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Des médicaments au service de l'humanité - Medicines for Mankind

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TOME 3<br />

<strong>Des</strong> <strong>médicaments</strong><br />

<strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>de</strong> l’humanité<br />

LA RECHERCHE D’AUJOURD’HUI,<br />

LES TRAITEMENTS DE DEMAIN<br />

fe<strong>de</strong>ration europeenne d’associations et d’industries pharmaceutiques


Remerciements<br />

La brochure «<strong>Medicines</strong> <strong>for</strong> <strong>Mankind</strong>» (Volume 3) a été rédigée par le Dr. Robert Geursen.<br />

Nous le remercions d’avoir <strong>au</strong>torisé l’utilisation <strong>de</strong> son travail. Nous souhaitons également<br />

exprimer notre gratitu<strong>de</strong> <strong>au</strong> Comité <strong>de</strong> Rédaction: Peter Heer, Bill Kirkness, Philippe Loewenstein,<br />

Dr. Jean-Marie Muschart et Marie-Claire Pickaert.<br />

La traduction française proposée par Cyril Sitbon (A. A. A. Traductions, Paris) et IPAC Traduction (Paris)<br />

a été revue par la Direction Communication du LEEM. La supervision scientifique et médicale<br />

a été assurée par le Dr. Jean-Marie Muschart (HCS). L’édition et la production ont été coordonnées<br />

par Marie-Claire Pickaert. Nous les remercions pour le temps qu’ils et elles ont consacré<br />

à la rédaction minutieuse <strong>de</strong>s textes.<br />

Nous remercions également les membres du Groupe <strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong> Recherche <strong>de</strong> l’EFPIA,<br />

présidé par Dr. Jonathan Knowles, ainsi que Karima Boubekeur.<br />

Pour la production <strong>de</strong>s photos et pour nous avoir donné accès à leurs institutions <strong>de</strong> soins et à<br />

leurs installations, nous remercions: Lan<strong>de</strong>r Loeckx (photographie), le Prof. Dr. José Ramet<br />

(AZ VUB, Bruxelles, Belgique), la Fondation Damien (Bruxelles), l’Institut <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine tropicale<br />

(Anvers), Dr. Jean-Marie Muschart (scénario et conseils médic<strong>au</strong>x), Kwikzilver & Quasi (casting),<br />

Koen <strong>de</strong> Visscher (production).<br />

Nous tenons à remercier plus particulièrement toutes les personnes et les patients qui ont donné<br />

leur accord pour figurer dans cette brochure.<br />

Pour son ai<strong>de</strong> dans la gestion <strong>de</strong>s tâches <strong>de</strong> secrétariat, nous remercions Maria Curatolo et<br />

Fabienne Muylle.


L’innovation biopharmaceutique: un besoin pour les<br />

patients européens et pour l’économie européenne<br />

Dr. Franz B. Humer, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’EFPIA,<br />

Prési<strong>de</strong>nt Directeur Général du Groupe Roche<br />

L’Union européenne a déclaré que l’un <strong>de</strong> ses princip<strong>au</strong>x objectifs consistait à construire,<br />

en Europe, d’ici 2010, l’économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et<br />

la plus dynamique <strong>au</strong> mon<strong>de</strong>. L’EFPIA soutient cet objectif et, notamment, est<br />

convaincue que la base scientifique qui existe en Europe dans le domaine <strong>de</strong> la<br />

recherche biomédicale <strong>de</strong>vrait être ren<strong>for</strong>cée par <strong>de</strong>s ef<strong>for</strong>ts conjoints <strong>de</strong> l’industrie<br />

et du secteur public.<br />

L’évolution actuelle <strong>de</strong> la science biomédicale – avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la génomique, <strong>de</strong> la<br />

protéomique et les progrès réalisés dans les biotechnologies – a suscité <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

espoirs dans les domaines <strong>de</strong> la prévention, du traitement et <strong>de</strong> la guérison <strong>de</strong> maladies<br />

graves. Trop <strong>de</strong> maladies <strong>de</strong>meurent incurables et les patients atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

solutions innovantes dans le domaine <strong>de</strong> la santé.<br />

Pendant plus <strong>de</strong> cent ans, l’Europe a été le lea<strong>de</strong>r mondial <strong>de</strong> la recherche et <strong>de</strong><br />

l’innovation pharmaceutique. Les nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> développés en Europe ont<br />

trans<strong>for</strong>mé non seulement la prophylaxie et le traitement <strong>de</strong> la maladie, mais <strong>au</strong>ssi la<br />

qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s en Europe et partout ailleurs dans le mon<strong>de</strong>. Mais cette<br />

prédominance <strong>de</strong> l’Europe dans le domaine <strong>de</strong> la recherche biomédicale a subi <strong>de</strong>s<br />

changements spectaculaires <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnières années et le centre <strong>de</strong> gravité<br />

<strong>de</strong> notre industrie s’est déplacé, peu à peu, mais <strong>de</strong> manière régulière, <strong>de</strong> l’Europe vers<br />

les Etats-Unis, où l’environnement est plus attractif pour les investissements en recherche<br />

et développement et où l’innovation pharmaceutique se trouve davantage encouragée.<br />

L’industrie pharmaceutique fondée sur la recherche continue d’être le moteur <strong>de</strong> l’innovation<br />

dans le domaine du médicament. Les entreprises du médicament sont à l’origine<br />

du développement <strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> et <strong>de</strong>s vaccins que l’on utilise<br />

pour combattre les maladies. L’innovation médicale est un processus long, où chaque<br />

pas en avant se traduit par un bénéfice pour les patients. Les <strong>médicaments</strong> ont fait<br />

d’énormes progrès, mais <strong>de</strong>s améliorations sont encore nécessaires. Les avancées réalisées<br />

dans les domaines <strong>de</strong> la science médicale, <strong>de</strong>s biotechnologies et dans la connaissance<br />

chaque jour plus poussée <strong>de</strong> la génétique, ouvrent <strong>au</strong>jourd’hui la porte à une<br />

nouvelle approche du traitement et <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s maladies.<br />

Le troisième tome <strong>de</strong> la publication «<strong>Des</strong> <strong>médicaments</strong> <strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>de</strong> l’humanité» vient<br />

ajouter <strong>au</strong>x cinquante maladies déjà décrites dans les <strong>de</strong>ux tomes précé<strong>de</strong>nts vingtcinq<br />

nouvelles pathologies. Il rappelle les solutions dont nous disposons <strong>au</strong>jourd’hui<br />

pour y faire face et les défis que l’innovation <strong>de</strong>vra relever pour <strong>de</strong>main. Cet ouvrage<br />

illustre une nouvelle fois les ef<strong>for</strong>ts consacrés par les entreprises pharmaceutiques à la<br />

recherche <strong>de</strong> traitements plus per<strong>for</strong>mants et plus spécifiques.<br />

Encourager la recherche et le développement nécessite le maintien <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong><br />

la propriété intellectuelle à un nive<strong>au</strong> élevé et la mise en œuvre d’une politique industrielle<br />

active. Récompenser l’innovation implique que les nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> soient<br />

mis sur tous les marchés européens, dans <strong>de</strong>s délais raisonnables et à <strong>de</strong>s prix équitables.<br />

La recherche biomédicale fondamentale et pré-compétitive a besoin <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

ressources. L’EFPIA soutient la mise en oeuvre <strong>de</strong> l’Initiative sur les Médicaments innovants<br />

lancée par la Commission. Ce programme est orienté vers <strong>de</strong>s domaines tels que<br />

la recherche translationnelle, le développement <strong>de</strong> marqueurs biologiques, la toxicogénétique,<br />

les diagnostics moléculaires et la bio-in<strong>for</strong>matique. Elle a pour but la mo<strong>de</strong>rnisation<br />

du processus <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong>.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

3


Grâce à une telle stratégie d’innovation, dont l’objectif est avant tout <strong>de</strong> stimuler la<br />

recherche et le développement en Europe et <strong>de</strong> récompenser l’innovation, notre<br />

industrie continuera d’être per<strong>for</strong>mante et capable d’améliorer la santé en Europe ainsi<br />

que <strong>de</strong> mettre plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> innovants à la disposition<br />

<strong>de</strong>s patients européens. De surcroît, elle contribuera à la croissance économique, à la<br />

création <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x emplois, à l’accroissement du nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> ses salariés<br />

et garantira ainsi <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> vie élevés en Europe. Je suis convaincu que tous<br />

ensemble, en unissant nos ef<strong>for</strong>ts à ceux du secteur public, nous serons capables <strong>de</strong><br />

stimuler la recherche biomédicale en Europe, dans l’intérêt <strong>de</strong>s patients, <strong>de</strong> notre<br />

industrie et <strong>de</strong> l’économie européenne.<br />

L’accès <strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> innovants donne <strong>de</strong> l’espoir <strong>au</strong>x populations et soulage<br />

leurs souffrances. Notre industrie est fière <strong>de</strong> contribuer à l’amélioration <strong>de</strong>s soins<br />

délivrés <strong>au</strong>x patients: c’est là un objectif que doivent partager tous les acteurs du<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé qui travaillent ensemble, en partenariat, dans l’intérêt <strong>de</strong>s<br />

patients.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

4


Consensus sur la recherche biomédicale<br />

Dr. Jonathan Knowles, Prési<strong>de</strong>nt du Groupe<br />

<strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong> Recherche <strong>de</strong> l’EFPIA,<br />

Directeur <strong>de</strong> la Recherche Globale <strong>de</strong> Roche<br />

L’industrie pharmaceutique possè<strong>de</strong> une responsabilité unique: développer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

<strong>médicaments</strong> et contribuer à l’amélioration <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong>s populations à travers<br />

le mon<strong>de</strong>. Face à l’immensité <strong>de</strong>s besoins médic<strong>au</strong>x encore insatisfaits, face <strong>au</strong>x défis<br />

toujours plus importants dans le domaine <strong>de</strong> la santé, tels que les changements démographiques<br />

et les maladies émergentes, la responsabilité <strong>de</strong> la découverte et du développement<br />

<strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> n’a jamais été <strong>au</strong>ssi importante qu’<strong>au</strong>jourd’hui.<br />

La cartographie du génome humain et les <strong>au</strong>tres avancées scientifiques, parallèlement<br />

<strong>au</strong> développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nouvelles technologies, ouvrent <strong>de</strong> nouvelles<br />

voies <strong>au</strong>x chercheurs. Celles-ci leur permettront d’améliorer le processus <strong>de</strong> développement<br />

<strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> et <strong>de</strong> stimuler l’innovation, <strong>de</strong>puis la découverte <strong>de</strong> nouvelles<br />

cibles pour les <strong>médicaments</strong> jusqu’à la validation clinique et l’enregistrement <strong>de</strong>s<br />

nouve<strong>au</strong>x traitements. Il est évi<strong>de</strong>nt que les investissements réalisés dans les sciences<br />

fondamentales et dans les nouvelles technologies – et <strong>de</strong>stinés à comprendre la<br />

nature <strong>de</strong>s maladies – profiteront <strong>au</strong>x mala<strong>de</strong>s du mon<strong>de</strong> entier.<br />

Le développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements <strong>de</strong>stinés à prévenir et à traiter les maladies<br />

repose sur la trans<strong>for</strong>mation en applications cliniques <strong>de</strong>s découvertes <strong>de</strong> la<br />

recherche fondamentale et <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong>s techniques biologiques. Les projets <strong>de</strong><br />

recherche menés dans les laboratoires <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s entreprises pharmaceutiques<br />

visent essentiellement à trans<strong>for</strong>mer une compréhension toujours plus poussée <strong>de</strong>s<br />

mécanismes moléculaires responsables <strong>de</strong>s maladies en traitements efficaces, pour le<br />

plus grand bénéfice <strong>de</strong>s patients.<br />

Les défis scientifiques et médic<strong>au</strong>x qui nous atten<strong>de</strong>nt dans l’avenir sont bien trop<br />

importants pour qu’un seul groupe, quel qu’il soit, puisse y faire face tout seul. Aucune<br />

entreprise pharmaceutique, <strong>au</strong>cune université, ne pourra résoudre les problèmes<br />

médic<strong>au</strong>x <strong>au</strong>xquels sont confrontés les patients dans le mon<strong>de</strong> en travaillant seule.<br />

Tous les acteurs qui interviennent dans le processus <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

doivent travailler ensemble pour repousser encore les frontières <strong>de</strong> la science.<br />

C’est ainsi que, tous ensemble, nous pourrons réellement faire la différence, dans l’intérêt<br />

<strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> la société. L’industrie pharmaceutique est d’ailleurs engagée<br />

dans <strong>de</strong>s partenariats avec le secteur public afin <strong>de</strong> découvrir et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />

nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> plus efficaces.<br />

L’Initiative sur les Médicaments Innovants prise par la Commission européenne est un<br />

<strong>for</strong>um suivi par le Groupe <strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong> la Recherche <strong>de</strong> l’EFPIA. Elle a pour<br />

objectif d’accélérer la recherche biomédicale afin <strong>de</strong> nous permettre <strong>de</strong> mieux comprendre<br />

l’efficacité réelle et la sécurité <strong>de</strong>s nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> et d’améliorer<br />

ainsi <strong>de</strong> manière significative le processus actuel <strong>de</strong> développement. Ce projet <strong>de</strong>vrait<br />

favoriser les partenariats public-privé coordonnés entre tous les acteurs concernés et<br />

permettre <strong>de</strong> faire face <strong>au</strong>x défis scientifiques majeurs que pose le processus <strong>de</strong><br />

recherche et <strong>de</strong> développement. Elle <strong>de</strong>vrait accélérer l’accès <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x traitements<br />

innovants et revitaliser l’environnement scientifique en Europe.<br />

Les progrès spectaculaires réalisés <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années dans les technologies<br />

moléculaires, dans les sciences fondamentales et en mé<strong>de</strong>cine, ouvrent une ère<br />

passionnante, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> laquelle nous serons capables <strong>de</strong> mettre ces connaissances<br />

en application, afin <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s approches totalement nouvelles <strong>de</strong> lutte contre la<br />

maladie et <strong>de</strong> créer ainsi un lea<strong>de</strong>rship <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s sciences biomédicales, pour le<br />

plus grand bénéfice <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> la société.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

5


Les avancées<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> moléculaire<br />

«Sans cette gran<strong>de</strong> variabilité entre les personnes, la Mé<strong>de</strong>cine pourrait être une<br />

Science et non un Art.» Ce constat, que le mé<strong>de</strong>cin canadien, Sir William Osler (1849-<br />

1919) établissait en 1892, dans son livre intitulé: «Les principes et la pratique <strong>de</strong> la<br />

mé<strong>de</strong>cine», s’avère <strong>au</strong>tant d’actualité <strong>au</strong>jourd’hui qu’il l’était il y a plus d’un siècle. Il<br />

reste toujours exact, en effet, que les <strong>médicaments</strong> agissent parfois comme souhaité,<br />

mais parfois non, que certains patients peuvent bien tolérer un traitement et d’<strong>au</strong>tres<br />

non et que les <strong>médicaments</strong> peuvent parfois présenter <strong>de</strong>s effets secondaires sérieux.<br />

Ces différences sont dues, en partie <strong>au</strong> moins, à nos gènes, à notre matériel génétique<br />

qui fait en sorte que chacun d’entre nous est unique en son genre et qui fait donc<br />

réagir chacun d’entre nous <strong>de</strong> manière différente <strong>au</strong>x substances chimiques.<br />

La biologie mo<strong>de</strong>rne peut nous ai<strong>de</strong>r à comprendre les conséquences médicales <strong>de</strong> ces<br />

différences et <strong>de</strong> fait, elle nous a déjà permis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> nombreux facteurs génétiques<br />

qui exercent une influence sur l’action <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> – soit en modifiant la<br />

manière dont l’organisme réagit vis-à-vis d’un médicament, soit en influant sur l’évolution<br />

d’une maladie donnée. Une nouvelle discipline scientifique – la pharmacogénomique<br />

– traite spécifiquement <strong>de</strong>s relations entre notre génome et les effets <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong>.<br />

Dans le même temps, une attention plus soutenue est portée <strong>au</strong>x principales cibles<br />

<strong>de</strong>s traitements médicamenteux, à savoir les protéines. Dans ce domaine également,<br />

une nouvelle branche <strong>de</strong> la science est apparue, que l’on appelle protéomique et qui<br />

consiste à étudier l’ensemble <strong>de</strong>s protéines d’un organisme ainsi que les interrelations<br />

complexes qui existent entre elles. Ainsi, tout en nous permettant d’en savoir plus sur<br />

les in<strong>for</strong>mations génétiques qui nous fournissent le schéma directeur <strong>de</strong> la synthèse<br />

<strong>de</strong>s protéines, cette science nous dresse un table<strong>au</strong> jamais <strong>au</strong>ssi précisément détaillé<br />

du fonctionnement normal et du dysfonctionnement <strong>de</strong> l’organisme <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> moléculaire.<br />

La compréhension <strong>de</strong>s interactions qui existent chez le patient entre les facteurs héréditaires<br />

et non héréditaires constitue une étape essentielle dans la recherche <strong>de</strong> traitements<br />

mieux ciblés et plus personnalisés. En effet, les applications <strong>de</strong> la biologie<br />

moléculaire permettent <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong> développer une nouvelle approche du diagnostic<br />

et du traitement, que l’on appelle «mé<strong>de</strong>cine moléculaire». Groupées sous ce<br />

terme, on trouve un grand nombre <strong>de</strong> techniques et <strong>de</strong> disciplines <strong>de</strong> la recherche<br />

mo<strong>de</strong>rne, toutes <strong>au</strong>ssi importantes les unes que les <strong>au</strong>tres, dont la pharmacogénomique,<br />

la recherche <strong>de</strong> nouvelles cibles pour les <strong>médicaments</strong>, la recherche sur le protéome,<br />

la recherche <strong>de</strong>s petites, mais non moins importantes, différences génétiques<br />

connues sous le nom <strong>de</strong> «polymorphismes d’un seul nucléoti<strong>de</strong>» (SNPs), ainsi que la<br />

recherche <strong>de</strong> nouvelles techniques, telles que l’amplification en chaîne par polymérase<br />

(ou ACP) et les puces à ADN.<br />

Le changement <strong>de</strong> paradigme<br />

Il n’est pas possible <strong>au</strong>jourd’hui <strong>de</strong> dire avec précision quand a débuté la révolution<br />

qui a mené peu à peu à la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne. Peut-être était-ce <strong>au</strong> 18ème siècle,<br />

quand les ventouses étaient encore considérées comme <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s efficaces pour le<br />

mal <strong>de</strong> tête, le cancer et le choléra Mais même à cette époque, tout traitement médical<br />

était précédé d’un examen clinique. Le diagnostic était généralement établi sur la<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

7


ase d’un ensemble <strong>de</strong> signes et <strong>de</strong> symptômes – l’art du diagnostic n’avait rien <strong>de</strong><br />

plus à offrir que cela. Au milieu du 18ème siècle, <strong>de</strong>s savants tels que l’anatomiste italien<br />

Giovanni Battista Morgagni (1682-1771) se sont attachés à i<strong>de</strong>ntifier le siège <strong>de</strong>s<br />

maladies <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’organisme. Tandis que Morgagni poursuivait ses trav<strong>au</strong>x sur les<br />

«composants soli<strong>de</strong>s» du corps et plus particulièrement sur les organes du corps<br />

humain, le mé<strong>de</strong>cin français Marie-François-Xavier Bichat (1771-1802) commençait à<br />

distinguer les différents tissus <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s organes. Tous <strong>de</strong>ux reconnaissaient que l’on<br />

ne pouvait traiter correctement les troubles fonctionnels que si on les comprenait bien<br />

et qu’un «déséquilibre <strong>de</strong>s humeurs» (liqui<strong>de</strong>s corporels), impossible à mesurer et à<br />

définir, ne s’y prêtait pas bien.<br />

Cette recherche acharnée <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses constitue le moteur <strong>de</strong> la révolution progressive<br />

<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine qui s’est mise en place à partir <strong>de</strong> l’époque <strong>de</strong> Morgagni et qui a permis<br />

<strong>de</strong> progresser <strong>de</strong>s traitements symptomatiques <strong>au</strong>x traitements <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses. Pour y<br />

parvenir, mé<strong>de</strong>cins et chercheurs se sont attachés à examiner plus profondément<br />

encore le corps humain. L’une <strong>de</strong>s étapes les plus importantes à ce jour a été franchie<br />

en 1858 par l’anatomopathologiste berlinois Rudolf Virchow (1821-1902) dont les<br />

trav<strong>au</strong>x sur la pathologie cellulaire ont attiré l’attention sur les cellules qui constituent<br />

tous les organes <strong>de</strong> notre corps. Plus tard, <strong>au</strong> 20ème siècle, l’attention s’est focalisée<br />

<strong>de</strong> plus en plus sur les processus vit<strong>au</strong>x qui se déroulent <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> cellulaire.<br />

Tous ces ef<strong>for</strong>ts et toutes ces découvertes ont finalement poursuivi un objectif unique:<br />

disposer <strong>de</strong> traitements plus précis. Les objectifs consistent à i<strong>de</strong>ntifier les c<strong>au</strong>ses d’une<br />

maladie, à envisager les possibilités d’intervention, puis à inst<strong>au</strong>rer un traitement efficace.<br />

Ces objectifs sont plus pertinents <strong>au</strong>jourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été <strong>au</strong>paravant.<br />

En les poursuivant, la recherche abor<strong>de</strong> à présent la prochaine étape, une étape capitale,<br />

qui consiste à replacer la pathologie cellulaire dans le cadre <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine moléculaire.<br />

La génétique, la génomique et la protéomique ouvrent à présent <strong>de</strong>s perspectives<br />

complètement nouvelles dans les domaines du diagnostic et <strong>de</strong> la thérapeutique.<br />

Le rése<strong>au</strong> moléculaire <strong>de</strong> la cellule<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

8<br />

Membrane<br />

cellulaire<br />

Cytoplasme<br />

Thymine<br />

Cytosine<br />

Double hélice d’ADN<br />

Adénine<br />

Guanine<br />

Noy<strong>au</strong><br />

Double hélice d’ADN<br />

Chaque maladie est influencée par un nombre plus ou moins grand <strong>de</strong> facteurs. Parmi<br />

ceux-ci, d’une part, <strong>de</strong>s facteurs environnement<strong>au</strong>x ou externes, tels que les toxines,<br />

les radiations, les agents infectieux, l’angoisse, les facteurs individuels, tels que le<br />

sexe, l’âge, le comportement, l’alimentation, le stress, et bien d’<strong>au</strong>tres facteurs encore,<br />

et d’<strong>au</strong>tre part les prédispositions génétiques qui déterminent notre corps à réagir<br />

d’une certaine façon. De petites modifications <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> nos gènes peuvent<br />

déclencher, empêcher, favoriser ou atténuer les maladies. Il en va <strong>de</strong> même pour les<br />

influences extérieures. La combinaison <strong>de</strong> tous ces facteurs déterminera si, quand et<br />

avec quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sévérité telle maladie va affecter telle personne.<br />

Les protéines jouent un rôle central dans la médiation <strong>de</strong> ces effets. Elles lisent et élaborent<br />

les copies <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s gènes; elles exécutent les instructions, tout en régulant


en même temps l’action <strong>de</strong>s gènes; elles reçoivent <strong>de</strong>s sign<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’environnement, les<br />

transmettent et les incorporent dans le rése<strong>au</strong> moléculaire <strong>de</strong> la cellule. Et c’est précisément<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> cette interaction entre l’environnement, les gènes et les protéines<br />

(ainsi que d’<strong>au</strong>tres substances, toutes <strong>au</strong>ssi importantes et différentes selon les cas),<br />

que les <strong>médicaments</strong> produisent leurs effets. Ils agissent directement sur les molécules<br />

qui constituent notre corps – et, <strong>de</strong> ce fait, se comportent eux-mêmes comme <strong>de</strong>s facteurs<br />

environnement<strong>au</strong>x extrêmement influents. Plus nous en s<strong>au</strong>rons sur les actions<br />

<strong>de</strong>s molécules dans notre organisme et plus la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne pourra intervenir<br />

efficacement, lorsque ces actions sont perturbées.<br />

• Toute molécule nouvellement découverte, qui joue un rôle dans le développement<br />

d’une maladie, constitue une cible potentielle pour les <strong>médicaments</strong>. Ainsi, par<br />

exemple, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, les chercheurs ont découvert un nombre<br />

croissant d’oncogènes, c’est-à-dire <strong>de</strong> gènes favorisant le cancer. De nombreux<br />

agents anticancéreux agissent en rétablissant la fonction normale <strong>de</strong>s produits élaborés<br />

par ces gènes.<br />

• Connaître la structure, c’est-à-dire la <strong>for</strong>me tridimensionnelle,<br />

d’une molécule-cible, permet<br />

Terminologie<br />

<strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r à l’avance si une substance donnée<br />

est douée d’un potentiel médicamenteux quelconque.<br />

La conception rationnelle <strong>de</strong> médica-<br />

l’efficacité <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> et sur leurs effets secondaires.<br />

La pharmacogénétique décrit l’influence <strong>de</strong>s gènes sur<br />

ments assistée par ordinateur peut largement<br />

réduire le nombre <strong>de</strong> produits qu’il f<strong>au</strong>dra<br />

La pharmacogénomique étudie les interactions entre les<br />

sélectionner pour le développement.<br />

<strong>médicaments</strong> et le génome.<br />

La pharmacocinétique étudie l’assimilation, la trans<strong>for</strong>mation et<br />

• Si les prédispositions génétiques d’un sujet à<br />

la dégradation <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> dans l’organisme, en fonction<br />

l’égard d’une maladie sont connues, son risque<br />

individuel peut être mesuré et une action préventive<br />

appropriée pourra être mise en place. et les prédispositions génétiques jouent tous un rôle.<br />

du temps. Les facteurs environnement<strong>au</strong>x, le régime alimentaire<br />

L’anémie drépanocytaire en constitue une<br />

La pharmacodynamie traite <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s gènes sur les<br />

bonne illustration. Dans cette maladie, en<br />

interactions entre les <strong>médicaments</strong> et leurs cibles moléculaires.<br />

effet, la modification héréditaire d’un certain<br />

composant du gène codant <strong>de</strong> l’hémoglobine<br />

entraîne la production d’une protéine défectueuse<br />

qui change <strong>de</strong> <strong>for</strong>me quand l’apport d’oxygène est insuffisant. Dans ces<br />

conditions, les globules rouges prennent la <strong>for</strong>me <strong>de</strong> f<strong>au</strong>cilles, s’agglutinent les uns<br />

<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres et obstruent les vaisse<strong>au</strong>x sanguins. Les porteurs <strong>de</strong> cette caractéristique<br />

<strong>de</strong>vront donc éviter, entre <strong>au</strong>tres, les altitu<strong>de</strong>s élevées et les changements <strong>de</strong> pression<br />

atmosphérique.<br />

• De plus en plus <strong>de</strong> maladies seront re<strong>de</strong>vables d’une intervention <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du<br />

gène. Ainsi, par exemple, certains gènes pourront être activés ou désactivés par <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong>. Un jour, on pourra même remplacer totalement <strong>de</strong>s gènes, grâce à la<br />

thérapie génique. C’est toutefois précisément dans ce <strong>de</strong>rnier domaine qu’une<br />

intensification <strong>de</strong>s recherches est nécessaire. En effet, dans <strong>de</strong> nombreux cas – par<br />

exemple, dans les maladies héréditaires sévères dues à la mutation d’un gène<br />

unique ou d’un petit nombre <strong>de</strong> gènes – la thérapie génique, tout comme la thérapie<br />

à base <strong>de</strong> cellules souches, offrent le seul espoir d’une véritable guérison.<br />

• Les <strong>médicaments</strong> n’ont pas toujours les mêmes effets. L’effet d’un médicament<br />

donné peut être trop <strong>for</strong>t, trop faible ou inexistant chez <strong>de</strong>s patients présentant tous<br />

les mêmes symptômes. De plus, <strong>de</strong>s effets indésirables peuvent toujours survenir.<br />

Les gènes humains sont, <strong>au</strong> moins en partie, responsables <strong>de</strong> toutes ces situations<br />

et la pharmacogénétique étudie ces relations et s’ef<strong>for</strong>ce <strong>de</strong> prévoir (et finalement<br />

d’anticiper) <strong>de</strong> tels problèmes.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

9


Une multiplicité <strong>de</strong> c<strong>au</strong>ses possibles<br />

La génétique, la génomique et la protéomique offrent ainsi à la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne<br />

plusieurs approches nouvelles permettant d’intervenir <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du développement<br />

et <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s maladies. Toutefois, ces interventions ne sont pas <strong>de</strong>venues<br />

plus faciles. En effet, plus la mé<strong>de</strong>cine approfondit sa connaissance <strong>de</strong>s processus<br />

vit<strong>au</strong>x et plus ce qu’elle trouve est complexe. La maladie humorale d’Hippocrate<br />

( ~ 460 à ~ 370 avant J-C) distinguait 4 humeurs différentes: le sang, le flegme, la<br />

bile j<strong>au</strong>ne et la bile noire. Morgagni a étendu<br />

ses recherches sur les sites <strong>de</strong>s maladies à <strong>de</strong>ux<br />

douzaines d’organes. Bichat, quant à lui, s’est<br />

intéressé à quelques centaines <strong>de</strong> tissus corporels.<br />

Virchow, enfin, a concentré son attention<br />

sur les cellules <strong>de</strong> l’organisme. On en a dénombré<br />

une centaine <strong>de</strong> millions et chacune<br />

contient un nombre considérable d’aci<strong>de</strong>s<br />

nucléiques, <strong>de</strong> protéines, <strong>de</strong> sucres, <strong>de</strong> graisses<br />

et d’<strong>au</strong>tres substances organiques et inorganiques.<br />

Et en plus <strong>de</strong> tout cela, il f<strong>au</strong>t rajouter<br />

l’influence particulièrement difficile à mesurer<br />

<strong>de</strong>s facteurs externes.<br />

Néanmoins, cet ef<strong>for</strong>t v<strong>au</strong>t la peine d’être<br />

accompli. En effet, dans le passé, les métho<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> lutte contre les maladies complexes étaient<br />

essentiellement fondées sur <strong>de</strong>s tâtonnements, justement parce que ces maladies ne<br />

sont pas dues à un simple agent pathogène ou à une simple mutation génétique,<br />

mais parce qu’elles résultent plutôt d’une combinaison d’influences endogènes ou<br />

exogènes, prédisposantes ou protectrices, variables ou immuables. Ceci s’avère exact<br />

pour la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s maladies qui touchent les populations <strong>de</strong>s pays industrialisés,<br />

à savoir: le cancer, la maladie d’Alzheimer, le diabète et les maladies cardiovasculaires.<br />

Tout éclairage qu’apporteront la génétique, la génomique et la protéomique<br />

sur les facteurs qui contribuent à la survenue <strong>de</strong> ces maladies, ai<strong>de</strong>ra à les<br />

combattre.<br />

L’importance capitale <strong>de</strong>s gènes<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

10<br />

Si les influences néfastes pour notre santé qu’exerce l’environnement peuvent en<br />

général être modifiées, notre patrimoine génétique ne peut, en général, pas l’être. En<br />

effet, parmi les facteurs <strong>de</strong> risques qui contribuent <strong>au</strong> développement d’une maladie,<br />

notre prédisposition génétique est une constante. D’où l’importance, pour les chercheurs,<br />

d’en savoir plus à son sujet et, chaque fois que possible, d’en limiter l’influence.<br />

Dans les années 80, les scientifiques réussirent à i<strong>de</strong>ntifier la base génétique d’un<br />

grand nombre <strong>de</strong> maladies héréditaires graves, occasionnées par un gène défectueux<br />

unique. <strong>Des</strong> métho<strong>de</strong>s plus fines permettent <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong>x scientifiques <strong>de</strong> rechercher<br />

les c<strong>au</strong>ses génétiques <strong>de</strong> maladies plus complexes, dans lesquelles plusieurs<br />

gènes peuvent exercer <strong>de</strong>s influences positives ou négatives:<br />

• Les maladies monogéniques telles que la chorée <strong>de</strong> Huntington, la fibrose kystique<br />

du pancréas (connue également sous le nom <strong>de</strong> mucoviscidose) et l’hémophilie<br />

obéissent <strong>au</strong>x lois classiques <strong>de</strong> l’hérédité (lois <strong>de</strong> Men<strong>de</strong>l). Le modèle <strong>de</strong> survenue<br />

ou <strong>de</strong> non-survenue <strong>de</strong> telles maladies <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s familles concernées est déterminé<br />

par le fait que, pour que ces maladies apparaissent il f<strong>au</strong>t que, soit un seul exemplaire,<br />

soit les <strong>de</strong>ux exemplaires du gène en question soient défectueux. Dans ces<br />

cas-là, les gènes responsables sont relativement faciles à i<strong>de</strong>ntifier grâce <strong>au</strong>x étu<strong>de</strong>s<br />

qui comparent le matériel génétique <strong>de</strong>s parents et d’<strong>au</strong>tres membres <strong>de</strong> la famille,<br />

qu’ils soient atteints ou non.


