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presto 2011

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par Bertrand LANCIAUX<br />

Découvert grâce à un passage à la<br />

Cave aux Poètes de Roubaix il y a<br />

quelque temps, j’étais assez impatient<br />

d’écouter le nouveau JIM YAMOU-<br />

R I D I S. Depuis sa résidence à la<br />

Coopérative de Mai de Clermont-<br />

Ferrand, l’homme a pris de l’ampleur<br />

mais pas d’embonpoint. Australien aux<br />

racines grecques, Yamouridis évoque<br />

aussi bien la distinction d’un Leonard<br />

Cohen que la désolation du Nick Cave<br />

des profondeurs. Empruntant à ce<br />

dernier le violoniste Warren Ellis, JIM YAMOURIDIS nous livre un<br />

album aux arrangements subtils et à la production élégante qui<br />

porte une nouvelle fois la patte du Français Seb Martel. PJ Harvey<br />

et Bertrand Belin ont déjà succombé. Cet album devrait permettre<br />

à ce loup solitaire blessé de sortir enfin du bois.<br />

> JIM YAMOURIDIS Into The Day (Starlight Walker/Modulor/Idol)<br />

Peu client du crossover, je me méfiais de FRANCESCO TRISTANO,<br />

jeune pianiste de formation classique fricotant avec la diaspora<br />

techno (Moritz Von Oswald, Murcof, Autechre…). Mais loin d’être le<br />

nouveau Rondo Veneziano, le Luxembourgeois FRANCESCO TRIS-<br />

TANO place la barre très haute en s’offrant désormais une collaboration<br />

avec Carl Craig. Intégrant parfaitement le piano dans l’instrumentarium<br />

électro, Tristano et Craig nous embarquent dans un<br />

univers inédit où quelques fragments de paysage subsistent. House,<br />

jazz, contemporain, dub… sont dévoyés avec respect et virtuosité<br />

mais jamais de manière ostentatoire ou démonstrative. Extrêmement<br />

aboutie, cette nouvelle aventure musicale de Tristano l’impose<br />

comme un grand compositeur transgenre de notre temps.<br />

> FRANCESCO TRISTANO Idiosynkrasia (Infiné/Discograph)<br />

Les deux Japonais de HARMONIOUS<br />

B E C oeuvrent également dans le<br />

registre électro. Le choix d’HARMO-<br />

NIOUS BEC est de revisiter le genre de<br />

l ’ i n t é r i e u r. Evitant soigneusement<br />

l’effet catalogue, le duo découpe sans<br />

débiter le vocabulaire ambient,<br />

drum’n’bass, abstract hip-hop, glitch…<br />

Objet d’expérimentation, l’électro n’en<br />

est pas pour autant un prétexte et<br />

demeure ici l’objet d’une maltraitance<br />

ritualisée et consentante. Un bien bel<br />

exercice avec beaucoup de style.<br />

> HARMONIOUS BEC Her Strange Dreams (Monotreme Records)<br />

Pour contrebalancer l’abus de sophistication, rien ne vaut une petite<br />

production de chez K Records. Le nouvel album de CHAIN & THE<br />

GANG vient à point. Dernier projet abouti de Ian Svenonius (Make-<br />

Up, Nation of Ulysses…), CHAIN & THE GANG ouvrage un garage<br />

rock qui s’assume comme une version cheap des B 52’s, emmené<br />

par un Jonathan Richman du pauvre ou un Prince à la rue. C’est tout<br />

le charme de Svenonius que de reprendre ces oripeaux pour en faire<br />

du sur mesure. Car derrière l’apparente blague pointe la fascinante<br />

ambition d’un grand malade du rock.<br />

> CHAIN & THE GANG Music’s Not For Everyone (K Records)<br />

L’album sortira mi-février, mai je ne<br />

résiste pas à vous faire part de mon<br />

enthousiasme pour le nouvel effort de<br />

THE SKULL DEFEKTS. Groupe<br />

suédois officiant depuis quelques<br />

années dans le milieu art-rock, THE<br />

SKULL DEFEKTS s’offre un nouveau<br />

membre de choix en la personne de<br />

Daniel Higgs au chant. Ce dernier<br />

augmente la puissance shamanique du<br />

groupe qui ne rechigne pas à faire<br />

des burn-out sur des flaques de drone,<br />

le tout entouré de rythmiques tribales armées de machettes électro.<br />

Noise addicts, THE SKULL DEFEKTS propulse le genre dans une<br />

dimension psychique, là où tant d’autres se contentent d’une<br />

approche purement physique.<br />

> THE SKULL DEFEKTS Peer Amid (Thrill Jockey)<br />

28 • 147 JANVIER/FEVRIER <strong>2011</strong><br />

tendances. La voix de JD est aussi<br />

éclatante qu’agressive, la basse de<br />

Fieldy est toujours aussi claquante<br />

et tribal qu’à ses débuts, et le<br />

remplaçant de Head (parti en 2005)<br />

s’en sort à merveille sur la totalité<br />

du CD produit par Ross Robinson<br />

(collaborateur des débuts enfin de<br />

retour). Les sonorités sont sèches,<br />

proche du métal indus, pour un<br />

album frontal qui va droit au but :<br />

nous faire remuer le cul ! La scène<br />

néo étant belle et bien morte :<br />

Linkin Park et Papa Roach ont abandonné<br />

le rap métal pour faire du<br />

(bon) rock , POD tente de survivre,<br />

et qui se soucie de Mudwayne,<br />

Disturbed et Lim Bizkit Seul<br />

Slipknot, récemment endeuillé,<br />

garde la tête haute. “Remember<br />

