Petits coins de paradis

PATRIMOINE
Protestantisme
Protestantisme : la religion du Désert
30 Sud de France
Points de vue cathares
Vigies de pierre au cœur des Corbières et de la Montagne Noire, les châteaux
cathares montent une garde attentive sur le silence des siècles. Aguilar, Quéribus,
Puilaurens, Peyrepertuse… Perchées sur leur piton rocheux, les « citadelles du
vertige » gardent en mémoire le rêve d’un monde meilleur, celui des « Parfaits ».
Les paysages escarpés des Corbières ont le sens
de la mise en scène, dirait-on. Mais, ce sont les
seigneurs du Moyen Age et les rois de France qui
ont su profiter de l’aspect stratégique des vertigineuses
parois rocheuses. La chaîne des châteaux - Peyrepertuse,
Quéribus, Aguilar… - forme une fascinante ceinture de
vigilance accrochée aux crêtes calcaires les plus inhospitalières.
Avec leur architecture militaire perfectionnée
de siècle en siècle, et parce qu’ils étaient liés à l’ancienne
frontière du royaume d’Aragon, ils ont également joué un
précieux rôle dans des événements touchant aux Cathares.
Ces derniers - encore appelés
« L’épisode de
Montségur a
marqué les
esprits. »
« Bonshommes » ou « Parfaits » -,
adeptes d’un certain christianisme
venu d’Orient, prônaient le retour
aux valeurs primitives de la religion
et se heurtaient au catholicisme de
Rome. Le sac de Béziers en 1209, et
ses 22 000 morts, annonça leurs années noires, celles
de la croisade contre les Albigeois qualifiés d’hérétiques.
Déclenchée par Innocent III, chef de l’Eglise de Rome, elle
est la première en terre chrétienne. Les châteaux gagnent
leur titre de « cathares », en se faisant refuges pour ces
« Parfaits » traqués par la tristement célèbre Inquisition.
Les forteresses ont assisté aux dernières heures d’hommes
et de femmes aux convictions profondes. En 1321,
le dernier « Parfait », Guilhem Bélibaste, sera brûlé dans
l’enceinte du château de Villerouge-Termenès.
Languedoc-Roussillon, terre d’histoire sur
www.sunfrance.com
Au cours des âges, ces « citadelles du vertige » ont continué
d’évoluer de par leur rôle défensif, mais la signature du
Traité des Pyrénées en 1659, statuant sur le rattachement
du Roussillon au royaume de France sous Louis XIV, clôturera
définitivement leur chapitre historique. Points de vue
imprenables, aujourd’hui destinations fascinantes de nos
pérégrinations culturelles, les châteaux cathares abritent
spectacles et conférences. Chaque année, ils accueillent
des milliers de visiteurs, dont certains, captivés, viennent
grossir les rangs des inconditionnels du pays Cathare.
S’informer
• Office de tourisme de Carcassonne
Tél. : 04 68 10 24 30 - www.carcassonne.org
• Association des Sites du Pays Cathare : elle regroupe
19 abbayes, musées, 11 châteaux (Aguilar/Tuchan, Arques,
Carcassonne, Lastours, Peyrepertuse/Duilhac, Puilaurens,
Quéribus/Cucugnan, Saissac, Termes, Usson, Villerouge
Termenès) à Carcassonne.
Tél. : 04 68 11 37 97 - www.payscathare.org
• Centre d’études Cathares René Nelli : il publie la revue Heresis
(histoire approfondie du catharisme) et un trimestriel
grand public, Histoire du catharisme. C’est aussi
un centre de documentation spécialisé ouvert au public,
qui propose expositions et conférences.
Musée René Nelli à la Maison des mémoires de Carcassonne
Tél. : 04 68 47 24 66
Le rôle du Languedoc et des Cévennes est fédérateur dans l’histoire du
protestantisme. Devenu au temps des guerres de religions le fief de la communauté
protestante, ce pays de montagnes, éloigné des villes, offrit la plus sûre cachette aux
résistants contraints de vivre clandestinement leur foi. Le Désert est aujourd’hui
un musée et un lieu de rassemblement pour la communauté protestante française
et étrangère. On peut en Cévennes, parcourir ces chemins de la foi qui furent aussi
des chemins d’esclavage : en baie d’Aigues Mortes, la Tour de Constance rappelle
le triste sort rencontré par des centaines d’hommes et de femmes capturés, et qui
continuèrent, à leur manière, de résister.
La religion protestante a connu sa traversée du
Désert. Compris dans son acceptation biblique, le
« Désert » définit, dans l’histoire du protestantisme
français, une période s’étendant de la Révocation de l’Edit
de Nantes (1685) à la Révolution Française. Privée de ses
temples et pasteurs, interdite de culte, la « religion du
livre » comme on l’appelle aussi, vient vivre sa foi dans
les caches, nombreuses, qu’offrent les Cévennes, pays
de montagnes et de forêts. On communie « au Désert »,
à la faveur d’une grotte, d’un ravin, comme c’est toujours
le cas au Mas Soubeyran, sur la commune de Mialet
dans le Gard. Depuis sa création le 24 septembre 1911,
l’assemblée du Désert, grand rassemblement protestant
organisé chaque premier dimanche de septembre, réunit
près de 20 000 personnes sous les chênes et châtaigniers
d’un mas devenu lieu de mémoire.
Si les Cévennes furent une terre de liberté et d’exil pour
la communauté protestante, les chemins de la foi empruntés
par des milliers d’entre eux furent aussi, pour
des centaines d’hommes et femmes moins fortunés, des
chemins d’esclavage. Capturés par les Dragons du Roi,
«Le prêche au Désert », tableau de Jeanne Lombard (1934),
illustre les assemblées clandestines qui s’organisaient couramment
en Cévennes après la révocation de l’Edit de Nantes.
et parce qu’ils refusaient d’abjurer leur foi, ils étaient
acheminés vers le port d’Aigues Mortes. Les hommes
étaient embarqués pour les galères aux côtés des « forçats
du roi », les femmes, emprisonnées à vie dans la tour de
Constance pour « crime de religion ». La plus célèbre
d’entre elles, Marie Durand, enfermée pendant 38 ans,
grava ces mots qu’on peut, aujourd’hui encore, lire sur
la pierre : « résister ».
• Musée du Désert, le Mas Soubeyran à Mialet
Tél. : 04 66 85 02 72 - www.museedudesert.com
• Office de Tourisme d’Aigues-Mortes
Tél. : 04 66 53 73 00 - www.ot-aiguesmortes.fr
• www.monuments-nationaux.fr
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