• En revanche, le modèle <strong>de</strong> transmission héréditaire <strong>de</strong>s maladies polygéniques<br />

(dont le diabète <strong>de</strong> type 2 et la plupart <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> cancers) n’est pas <strong>au</strong>ssi simple,<br />

car <strong>de</strong> nombreux gènes sont impliqués. La fréquence <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> la plupart<br />

<strong>de</strong> ces maladies tend à <strong>au</strong>gmenter dans certaines familles, mais pas <strong>au</strong> point que<br />

la distribution exacte entre individus atteints et individus non atteints puisse être<br />

prévue. L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s différents gènes qui exercent une influence plus ou<br />

moins gran<strong>de</strong> sur la maladie nécessite <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s be<strong>au</strong>coup plus vastes. Et cette<br />

tâche est rendue encore plus difficile par le fait que, dans ce cas, les gènes qui prédisposent<br />

à la maladie peuvent se superposer avec <strong>de</strong>s gènes qui protègent contre<br />

la maladie.<br />

• Be<strong>au</strong>coup d’espoirs ont été investis dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s «polymorphismes d’un seul<br />

nucléoti<strong>de</strong>» (en abrégé, SNPs), c’est-à-dire dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modifications d’une<br />

seule sous-unité du génome. On estime que ces variations, qui se distribuent plus<br />

ou moins <strong>au</strong> hasard <strong>au</strong> sein du génome, peuvent déterminer dans une gran<strong>de</strong> mesure<br />

nos différences génétiques individuelles. La présence <strong>de</strong> telles modifications d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong>, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’importantes régions d’un gène, peut avoir <strong>de</strong>s effets<br />

majeurs sur la fonction du produit du gène en question. Une enzyme, par exemple,<br />

peut être dégradée, détruite ou améliorée – avec toutes les conséquences que l’on<br />

peut imaginer pour les <strong>médicaments</strong> qui interagissent avec cette enzyme.<br />

Protéines recombinantes<br />

Diagnostics<br />

Thérapie génique<br />

Petites molécules<br />

Génomique<br />

C<strong>au</strong>se <strong>de</strong> la<br />

maladie<br />

Sélection<br />

<strong>de</strong> la cible et<br />

validation<br />

Génération et<br />

optimisation<br />

Traitements<br />

innovants<br />

Génomique: une discipline essentielle pour ren<strong>for</strong>cer l’innovation et la productivité<br />

• La découverte d’une fréquence accrue <strong>de</strong> certains SNPs dans une maladie donnée<br />

montre que les gènes concernés jouent un rôle important dans la maladie en<br />

question. Une fois que l’on a mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> tels SNPs, il f<strong>au</strong>dra i<strong>de</strong>ntifier les<br />

gènes qui y sont associés. Il y a encore quelques années, cela impliquait <strong>de</strong>s<br />

recherches et <strong>de</strong>s séquençages fastidieux. De nos jours, en revanche, cette procédure<br />

peut être court-circuitée. En effet, grâce <strong>au</strong> Projet Génome Humain, qui a<br />

séquencé la totalité du génome humain, les données dont on a besoin sont déjà<br />

disponibles. La recherche <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité et <strong>de</strong> la fonction d’un gène est également<br />

<strong>de</strong>venue plus simple, <strong>de</strong>puis que les chercheurs sont capables <strong>de</strong> conduire sur<br />

ordinateur une recherche <strong>de</strong> données disponibles ou <strong>de</strong> gènes comparables.<br />

Même les produits <strong>de</strong> gènes associés (habituellement <strong>de</strong>s protéines), ainsi que<br />

leurs fonctions, peuvent être déterminés rapi<strong>de</strong>ment, dans <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données<br />

globales.<br />

• Il n’est pas toujours facile <strong>de</strong> séparer les influences <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong>s<br />

influences génétiques, du fait surtout <strong>de</strong> la possibilité pour l’environnement<br />

d’influer sur le comportement <strong>de</strong> nos gènes. Les étu<strong>de</strong>s portant sur <strong>de</strong>s jume<strong>au</strong>x<br />

et sur <strong>de</strong>s enfants adoptés sont très utiles à ce propos. Les jume<strong>au</strong>x monozygotes<br />

(vrais jume<strong>au</strong>x, puisque issus d’un même œuf) élevés dans <strong>de</strong>s familles différentes<br />

ont un génome i<strong>de</strong>ntique mais sont soumis à <strong>de</strong>s influences environnementales<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

11


différentes, alors que <strong>de</strong>s jume<strong>au</strong>x dizygotes (f<strong>au</strong>x jume<strong>au</strong>x, issus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux œufs<br />

différents), élevés dans la même famille sont soumis à <strong>de</strong>s influences environnementales<br />

essentiellement i<strong>de</strong>ntiques et ont un génome semblable, mais non i<strong>de</strong>ntique.<br />

Enfin, les enfants adoptés partagent essentiellement le même environnement,<br />

mais sont génétiquement différents <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>mi-frères et <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>misœurs.<br />

• Notre patrimoine génétique exerce également une influence décisive sur notre<br />

prédisposition <strong>au</strong>x maladies. Quand on connaît les gènes qui jouent un rôle dans<br />

le développement d’une maladie donnée, on peut dans une certaine mesure<br />

déterminer le risque que présente un individu <strong>de</strong> développer cette maladie grâce<br />

à <strong>de</strong>s tests génétiques appropriés. Savoir que l’on est prédisposé à développer une<br />

certaine maladie permet <strong>de</strong> prendre les préc<strong>au</strong>tions adaptées et <strong>de</strong> modifier son<br />

style <strong>de</strong> vie en conséquence – et, si nécessaire, <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> préventifs.<br />

La prévention précoce est donc l’une <strong>de</strong>s applications potentielles <strong>de</strong> la<br />

mé<strong>de</strong>cine moléculaire. Etant donné toutefois que la plupart <strong>de</strong>s maladies résultent<br />

<strong>de</strong> l’action combinée d’un grand nombre <strong>de</strong> facteurs génétiques et environnement<strong>au</strong>x<br />

et que <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> prédisposition peuvent se superposer avec <strong>de</strong>s<br />

gènes <strong>de</strong> prévention, ce type <strong>de</strong> tests ne peut rien indiquer <strong>de</strong> plus qu’une plus<br />

gran<strong>de</strong> ou une plus faible probabilité que présentera un individu <strong>de</strong> développer<br />

une maladie.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

12<br />

Protéomique: une recherche difficile et complexe<br />

Chaque cellule du corps humain contient <strong>au</strong> moins 100 000 protéines différentes,<br />

alors que le génome humain ne contient que 30 000 à 40 000 gènes. Par ailleurs,<br />

le génome est le même dans toutes les cellules, alors que chaque type <strong>de</strong> cellules<br />

contient un ensemble différent <strong>de</strong> protéines. Ces molécules <strong>for</strong>ment un rése<strong>au</strong> vaste<br />

et h<strong>au</strong>tement complexe. Elles élaborent et détruisent <strong>de</strong>s molécules, elle transportent,<br />

stockent et mobilisent <strong>de</strong>s substances, elles permettent <strong>au</strong>x cellules <strong>de</strong> communiquer<br />

entre elles, elles donnent et reçoivent <strong>de</strong>s ordres, elles maintiennent les cellules<br />

en vie et peuvent programmer la mort <strong>de</strong> cellules. La structure d’une protéine<br />

détermine sa fonction. Ainsi, les protéines musculaires sont fibreuses, les can<strong>au</strong>x<br />

membranaires sont tubulaires et les enzymes sont le plus souvent arrondies et présentent<br />

une ou plusieurs dépressions dans lesquelles le substrat vient s’adapter. C’est<br />

précisément <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> ce rése<strong>au</strong> que les <strong>médicaments</strong> agissent. La science commence<br />

seulement maintenant à comprendre comment, où, quand et pourquoi ils<br />

agissent: c’est, en effet, la protéomique qui va nous ai<strong>de</strong>r à voir clair à travers ces<br />

composés moléculaires.


Les protéines sont à l’origine <strong>de</strong>s processus vit<strong>au</strong>x<br />

qui se déroulent <strong>au</strong> sein d’un organisme. Elles<br />

constituent donc les cibles les plus importantes<br />

pour les stratégies qui cherchent à interférer avec<br />

ces processus – c’est-à-dire les stratégies fondées<br />

sur l’usage <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>. Toutefois, alors<br />

qu’une cellule ne pourra jamais avoir qu’un seul<br />

génome, le protéome d’une cellule, c’est-à-dire<br />

l’ensemble <strong>de</strong> ses protéines, est éminemment<br />

variable. En théorie, en effet, chaque protéome<br />

cellulaire sera différent selon les moments et selon<br />

les différents sites <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la cellule, puisqu’à la<br />

différence <strong>de</strong> son matériel génétique, les protéines<br />

<strong>de</strong> la cellule sont élaborées, détruites, modifiées,<br />

déplacées, liées et séparées en permanence. Les<br />

protéines jouent un rôle central dans presque tous<br />

les processus impliqués dans la vie d’un organisme<br />

ou – si l’on se place sur une plus petite échelle –<br />

d’une cellule:<br />

• Les protéines <strong>de</strong> structure sont responsables <strong>de</strong><br />

l’aspect et <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me <strong>de</strong>s cellules. Elles <strong>for</strong>ment<br />

la charpente <strong>de</strong> la structure cellulaire ainsi qu’une<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’enveloppe cellulaire externe. Certaines structures corporelles, telles<br />

que les tendons et les cheveux, sont constitués <strong>de</strong> protéines. Les protéines structurelles<br />

représentent la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> l’organisme.<br />

• Les protéines métaboliques (ou enzymes) sont responsables <strong>de</strong> la synthèse permanente,<br />

du réarrangement et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> toutes les substances nécessaires<br />

à l’organisme ou produites en son sein: elles fournissent également l’énergie<br />

nécessaire <strong>au</strong> déroulement <strong>de</strong> ces processus. <strong>Des</strong> perturbations, même mineures,<br />

survenant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s interactions complexes qui existent entre ces protéines,<br />

peuvent provoquer <strong>de</strong>s maladies graves.<br />

• Les protéines <strong>de</strong> signalisation sont responsables <strong>de</strong> la communication <strong>au</strong> sein <strong>de</strong><br />

l’organisme. Elles comprennent les hormones et les substances messagères intracellulaires.<br />

De nombreux <strong>médicaments</strong> agissent en interférant avec les voies <strong>de</strong> communication,<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’organisme.<br />

Séquençage <strong>de</strong> protéines: les séquences <strong>de</strong> protéines sont souvent représentées<br />

graphiquement, afin <strong>de</strong> faciliter l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s similarités et<br />

<strong>de</strong>s différences<br />

• Les protéines <strong>de</strong> régulation contrôlent les processus qui se déroulent <strong>au</strong> sein d’un<br />

organisme, notamment la transcription correcte <strong>de</strong> l’ADN, notre matériel génétique<br />

<strong>de</strong> base.<br />

Par ailleurs, les protéines remplissent bon nombre d’<strong>au</strong>tres fonctions, comme par<br />

exemple celles d’anticorps, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du système immunitaire, <strong>de</strong> transporteurs<br />

d’oxygène <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s globules rouges ou d’éléments moteurs <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s muscles.<br />

On peut dire <strong>au</strong>jourd’hui que les interactions complexes qui existent entre les protéines<br />

du corps humain sont <strong>au</strong>ssi fascinantes qu’impénétrables.<br />

<strong>Des</strong> cibles pour les <strong>médicaments</strong><br />

Les protéines remplissent <strong>de</strong> nombreuses fonctions. Leurs propriétés sont multiples.<br />

Elles constituent <strong>de</strong> ce fait les cibles <strong>de</strong> loin les plus importantes pour les <strong>médicaments</strong><br />

dans l’organisme. Elles jouent un rôle dans le développement et dans l’évolution<br />

<strong>de</strong> presque toutes les maladies. Étant donné que leur bon fonctionnement<br />

dépend directement <strong>de</strong> leur <strong>for</strong>me, ce que l’on attendra surtout d’un médicament,<br />

c’est qu’il soit capable <strong>de</strong> distinguer entre les <strong>for</strong>mes normales ou anormales d’une<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

13


molécule cible. Une maladie peut également être provoquée par l’excès ou par l’insuffisance<br />

d’une protéine ou par le fait qu’une protéine soit présente <strong>au</strong> m<strong>au</strong>vais<br />

endroit ou <strong>au</strong> m<strong>au</strong>vais moment. Etant donné que les protéines, même <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’organisme,<br />

participent à <strong>de</strong> nombreuses réactions et interactions chimiques, il est relativement<br />

facile d’influer sur leurs actions par le biais <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong>. Il s’avère<br />

be<strong>au</strong>coup plus difficile en revanche d’influer uniquement et spécifiquement sur une<br />

action donnée d’une protéine donnée. Presque tous les <strong>médicaments</strong> que l’on utilise<br />

<strong>au</strong>jourd’hui influent sur le rése<strong>au</strong> moléculaire du corps humain, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s protéines.<br />

D’<strong>au</strong>tres substances présentes dans l’organisme constituent également <strong>de</strong>s cibles<br />

potentielles pour les <strong>médicaments</strong>: on trouve ainsi:<br />

• <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s, notamment à la surface <strong>de</strong>s cellules, où ils jouent le rôle <strong>de</strong> marqueurs<br />

et permettent la reconnaissance mutuelle. Ils peuvent prendre différentes<br />

<strong>for</strong>mes et font actuellement l’objet <strong>de</strong> recherches intensives.<br />

• <strong>de</strong>s lipi<strong>de</strong>s également, qui non seulement <strong>for</strong>ment une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s membranes<br />

cellulaires, mais sont également utilisés dans l’élaboration <strong>de</strong>s hormones, <strong>de</strong>s<br />

antioxydants et <strong>de</strong> bien d’<strong>au</strong>tres substances encore. Ce sont <strong>de</strong>s molécules relativement<br />

petites qui peuvent prendre <strong>de</strong>s <strong>for</strong>mes très différentes.<br />

• tous les métabolites, c’est-à-dire les matières premières, les produits intermédiaires<br />

et les produits finis <strong>de</strong> notre métabolisme, qui sont théoriquement susceptibles d’être<br />

influencés par les <strong>médicaments</strong>.<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

• polymorphismes d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong><br />

• puces à ADN<br />

• réaction d’amplification<br />

en chaîne par<br />

polymérase<br />

• souris transgéniques<br />

•<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

• polymorphismes d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong><br />

• puces à ADN<br />

• réaction d’amplification<br />

en chaîne par<br />

polymérase<br />

• souris transgéniques<br />

•<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

•<br />

• puces à ADN<br />

•<br />

•<br />

• criblage à h<strong>au</strong>t débit<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

• polymorphismes d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong><br />

• puces à ADN<br />

•<br />

• souris transgéniques<br />

•<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

• polymorphismes d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong><br />

• puces à ADN<br />

•<br />

• souris transgéniques<br />

• criblage à h<strong>au</strong>t débit<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

• polymorphismes d’un<br />

seul nucléoti<strong>de</strong><br />

• puces à ADN<br />

•<br />

• souris transgéniques<br />

•<br />

• protéomique<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

•<br />

•<br />

•<br />

• souris transgéniques<br />

• criblage à h<strong>au</strong>t débit<br />

•<br />

• banques <strong>de</strong> données<br />

•<br />

•<br />

•<br />

• souris transgéniques<br />

•<br />

molécule<br />

inconnue<br />

recherche<br />

structurelle<br />

contexte<br />

génétique<br />

propriétés fonction environnement<br />

moléculaire<br />

sélection<br />

découverte<br />

d’un médicament<br />

évaluation<br />

du médicament<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

14<br />

• une protéine, par<br />

exemple<br />

• structure <strong>de</strong> la<br />

protéine<br />

• possibilité <strong>de</strong><br />

prédiction <strong>de</strong> la<br />

structure<br />

• gène associé<br />

• transcription<br />

• régulation<br />

• physique<br />

• chimie<br />

• biologie<br />

• par exemple:<br />

une enzyme,<br />

une hormone ,<br />

une protéine <strong>de</strong><br />

structure<br />

• voie métabolique<br />

associée<br />

• complexes avec<br />

d’<strong>au</strong>tres protéines<br />

• quand, où, comment,<br />

combien<br />

• quelle cible est<br />

attaquée<br />

• où<br />

• synthèse chimique<br />

• contrôles <strong>de</strong>s<br />

propriétés physiques,<br />

chimiques et<br />

biologiques<br />

• étu<strong>de</strong>s pré-cliniques<br />

et cliniques<br />

• procédure<br />

d’<strong>au</strong>torisation<br />

<strong>de</strong> mise sur<br />

le marché<br />

La découverte et l’évaluation mo<strong>de</strong>rnes d’une cible s’appuient sur un large éventail <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s. Les techniques utilisées varient<br />

énormément quant à leur complexité et à leur coût et, souvent, elles ne débouchent sur <strong>de</strong>s découvertes utiles que si elles sont<br />

appréhendées <strong>de</strong> manière globale. La plupart <strong>de</strong> ces techniques sont utilisées – sous <strong>de</strong>s <strong>for</strong>mes plus ou moins modifiées – à <strong>de</strong>s<br />

nive<strong>au</strong>x différents.<br />

A l’exception <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> telles molécules n’offrent à l’action <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

que <strong>de</strong>s cibles très peu spécifiques. De plus, la plupart d’entre elles sont synthétisées<br />

et détruites très rapi<strong>de</strong>ment dans l’organisme humain et ne jouent qu’un rôle mineur<br />

dans le métabolisme, par rapport <strong>au</strong>x protéines notamment. Dans certaines circonstances,<br />

toutefois, il peut être utile <strong>de</strong> lier un produit intermédiaire, spécifique d’une<br />

voie métabolique non désirée et <strong>de</strong> bloquer ainsi l’élaboration du produit fini <strong>de</strong> cette<br />

voie métabolique. Parfois, la rapidité même <strong>de</strong> reconstitution <strong>de</strong> telles cibles peut<br />

représenter un avantage quand, par exemple, l’action du médicament doit être très<br />

rapi<strong>de</strong> et sa durée d’action très brève.


Perspectives: les connaissances <strong>de</strong> la science<br />

médicale s’accroissent<br />

La science médicale est en plein changement. La génomique,<br />

la protéomique et d’<strong>au</strong>tres branches <strong>de</strong> la biologie moléculaire<br />

génèrent tout un flux <strong>de</strong> nouvelles découvertes. Les technologies<br />

mo<strong>de</strong>rnes ont introduit <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> miniaturisation,<br />

d’<strong>au</strong>tomatisation et <strong>de</strong> parallélisme dans la recherche<br />

et le développement. Et la science médicale prend <strong>de</strong><br />

plus en plus conscience du fait que <strong>de</strong>s table<strong>au</strong>x cliniques,<br />

i<strong>de</strong>ntiques en apparence, peuvent avoir <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses sousjacentes<br />

entièrement différentes, qui nécessitent <strong>de</strong>s traitements<br />

personnalisés.<br />

Dans le même temps, le développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong><br />

jusqu’<strong>au</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> mise sur le marché,<br />

<strong>de</strong>vient plus long et plus onéreux. La recherche traditionnelle<br />

<strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> <strong>de</strong>vient plus risquée en termes économiques<br />

et il lui <strong>de</strong>vient plus difficile d’innover réellement <strong>de</strong><br />

manière significative. De plus, et en dépit <strong>de</strong> succès mineurs,<br />

les options dont nous disposons pour traiter bon nombre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s maladies courantes <strong>de</strong>meurent peu satisfaisantes.<br />

Une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> changement radical est imminente.<br />

Derrière ce bouleversement, existe la reconnaissance du fait qu’il n’existe pas <strong>de</strong>ux<br />

maladies i<strong>de</strong>ntiques. Il est clair à présent qu’à l’exception <strong>de</strong> quelques maladies héréditaires<br />

et <strong>de</strong> quelques maladies infectieuses graves, très peu <strong>de</strong> maladies humaines<br />

ont une c<strong>au</strong>se simple, voire unique. Et même dans le cas <strong>de</strong>s exceptions, comme, par<br />

exemple, la mucoviscidose et l’hémophilie ou la tuberculose et le SIDA, la gravité <strong>de</strong>s<br />

symptômes varie tellement d’un patient à l’<strong>au</strong>tre qu’il est nécessaire d’envisager un<br />

table<strong>au</strong> clinique complexe. Après <strong>de</strong>s décennies <strong>de</strong> recherche en génétique et plusieurs<br />

années <strong>de</strong> recherche en génomique, les chercheurs savent à présent que la prédisposition<br />

génétique d’un patient joue un rôle significatif dans l’évolution <strong>de</strong><br />

presque toutes les maladies. Par ailleurs, dans le cas <strong>de</strong> maladies infectieuses, un<br />

<strong>au</strong>tre facteur doit être pris en compte: la constitution génétique <strong>de</strong>s agents pathogènes<br />

en c<strong>au</strong>se.<br />

Ces découvertes ne sont ni nouvelles ni surprenantes. Elles placent toutefois la science<br />

médicale face à un problème énorme. Jusqu’à présent, en effet, le principe «une<br />

maladie, un traitement» a régné sans partage. Mais puisqu’il n’existe pas <strong>de</strong>ux maladies<br />

i<strong>de</strong>ntiques, bon nombre <strong>de</strong> traitements, parmi ceux que l’on utilise, doivent sûrement<br />

être incorrects ou, à tout le moins, inappropriés. Bien que la finesse <strong>de</strong>s diagnostics<br />

différentiels ait toujours favorisé le progrès <strong>de</strong> la recherche médicale, la<br />

masse <strong>de</strong>s connaissances nouvellement acquises est <strong>au</strong>jourd’hui énorme. Dans <strong>de</strong><br />

nombreux cas, cette situation va conduire à tout reconsidérer. Les indications <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong> existants vont <strong>de</strong>venir plus limitées et la découverte <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x produits<br />

sera d’<strong>au</strong>tant plus cruciale. Et le fait d’avoir à rechercher les différences subtiles<br />

pouvant exister entre les <strong>for</strong>mes d’une même maladie, plutôt que d’avoir à dresser un<br />

table<strong>au</strong> clinique général, va nécessiter une nouvelle approche diagnostique <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

moléculaire.<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong>ux traitements qui soient i<strong>de</strong>ntiques!<br />

Que <strong>de</strong>s maladies puissent avoir <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses entièrement différentes et provoquer<br />

pourtant <strong>de</strong>s symptômes i<strong>de</strong>ntiques, n’est pas quelque chose <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>. En revanche,<br />

ce qui s’avère nouve<strong>au</strong>, c’est que, grâce <strong>au</strong>x progrès <strong>de</strong> la biologie moléculaire,<br />

on peut <strong>au</strong>jourd’hui étudier les différences génétiques qui existent entre les individus<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

15


mala<strong>de</strong>s et apprécier leurs effets sur les traitements. En d’<strong>au</strong>tres termes, il n’y a pas<br />

<strong>de</strong>ux traitements qui soient les mêmes! Un médicament peut agir sur un patient et<br />

pas sur l’<strong>au</strong>tre, même si les <strong>de</strong>ux patients ont la même<br />

maladie, parce que l’efficacité et la tolérance <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

peuvent varier d’un mala<strong>de</strong> à l’<strong>au</strong>tre. Pendant<br />

plus d’un siècle, la pharmacogénétique a recherché les<br />

c<strong>au</strong>ses sous-jacentes <strong>de</strong> ce phénomène. Mais c’est seulement<br />

récemment que les techniques <strong>de</strong> la génétique<br />

moléculaire ont permis d’en appliquer les conclusions à<br />

la mé<strong>de</strong>cine clinique. La pharmacogénétique menace à<br />

présent <strong>de</strong> bouleverser la secon<strong>de</strong> moitié du dogme «une<br />

maladie, un traitement». À l’avenir, en effet, le choix du<br />

bon traitement ne dépendra pas seulement <strong>de</strong> la maladie<br />

diagnostiquée; il dépendra également <strong>de</strong> la façon<br />

dont l’organisme du patient se comportera vis-à-vis <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong> en question. Pour rendre ce type <strong>de</strong> choix<br />

possible, il va falloir prendre en compte <strong>de</strong>ux facteurs<br />

étroitement liés:<br />

• Les facteurs génétiques: la pharmacogénétique est concernée par la relation qui<br />

existe entre les variations génétiques et les réponses <strong>de</strong> l’organisme <strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong>.<br />

Ces différences génétiques peuvent faire en sorte que les <strong>médicaments</strong><br />

soient absorbés, métabolisés ou excrétés trop rapi<strong>de</strong>ment ou trop lentement. Elles<br />

peuvent également faire en sorte qu’une quantité suffisante du principe actif n’atteigne<br />

pas le site visé. Elles peuvent également provoquer <strong>de</strong>s effets secondaires<br />

indésirables, voire dangereux. L’élimination <strong>de</strong> telles incertitu<strong>de</strong>s d’origine génétique<br />

à propos <strong>de</strong> l’efficacité et <strong>de</strong> la tolérance <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>, constituera l’un<br />

<strong>de</strong>s défis majeurs <strong>au</strong>xquels sera confrontée la recherche pharmaceutique <strong>au</strong> cours<br />

<strong>de</strong>s prochaines décennies.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

16<br />

• Les polymorphismes d’un seul nucléoti<strong>de</strong> (SNPs) prennent une importance particulière,<br />

chaque fois qu’ils sont associés à l’efficacité ou à la tolérance <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>.<br />

C’est le cas par exemple <strong>de</strong>s protéines du cytochrome P 450, qui jouent un<br />

rôle très important dans l’élimination <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> <strong>de</strong> l’organisme. Ces nombreuses<br />

protéines se trouvent en effet à l’état <strong>de</strong> variants (en fonction <strong>de</strong>s SNPs),<br />

dont certains ont <strong>de</strong>s fonctions complètement modifiées. On sait ainsi qu’<strong>au</strong> moins<br />

<strong>de</strong>ux douzaines <strong>de</strong> SNPs différents existent <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du gène cyp2c19 (membre <strong>de</strong><br />

la famille P 450) dont certains exercent une influence considérable sur la fonction<br />

pour laquelle co<strong>de</strong> le gène. Ainsi, certains individus dégra<strong>de</strong>ront un médicament<br />

utilisé pour les ulcères gastriques quatre fois plus vite que d’<strong>au</strong>tres: par conséquent,<br />

<strong>au</strong>x posologies habituelles, ce médicament normalement très efficace n’apportera<br />

qu’un bénéfice très limité <strong>au</strong>x patients en question.<br />

Un <strong>au</strong>tre exemple <strong>de</strong> SNPs important sur le plan pharmacogénétique est le gène<br />

codant pour le récepteur bêta-2 adrénergique. L’activation <strong>de</strong> ce récepteur, <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s poumons, entraîne la relaxation <strong>de</strong>s muscles lisses <strong>de</strong>s voies respiratoires.<br />

Il existe <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> antiasthmatiques qui visent donc à activer ce<br />

récepteur. La présence d’un certain SNPs <strong>au</strong> sein du gène codant pour ce récepteur<br />

peut considérablement réduire l’efficacité <strong>de</strong> certains <strong>médicaments</strong> contre<br />

l’asthme.<br />

• Les facteurs environnement<strong>au</strong>x: les facteurs externes sont <strong>au</strong> moins <strong>au</strong>ssi importants<br />

que les facteurs génétiques pour déterminer l’efficacité et la tolérance <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong>. Parmi ces facteurs, les habitu<strong>de</strong>s alimentaires sont les plus importants.<br />

Certains aliments peuvent interagir avec les <strong>médicaments</strong> en accélérant ou<br />

en empêchant leur assimilation, en modifiant leur excrétion et leur utilisation. C’est<br />

la même situation avec les interactions médicamenteuses, qui peuvent <strong>au</strong>gmenter<br />

ou réduire les effets thérapeutiques respectifs et exacerber les effets secondaires


espectifs. Les facteurs externes <strong>de</strong> stress, tels que la condition physique ou l’état<br />

psychique, les toxines environnementales, les radiations, la température, etc. peuvent<br />

également influer sur l’efficacité et sur la tolérance <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>. Dans la<br />

pratique, il n’est pas possible <strong>de</strong> déterminer complètement les influences environnementales<br />

<strong>au</strong>xquelles est exposé un patient; <strong>de</strong> plus, ces influences varient dans<br />

le temps – bien qu’on puisse agir sur elles, ce qui n’est pas exact pour les gènes<br />

variants. Il sera donc d’<strong>au</strong>tant plus impératif <strong>de</strong> savoir comment les facteurs environnement<strong>au</strong>x<br />

influent sur la façon dont l’organisme interagit avec les <strong>médicaments</strong>.<br />

Personnalisation <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

Si les futurs traitements doivent être fondés<br />

sur les facteurs génétiques, le médicament<br />

<strong>de</strong>viendra inévitablement plus personnalisé.<br />

Toutefois, le terme «personnel», pris dans ce<br />

contexte, ne signifie pas qu’à un moment<br />

donné, dans le futur, les patients <strong>au</strong>ront leur<br />

propre traitement sur-mesure. Cela signifie<br />

plutôt qu’une gamme bien plus étendue<br />

d’options thérapeutiques sera offerte, <strong>au</strong><br />

sein <strong>de</strong>squelles les mé<strong>de</strong>cins pourront choisir<br />

la plus adaptée pour chacun <strong>de</strong> leurs<br />

patients. Certes, <strong>de</strong> tels choix sont déjà possibles,<br />

du moins pour certaines maladies,<br />

mais le nombre <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> ce type va <strong>au</strong>gmenter<br />

et, partant, le succès <strong>de</strong>s traitements<br />

<strong>au</strong>ssi. Conséquence inévitable <strong>de</strong> ce développement:<br />

les populations cibles <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

vont <strong>de</strong>venir plus petites. Les indications<br />

<strong>de</strong>s nouvelles substances chimiques<br />

ou <strong>de</strong>s nouve<strong>au</strong>x produits biologiques seront déterminées, non seulement en fonction<br />

<strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses moléculaires <strong>de</strong> la maladie traitée, mais également en fonction du profil<br />

pharmacogénétique <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s patients. C’est là un domaine encore inexploré <strong>de</strong><br />

la pharmacologie.<br />

Ainsi, à l’avenir, les patients pourront <strong>for</strong>muler l’espoir qu’un médicament qui leur<br />

sera prescrit présentera plus <strong>de</strong> chances qu’<strong>au</strong>jourd’hui d’être réellement adapté à<br />

leur cas particulier. Les effets <strong>de</strong> presque tous les <strong>médicaments</strong> utilisés <strong>au</strong>jourd’hui<br />

peuvent plus ou moins varier et, dans les cas extrêmes, leur efficacité pourra être<br />

nulle. De même, la tolérance <strong>de</strong> nombreux <strong>médicaments</strong> utilisés <strong>de</strong> nos jours n’est<br />

pas satisfaisante. Il est nécessaire <strong>de</strong> réduire l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s effets secondaires sévères,<br />

car même occasionnelle, la survenue <strong>de</strong> tels effets ne peut être acceptable que<br />

dans <strong>de</strong>s cas relativement rares, où la recherche n’a pas abouti ou lorsque les options<br />

thérapeutiques et l’expérience sont relativement limitées.<br />

La responsabilité <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins va s’accroitre en conséquence. Ceux-ci <strong>de</strong>vront utiliser<br />

<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> diagnostic entièrement nouve<strong>au</strong>x, <strong>de</strong>s gammes <strong>de</strong> traitements considérablement<br />

élargies et – comme on le voit déjà, avec le développement d’Internet,<br />

ils seront confrontés à <strong>de</strong>s patients plus responsables, car bien mieux in<strong>for</strong>més.<br />

Une mé<strong>de</strong>cine intégrée<br />

Tout ceci signifie que l’on se montrera plus exigeant vis-à-vis <strong>de</strong> la science médicale.<br />

Une innovation en entraînera une <strong>au</strong>tre. <strong>Des</strong> traitements personnalisés nécessiteront<br />

<strong>de</strong>s diagnostics individualisés. <strong>Des</strong> diagnostics moléculaires feront appel à<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

17


<strong>de</strong>s traitements différenciés. Dans les <strong>de</strong>ux cas, pour les diagnostics comme pour les<br />

traitements, tout dépendra <strong>de</strong> la rapidité avec laquelle se développeront les possibilités<br />

technologiques. En fait, une synthèse est en train <strong>de</strong> se réaliser en ce moment:<br />

recherche et développement, diagnostic et traitement, in<strong>for</strong>mation et prévention évoluent<br />

ensemble. La clé <strong>de</strong> la réussite en matière <strong>de</strong> santé repose sur une mé<strong>de</strong>cine<br />

intégrée.<br />

Si les nouvelles possibilités <strong>de</strong> la science médicale vont réellement apporter un progrès,<br />

elles <strong>de</strong>vront se mettre en place en douceur. Le concept <strong>de</strong> diagnostic <strong>de</strong>vra être<br />

élargi <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s symptômes et <strong>de</strong>s données cliniques pour qu’y soit intégré le<br />

contexte moléculaire <strong>de</strong>s maladies et <strong>de</strong> leurs traitements. Il f<strong>au</strong>dra également prendre<br />

en compte le domaine, jusqu’ici relativement peu développé, <strong>de</strong> la prévention<br />

qui, dans bien <strong>de</strong>s cas, se limite encore à une alimentation saine. Tester ou diagnostiquer<br />

les prédispositions génétiques jouera dans le futur un rôle bien plus important.<br />

Cela permettra, par ailleurs, <strong>de</strong> donner <strong>au</strong>x patients <strong>de</strong>s conseils plus spécifiques –<br />

comme par exemple ceux déjà dispensés <strong>au</strong>x patients qui présentent une hypercholestérolémie.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

18<br />

Les traitements suivront très progressivement. Plus tôt on diagnostiquera une maladie<br />

et plus il sera facile <strong>de</strong> la traiter – ce fait, connu <strong>de</strong>puis longtemps, gagne en pertinence<br />

avec les nouvelles possibilités qu’offre un diagnostic moléculaire précoce. Cela<br />

est particulièrement vrai quand, à un diagnostic spécifique correspond une gamme <strong>de</strong><br />

traitements personnalisés. On ne progressera que si les <strong>de</strong>ux domaines, diagnostic et<br />

traitement, avancent en même temps.<br />

<strong>Des</strong> bouleversements dans l’industrie pharmaceutique<br />

Pour l’industrie pharmaceutique, ces développements imposent la nécessité <strong>de</strong> repenser<br />

la situation en permanence. Un nouvel ordre va s’inst<strong>au</strong>rer sur le marché <strong>de</strong>s soins<br />

<strong>de</strong> santé, où les changements sont déjà largement engagés. De nouvelles stratégies,<br />

<strong>de</strong> nouvelles alliances et <strong>de</strong> nouvelles concurrences émergent <strong>de</strong> ce développement:<br />

• Une intégration du diagnostic et du traitement: plus fines seront les différences<br />

entre individus mises en évi<strong>de</strong>nce et prises en compte et plus il sera difficile <strong>de</strong><br />

séparer ces <strong>de</strong>ux pôles d’activités. Une coopération étroite sera nécessaire à ce<br />

nive<strong>au</strong>: les <strong>médicaments</strong> dont la prescription dépendra <strong>de</strong> considérations pharmacogénomiques<br />

ne pourront être prescrits que si l’on dispose <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> dia-


gnostic correspondants. Ainsi une variation génétique spécifique <strong>de</strong>vra d’abord être<br />

i<strong>de</strong>ntifiée chez le patient pour qu’un médicament adapté à cette variation puisse,<br />

raisonnablement, être utilisé. Et, comme le développement <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> diagnostic et<br />

<strong>de</strong> traitements sont dans une certaine mesure interdépendants, il sera nécessaire <strong>de</strong><br />

réunir les compétences dans les <strong>de</strong>ux domaines, soit dans la même entreprise, soit<br />

par le biais d’alliances étroites inter-entreprises. Les frontières traditionnelles entre<br />

diagnostic et traitement <strong>au</strong>ront dès lors largement disparu.<br />

• Un accroissement du risque <strong>de</strong> développement: le fait que les options dont nous<br />

disposons pour traiter la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s maladies ne soient toujours pas satisfaisantes<br />

signifie une chose avant tout: les firmes pharmaceutiques <strong>de</strong>vront être<br />

plus volontaristes dans la prise <strong>de</strong> risques associée <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

<strong>médicaments</strong> possédant <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x mécanismes d’action. Certes, le futur pourra<br />

parfois continuer <strong>de</strong> réserver <strong>de</strong>s surprises comme par exemple, lorsqu’on découvre<br />

qu’un produit déjà bien implanté, possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s propriétés bénéfiques que l’on ne<br />

soupçonnait pas <strong>au</strong> préalable. Mais dans la majorité <strong>de</strong>s cas, le progrès médical<br />

viendra <strong>de</strong> l’exploration <strong>de</strong> voies nouvelles – par le biais notamment <strong>de</strong> nouvelles<br />

molécules cibles. Nouve<strong>au</strong>x diagnostics, nouvelles cibles, nouve<strong>au</strong>x groupes <strong>de</strong><br />

<strong>médicaments</strong>, cela signifie avant tout qu’il f<strong>au</strong>dra intensifier considérablement les<br />

ef<strong>for</strong>ts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement sans pour <strong>au</strong>tant que soit réduit le risque<br />

d’échec. Néanmoins, ces ef<strong>for</strong>ts pourront valoir la peine d’être consentis.<br />

• <strong>Des</strong> populations cibles plus petites: l’arrivée <strong>de</strong> traitements médic<strong>au</strong>x plus personnalisés<br />

implique inévitablement qu’un nouve<strong>au</strong> médicament ne pourra être raisonnablement<br />

utilisé que sur un nombre réduit <strong>de</strong> patients. Ceci limitera les possibilités<br />

<strong>de</strong> diffusion. Toutefois, le développement <strong>de</strong> tels <strong>médicaments</strong> présente <strong>au</strong>ssi<br />

<strong>de</strong>s avantages, dans la mesure où ils sont plus efficaces du fait <strong>de</strong> leur activité<br />

ciblée. Cela <strong>de</strong>vrait en effet réduire les risques d’échec <strong>au</strong>x sta<strong>de</strong>s ultimes du développement<br />

tout en améliorant l’acceptation par les patients et en réduisant, <strong>de</strong> ce<br />

fait, le nombre <strong>de</strong> patients qui arrêtent leur traitement.<br />

• <strong>Des</strong> exigences accrues: les nouvelles opportunités créent <strong>de</strong> nouvelles responsabilités.<br />

