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JACQUES HIGELIN<br />
Septante printemps !<br />
Par Patrick DALLONGEVILLE<br />
“Considéré comme un des plus grands artistes<br />
français (de sa génération)”, selon son communiqué<br />
de presse, le grand Jacquou est surtout l'un<br />
des seuls véritables héros transgénérationnels<br />
qu'ait produit l'Hexagone...<br />
Dans notre région, certains se souviennent encore de son<br />
passage au Palais Rameau de Lille en 77 (avec le guitar killer<br />
Simon Boissezon) : une première partie en fiasco annoncé (éthylisme,<br />
coupures de son...), suivie d'un retour en scène aussi<br />
triomphal qu'inopiné ! Ou encore, de son concert au Palais des<br />
Grottes de Cambrai, trois ans plus tard... De fait, c'est carrément un<br />
demi-siècle de carrière dont Jacques “Crabouif” HIGELIN peut désormais<br />
s'enorgueillir. Les plus avertis savent en effet que c'est au cinéma<br />
qu'il débuta, puisqu'il figurait en 1959 au générique du film d'Henri<br />
Fabiani, Le Bonheur Est Pour Demain. Il n'avait alors pas vingt ans, et<br />
cette expérience lui valut deux rencontres décisives : celles d'Irène<br />
Lhomme (son premier grand amour), et du guitariste-compositeur Paul<br />
Crolla (ami de Prévert, Mouloudji et Montand), qui l'initia à la guitare<br />
et l'encouragea à chanter.<br />
Quelques films plus tard (dont le fameux Bébert Et l'Omnibus d'Yves<br />
Robert), il enregistre dès 1965 un premier 33 tours pour Jacques<br />
Canetti (y reprenant notamment “La Java Des Chaussettes A Clous”<br />
de Boris Vian), avant de rencontrer Pierre Barouh au tournant de 68.<br />
Au sein de l'effervescent collectif Saravah (où il côtoie Rufus, Areski<br />
Belkacem et Elisabeth Wiener), il s'acoquine durablement avec la<br />
fantasque Brigitte Fontaine (dont il prétendra longtemps être le frère).<br />
C'est l'époque de “Cet Enfant Que Je T'avais Fait”, “Je Suis Mort, Qui<br />
Dit Mieux” et autres “Tiens, J'ai Dit Tiens”...<br />
En 1974, virage rock avec BBH 75, suivi l'année d'après par Irradié,<br />
qui le révèlent accompagné des Super Goujats, jeune bande de ruffians<br />
électriques où se distingue, outre le précité Boissezon, un certain (et<br />
tout jeune) Louis Bertignac. “ P a r i s - N e w - York, New-Yo r k - P a r i s ”,<br />
“Mona Lisa Klaxon”, “Amoureux D'une Cigarette”, “Boxon” (meilleure<br />
transposition recensée de l'univers des Stones en français !) : la poésie<br />
débridée de Jacques s'exprime désormais dans un contexte propice à<br />
de grandes communions live. Suivront bien vite Alertez Les Bébés et<br />
No Man's Land, qui achèveront d'établir notre homme parmi les<br />
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artistes déterminants de son époque.<br />
En 79, le double Champagne Pour Tout Le Monde... Caviar Pour Les<br />
Autres (en deux albums simultanés, mais séparés) se vend comme<br />
des petits pains, suivi en 81 du triple vinyl live À Mogador (et triple<br />
disque d'or). Suivront pas moins de huit autre albums en public - rien<br />
d'étonnant quand on sait que c'est sur les planches que s'exprime le<br />
mieux la verve du bonhomme... Entretemps, il écrit la bande originale<br />
du film de Jean-Henri Meunier La Bande Du Rex (où il apparaît, aux<br />
côtés du groupe bordelais Strychnine).<br />
Car si la musique a pris le premier rang dans sa carrière, sa filmographie<br />
comprend quand même près d'une trentaine de contributions<br />
(Érotissimo et Elle Court, Elle Court, La Banlieue de Gérad Pirès, en<br />
68 et 72, L'An O1 de Doillon et Gébé, À Mort La Mort de Romain<br />
Goupil...). Sa dernière composition d'acteur date notamment de l'ultime<br />
apparition à l'écran de Nadine Trintignant, pour Colette, Une<br />
Femme Libre, en 2003...<br />
Définitivement plus engagé qu'enragé, HIGELIN prête son concours aux<br />
causes qui lui semblent justes (soutien à Mitterrand en 1988, parrainage<br />
des associations “Droits devants !” en 1994, et “Les Amoureux<br />
Au Ban Public” en 2009), mais ce qui lui tient le plus à cœur, c'est bien<br />
la musique et la liberté. Ce sont peut-être ces deux priorités qui le<br />
poussent à consacrer les années 2004/2OO5 à un spectacle entièrement<br />
dédié au répertoire de Charles Trénet. Après huit ans de silence<br />
discographique, Amor Doloroso le ramène au premier plan. Mais c'est<br />
l'excellent “Coup De Foudre” qui consacre une fois encore cet éternel<br />
adolescent attardé (à près de 70 piges !), suivi de l'impressionnant live<br />
Paris/Zénith 18/10/2010 (disponible en version simple dans vos<br />
crémeries habituelles, ou triple sur http://www.abbeyroad.com/live).<br />
Père de trois artistes qui perpétuent, chacun avec sa propre identité,<br />
la tradition paternelle (les chanteurs Arthur H. et Izia, et l'acteur Ken<br />
Higelin), Jacquou pourrait désormais se reposer, sinon sur ses<br />
lauriers, du moins sur sa lignée... Au lieu de ça, il s'apprête à entamer<br />
l'une de ses plus conséquentes tournées, qui le mènera notamment à<br />
Tourcoing (en solo, au profit de l'asso Célia).<br />
DIMANCHE 09 JANVIER Tourcoing [59] THEATRE RAYMOND DEVOS<br />
VENDREDI 21 JANVIER Amiens [80] CIRQUE JULES VERNE<br />
VENDREDI 21 JANVIER Bethune [62] THEATRE MUNICIPAL<br />
SAMEDI 05 FEVRIER St Quentin [02] SPLENDID<br />
VENDREDI 11 MARS Grande Synthe [59] PALAIS DU LITTORAL<br />
MARDI 15 MARS Anzin [59] THEATRE MUNICIPAL