La passion selon Saint Matthieu - HEMU

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(Illustration 3 ) qui est composé d'un double accord de septième diminuée. Ces choeurs ont rarement une unité tonale, il y a beaucoup de cadences évitées. Dans le choeur Lass ihn kreuzigen, on pourrait croire à une fugue mais elle s'avère très rapidement irrégulière du point de vue des entrées et de la tonalité. Les interventions des choeurs de foule sont motivées par l'histoire. La conception des choeurs de fidèles est, quant à elle, différente. La construction harmonique sera toujours conclusive et logique. Illustration 3 Les chorals reflètent les sentiments des chrétiens, de l'humanité chrétienne. Quand le choeur chante les chorals, il représente alors la communauté ecclésiastique et l'universalité des croyants. 4. Analyse de l'arioso et de l'air Le texte et sa traduction Arioso Wiewohl mein Herz in Tränen schwimmt, Dass Jesus von mir Abschied nimmt, So macht mich doch sein Testament erfreut: Sein Fleisch und Blut, o Kostbarkeit, Vermacht er mir in meine Hände Wie er es auf der Welt mit denen Seinen Nicht böse können meinen, So liebt er sie bis an das Ende. Air Ich will dir mein Herze schenken, Senke dich, mein Heil, hinein Ich will mich in dir versenken, Ist dir gleich die Welt zu klein Ei, so sollst du mir allein Mehr als Welt und Himmel sein. Bien que mon coeur saigne dans les larmes Quand Jésus prend congé de moi Son testament m'emplit d'allégresse Sa chair et son sang, inestimables trésors, Il les remet entre mes mains Ainsi qu'en ce monde il n'a jamais nui aux siens Ainsi les aime-t-il pour toujours Je veux t'offrir mon coeur Daigne y descendre mon Sauveur En toi je veux m'abandonner Si le monde est petit à tes yeux Ah! du moins pour moi seul Tu seras plus que le ciel et la terre. Cet air intervient juste après la Cène dont il est un commentaire. La Communion s'est déroulée dans une atmosphère de sérénité et de grandeur. L'image qui ressort dans ce commentaire de la scène précédente est que Jésus va nous quitter en laissant la représentation de son corps comme seule consolation. On retrouve les deux idées qui se complètent et s'oppose à la fois. Pour moi ces deux éléments se retrouvent dans le fait que le texte de l'arioso parle de l'offrande que fait Jésus au croyant et que dans l'aria, c'est le chrétien qui offre son coeur à Jésus. Analyse harmonique et thématique Bien qu'ayant lu différentes analyses de cet air, j'ai essayé de la réaliser le plus possible par moimême. Ce moment est composé d'un arioso et d'un aria da capo. Nous retrouvons la même formation instrumentale dans l'air comme dans l'arioso, c'est-à-dire le continuo avec deux hautbois d'amour. Le hautbois d'amour n'est pas un instrument fréquemment utilisé. Il apparaît vers 1720 et a une sonorité plus douce qu'un hautbois habituel. La tendresse de son son lui a donné son nom. Peut- être Bach l'utilise-t-il pour décrire l'amour des hommes envers le Christ ou celui du Christ envers les hommes. 9
En réalisant l'analyse harmonique, j'ai découvert différents éléments. Tout d'abord, comme je l'avais lu dans les ouvrages, nous ne trouvons pas, dans l'arioso, de plan tonal habituel. En effet, l'arioso commence en mi mineur, puis passe en si mineur pour finir en do majeur. Ce passage de mi mineur vers do majeur traduit le cheminement vers la sérénité qui est donné par le texte. Il y a une première cadence évitée à la mesure 4 sur les mots Abschied nimmt. Je me suis demandé pourquoi, sur ces paroles qui parlent de la mort, de la disparition de Jésus, Bach introduit une cadence évitée. Peut-être que, par les mots, Bach évoque la disparition du Christ mais, par l'harmonie, il l'évite, il suggère ainsi que Jésus prend congé physiquement mais pas spirituellement. Cette