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par Bertrand LANCIAUX<br />
Découvert grâce à un passage à la<br />
Cave aux Poètes de Roubaix il y a<br />
quelque temps, j’étais assez impatient<br />
d’écouter le nouveau JIM YAMOU-<br />
R I D I S. Depuis sa résidence à la<br />
Coopérative de Mai de Clermont-<br />
Ferrand, l’homme a pris de l’ampleur<br />
mais pas d’embonpoint. Australien aux<br />
racines grecques, Yamouridis évoque<br />
aussi bien la distinction d’un Leonard<br />
Cohen que la désolation du Nick Cave<br />
des profondeurs. Empruntant à ce<br />
dernier le violoniste Warren Ellis, JIM YAMOURIDIS nous livre un<br />
album aux arrangements subtils et à la production élégante qui<br />
porte une nouvelle fois la patte du Français Seb Martel. PJ Harvey<br />
et Bertrand Belin ont déjà succombé. Cet album devrait permettre<br />
à ce loup solitaire blessé de sortir enfin du bois.<br />
> JIM YAMOURIDIS Into The Day (Starlight Walker/Modulor/Idol)<br />
Peu client du crossover, je me méfiais de FRANCESCO TRISTANO,<br />
jeune pianiste de formation classique fricotant avec la diaspora<br />
techno (Moritz Von Oswald, Murcof, Autechre…). Mais loin d’être le<br />
nouveau Rondo Veneziano, le Luxembourgeois FRANCESCO TRIS-<br />
TANO place la barre très haute en s’offrant désormais une collaboration<br />
avec Carl Craig. Intégrant parfaitement le piano dans l’instrumentarium<br />
électro, Tristano et Craig nous embarquent dans un<br />
univers inédit où quelques fragments de paysage subsistent. House,<br />
jazz, contemporain, dub… sont dévoyés avec respect et virtuosité<br />
mais jamais de manière ostentatoire ou démonstrative. Extrêmement<br />
aboutie, cette nouvelle aventure musicale de Tristano l’impose<br />
comme un grand compositeur transgenre de notre temps.<br />
> FRANCESCO TRISTANO Idiosynkrasia (Infiné/Discograph)<br />
Les deux Japonais de HARMONIOUS<br />
B E C oeuvrent également dans le<br />
registre électro. Le choix d’HARMO-<br />
NIOUS BEC est de revisiter le genre de<br />
l ’ i n t é r i e u r. Evitant soigneusement<br />
l’effet catalogue, le duo découpe sans<br />
débiter le vocabulaire ambient,<br />
drum’n’bass, abstract hip-hop, glitch…<br />
Objet d’expérimentation, l’électro n’en<br />
est pas pour autant un prétexte et<br />
demeure ici l’objet d’une maltraitance<br />
ritualisée et consentante. Un bien bel<br />
exercice avec beaucoup de style.<br />
> HARMONIOUS BEC Her Strange Dreams (Monotreme Records)<br />
Pour contrebalancer l’abus de sophistication, rien ne vaut une petite<br />
production de chez K Records. Le nouvel album de CHAIN & THE<br />
GANG vient à point. Dernier projet abouti de Ian Svenonius (Make-<br />
Up, Nation of Ulysses…), CHAIN & THE GANG ouvrage un garage<br />
rock qui s’assume comme une version cheap des B 52’s, emmené<br />
par un Jonathan Richman du pauvre ou un Prince à la rue. C’est tout<br />
le charme de Svenonius que de reprendre ces oripeaux pour en faire<br />
du sur mesure. Car derrière l’apparente blague pointe la fascinante<br />
ambition d’un grand malade du rock.<br />
> CHAIN & THE GANG Music’s Not For Everyone (K Records)<br />
L’album sortira mi-février, mai je ne<br />
résiste pas à vous faire part de mon<br />
enthousiasme pour le nouvel effort de<br />
THE SKULL DEFEKTS. Groupe<br />
suédois officiant depuis quelques<br />
années dans le milieu art-rock, THE<br />
SKULL DEFEKTS s’offre un nouveau<br />
membre de choix en la personne de<br />
Daniel Higgs au chant. Ce dernier<br />
augmente la puissance shamanique du<br />
groupe qui ne rechigne pas à faire<br />
des burn-out sur des flaques de drone,<br />
le tout entouré de rythmiques tribales armées de machettes électro.<br />
Noise addicts, THE SKULL DEFEKTS propulse le genre dans une<br />
dimension psychique, là où tant d’autres se contentent d’une<br />
approche purement physique.<br />
> THE SKULL DEFEKTS Peer Amid (Thrill Jockey)<br />
28 • 147 JANVIER/FEVRIER <strong>2011</strong><br />
tendances. La voix de JD est aussi<br />
éclatante qu’agressive, la basse de<br />
Fieldy est toujours aussi claquante<br />
et tribal qu’à ses débuts, et le<br />
remplaçant de Head (parti en 2005)<br />
s’en sort à merveille sur la totalité<br />
du CD produit par Ross Robinson<br />
(collaborateur des débuts enfin de<br />
retour). Les sonorités sont sèches,<br />
proche du métal indus, pour un<br />
album frontal qui va droit au but :<br />
nous faire remuer le cul ! La scène<br />
néo étant belle et bien morte :<br />
Linkin Park et Papa Roach ont abandonné<br />
le rap métal pour faire du<br />
(bon) rock , POD tente de survivre,<br />
et qui se soucie de Mudwayne,<br />
Disturbed et Lim Bizkit Seul<br />
Slipknot, récemment endeuillé,<br />