Dans un futur relativement proche, les données <strong>de</strong> pharmacogénétique feront<br />

certainement partie <strong>de</strong>s données exigées par les <strong>au</strong>torités chargées <strong>de</strong> réglementer<br />

la santé et la mé<strong>de</strong>cine. De plus, après une pério<strong>de</strong> d’adaptation, les patients se<br />

montreront probablement plus exigeants quant à l’efficacité<br />

et à la tolérance <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> qu’ils seront<br />

amenés à prendre.<br />

Les entreprises présentes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> international dans<br />

le domaine <strong>de</strong> la santé n’échapperont pas à cette tendance.<br />

On peut même affirmer <strong>au</strong> contraire qu’une participation<br />

active à ce processus <strong>de</strong> changement est fondamentale<br />

pour leur survie, étant précisé que le terme<br />

«changement» n’implique pas une révolution, mais plutôt<br />

une évolution systématique vers <strong>de</strong>s recherches plus<br />

riches en enseignements et <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> plus actifs<br />

et plus sûrs. Le fait que <strong>de</strong> nombreuses années <strong>de</strong> travail<br />

<strong>de</strong> recherche laborieux et minutieux soient nécessaires<br />

avant <strong>de</strong> pouvoir développer <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> diagnostic et<br />

<strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> personnalisés, constitue une preuve<br />

suffisante du caractère évolutif <strong>de</strong> ce changement.<br />

Par ailleurs, dans <strong>de</strong> nombreux cas, il f<strong>au</strong>dra bien faire la<br />

distinction entre ce qui est faisable et ce qui est raisonnable,<br />

souhaitable et économiquement viable. Par exemple,<br />

la taille d’un groupe <strong>de</strong> patients à partir <strong>de</strong> laquelle<br />

le développement <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> spécifiquement <strong>de</strong>s-<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

19


tinés à ces patients <strong>de</strong>vient économiquement viable ne peut pas encore être prévue –<br />

<strong>au</strong> moins tant que <strong>de</strong> nouvelles <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> coopération entre la société et l’industrie,<br />

telles que les programmes «maladies orphelines», concernant les maladies particulièrement<br />

rares, ne seront pas mises en oeuvre.<br />

Néanmoins, le progrès est en train d’ouvrir pour la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> nouvelles opportunités<br />

<strong>de</strong> portée considérable tant <strong>au</strong> plan scientifique que technique. Les diagnostics et<br />

les traitements personnalisés promettent d’être nettement plus efficaces et nettement<br />

mieux tolérés. Ils pourront en même temps s’attaquer <strong>au</strong>x c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong>s maladies dont<br />

le traitement n’était, jusqu’à présent, que symptomatique et souvent inadapté. En<br />

dépit <strong>de</strong> tous les impondérables <strong>de</strong> nature commerciale et éthique, les nouvelles possibilités<br />

imposent également dans une certaine mesure l’obligation morale <strong>de</strong> mettre<br />

en application, dans la pratique, les nouvelles découvertes en matière <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />

moléculaire, <strong>au</strong> profit <strong>de</strong>s patients.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

20<br />

RÉFÉRENCES<br />

•Genes and Health by F. Hoffmann-La Roche Ltd; second revised edition, 2004; www.roche.com<br />

•Geschichte und Trends <strong>de</strong>r Medizintechnologie by Bun<strong>de</strong>sverband Medizintechnolgie e.V<br />

(BVMed); 2004; www.bvmed.<strong>de</strong><br />

•<strong>Medicines</strong> <strong>for</strong> <strong>Mankind</strong>: Biotechnology Promise to Human Healthcare by European Fe<strong>de</strong>ration<br />

of Pharmaceutical Industries and Associations (EFPIA); 2004; www.efpia.org<br />

•Single Nucleoti<strong>de</strong> Polymorphisms <strong>for</strong> Biomedical Research. The SNP Consortium Ltd; 1999;<br />

www.snp.cshl.org<br />

•The New Drug Development Process: Steps from Test Tube to New Drug Application Review.<br />

Center <strong>for</strong> Drug Evaluation and Review 2001; www.fda.gov/c<strong>de</strong>r/handbook/<strong>de</strong>velop/htm<br />

•The Search For New <strong>Medicines</strong> by G. Watts. The Royal Institute of International Affairs; 2004;<br />

www.riia.org


DES MÉDICAMENTS<br />

AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

23 Acné<br />

26 Addiction <strong>au</strong> tabac<br />

29 Anémie<br />

33 Dégénérescence maculaire liée à l’âge<br />

36 Dépendance à l’alcool<br />

40 Diarrhée<br />

43 Dysfonctionnement érectile<br />

46 Eclampsie<br />

49 Endométriose<br />

53 Filariose<br />

57 Hémorragie du corps vitré<br />

60 Hypertension artérielle pulmonaire<br />

64 Hypogonadisme<br />

67 Lèpre<br />

70 Lupus érythémateux<br />

74 Maladies métaboliques héréditaires<br />

78 Maladie <strong>de</strong> Paget<br />

81 Maladie du sommeil<br />

84 Maladies thyroïdiennes<br />

88 Myasthénie grave<br />

92 N<strong>au</strong>sées<br />

95 Rage<br />

98 Syndrome du colon irritable<br />

101 Syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire<br />

104 Troubles anxieux


Acné<br />

L’acné est une maladie<br />

cutanée fréquente qui<br />

peut sérieusement perturber<br />

ceux qui en sont<br />

atteints, en particulier<br />

les adolescents <strong>de</strong> sexe<br />

masculin. La recherche<br />

pharmaceutique a mis <strong>au</strong><br />

point plusieurs traitements<br />

contre l’acné.<br />

Les recherches futures<br />

<strong>de</strong>vraient déboucher<br />

sur <strong>de</strong>s traitements prometteurs,<br />

en particulier<br />

pour les <strong>for</strong>mes les plus<br />

sévères.<br />

Qu’est-ce que l’acné<br />

L’acné est une affection cutanée qui intéresse le follicule pilosébacé (également<br />

connu sous le nom <strong>de</strong> “appareil pilosébacé”), minuscule poche contenant un follicule<br />

pileux, une glan<strong>de</strong> sébacée et un poil, ou un cheveu selon la localisation. Ces follicules<br />

sont présents <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> essentiellement <strong>de</strong> la face, <strong>de</strong> la partie supérieure du cou,<br />

<strong>de</strong> la nuque et du thorax. Les glan<strong>de</strong>s sébacées sécrètent du sébum, substance graisseuse<br />

qui assure l’hydratation <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong> et du système pileux (poils et cheveux). À la<br />

puberté comme pendant l’adolescence, les glan<strong>de</strong>s sébacées se développent et sous<br />

l’influence <strong>de</strong>s hormones sexuelles, génèrent une surproduction <strong>de</strong> sébum. Propionibacterium<br />

acnes est une bactérie commensale <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong> humaine adulte, c’est-à-dire<br />

normalement présente chez l’humain, qui rési<strong>de</strong> dans les follicules sébacés et se nourrit<br />

du sébum. Chez les personnes atteintes d’acné, la concentration <strong>de</strong> P. acnes dans<br />

les follicules est plus élevée que la normale. Cette surpopulation bactérienne attire les<br />

globules blancs qui libèrent alors <strong>de</strong>s enzymes qui dégra<strong>de</strong>nt la paroi du follicule, permettant<br />

ainsi à son contenu <strong>de</strong> pénétrer dans le tissu avoisinant. Ce phénomène<br />

déclenche finalement une réponse inflammatoire qui se manifeste par l’apparition <strong>de</strong><br />

papules, <strong>de</strong> pustules et <strong>de</strong> nodules. La bactérie induit également la <strong>for</strong>mation d’aci<strong>de</strong>s<br />

gras libres dont l’action irritante intensifie le processus inflammatoire <strong>au</strong> sein du<br />

follicule.<br />

Toute acné débute par une lésion élémentaire, le comédon (ou point noir); il s’agit<br />

d’une hypertrophie du follicule pileux qui se trouve encombré <strong>de</strong> sébum et <strong>de</strong> bactéries<br />

qui <strong>for</strong>ment un bouchon. Grâce à la production continue <strong>de</strong> sébum, les bactéries<br />

prospèrent dans le pore dilaté. Si le follicule bouché <strong>de</strong>meure sous la surface <strong>de</strong> la<br />

pe<strong>au</strong>, on dit qu’il s’agit d’un comédon fermé. Lorsque le follicule engorgé traverse le<br />

tissu cutané et apparaît en surface, il s’agit d’un comédon ouvert. Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong><br />

comédons sont les manifestations <strong>de</strong> l’acné “non inflammatoire”.<br />

La papule est la <strong>for</strong>me la plus bénigne <strong>de</strong> l’acné inflammatoire; elle se présente<br />

comme une petite protubérance dure et rose et est considérée comme l’étape intermédiaire<br />

entre l’acné non inflammatoire et les lésions franchement inflammatoires.<br />

Comme les papules, les pustules sont <strong>de</strong>s lésions arrondies <strong>de</strong> petite taille, mais à la<br />

différence <strong>de</strong>s papules elles sont nettement enflammées et renferment du pus visible<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

23


à l’œil nu. Les nodules sont <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille remplies <strong>de</strong> pus, généralement<br />

douloureuses et ancrées profondément dans la pe<strong>au</strong>. Les nodules se développent<br />

lorsque le contenu d’un comédon s’est répandu dans le tissu cutané adjacent, déclenchant<br />

localement une réponse du système immunitaire. Le plus souvent, ils laissent<br />

<strong>de</strong>s cicatrices profon<strong>de</strong>s. Il existe une <strong>for</strong>me rare, mais grave, d’acné inflammatoire<br />

appelée acne conglobata. Celle-ci se développe principalement sur le dos, les fesses<br />

et le thorax. Outre la présence <strong>de</strong> pustules et <strong>de</strong> nodules, on constate souvent la<br />

superposition d’une infection bactérienne.<br />

Comédon (point noir)<br />

Inflammation du follicule pilo-sébacé<br />

Coupe <strong>de</strong> pe<strong>au</strong>: follicule distendu,<br />

obstrué par du sébum et <strong>de</strong>s bactéries<br />

Qui est atteint d’acné<br />

L’acné est l’une <strong>de</strong>s pathologies les plus répandues dans le mon<strong>de</strong>. Sa prévalence <strong>au</strong><br />

cours d’une vie est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 90 % et elle frappe majoritairement l’adolescent et<br />

le jeune adulte, essentiellement en raison <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la production d’hormone<br />

androgène (testostérone). La testostérone étant présente en plus gran<strong>de</strong> quantité<br />

chez le sujet <strong>de</strong> sexe masculin, les jeunes garçons développent généralement une<br />

acné plus sévère que les jeunes filles. La recherche a révélé que la génétique joue un<br />

rôle dans le développement et la persistance <strong>de</strong> la maladie et que l’existence d’une<br />

histoire familiale d’acné prédispose <strong>au</strong>x <strong>for</strong>mes les plus sévères. La pe<strong>au</strong> grasse favorise<br />

l’acné. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, l’acné persistera <strong>de</strong> six à dix ans. L’acné disparaît<br />

généralement lorsque le sujet atteint l’âge adulte. Toutefois, il peut arriver que l’acné<br />

persiste tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> la vie et 20 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s cas concernent <strong>de</strong>s adultes.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

Les traitements antiacnéiques existants visent un ou plusieurs <strong>de</strong>s objectifs suivants:<br />

i.) réduire la production <strong>de</strong> sébum; ii.) limiter la colonisation bactérienne par P. acnes;<br />

iii.) normaliser le renouvellement <strong>de</strong> la couche cornée; et iv.) éliminer la réaction<br />

inflammatoire.<br />

Il existe <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> en application locale ou par voie orale. Le principe actif<br />

entrant le plus couramment dans la composition <strong>de</strong>s produits pour application locale<br />

est le peroxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> benzoyle, qui peut être associé à d’<strong>au</strong>tres traitements loc<strong>au</strong>x ou<br />

administrés par voie orale. Il s’agit d’un antiseptique et un agent oxydant qui détruit<br />

la bactérie P. acnes. Il n’influe <strong>au</strong>cunement sur la production <strong>de</strong> sébum. Il doit être<br />

utilisé sur une longue pério<strong>de</strong> et plusieurs semaines <strong>de</strong> traitement sont nécessaires<br />

pour voir commencer à disparaître les signes les plus manifestes <strong>de</strong> la maladie.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

24<br />

On utilise également en application locale <strong>de</strong>s solutions légèrement aci<strong>de</strong>s, à base par<br />

exemple d’aci<strong>de</strong> salicylique ou d’aci<strong>de</strong> glycolique. La concentration en aci<strong>de</strong> salicylique<br />

<strong>au</strong>torisée pour le traitement <strong>de</strong> l’acné est comprise entre 0,5 et 2 %. Ces préparations<br />

agissent grâce à leurs propriétés kératolytiques, c’est-à-dire qu’elles favorisent<br />

la <strong>de</strong>squamation (“peeling”) <strong>de</strong> la couche supérieure <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong> et l’ouverture <strong>de</strong>s<br />

follicules bouchés, permettant ainsi <strong>de</strong> rétablir le cycle normal <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong>s<br />

cellules cutanées. L’aci<strong>de</strong> salicylique n’a <strong>au</strong>cun effet sur la production <strong>de</strong> sébum ou la<br />

présence <strong>de</strong> P. acnes. À l’instar <strong>de</strong> nombreux <strong>au</strong>tres produits pour application locale,<br />

l’aci<strong>de</strong> salicylique doit être utilisé <strong>de</strong> manière continue, même après la cicatrisation<br />

<strong>de</strong>s lésions acnéiques. D’<strong>au</strong>tres antiacnéiques à action locale (topique) contenant un<br />

agent <strong>de</strong>squamant peuvent être à base <strong>de</strong> résorcinol ou <strong>de</strong> soufre.<br />

Dans les cas d’acné modérée ou sévère, les <strong>de</strong>rmatologues prescrivent généralement<br />

<strong>de</strong>s agents topiques associés à <strong>de</strong>s antibiotiques à dose faible par voie orale. Les<br />

antibiotiques les plus couramment utilisés pour combattre l’infection bactérienne<br />

sont les tétracyclines et les macroli<strong>de</strong>s. Il existe également <strong>de</strong>s mousses antiacnéiques<br />

pour application locale qui renferment un antibiotique. Plusieurs semaines<br />

sont nécessaires pour voir apparaître les premiers effets bénéfiques d’une antibiothérapie<br />

à dose faible.<br />

Chez certains sujets <strong>de</strong> sexe féminin, l’acné peut être due à une surproduction d’hormones<br />

androgènes, en particulier lorsque l’affection se manifeste pour la première fois


à l’âge adulte ou en cas <strong>de</strong> flambées d’acné à l’approche <strong>de</strong>s menstruations. Les femmes<br />

présentant une acné réfractaire à l’antibiothérapie ou <strong>au</strong>x traitements topiques<br />

peuvent être <strong>de</strong> parfaites candidates à un traitement avec <strong>de</strong>s contraceptifs or<strong>au</strong>x. Les<br />

estrogènes faiblement dosés permettent <strong>de</strong> freiner la production ovarienne d’androgènes<br />

et les progestatifs les plus récents sont moins androgéniques. On peut également<br />

associer <strong>au</strong>x contraceptifs or<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s antiandrogènes qui inhibent la production<br />

d’androgènes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s ovaires et <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s surrénales et permettent d’empêcher<br />

les androgènes existants <strong>de</strong> provoquer une surproduction <strong>de</strong> sébum. Les patientes<br />

en âge <strong>de</strong> procréer recevant ce type <strong>de</strong> traitement doivent donc utiliser parallèlement<br />

une métho<strong>de</strong> contraceptive.<br />

De faibles doses <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s peuvent juguler l’inflammation et freiner la production<br />

surrénalienne d’androgènes. Dans les cas extrêmes, <strong>de</strong>s injections <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s dilués<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s nodules et <strong>de</strong>s kystes peuvent atténuer l’inflammation locale. Les corticoï<strong>de</strong>s<br />

par voie orale sont plus efficaces lorsqu’on leur associe un contraceptif oral.<br />

Les <strong>for</strong>mes d’acné réfractaires <strong>au</strong>x traitements classiques sont traitées avec la vitamine<br />

A aci<strong>de</strong> ou <strong>de</strong>s rétinoï<strong>de</strong>s, en particulier les <strong>for</strong>mes sévères d’acné, c’est-à-dire l’acné<br />

nodulaire, l’acné conglobata ou l’acné susceptible <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>s cicatrices permanentes.<br />

Les rétinoï<strong>de</strong>s sont <strong>au</strong>jourd’hui les antiacnéiques les plus efficaces car ils agissent<br />

sur chacun <strong>de</strong>s quatre facteurs prédisposant à l’acné, à savoir la surproduction<br />

<strong>de</strong> sébum, l’engorgement <strong>de</strong>s pores <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong>, la prolifération <strong>de</strong> P. acnes et l’inflammation<br />

continue. Les rémissions obtenues avec un ou <strong>de</strong>ux traitements quotidiens<br />

pendant 16 semaines peuvent durer <strong>de</strong> plusieurs mois à quelques années. Chez <strong>de</strong><br />

nombreux patients, une seule cure suffit. Il existe <strong>de</strong>s <strong>for</strong>mules pour application locale<br />

et d’<strong>au</strong>tres pour administration orale. Les dérivés <strong>de</strong> la vitamine A aci<strong>de</strong> étant à<br />

l’origine <strong>de</strong> sévères mal<strong>for</strong>mations congénitales chez l’enfant à naître, les femmes en<br />

âge <strong>de</strong> procréer recevant un tel traitement doivent impérativement adopter une<br />

métho<strong>de</strong> contraceptive. Les entreprises qui commercialisent ce type <strong>de</strong> produits en<br />

Europe procurent <strong>au</strong>x mé<strong>de</strong>cins et <strong>au</strong>x pharmaciens du matériel pédagogique et d’in<strong>for</strong>mation<br />

à distribuer <strong>au</strong>x patientes.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Un nouvel antiacnéique associant antibiotique et rétinoï<strong>de</strong>, à savoir un macroli<strong>de</strong> à<br />

1 % plus un rétinoï<strong>de</strong> à 0,025 %, s’est avéré plus efficace dans le cadre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux essais<br />

<strong>de</strong> phase III. Il a fait preuve d’un meilleur comportement que chacun <strong>de</strong> ses constituants<br />

pris séparément.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

En juillet 2004, <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> recherche européens ont révélé avoir décodé dans<br />

son intégralité la séquence génomique <strong>de</strong> P. acnes. Le matériel génétique <strong>de</strong> cette<br />

bactérie Gram positif co<strong>de</strong> 2 333 gènes potentiels et montre l’implication <strong>de</strong> nombreuses<br />

protéines dans la dégradation <strong>de</strong>s molécules hôtes, en particulier <strong>de</strong>s enzymes<br />

telles que les sialidases, les neuraminidases, les lipases, et <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> <strong>for</strong>mation<br />

<strong>de</strong>s pores. Les chercheurs ont également i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s facteurs associés à la<br />

surface et d’<strong>au</strong>tres impliqués dans le système immunitaire <strong>de</strong> l’organisme, qui seraient<br />

susceptibles d’être en partie responsables du déclenchement <strong>de</strong> l’inflammation<br />

acnéique et d’<strong>au</strong>tres pathologies associées à P. acnes. Leurs découvertes ouvrent <strong>de</strong><br />

nouvelles perspectives d’étu<strong>de</strong> du rôle délétère <strong>de</strong> la bactérie dans toutes les <strong>for</strong>mes<br />

d’acné et permettent d’envisager <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x moyens <strong>de</strong> défense contre ce germe<br />

habituellement inoffensif qui vit dans les pores <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong> humaine.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

25


Addiction <strong>au</strong> tabac<br />

Qu’est-ce que l’addiction <strong>au</strong> tabac<br />

L’addiction <strong>au</strong> tabac recouvre la combinaison d’une habitu<strong>de</strong> ou d’une composante<br />

sociale et d’une addiction physique qui représentent un <strong>for</strong>midable défi pour qui veut<br />

cesser <strong>de</strong> fumer. Nombreux sont les fumeurs capables à volonté d’abandonner et <strong>de</strong><br />

reprendre leurs habitu<strong>de</strong>s tabagiques. Environ 25 % <strong>de</strong>s fumeurs estiment qu’il leur<br />

est impossible <strong>de</strong> maîtriser le pouvoir<br />

addictionnel <strong>de</strong> la nicotine. Pour ces<br />

personnes, fumer n’est même plus une<br />

habitu<strong>de</strong>, mais bel et bien une véritable<br />

addiction. Différentes étu<strong>de</strong>s ont<br />

montré que l’addiction tabagique est<br />

plus sévère que l’alcoolodépendance<br />

et <strong>au</strong> moins <strong>au</strong>ssi contraignante et<br />

pesante que la toxicomanie.<br />

Lorsque les cellules nerveuses cérébrales<br />

communiquent entre elles, l’influx<br />

enjambe grâce à un médiateur chimique,<br />

le neurotransmetteur appelé<br />

acétylcholine (ACh), un espace entre<br />

<strong>de</strong>ux cellules nerveuses ou neurones:<br />

la synapse. L’ACh active <strong>de</strong>s récepteurs<br />

spécifiques à la surface du neurone<br />

post-synaptique. Ainsi est enclenché<br />

le circuit <strong>de</strong> l’influx électrique et, dans<br />

les cellules synthétisant la dopamine,<br />

ce messager inducteur <strong>de</strong> plaisir se<br />

trouve également libéré. Après avoir accompli sa tâche, l’ACh est rapi<strong>de</strong>ment dégradée<br />

par une enzyme appelée acétylcholinestérase (AChE). Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la synapse, la<br />

nicotine imite l’ACh mais n’est pas dégradée par l’AChE. C’est pourquoi elle s’y attar<strong>de</strong><br />

plusieurs minutes <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> quelques millisecon<strong>de</strong>s et excite durablement les<br />

neurones post-synaptiques, libérant <strong>de</strong> la dopamine en gran<strong>de</strong> quantité. La plupart<br />

<strong>de</strong>s chercheurs estiment que c’est là la principale c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’addictivité <strong>de</strong> la nicotine.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

26<br />

Qui est atteint par l’addiction <strong>au</strong> tabac<br />

Dans l’Union européenne, on dénombre près <strong>de</strong> 100 millions <strong>de</strong> fumeurs, soit environ<br />

30 % <strong>de</strong> la population âgée <strong>de</strong> 15 ans et plus. Approximativement 43 % <strong>de</strong>s hommes<br />

européens et 28 % <strong>de</strong>s femmes européennes fument. Dans la tranche d’âge 25-<br />

39 ans, ce t<strong>au</strong>x atteint 55 % dans la population masculine et 40 % dans la population<br />

féminine.<br />

En l’an 2000, on a recensé à l’échelon mondial pratiquement cinq millions <strong>de</strong> décès<br />

prématurés secondaires à la consommation <strong>de</strong> cigarettes et 12 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

décès d’adultes étaient liés <strong>au</strong> tabagisme. La cigarette a été responsable <strong>de</strong> 18 % <strong>de</strong><br />

la mortalité masculine mondiale, et <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong> la mortalité féminine. Comparant le<br />

nombre <strong>de</strong> décès dans les pays en développement à celui enregistré dans les pays<br />

industrialisés, <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> la Harvard School of Public Health (USA) et <strong>de</strong><br />

l’Université du Queensland (Australie) ont constaté en 2003 que ceux-ci étaient pratiquement<br />

i<strong>de</strong>ntiques, le tabagisme s’étant installé dans les populations moins aisées<br />

<strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies.<br />

Les épidémiologistes ont observé que plus <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s décès liés <strong>au</strong><br />

tabagisme touchent les sujets <strong>de</strong> sexe masculin, pourcentage qui atteint 84 % dans


les pays en développement, où le tabagisme est historiquement plus concentré dans<br />

la population masculine. Les principales c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> mortalité sont les maladies cardiovasculaires<br />

avec 1,7 million <strong>de</strong> décès, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives<br />

(BPCO) avec un peu moins d’un million d’issues fatales et les cancers du poumon<br />

avec 850 000 morts environ.<br />

Alors que les nations industrialisées ont <strong>de</strong>puis mis en place <strong>de</strong>s campagnes et <strong>de</strong>s<br />

politiques antitabac, on estime que sur le 1,1 milliard <strong>de</strong> fumeurs que compte la population<br />

mondiale, 930 millions rési<strong>de</strong>nt dans les pays en développement. On prévoit<br />

que dans les années à venir, la mortalité liée <strong>au</strong> tabagisme <strong>au</strong>gmentera dans <strong>de</strong>s proportions<br />

considérables, à moins que l’on programme d’ici là <strong>de</strong>s initiatives et <strong>de</strong>s stratégies<br />

efficaces visant à réduire le tabagisme dans la population masculine et à prévenir<br />

son <strong>au</strong>gmentation dans la population féminine. Les premiers chiffres avancés<br />

par l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé (OMS) laissent présager d’ici 2020 un quasidoublement<br />

<strong>de</strong> la mortalité mondiale imputable <strong>au</strong>x maladies liées <strong>au</strong> tabagisme,<br />

avec neuf millions <strong>de</strong> morts dont les trois quarts dans les pays en développement.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

On estime que 70 % <strong>de</strong>s fumeurs veulent définitivement cesser <strong>de</strong> fumer, mais que<br />

seuls 2,5 % d’entre eux y parviennent chaque année. Les stratégies thérapeutiques<br />

efficaces pour combattre l’addiction tabagique reposent sur un encadrement par <strong>de</strong>s<br />

professionnels <strong>de</strong> santé, une assistance psychologique axée sur la modification <strong>de</strong>s<br />

comportements et la pharmacothérapie. La pharmacothérapie est un élément crucial<br />

<strong>de</strong> cette stratégie plurifactorielle. Il existe différents traitements<br />

<strong>de</strong> première ligne adaptés à la prise en charge du tabagisme.<br />

La gomme à mâcher à base <strong>de</strong> nicotine est <strong>au</strong>torisée comme<br />

produit <strong>de</strong> substitution nicotinique en vente libre. La gomme<br />

libère <strong>de</strong> la nicotine, laquelle est absorbée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la cavité<br />

buccale et <strong>de</strong>s muqueuses. La gomme à la nicotine se présente<br />

sous différents dosages. La dose la plus élevée est sans<br />

doute d’une plus gran<strong>de</strong> ai<strong>de</strong> pour les fumeurs <strong>for</strong>tement nicotinodépendants.<br />

Les dispositifs trans<strong>de</strong>rmiques (ou “patchs”) à<br />

la nicotine renferment un réservoir <strong>de</strong> nicotine qui diffuse à<br />

débit constant la substance à travers la pe<strong>au</strong> dans la circulation<br />

sanguine. Les patchs sont disponibles <strong>au</strong>ssi bien en vente libre<br />

que sur prescription médicale. L’arsenal thérapeutique visant à<br />

traiter la dépendance tabagique s’est en outre enrichi notamment<br />

<strong>de</strong> substituts nicotiniques sous <strong>for</strong>me d’inhaleur.<br />

La première ai<strong>de</strong> pharmacologique <strong>au</strong> sevrage tabagique non<br />

nicotinique est un antidépresseur sur prescription médicale. Le<br />

mécanisme d’action <strong>de</strong> la molécule est celui d’un modificateur<br />

<strong>de</strong>s neurotransmetteurs cérébr<strong>au</strong>x doté <strong>de</strong> propriétés dopaminergiques.<br />

Il peut également être utilisé en association avec un<br />

traitement <strong>de</strong> substitution nicotinique.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

D’<strong>au</strong>tres antidépresseurs font actuellement l’objet d’essais cliniques<br />

<strong>de</strong> phase III dans le cadre du sevrage tabagique. La<br />

découverte <strong>de</strong> l’efficacité thérapeutique <strong>de</strong>s antidépresseurs à<br />

composante dopaminergique chez le sujet non déprimé a rapi<strong>de</strong>ment<br />

donné un nouvel essor <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> pharmacothérapies<br />

non nicotiniques potentielles, parmi lesquelles un<br />

inhibiteur <strong>de</strong> la prolactine, un inhibiteur sélectif <strong>de</strong> la recapture<br />

<strong>de</strong> la noradrénaline (ISRN), un antagoniste sélectif <strong>de</strong>s récepteurs<br />

endocannabinoï<strong>de</strong>s CB1 – médicament développé à l’origine<br />

L’addiction <strong>au</strong> tabac comporte<br />

un mélange d’addiction<br />

physique, d’habitu<strong>de</strong>s<br />

et <strong>de</strong> pression sociale.<br />

L’industrie pharmaceutique<br />

a réalisé <strong>de</strong>s progrès<br />

significatifs dans le traitement<br />

<strong>de</strong> l’addiction physique.<br />

<strong>Des</strong> nouvelles<br />

recherches permettent<br />

d’espérer une amélioration<br />

<strong>de</strong> la thérapeutique <strong>de</strong><br />

cette maladie qui tue<br />

chaque année <strong>de</strong>s millions<br />

<strong>de</strong> personnes.<br />

Pays Dernières données Dernières données<br />

disponibles<br />

disponibles<br />

(chez l’homme) (chez la femme)<br />

Allemagne 59,80 (2001) 15,78 (2001)<br />

Autriche 52,58 (2003) 16,61 (2003)<br />

Belgique 101,97 (1997) 15,20 (1997)<br />

Bulgarie 57,72 (2003) 8,96 (2003)<br />

Danemark 67,02 (2000) 40,06 (2000)<br />

Espagne 69,70 (2001) 6,90 (2001)<br />

Estonie 88,70 (2002) 11,36 (2002)<br />

Finlan<strong>de</strong> 48,36 (2003) 12,84 (2003)<br />

France 66,00 (2000) 10,50 (2000)<br />

Grèce 72,00 (2001) 10,77 (2001)<br />

Hongrie 114,58 (2003) 32,59 (2003)<br />

Irlan<strong>de</strong> 56,20 (2001) 25,37 (2001)<br />

Italie 69,50 (2001) 12,65 (2001)<br />

Lettonie 79,80 (2003) 9,72 (2003)<br />

Lituanie 78,82 (2003) 8,99 (2003)<br />

Luxembourg 70,41 (2003) 21,84 (2003)<br />

Malte 55,69 (2003) 8,06 (2003)<br />

Norvège 48,87 (2002) 23,40 (2002)<br />

Pays-Bas 71,67 (2003) 27,00 (2003)<br />

Pologne 100,57 (2002) 19,69 (2002)<br />

Portugal 42,10 (2002) 7,76 (2002)<br />

République tchèque 81,00 (2003) 18,83 (2003)<br />

Roumanie 66,20 (2002) 11,23 (2002)<br />

Roy<strong>au</strong>me-Uni 58,02 (2002) 29,84 (2002)<br />

Slovaquie 77,20 (2002) 10,66 (2002)<br />

Slovénie 73,97 (2003) 18,10 (2003)<br />

Suè<strong>de</strong> 31,40 (2001) 20,91 (2001)<br />

Suisse 51,10 (2001) 14,90 (2001)<br />

Profils comparés entre pays: t<strong>au</strong>x standardisé <strong>de</strong><br />

mortalité par cancer <strong>de</strong> la trachée, <strong>de</strong>s bronches et du<br />

poumon (pour 100.000 personnes).<br />

Sources: Banque <strong>de</strong> données «Santé pour tous en Europe»,<br />

Bure<strong>au</strong> régional <strong>de</strong> l’OMS pour l’Europe, Copenhague, Danemark,<br />

© 2003 Organisation Mondiale <strong>de</strong> la Santé.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

27


pour traiter la maladie <strong>de</strong> Parkinson – et un agoniste nicotinique partiel, spécifique<br />

du récepteur alpha4-bêta2. L’existence <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> exempts <strong>de</strong> nicotine offrira<br />

<strong>au</strong> patient comme <strong>au</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> nouvelles options antitabagiques permettant <strong>de</strong><br />

déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la stratégie optimale la mieux adaptée à chacun. C’est dans l’association<br />

<strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> existants et <strong>de</strong> nouvelles molécules, étayée par une thérapie comportementale<br />

efficace, que rési<strong>de</strong>nt les plus grands espoirs d’amélioration <strong>de</strong> la thérapeutique.<br />

Les nouvelles interventions pharmacologiques s’avéreront très probablement<br />

utiles pour réduire la consommation <strong>de</strong> cigarettes, améliorer<br />

les symptômes du sevrage tabagique ou atténuer la sensation <strong>de</strong><br />

manque chez les fumeurs. Les chercheurs ont i<strong>de</strong>ntifié plusieurs systèmes<br />

neurochimiques, à savoir les systèmes glutamatergique, noradrénergique<br />

et gabaergique, qui jouent un rôle dans le ren<strong>for</strong>cement <strong>de</strong><br />

l’<strong>au</strong>toadministration <strong>de</strong> nicotine chez l’animal et/ou dans les processus<br />

neuron<strong>au</strong>x et synaptiques associés à l’addiction nicotinique.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

<strong>Des</strong> progrès significatifs ont été accomplis en matière <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong><br />

l’addiction tabagique. Il existe dorénavant <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> sûrs et<br />

fiables pour une prise en charge <strong>de</strong> première intention. De même, on<br />

a pu constater que les approches comportementales assurent une<br />

réponse thérapeutique <strong>au</strong> sevrage. Cependant, un nombre non négligeable<br />

<strong>de</strong> fumeurs <strong>de</strong>meurent dépendants, be<strong>au</strong>coup d’entre eux<br />

étant incapables <strong>de</strong> renoncer à la consommation <strong>de</strong> produits du tabac,<br />

même avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s stratégies thérapeutiques existantes.<br />

La connaissance exacte <strong>de</strong>s molécules réceptrices activées spécifiquement par la nicotine<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s cellules libérant la dopamine <strong>de</strong>vrait être une première étape prometteuse<br />

sur la voie du développement d’un médicament facilitant le sevrage tabagique.<br />

Une <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong> récente faisant appel à <strong>de</strong>s techniques d’imagerie cérébrale<br />

sophistiquées suggère la présence dans la fumée <strong>de</strong> cigarette d’une substance indéterminée<br />

qui, s’ajoutant à la nicotine, entraîne une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s concentrations<br />

<strong>de</strong> dopamine dans le cerve<strong>au</strong> <strong>de</strong>s fumeurs en inhibant une enzyme responsable <strong>de</strong> la<br />

dégradation <strong>de</strong> la dopamine. Si dans l’avenir la recherche confirme que le tabagisme<br />

modifie les t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dopamine par le biais <strong>de</strong> plusieurs mécanismes, la porte serait<br />

alors ouverte à <strong>de</strong> nouvelles stratégies <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> efficaces<br />

dans le sevrage tabagique.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

28<br />

Un tel objectif représente un véritable défi, étant donné le nombre considérable <strong>de</strong><br />

protéines réceptrices présentes dans les cellules, chacune étant elle-même constituée<br />

<strong>de</strong> tout un jeu <strong>de</strong> sous-unités protéiques, toutes susceptibles <strong>de</strong> répondre à la nicotine<br />

ou, <strong>au</strong> contraire, à un signal chimique totalement différent. Différents trav<strong>au</strong>x<br />

menés dans les années quatre-vingt-dix par plusieurs laboratoires évoquaient la présence<br />

parmi les nombreux récepteurs à l’ACh dits “nicotiniques” d’une molécule constituée<br />

<strong>de</strong>s sous-unités alpha4 et bêta2 qui jouerait un rôle capital dans l’addiction<br />

nicotinique.<br />

<strong>Des</strong> groupes <strong>de</strong> chercheurs ont récemment déterminé que l’activation par la nicotine<br />

<strong>de</strong> récepteurs porteurs <strong>de</strong> la sous-unité spécifique alpha4 suffit à générer certains<br />

événements en rapport avec l’addiction, par exemple la réponse <strong>de</strong> plaisir, la sensibilisation<br />

et la tolérance à <strong>de</strong>s doses répétées <strong>de</strong> nicotine. Ces trav<strong>au</strong>x semblent indiquer<br />

que la sous-unité alpha4 ainsi que les molécules qu’active cette sous-unité<br />

alpha4 peuvent se révéler <strong>de</strong>s cibles utiles pour les traitements <strong>de</strong> l’addiction tabagique.<br />

L’ultime espoir rési<strong>de</strong> dans le fait que l’un <strong>de</strong> ces sign<strong>au</strong>x puisse constituer une<br />

cible moléculaire susceptible <strong>de</strong> faire l’objet d’un blocage spécifique, fournissant ainsi<br />

une arme thérapeutique contre l’addiction. Une telle stratégie s’apparenterait <strong>au</strong>x<br />

thérapies anticancéreuses mo<strong>de</strong>rnes, qui ciblent et inhibent exclusivement les molécules<br />

<strong>de</strong> signalisation indispensables à la prolifération <strong>de</strong>s cellules cancéreuses.