Who You Are” nous replonge 10<br />

ans en arrière et replace l’entité<br />

KORN sur le devant de la scène<br />

métal… actuel !<br />

DJ NEUROTIC<br />

LUKE<br />

D'autre Part<br />

Sony/ Epic<br />

J'ai longtemps pensé que LUKE<br />

pouvait être un des dignes héritiers<br />

de Noir Désir, tant par l'énergie que<br />

par l'écriture. En effet je retrouvais<br />

dans ce groupe le courage de faire<br />

du rock à la française avec une<br />

grande qualité d'écriture avec une<br />

c e r taine forme d'engagement.<br />

Malheureusement la sortie de ce<br />

nouvel album gâche un peu mes illusions<br />

de voir des artistes français<br />

faire du rock de qualité. Est-ce la<br />

pression et le rendement exigée par<br />

la maison de disque ou une baisse<br />

de régime, toujours est-il que LUKE<br />

signe un quatrième album d'une<br />

qualité plus qu'inégale. Tout avait<br />

pourtant bien commencé avec “Fini<br />

De Rire”, qui donne l'illusion que<br />

LUKE a encore cette énergie et<br />

cette flamme qui le caractérisaient,<br />

mais après “Pense A Moi”, tout se<br />

gâte, on oscille entre une écriture<br />

fadasse comme sur “Les Amants<br />

Valence”, et une musicalité à des<br />

années lumières de leur talent ! On<br />

ne peut certes pas leur retirer cette<br />

qualité de savoir très bien choisir<br />

leur single en prenant “Pense A<br />

Moi”, qui fait bien illusion. Heureusement<br />

que “Faustine” ou “Le Robot”<br />

viennent nous rappeler que LUKE a<br />

également du talent pour nous faire<br />

voyager et nous conter des histoires<br />

et rehaussent un peu la qualité<br />

générale de ce disque.<br />

Mathy D<br />

MESK!<br />

Mesk!<br />

Arkal / Coop Breitz<br />

Littéralement “mélange” en breton,<br />

MESK! tient le rôle d'OVNI musical<br />

comme il se fait rare d'en croiser.<br />

Bien plus qu'un album, ce disque est<br />

né de la collaboration du pianiste<br />

Did(i)er Squiban et du groupe à<br />

tendance trip-hop Sheer.K. Pianiste<br />

toujours en quête de nouvelles expériences,<br />

Squiban tient ici le rôle de<br />

métronome, distillant ses notes sur<br />

des rythmes pas toujours évidents<br />

mais jamais complaisants. Ce<br />

disque rappelle incontestablement<br />

les londoniens d'Archive période<br />

Maria Q (“Bullet”) du fait du chant<br />

féminin intégralement en anglais (à<br />

l'exception de “La Raison”), et<br />

navigue entre mélodies sombres,<br />

efficacité électronique (“Confusion”),<br />

et trip-hop convaincant (“ S a d<br />

Mood”). La grande qualité de cette<br />

production réside en effet dans sa<br />

cohérence, le temps file et l'ennui se<br />

montre absent. On tient là une véritable<br />

bande originale de film que ne<br />

renierait pas le britannique Craig<br />

Armstrong notamment avec “Miles<br />

Away”, mêlant basses rondes et<br />

touches cuivrées. L'alternance entre<br />

morceaux rythmés et titres plus<br />

expérimentaux crée un fil conducteur<br />

qu'il semble impossible d'abandonner<br />

en cours d'écoute. Ce projet<br />

a déjà connu la scène, mais cette<br />

sortie nationale pourrait mener à<br />

une nouvelle tournée... On l'espère.<br />

Dorian BRIQUANNE<br />

M<br />

Les Saisons De Passage<br />

Barclay<br />

Comme à son habitude M nous<br />

gratifie d'un album et d'un DVD live à<br />

chaque tournée. J'avoue que j'ai un<br />

peu hésité avant de ma lancer dans<br />

cette chronique, peut-être une<br />

forme de lassitude ou tout simplement<br />

une grande déception. Je me<br />

demande quelle mouche a bien pu le<br />

piquer pour qu'il accepte de signer<br />

le nouvel album de Johnny Hallyday,<br />

épave musicale en quête de résurrection,<br />

ce qui risque d'être difficile<br />

quand on n’a aucun talent. Travailler<br />

avec Arthur H ou Vanessa Paradis<br />

peut s'entendre, on parle d'artistes,<br />

mais là, c'est uniquement une question<br />

de gros sous. Quelle bassesse !<br />

Ce qui m'a décidé à parler néanmoins<br />

du live Les Saisons De<br />

Passage, c'est l'idée de voir la quasi<br />

totalité de la famille Chedid réunie<br />

pour ce travail, que ce soit Andrée<br />

(la grand mère) pour l'écriture, ainsi<br />

que Joseph et Ana pour la musique.<br />

Cette réunion donne à ce disque et<br />

à cette tournée un caractère plus<br />

intime voire sentimentale, qui<br />

réchauffe ce travail. La présence,<br />

également, de l'un des plus grands<br />

batteurs de sa génération, je veux<br />

bien sûr parler de Cyril Atef, permet<br />

des petits grains de folie musicaux<br />

absolument géniaux. On peut très<br />

bien imaginer que la version dub de<br />

“Myster Mystère” lui doit beaucoup<br />

et réarrange un titre déjà bien<br />

entendu. Vous apprécierez très

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