité et leur présence chaque année, font aussi <strong>de</strong>s «<strong>Rencontres</strong>» un grand moment culturel <strong>de</strong> la région. Il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s nombreux mécènes que les «<strong>Rencontres</strong>» ont su rassembler. Sans eux, elles ne pourraient couvrir tant <strong>de</strong> champs dans le domaine <strong>de</strong> la photographie. Je pense tout particulièrement à ceux qui contribuent à la démocratisation <strong>de</strong> la culture, sujet auquel je suis tout particulièrement attaché et pour lequel l’éducation à l’image a toute sa place. Mais tout cela n’aurait pas été possible sans l’ouverture d’esprit, l’énergie et la chaleur humaine du Maire, Hervé 4
Schiavetti, que je salue à cette occasion et à qui je veux manifester mon soutien dans l’entreprise <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>Les</strong> <strong>Rencontres</strong> d’Arles sont un instantané <strong>de</strong>s pratiques et <strong>de</strong>s conceptions <strong>de</strong> la photographie dans le mon<strong>de</strong>. Elles sont à cet égard un événement culturel incontournable et s’inscrivent pleinement dans les gran<strong>de</strong>s priorités que j’ai confiées à la mission <strong>de</strong> la photographie mise en place, à mon initiative, au sein du ministère. Celle-ci coordonne la relance et la cohérence <strong>de</strong> toutes nos actions en matière <strong>de</strong> photographie, secteur artistique dont les <strong>Rencontres</strong> d’Arles traduisent la vitalité et la créativité. Frédéric Mitterrand, Ministre <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication 5