Anémie<br />

L’anémie est une maladie<br />

caractérisée par le fait<br />

que le sang ne transporte<br />

pas assez d’oxygène par<br />

manque <strong>de</strong> globules rouges.<br />

Les c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> l’anémie<br />

sont multiples et il<br />

existe dès lors plusieurs<br />

traitements différents.<br />

La recherche pharmaceutique<br />

vise à mettre à<br />

disposition <strong>de</strong>s traitements<br />

alternatifs mieux<br />

supportés par le patient.<br />

Qu’est-ce que l’anémie<br />

L’anémie est une affection caractérisée par le fait que la quantité d’oxygène véhiculée<br />

par le sang se situe en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la normale, soit en raison d’une érythropénie (baisse<br />

du nombre <strong>de</strong> globules rouges ou érythrocytes), soit parce que la charge en oxygène<br />

<strong>de</strong> chaque globule rouge est moindre. Les érythrocytes sont produits par la moelle<br />

osseuse et ont une durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 120 jours, pério<strong>de</strong> à l’issue <strong>de</strong> laquelle<br />

ils sont détruits et remplacés dans le cadre du processus <strong>de</strong> renouvellement normal.<br />

Une diminution du nombre d’érythrocytes ou un faible t<strong>au</strong>x d’hémoglobine (protéine<br />

fixant l’oxygène <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s érythrocytes) peuvent être secondaire à un saignement,<br />

une synthèse insuffisante, une <strong>de</strong>struction excessive ou une combinaison <strong>de</strong> ces facteurs.<br />

Une anémie sévère associée à une hémoglobinémie inférieure à 7 g/100 cc<br />

s’accompagne <strong>de</strong> faiblesse, vertiges, céphalées, acouphènes, somnolence et irritabilité<br />

et peut finalement entraîner une insuffisance cardiaque ou un choc hypovolémique.<br />

Ne pas explorer une anémie légère constitue une erreur grave: en effet, sa présence<br />

est révélatrice d’un trouble sous-jacent, tandis que son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sévérité n’indique<br />

guère son origine ni sa véritable signification clinique.<br />

Qui est atteint d’anémie<br />

L’anémie peut être due à une carence en fer, composante essentielle <strong>de</strong> l’hémoglobine.<br />

L’insuffisance <strong>de</strong> l’apport alimentaire en fer est responsable à l’échelle mondiale<br />

<strong>de</strong> la principale carence nutritionnelle et constitue la c<strong>au</strong>se la plus répandue <strong>de</strong> l’anémie.<br />

Chez la femme, <strong>de</strong>s règles abondantes (ménorragie) en sont fréquemment la<br />

c<strong>au</strong>se. La grossesse peut générer une anémie ferriprive (c’est-à-dire due à une carence<br />

en fer) car, pour se développer, le fœtus a besoin <strong>de</strong> fer et puise donc dans les réserves<br />

maternelles. La prévalence <strong>de</strong> l’anémie ferriprive varie <strong>de</strong> 9 à 70 % selon les groupes<br />

<strong>de</strong> population considérés. Son inci<strong>de</strong>nce est plus élevée dans les pays moins développés,<br />

ainsi que dans les couches <strong>de</strong> la population moins favorisées dans les pays<br />

industrialisés. En zone tropicale, l’ankylostomiase (maladie parasitaire due à un ver<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

29


ond <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s némato<strong>de</strong>s) induit une anémie ferriprive et en constitue la c<strong>au</strong>se<br />

la plus fréquente dans le mon<strong>de</strong>. Les <strong>au</strong>tres nutriments indispensables à la production<br />

<strong>de</strong>s érythrocytes sont l’aci<strong>de</strong> folique et la vitamine B 12 . Un apport alimentaire déficitaire<br />

en ces éléments peut également provoquer une anémie.<br />

L’anémie associée <strong>au</strong>x états pathologiques chroniques comme certaines infections,<br />

une maladie inflammatoire – telle que la polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> ou le cancer – est<br />

également très répandue. Le problème majeur rési<strong>de</strong> alors dans l’impossibilité dans<br />

laquelle se trouve la moelle osseuse d’<strong>au</strong>gmenter sa capacité <strong>de</strong> production en réponse<br />

à l’anémie. Chez un grand nombre <strong>de</strong> ces patients, la production rénale d’érythropoïétine<br />

(Epo) et la réactivité <strong>de</strong> la moelle sont diminuées, ce qui se traduit par une<br />

insuffisance érythropoïétique. Il a été établi que les cytokines dérivées <strong>de</strong>s macrophages<br />

(par exemple l’interleukine-1 bêta (IL-1b), le facteur <strong>de</strong> nécrose <strong>de</strong>s tumeurs alpha<br />

(TNFa) et l’interféron bêta (IFNb) sont à l’origine <strong>de</strong> cette diminution <strong>de</strong> la synthèse<br />

<strong>de</strong> l’Epo.<br />

En outre, l’existence d’une anémie secondaire à la transplantation rénale est bien<br />

connue, même malgré la rareté <strong>de</strong> données spécifiques sur sa prévalence et les facteurs<br />

<strong>de</strong> risque. De 25 à 30 % <strong>de</strong>s transplantés rén<strong>au</strong>x développent une anémie<br />

modérée ou sévère. Il existe une association indéniable entre la concentration d’hémoglobine<br />

et la fonction du greffon rénal. Un certain nombre <strong>de</strong> données suggèrent<br />

que l’insuffisance <strong>de</strong> la production d’Epo par le rein transplanté est le facteur pathogène.<br />

La possibilité que cette <strong>for</strong>te inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’anémie constitue un facteur <strong>de</strong><br />

risque cardiovasculaire supplémentaire chez les transplantés rén<strong>au</strong>x reste à prouver.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

30<br />

GLOBULES ROUGES<br />

ou érythrocytes<br />

représentant environ 93 %<br />

<strong>de</strong> la fraction cellulaire, soit<br />

4,8 à 5 millions par<br />

centimètre cube<br />

(millilitre)<br />

GRANULOCYTES<br />

Neutrophiles - 50 à 70 % <strong>de</strong>s globules blancs<br />

Eosinophiles - ~ 3 % <strong>de</strong>s globules blancs<br />

Basophiles - ~ 1 % <strong>de</strong>s globules blancs<br />

Les éléments soli<strong>de</strong>s du sang<br />

et leur proportion respective<br />

dans le sang normal<br />

SANG TOTAL<br />

(8 % du poids du corps)<br />

FRACTION SOLIDE<br />

(Cellules = 45 %)<br />

GLOBULES BLANCS<br />

ou leucocytes<br />

représentant environ 0,16 %<br />

<strong>de</strong> la fraction cellulaire, soit<br />

4 à 11.000 par<br />

centimètre cube<br />

(millilitre)<br />

FRACTION LIQUIDE<br />

(Plasma = 55 %)<br />

PLAQUETTES SANGUINES<br />

ou thrombocytes<br />

représentant environ 6 à 7 %<br />

<strong>de</strong> la fraction cellulaire, soit<br />

350.000 par<br />

centimètre cube<br />

(millilitre)<br />

AGRANULOCYTES<br />

Lymphocytes - 20 à 40 % <strong>de</strong>s globules blancs<br />

lymphocytes B<br />

lymphocytes T<br />

Monocytes - 1 à 10 % <strong>de</strong>s globules blancs<br />

Chez l’homme la réserve médullaire<br />

étant limitée, l’anémie peut être la<br />

conséquence d’une hémorragie ou d’un<br />

saignement massifs associés à une rupture<br />

spontanée ou tr<strong>au</strong>matique, à l’érosion<br />

d’une artère consécutive à une<br />

lésion ou à un trouble <strong>de</strong> la coagulation.<br />

La perte brutale <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> la<br />

masse sanguine peut être fatale, mais<br />

la diminution <strong>de</strong> la masse sanguine<br />

peut atteindre jusqu’à 60 % sans être<br />

associée à un tel risque si l’hémorragie<br />

sanguine s’effectue à débit faible et sur<br />

une plus longue pério<strong>de</strong>. Les ulcères<br />

gastriques, la colite ulcérative (inflammation<br />

du côlon), les hémorroï<strong>de</strong>s et le<br />

cancer <strong>de</strong> l’intestin peuvent générer<br />

une perte sanguine modérée et prolongée<br />

et induire ainsi une anémie. Il est<br />

fréquent que le saignement ne soit pas<br />

patent car la présence <strong>de</strong> sang dans les<br />

selles passe inaperçue. La sphère urogénitale<br />

peut également être la source<br />

<strong>de</strong> saignements internes imperceptibles.<br />

L’anémie aplastique est due à un déficit en précurseurs <strong>de</strong>s globules rouges, consécutif<br />

soit à une anomalie du pool <strong>de</strong>s cellules souches, soit à une lésion du microenvironnement<br />

<strong>de</strong> la moelle osseuse. Cette affection touche plus volontiers l’adolescent et<br />

l’adulte jeune. Dans 50 % <strong>de</strong>s cas, la c<strong>au</strong>se est inconnue. Parmi les c<strong>au</strong>ses i<strong>de</strong>ntifiées<br />

figurent l’exposition à <strong>de</strong>s produits chimiques, à <strong>de</strong>s radiations ou à <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>,<br />

notamment à <strong>de</strong>s anticancéreux, antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />

ou anticonvulsivants. Les mécanismes sous-jacents <strong>de</strong>meurent obscurs mais il semble<br />

qu’une hypersensibilité sélective, voire génétique, en constitue le point <strong>de</strong> départ.


L’anémie peut également être la résultante d’anomalies génétiques <strong>de</strong> la molécule<br />

d’hémoglobine. L’hémoglobine normale est constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux paires <strong>de</strong> chaînes <strong>de</strong><br />

polypepti<strong>de</strong>s. Le type <strong>de</strong> chaîne et la structure chimique <strong>de</strong>s polypepti<strong>de</strong>s <strong>for</strong>mant<br />

chaque chaîne étant déterminés par la génétique, il peut se produire <strong>de</strong>s anomalies<br />

se traduisant par <strong>de</strong>s propriétés physiques ou chimiques anormales. L’inci<strong>de</strong>nce globale<br />

<strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> l’hémoglobine comme la drépanocytose<br />

(ou anémie falci<strong>for</strong>me) et la thalassémie est <strong>de</strong> l’ordre<br />

<strong>de</strong> 4,5 % dans la population mondiale, ce qui représente<br />

250 millions <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s dans le mon<strong>de</strong>. Chaque année,<br />

300 000 enfants naissent en présentant ces anomalies. Les<br />

patients sévèrement atteints nécessitent <strong>de</strong>s transfusions<br />

sanguines fréquentes et un traitement avec <strong>de</strong>s chélateurs<br />

du fer est indispensable pour prévenir une surcharge en fer<br />

secondaire.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

L’un <strong>de</strong>s principes fondament<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong><br />

l’anémie est la mise en oeuvre d’un traitement ciblé, ce qui<br />

implique l’établissement d’un diagnostic spécifique. La<br />

réponse <strong>au</strong> traitement confirme généralement le diagnostic.<br />

Dans <strong>de</strong> nombreux cas, le traitement consiste à prescrire<br />

<strong>de</strong>s suppléments en fer. La durée du traitement est fonction<br />

<strong>de</strong> la sévérité <strong>de</strong> l’affection. Un test sanguin peut être pratiqué <strong>au</strong> bout <strong>de</strong><br />

quelques semaines afin <strong>de</strong> vérifier que l’hémoglobinémie est revenue à la normale. Le<br />

meilleur moyen <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> l’anémie par carence martiale est un régime alimentaire<br />

riche en fer. La dose journalière recommandée est <strong>de</strong> 7 mg par jour chez<br />

l’homme et <strong>de</strong> 11 mg par jour chez la femme. Le traitement <strong>de</strong> l’anémie par carence<br />

en vitamine B 12 ou en folates consiste à remplacer l’élément manquant par <strong>de</strong>s suppléments<br />

nutritionnels et/ou par <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>.<br />

Le traitement immédiat d’une hémorragie massive consiste à arrêter le saignement,<br />

rest<strong>au</strong>rer la masse sanguine (remplissage vasculaire) et à traiter le choc hypovolémique.<br />

La transfusion <strong>de</strong> globules rouges est indiquée dans les hémorragies sévères<br />

avec menace <strong>de</strong> collapsus cardiovasculaire. Immédiate, celle-ci doit être réservée <strong>au</strong>x<br />

patients présentant <strong>de</strong>s symptômes cardiopulmonaires, <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> perte sanguine<br />

incontrôlable ou une <strong>for</strong>me sevère d’insuffisance organique due à un manque d’oxygène.<br />

Le plasma constitue un excellent substitut temporaire du sang. Les essais<br />

conduits avec les PFC (perfluorocarbures ou perfluorures <strong>de</strong> carbone) en perfusion,<br />

substances capables <strong>de</strong> transporter l’oxygène, n’ont présenté qu’un succès limité.<br />

Il est apparu que la prise en charge <strong>de</strong> l’anémie par aplasie pure <strong>de</strong> la lignée érythrocytaire<br />

avec <strong>de</strong>s immunosuppresseurs est couronnée <strong>de</strong> succès, en particulier en<br />

cas d’implication d’une composante immunologique (maladie <strong>au</strong>toimmune).<br />

Les directives américaines et européennes les plus récentes recomman<strong>de</strong>nt d’envisager<br />

un traitement avec l’Epo dès que l’hémoglobinémie est inférieure à 10-11 g/100 cc<br />

chez les patients prédialysés et dialysés. En septembre 2004, une AMM (<strong>au</strong>torisation<br />

<strong>de</strong> mise sur le marché) européenne a été accordée à une <strong>for</strong>mule d’Epo nécessitant<br />

une administration moins fréquente pour une extension d’indication sur la base <strong>de</strong><br />

nouvelles posologies dans l’anémie associée à la chimiothérapie et l’insuffisance rénale<br />

chronique. Dans le cadre du traitement du cancer, la nouvelle posologie préconise<br />

une administration toutes les trois semaines dans le traitement <strong>de</strong> l’anémie chez <strong>de</strong>s<br />

patients adultes atteints <strong>de</strong> pathologies malignes non myéloï<strong>de</strong>s et recevant une chimiothérapie.<br />

Dans l’insuffisance rénale chronique, le produit peut être administré jusqu’à<br />

une fois par mois pour traiter l’anémie chez les patients non dialysés.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

31


Quels sont les traitements en développement<br />

Un nombre croissant <strong>de</strong> données montre que la correction <strong>de</strong> l’anémie avant la dialyse<br />

chez l’insuffisant rénal chronique peut améliorer la qualité <strong>de</strong> vie du patient et la<br />

survie en réduisant le risque d’hypertrophie ventriculaire g<strong>au</strong>che. Outre leur utilisation<br />

chez le prédialysé, les nouvelles <strong>for</strong>mules d’Epo peuvent offrir <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s possibilités<br />

dans diverses indications d’anémie associée <strong>au</strong> cancer. Diverses étu<strong>de</strong>s évaluant<br />

la qualité <strong>de</strong> vie et la survie chez <strong>de</strong>s femmes porteuses d’un cancer du sein ou<br />

d’un cancer du col <strong>de</strong> l’utérus sont en cours <strong>de</strong> réalisation. Une <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong> évalue l’effet<br />

<strong>de</strong> l’Epo sur la réponse tumorale à la radiothérapie et à la chimiothérapie dans le<br />

cancer du poumon à petites cellules. En théorie, l’Epo <strong>de</strong>vrait accroître la sensibilité<br />

<strong>de</strong>s cellules à la radiothérapie et à la chimiothérapie en <strong>au</strong>gmentant l’apport d’oxygène<br />

<strong>au</strong>x tumeurs. L’effet <strong>de</strong>vrait donc être plus remarquable sur les tumeurs soli<strong>de</strong>s<br />

que sur les affections malignes à composante monocytaire. Le traitement <strong>de</strong> l’anémie<br />

d’un patient peut également lui permettre <strong>de</strong> surmonter la maladie sur un plan physique<br />

et émotionnel et d’allonger ainsi la survie.<br />

<strong>Des</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s dérivés <strong>de</strong> l’Epo <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième génération sont en cours. L’une<br />

<strong>de</strong>s molécules concernées est un analogue hyperglycosylé qui, lors <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s précliniques,<br />

a fait preuve d’une activité in vivo supérieure à celle <strong>de</strong>s précurseurs. <strong>Des</strong> étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> phase I et II chez <strong>de</strong>s patients atteints d’anémie associée à la chimiothérapie<br />

ont débuté en 2004.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Un nouve<strong>au</strong> traitement potentiel <strong>de</strong> l’anémie ciblant le CERA (pour Continuous Erythropoietin<br />

Receptor Activator – activateur continu du récepteur <strong>de</strong> l’érythropoïétine)<br />

est considéré comme possédant un mécanisme d’action innovant qui induit une stimulation<br />

prolongée <strong>de</strong> la production d’érythrocytes. Ceci pourrait signifier qu’avec ce<br />

nouve<strong>au</strong> médicament, le rythme d’administration ne serait plus que d’une administration<br />

toutes les trois ou quatre semaines.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, la recherche en matière d’anémie s’est concentrée sur les nouvelles<br />

molécules d’Epo recombinante, lesquelles s’adressent à l’anémie associée <strong>au</strong>x<br />

pathologies chroniques et à la chimiothérapie anticancéreuse. Désormais, l’intérêt se<br />

porte moins sur l’Epo et les pathologies chroniques, que sur le traitement <strong>de</strong>s troubles<br />

<strong>de</strong> l’hémoglobine comme la drépanocytose et les thalassémies, ainsi que sur <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

traitements immunosuppresseurs pour l’anémie aplastique.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

32


Dégénérescence<br />

maculaire liée à l’âge<br />

Qu’est-ce que la dégénérescence maculaire liée à l’âge<br />

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une pathologie oculaire caractérisée<br />

par la <strong>for</strong>mation et le développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x vaisse<strong>au</strong>x sanguins (“néovaisse<strong>au</strong>x”)<br />

sous la rétine. Il s’agit d’une maladie dégénérative <strong>de</strong> la macula (petite<br />

zone située <strong>au</strong> centre <strong>de</strong> la rétine), qui prive le tissu rétinien sensitif <strong>de</strong> ses apports en<br />

oxygène et en nutriments. Ceci a pour conséquence une détérioration <strong>de</strong> la vision centrale.<br />

La sévérité <strong>de</strong> la DMLA est extrêmement variable: dans les cas les plus sévères,<br />

la maladie induit une perte totale <strong>de</strong> la vision centrale interdisant <strong>au</strong> patient <strong>de</strong> lire<br />

ou <strong>de</strong> conduire un véhicule. Heureusement, la dégénérescence maculaire n’entraîne<br />

pas <strong>de</strong> cécité totale car elle ne touche pas la vision périphérique. Il existe <strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes<br />

cliniques <strong>de</strong> DMLA: la <strong>for</strong>me exsudative (<strong>for</strong>me néovasculaire, dénommée <strong>for</strong>me<br />

“humi<strong>de</strong>” en langage courant) et la <strong>for</strong>me atrophique (<strong>for</strong>me non néovasculaire,<br />

dénommée <strong>for</strong>me “sèche” en langage courant). Dans 85 % <strong>de</strong>s cas, les patients développent<br />

la <strong>for</strong>me atrophique. La <strong>for</strong>me<br />

exsudative est responsable d’une atteinte<br />

plus sévère <strong>de</strong> la vision centrale.<br />

La dégénérescence maculaire<br />

liée à l’âge est une<br />

maladie <strong>de</strong> l’œil qui affecte<br />

sérieusement la vision<br />

<strong>de</strong>s personnes âgées. La<br />

recherche <strong>de</strong> l’industrie<br />

pharmaceutique a déjà<br />

permis la mise <strong>au</strong> point <strong>de</strong><br />

traitements innovants<br />

contre cette maladie.<br />

Les recherches en cours<br />

pourraient dans le futur<br />

déboucher sur <strong>de</strong>s améliorations<br />

thérapeutiques.<br />

En fonction du type <strong>de</strong> néovascularisation,<br />

la DMLA exsudative se subdivise<br />

elle-même en trois <strong>for</strong>mes: DMLA à prédominance<br />

classique (plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong><br />

néovaisse<strong>au</strong>x <strong>de</strong> type classique), DMLA<br />

exclusivement occulte (tous les néovaisse<strong>au</strong>x<br />

sont occultes) et DMLA minimalement<br />

classique (moins <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong><br />

néovaisse<strong>au</strong>x <strong>de</strong> type classique). Ces<br />

types <strong>de</strong> DMLA se manifestent lorsqu’il<br />

y a <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> néovaisse<strong>au</strong>x <strong>de</strong>stinés<br />

à améliorer l’irrigation sanguine du tissu<br />

rétinien en manque d’oxygène. Ces néovaisse<strong>au</strong>x<br />

sont cependant très fragiles<br />

et se rompent aisément, entraînant<br />

hémorragies et lésions <strong>de</strong>s tissus adjacents.<br />

La DMLA exsudative est à l’origine<br />

<strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s cas sévères <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> l’acuité visuelle. Le diagnostic repose<br />

sur l’ophtalmoscopie indirecte (ou à image inversée), l’examen à la lampe à fente (ou<br />

biomicroscope) et la photographie du fond d’œil afin d’établir la présence d’une<br />

DMLA et sa <strong>for</strong>me. Deux outils diagnostiques essentiels ont fait une apparition plus<br />

récente: la grille d’Amsler et l’angiographie du fond d’œil (fluorescéinique et/ou en<br />

infrarouge <strong>au</strong> vert d’indocyanine).<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> dégénérescence maculaire liée à l’âge<br />

Différents facteurs peuvent être à l’origine <strong>de</strong> la DMLA. La génétique, l’âge, l’alimentation,<br />

le tabagisme et l’exposition <strong>au</strong> rayonnement solaire peuvent tous jouer un rôle.<br />

La DMLA est la principale c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> la vision dans les pays développés chez<br />

les personnes âges <strong>de</strong> 50 ans et plus. Sa prévalence <strong>au</strong>gmente avec l’âge. Aux Etats-<br />

Unis, environ 15 millions <strong>de</strong> personnes sont atteintes <strong>de</strong> DMLA, ce nombre étant estimé<br />

à 20 millions en Europe.<br />

<strong>Des</strong> chercheurs ont récemment déclaré avoir i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s changements dans les variations<br />

<strong>de</strong>s séquence d’aci<strong>de</strong>s aminés chez cinq membres <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> la<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

33


DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

34<br />

La vision d’un patient atteint<br />

<strong>de</strong> dégénérescence maculaire<br />

liée à l’âge (DMLA)<br />

fibuline. <strong>Des</strong> mutations du gène <strong>de</strong> la fibuline 5 ont été découvertes chez 1,7 % <strong>de</strong>s<br />

patients atteints <strong>de</strong> DMLA. Ils ont également observé chez ces patients <strong>de</strong> nombreuses<br />

variations d’<strong>au</strong>tres gènes <strong>de</strong> la fibuline et la conservation, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> l’évolution,<br />

<strong>de</strong>s résidus modifiés semble indiquer que certaines <strong>de</strong> ces variations pourraient également<br />

être impliquées dans la DMLA.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> traitement éprouvé pour la DMLA atrophique. Par le passé, chez certains<br />

patients atteints <strong>de</strong> DMLA exsudative dûment sélectionnés, la photocoagulation<br />

<strong>au</strong> laser s’est avérée efficace pour obturer les néovaisse<strong>au</strong>x perméables ou hémorragiques.<br />

Malheureusement, la photocoagulation <strong>au</strong> laser ne redonne pas la vision perdue,<br />

par contre elle peut prévenir une nouvelle dégradation <strong>de</strong> la vision restante. Ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, la photothérapie dynamique (ou PTD), technique anticancéreuse<br />

appliquée à l’ophtalmologie, a fait la preuve <strong>de</strong> son efficacité en bloquant le développement<br />

anormal <strong>de</strong>s néovaisse<strong>au</strong>x chez <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> DMLA exsudative.<br />

Cette technique <strong>de</strong> traitement par laser utilise un colorant photosensibilisant administré<br />

par perfusion intraveineuse 15 minutes avant le traitement <strong>au</strong> laser <strong>de</strong> l’œil<br />

atteint. Après activation par un laser dio<strong>de</strong> non thermique à une longueur d’on<strong>de</strong>s<br />

spécifique (689 nm), la molécule (c’est-à-dire le colorant) entame un processus chimique<br />

qui détruit les néovaisse<strong>au</strong>x anorm<strong>au</strong>x en développement sous la macula sans<br />

altérer les vaisse<strong>au</strong>x sanguins norm<strong>au</strong>x.<br />

Depuis fin 2004, un nouvel antiangiogène est commercialisé <strong>au</strong>x États-Unis. En septembre<br />

2004, il a également été <strong>au</strong>torisé dans l’Union européenne dans le traitement<br />

<strong>de</strong> la DMLA exsudative. Le mécanisme d’action <strong>de</strong> cette nouvelle molécule consiste à<br />

inhiber la prolifération sous-maculaire <strong>de</strong>s néovaisse<strong>au</strong>x. Il s’agit d’un aptamère pégylé<br />

antagoniste spécifique du VEGF (facteur <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’endothélium vasculaire)<br />

qui, après s’être lié à ce facteur <strong>de</strong> croissance, en inhibe<br />

l’action. Le VEGF est une protéine qui joue un rôle important<br />

dans le développement <strong>de</strong> la néovascularisation (ou<br />

angiogenèse) et <strong>au</strong>gmente la perméabilité vasculaire –<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s processus-clés <strong>de</strong> la DMLA exsudative. Cet anti-<br />

VEGF peut également être administré concomitamment<br />

avec la PTD.<br />

Ce nouve<strong>au</strong> médicament est injecté directement dans l’œil<br />

du patient. La voie intraoculaire peut être source <strong>de</strong> problèmes,<br />

les patients pouvant la juger désagréable, voire<br />

insupportable. C’est pourquoi <strong>de</strong>s brochures d’in<strong>for</strong>mation<br />

sur les risques d’infection oculaire et le suivi postthérapeutique<br />

nécessaire sont mises à la disposition <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />

et <strong>de</strong>s patients. Il est préconisé un contrôle par téléphone<br />

<strong>de</strong> l’état du patient trois jours après l’acte et une visite chez<br />

l’ophtalmologue après une semaine. En outre, une surveillance et un suivi à long<br />

terme s’imposent en raison <strong>de</strong> l’éventualité d’effets cardiovasculaires imputables à<br />

l’inhibition du VEGF.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Nous disposons <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase II et III <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres molécules<br />

en développement dans le cadre du traitement <strong>de</strong> la dégénérescence maculaire liée à<br />

l’âge. La première est un fragment d’anticorps monoclonal pour traitement antiangiogénique<br />

intraoculaire et fait l’objet d’essais <strong>de</strong> phase III. La <strong>de</strong>uxième stratégie<br />

consiste en un traitement moins invasif car administré par voie injectable (non intraoculaire).<br />

Pendant la durée <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, il a été pratiqué quatre injections hebdomadaires,<br />

sans <strong>au</strong>tre traitement d’entretien. Cette molécule est <strong>au</strong>jourd’hui testée dans le<br />

cadre <strong>de</strong> la phase II et fera ultérieurement l’objet d’étu<strong>de</strong>s d’optimisation posologique<br />

(ou <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> dose), avec traitement d’entretien et/ou en association avec la<br />

PTD. Le mo<strong>de</strong> d’action <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux substances consiste à prévenir le développement <strong>de</strong>


néovaisse<strong>au</strong>x sous-rétiniens. Les essais cliniques <strong>de</strong>vant se poursuivre pendant encore<br />

<strong>au</strong> moins une année pour démontrer la conservation ou l’amélioration <strong>de</strong> la vision<br />

après inst<strong>au</strong>ration du traitement, la mise sur le marché <strong>de</strong> ces nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong><br />

n’est pas prévue avant 2007.<br />

Il existe un <strong>au</strong>tre médicament expérimental proposé dans le traitement <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me<br />

exsudative <strong>de</strong> la dégénérescence maculaire liée à l’âge conçu pour être délivré en<br />

arrière <strong>de</strong> l’œil, via une son<strong>de</strong> à <strong>de</strong>meure incurvée à bout mousse. Cette stratégie évite<br />

l’introduction d’une aiguille dans le globe oculaire et prévient ainsi les risques éventuels<br />

d’infection intraoculaire et <strong>de</strong> décollement <strong>de</strong> la rétine. Toutefois, une fuite du<br />

médicament à travers l’incision pratiquée dans la conjonctive est possible.<br />

En 2004, <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> recherche ont annoncé le début d’un<br />

essai <strong>de</strong> phase I portant sur un anti-VEGF par voie intraveineuse<br />

chez <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> DMLA humi<strong>de</strong>. Les étu<strong>de</strong>s précliniques<br />

ont montré que la molécule inhibe le développement <strong>de</strong><br />

la néovascularisation, qu’elle soit administrée pour voie intraveineuse<br />

ou directement dans l’œil.<br />

Une <strong>au</strong>tre molécule, le SnET2, pour PTD utilisant un laser émettant<br />

un rayonnement lumineux <strong>de</strong> longueur d’on<strong>de</strong> plus courte<br />

(664 nm) fait <strong>au</strong>jourd’hui l’objet d’une évaluation prioritaire <strong>au</strong>x<br />

États-Unis. Une <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong> évalue la tolérance et l’efficacité<br />

d’un implant stéroïdien dans la prévention ou le ralentissement<br />

<strong>de</strong> la perte d’acuité visuelle chez <strong>de</strong>s patients non candidats à la<br />

PTD.<br />

La recherche s’attache également à développer <strong>de</strong> nouvelles techniques <strong>de</strong> délivrance<br />

<strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong>. Les chercheurs concentrent toute leur attention sur <strong>de</strong>s plates<strong>for</strong>mes<br />

<strong>de</strong> technologies <strong>de</strong> délivrance intraoculaire <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> à libération<br />

contrôlée et biodégradables. Ils sont convaincus que <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> délivrance biodégradables<br />

constituerait une métho<strong>de</strong> plus efficace pour “cibler” les <strong>médicaments</strong><br />

sur la face postérieure <strong>de</strong> l’œil. Les <strong>au</strong>tres aspects positifs <strong>de</strong> ce type d’implants rési<strong>de</strong>nt<br />

dans le fait qu’ils peuvent être insérés à l’ai<strong>de</strong> d’une aiguille <strong>de</strong> taille relativement<br />

réduite sous anesthésie locale et qu’en outre leurs faibles dimensions limiteront<br />

les tr<strong>au</strong>matismes pour l’œil. Cette technologie est caractérisée par sa polyvalence car<br />

elle permet <strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s durées <strong>de</strong> délivrance différentes et l’administration d’une<br />

gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> molécules.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Les recherches menées actuellement sur les effets <strong>de</strong> la protéine TIMP-3 (inhibiteur tissulaire<br />

<strong>de</strong> la métalloprotéinase 3) pourraient aboutir <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

<strong>médicaments</strong> pour la prise en charge <strong>de</strong> la dégénérescence maculaire liée à l’âge. La<br />

TIMP-3 se lie <strong>au</strong> récepteur du VEGF-2 et bloque la fixation du facteur <strong>de</strong> croissance<br />

<strong>de</strong> l’endothélium vasculaire, prévenant ainsi l’activation du récepteur et, <strong>de</strong> ce fait, le<br />

développement excessif <strong>de</strong> néovaisse<strong>au</strong>x. D’<strong>au</strong>tres molécules inhibant efficacement la<br />

métalloprotéinase pourraient également être indiquées dans le traitement <strong>de</strong> la<br />

DMLA.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, la technique <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s gènes dite “gene<br />

silencing”, l’ARN interférence, a suscité un intérêt considérable. Découverte pour la<br />

première fois en 1998, elle constitue un processus cellulaire par le biais duquel les cellules<br />

inactivent certains gènes en en régulant l’expression; toutefois, les chercheurs<br />

<strong>de</strong>vront surmonter les difficultés liées <strong>au</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> délivrance et à la stabilité. Deux<br />

groupes <strong>de</strong> chercheurs travaillant sur un programme d’ARN interférence explorent<br />

<strong>au</strong>jourd’hui la possibilité d’inactiver les gènes codant le VEGF dans la DMLA. Les premiers<br />

résultats sont attendus en 2005. Une fois validée, cette nouvelle approche<br />

ouvrira <strong>de</strong>s perspectives pour la mise <strong>au</strong> point <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong>.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

35


Dépendance à l’alcool<br />

Qu’est-ce que la dépendance à l’alcool<br />

La dépendance à l’alcool (ou alcoolo-dépendance) est la <strong>for</strong>me sévère <strong>de</strong> l’alcoolisme,<br />

caractérisée par <strong>de</strong>s comportements déviants spécifiques associés à la consommation<br />

prolongée <strong>de</strong> quantités excessives d’alcool. Elle est considérée comme une maladie<br />

chronique d’origine indéterminée s’accompagnant <strong>de</strong> signes et symptômes reconnaissables<br />

et proportionnels à son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

sévérité. La consommation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

quantités d’alcool est responsable d’une<br />

toxicité clinique et <strong>de</strong> lésions tissulaires<br />

importantes, d’une dépendance physique<br />

et d’un syndrome <strong>de</strong> sevrage potentiellement<br />

dangereux. Les termes “alcoolodépendance”<br />

et “alcoolisme” ont également<br />

un impact sévère sur la vie <strong>de</strong> l’alcoolique<br />

et <strong>de</strong> sa famille. L’ébriété peut<br />

finir par entraîner une dégradation <strong>de</strong>s<br />

relations sociales, ainsi que la perte d’emploi<br />

pour c<strong>au</strong>se d’absentéisme et divers<br />

<strong>au</strong>tres problèmes. Les <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> lésions<br />

organiques les plus fréquentes sont la cirrhose,<br />

la neuropathie périphérique, les<br />

lésions cérébrales et la cardiomyopathie,<br />

souvent accompagnée d’arythmies. La gastrite<br />

est une séquelle fréquente et une pancréatite<br />

peut également se développer.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

36<br />

Qui est atteint par la<br />

dépendance à l’alcool<br />

L’acoolo-dépendance figure parmi les troubles<br />

psychiatriques les plus répandus dans<br />

la population : sa prévalence <strong>au</strong> cours <strong>de</strong><br />

la vie est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 %. Plus courante<br />

chez l’homme, elle est <strong>au</strong>jourd’hui en<br />

<strong>au</strong>gmentation chez la femme. En Europe, le rapport femme/homme s’est resserré<br />

dans la proportion <strong>de</strong> 1 pour 3. C’est le plus souvent à l’adolescence que débutent les<br />

problèmes <strong>de</strong> boisson: près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s alcooliques développent les premiers<br />

symptômes alors qu’ils ne sont âgés que <strong>de</strong> 15 à 19 ans. L’alcoolo-dépendance passe<br />

souvent inaperçue, échappant <strong>au</strong> diagnostic. Ceci peut être la source d’une méconnaissance<br />