idée est soulignée par l'arrêt des triolets des deux hautbois d'amour pour laisser la place à deux notes tenues. Nous retrouvons le même dessin de cadence aux mesures 8 et 9, mais cette fois la cadence est parfaite et sur les mots Vermacht er mir in meine Hände. Pour moi, c'est la même image que précédemment, mais cette fois-ci la cadence est parfaite car Bach nous donne l'image de l'immortalité du Christ qui reste présent par son corps et son sang. Cette cadence par quarte et sixte crée une séparation en deux parties de l'arioso. L'idée d'éternité se retrouve également à la cadence finale. Sur les mots Sein Fleisch und Blut, il y a de nouveau une interruption des triolets, peut-être pour mettre en évidence les éléments de la sainte Cène, la tenue des hautbois évoque pour moi à nouveau l'image de l'éternité. Dans la deuxième partie de l'arioso, J.-S. Bach emploie l'harmonie pour illustrer le mal. En effet, il utilise un accord de septième diminuée sur le mot böse. Avec la dernière phrase, Bach décrit en musique les paroles bis an das Ende: tout d'abord en donnant une ligne descendante à la voix et en lui faisant chanter la note la plus grave de l'arioso puis par une ligne conclusive aux hautbois soulignée par une cadence parfaite. Dans son arioso, Bach introduit un flux continu donné par les hautbois d'amour. Dans son livre Les passions de J.-S. Bach, Jacques Chailley (1963) explique ces triolets ainsi: Pourquoi ces deux hautbois d'amour, aux sonorités semblables, déroulant imperturbablement ensemble leurs sextolets de tierces et sixtes parallèles Ne serait-ce pas pour illustrer l'indissolubilité de la chair et du sang qui vient d'être proclamée dans l'Eucharistie Sein Fleisch und Blut, le texte, en effet, contient ces deux mots. (298) Personnellement, je ressens ces lignes de hautbois comme une représentation de la continuité de l'esprit malgré la mort. Cette perpétuité est soulignée par le rythme obstiné et constant du continuo. Le mouvement insistant des hautbois me fait aussi penser à une lamentation, à une plainte qui se répète sans cesse. Cela est de nouveau renforcé par la ligne de basse qui joue un chromatisme descendant qui est, à cette époque, une figure rhétorique de la plainte et de la souffrance. Le traitement de la ligne des hautbois est différente dans la deuxième partie: ils n'ont plus un flot continu de musique, Bach y introduit des silences. L'air est un aria da capo. La première partie, A, est composée des mesures 1 à 30 et la deuxième, B, des mesures 31 à 48. Le plan tonal est le suivant: dans la partie A, nous sommes en sol majeur; Bach passe par la dominante (ré), pour revenir en sol majeur. La partie B est en mi mineur, on touche les tonalités de la mineur (sous-dominante), sol majeur (relative) et si mineur (dominante). Elle se termine en si mineur. Si nous regardons le récit qui suit cet air, le premier accord est si mineur et le texte mentionne un Lobesgesang. Par l'harmonie et le texte, Bach fait un rappel de l'air dans le récit qui le suit. La mesure à 6/8 donne comme un mouvement de danse qui est un peu en contraste avec le texte. Nous retrouvons le même thème aux hautbois dans les six premières mesures que dans les six suivantes mais le thème, qui était le principal au début, devient contre-chant de la voix. Dans l'arioso, le texte parle d'allégresse, pour moi ce mouvement plus dansant reprend cette idée évoquée dans le récit. J'ai trouvé deux éléments thématiques significatifs qui sont liés à deux idées complémentaires (je les ai mis en évidence en couleur sur la partition). Le premier (a, en jaune sur la partition) est un élément thématique ascendant formé de doubles croches (cf mesures 1 et 2) et le deuxième (b, en 10
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