PATICCASAMUPPADA - Le Dhamma de la Forêt
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interdépendance 13 . Là, on ne penche ni vers <strong>la</strong> conception d'un moi<br />
(atthita) ni vers <strong>la</strong> conception d'un non-moi (natthita), parce que <strong>la</strong><br />
voie du milieu — autrement dit l'enchaînement <strong>de</strong> l'interdépendance<br />
— est c<strong>la</strong>irement perçue. Cet enchaînement se résume au lien <strong>de</strong><br />
cause à effet exprimé par les mots : « Parce que ceci est, ce<strong>la</strong> existe ;<br />
parce que ceci n'est pas, ce<strong>la</strong> n'existe pas. » Il n'y a, en aucune<br />
manière, un moi ou une personne, même s'il est fait mention <strong>de</strong> l'enfer<br />
ou du paradis. Ce point <strong>de</strong> vue s'appelle « <strong>la</strong> véritable voie du milieu »<br />
parce qu'il ne penche ni vers l'éternalisme ni vers le nihilisme.<br />
Remarquez bien que, quand on parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision juste en termes <strong>de</strong><br />
vérité re<strong>la</strong>tive, on dit qu'il existe un moi, tandis que l'on ne trouve pas<br />
<strong>de</strong> traces d'un « moi » dans l'expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision juste en termes <strong>de</strong><br />
vérité absolue, c'est-à-dire dans le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> paticcasamuppāda.<br />
Pourtant le bouddhisme les appelle toutes <strong>de</strong>ux « vision juste ». <strong>Le</strong><br />
<strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité re<strong>la</strong>tive sert à enseigner <strong>la</strong> vertu morale aux gens<br />
simples, tandis que le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité absolue sert à enseigner <strong>la</strong><br />
réalité absolue à ceux qui n'ont plus qu'un peu <strong>de</strong> « poussière dans les<br />
yeux », pour leur permettre <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> nobles disciples. <strong>Le</strong><br />
Bouddha était ainsi tout le temps obligé <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>ux <strong>la</strong>ngages.<br />
Paticcasamuppada se réfère à <strong>la</strong> vérité ultime <strong>la</strong> plus haute, ce n'est<br />
pas un traité d'éthique. Il n'existe aucun « moi » qui voyagerait <strong>de</strong> vie<br />
en vie et aucun cycle <strong>de</strong> paticcasamuppāda qui s'éten<strong>de</strong> sur trois vies,<br />
comme on pourrait le comprendre en termes <strong>de</strong> vérité re<strong>la</strong>tive.<br />
Pour en terminer avec cette question, nous <strong>de</strong>vons essayer <strong>de</strong><br />
comprendre pourquoi paticcasamuppāda a été expliqué, en termes<br />
d'éternalisme, comme s'étendant sur trois vies.<br />
On peut aisément constater que cette explication, <strong>de</strong> façon plus ou<br />
moins évi<strong>de</strong>nte selon les passages, provient du Visuddhimagga <strong>de</strong><br />
Buddhagosa. En effet, aucune œuvre écrite antérieure au<br />
Visuddhimagga ne propose cette interprétation. C'est pourquoi mon<br />
analyse critique est centrée sur ce document ainsi que sur son auteur.<br />
Mais je tiens à préciser que cette analyse n'est pas une critique <strong>de</strong><br />
13<br />
Comme mentionné dans le cinquième sutta dans les suttas <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
subsistance, Proverbes sur <strong>la</strong> Cause, Nidana-vagga, Samyutta Nikaya, op.<br />
cit. p. 12-13.<br />
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