<strong>de</strong> la pathologie médicale et psychiatrique impliquée, d’interactions avec<br />

<strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> et d’occasions <strong>de</strong> prévention manquées, par exemple pour prévenir<br />

les effets délétères <strong>de</strong> l’alcool sur le fœtus pendant la grossesse.<br />

Le coût <strong>de</strong> l’abus d’alcool est énorme. Dans son Rapport 2001 sur la santé dans le<br />

mon<strong>de</strong>, l’OMS estime que l’alcool contribue à h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong> 1,5 % <strong>au</strong> nombre total <strong>de</strong><br />

décès enregistrés dans le mon<strong>de</strong> (750 000 décès par an). Les <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong> ce rapport<br />

indiquent également qu’à l’échelon mondial cinq pour cent <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s décès<br />

enregistrés dans la tranche d’âge <strong>de</strong>s 15 à 29 ans sont imputables à l’alcool. Ils<br />

concluent en précisant que l’impact mondial <strong>de</strong> l’alcool est <strong>de</strong> fait supérieur à celui<br />

du tabagisme en termes d’années <strong>de</strong> vie perdues, les problèmes <strong>de</strong> santé majeurs liés<br />

<strong>au</strong> tabagisme n’ayant fait leur apparition que récemment.<br />

L’alcoolo-dépendance est familiale; avoir un parent alcoolique constitue un facteur<br />

<strong>de</strong> risque non négligeable <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la maladie. En outre, il existe une


prédisposition génétique à l’alcoolisme, en particulier dans sa <strong>for</strong>me la plus sévère.<br />

Les princip<strong>au</strong>x gènes i<strong>de</strong>ntifiés jusqu’à présent assurent une protection contre l’alcoolisme;<br />

environ 50 % <strong>de</strong>s natifs d’Asie du Sud-Est présentent <strong>de</strong>s variants génétiques<br />

<strong>de</strong>s enzymes responsables du métabolisme <strong>de</strong> l’alcool qui ont pour effet d’infliger<br />

<strong>au</strong>x sujets qui n’ont pourtant consommé que <strong>de</strong> petites quantités d’alcool <strong>de</strong>s<br />

troubles tels que tachycardie, n<strong>au</strong>sées et céphalées imputables à l’accumulation du<br />

métabolite toxique qu’est l’acétaldéhy<strong>de</strong> (également appelé aldéhy<strong>de</strong> acétique). Ces<br />

effets désagréables agissent comme un moyen <strong>de</strong> dissuasion naturel.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

Les approches comportementales telles que celles proposées par les Alcooliques Anonymes,<br />

la thérapie cognito-comportementale et la thérapie dite “d’enrichissement<br />

motivationnel” sont les pierres angulaires du traitement. <strong>Des</strong> traitements médicamenteux<br />

viennent compléter ces thérapies antialcooliques. Les <strong>médicaments</strong> sont<br />

employés pour atteindre <strong>de</strong>s objectifs cliniques spécifiques comme la facilitation <strong>de</strong><br />

l’abstinence ou la réduction <strong>de</strong> la consommation excessive d’alcool. Ces <strong>médicaments</strong><br />

sont en mesure d’ai<strong>de</strong>r les patients à réaliser ces objectifs en limitant leur désir <strong>de</strong> l’alcool,<br />

en réduisant les effets <strong>de</strong> récompense <strong>de</strong> l’alcool ou en atténuant les symptômes<br />

d’un sevrage prolongé. L’adhésion <strong>au</strong> traitement est le facteur prédictif clé du succès<br />

d’un traitement médicamenteux <strong>de</strong> l’alcoolo-dépendance. Tout traitement doit tenir<br />

compte à la fois <strong>de</strong> la détoxification et du sevrage. Avant tout, l’alcool doit être exclu<br />

du régime du patient et son comportement doit être modifié <strong>de</strong> manière à parvenir à<br />

la sobriété.<br />

La dépendance à l’alcool<br />

va <strong>de</strong> pair avec les problèmes<br />

humains qui sévissent<br />

à travers le mon<strong>de</strong>. Ayant<br />

étudié les effets <strong>de</strong> l’alcool<br />

sur le cerve<strong>au</strong>, l’industrie<br />

pharmaceutique a<br />

pu mettre <strong>au</strong> point <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong> qui permettent<br />

d’améliorer la vie <strong>de</strong>s<br />

sujets alcoolo-dépendants<br />

et <strong>de</strong> leur entourage.<br />

Le médicament le plus ancien, inhibiteur <strong>de</strong> l’ALDH (acétaldéhy<strong>de</strong> déshydrogénase),<br />

a été introduit dès 1952 comme thérapie aversive <strong>de</strong> l’alcoolodépendance.<br />

Cet inhibiteur <strong>de</strong> l’ALDH induit une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s concentrations<br />

d’acétaldéhy<strong>de</strong>, un produit intermédiaire toxique. Les patients qui<br />

boivent <strong>de</strong> l’alcool tout en prenant ce médicament souffrent d’hypotension<br />

artérielle, <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées, <strong>de</strong> bouffées vasomotrices, <strong>de</strong> céphalées, voire <strong>de</strong> palpitations<br />

et <strong>de</strong> convulsions et peuvent même connaître une issue fatale. La<br />

molécule s’avère plus efficace chez les patients qui adhèrent <strong>au</strong> traitement<br />

et, quant à ceux qui rechutent sous un tel traitement, ils ont tendance à<br />

boire dans <strong>de</strong>s proportions significativement moindres; toutefois rares sont<br />

les éléments démontrant qu’il facilite l’abstinence.<br />

Une <strong>au</strong>tre <strong>for</strong>me <strong>de</strong> traitement consiste à utiliser un inhibiteur <strong>de</strong> la bêtaendorphine<br />

ou antagoniste opiacé. La substance agit sur les récepteurs <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> du cerve<strong>au</strong> central en bloquant les effets <strong>de</strong>s opiacés endogènes<br />

dont la concentration <strong>au</strong>gmente après consommation d’alcool. Cet inhibiteur<br />

est utilisé chez les buveurs problématiques précoces en situation ciblée<br />

jugée à h<strong>au</strong>t risque. Le traitement par antagonistes opiacés ciblés, associé<br />

à une brève prise en charge psychothérapique, s’est imposé comme une<br />

stratégie incontournable dans la réduction <strong>de</strong> la consommation excessive<br />

d’alcool. Ce produit possè<strong>de</strong> une efficacité bien documentée, du moins pendant<br />

les trois premiers mois <strong>de</strong> traitement, et est facile à utiliser sur la base<br />

d’une seule prise quotidienne.<br />

Un dérivé <strong>de</strong>s benzami<strong>de</strong>s exerçant une action inhibitrice sur les récepteurs dopaminergiques<br />

D 2 , généralement prescrit dans la maladie <strong>de</strong> Parkinson avec mouvements<br />

anorm<strong>au</strong>x induits par le traitement médicamenteux, est utilisé dans le cadre <strong>de</strong> la<br />

prise en charge <strong>au</strong> long cours <strong>de</strong>s alcooliques souffrant <strong>de</strong> troubles anxieux ou<br />

dépressifs.<br />

Un analogue structural du GABA (aci<strong>de</strong> gamma-aminobutyrique) est utilisé <strong>de</strong>puis<br />

près <strong>de</strong> 20 ans pour réduire la fréquence <strong>de</strong> la consommation d’alcool et le nombre<br />

<strong>de</strong> jours <strong>de</strong> consommation cumulée. L’exposition chronique à l’alcool entraîne, <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> cérébral, une diminution du système gabaergique inhibiteur et, parallèlement,<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

37


DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

38<br />

Pays Année Litres<br />

Allemagne 2002 10,98<br />

Autriche 2002 10,44<br />

Belgique 2002 8,08<br />

Bulgarie 2002 5,40<br />

Danemark 2002 9,78<br />

Espagne 2002 9,62<br />

Estonie 2002 7,70<br />

Finlan<strong>de</strong> 2002 8,99<br />

France 2002 10,86<br />

Grèce 2002 7,82<br />

Hongrie 2002 11,27<br />

Irlan<strong>de</strong> 2001 11,36<br />

Italie 2002 7,93<br />

Lettonie 2002 7,98<br />

Lituanie 2002 10,00<br />

Luxembourg 2002 14,10<br />

Malte 2002 5,28<br />

Norvège 2002 4,70<br />

Pays-Bas 2002 7,90<br />

Pologne 2002 6,58<br />

Portugal 2002 9,49<br />

République tchèque 2002 13,43<br />

Roumanie 2002 6,21<br />

Roy<strong>au</strong>me-Uni 2002 9,08<br />

Slovaquie 2002 9,78<br />

Slovénie 2002 6,36<br />

Suè<strong>de</strong> 2002 5,72<br />

Suisse 2002 9,39<br />

Turquie 2002 1,04<br />

Consommation d’alcool pur<br />

(litres par tête d’habitant) dans les<br />

pays retenus<br />

© 2003 Bure<strong>au</strong> régional <strong>de</strong> l’Organisation<br />

mondiale <strong>de</strong> la Santé pour l’Europe<br />

une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> l’activité du système glutamatergique excitateur. Il semble que<br />

la molécule intensifie la transmission gabaergique via une <strong>au</strong>gmentation du nombre<br />

<strong>de</strong> sites <strong>de</strong> captage du GABA. Elle interfère également avec l’action du glutamate, par<br />

exemple avec les récepteurs NMDA (N-méthyle D-aspartate), rest<strong>au</strong>rant alors la<br />

neurotransmission inhibitrice et excitatrice glutamatergique. Le médicament s’avère<br />

possé<strong>de</strong>r une longue durée d’action, celle-ci pouvant s’étendre sur un an à compter <strong>de</strong><br />

l’arrêt du traitement, toutefois l’observance d’un traitement nécessitant trois prises<br />

quotidiennes pose souvent un problème.<br />

La durée optimale <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers traitements n’a pas été établie, mais une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> six mois <strong>de</strong>vrait être considérée comme un minimum, douze mois représentant<br />

une durée souhaitable.<br />

En cas <strong>de</strong> sevrage alcoolique, il f<strong>au</strong>t veiller à maintenir l’équilibre hydroélectrolytique<br />

et à administrer rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> <strong>for</strong>tes doses <strong>de</strong> vitamines du complexe B, thiamine<br />

notamment. Certains <strong>médicaments</strong> couramment utilisés pour traiter le sevrage alcoolique<br />

ont <strong>de</strong>s effets très voisins <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’alcool; les tranquillisants sont la clé <strong>de</strong><br />

voûte du traitement.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

De récentes étu<strong>de</strong>s évoquent plusieurs <strong>au</strong>tres approches médicamenteuses susceptibles<br />

d’être efficaces dans la prise en charge <strong>de</strong> l’alcoolo-dépendance. L’association<br />

d’un antagoniste opiacé et d’un analogue du GABA peut retar<strong>de</strong>r la rechute et faciliter<br />

l’abstinence. Un <strong>au</strong>tre antagoniste opiacé qui s’est avéré efficace possè<strong>de</strong> une<br />

<strong>de</strong>mi-vie plus longue, mais la dose thérapeutique et la durée optimale du traitement<br />

n’ont pas encore été établies. Jusqu’à présent, cette molécule n’a été utilisée pour traiter<br />

l’alcoolo-dépendance que dans le cadre <strong>de</strong> la recherche.<br />

Un antiémétique, inhibiteur sélectif <strong>de</strong>s récepteurs sérotoninergiques 5-HT 3 , s’est révélé<br />

avoir un effet bénéfique sur l’alcoolo-dépendance précoce, vraisemblablement via<br />

une modulation <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> la dopamine dans les voies dopaminergiques du<br />

mésencéphale. Chez l’alcoolique précoce, cette molécule constitue une stratégie <strong>de</strong><br />

réduction <strong>de</strong> la consommation d’alcool prometteuse.<br />

De récentes recherches montrent qu’un antiépileptique possédant apparemment différents<br />

mécanismes d’action, notamment le ren<strong>for</strong>cement <strong>de</strong> l’inhibition gabaergique,<br />

peut s’avérer utile en réduisant significativement le nombre <strong>de</strong> jours <strong>de</strong> consommation<br />

d’alcool, c’est-à-dire en prolongeant la durée <strong>de</strong> l’abstinence. Les chercheurs suggèrent<br />

que la molécule bloque les effets <strong>de</strong> récompense <strong>de</strong> l’alcool qui favorisent sa<br />

consommation excessive en freinant la libération <strong>de</strong> dopamine, facilitant ainsi l’action<br />

du GABA tout en inhibant la fonction glutamatergique. Sur un plan plus général, les<br />

résultats indiquent qu’il serait utile d’envisager une approche différente <strong>de</strong> la prise en<br />

charge <strong>de</strong> l’alcoolo-dépendance reposant sur l’utilisation <strong>de</strong> produits différents à<br />

chaque étape du traitement – par exemple pour l’inst<strong>au</strong>ration <strong>de</strong> l’abstinence, le traitement<br />

du syndrome <strong>de</strong> sevrage et l’entretien <strong>de</strong> l’abstinence à long terme.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’expérimentation animale montre que la pharmacologie <strong>de</strong> la sérotonine et <strong>de</strong> ses<br />

nombreux récepteurs joue un rôle dans la consommation d’alcool. Les récepteurs<br />

5-HT 1A semblent être associés à la consommation d’alcool et <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> la<br />

tolérance, les récepteurs 5-HT 2 contribuent effectivement <strong>au</strong> circuit <strong>de</strong> récompense et<br />

les récepteurs 5-HT 3 sont liés <strong>au</strong> développement du ren<strong>for</strong>cement via <strong>de</strong>s projections<br />

synaptiques sur le système dopaminergique dans le mésencéphale. Les résultats <strong>de</strong>s<br />

essais cliniques d’ISRS (inhibiteurs sélectifs du recaptage <strong>de</strong> la sérotonine) sont mitigés.<br />

Cependant, une étu<strong>de</strong> récente semble indiquer que certains sous-types d’alcooliques<br />

– les alcooliques tardifs – peuvent tirer profit <strong>de</strong> cette <strong>for</strong>me <strong>de</strong> traitement.


Compte tenu <strong>de</strong> l’ampleur <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> la dopamine dans la motivation, la<br />

récompense et le ren<strong>for</strong>cement, les antidopaminergiques constituent en toute logique<br />

le domaine à explorer. Les antipsychotiques ont montré leur utilité à différents <strong>de</strong>grés,<br />

en réduisant la consommation d’alcool ou en prolongeant l’abstinence. Aujourd’hui,<br />

l’utilisation <strong>de</strong> ces <strong>médicaments</strong> est limitée par leur profil d’effets secondaires. Le rôle<br />

crucial <strong>de</strong> la dopamine dans le processus d’addiction rappelle la nécessité <strong>de</strong> mener<br />

<strong>de</strong> nouvelles étu<strong>de</strong>s utilisant <strong>de</strong>s antidopaminergiques dotés d’un profil d’effets<br />

secondaires plus mo<strong>de</strong>ste.<br />

À propos <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> l’alcoolo-dépendance, plusieurs questions restent encore<br />

sans réponse mais la recherche est en marche pour tenter <strong>de</strong> les apporter. Les points<br />

restant à éluci<strong>de</strong>r sont l’efficacité réelle <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> dans les différentes populations<br />

<strong>de</strong> patients ou en association avec d’<strong>au</strong>tres <strong>médicaments</strong> ou une thérapie<br />

psycho-sociale ainsi que la dose et la durée optimales du traitement. Les années à<br />

venir <strong>de</strong>vraient apporter <strong>de</strong>s réponses capitales pour la prise en charge du patient<br />

alcoolo-dépendant.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

39


Diarrhée<br />

Qu’est-ce que la diarrhée<br />

La diarrhée est l’élimination <strong>de</strong> quantités abondantes <strong>de</strong> selles molles. Littéralement,<br />

le mot "diarrhée" vient du grec dia “à travers” et rrhoia “flux”. La diarrhée peut être<br />

aiguë (<strong>de</strong> courte durée) ou chronique (<strong>de</strong> longue durée) et durer ainsi plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

semaines. Elle est souvent le symptôme d’<strong>au</strong>tres pathologies ou affections sans constituer<br />

elle-même une maladie.<br />

La diarrhée s’accompagne fréquemment<br />

<strong>de</strong> douleurs digestives, <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées<br />

et <strong>de</strong> vomissements. Elle est le<br />

plus souvent due à un virus, une bactérie<br />

ou un protozoaire dont la porte<br />

d’entrée est la nourriture ou l’e<strong>au</strong> ingérées.<br />

Dans l’appareil digestif, les microorganismes<br />

irritent la muqueuse <strong>de</strong><br />

l’intestin grêle ou du côlon, ce qui a<br />

pour effet d’introduire dans les fèces<br />

une quantité d’e<strong>au</strong> anormalement élevée.<br />

Certaines bactéries (généralement<br />

du genre Staphylococcus) irritent l’intestin<br />

en produisant <strong>de</strong>s toxines. Ces<br />

toxines attaquent également la<br />

muqueuse intestinale. L’intestin irrité<br />

<strong>de</strong>vient très actif, se contractant <strong>de</strong><br />

manière excessive et irrégulière.<br />

Parmi les <strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> diarrhée figurent les allergies alimentaires comme l’intolérance<br />

<strong>au</strong> lactose ou <strong>au</strong> gluten (protéine du blé), l’alcoolisme, un choc émotionnel ou<br />

une réaction médicamenteuse, par exemple à certains antibiotiques ou laxatifs. La<br />

diarrhée chronique peut constituer le symptôme <strong>de</strong> maladies telles que le syndrome<br />

du côlon irritable, les infections intestinales chroniques, les maladies inflammatoires<br />

chroniques <strong>de</strong> l’intestin (colite ulcérative, maladie <strong>de</strong> Crohn), le SIDA et la pancréatite<br />

chronique.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

40<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> diarrhée<br />

La diarrhée affecte généralement tout un chacun à un moment donné <strong>de</strong> sa vie. Elle est<br />

habituellement rare dans les pays dotés du con<strong>for</strong>t sanitaire, où l’on dispose d’accès à<br />

<strong>de</strong> l’e<strong>au</strong> propre et où le nive<strong>au</strong> d’hygiène personnelle et domestique est satisfaisant.<br />

Dans le mon<strong>de</strong> entier, 1,1 milliard <strong>de</strong> personnes n’ont accès à <strong>au</strong>cune source d’e<strong>au</strong> fiable<br />

et 2,4 milliards ne disposent pas du con<strong>for</strong>t sanitaire le plus élémentaire. La diarrhée<br />

d’origine infectieuse est largement répandue dans ces populations. En Asie du Sud-<br />

Est et en Afrique, la diarrhée est responsable <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 8 % <strong>de</strong> la mortalité totale.<br />

Une bactérie, l’Escherichia coli entérotoxique (ETEC), est endémique dans <strong>de</strong> nombreuses<br />

parties du mon<strong>de</strong> et représente chaque année la c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400<br />

millions <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> diarrhée et <strong>de</strong> plus d’un <strong>de</strong>mi-million <strong>de</strong> morts, essentiellement<br />

parmi les enfants <strong>de</strong>s pays en développement. Sept enfants meurent <strong>de</strong> diarrhée toutes<br />

les minutes, principalement en raison <strong>de</strong> la m<strong>au</strong>vaise qualité <strong>de</strong> l’e<strong>au</strong> <strong>de</strong> boisson<br />

et <strong>de</strong> la malnutrition. On estime à 50 millions par an le nombre <strong>de</strong> voyageurs se rendant<br />

dans <strong>de</strong>s zones à h<strong>au</strong>t risque d’ETEC, que ce soit à <strong>de</strong>s fins touristiques ou pour affaires.<br />

Nombreux sont les touristes qui ont fait l’expérience <strong>de</strong> la diarrhée du voyageur. Celleci<br />

se traduit par quatre à cinq émissions quotidiennes <strong>de</strong> selles molles ou liqui<strong>de</strong>s. La


durée moyenne <strong>de</strong> cette élimination excessive <strong>de</strong> selles molles est <strong>de</strong> trois à quatre<br />

jours, mais dans environ 10 % <strong>de</strong>s cas elle perdure plus d’une semaine. Dans 10 %<br />

<strong>de</strong>s cas également, la diarrhée s’accompagne <strong>de</strong> fièvre ou <strong>de</strong> selles sanglantes, voire<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. Les germes le plus fréquemment associés à la diarrhée du voyageur sont les<br />

bactéries Escherichia coli, Salmonella sp., Campylobacter, Shigella sp., les virus <strong>de</strong> la<br />

famille <strong>de</strong>s rotavirus et les protozoaires Entamoeba histolytica et Giardia<br />

lamblia.<br />

Les rotavirus sont, dans le mon<strong>de</strong>, la c<strong>au</strong>se la plus fréquente <strong>de</strong>s diarrhées sévères <strong>de</strong><br />

l’enfant. Dans les pays en développement, l’infection à rotavirus peut entraîner jusqu’à<br />

un million <strong>de</strong> décès par an, représentant <strong>de</strong> 20 à 25 % <strong>de</strong> la mortalité totale<br />

imputable à la diarrhée et 6 % <strong>de</strong> la mortalité totale chez les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

cinq ans.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

La prévention <strong>de</strong> la déshydratation constitue le principal traitement <strong>au</strong> sta<strong>de</strong> initial<br />

<strong>de</strong> la diarrhée. La déshydratation peut être à l’origine <strong>de</strong> problèmes graves, en particulier<br />

chez le nourrisson, l’enfant, le sujet âgé et les patients atteints <strong>de</strong> certaines<br />

pathologies. Il est recommandé <strong>de</strong> boire abondamment du liqui<strong>de</strong> clair légèrement<br />

sucré, ingéré par petites quantités. Il existe pour les patients débilités et/ou âgés <strong>de</strong>s<br />

sachets prêts à l’emploi contenant une poudre pour préparation <strong>de</strong> solutés <strong>de</strong> réhydratation<br />

orale <strong>de</strong>stinés à remplacer les sels et sucres perdus.<br />

La diarrhée se caractérise<br />

par une émission fréquente<br />

<strong>de</strong> selles liqui<strong>de</strong>s. <strong>Des</strong><br />

enfants en meurent dans<br />

les régions où l’e<strong>au</strong> potable<br />

et les conditions d’hygiène<br />

convenables font<br />

déf<strong>au</strong>t. La recherche pharmaceutique<br />

continue non<br />

seulement <strong>de</strong> développer<br />

<strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> contre la<br />

déshydratation et la diarrhée;<br />

elle vise, en outre,<br />

<strong>de</strong>s vaccins préventifs.<br />

Afin <strong>de</strong> réduire les contractions <strong>de</strong> l’intestin, il est possible d’utiliser <strong>de</strong>s antidiarrhéiques<br />

(antipéristaltiques). Ces <strong>médicaments</strong> ralentissent le péristaltisme intestinal<br />

et <strong>au</strong>gmentent l’absorption <strong>de</strong>s liqui<strong>de</strong>s en normalisant le transit dans le tube digestif<br />

et en rétablissant la consistance normale <strong>de</strong>s selles. Ils diminuent<br />

également la diarrhée, réduisant ainsi par la même occasion les pertes<br />

liquidiennes. Les antidiarrhéiques sont particulièrement indiqués<br />

lorsque les conditions sanitaires sont difficiles, par exemple lors<br />

d’un long voyage. Ils ne doivent pas être utilisés lorsque la diarrhée<br />

s’accompagne d’une fièvre élevée.<br />

Les antibiotiques tels que les inhibiteurs <strong>de</strong> la gyrase ou les antiprotozoaires<br />

sont prescrits dans les cas <strong>de</strong> diarrhée sévère, uniquement<br />

après isolement et i<strong>de</strong>ntification du pathogène responsable.<br />

Les molécules les plus utilisées pour traiter l’amibiase sont les<br />

5-nitroimidazolés <strong>de</strong> première et <strong>de</strong>uxième génération.<br />

Il existe également sous <strong>for</strong>me <strong>de</strong> suspension orale un antiprotozoaire<br />

récemment développé s’adressant à l’enfant <strong>de</strong> 1 à 11 ans<br />

dans le cadre du traitement <strong>de</strong> la diarrhée à Cryptosporidium parvum<br />

ou à Giardia lamblia, les <strong>de</strong>ux protozoaires les plus courants transmis par l’e<strong>au</strong>.<br />

En 2002, il a été le premier médicament <strong>au</strong>torisé pour le traitement <strong>de</strong> la diarrhée<br />

associée à la cryptosporidiose et, pour la première fois en 40 ans, le premier également<br />

pour la diarrhée à Giardia lamblia.<br />

En mai 2004, la FDA américaine a <strong>au</strong>torisé la mise sur le marché d’un médicament<br />

visant à prévenir la diarrhée du voyageur. Cet antibiotique est administré à titre prophylactique.<br />

Son principe actif <strong>de</strong>meure présent dans le tractus gastrointestinal pendant<br />

une pério<strong>de</strong> prolongée.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Début 2004, <strong>de</strong>s chercheurs ont rapporté les résultats intéressants d’essais <strong>de</strong> phase I<br />

d’un vaccin anti-ETEC oral, conçu pour protéger les voyageurs <strong>de</strong> la diarrhée. L’étu<strong>de</strong><br />

a révélé un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> réponse immunitaire <strong>de</strong> 50 % après administration d’une seule<br />

dose, t<strong>au</strong>x qui atteint 70 % après <strong>de</strong>ux doses. Les investigateurs ont déclaré que ce<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> réponse immunitaire était plus important que prévu et c’est <strong>de</strong> loin le meilleur<br />

Photographie <strong>au</strong> microscope électronique<br />

<strong>de</strong> l’E. coli, une bactérie en<br />

<strong>for</strong>me <strong>de</strong> bâtonnet, que l’on<br />

retrouve fréquemment en grand<br />

nombre chez l’homme <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

du colon.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

41


obtenu à ce jour. Le vaccin antidiarrhéique est préparé à partir <strong>de</strong> souches atténuées<br />

<strong>de</strong> bactéries du genre Salmonella, qui ont été modifiées pour porter un antigène ETEC.<br />

Les données cliniques <strong>de</strong> phase II datant <strong>de</strong> juin 2004 et relatives à un vaccin rotavirus<br />

expérimental suggèrent qu’il pourrait jouir d’une efficacité totale contre l’infection<br />

à rotavirus sévère et être efficace dans 75 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> gastroentérite à rotavirus. Le<br />

vaccin renferme les cinq sérotypes humains représentant <strong>au</strong> moins 75 % <strong>de</strong>s souches<br />

<strong>de</strong> rotavirus existant <strong>au</strong> mon<strong>de</strong>, à savoir G1, G2, G3, G4 et P1. Il fait à présent l’objet<br />

d’essais cliniques <strong>de</strong> phase III dans lesquels ont été inclus à ce jour plus <strong>de</strong> 65 000<br />

nourrissons. Ce grand nombre <strong>de</strong> participants s’est imposé dans la perspective d’éliminer<br />

l’association du vaccin avec le risque d’intussusception (ou invagination intestinale)<br />

qui avait conduit <strong>au</strong> retrait d’un précé<strong>de</strong>nt vaccin rotavirus.<br />

Un <strong>au</strong>tre vaccin rotavirus en est également à la phase III et <strong>de</strong>vrait normalement<br />

être <strong>au</strong>torisé en Amérique Latine dans le courant <strong>de</strong> 2004 dans<br />

la prévention <strong>de</strong>s gastroentérites à rotavirus chez le jeune enfant.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Les développements à venir sont nombreux et variés. Les chercheurs sont<br />

parvenus à améliorer encore les molécules antidiarrhéiques afin d’obtenir<br />

<strong>de</strong>s agents be<strong>au</strong>coup plus sélectifs dont l’activation n’intervient qu’une<br />

fois en présence <strong>de</strong>s cellules intestinales. De tels <strong>médicaments</strong> pourraient<br />

à l’avenir jouer un rôle dans le traitement <strong>de</strong> la diarrhée.<br />

Les rotavirus doivent ouvrir une brèche dans la membrane <strong>de</strong> la cellulehôte<br />

cible pour pouvoir accé<strong>de</strong>r à son cytoplasme. En août 2004, <strong>de</strong>s groupes<br />

<strong>de</strong> recherche ont présenté une communication sur le mécanisme moléculaire<br />

<strong>de</strong> cette phase <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> la membrane cellulaire. Le virus<br />

utilise la protéine <strong>de</strong> spicule VP4 comme élément fondamental <strong>de</strong> sa pénétration<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la cellule. Les chercheurs ont été en mesure <strong>de</strong> déterminer<br />

la structure cristalline <strong>de</strong> la composante essentielle <strong>de</strong> la protéine VP4.<br />

Les virus pathogènes humains comme les astrovirus, les calcivirus et les réovirus (rotavirus)<br />

n’ont guère été étudiés par le passé étant donné que, pour la plupart d’entre<br />

eux, il était impossible <strong>de</strong> les cultiver. Ce n’est que récemment que l’on a pu collecter<br />

<strong>de</strong>s in<strong>for</strong>mations moléculaires sur la nature <strong>de</strong> leur génome. Le catalogue complet <strong>de</strong>s<br />

gènes et la structure moléculaire <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> d’entrée dans les cellules ouvrira une<br />

plus large voie <strong>au</strong>x traitements, tant préventifs que curatifs, <strong>de</strong> la diarrhée.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

42


Dysfonctionnement<br />

érectile<br />

Qu’est-ce que le dysfonctionnement érectile<br />

Dysfonctionnement érectile ou impuissance sont les termes qui décrivent l’incapacité<br />

d’un homme à obtenir ou maintenir un <strong>de</strong>gré d’érection suffisant pour permettre une<br />

relation sexuelle satisfaisante. L’érection du pénis implique l’intégration <strong>de</strong> processus<br />

physiologiques complexes <strong>au</strong>xquels contribuent le système nerveux central, le système<br />

nerveux périphérique, ainsi que <strong>de</strong>s facteurs hormon<strong>au</strong>x et vasculaires. Toute anomalie<br />

touchant ces systèmes, qu’elle soit d’origine médicamenteuse ou pathologique, a<br />

un impact non négligeable sur la capacité à développer et maintenir une érection. La<br />

tumescence, c’est-à-dire la phase <strong>de</strong> “remplissage” vasculaire <strong>de</strong>s corps caverneux du<br />

pénis qui détermine l’érection, est tributaire <strong>de</strong> mécanismes neurologiques et hormon<strong>au</strong>x.<br />

Ce phénomène est unique parmi les fonctions viscérales, car il requiert l’intervention<br />

<strong>de</strong> l’influx nerveux central. La détumescence (retour du pénis à l’état flacci<strong>de</strong>)<br />

est la conséquence <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong>s neurotransmetteurs, <strong>de</strong> la dégradation<br />

<strong>de</strong>s messagers secondaires par les phosphodiestérases (PDE) et <strong>de</strong> la stimulation<br />

sympathique qui accompagne l’éjaculation.<br />

Le dysfonctionnement<br />

érectile (ou impuissance)<br />

est l’incapacité pour un<br />

homme d’obtenir ou <strong>de</strong><br />

maintenir une érection.<br />

Ce dysfonctionnement<br />

affecte gravement la qualité<br />

<strong>de</strong> vie <strong>de</strong> millions<br />

d’hommes. Le développement<br />

<strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> permettant<br />

<strong>de</strong> le traiter,<br />

constitue un progrès<br />

considérable à mettre à<br />

l’actif <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong><br />

ces <strong>de</strong>rnières années.<br />

La dysfonction érectile est rarement primitive, c’est-à-dire qu’il est rare qu’un homme<br />

n’ait jamais été en mesure d’obtenir ou <strong>de</strong> maintenir une quelconque érection. De tels<br />

cas présentent presque toujours une origine psychologique et ne sont que très rarement<br />

imputables à <strong>de</strong>s facteurs biologiques, par exemple un déficit en testostérone,<br />

révélateurs d’un dysfonctionnement <strong>de</strong> l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique. Il y<br />

a dysfonction érectile secondaire lorsqu’un homme, <strong>au</strong>paravant capable d’obtenir et<br />

<strong>de</strong> maintenir une érection, ne peut plus y parvenir. Plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong> ces cas sont <strong>de</strong><br />

nature organique. La c<strong>au</strong>se majeure <strong>de</strong> la dysfonction érectile secondaire est d’origine<br />

vasculaire; parmi les <strong>au</strong>tres pathogénies figurent: les troubles hormon<strong>au</strong>x, l’utilisation<br />

<strong>de</strong> certains <strong>médicaments</strong>, les séquelles d’une intervention chirurgicale intéressant<br />

la sphère urogénitale et d’<strong>au</strong>tres troubles neurologiques.<br />

Les troubles vasculaires comprennent l’athérosclérose <strong>de</strong>s artères péniennes, une m<strong>au</strong>vaise<br />

régulation du retour veineux, ou la combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux phénomènes.<br />

Avec l’avancée en âge et/ou les maladies sous-jacentes, la dilatation <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

43


artériels diminue, réduisant d’<strong>au</strong>tant l’afflux <strong>de</strong> sang dans le pénis. L’existence <strong>de</strong> fuites<br />

veineuses peut compromettre la persistance du sang dans le pénis pendant<br />

l’érection. Les maladies qui accélèrent le processus athéroscléreux comme le diabète<br />

et l’hypertension artérielle sont responsables <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la prévalence <strong>de</strong><br />

la dysfonction érectile. Les troubles hormon<strong>au</strong>x, par exemple l’hypogonadisme et les<br />

dysfonctionnements thyroïdiens, peuvent être c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> dysfonction érectile. Après<br />

résection transurétrale <strong>de</strong> la prostate (RTUP), 40 % <strong>de</strong>s opérés connaissent <strong>de</strong>s problèmes<br />

d’érection. Il apparaît fréquemment un lien <strong>de</strong> c<strong>au</strong>se à effet entre la dysfonction<br />

érectile et <strong>de</strong>s affections neurologiques telles que les acci<strong>de</strong>nts vasculaires cérébr<strong>au</strong>x<br />

(AVC), la sclérose en plaques et les lésions médullaires (<strong>de</strong> la moelle épinière).<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> dysfonctionnement érectile<br />

On estime qu’en Europe 25 à 35 millions d’hommes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 18 ans souffrent <strong>de</strong> dysfonction<br />

érectile. La prévalence <strong>de</strong> cette pathologie est supérieure à 50 % dans la tranche<br />

d’âge 40-70 ans. Il existe une <strong>for</strong>te corrélation entre l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la prévalence et<br />

l’avancée en âge. L’association indépendante avec le vieillissement semble indiquer que<br />

les modifications vasculaires <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s corps caverneux péniens, comparables à celles<br />

affectant les <strong>au</strong>tres vaisse<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’organisme, sont <strong>de</strong>s facteurs déterminants. Toutefois,<br />

l’homme peut généralement avoir une activité sexuelle toute sa vie durant; en dépit<br />

d’une diminution du volume et <strong>de</strong> la <strong>for</strong>ce <strong>de</strong> l’éjaculat ainsi que du tonus musculaire, la<br />

dysfonction érectile n’est pas une conséquence inévitable du vieillissement.<br />

Les prévisions à long terme, basées sur le vieillissement <strong>de</strong> la population et l’<strong>au</strong>gmentation<br />

<strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque comme, par exemple: l’hypertension artérielle, le diabète,<br />

l’artériopathie oblitérante <strong>de</strong>s membres inférieurs, la chirurgie <strong>de</strong> la prostate, l’hyperplasie<br />

bénigne <strong>de</strong> la prostate (HBP), laissent présager une <strong>for</strong>te <strong>au</strong>gmentation du nombre<br />

<strong>de</strong> patients souffrant <strong>de</strong> dysfonction érectile dans les années à venir. Les étu<strong>de</strong>s<br />

conduites <strong>au</strong>x quatre coins du mon<strong>de</strong> décrivent, pour ce qui concerne cette pathologie,<br />

<strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque et <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> prévalence très voisins.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

En présence d’une c<strong>au</strong>se i<strong>de</strong>ntifiable, par exemple hypothyroïdie ou dysfonctionnement<br />

<strong>de</strong> l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, le traitement sera orienté en fonction<br />

<strong>de</strong> la pathologie sous-jacente (par opposition <strong>au</strong> traitement symptomatique).<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

44<br />

Depuis la fin <strong>de</strong>s années 90, il existe sur le marché une classe particulière<br />

<strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> or<strong>au</strong>x, les inhibiteurs <strong>de</strong> la phosphodiestérase <strong>de</strong><br />

type 5 (PDE5), prescrits en première intention dans la dysfonction érectile<br />

secondaire. La PDE5 est l’enzyme qui agit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s corps caverneux<br />

pour dégra<strong>de</strong>r (hydrolyser) le GMPc (guanosine monophosphate<br />

cyclique). Cette action est médiée par un neurotransmetteur secondaire,<br />

le monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO), qui est le principal responsable du relâchement<br />

<strong>de</strong> la musculature lisse vasculaire intracaverneuse. L’inhibition <strong>de</strong><br />

la PDE5 ralentit l’hydrolyse du NO, ren<strong>for</strong>çant l’effet d’un afflux <strong>de</strong> sang<br />

plus important dans la verge et permettant ainsi le développement<br />

d’une érection plus ferme et plus durable. En outre, les inhibiteurs <strong>de</strong> la<br />

PDE5 génèrent une réponse érectile plus naturelle car ils n’agissent<br />

qu’en présence d’une stimulation sexuelle. En règle générale, ces <strong>médicaments</strong><br />

sont pris 30 à 60 minutes avant le rapport sexuel. Un effet<br />

érectogène peut persister <strong>de</strong> 24 à 36 heures.<br />

Les inhibiteurs <strong>de</strong> la PDE5 ne peuvent pas être administrés dans certaines<br />

sous-populations masculines, par exemple chez les cardiaques traités avec<br />

<strong>de</strong>s dérivés nitrés. Il y a également un certain nombre <strong>de</strong> patients qui ne<br />

répon<strong>de</strong>nt tout simplement pas à ce type <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> et pour lesquels<br />

il existe <strong>de</strong>s produits injectables. Les injections intracaverneuses (c’est-à-dire dans<br />

les corps caverneux du pénis) <strong>de</strong> prostaglandines (PGE1), qui ont une action vasodilatatrice,<br />

entraînent généralement une érection d’une durée moyenne <strong>de</strong> 60 minutes.


