presto 2011

STRANDED
HORSE
Par Emmanuel QUEVA
Musicien émotionnel à tendance solitaire, Yann
Tambour (ex-Encre) nous revient avec une
sublime création Humbling Tides sortie chez
Talitre. Avant la date dans sa nouvelle région
d’adoption, Yann a accepté de nous éclairer sur
ses liens avec son art sonore.
Comment as-tu travaillé artistiquement Humbling Tides
J'ai travaillé, toutes ces années, sur scène et dans l'écriture des
morceaux de Humbling Tides à révéler ma voix naturelle. J'avais
jusque-là fait un travail plus expérimental sur la voix. J'ai également
travaillé à fluidifier et rendre plus élastique mes jeux de kora et de
guitare, en tâchant de me débarrasser des contraintes rythmiques
strictes, afin de faire quelque chose de plus vivant. De plus en phase
avec l'instant. Jouer sur scène avec Ballaké Sissoko m'a beaucoup
appris sur ce point.
Tu es originaire du Cotentin. Au moment de la création, tu étais
à Bristol et tu t’es fait une spécialité de jouer de la Kora.
International Monsieur Yann Tambour
Non, je vis à Lille en ce moment. Cela dit, je ne tiens pas longtemps
en ville de manière générale et vais régulièrement me réfugier là-bas,
il est vrai. J'y ai pas mal d'amis avec des grandes maisons. J'ai écrit
ce disque alors que je vivais à Bristol, c'est exact.
Tu vas passer dans le nord de la France en février, seras-tu
accompagné sur scène
Sans doute pas. Je le serai peut-être à de rares occasion mais sans
doute pas celle-là. J'aime la solitude sur scène.
Comment as-tu découvert la Kora, ta principale source instrumentale
Un jour dans un festival de jazz, je suis tombé sur un concert de
musique malienne. Je trouvais les résonances sobres, sereines et
somptueuses, surtout celles de la kora que j'ai identifiée petit à petit.
Je me suis beaucoup intéressé à l'instrument par la suite et ai décidé
que, d'une certaine manière, il correspondait à ce vers quoi je voulais
aller. Je l'ai abordé de manière non traditionnelle.
Comment ont été mises en place les collaborations (Carla
Palone de Mansfield TYA et Ballake Sissoko)
J'aimais le jeu de violon de Carla, j'ai voulu collaborer avec elle. Je l'ai
contactée par amis interposés. Pour ce qui est de Ballaké, j'ai déjà
enregistré un disque avec lui et avons fait deux tournées puis quelques
festivals en duo déjà. Demander à Ballaké de collaborer au disque était
assez naturel, pour lui comme pour moi.
Comment as-tu associé guitares et rythmiques folk contemporaines
à de la harpe-luth mandingue pour tes productions
Je joue de la guitare classique depuis un très jeune âge. Je sentais
une parenté entre le jeu de kora des griots et les vieux blues-men ou
les chanteurs folks adeptes du picking. J'ai appliqué ce pont, imaginaire
ou pas, à moi même, je crois.
JEUDI 03 MARS Roubaix [59] CAVE AUX POETES
147 JANVIER/FEVRIER 2011 • 11