La passion selon Saint Matthieu - HEMU

choral chanté par l'assemblée. Pour répondre à cette nouvelle réforme, Luther s'associe à des
compositeurs et la production de musique pour le culte n'a cessé de croître jusqu'au début du
XVIII ème siècle. Luther publie deux textes de grande importance: Formula missae et communionis
(1523) et Deutsche Messe und Ordnung Gottesdienst (1526). Si dans son premier écrit, il fait part
de son envie de conserver la langue latine, ce n'est que dans le deuxième qu'apparaît l'idée de
changer la langue du culte, sans la rendre obligatoire, ainsi que de modifier le service religieux.
Luther laisse cependant la liberté d'organisation et de structure du culte à chaque communauté. La
musique devient une partie indispensable au culte et Luther part du principe augustinien que le
chant est comme une prière dite deux fois. Le choral allemand donne la possibilité aux fidèles de
participer activement au culte.
Les premières passions en allemand apparaissent avec Johann Walter. Ce sont des passions-répons
destinées au culte. On y retrouve une certaine simplicité afin de faciliter la compréhension.
Progressivement, la notion de cantus firmus disparaît et les passions deviennent de plus en plus
expressives. Heinrich Schütz compose quatre passions sur le texte des quatres évangélistes, il est
souvent présenté comme le précurseur des passions de J.-S. Bach et mène à sa fin la passion a
capella.
La passion au XVIII ème siècle
Au XVIII ème siècle, apparaît la passion oratorio dans un style opératique. Des livrets propres à la
passion font leur apparition, le drame commence à être traité tel un vrai livret d'opéra. Le texte libre
offre de nouvelles possibilités aux compositeurs.
La basse continue et l'orchestre s'introduisent dans la passion tout comme ils se sont introduits dans
les autres genres de l'époque. Peu à peu, la passion allemande se mêle avec les éléments de
l'oratorio et de l'opéra italien. Un des livrets de la passion le plus connu et qui a influencé le plus de
compositeurs, est celui de Barthold Heinrich Brockes. On y retrouve les mêmes éléments que dans
l'opéra et dans l'oratorio. Par exemple, dans ses passions G.-F. Händel compose des ariosos, des
récitatifs, des airs, des duos et des choeurs. Le texte évangélique est partagé entre plusieurs solistes.
Les passions de J.S. Bach sont des passions oratorio. La réforme de Luther occupe une place
importante dans l'art de J.S. Bach. En effet, il lit tous les écrits de Luther et il applique la pensée de
ce dernier aussi bien à sa vie quotidienne qu'à ses compositions. Bach a repris pour ses passions des
procédés introduits par Heinrich Schütz: la déclamation s'appuie sur la prosodie de la langue et les
choeurs sont traités à la manière d'un madrigal; ainsi que ceux introduits par Johann Sebastiani: en
forme d'oratorio, en y introduisant des récits libres et de quelques passages lyriques. Il a également
recopié les passions de G.-F. Händel dont il a retenu l'esprit, mais il a réussi à dépasser tous ses
prédécesseurs grâce à la richesse de son invention musicale et à l'ampleur de ses compositions.
Après J.-S. Bach, il n'y aura pas d'autres passions du même genre.
Dans la deuxième moitié du XVIII ème siècle et au XIX ème siècle, deux nouveaux types de passions se
développent, sur des textes en vers: l'oratorio de la passion et la cantate de la passion, à caractère
plus contemplatif et dramatique que narratif.
La passion au XIX ème et XX ème siècle
Au XIX ème siècle, la fonction de la musique chorale et sacrée change avec l'apparition des concerts
publics et des différents festivals. La musique sacrée sort de son contexte religieux pour la première
fois avec le Requiem de Verdi. Vers 1850, il y a un regain d'intérêt pour l'histoire de la musique
sacrée mais il n'y aura pas de nouvelle passion composée avant 1896 avec Die Passion de
Herzogenberg.
On trouve des passions au XX ème siècle, dont une de Penderecki et une de Collums. Pour sa Passion,
Penderecki fait référence à Bach avec la division de son oeuvre en deux parties, la répartitions des
rôles et en introduisant la série de notes donnée par les lettres BACH. Il utilise des procédés avantgardistes
dans le traitement de l'orchestre et les recherches sonores. Les passions composées au
XX ème siècle le sont uniquement pour des concerts.
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