Pour les hommes réfractaires <strong>au</strong>x injections, la PGE1 existe également sous la <strong>for</strong>me<br />

d’un minuscule suppositoire à introduire dans le canal <strong>de</strong> l’urètre. Parmi les <strong>for</strong>mes injectables<br />

figurent également une association <strong>de</strong> PGE1 et <strong>de</strong> papavérine et un <strong>au</strong>tre alphabloquant.<br />

Un <strong>au</strong>tre produit injectable associe un alpha-bloquant et le pepti<strong>de</strong> intestinal<br />

vasoactif (VIP). Les alpha-bloquants doivent leur efficacité <strong>au</strong> fait que la détumescence<br />

est sous l’influence du tonus alpha-adrénergique. Les récepteurs alpha 1 sont prédominants<br />

dans les cellules musculaires lisses <strong>de</strong>s corps caverneux, tandis que les récepteurs<br />

alpha 2 sont prépondérants dans les artères caverneuses, ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> récepteurs<br />

(alpha 1 et alpha 2) étant présents dans les veines caverneuses.<br />

Une <strong>au</strong>tre option peut être la prise par voie sublinguale d’un agoniste dopaminergique<br />

mixte D1/D2 <strong>de</strong> la classe pharmacologique <strong>de</strong> l’apomorphine. La molécule a<br />

un effet central sur certaines zones <strong>de</strong> l’hypothalamus connues pour jouer un rôle<br />

dans l’érection pénienne. Une nouvelle <strong>for</strong>mule sublinguale à libération prolongée a<br />

fait la preuve <strong>de</strong> son efficacité dans la dysfonction érectile avec une diminution significative<br />

<strong>de</strong>s effets indésirables.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Dans la prise en charge <strong>de</strong> la dysfonction érectile, une toute nouvelle stratégie thérapeutique<br />

consisterait à traiter ce trouble avec <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> agissant en inhibiteur<br />

<strong>de</strong> la <strong>for</strong>mation <strong>de</strong>s ponts AGE (pour advanced glycation end-product – produits termin<strong>au</strong>x<br />

<strong>de</strong> glycation avancés). Les premiers résultats obtenus dans un modèle préclinique<br />

<strong>de</strong> diabète ont montré leur efficacité. Entre 30 et 40 % <strong>de</strong>s diabétiques et <strong>de</strong>s<br />

sujets âgés souffrant <strong>de</strong> dysfonction érectile ne peuvent bénéficier <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

existants, les diabétiques et les patients atteints <strong>de</strong> vasculopathies sévères étant<br />

parmi les plus réfractaires à ce type <strong>de</strong> traitement. Les AGE sont connus pour altérer<br />

la fonction érectile chez le diabétique. Ils entraînent la fibrose du corps caverneux par<br />

glycation <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong>s parois vasculaires, compromettant sa capacité à se dilater<br />

et à se gorger <strong>de</strong> sang. Les AGE interfèrent également dans la production <strong>de</strong>s agents<br />

vasodilatateurs naturels péniens, le NO endothélial et le NO neuronal.<br />

Les chercheurs sont également sur la piste <strong>de</strong> la voie biochimique d’activation sélective<br />

<strong>de</strong>s récepteurs dopaminergiques D4, seule ou en association avec <strong>de</strong>s inhibiteurs<br />

<strong>de</strong> la PDE5. Les investigateurs ont rapporté les résultats d’étu<strong>de</strong>s précliniques qui<br />

montrent que les molécules dotées d’une activité agoniste D4 induisent l’érection du<br />

pénis chez l’animal. Une <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong> révèle que l’association d’un agoniste <strong>de</strong>s récepteurs<br />

D4 à doses faibles avec <strong>de</strong>s doses non efficaces d’inhibiteurs <strong>de</strong> la PDE5 entraîne<br />

une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’érection. La substance fait <strong>au</strong>jourd’hui l’objet<br />

d’essais cliniques <strong>de</strong> phase II dans le traitement <strong>de</strong> la dysfonction érectile.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

La santé et la fonction sexuelles sont <strong>de</strong>s facteurs déterminants essentiels <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> vie. Compte tenu du vieillissement <strong>de</strong> la population européenne, un trouble tel<br />

que la dysfonction érectile prend une importance croissante.<br />

La découverte récente et passionnante <strong>de</strong> certains <strong>de</strong>s régulateurs du tonus vasculaire<br />

ouvrira la voie à <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements. Il semble <strong>de</strong> plus en plus probable que<br />

le NO joue un rôle capital dans le cerve<strong>au</strong> en modulant le comportement sexuel et en<br />

exerçant ses effets sur le pénis. Le NO agirait sur l’hypothalamus, vraisemblablement<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’aire préoptique médiane et du noy<strong>au</strong> paraventriculaire. Les facteurs à<br />

l’origine <strong>de</strong> la contraction <strong>de</strong> la musculature lisse du pénis comprennent la noradrénaline,<br />

l’endothéline-1, le neuropepti<strong>de</strong> Y, l’angiotensine II et d’<strong>au</strong>tres facteurs non<br />

encore i<strong>de</strong>ntifiés. Les médiateurs du relâchement musculaire sont l’acétylcholine, le<br />

NO, le pepti<strong>de</strong> intestinal vasoactif, le neuropepti<strong>de</strong> (hypophysiotrope) activateur <strong>de</strong><br />

l’adénylylcyclase, le pepti<strong>de</strong> associé <strong>au</strong> gène <strong>de</strong> la calcitonine, l’adrénomédulline, l’adénosine<br />

triphosphate et les prostanoï<strong>de</strong>s. Diverses voies s’offrent encore <strong>au</strong>x chercheurs<br />

pour explorer plus en détail ces mécanismes biochimiques.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

45


Eclampsie<br />

Qu’est-ce que l’éclampsie<br />

L’éclampsie est définie comme une crise comitiale non liée à une pathologie cérébrale,<br />

survenant chez la femme enceinte souffrant <strong>de</strong> toxémie gravidique sévère (ou prééclampsie).<br />

Le mot “éclampsie” vient du grec ”eklampein”: “faire explosion, apparaître<br />

soudainement”.<br />

La prééclampsie (ou toxémie gravidique<br />

sévère) définit une grossesse anormale<br />

caractérisée par une hypertension artérielle,<br />

une rétention hydrique responsable<br />

d’œdèmes et une albuminurie (présence<br />

d’albumine dans les urines). La<br />

plupart <strong>de</strong>s patientes éclamptiques présentent<br />

une pression artérielle systolique<br />

supérieure à 160 mm Hg ou une pression<br />

diastolique supérieure à 110 mm Hg. Pratiquement<br />

tous les cas d’éclampsie se<br />

manifestent <strong>au</strong> troisième trimestre <strong>de</strong> la<br />

grossesse ou dans les 48 heures suivant<br />

l’accouchement. Rares sont les <strong>de</strong>scriptions<br />

<strong>de</strong> crises éclamptiques non précédées<br />

<strong>de</strong> toxémie gravidique sévère. Ces<br />

<strong>de</strong>ux pathologies constituent une menace<br />

pour <strong>de</strong> nombreux organes <strong>de</strong> la<br />

femme comme le système nerveux central,<br />

le foie, les reins et le système cardiovasculaire.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

46<br />

À ce jour, il n’a été i<strong>de</strong>ntifié <strong>au</strong>cune c<strong>au</strong>se précise et il n’existe <strong>au</strong>cun dosage biologique<br />

susceptible <strong>de</strong> prédire le sort <strong>de</strong> la mère et/ou <strong>de</strong> l’enfant face à une femme<br />

enceinte éclamptique. La recherche a suggéré l’intervention possible <strong>de</strong> facteurs génétiques,<br />

immunologiques, hormon<strong>au</strong>x et nutritionnels comme déterminants <strong>de</strong> la<br />

pathologie. Il semble que les membranes placentaire et fœtale jouent un rôle dans le<br />

développement <strong>de</strong> la toxémie gravidique sévère compte tenu <strong>de</strong> la résolution rapi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s symptômes après l’accouchement.<br />

Une hypoperfusion <strong>de</strong> l’utérus et du placenta semble être à l’origine du développement<br />

<strong>de</strong> la pathologie. Une dysfonction placentaire peut provoquer une vasoconstriction<br />

généralisée, l’agrégation plaquettaire et un état d’hypercoagulation. Finalement,<br />

l’ischémie locale prédispose à la libération <strong>de</strong> médiateurs chimiques qui s’infiltrent<br />

dans la circulation maternelle, provoquant le dysfonctionnement <strong>de</strong>s cellules tapissant<br />

les vaisse<strong>au</strong>x sanguins, comme par exemple une constriction <strong>de</strong>s artères <strong>de</strong> petit<br />

calibre. Parmi les problèmes générés par une telle situation figurent: les contractions<br />

spasmodiques généralisées <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x sanguins, l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s résistances<br />

vasculaires périphériques, l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la viscosité sanguine, les troubles <strong>de</strong> la<br />

coagulation, la dysfonction rénale, les lésions <strong>de</strong>s hépatocytes (cellules du foie), ainsi<br />

que l’œdème cérébral et l’hémorragie cérébrale.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> l’éclampsie<br />

Environ 5 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s grossesses se compliquent d’une toxémie gravidique<br />

sévère (prééclampsie). Un à <strong>de</strong>ux % <strong>de</strong> ces patientes développent une crise éclamptique.<br />

L’inci<strong>de</strong>nce est plus élevée chez les femmes <strong>de</strong> faible nive<strong>au</strong> socioéconomique.<br />

Cette affection touche les femmes <strong>de</strong> tout âge, toutefois sa fréquence <strong>au</strong>gmente chez


les moins <strong>de</strong> 20 ans primipares (enceintes pour la première fois). Par ailleurs, chez la<br />

femme <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 ans atteinte <strong>de</strong> toxémie gravidique sévère (prééclampsie), la<br />

crise éclamptique est be<strong>au</strong>coup plus fréquente que chez la jeune femme <strong>de</strong> 20 ans.<br />

Il n’apparaît pas <strong>de</strong> répartition nette en fonction <strong>de</strong> l’origine ethnique. Environ<br />

25 % <strong>de</strong>s femmes éclamptiques présentent une hypertension artérielle lors <strong>de</strong>s<br />

grossesses ultérieures, tandis que 2 % d’entre elles connaîtront une nouvelle crise<br />

éclamptique <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> leurs futures grossesses. Les <strong>au</strong>tres facteurs <strong>de</strong> risque<br />

englobent: une hypertension artérielle ou une insuffisance rénale préexistantes, l’inadéquation<br />

<strong>de</strong>s soins prénat<strong>au</strong>x et une histoire familiale <strong>de</strong> toxémie gravidique et<br />

d’éclampsie. Cinq pour cent <strong>de</strong>s patientes hypertendues développent une toxémie<br />

gravidique sévère.<br />

La toxémie gravidique et l’éclampsie sont toutes <strong>de</strong>ux responsables d’une morbimortalité<br />

maternelle et fœtale importante. En Europe, la mortalité maternelle imputable<br />

à l’éclampsie a été ramenée à moins <strong>de</strong> 1 % grâce à un diagnostic précoce et à une<br />

prise en charge agressive, l’amenant <strong>au</strong> <strong>de</strong>uxième rang <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> mortalité maternelle.<br />

La mortalité fœtale due à l’éclampsie a également diminué; toutefois, elle représente<br />

encore 12 % <strong>de</strong>s morts fœtales. À l’échelon mondial, l’éclampsie est responsable<br />

chaque année d’environ 50 000 morts maternelles.<br />

L’éclampsie constitue une<br />

complication <strong>de</strong> la grossesse<br />

qui peut mettre tant<br />

la vie <strong>de</strong> la mère que celle<br />

<strong>de</strong> l’enfant en danger. Les<br />

c<strong>au</strong>ses n’en sont pas bien<br />

connues, mais habituellement<br />

elle disparaît dès la<br />

naissance <strong>de</strong> l’enfant. <strong>Des</strong><br />

recherches sont en cours<br />

afin <strong>de</strong> mieux comprendre<br />

cette maladie complexe et<br />

d’améliorer les traitements<br />

actuels pour la<br />

contrôler.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

La pharmacothérapie a pour objectifs <strong>de</strong> réduire la morbidité, <strong>de</strong> prévenir les complications,<br />

<strong>de</strong> maîtriser la crise éclamptique et d’accoucher un enfant en bonne santé. La<br />

crise éclamptique cè<strong>de</strong> après stabilisation <strong>de</strong> la mère et accouchement <strong>de</strong> l’enfant par<br />

les voies naturelles ou par césarienne.<br />

Parmi les <strong>médicaments</strong> <strong>de</strong> première intention, utilisés dans la prévention <strong>de</strong> nouvelles<br />

convulsions et ayant pour vocation <strong>de</strong> circonvenir l’activité comitiale clinique, figurent<br />

notamment les antiépileptiques <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s phénytoïnes ou <strong>de</strong>s benzodiazépines.<br />

Le sulfate <strong>de</strong> magnésium peut être <strong>au</strong>ssi utile: il consiste à inhiber la libération d’acétylcholine<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la jonction neuromusculaire, centre <strong>de</strong> communication entre<br />

les cellules nerveuses et les fibres musculaires. L’effet anticonvulsivant <strong>de</strong> la phénytoïne<br />

orale est la résultante <strong>de</strong> la stabilisation <strong>de</strong> l’activité neuronale secondaire à la<br />

diminution <strong>de</strong>s échanges ioniques transmembranaires. Les benzodiazépines exercent<br />

un effet dépresseur sur tous les étages du système nerveux central comme les systèmes<br />

limbique et réticulé, vraisemblablement en potentialisant l’effet du GABA (aci<strong>de</strong><br />

gammaaminobutyrique).<br />

Le plus souvent, l’arrêt <strong>de</strong> la crise suffit à stabiliser l’hypertension artérielle associée à<br />

l’éclampsie. Dans le cas contraire, le traitement <strong>de</strong> l’hypertension s’appuie sur <strong>de</strong>s<br />

antihypertenseurs tels qu’un vasodilatateur artériolaire direct, un bêtabloquant doté<br />

d’une activité alpha-bloquante ou un inhibiteur calcique. On peut également utiliser<br />

un médicament à base <strong>de</strong> monoxy<strong>de</strong> d’azote qui induit une vasodilatation périphérique<br />

par le biais d’une action directe sur la musculature lisse <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x veineux<br />

et artériolaires, réduisant ainsi les résistances périphériques. On veillera à ne pas<br />

induire une baisse trop brutale <strong>de</strong> la pression artérielle afin d’éviter toute anomalie<br />

<strong>de</strong> l’irrigation sanguine du fœtus et la détresse fœtale.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

La prévention du développement d’une toxémie gravidique sévère <strong>de</strong>vrait réduire les<br />

risques d’éclampsie et <strong>de</strong> complications dues à cette <strong>de</strong>rnière <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s phases<br />

ultérieures <strong>de</strong> la grossesse. L’aci<strong>de</strong> acétylsalicylique inhibe l’agrégation plaquettaire et<br />

le vasospasme (rétrécissement du calibre artériel, artériolaire et microartériolaire)<br />

dans la toxémie gravidique sévère et peut s’avérer efficace dans la prévention <strong>de</strong> la<br />

pathologie. De récentes étu<strong>de</strong>s cliniques <strong>de</strong> phase III ont révélé que l’aspirine à dose<br />

faible chez la femme à risque contribue à réduire le risque <strong>de</strong> toxémie gravidique sévère,<br />

le t<strong>au</strong>x d’accouchements prématurés et la mortalité fœtale.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

47


En 2003, <strong>de</strong>s chercheurs ont rapporté les résultats d’une étu<strong>de</strong> confirmant que les<br />

complications <strong>de</strong> la toxémie gravidique sévère s’avèrent liées à une dysfonction <strong>de</strong>s<br />

cellules endothéliales – cellules tapissant la paroi <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x sanguins – induite<br />

par une molécule présente à l’état naturel, la diméthylarginine asymétrique. Ces<br />

observations peuvent permettre le développement <strong>de</strong> tests prédictifs plus précis et<br />

d’un traitement plus efficace.<br />

Il se peut que <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x plasmatiques élevés <strong>de</strong> leptine et <strong>de</strong> faibles concentrations <strong>de</strong><br />

GnRH (gonadotrophin releasing hormone – gonadolibérine) jouent également un rôle<br />

dans la toxémie gravidique. Une hormone polypeptidique, la leptine – du grec “leptos”:<br />

“mince, faible, qui affaiblit” – exerce une importante action <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> la<br />

masse corporelle, du métabolisme et <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> reproduction. Son effet sur la<br />

reproduction est dû <strong>au</strong> fait que la leptine stimule la sécrétion <strong>de</strong> GnRH, et par-là<br />

même celle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux gonadostimulines LH (pour luteinising hormone – hormone<br />

lutéinisante ou lutéostimuline) et FSH (pour follicle-stimulating hormone – folliculostimuline)<br />

par l’antéhypophyse. La détection <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x anormalement élevés ou faibles<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux hormones <strong>au</strong> début <strong>de</strong> la grossesse peut se révéler utile <strong>au</strong> diagnostic<br />

d’un état toxémique sévère.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Différents groupes <strong>de</strong> recherche explorent actuellement les implications <strong>de</strong>s modifications<br />

du flux sanguin placentaire et <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong>s protéines en début <strong>de</strong> grossesse.<br />

On utilise <strong>de</strong>s anticorps monoclon<strong>au</strong>x pour inhiber les protéines placentaires à<br />

un moment critique <strong>de</strong> la grossesse et étudier ensuite les réponses locales et systémiques.<br />

Les résultats d’une étu<strong>de</strong> récente suggèrent que la toxémie gravidique sévère<br />

pourrait avoir pour origine un déséquilibre entre les facteurs angiogènes. Les chercheurs<br />

ont rapporté que <strong>de</strong> faibles concentrations en PlGF (pour placental growth factor<br />

– facteur <strong>de</strong> croissance placentaire), protéine proangiogénique, à mi-gestation<br />

sont prédictives du développement ultérieur d’une toxémie gravidique sévère.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Lors <strong>de</strong> la conception, la réponse immunitaire <strong>de</strong> la<br />

femme doit être modulée <strong>de</strong> manière à ce que son<br />

organisme accepte le fœtus et le placenta qui, tous<br />

<strong>de</strong>ux, contiennent <strong>de</strong>s protéines étrangères codées<br />

par les gènes paternels. Le sperme renferme <strong>de</strong>s<br />

substances qui incitent le système immunitaire <strong>de</strong><br />

la femme à le tolérer et l’une d’entre elles a été<br />

i<strong>de</strong>ntifiée; il s’agit du TrGF-bêta (pour trans<strong>for</strong>ming<br />

growth factor beta – facteur <strong>de</strong> croissance trans<strong>for</strong>mant<br />

bêta). On cherche actuellement à déterminer<br />

si, lorsqu’une grossesse débouche sur une toxémie<br />

gravidique sévère, le sperme du géniteur était<br />

déficitaire en TrGF-bêta. Si cette théorie venait à<br />

être confirmée, le TrGF-bêta pourrait se révéler utile<br />

dans la prévention <strong>de</strong> la pathologie.<br />

Selon une <strong>au</strong>tre hypothèse, le stress oxydatif serait responsable <strong>de</strong> l’hyperactivation<br />

généralisée <strong>de</strong> l’endothélium vasculaire maternel. Les molécules d’oxygène réactif provoquent<br />

l’activation <strong>de</strong>s cellules endothéliales. En situation <strong>de</strong> type toxémie gravidique<br />

sévère, l’un <strong>de</strong>s mécanismes impliqués pourrait être l’activation <strong>de</strong> l’enzyme<br />

nucléaire PARP (pour poly (ADP-ribose) polymerase – poly-ADP-ribose polymérase)<br />

conduisant à une dysfonction endothéliale. L’inhibition <strong>de</strong> l’activité PARP pourrait être<br />

une <strong>au</strong>tre stratégie débouchant sur une nouvelle thérapeutique. Chaque nouvelle<br />

étu<strong>de</strong> apporte une pièce <strong>au</strong> puzzle, nous permettant peu à peu <strong>de</strong> mieux cerner cette<br />

pathologie pour le moins complexe.<br />

48


Endométriose<br />

Qu’est-ce que l’endométriose<br />

L’endométriose est une maladie complexe qui touche la femme en âge <strong>de</strong> procréer et<br />

qui doit son nom à la muqueuse qui tapisse la paroi interne <strong>de</strong> l’utérus, l’endomètre.<br />

Cette pathologie est caractérisée par la présence anormale <strong>de</strong> cellules endométriales<br />

en d’<strong>au</strong>tres parties du corps, principalement dans les organes du petit bassin. Pendant<br />

le cycle menstruel, l’endomètre s’épaissit, se tenant ainsi prêt à recevoir l’ovule fécondé.<br />

En l’absence <strong>de</strong> grossesse, il y a alors <strong>de</strong>squamation <strong>de</strong> la couche superficielle <strong>de</strong><br />

l’endomètre qui est évacuée par le vagin, déclenchant ainsi les menstruations (les<br />

règles).<br />

Sous l’influence normale <strong>de</strong>s hormones, <strong>au</strong>xquelles il répond également, le tissu endométriosique<br />

se développe et s’accumule chaque mois en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’utérus pour ensuite<br />

se désagréger selon le même processus que l’endomètre intra-utérin. Le saignement<br />

interne qu’occasionne cette <strong>de</strong>squamation ne trouve <strong>au</strong>cune porte <strong>de</strong> sortie vers l’extérieur<br />

et provoque inflammation et douleur et la <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> tissu cicatriciel. Chez<br />

certaines femmes, on peut également trouver <strong>de</strong>s dépôts endométriosiques à distance<br />

<strong>de</strong> la cavité pelvienne, par exemple dans ou à la surface <strong>de</strong> l’intestin, <strong>de</strong> la vessie,<br />

voire en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’abdomen, dans les poumons par exemple.<br />

L’endométriose constitue<br />

une maladie douloureuse<br />

et angoissante qui atteint<br />

les femmes en âge <strong>de</strong> procréer.<br />

Plusieurs <strong>médicaments</strong><br />

ont été développés<br />

<strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces vingt-cinq<br />

<strong>de</strong>rnières années, mais<br />

sans se montrer capables<br />

<strong>de</strong> la guérir. Les recherches<br />

concernant cette<br />

maladie difficile à comprendre<br />

se poursuivent<br />

toutefois.<br />

Les masses ou lésions endométriosiques<br />

sont généralement<br />

non malignes; il s’agit<br />

d’un tissu endométrial sain<br />

qui se développe à distance<br />

<strong>de</strong> son territoire normal. Toutefois,<br />

on a constaté <strong>de</strong>puis<br />

quelques dizaines d’années<br />

une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la fréquence<br />

<strong>de</strong>s affections malignes<br />

incontestablement<br />

liées à l’endométriose. On<br />

ignore la c<strong>au</strong>se exacte <strong>de</strong> la<br />

maladie, mais il existe plusieurs<br />

théories à savoir le<br />

reflux menstruel, la prédisposition<br />

génétique ou une déficience<br />

du système immunitaire.<br />

L’hypothèse la plus généralement<br />

admise est celle du<br />

reflux menstruel (ou flux rétrogra<strong>de</strong>),<br />

c’est-à-dire qu’une partie<br />

du flux menstruel s’inverse<br />

et remonte dans les trompes <strong>de</strong> Fallope pour se déverser dans la cavité pelvienne<br />

où les cellules endométriosiques présentes dans le liqui<strong>de</strong> menstruel s’implantent sur<br />

les organes et <strong>au</strong>tres tissus pelviens. Il reste toutefois à éluci<strong>de</strong>r les raisons pour lesquelles<br />

cette implantation s’observe chez certaines femmes plutôt que chez d’<strong>au</strong>tres.<br />

L’intensité <strong>de</strong> la douleur n’est pas nécessairement proportionnelle à l’étendue ou <strong>au</strong><br />

volume <strong>de</strong>s lésions. <strong>Des</strong> lésions infimes ou “pétéchiales” (évoquant <strong>de</strong>s microhémorragies<br />

cutanées <strong>de</strong> la taille d’une tête d’épingle à celle d’une lentille) se sont avérées<br />

produire en excès <strong>de</strong>s prostaglandines, hormones que l’on suspecte être pour une<br />

large part à l’origine <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> l’endométriose.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

49


La plupart <strong>de</strong>s patientes se présentent avec une longue liste <strong>de</strong> symptômes tels que :<br />

léthargie et fatigue, règles douloureuses (dysménorrhée) et irrégulières, douleurs prémenstruelles,<br />

règles prolongées (ménorrhée), douleurs ovulatoires (<strong>au</strong> moment <strong>de</strong><br />

l’ovulation), douleurs coïtales et post-coïtales (pendant et après les relations sexuelles)<br />

et, en cas <strong>de</strong> localisation extrapelvienne, douleurs lors <strong>de</strong>s contractions intestinales<br />

et à la défécation, douleurs mictionnelles (en urinant) et symptômes à type <strong>de</strong> syndrome<br />

du côlon irritable. Il peut arriver que certaines femmes ne présentent <strong>au</strong>cun<br />

symptôme. L’infertilité frappe 30 à 40 % <strong>de</strong>s femmes atteintes d’endométriose et est<br />

une conséquence fréquente <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la maladie. La laparoscopie est le<br />

meilleur outil <strong>de</strong> confirmation du diagnostic d’endométriose. Il s’agit d’une intervention<br />

mineure <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> laquelle un laparoscope, c’est-à-dire un système optique, est<br />

introduit dans l’abdomen par une petite ouverture faite en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l’ombilic (nombril),<br />

permettant ainsi <strong>au</strong> gynécologue <strong>de</strong> visualiser les organes pelviens et les différentes<br />

implantations endométriosiques.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> l’endométriose<br />

Dans les pays industrialisés, l’endométriose est en terme <strong>de</strong> fréquence la <strong>de</strong>uxième<br />

maladie gynécologique. Environ 10 % <strong>de</strong>s femmes en âge <strong>de</strong> procréer en sont atteintes,<br />

ce qui permet d’estimer à quelque 15 millions le nombre <strong>de</strong> femmes souffrant<br />

d’endométriose en Europe. L’endométriose peut survenir à tout moment <strong>au</strong> cours <strong>de</strong><br />

la vie génitale, <strong>de</strong>s premières règles à la ménop<strong>au</strong>se. Elle n’est que très rarement diagnostiquée<br />

pour la première fois après la ménop<strong>au</strong>se, mais le cas peut se présenter.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Ces vingt-cinq <strong>de</strong>rnières années, plusieurs traitements médicamenteux ont été utilisés.<br />

Aucun <strong>de</strong> ces <strong>médicaments</strong> ne permet malheureusement la guérison. Toutefois ils<br />

contribuent à soulager les symptômes douloureux, à réduire ou à ralentir la prolifération<br />

<strong>de</strong>s lésions endométriosiques et à préserver ou rest<strong>au</strong>rer la fertilité. Les considérations<br />

orientant le choix du type <strong>de</strong> traitement sont fonction <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> la femme,<br />

<strong>de</strong> la sévérité <strong>de</strong>s symptômes et <strong>de</strong> l’existence éventuelle d’un désir d’enfant.<br />

Les douleurs abdominales sont traitées avec différentes classes d’antalgiques. Le traitement<br />

hormonal vise à stopper l’ovulation et à permettre la régression et la dégradation<br />

<strong>de</strong>s dépôts endométriosiques. Son action consiste, soit à simuler une grossesse,<br />

soit à provoquer une ménop<strong>au</strong>se artificielle. Les <strong>médicaments</strong> utilisés sont les dérivés<br />

<strong>de</strong> la testostérone (androgènes), les analogues <strong>de</strong> la GnRH (pour gonadotrophin<br />

releasing hormone – gonadolibérine) et les contraceptifs estroprogestatifs (estrogène<br />

et progestérone) ou uniquement progestatifs (progestérone seule).<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

50<br />

Chez les femmes ne répondant pas <strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong>, la chirurgie peut se révéler nécessaire.<br />

La chirurgie conservatrice cherche à éliminer les lésions endométriosiques, soit<br />

par simple laparoscopie, soit par une intervention plus invasive : la laparotomie. L’ablation<br />

<strong>de</strong> l’utérus et <strong>de</strong>s ovaires (hystérectomie totale avec annexectomie) doit être le<br />

geste <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier recours, à n’envisager qu’après échec <strong>de</strong> tous les <strong>au</strong>tres traitements.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Les antagonistes <strong>de</strong> la GnRH constituent une nouvelle stratégie en cours d’évaluation<br />

dans le traitement <strong>de</strong> l’endométriose. De fait, les chercheurs estiment que cette classe<br />

<strong>de</strong> <strong>médicaments</strong>, comparativement <strong>au</strong>x agonistes <strong>de</strong> la GnRH habituellement<br />

prescrits, s’accompagne d’effets secondaires plus limités en s’avérant plus efficace.<br />

Une <strong>au</strong>tre classe <strong>de</strong> molécules, les inhibiteurs <strong>de</strong> l’aromatase, peut également représenter<br />

une nouvelle approche <strong>de</strong> l’hormonothérapie <strong>de</strong> l’endométriose. L’action <strong>de</strong> ces<br />

<strong>médicaments</strong> utilisés à l’origine dans le traitement du cancer du sein consiste à réduire<br />

significativement les t<strong>au</strong>x d’estrogènes circulants. Ils seront réservés <strong>au</strong>x femmes<br />

ménop<strong>au</strong>sées.<br />

Les modulateurs sélectifs <strong>de</strong>s récepteurs <strong>au</strong>x estrogènes (SERM, pour selective estrogen<br />

receptor modulators) ont un effet positif sur <strong>de</strong>s tissus sélectifs comme le système


cardiovasculaire, les muscles et les os et ils sont dépourvus d’effets négatifs sur les<br />

tissus utérins et mammaires. Les modèles anim<strong>au</strong>x ont montré que les SERM préviennent<br />

l’ostéoporose et la prolifération <strong>de</strong> l’endomètre estrogéno-induite. De<br />

même, les possibilités d’utilisation <strong>de</strong>s modulateurs sélectifs <strong>de</strong>s récepteurs à la progestérone<br />

(SPRM, pour selective progesterone receptor modulators) sont en cours<br />

d’étu<strong>de</strong>. Ces composés ont un impact sélectif sur les récepteurs <strong>de</strong> la progestérone et<br />

l’on suppose donc qu’ils seraient en mesure <strong>de</strong> réduire la prolifération du tissu endométrial<br />

hors <strong>de</strong> l’utérus. Les SERM et les SPRM se situent tous <strong>au</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s essais cliniques<br />

<strong>de</strong> phase II.<br />

Les modulateurs <strong>de</strong> la matrice extracellulaire (EMM, pour extracellular matrix modulators)<br />

suscitent également un intérêt croissant dans la commun<strong>au</strong>té scientifique.<br />

L’endomètre prolifératif sécrète certaines enzymes spécifiques. L’isolement et la <strong>de</strong>struction<br />

<strong>de</strong> ces enzymes par les EMM peuvent déboucher sur un <strong>au</strong>tre type <strong>de</strong> traitement<br />

<strong>de</strong> l’endométriose. En outre, l’efficacité <strong>de</strong> molécules appartenant à la classe <strong>de</strong>s<br />

agonistes bêta-2 adrénergiques utilisés avec succès dans la prévention du risque d’accouchement<br />

prématuré, est évaluée dans la prise en charge <strong>de</strong> la douleur associée à<br />

l’endométriose dans le cadre d’essais cliniques <strong>de</strong> phase III.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, la recherche a mis en évi<strong>de</strong>nce un certain nombre d’anomalies<br />

du système immunitaire chez les femmes atteintes d’endométriose. Les résultats suggèrent<br />

une approche immunothérapeutique <strong>de</strong> l’endométriose, laquelle viserait à synchroniser<br />

l’activation <strong>de</strong>s lymphocytes NK (ou cellules tueuses naturelles) et la réponse<br />

<strong>de</strong>s lymphocytes T face à la prolifération extra-utérine <strong>de</strong>s cellules endométriales.<br />

L’angiogenèse, c’est-à-dire la <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> néovaisse<strong>au</strong>x sanguins, constitue également<br />

un important domaine <strong>de</strong> recherche en matière <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> l’endométriose.<br />

Tout tissu néo<strong>for</strong>mé – y compris les masses endométriosiques extra-utérines –<br />

réclame un apport sanguin supplémentaire pour survivre. Sans un apport suffisant en<br />

oxygène et en nutriments, les hormones n’ont guère d’effets sur les lésions pétéchiales.<br />

L’idée consiste à limiter la croissance <strong>de</strong>s cellules extra-utérines en contrôlant leur<br />

irrigation sanguine. Il s’avère possible que les <strong>médicaments</strong> qui ralentissent ou stoppent<br />

l’angiogenèse soient <strong>au</strong>ssi en mesure <strong>de</strong> réguler le développement <strong>de</strong> la fibrose<br />

et/ou la <strong>for</strong>mation d’adhérences.<br />

En 2004, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> recherche canadiens ont i<strong>de</strong>ntifié un déficit majeur d’un<br />

gène qui joue un rôle capital dans la régulation <strong>de</strong> la réaction inflammatoire associée<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