garde la tête haute. “Remember<br />
Who You Are” nous replonge 10<br />
ans en arrière et replace l’entité<br />
KORN sur le devant de la scène<br />
métal… actuel !<br />
DJ NEUROTIC<br />
LUKE<br />
D'autre Part<br />
Sony/ Epic<br />
J'ai longtemps pensé que LUKE<br />
pouvait être un des dignes héritiers<br />
de Noir Désir, tant par l'énergie que<br />
par l'écriture. En effet je retrouvais<br />
dans ce groupe le courage de faire<br />
du rock à la française avec une<br />
grande qualité d'écriture avec une<br />
c e r taine forme d'engagement.<br />
Malheureusement la sortie de ce<br />
nouvel album gâche un peu mes illusions<br />
de voir des artistes français<br />
faire du rock de qualité. Est-ce la<br />
pression et le rendement exigée par<br />
la maison de disque ou une baisse<br />
de régime, toujours est-il que LUKE<br />
signe un quatrième album d'une<br />
qualité plus qu'inégale. Tout avait<br />
pourtant bien commencé avec “Fini<br />
De Rire”, qui donne l'illusion que<br />
LUKE a encore cette énergie et<br />
cette flamme qui le caractérisaient,<br />
mais après “Pense A Moi”, tout se<br />
gâte, on oscille entre une écriture<br />
fadasse comme sur “Les Amants<br />
Valence”, et une musicalité à des<br />
années lumières de leur talent ! On<br />
ne peut certes pas leur retirer cette<br />
qualité de savoir très bien choisir<br />
leur single en prenant “Pense A<br />
Moi”, qui fait bien illusion. Heureusement<br />
que “Faustine” ou “Le Robot”<br />
viennent nous rappeler que LUKE a<br />
également du talent pour nous faire<br />
voyager et nous conter des histoires<br />
et rehaussent un peu la qualité<br />
générale de ce disque.<br />
Mathy D<br />
MESK!<br />
Mesk!<br />
Arkal / Coop Breitz<br />
Littéralement “mélange” en breton,<br />
MESK! tient le rôle d'OVNI musical<br />
comme il se fait rare d'en croiser.<br />
Bien plus qu'un album, ce disque est<br />
né de la collaboration du pianiste<br />
Did(i)er Squiban et du groupe à<br />
tendance trip-hop Sheer.K. Pianiste<br />
toujours en quête de nouvelles expériences,<br />
Squiban tient ici le rôle de<br />
métronome, distillant ses notes sur<br />
des rythmes pas toujours évidents<br />
mais jamais complaisants. Ce<br />
disque rappelle incontestablement<br />
les londoniens d'Archive période<br />
Maria Q (“Bullet”) du fait du chant<br />
féminin intégralement en anglais (à<br />
l'exception de “La Raison”), et<br />
navigue entre mélodies sombres,<br />
efficacité électronique (“Confusion”),<br />
et trip-hop convaincant (“ S a d<br />
Mood”). La grande qualité de cette<br />
production réside en effet dans sa<br />
cohérence, le temps file et l'ennui se<br />
montre absent. On tient là une véritable<br />
bande originale de film que ne<br />
renierait pas le britannique Craig<br />
Armstrong notamment avec “Miles<br />
Away”, mêlant basses rondes et<br />
touches cuivrées. L'alternance entre<br />
morceaux rythmés et titres plus<br />
expérimentaux crée un fil conducteur<br />
qu'il semble impossible d'abandonner<br />
en cours d'écoute. Ce projet<br />
a déjà connu la scène, mais cette<br />
sortie nationale pourrait mener à<br />
une nouvelle tournée... On l'espère.<br />
Dorian BRIQUANNE<br />
M<br />
Les Saisons De Passage<br />
Barclay<br />
Comme à son habitude M nous<br />
gratifie d'un album et d'un DVD live à<br />
chaque tournée. J'avoue que j'ai un<br />
peu hésité avant de ma lancer dans<br />
cette chronique, peut-être une<br />
forme de lassitude ou tout simplement<br />
une grande déception. Je me<br />
demande quelle mouche a bien pu le<br />
piquer pour qu'il accepte de signer<br />
le nouvel album de Johnny Hallyday,<br />
épave musicale en quête de résurrection,<br />
ce qui risque d'être difficile<br />
quand on n’a aucun talent. Travailler<br />
avec Arthur H ou Vanessa Paradis<br />
peut s'entendre, on parle d'artistes,<br />
mais là, c'est uniquement une question<br />
de gros sous. Quelle bassesse !<br />
Ce qui m'a décidé à parler néanmoins<br />
du live Les Saisons De<br />
Passage, c'est l'idée de voir la quasi<br />
totalité de la famille Chedid réunie<br />
pour ce travail, que ce soit Andrée<br />
(la grand mère) pour l'écriture, ainsi<br />
que Joseph et Ana pour la musique.<br />
Cette réunion donne à ce disque et<br />
à cette tournée un caractère plus<br />
intime voire sentimentale, qui<br />
réchauffe ce travail. La présence,<br />
également, de l'un des plus grands<br />
batteurs de sa génération, je veux<br />
bien sûr parler de Cyril Atef, permet<br />
des petits grains de folie musicaux<br />
absolument géniaux. On peut très<br />
bien imaginer que la version dub de<br />
“Myster Mystère” lui doit beaucoup<br />
et réarrange un titre déjà bien<br />
entendu. Vous apprécierez très