REDUIRE LE PALUDISME AU MALI - MSF Field Research
REDUIRE LE PALUDISME AU MALI - MSF Field Research
REDUIRE LE PALUDISME AU MALI - MSF Field Research
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
REduire le paludisme <strong>AU</strong> <strong>MALI</strong> 5<br />
<strong>MSF</strong>-OCB Medical Department<br />
REsumE<br />
<br />
Au regard de la lourde charge que représente le paludisme au Mali, en 2005 <strong>MSF</strong> s’est proposé<br />
de collaborer avec les autorités sanitaires maliennes afin d’introduire une nouvelle stratégie,<br />
plus efficace, d’utilisation des Tests de Diagnostic Rapide (TDR) et des Combinaisons<br />
Thérapeutiques à base d’Artémisine (CTA). L’objectif était d’améliorer l’accès à un diagnostic<br />
et un traitement efficace chez les enfants de 0 à cinq ans et chez les femmes enceintes, les<br />
deux groupes de la population qui payent le plus lourd tribut à la maladie.<br />
<strong>MSF</strong> a choisi le district de Kangaba, dans le sud du Mali, pour démontrer la faisabilité d’un<br />
nouveau protocole thérapeutique antipaludéen. Sept centres de santé communautaires (CS-<br />
COM) et un centre de référence (CSREF) ont ainsi reçu un soutien à travers la formation du<br />
personnel, la fourniture de TDR et de CTA, et des campagnes de sensibilisation auprès de la<br />
population. Les soins étaient gratuits pour les patients diagnostiqués positifs.<br />
Pendant les deux premières années du programme (2005-2006) les taux de fréquentation<br />
des centres de santé ont augmenté par rapport aux années précédentes, mais pas autant<br />
qu’escompté. <strong>MSF</strong> a donc réévalué sa stratégie et en a conclu que des barrières financières<br />
et géographiques significatives limitaient l’accès aux soins efficaces. Malgré la gratuité des<br />
TDR et des CTA, d’autres frais de consultation semblaient décourager la fréquentation et pour<br />
de nombreux habitants des villages reculés, il est très difficile de se rendre aux centres de<br />
santé pendant la saison des pluies (pic dans la transmission du paludisme).<br />
Par conséquent, dans la deuxième phase du projet, de 2007 à 2010, tous les enfants de cinq<br />
ans et moins ainsi que les femmes enceintes ont bénéficié de soins gratuits, tandis qu’un<br />
tarif subventionné était appliqué pour les patients de plus de cinq ans. Par ailleurs, un nouveau<br />
profil de travailleurs de santé fut déployé, appelés les Agents Palu (agents de santé<br />
communautaire chargés du paludisme). Ils étaient choisis par leur village et après une formation<br />
en diagnostic et traitement du paludisme, ils dispensaient des soins antipaludéens<br />
gratuits dans les villages éloignés.<br />
Pendant la deuxième phase du projet, plusieurs autres initiatives ont été mises en œuvre en<br />
vue de réduire la morbidité et la mortalité dues à la malaria. Elles comprenaient une aide à la<br />
gestion des associations de santé communautaires (ASACO), des formations et un soutien<br />
pour les centres de référence, des aides financières ciblées pour les analyses de laboratoire<br />
et les services ambulanciers, des campagnes de sensibilisation dans les villages concernant<br />
la gratuité des soins et le nouveau protocole de traitement, et le soutien à une vaste<br />
campagne destinée à introduire les moustiquaires traitées à l’insecticide dans les villages.<br />
Un second centre de référence et quatre autres centres de santé se sont joints au projet. En<br />
effet, les interventions se sont multipliées à mesure du déroulement du programme.<br />
Les résultats en termes de fréquentation et de réduction de la mortalité due au paludisme<br />
montrent une nette amélioration après 2007, qui se poursuit jusqu’à la fin du projet en 2010.<br />
Il apparaît clairement que l’objectif initial de fournir des TDR et des CTA gratuits ne suffisait<br />
pas à améliorer notablement l’efficacité des soins antipaludéens dans le district. La prise en<br />
charge de la malaria devait être intégrée dans des soins de santé primaires gratuits pour les<br />
groupes cibles et être étendue aux régions isolées avec les Agents Palu. Enfin, la faisabilité<br />
de l’introduction du nouveau protocole diagnostic/traitement a été démontrée pour le Ministère<br />
de la santé malien.<br />
Même s’il n’est pas possible, à partir de cette évaluation, de prouver que ces résultats étaient<br />
dûs à des interventions spécifiques, nous pensons que la levée des barrières financières à<br />
travers la gratuité et la subvention du prix des soins, alliée à la réduction des barrières géographiques<br />
grâce aux Agents Palu, expliquent en grande partie les améliorations obtenues.<br />
Il reste à espérer que les autorités sanitaires maliennes pourront s’appuyer sur les résultats de<br />
ce projet pour améliorer la prise en charge du paludisme dans d’autres régions du pays.