51


à l’endométriose. Alors qu’on note la présence <strong>de</strong> ce gène dans les cellules endométriales<br />

saines, il est partiellement ou totalement absent <strong>de</strong>s cellules endométriosiques.<br />

Les chercheurs estiment que la déficience <strong>de</strong> ce gène génère une réaction inflammatoire<br />

<strong>de</strong> l’endomètre et <strong>de</strong>s modifications localisées du système immunitaire <strong>au</strong> sein<br />

du tissu.<br />

Il fut un temps où l’on prétendait que l’endométriose n’était pas une maladie grave,<br />

car il ne s’agissait pas d’une maladie mettant en jeu le pronostic vital, comme le cancer,<br />

par exemple. Cependant, quiconque a déjà rencontré <strong>de</strong>s femmes atteintes d’endométriose<br />

sait parfaitement qu’un trop grand nombre d’entre elles éprouvent <strong>de</strong>s<br />

douleurs sévères et un stress émotionnel, se trouvent dans l’incapacité <strong>de</strong> travailler et<br />

ont une qualité <strong>de</strong> vie médiocre imputable à la maladie. La recherche se poursuit dans<br />

l’espoir <strong>de</strong> comprendre enfin les mécanismes <strong>de</strong> cette maladie complexe et d’être en<br />

mesure <strong>de</strong> mettre un terme à la somme <strong>de</strong> douleurs et <strong>de</strong> frustrations qui l’accompagnent<br />

si souvent.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

52


Filariose<br />

La filariose recouvre un<br />

groupe <strong>de</strong> maladies parasitaires<br />

provoquées par<br />

<strong>de</strong>s vers ronds. A l’origine<br />

<strong>de</strong> nombreux handicaps,<br />

elles touchent près <strong>de</strong><br />

cent vingt millions <strong>de</strong> personnes<br />

dans les régions<br />

tropicales et subtropicales.<br />

La recherche pharmaceutique<br />

poursuit la mise<br />

<strong>au</strong> point <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong><br />

efficaces et les entreprises<br />

s’impliquent dans <strong>de</strong>s<br />

programmes d’éradication.<br />

Qu’est-ce que la filariose<br />

“Filariose” est un terme générique sous lequel sont regroupées différentes maladies<br />

parasitaires touchant les mammifères et l’espèce humaine. Elles sont toutes dues à <strong>de</strong><br />

microscopiques vers ronds ou némato<strong>de</strong>s (du grec: “nema” signifiant “fil”) appartenant<br />

à la superfamille <strong>de</strong>s filaires (du latin “filum” qui signifie “fil”). Parmi les centaines<br />

d’espèces <strong>de</strong> filaires existantes, seul un petit nombre est responsable d’infections<br />

naturelles chez l’homme. La classification <strong>de</strong> ces parasites est fonction <strong>de</strong> l’habitat du<br />

ver adulte chez l’homme. Ils se subdivisent en <strong>de</strong>ux groupes: les filaires lymphatiques,<br />

qui infestent le système lymphatique <strong>de</strong> l’hôte, et les filaires cutanéo<strong>de</strong>rmiques, qui<br />

envahissent essentiellement le tissu cutané. Appartiennent <strong>au</strong> groupe lymphatique les<br />

parasites Wuchereria bancrofti (filaire <strong>de</strong> Bancroft), Brugia malayi (filaire <strong>de</strong> Malaisie)<br />

et Brugia timori (filaire du Timor). Le groupe cutanéo<strong>de</strong>rmique comprend Loa loa (filaire<br />

<strong>de</strong> Guyot), Onchocerca volvulus (“ver <strong>de</strong>s aveugles”) et Mansonella streptocerca.<br />

Le cycle <strong>de</strong> vie filarien est constitué <strong>de</strong> plusieurs sta<strong>de</strong>s développement<strong>au</strong>x ou larvaires<br />

chez un hôte mammifère et d’un sta<strong>de</strong> intermédiaire chez un insecte piqueur qui<br />

joue le double rôle d’hôte et <strong>de</strong> vecteur. Chez son hôte mammifère, le ver femelle adulte<br />

injecte <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> larves <strong>de</strong> premier sta<strong>de</strong> (ou microfilaires) qui sont absorbées<br />

par un insecte piqueur lors <strong>de</strong> son repas <strong>de</strong> sang. Les microfilaires subissent ensuite<br />

<strong>de</strong>ux trans<strong>for</strong>mations développementales alors qu’elles sont hébergées par l’insecte.<br />

Enfin, les larves <strong>de</strong> troisième sta<strong>de</strong> sont réinoculées à l’hôte lors d’un nouve<strong>au</strong> repas<br />

<strong>de</strong> sang <strong>de</strong> l’insecte. Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement sont franchis dans<br />

l’organisme du mammifère (homme ou animal).<br />

Les manifestations aiguës <strong>de</strong>s filarioses lymphatiques sont généralement caractérisées<br />

par <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s fébriles associés à une inflammation <strong>de</strong>s ganglions lymphatiques<br />

inguin<strong>au</strong>x (<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’aine) et <strong>de</strong>s testicules, à un œdème <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x<br />

lymphatiques (lymphoedème) ou à une combinaison <strong>de</strong> tous ces signes. La répétition<br />

<strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s inflammatoires et lymphoedémateux finissent par générer <strong>de</strong>s lésions<br />

lymphatiques, un lymphoedème chronique et l’éléphantiasis <strong>de</strong>s extrémités. Dans les<br />

zones d’endémie, l’<strong>au</strong>gmentation massive du volume du scrotum est le signe le plus<br />

fréquent d’une infestation chronique par Wuchereria bancrofti chez le sujet <strong>de</strong> sexe<br />

masculin.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

53


Le table<strong>au</strong> clinique d’onchocercose (ou cécité <strong>de</strong>s rivières) comprend infections cutanées,<br />

nodules cutanés et lésions oculaires. Les lésions cutanées sont à type d’œdèmes,<br />

<strong>de</strong> papules, d’éruptions évoquant la gale (“gale filarienne”) et <strong>de</strong> dépigmentation/<br />

hyperpigmentation. Les lésions oculaires sont généralement liées à la durée <strong>de</strong> la maladie<br />

et sont dues à une anomalie <strong>de</strong> la réponse immunitaire intraoculaire à la présence<br />

<strong>de</strong>s microfilaires. Les signes oculaires les plus fréquents sont une infection <strong>de</strong> la<br />

cornée, une fibrose cornéenne, une inflammation <strong>de</strong> l’iris, un gl<strong>au</strong>come et une atrophie<br />

du nerf optique.<br />

<strong>Des</strong> vers <strong>de</strong> l’espèce Loa loa<br />

infiltrant la sclérotique <strong>de</strong> l’œil<br />

Source : UNDP /Banque mondiale/OMS<br />

Les filarioses sont rarement fatales, mais les conséquences <strong>de</strong> la parasitose peuvent<br />

être source <strong>de</strong> difficultés personnelles et socio-économiques non négligeables. L’Organisation<br />

mondiale <strong>de</strong> la Santé (OMS) a i<strong>de</strong>ntifié la filariose lymphatique comme la<br />

<strong>de</strong>uxième c<strong>au</strong>se mondiale d’invalidité permanente ou prolongée, après la lèpre.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> la filariose<br />

Environ 120 millions d’habitants <strong>de</strong>s régions tropicales et subtropicales sont touchés<br />

par la filariose lymphatique et le risque d’infection menace 1,2 milliard <strong>de</strong> personnes.<br />

Près d’un tiers <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong> la maladie vivent en In<strong>de</strong>, un <strong>au</strong>tre tiers en Afrique,<br />

tandis que le <strong>de</strong>rnier tiers est réparti dans l’Asie du Sud-Est, le Pacifique occi<strong>de</strong>ntal et<br />

les Amériques. On compte <strong>au</strong> moins 21 millions <strong>de</strong> personnes atteintes d’onchocercose<br />

(cécité <strong>de</strong>s rivières) en Afrique équatoriale et en Amérique centrale et du Sud. La<br />

filariose à Loa loa frappe trois millions d’habitants <strong>de</strong> l’Afrique centrale.<br />

Caractéristiques <strong>de</strong>s filaires<br />

Espèces Activité Distribution géographique Vecteur<br />

Wuchereria bancrofti Nocturne Diverses régions dans le mon<strong>de</strong>, Culex (moustiques)<br />

y compris l’Amérique du Sud<br />

et l’Afrique<br />

Surtout en In<strong>de</strong><br />

Anophèles (moustiques)<br />

En Chine et en Indonésie Ae<strong>de</strong>s (moustiques)<br />

Permanente Pacifique oriental Ae<strong>de</strong>s (moustiques)<br />

Brugia malayi Nocturne Sud-Est asiatique, Indonésie, Mansonia, Anophèles<br />

In<strong>de</strong><br />

(moustiques)<br />

Permanente Indonésie, Sud-Est asiatique Coquilletidia, Mansonia<br />

(moustiques)<br />

Brugia timori Nocturne Indonésie Anophèles (moustiques)<br />

Loa loa Diurne Afrique occi<strong>de</strong>ntale et centrale Chrysops (taons)<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

54<br />

Toutes les tranches d’âge sont exposées <strong>au</strong> risque d’infestation. Dans les zones d’endémie,<br />

la maladie ne se manifeste généralement qu’après plusieurs années d’exposition<br />

<strong>au</strong>x insectes infestés. La microfilarémie, c’est-à-dire la charge sanguine en microfilaires,<br />

<strong>au</strong>gmente avec l’âge, même en l’absence <strong>de</strong> manifestations cliniques <strong>de</strong> la<br />

maladie. L’appartenance ethnique est indifférente et les <strong>de</strong>ux sexes sont ég<strong>au</strong>x <strong>de</strong>vant<br />

le risque d’infestation.<br />

En raison <strong>de</strong> l’absence en Europe <strong>de</strong>s insectes vecteurs appropriés, <strong>au</strong>cune <strong>for</strong>me <strong>de</strong><br />

filariose humaine ne présente <strong>au</strong>jourd’hui un caractère endémique dans cette partie<br />

du mon<strong>de</strong>. Toutefois, les immigrants ou les personnes ayant résidé ou voyagé longtemps<br />

sous les tropiques peuvent être <strong>de</strong>s sujets à risque. La filariose lymphatique et<br />

l’onchocercose sont toutes <strong>de</strong>ux caractérisées par une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence<br />

(incubation) entre l’exposition à la piqûre <strong>de</strong> l’insecte infestant et le développement<br />

<strong>de</strong>s vers adultes dans l’organisme humain, <strong>de</strong> sorte que les signes et symptômes <strong>de</strong> la<br />

maladie déclarée peuvent être mal interprétés.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

La pharmacothérapie a pour objectifs d’éradiquer l’infestation, <strong>de</strong> réduire la morbidité<br />

et <strong>de</strong> prévenir les complications. Le pronostic est favorable si l’infestation est i<strong>de</strong>ntifiée<br />

et traitée précocement.


Les patients atteints <strong>de</strong> filariose lymphatique et présentant une microfilarémie<br />

asymptomatique sont traités en ambulatoire avec <strong>de</strong>s antihelminthiques (du grec<br />

“helmins” signifiant “ver”) <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s azolés. Ces <strong>médicaments</strong> tuent les vers<br />

en bloquant la capture du glucose et <strong>au</strong>tres nutriments ou en réduisant la production<br />

d’adénosine triphosphate (ATP) chez les parasites, provoquant ainsi une déplétion<br />

énergétique et, finalement, leur mort. Une hospitalisation peut s’avérer nécessaire<br />

dans un premier temps dans les cas <strong>de</strong> filariose chronique. Le traitement comporte,<br />

outre un antiparasitaire, <strong>de</strong>s antihistaminiques<br />

<strong>de</strong>stinés à calmer le prurit (démangeaisons),<br />

<strong>de</strong>s corticoï<strong>de</strong>s pour réduire le lymphoedème, <strong>de</strong>s<br />

antalgiques pour lutter contre la douleur et <strong>de</strong>s antibiotiques<br />

par voie intraveineuse pour combattre les<br />

infections secondaires.<br />

Sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Alliance mondiale pour l’élimination<br />

<strong>de</strong> la filariose lymphatique (GAELF, pour Global<br />

Alliance to Eliminate Lymphatic Filariasis), environ 60<br />

millions <strong>de</strong> personnes, dont 30 millions d’enfants, ont<br />

été traités à titre préventif <strong>de</strong>puis 2000 dans 37 pays<br />

où la filariose sévit à l’état d’endémie. Participent à la<br />

GAELF, 80 ministères <strong>de</strong> la Santé, <strong>de</strong>ux groupes pharmaceutiques<br />

internation<strong>au</strong>x, l’OMS, l’UNICEF et la<br />

Banque Mondiale. L’ Alliance a pour objectif <strong>de</strong> toucher 350 millions <strong>de</strong> personnes<br />

dès la fin <strong>de</strong> l’année 2005 à travers son programme et d’éradiquer totalement la<br />

maladie d’ici 2020. L’industrie pharmaceutique continuera <strong>de</strong> fournir gracieusement<br />

les antiparasitaires pendant toute la durée du programme. La stratégie d’élimination<br />

consiste à administrer une fois par an pendant cinq ans, à l’échelle <strong>de</strong> la population,<br />

un traitement constitué d’un azolé associé soit à un agoniste gabaergique, soit à la<br />

diéthylcarbamazine.<br />

Dans l’onchocercose, <strong>de</strong> récentes étu<strong>de</strong>s ont validé l’utilisation <strong>de</strong> doses uniques d’antihelminthiques<br />

dans le cadre <strong>de</strong>s programmes d’éradication à gran<strong>de</strong> échelle. Il existe<br />

un médicament efficace contre Onchocerca volvulus dont le mécanisme d’action est<br />

celui d’un puissant agoniste gabaergique qui paralyse le parasite. <strong>Des</strong> molécules <strong>de</strong><br />

la famille <strong>de</strong>s azolés peuvent être associées lorsque les patients souffrent simultanément<br />

<strong>de</strong>s <strong>for</strong>mes lymphatique et cutanéo<strong>de</strong>rmique <strong>de</strong> la filariose.<br />

Le Programme <strong>de</strong> lutte contre l’onchocercose (OCP, pour Onchocerciasis Control<br />

Programme) a officiellement pris fin en décembre 2002, après 28 ans d’opérations<br />

couronnées <strong>de</strong> succès pour éliminer ce problème <strong>de</strong> santé publique dans 11 pays<br />

<strong>de</strong> l’Afrique occi<strong>de</strong>ntale. Plus <strong>de</strong> 250 millions <strong>de</strong> doses <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> ont été distribuées<br />

dans ce cadre. L’OMS estime que neuf millions d’enfants nés après 1974 ont<br />

ainsi été préservés du risque <strong>de</strong> cécité et que plus d’un million <strong>de</strong> personnes ont récupéré<br />

<strong>de</strong> l’infestation. Entretemps, ce programme a été remplacé par un centre national<br />

<strong>de</strong> surveillance multimaladies qui sera notamment en mesure <strong>de</strong> détecter toute<br />

nouvelle flambée d’onchocercose.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

En mai 2004, a débuté un essai clinique <strong>de</strong> phase II visant à évaluer la tolérance et<br />

l’efficacité d’une <strong>for</strong>me orale d’un <strong>au</strong>tre antihelminthique proposé dans le traitement<br />

<strong>de</strong> l’onchocercose. La molécule est utilisée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années comme antiparasitaire<br />

chez le bétail. Si elle s’avère également efficace chez l’homme, elle peut<br />

constituer une nouvelle option thérapeutique venant compléter l’arsenal existant.<br />

Il est possible que <strong>de</strong>s recherches entreprises récemment sur les bactéries du genre<br />

Wolbachia, endosymbiontes naturels <strong>de</strong>s filaires, conduisent <strong>au</strong> développement <strong>de</strong><br />

nouvelles stratégies thérapeutiques et, éventuellement, <strong>de</strong> lutte contre à la fois la filariose<br />

lymphatique et l’onchocercose. L’administration d’une tétracycline pendant six<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

55


semaines entraîne la stérilisation <strong>de</strong>s némato<strong>de</strong>s parasites. Une <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bactéries<br />

Wolbachia met également en lumière leur rôle dans l’immunopathologie <strong>de</strong> la<br />

filariose.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’OCP a atteint son objectif en réussissant à stopper la transmission <strong>de</strong> l’onchocercose<br />

dans les 11 pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest participants. Cependant, une éradication complète<br />

s’est avérée impossible. Les modèles <strong>de</strong> simulation épidémiologique semblent<br />

indiquer qu’une couverture <strong>de</strong> 65 % <strong>de</strong> la population avec le traitement annuel est<br />

suffisante en présence <strong>de</strong> microfilarémies faibles à modérément élevées, mais, que<br />

pour <strong>de</strong>s microfilarémies supérieures, un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> couverture d’<strong>au</strong> moins 80 % est<br />

indispensable. L’élimination n’est réalisable que lorsqu’un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> couverture thérapeutique<br />

élevé peut être maintenu pendant toute la pério<strong>de</strong>, c’est-à-dire pendant plusieurs<br />

années consécutives, et dans <strong>de</strong>s zones qui <strong>de</strong>meurent in<strong>de</strong>mnes <strong>de</strong> réinvasion<br />

par les simulies infectantes (petits diptères “simulant” un moucheron noir). Elle nécessite<br />

également le maintien d’une paix civile durable et la stabilité <strong>de</strong>s approvisionnements<br />

en <strong>médicaments</strong>.<br />

Compte tenu <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la fréquence d’administration <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong><br />

sur le développement d’une résistance, la priorité doit être donnée à la<br />

recherche <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> sûrs et efficaces et <strong>de</strong> stratégies d’élimination<br />

innovantes et financièrement abordables.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

56


Hémorragie du<br />

corps vitré<br />

Qu’est-ce qu’une hémorragie du corps vitré<br />

Une hémorragie du corps vitré (ou hémorragie intravitréenne) est une maladie oculaire<br />

qui consiste en une extravasation <strong>de</strong> sang dans l’un <strong>de</strong>s différents espaces potentiels<br />

<strong>for</strong>més dans et <strong>au</strong>tour du corps vitré, et qui a pour conséquence d’obscurcir la vue<br />

du patient. Le corps vitré (également appelé vitré ou humeur vitrée) est une substance<br />

gélatineuse transparente qui remplit le segment postérieur, c’est-à-dire la cavité en<br />

arrière du cristallin. Il donne à l’œil sa <strong>for</strong>me et sa consistance, garantit la rigidité du<br />

globe oculaire, maintient la rétine en place contre la paroi <strong>de</strong> l’œil et empêche les<br />

rayons lumineux d’atteindre directement celle-ci. En cas d’hémorragie intravitréenne<br />

modérée, le patient peut ne plus distinguer que quelques taches sombres, tandis<br />

qu’une hémorragie massive peut induire une perte sévère <strong>de</strong> l’acuité visuelle et réduire<br />

celle-ci à la seule perception <strong>de</strong> la lumière.<br />

L’hémorragie du corps<br />

vitré survient lorsqu’un<br />

écoulement <strong>de</strong> sang se<br />

produit à l’intérieur <strong>de</strong><br />

l’œil. Si cette hémorragie<br />

est sévère, elle peut provoquer<br />

une baisse importante<br />

<strong>de</strong> la vision, voire même<br />

une cécité. La science<br />

médicale commence à<br />

comprendre comment<br />

cette hémorragie survient.<br />

Ceci permettra la mise <strong>au</strong><br />

point <strong>de</strong> nouvelles options<br />

thérapeutiques.<br />

Le volume du corps vitré d’un œil adulte est d’environ 4 ml, soit 80 % du volume du<br />

globe oculaire. Le corps vitré est constitué à 99 % d’e<strong>au</strong>, le reste étant composé <strong>de</strong><br />

collagène et <strong>de</strong> glycosaminoglycanes (aci<strong>de</strong> hyaluronique). Il contient en outre<br />

quelques <strong>au</strong>tres éléments solubles comme <strong>de</strong>s ions, <strong>de</strong>s protéines et <strong>de</strong>s cellules à<br />

l’état <strong>de</strong> trace. Ces éléments sont responsables <strong>de</strong> la texture gélatineuse <strong>de</strong> l’humeur<br />

vitrée qui <strong>de</strong>meure cependant transparente.<br />

Le vitré est totalement avasculaire et ne contient donc <strong>au</strong>cun vaisse<strong>au</strong> sanguin. Il est<br />

dépourvu d’élasticité et s’avère délimité plutôt par un rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> fines fibres <strong>de</strong> collagène<br />

amarrées à la rétine périphérique, <strong>au</strong> corps ciliaire postérieur, à la partie postérieure<br />

du cristallin et <strong>au</strong>tour du nerf optique.<br />

Selon la sévérité <strong>de</strong> l’hémorragie, un délai <strong>de</strong> plusieurs mois, voire davantage, est<br />

nécessaire avant que le corps vitré réabsorbe le sang et que le patient recouvre son<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

57


acuité visuelle. Outre la perte <strong>de</strong> l’acuité visuelle qu’elle génère pour le patient, la<br />

présence d’une hémorragie intravitréenne empêche souvent l’ophtalmologue d’explorer<br />

le segment postérieur <strong>de</strong> l’œil et <strong>de</strong> diagnostiquer ou <strong>de</strong> traiter la c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’hémorragie.<br />

En cas d’hémorragies massives ou répétées, il peut y avoir <strong>for</strong>mation d’un<br />

tissu fibreux ou d’une cicatrice sur la rétine susceptible d’entraîner le décollement <strong>de</strong><br />

la rétine et une diminution définitive <strong>de</strong> l’acuité visuelle ou la cécité.<br />

Cristallin<br />

Qui est atteint d’une hémorragie du corps vitré<br />

La prévalence <strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré est relativement parallèle à la fréquence<br />

<strong>de</strong>s pathologies sous-jacentes, laquelle est fonction <strong>de</strong> la population considérée, <strong>de</strong><br />

l’âge moyen <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> la zone géographique. Chez l’adulte, la rétinopathie<br />

diabétique proliférante est la c<strong>au</strong>se la plus fréquente, tandis que<br />

chez le sujet jeune ce sont les tr<strong>au</strong>matismes qui sont le plus souvent<br />

à l’origine <strong>de</strong>s hémorragies intravitréennes. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’hémorragie<br />

du corps vitré spontanée est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 7 cas pour 100 000<br />

Corps vitré<br />

habitants. On dénombre chaque année environ 35 000 nouve<strong>au</strong>x<br />

cas d’hémorragie intravitréenne dans l’Union européenne.<br />

L’hémorragie du corps vitré est le plus souvent associée à la rétinopathie<br />

diabétique (environ 60 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s cas), à une<br />

lésion oculaire d’origine tr<strong>au</strong>matique (environ 15 %) ou à d’<strong>au</strong>tres<br />

facteurs (environ 25 %) tels qu’un épiso<strong>de</strong> d’hypertension artérielle<br />

ou une hémorragie cérébrale (hémorragie sous-arachnoïdienne).<br />

Iris<br />

Schéma <strong>de</strong> l’œil humain<br />

<strong>Des</strong> maladies sous-jacentes comme la leucémie peuvent également<br />

être responsables d’infiltrations <strong>de</strong> sang dans l’œil. Parmi les mécanismes<br />

étiopathologiques <strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré figurent<br />

Rétine<br />

également une hémorragie <strong>de</strong> la rétine pathologique et une extravasation<br />

sanguine <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la rétine et du corps vitré à partir<br />

d’une <strong>au</strong>tre zone intraoculaire. Dans ce cas, il semble que l’ischémie<br />

rétinienne, qui entraîne la libération <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> croissance, essentiellement du<br />

VEGF (pour vascular endothelial growth factor – facteur <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’endothélium<br />

vasculaire), du FGF (pour fibroblast growth factor – facteur <strong>de</strong> croissance fibroblastique)<br />

et <strong>de</strong> l’IGF-1 (pour insulin-like growth factor 1 – facteur <strong>de</strong> croissance insulinomimétique<br />

ou analogue à l’insuline), joue un rôle dans la pathogénie <strong>de</strong> l’hémorragie<br />

intravitréenne.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

58<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Aujourd’hui, les options thérapeutiques qui s’offrent <strong>au</strong> patient présentant une<br />

hémorragie du corps vitré sont relativement limitées. À l’heure actuelle, il n’existe<br />

<strong>au</strong>cun traitement médicamenteux. La plupart <strong>de</strong>s spécialistes recomman<strong>de</strong>nt dans<br />

un premier temps <strong>de</strong> respecter un délai d’attente avec vigilance, pendant lequel il<br />

n’est prescrit <strong>au</strong>cun traitement médical, dans l’espoir d’une résolution spontanée <strong>de</strong><br />

l’extravasation sanguine. Cette démarche n’est pas sans risques, notamment celui<br />

que l’hémorragie persiste et, si la c<strong>au</strong>se en est une rétinopathie diabétique, que la<br />

maladie continue <strong>de</strong> progresser pendant le temps nécessaire à la résorption spontanée<br />

du caillot, si toutefois elle a lieu.<br />

Cette attente vigilante n’est pas la seule solution. En effet, on peut opter pour une<br />

intervention chirurgicale appelée “vitrectomie”, qui consiste en l’ablation du corps<br />

vitré hémorragique, lequel est remplacé par un liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> synthèse. Il s’agit <strong>de</strong> microchirurgie<br />

utilisant <strong>de</strong>s instruments d’une très gran<strong>de</strong> finesse pour découper le corps<br />

vitré et aspirer l’humeur vitrée. Après l’exérèse du corps vitré, le chirurgien peut traiter<br />

la rétine <strong>au</strong> laser (photocoagulation), découper ou retirer le tissu fibreux ou cicatriciel<br />

qui s’est <strong>for</strong>mé sur la rétine, ou encore réparer les déchirures que présente la<br />

rétine. À la fin <strong>de</strong> l’intervention, on injecte dans l’œil, soit une solution saline équilibrée,<br />

soit <strong>de</strong> l’huile <strong>de</strong> silicone, ou un gaz (perfluoropropane) pour remplacer l’humeur<br />

vitrée et rétablir une pression intraoculaire normale. Cette stratégie comporte <strong>de</strong>s


isques, notamment la <strong>for</strong>mation d’une cataracte (opacification <strong>de</strong> tout ou partie du<br />

cristallin) et la perte éventuelle <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> l’œil opéré associée à un décollement<br />

<strong>de</strong> la rétine. Ces risques contribuent à limiter le recours à la vitrectomie en première<br />

intention.<br />

Les options thérapeutiques non chirurgicales et expérimentales comprennent l’amélioration<br />

<strong>de</strong>s mécanismes naturels <strong>de</strong> réparation afin d’accélérer la dissolution et la<br />

liquéfaction du caillot ainsi que l’élimination <strong>de</strong>s débris protéiques par les leucocytes.<br />

<strong>Des</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas font par exemple référence à <strong>de</strong>s patients Rhésus positif (Rh+) chez<br />

lesquels pendant longtemps il n’a été constaté <strong>au</strong>cun signe <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> l’hémorragie<br />

intravitréenne. Il s’avère que ces patients ont été traités avec succès par injection<br />

intravitréenne d’anticorps appelés “immunoglobulines anti-Rh”, produit normalement<br />

utilisé pour prévenir la sensibilisation <strong>de</strong>s mères Rhésus négatif (Rh-) après mise<br />

<strong>au</strong> mon<strong>de</strong> d’un enfant Rh+. Dans les cas où l’attente vigilante s’est révélée infructueuse<br />

et où la chirurgie était contre-indiquée, les patients<br />

dont le groupe sanguin était Rh+ ont subi un traitement<br />

par injection intravitréenne d’immunoglobulines humaines<br />

spécifiques. Les anticorps dirigés contre le facteur Rhésus se<br />

sont apparemment révélés efficaces pour détruire globules<br />

rouges Rh+ présents dans le vitré.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

En 2004, le premier médicament jamais développé pour le<br />

traitement <strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré est parvenu <strong>au</strong><br />

terme du programme d’essais cliniques <strong>de</strong> phase III. La préparation<br />

contient une <strong>for</strong>me h<strong>au</strong>tement purifiée d’hyaluronidase<br />

ovine pour injection intravitréenne. À l’heure actuelle,<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément <strong>de</strong> ce médicament dans le traitement<br />

<strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré est examinée par les<br />

<strong>au</strong>torités américaines.<br />

L’hyaluronidase est une enzyme naturelle qui digère certaines <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> polysacchari<strong>de</strong>s,<br />

les protéoglycanes, qui entrent dans la composition <strong>de</strong> la matrice extracellulaire<br />

(MEC) présente dans <strong>de</strong> nombreux tissus conjonctifs <strong>de</strong> l’organisme, notamment <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’œil. Après injection d’hyaluronidase dans le vitré, celle-ci dégra<strong>de</strong> les protéoglycanes<br />

<strong>de</strong> la MEC, entraînant ainsi la liquéfaction <strong>de</strong> l’humeur vitrée. Il semblerait<br />

que ceci présente en outre pour conséquence <strong>de</strong> séparer le corps vitré <strong>de</strong> la rétine,<br />

par décollement du corps vitré postérieur.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’hémorragie du corps vitré est toujours dans l’attente <strong>de</strong> la mise <strong>au</strong> point d’un traitement<br />

médicamenteux. Compte tenu du parallèle qui existerait entre sa prévalence<br />

et la fréquence <strong>de</strong> maladies sous-jacentes comme le diabète, la recherche se doit à l’avenir<br />

d’explorer les facteurs impliqués en tant que promoteurs actifs <strong>de</strong> la rétinopathie<br />

diabétique proliférante. Les cibles maîtresses seront l’hormone <strong>de</strong> croissance et<br />

l’IGF-1. La prévalence <strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré peut encore être réduite par une<br />

meilleure prise en charge <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres pathologies sous-jacentes, comme les épiso<strong>de</strong>s<br />

d’hypertension artérielle et la leucémie.<br />

Les premiers résultats d’étu<strong>de</strong>s cliniques évaluant, en termes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> l’hémorragie<br />

et <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong> l’acuité visuelle, un traitement avec un analogue <strong>de</strong> la<br />

somatostatine à action prolongée chez <strong>de</strong>s patients diabétiques porteurs d’une rétinopathie<br />

proliférante à un sta<strong>de</strong> avancé ont été publiés. Après trois années <strong>de</strong> traitement,<br />

l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’hémorragie du corps vitré et la nécessité d’une chirurgie vitréorétinienne<br />

ont significativement reculé chez les patients traités, par rapport <strong>au</strong> groupe<br />

placebo.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

59


Hypertension artérielle<br />

pulmonaire<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle pulmonaire<br />

Le corps humain comporte <strong>de</strong>ux grands circuits <strong>de</strong> vaisse<strong>au</strong>x sanguins qui transportent<br />

le sang en provenance <strong>de</strong> et vers les <strong>de</strong>ux parties du cœur: le cœur droit et le<br />

cœur g<strong>au</strong>che. Le ventricule g<strong>au</strong>che du cœur pompe le sang en retour <strong>de</strong>s poumons,<br />

où il a été réoxygéné, pour le renvoyer dans les artères qui irriguent le corps entier; ce<br />

premier circuit constitue ce qu’on appelle la gran<strong>de</strong> circulation, ou encore circulation<br />

systémique ou générale. Le ventricule droit pompe le sang veineux en retour <strong>de</strong> la circulation<br />

systémique et le chasse dans les artères pulmonaires pour y être rechargé en<br />

oxygène; ce <strong>de</strong>uxième circuit est la petite circulation, ou circulation pulmonaire. Dans<br />

le poumon et les artères pulmonaires, la pression sanguine normale est nettement<br />

inférieure à la pression qui règne dans la circulation systémique (cette <strong>de</strong>rnière étant<br />

la pression artérielle que l’on mesure habituellement). Dans l’ensemble, tandis que la<br />

pression artérielle systémique normale est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 120/80 mmHg, la pression<br />

artérielle pulmonaire n’est que <strong>de</strong> 25/15 mmHg. Lorsque la pression pulmonaire<br />

s’avère supérieure à la normale, on parle d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).<br />

Dans l’hypertension artérielle pulmonaire, les vaisse<strong>au</strong>x sanguins qui irriguent le poumon<br />

ne peuvent transporter le sang en quantité suffisante, <strong>de</strong> sorte que la pression<br />

<strong>au</strong>gmente, s<strong>au</strong>f dans l’HTAP par élévation du débit sanguin pulmonaire, qui peut<br />

intervenir lors <strong>de</strong> certaines cardiopathies congénitales avec shunt <strong>de</strong> type g<strong>au</strong>chedroit.<br />

En raison <strong>de</strong> modifications structurales <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong>s artères pulmonaires (<strong>au</strong>gmentation<br />

<strong>de</strong>s résistances), le travail cardiaque <strong>au</strong>gmente en intensité, le cœur<br />

essayant <strong>de</strong> “<strong>for</strong>cer le passage” du débit sanguin dans les vaisse<strong>au</strong>x. Si cette hypertension<br />

doit se prolonger, le cœur peut finir par faiblir et la quantité <strong>de</strong> sang transitant<br />

par le poumon pour s’y recharger en oxygène diminue à son tour. Dès lors, le<br />

moindre ef<strong>for</strong>t physique engendre fatigue et essoufflement. Les contraintes qui s’exercent<br />

sur le cœur entraînent une <strong>au</strong>gmentation du volume <strong>de</strong>s ventricules (hypertrophie<br />

ventriculaire) et finalement, l’accumulation <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> dans le foie et les tissus,<br />

par exemple dans les membres inférieurs.<br />

60


L’hypertension artérielle pulmonaire peut être la conséquence <strong>de</strong> pathologies cardiaques<br />

et pulmonaires comme la bronchopneumopathie obstructive ou l’emphysème,<br />

l’insuffisance ventriculaire g<strong>au</strong>che ou l’embolie pulmonaire (migration d’un thrombus<br />

– ou caillot sanguin – provenant généralement du rése<strong>au</strong> veineux profond <strong>de</strong>s membres<br />

inférieurs qui oblitère les artères pulmonaires). Lorsque l’HTAP est due à une maladie<br />

sous-jacente, elle est dite “secondaire”.<br />

L’HTAP est définie par une pression artérielle pulmonaire (PAP) systolique supérieure<br />

à 30 mmHg ou à une PAP moyenne supérieure à 20 mmHg secondaire à une pathologie<br />

pulmonaire ou cardiaque. En l’absence d’atteinte cardiaque et/ou pulmonaire<br />

ou d’<strong>au</strong>tres maladies sous-jacentes, l’hypertension pulmonaire est dite “primitive” ou<br />

“idiopathique”. Si l’on sait que l’oblitération <strong>de</strong>s artères pulmonaires est due à l’accumulation<br />

<strong>de</strong> cellules musculaires lisses <strong>de</strong> la paroi artérielle, on en connaît mal la<br />

c<strong>au</strong>se profon<strong>de</strong>.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> l’hypertension artérielle pulmonaire<br />

On estime qu’environ 100 000 personnes souffrent d’hypertension artérielle pulmonaire<br />

dans le mon<strong>de</strong>. L’appartenance ethnique est indifférente. L’HTAP frappe avec<br />

une plus gran<strong>de</strong> fréquence la femme en âge <strong>de</strong> procréer et l’enfant. Le rapport femmes/hommes<br />

est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 6/1; toutefois les raisons <strong>de</strong> cette prédisposition féminine<br />

<strong>de</strong>meurent obscures. En Europe, l’HTAP primitive est responsable d’environ 200<br />

décès par an et son inci<strong>de</strong>nce annuelle est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 cas pour un million d’habitants.<br />

