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La passion selon Saint Matthieu - HEMU

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leu sur la partition) est un motif descendant un peu syncopé (cf mesure 3 et 4). L'élément (a) est<br />

relié au texte Ich will dir mein Herze schenken et à l'idée que le chrétien offre son coeur à Jésus, et<br />

l'élément (b) à la phrase Senke dich mein Heil hinein à l'idée que le Christ se penche pour recevoir<br />

son offrande d'où la ligne descendante de la voix et des instruments. Le mouvement un peu syncopé<br />

de la voix et des instruments de (b) me fait penser à une plainte, à une supplication. Le chrétien<br />

supplie le Seigneur de recevoir son offrande. Cette supplication est accentuée par le fait que le texte<br />

est répété d'abord trois fois de suite (8,9,10,11) puis deux fois (21,22,23). Le dessin de la ligne<br />

vocale nous rappelle celui des paroles du Christ dans le numéro précédent. Nous retrouvons le<br />

même dessin de vocalises qui tourne autour d'une note de base avant de se développer, comme le<br />

font les hautbois. (Illustration 4 )<br />

Illustration 4<br />

Le texte de la partie A est plus court que celui de la partie B, mais Bach le répète plus souvent. J'ai<br />

l'impression qu'à chaque répétition il met en valeur les différents éléments de manière singulière. <strong>La</strong><br />

première fois (mesure 7 à 12) il met en valeur la première partie de la phrase en l'amenant sur la<br />

note la plus aiguë puis le senke dich en le répétant trois fois de suite et en le réalisant sur une<br />

vocalise. <strong>La</strong> deuxième fois (13 à 16) il me semble qu'il insiste un peu plus sur chaque élément en<br />

leur rajoutant des ornements, mais il ne fait aucune répétition. <strong>La</strong> troisième fois, il insiste sur Mein<br />

Herze schenken en le répétant et en vocalisant le schenken. A ce moment, le premier hautbois a une<br />

longue tenue (la seule du morceau) peut-être pour démontrer l'infinité des sentiments du chrétien<br />

pour son sauveur. C'est peut -être simplement une question d'écriture, au moment où la voix se met<br />

à vocaliser, le premier hautbois lui laisse la place pour ne pas créer un trop plein de notes. Il met<br />

ensuite le point le plus aigu de la phrase sur Senke en le répétant à nouveau. Les hautbois font des<br />

entrées en canon. Petit à petit, la voix reprend des éléments joués par les hautbois. Par exemple, le<br />

thème de la première mesure est repris aux mesures 18, 19 et 20 par la voix, les notes jouées au<br />

mesures 9 et 10 par le premier hautbois sont reprises par la voix aux mesures 20, 21 et 22 et alors<br />

un dialogue s'installe entre la voix et les hautbois, comme si les hautbois devenaient l'écho de la<br />

voix. C'est un peu comme si les hautbois laissaient la place à la voix. En effet, le thème principal de<br />

l'introduction devient contre-chant lorsque la voix entre puis reprend sa place à la mesure 25 et par<br />

la différence de longueur des notes, aux mesures 20, 21, 22, le motif, qui était initialement au<br />

hautbois, devient écho de la voix.<br />

Dans la partie B, le texte est quant à lui répété deux fois, et à chaque fois en un seul bloc. Nous<br />

pouvons diviser la partie B en trois sections. <strong>La</strong> première (première exposition du texte) de la<br />

mesure 31 à 37, la deuxième (sorte de divertissement) de la mesure 38 à 41 et la troisième (seconde<br />

exposition du texte) de la mesure 42 à 48. Dans cette deuxième partie, Bach souligne le texte par un<br />

jeu de tessitures. En effet, sur le mot will, il demande un intervalle ascendant puis un motif<br />

descendant sur versenken, un grand saut d'intervalle sur Welt et il élargit le rythme cadentiel sur<br />

Himmel sein. A mon avis cette mise en exergue démontre un peu le même principe que dans la<br />

partie A. Avec l'ascension, il décrit le chrétien qui se lève vers le Christ pour s'incliner ensuite<br />

devant lui. Avec le saut important sur le mot Welt et le rythme cadentiel élargi, il donne une certaine<br />

importance, un côté solennel à l'univers et au ciel. Le texte évoque que le Christ est plus important<br />

que le ciel et la terre et pourtant Bach met en évidence le mot « ciel ». Les notes les plus aiguës du<br />

passage sont sur les paroles Welt, mir et Himmel. Pour moi il montre l'importance déjà élevée de<br />

l'Univers et place le Christ au-dessus de tous. Avec le mir à la même hauteur que Welt et Himmel,<br />

Bach oppose alors au ciel et à l'univers l'humble chrétien pour qui la Passion du Christ est plus<br />

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