Mourgues_Moyen Niger_1933.pdf - ECliS

—. 12 —•
50 kilomètres qui devait nous amener au lac Dô.f
'
En vaquant à mon installation
personnelle
pour la nuit, je vis devant ma tente, assise contre
un arbre, une femme bellah qui paraissait mal
en pointv je n^'encrais de la raison de sa présence
et j'appris qu'elle mourait de soif ; cette femme
qui voyageait en compagnie de sa mère et de son
jeune fils avait abandonné ceux-ci
épuisés
à Un
kilomètre de là, rassemblant ce qui lui restait de
vigueur elle s'était traînée jusqu'à la mare pour
y éprouver une désillusion terrible' ; la tente du
coular (ihfidèle) fut heureusement pour e)le et
les siens sa dernière ressource, les quelques litres
d'eàut qui me restaient permirent avec çles soins
appropriés de sauver ces trois serviteurs d'une
mort certaine, car ils étaient incapables de parcourir
les 5 kilomètres qui les séparaient des premières
flaques d'eau de pluies.
Ces mares présentent au voyageur des aspects
inattendus ; la beauté est faite de contrastes dit-J
on, c'est pourquoi après des dizaines de kilomètres
de terrain aride et sec, parcourus au pas d'un
chevai ou d'un chameau, l'arrivée en février on
mars, en plein chaleur, près d'une grande mare
esfc-elle si agréable et si reposante ; j'ai souvent
admiré des arbres qui me paraissaient gigantesques
avec leurs quinze mètres de hauteur, leur
feuillage vert et touffu se mirant en eau calme
me semblait une merveille que je me plaisais à
contempler ; depuis j'ai mieux compris le para
dis des peuples musulmans nomades
qui vivent
_au désert, paradis où les eaux courantes et claires
eoullent au milieu d'un paysage verdoyant.
Il y vit une faune aquatique abondante, sou-
Vent des poissons ; à Gossi aux basses eaux les
nomades envoient leurs serviteurs à la pêche aux
silures. (Dans les seaux de campements, j'ai souvent
trouvé en préparant mon eau de boisson de
tout petits poissons transparents, des sangsues,