L’hypertension artérielle<br />

pulmonaire se manifeste<br />

lorsque les vaisse<strong>au</strong>x sanguins<br />

qui irriguent les<br />

poumons n’y apportent<br />

pas suffisamment <strong>de</strong><br />

sang, <strong>au</strong>gmentant ainsi la<br />

pression pulmonaire.<br />

Grâce <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x traitements,<br />

les chances <strong>de</strong><br />

survie sont meilleures<br />

<strong>au</strong>jourd’hui qu’il y a seulement<br />

cinq ans. Les recherches<br />

se poursuivent pour<br />

mieux comprendre cette<br />

maladie.<br />

L’inci<strong>de</strong>nce et la prévalence <strong>de</strong> l’HTAP secondaire sont considérablement plus élevées.<br />

D’une manière générale, la fréquence <strong>de</strong> l’HTAP secondaire va en s’accroissant. Dans<br />

un récent rapport <strong>de</strong> surveillance, le CDC américain (Centres <strong>for</strong> Disease Control and<br />

Prevention) a souligné le fait que l’hypertension artérielle pulmonaire ne doit plus être<br />

considérée comme une maladie rare, mais davantage comme une maladie chronique<br />

émergente.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Le traitement <strong>de</strong> l’HTAP implique la prise en charge <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses sous-jacentes, en utilisant<br />

l’oxygénothérapie pour <strong>au</strong>gmenter la saturation du sang en oxygène, les diurétiques<br />

pour éliminer les oedèmes dans l’organisme, les anticoagulants pour prévenir<br />

l’embolie et les vasodilatateurs <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s inhibiteurs calciques et <strong>de</strong>s inhibiteurs<br />

<strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion (<strong>de</strong> l’angiotensine). Ces<br />

<strong>médicaments</strong> <strong>au</strong>gmentent le débit cardiaque et<br />

abaissent la pression artérielle pulmonaire, entraînant<br />

ainsi une diminution <strong>de</strong>s résistances vasculaires<br />

pulmonaires. Ils améliorent en outre la qualité <strong>de</strong> vie<br />

et la survie <strong>de</strong>s patients. Les glycosi<strong>de</strong>s cardiotoniques<br />

sont surtout administrés dans le cadre <strong>de</strong> la<br />

prévention et du traitement <strong>de</strong>s arythmies supraventriculaires.<br />

La prostacycline (ou époprosténol) en intraveineux ou<br />

en sous-cutané est utilisée dans les cas sévères; il s’agit<br />

d’un dérivé d’une prostaglandine doté <strong>de</strong> propriétés<br />

vasodilatatrices (systémiques et pulmonaires) et<br />

anticoagulantes. Il existe également un analogue <strong>de</strong><br />

la prostacycline par voie inhalée.<br />

Depuis peu, l’arsenal thérapeutique s’est enrichi <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong>, appelés antagonistes<br />

<strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> l’endothéline, qui ont pour effet <strong>de</strong> modérer ou <strong>de</strong> bloquer la<br />

surproduction d’endothéline. L’endothéline (ET) est un puissant médiateur <strong>de</strong> la vasoconstriction<br />

et du développement <strong>de</strong>s fibres musculaires lisses <strong>de</strong> la paroi vasculaire.<br />

Il existe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> récepteurs à l’endothéline, les récepteurs ET A et les récepteurs<br />

ET B, qui possè<strong>de</strong>nt chacun un rôle très différent. La fixation <strong>de</strong> l’endothéline <strong>au</strong>x<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

61


Vers le<br />

poumon<br />

droit<br />

En provenance <strong>de</strong> la tête<br />

et <strong>de</strong>s bras<br />

Veine cave<br />

supérieure<br />

Oreillette<br />

g<strong>au</strong>che<br />

Vers la tête et les bras<br />

Artère pulmonaire<br />

Vers<br />

le poumon<br />

g<strong>au</strong>che<br />

récepteurs ET A présents à la surface <strong>de</strong>s fibres<br />

musculaires lisses détermine une vasoconstriction,<br />

tandis que sa fixation <strong>au</strong>x récepteurs ET B situés à<br />

la surface <strong>de</strong>s cellules tapissant la paroi interne<br />

<strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x (cellules endothéliales) entraîne une<br />

vasodilatation par libération <strong>de</strong> monoxy<strong>de</strong> d’azote<br />

(NO) et <strong>de</strong> prostacycline. Il semble que cette <strong>de</strong>rnière<br />

activité ait pour but <strong>de</strong> prévenir une vasoconstriction<br />

excessive.<br />

En provenance<br />

du poumon droit<br />

Valvule sigmoï<strong>de</strong><br />

pulmonaire<br />

Oreillette droite<br />

Valvule<br />

tricuspi<strong>de</strong><br />

Ventricule droit<br />

Veine cave inférieure<br />

Veines<br />

En provenance <strong>de</strong>s jambes<br />

Schéma <strong>de</strong>s cavités cardiaques<br />

représentant les principales artères<br />

et veines, les valvules et la direction<br />

empruntée par le flux sanguin.<br />

Le sang désoxygéné est représenté<br />

en violet et le sang oxygéné est<br />

représenté en orange. Ces <strong>de</strong>ux<br />

types <strong>de</strong> sang ne se mélangent pas:<br />

ce qui montre que le cœur est<br />

constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pompes séparées<br />

qui fonctionnent ensemble.<br />

Cœur<br />

Vers les<br />

organes<br />

internes<br />

Valvule<br />

sigmoï<strong>de</strong><br />

aortique<br />

Valvule mitrale<br />

En provenance<br />

du poumon<br />

g<strong>au</strong>che<br />

Ventricule g<strong>au</strong>che<br />

Myocar<strong>de</strong><br />

Aorte <strong>de</strong>scendante<br />

Malgré les progrès accomplis dans les différentes<br />

voies thérapeutiques, l’HTAP <strong>de</strong>meure malheureusement<br />

<strong>au</strong>jourd’hui incurable.<br />

Une atmosphère p<strong>au</strong>vre en oxygène aggrave l’hypertension<br />

artérielle pulmonaire. C’est pourquoi<br />

un apport complémentaire en oxygène (oxygénothérapie),<br />

même temporaire comme pendant un<br />

voyage en avion ou un séjour en altitu<strong>de</strong>, est<br />

bénéfique pour les patients souffrant d’HTAP.<br />

Artères<br />

Enfin, la transplantation pulmonaire uni- ou bilatérale<br />

est une intervention <strong>de</strong>venue classique dans la<br />

Vers les jambes<br />

prise en charge <strong>de</strong> l’HTAP primitive. En l’absence <strong>de</strong><br />

transplantation, le décès survient dans la plupart<br />

<strong>de</strong>s cas <strong>de</strong>ux à cinq ans après le diagnostic <strong>de</strong> la<br />

maladie. La greffe peut également être envisagée dans l’hypertension artérielle pulmonaire<br />

secondaire sévère en cas d’échec du traitement <strong>de</strong> la pathologie sous-jacente.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Les chercheurs continuent d’explorer la piste <strong>de</strong>s antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> l’endothéline.<br />

De nouvelles molécules pourraient se révéler efficaces non seulement dans<br />

l’hypertension artérielle pulmonaire, mais également dans le traitement <strong>de</strong> diverses<br />

maladies où la régulation <strong>de</strong> la vasoconstriction est essentielle. Une molécule faisant<br />

actuellement l’objet d’essais cliniques <strong>de</strong> phase III est considérée comme étant 6 500<br />

fois plus sélective pour les récepteurs ET A que pour les récepteurs ET B. D’<strong>au</strong>tres étu<strong>de</strong>s<br />

sont en cours <strong>de</strong> réalisation pour déterminer si l’association d’un analogue <strong>de</strong> la<br />

prostacycline et d’un antagoniste <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> l’endothéline obtient <strong>de</strong> meilleurs<br />

résultats cliniques.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

La recherche a également révélé que les <strong>médicaments</strong> appartenant à la classe <strong>de</strong>s<br />

inhibiteurs <strong>de</strong> la phosphodiestérase <strong>de</strong> type 5 (PDE-5) interagissent avec les récepteurs<br />

qui influent sur le débit sanguin pulmonaire. Aux États-Unis, la FDA examine<br />

actuellement la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément d’une <strong>de</strong> ces molécules dans le traitement <strong>de</strong><br />

l’hypertension artérielle pulmonaire. L’EMEA (Agence européenne d’évaluation <strong>de</strong>s<br />

<strong>médicaments</strong>) a accordé à cette même molécule le statut <strong>de</strong> médicament orphelin<br />

dans l’indication d’hypertension artérielle pulmonaire.<br />

Un <strong>au</strong>tre médicament expérimental par voie inhalée, développé à partir du pepti<strong>de</strong><br />

intestinal vasoactif, vient d’entrer en phase II <strong>de</strong>s essais cliniques dans le cadre du<br />

traitement <strong>de</strong> l’hypertension artérielle pulmonaire. La molécule est un pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> 28<br />

aci<strong>de</strong>s aminés qui appartient à la super-famille glucagon-GRF-sécrétine (GRF: growthhormone-releasing<br />

factor, facteur <strong>de</strong> libération <strong>de</strong> l’hormone <strong>de</strong> croissance) et qui<br />

influe sur <strong>de</strong> nombreux aspects <strong>de</strong> la biologie pulmonaire. L’EMEA lui a accordé le statut<br />

<strong>de</strong> médicament orphelin dans le traitement <strong>de</strong> l’hypertension artérielle pulmonaire<br />

et <strong>de</strong> l’hypertension pulmonaire thromboembolique chronique.<br />

62


Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

On a pu établir l’origine génétique <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me familiale <strong>de</strong> l’HTAP primitive; celle-ci<br />

est due à <strong>de</strong>s mutations du gène BMPR2, lequel co<strong>de</strong> un récepteur <strong>de</strong> type II <strong>au</strong> TGFbêta<br />

(TGF pour trans<strong>for</strong>ming growth factor – facteur <strong>de</strong> croissance trans<strong>for</strong>mant) qui<br />

est situé à la surface <strong>de</strong>s fibres musculaires lisses et se lie <strong>au</strong>x molécules <strong>de</strong> la famille<br />

du facteur <strong>de</strong> croissance tumorale bêta (tumour growth factor beta, TGF-bêta). Cette<br />

fixation déclenche <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la cellule une série <strong>de</strong> réactions biochimiques qui finissent<br />

par altérer le comportement <strong>de</strong> la fibre musculaire lisse. Les mutations stoppent<br />

ce processus. Cette découverte ouvre la voie <strong>au</strong> diagnostic génétique et offre une cible<br />

potentielle <strong>au</strong> traitement <strong>de</strong> l’hypertension artérielle pulmonaire primitive familiale.<br />

Pour 50 % <strong>de</strong>s patients atteints d’hypertension artérielle pulmonaire, la survie est en<br />

moyenne <strong>de</strong> 5 ans à compter du diagnostic. Il s’agit là d’une amélioration car si l’on<br />

regar<strong>de</strong> seulement cinq ans en arrière, 50 % <strong>de</strong>s patients ne survivaient pas <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois ans. Avec le développement <strong>de</strong> nouvelles thérapeutiques et une<br />

meilleure compréhension <strong>de</strong> la maladie grâce à une recherche permanente, le pronostic<br />

<strong>de</strong> cette maladie ne peut que continuer d’évoluer dans la bonne direction.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

63


Hypogonadisme<br />

Qu’est-ce que l’hypogonadisme<br />

L’hypogonadisme est la manifestation clinique d’une dysfonction <strong>de</strong>s gona<strong>de</strong>s, c’està-dire<br />

<strong>de</strong>s testicules chez l’homme et <strong>de</strong>s ovaires chez la femme. L’hypogonadisme<br />

peut être présent dès la naissance ou se développer plus tard dans la vie. La pathologie<br />

présente <strong>de</strong>s caractères différents chez l’homme et la femme, avant comme après<br />

l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes pubertaires.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

64<br />

En cas d’apparition chez le garçon prépubère, les signes et symptômes <strong>de</strong> l’insuffisance<br />

testiculaire incluent une modification <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong> la pilosité sur le visage<br />

et le thorax et sous les aisselles, un faible développement <strong>de</strong> la musculature et <strong>de</strong>s<br />

troubles <strong>de</strong> la croissance osseuse se traduisant par un allongement anormal <strong>de</strong>s membres<br />

supérieurs et inférieurs. Les concentrations sanguines <strong>de</strong> l’hormone mâle, la testostérone,<br />

sont basses. On observe également l’absence d’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> volume du<br />

larynx et/ou d’épaississement <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales et <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> la répartition<br />

du tissu adipeux. Lorsque l’hypogonadisme se manifeste chez l’homme après<br />

la puberté, les faibles concentrations sanguines <strong>de</strong> testostérone entraînent manque<br />

d’énergie, faiblesse, léthargie et réduction <strong>de</strong>s capacités sexuelles, diminution <strong>de</strong> la<br />

masse osseuse et, souvent, anémie.<br />

Chez la jeune fille prépubère atteinte d’hypogonadisme, l’insuffisance ovarienne peut<br />

être responsable d’un retard pubertaire. L’absence <strong>de</strong> menstruations (aménorrhée primaire)<br />

est la caractéristique la plus commune. Les concentrations sanguines d’estradiol<br />

sont basses. En cas d’apparition <strong>de</strong> l’hypogonadisme après la puberté, l’irrégularité<br />

<strong>de</strong>s menstruations (oligoménorrhée) ou leur absence totale (aménorrhée secondaire)<br />

en constituent le symptôme ordinaire. Ces patientes présentent une infertilité,<br />

une diminution <strong>de</strong> la libido, une atrophie mammaire et/ou une ostéoporose.<br />

Les fonctions testiculaire et ovarienne sont une composante d’une boucle hormonale<br />

constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux éléments situés dans le cerve<strong>au</strong> (la région hypothalamique et l’hypophyse)<br />

et <strong>de</strong>s gona<strong>de</strong>s à proprement parler. Cet axe hypothalamo-hypophyso-gonadique<br />

est à l’origine d’une casca<strong>de</strong> d’actions. Un générateur hypothalamique libère la<br />

LHRH (pour luteinising hormone-releasing hormone – gonadolibérine ou gonadoréline).


En réponse à la sécrétion pulsatile <strong>de</strong> LHRH, l’hypophyse sécrète la FSH (pour folliclestimulating<br />

hormone - hormone folliculo–stimulante ou folliculostimuline) et la LH<br />

(pour luteinising hormone - hormone lutéinisante ou lutéostimuline), hormones qui à<br />

leur tour stimulent testicules ou ovaires. L’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s concentrations sanguines<br />

en hormones gonadiques (les androgènes chez l’homme et les estrogènes chez la<br />

femme) entraîne un ralentissement <strong>de</strong> la sécrétion <strong>de</strong> FSH et <strong>de</strong> LH <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> hypophysaire,<br />

bouclant ainsi la boucle <strong>de</strong> rétrocontrôle négatif.<br />

L’hypogonadisme peut survenir lorsque cet axe hypothalamo-hypophyso-gonadique se<br />

trouve interrompu à un nive<strong>au</strong> quelconque. L’hypogonadisme hypergonadotrope (ou<br />

primaire) est la conséquence <strong>de</strong> la production par les gona<strong>de</strong>s d’hormones sexuelles<br />

en quantité insuffisante pour freiner la sécrétion <strong>de</strong> la LH et <strong>de</strong> la FSH et le maintien<br />

à un nive<strong>au</strong> normal. L’hypogonadisme hypogonadotrope (ou secondaire) peut avoir<br />

pour origine un déficit en LHRH hypothalamique ou une insuffisance hypophysaire,<br />

c’est-à-dire l’incapacité <strong>de</strong> l’hypophyse à sécréter la LH et la FSH. L’hypogonadisme<br />

hypogonadotrope est le plus souvent secondaire à une lésion hypothalamo-hypophysaire<br />

provoquée par une tumeur, un tr<strong>au</strong>matisme ou une irradiation.<br />

Qui est atteint d’hypogonadisme<br />

Chez l’homme atteint d’hypogonadisme primaire, la c<strong>au</strong>se la plus fréquente est une<br />

affection génétique connue sous le nom <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> Klinefelter, une anomalie<br />

chromosomique qui survient dans 1 cas sur 1 000 naissances vivantes environ. La fréquence<br />

<strong>de</strong> l’hypogonadisme primaire est plus<br />

importante chez le garçon que chez la jeune<br />

fille, en raison <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce du syndrome <strong>de</strong><br />

Klinefelter qui s’avère supérieure à celle <strong>de</strong> la<br />

pathologie équivalente chez cette <strong>de</strong>rnière, à<br />

savoir le syndrome <strong>de</strong> Turner. L’hypogonadisme<br />

secondaire est plus rare chez l’homme. On estime<br />

toutefois que moins <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong>s hommes<br />

atteints d’hypogonadisme hypogonadotrope<br />

sont diagnostiqués et reçoivent un traitement<br />

hormonal substitutif (THS). Il semblerait qu’environ<br />

un cinquième <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50<br />

ans présentent une insuffisance androgénique.<br />

L’hypophyse surveille<br />

le t<strong>au</strong>x sanguin<br />

<strong>de</strong> testostérone et<br />

contrôle la quantité<br />

<strong>de</strong> testostérone<br />

produite<br />

L’hypothalamus<br />

produit la gonadolibérine (GnRH)<br />

L’hypogonadisme se caractérise<br />

par le fait que les<br />

testicules chez l’homme ou<br />

les ovaires chez la femme<br />

ne fonctionnement pas<br />

correctement. Cette maladie<br />

peut être très<br />

angoissante. Grâce <strong>au</strong><br />

développement <strong>de</strong> traitements<br />

hormon<strong>au</strong>x spécifiques<br />

par l’industrie pharmaceutique,<br />

les hommes<br />

et les femmes atteints <strong>de</strong><br />

cette maladie peuvent<br />

mener une vie normale.<br />

L’hypophyse produit<br />

l’hormone lutéinisante (LH)<br />

et l’hormone folliculo-stimulante<br />

(FSH), en réponse<br />

à la stimulation <strong>de</strong> la<br />

gonadolibérine (GnRH)<br />

En ce qui concerne l’hypogonadisme primaire<br />

féminin, la c<strong>au</strong>se la plus fréquente est le syndrome<br />

<strong>de</strong> Turner, affection génétique caractérisée<br />

par une anomalie chromosomique dont<br />

l’inci<strong>de</strong>nce est d’environ un cas pour 5 000<br />

naissances vivantes. Chez la femme, l’inci<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> l’hypogonadisme secondaire est la<br />

même que chez l’homme.<br />

L’hypogonadisme n’est associé à <strong>au</strong>cune <strong>au</strong>gmentation<br />

<strong>de</strong> la mortalité. Chez l’homme<br />

comme chez la femme, la morbidité englobe<br />

infertilité, anémie et <strong>au</strong>gmentation du risque<br />

ostéoporotique. Il ne semble pas exister <strong>de</strong><br />

prédisposition ethnique.<br />

ROLE ESSENTIEL:<br />

stimule<br />

surveille<br />

et contrôle<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Chez l’homme, le traitement repose sur la supplémentation en testostérone visant à<br />

relever le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la testostéronémie. Un THS peut être administré sous <strong>for</strong>me d’injections<br />

intramusculaires toutes les <strong>de</strong>ux semaines, <strong>de</strong> timbre (dispositif trans<strong>de</strong>rmique)<br />

ou <strong>de</strong> gel. En Europe, il existe plusieurs <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> traitements substitutifs par<br />

la testostérone par voie transcutanée, notamment <strong>de</strong>s gels dosés à 1 % <strong>de</strong> testosté-<br />

Les testicules<br />

(situés à<br />

l’intérieur du<br />

scrotum)<br />

produisent la<br />

testotérone et<br />

le sperme.<br />

Schéma <strong>de</strong> l’action exercée à partir<br />

<strong>de</strong> l’hypothalamus par la gonadolibérine<br />

(GnRH) sur l’hypophyse et <strong>de</strong>s<br />

actions consécutives exercées à partir<br />

<strong>de</strong> l’hypophyse, par l’hormone<br />

lutéinisante (LH) et par l’hormone<br />

folliculo–stimulante (FSH), sur les<br />

testicules, afin <strong>de</strong> stimuler la production<br />

<strong>de</strong> testotérone et <strong>de</strong> sperme.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

65


one ou <strong>de</strong>s dispositifs trans<strong>de</strong>rmiques renfermant le principe actif. Plusieurs sont<br />

également disponibles, en particulier un timbre à appliquer directement sur le scrotum<br />

et différents <strong>au</strong>tres patchs pour d’<strong>au</strong>tres sites d’application. Ils doivent être renouvelés<br />

quotidiennement. Une <strong>au</strong>tre option thérapeutique consiste en la prise <strong>de</strong> comprimés<br />

à faire fondre dans la bouche. Il existe en outre <strong>de</strong>s implants hormon<strong>au</strong>x. Ces<br />

implants cylindriques sont insérés, tous les trois à six mois, sous la pe<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’abdomen,<br />

<strong>de</strong> la fesse ou <strong>de</strong> la cuisse. <strong>Des</strong> préparations orales <strong>de</strong> testostérone sont toujours commercialisées,<br />

mais rarement utilisées.<br />

Chez la femme, une supplémentation en estrogènes s’impose. Pour amorcer le développement<br />

pubertaire chez la jeune fille, un THS peut être prescrit, soit sous la <strong>for</strong>me<br />

d’un estrogène conjugué oral, soit sous <strong>for</strong>me <strong>de</strong> dispositif trans<strong>de</strong>rmique à renouveler<br />

<strong>de</strong>ux fois par semaine. L’application trans<strong>de</strong>rmique <strong>au</strong>torise l’administration d’estrogène<br />

à la dose <strong>de</strong> départ très faible souhaitable chez la jeune fille <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans<br />

d’âge osseux. Une dose <strong>de</strong> départ plus élevée peut provoquer la soudure <strong>de</strong>s épiphyses<br />

et stopper la croissance. Les femmes non hystérectomisées (c’est-à-dire ayant<br />

conservé un utérus intact) sous estrogénothérapie doivent parallèlement prendre un<br />

progestatif <strong>de</strong> synthèse. Le progestatif est pris en complément <strong>de</strong> l’estrogène pendant<br />

les 12 à 14 <strong>de</strong>rniers jours du cycle menstruel afin d’interrompre la phase proliférative<br />

<strong>de</strong> la muqueuse utérine (endomètre) et <strong>de</strong> ramener celle-ci à la phase sécrétoire.<br />

Hommes et femmes hypogonadiques peuvent mener une vie normale avec un THS.<br />

Pour rest<strong>au</strong>rer la fertilité, <strong>de</strong>s préparations à base <strong>de</strong> gonadotrophines chorioniques<br />

humaines (hCG) ou <strong>de</strong> gonadotrophines ménop<strong>au</strong>siques humaines (hMG) sont injectées<br />

en intramusculaire pour traiter respectivement l’homme et la femme. Chez l’homme,<br />

elles exercent une action sur les testicules et stimulent la production <strong>de</strong> spermatozoï<strong>de</strong>s<br />

et <strong>de</strong> testostérone. Sous traitement par gonadotrophines, l’androgénothérapie<br />

ou l’estrogénothérapie substitutives sont inutiles.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Fin 2003, un nouvel implant pour androgénothérapie substitutive a été <strong>au</strong>torisé pour<br />

la première fois dans le traitement <strong>de</strong> l’hypogonadisme masculin. Cette <strong>for</strong>me d’implant<br />

à libération prolongée permet <strong>de</strong> limiter les injections à quatre par an, ce qui<br />

constitue une franche amélioration par rapport <strong>au</strong>x traitements habituels du déficit<br />

en testostérone qui nécessitent en moyenne une vingtaine d’injections annuelles.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

66<br />

Fin février 2004, la recherche a établi que les bénéfices du THS chez l’homme hypogonadique<br />

se maintiennent sur plus d’une année. <strong>Des</strong> chercheurs ont rapporté une<br />

amélioration significative <strong>de</strong> la fonction sexuelle, <strong>de</strong> l’humeur, <strong>de</strong> la masse (corporelle)<br />

maigre et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité minérale osseuse grâce à l’application quotidienne d’un gel<br />

à 1 % <strong>de</strong> testostérone.<br />

La recherche a mis en évi<strong>de</strong>nce une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’hypogonadisme<br />

hypogonadotrope (secondaire) en présence <strong>de</strong> maladies concomitantes comme le diabète<br />

et le SIDA. Selon les <strong>de</strong>rniers résultats, quelque 30 % d’hommes atteints <strong>de</strong> diabète<br />

<strong>de</strong> type 2 présentent cette <strong>for</strong>me d’hypogonadisme due <strong>au</strong> dysfonctionnement<br />

<strong>de</strong> l’axe hypothalamo-hypophysaire. Le développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements pour<br />

les patients souffrant <strong>de</strong> maladies comme le diabète ou le SIDA réduira donc la prévalence<br />

globale <strong>de</strong> l’hypogonadisme.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’hypogonadisme peut être perçu comme un domaine dans lequel le développement<br />

<strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces vingt <strong>de</strong>rnières années a été couronné d’un<br />

véritable succès. Compte tenu <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s résultats à laquelle les chercheurs<br />

sont parvenus <strong>au</strong>jourd’hui, le léger ralentissement que connaît dorénavant le développement<br />

<strong>de</strong> nouvelles molécules peut être interprété comme le signe d’une mission<br />

accomplie.


Lèpre<br />

Qu’est-ce que la lèpre<br />

La lèpre (ou maladie <strong>de</strong> Hansen) est une maladie infectieuse chronique connue <strong>de</strong>puis<br />

l’Antiquité. Pendant <strong>de</strong>s millénaires la lèpre a jeté la terreur parmi les hommes. Elle<br />

était bien connue <strong>de</strong>s civilisations les plus anciennes <strong>de</strong> la Chine, <strong>de</strong> l’Égypte et <strong>de</strong><br />

l’In<strong>de</strong>. Depuis lors, dans le mon<strong>de</strong> entier la lèpre est considérée par la population<br />

comme un flé<strong>au</strong> contagieux, mutilant et incurable. La lèpre a frappé <strong>au</strong> moins une<br />

fois chacun <strong>de</strong>s cinq continents et laissé <strong>de</strong>rrière elle dans l’histoire et dans la mémoire<br />

collective son empreinte terrifiante, évocatrice <strong>de</strong> mutilations, <strong>de</strong> rejet et d’exclusion<br />

<strong>de</strong> la société.<br />

L’agent pathogène responsable est un bacille (bactérie en <strong>for</strong>me <strong>de</strong> bâtonnet) Mycobacterium<br />

leprae. La lèpre se transmet lorsqu’une personne infectée, en éternuant ou<br />

en toussant, projette dans l’air <strong>de</strong> microscopiques gouttelettes chargées <strong>de</strong> bacilles<br />

La lèpre est une maladie<br />

infectieuse d’origine bactérienne.<br />

Elle était jadis<br />

une maladie redoutée. De<br />

nos jours, <strong>de</strong>s traitements<br />

efficaces sont disponibles.<br />

Toutefois, la résistance<br />

<strong>au</strong>x traitements nécessite<br />

toujours la recherche <strong>de</strong><br />

nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong><br />

ou la mise <strong>au</strong> point d’un<br />

vaccin.<br />

qui sont ensuite inhalées par leur entourage. Son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>meure<br />

méconnu et les sujets ayant contracté la lèpre en présentent rarement les symptômes<br />

majeurs: macules (taches cutanées) sèches et hypoesthésiques ou anesthésiques,<br />

c’est-à-dire dont la sensibilité diminue ou disparaît à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong>s lésions nerveuses,<br />

lésions cutanées granulomateuses et ulcéreuses <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s mains, <strong>de</strong>s pieds et du<br />

dos et écoulement nasal visqueux (rhinite lépreuse). La durée d’incubation <strong>de</strong> la maladie<br />

est très longue, ce qui complique la détermination du lieu et <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> contamination.<br />

La maladie est caractérisée par <strong>de</strong>s lésions cutanées défigurantes, une atteinte nerveuse<br />

périphérique et une débilitation progressive. Elle peut également concerner la<br />

muqueuse <strong>de</strong>s voies aériennes supérieures et l’œil. Il existe plusieurs <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> lèpre<br />

dont les <strong>de</strong>ux principales sont la lèpre tuberculoï<strong>de</strong> et la lèpre lépromateuse. Les <strong>de</strong>ux<br />

<strong>for</strong>mes induisent <strong>de</strong>s lésions cutanées hypopigmentées et hypoesthésiques <strong>au</strong> toucher,<br />

à la chaleur ou à la douleur. La <strong>for</strong>me lépromateuse constitue la <strong>for</strong>me la plus<br />

sévère, s’extériorisant par <strong>de</strong> larges nodules qui défigurent le patient.<br />

Finalement, la lèpre entraîne <strong>de</strong>s lésions nerveuses <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s extrémités qui se manifestent<br />

par un déficit sensitif (hypoesthésie ou anesthésie) cutané et une faiblesse<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

67


musculaire (troubles moteurs). Les patients atteints <strong>de</strong> lèpre chronique per<strong>de</strong>nt l’usage<br />

<strong>de</strong> leurs mains et/ou <strong>de</strong> leurs pieds en raison <strong>de</strong> la mutilation <strong>de</strong>s doigts et <strong>de</strong>s<br />

orteils, ainsi que <strong>de</strong>s tr<strong>au</strong>matismes répétés consécutifs à l’absence <strong>de</strong> sensibilité.<br />

L’émergence d’une pharmacorésistance <strong>de</strong> Mycobacterium leprae ainsi que le grand<br />

nombre <strong>de</strong> cas recensés dans le mon<strong>de</strong> ont soulevé l’inquiétu<strong>de</strong> dans la commun<strong>au</strong>té<br />

internationale.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> la lèpre<br />

La lèpre se rencontre sous les climats tempéré, tropical et subtropical et sévit encore<br />

dans <strong>de</strong> nombreuses parties du mon<strong>de</strong>. On dénombre chaque année environ 600 000<br />

nouve<strong>au</strong>x cas, dont 75 % se déclarent en Asie du Sud-Est.<br />

Aujourd’hui, ce sont essentiellement six pays qui payent le plus lourd tribut à la lèpre,<br />

à savoir, par ordre d’impact dégressif; l’In<strong>de</strong>, le Brésil, la Birmanie, Madagascar, le<br />

Népal et le Mozambique. On estime qu’entre un et <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> personnes sont<br />

manifestement et irréversiblement handicapées en raison d’une lèpre passée ou présente<br />

et réclament <strong>de</strong>s soins. La lèpre fait partie <strong>de</strong>s maladies que l’Organisation mondiale<br />

<strong>de</strong> la Santé (OMS) a pour objectif d’éliminer totalement <strong>de</strong> la surface <strong>de</strong> la terre,<br />

<strong>au</strong> même titre que la variole (objectif atteint) et la poliomyélite.<br />

Il existe une théorie selon laquelle l’infection et la maladie tendraient à se manifester<br />

chez les sujets présentant un déficit <strong>de</strong>s défenses immunitaires à médiation cellulaire<br />

(immunodéficience acquise) d’origine génétique. L’enfant est davantage exposé que<br />

l’adulte <strong>au</strong> risque <strong>de</strong> contracter la maladie.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

Lorsqu’en 1873 le mé<strong>de</strong>cin norvégien, Gerhard Henrik Arm<strong>au</strong>er Hansen, découvrit le<br />

bacille Mycobacterium leprae – événement que rappelle l’<strong>au</strong>tre nom <strong>de</strong> la lèpre (maladie<br />

<strong>de</strong> Hansen), c’était la première fois qu’était i<strong>de</strong>ntifiée une bactérie responsable<br />

d’une maladie humaine. Toutefois, il fallut<br />

attendre la fin <strong>de</strong>s années quarante pour voir<br />

apparaître le premier traitement <strong>de</strong> la lèpre<br />

avec l’introduction <strong>de</strong> la dapsone et <strong>de</strong> ses dérivés.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

68<br />

À l’heure actuelle, il existe <strong>de</strong>s traitements médicamenteux<br />

efficaces. L’isolement <strong>de</strong>s patients<br />

infectés dans <strong>de</strong>s léproseries se révèle dorénavant<br />

inutile. Un diagnostic précoce est capital<br />

car un traitement tout <strong>au</strong>ssi précoce limite les<br />

lésions induites par la maladie. Grâce à un traitement<br />

<strong>au</strong> long cours, les personnes atteintes<br />

ne présentent plus <strong>de</strong> risque infectieux et peuvent<br />

mener une vie normale. La prévention<br />

consiste à éviter tout contact physique étroit<br />

avec les patients non traités.<br />

Les <strong>médicaments</strong> utilisés pour éliminer la bactérie et atténuer les symptômes sont les<br />

suivants: la dapsone et ses dérivés, un antibiotique <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s macroli<strong>de</strong>s, un<br />

dérivé <strong>de</strong> la clofazimine, une molécule <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s thiocarbami<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s substances<br />

apparentées. En 1981, la polythérapie a été introduite par l’OMS comme traitement<br />

<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la lèpre. Les <strong>médicaments</strong> retenus comme traitement <strong>de</strong> référence<br />

par l’OMS sont prescrits en fonction <strong>de</strong> la sévérité <strong>de</strong> la maladie et sont administrés,<br />

soit dans le cadre d’une trithérapie sur 12 mois, associant un macroli<strong>de</strong>, un<br />

dérivé <strong>de</strong> la clofazimine et la dapsone, s’adressant <strong>au</strong>x patients présentant <strong>de</strong> <strong>for</strong>tes<br />

concentrations <strong>de</strong> Mycobacterium leprae, soit pendant six mois sous <strong>for</strong>me <strong>de</strong> bithérapie<br />

associant un macroli<strong>de</strong> et la dapsone en présence d’une bactériémie moins lour<strong>de</strong>.


Les enfants reçoivent <strong>de</strong>s doses réduites <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> évoqués plus h<strong>au</strong>t. Aujourd’hui<br />

encore le macroli<strong>de</strong>, également utilisé dans le traitement <strong>de</strong> la tuberculose,<br />

constitue l’antilépreux majeur et est donc inclus dans le traitement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes<br />

principales <strong>de</strong> lèpre.<br />

Les <strong>au</strong>tres antibactériens efficaces dans le traitement <strong>de</strong> la lèpre appartiennent <strong>au</strong>x<br />

familles <strong>de</strong>s macroli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s tétracyclines et <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> l’ADN gyrase.<br />

L’aci<strong>de</strong> N-acétylsalicylique, les corticoï<strong>de</strong>s, les dérivés <strong>de</strong> la clofazimine ou un glutarimi<strong>de</strong><br />

sont utilisés pour maîtriser la réaction inflammatoire ou réaction <strong>de</strong> type II (érythème<br />

noueux lépreux ou ENL), susceptible <strong>de</strong> se<br />

manifester en réponse <strong>au</strong> traitement. Ces <strong>médicaments</strong><br />

doivent essentiellement leur efficacité à<br />

minimiser les symptômes d’ENL chronique et<br />

récidivant, à leur action antipyrétique et à leur<br />

effet sur la névrite réactionnelle associée, c’est-àdire<br />

sur la réaction inflammatoire intéressant le<br />

système nerveux périphérique.<br />

Depuis l’introduction <strong>de</strong> la polythérapie, les réactions<br />

à type ENL sont <strong>de</strong>venues une complication<br />

rare, limitée à un faible pourcentage <strong>de</strong> patients<br />

présentant une bactériémie élevée. La plupart<br />

<strong>de</strong>s ENL réactionnels sont bénins et ne réclament<br />

pas un traitement spécifique <strong>au</strong>tre que <strong>de</strong>s<br />

antalgiques et <strong>de</strong>s antipyrétiques.<br />

Quels sont les traitements en<br />

développement<br />

Divers trav<strong>au</strong>x révèlent que l’immunothérapie employant <strong>de</strong>s vaccins dérivés <strong>de</strong> Mycobacterium<br />

leprae ou d’<strong>au</strong>tres mycobactéries peuvent accélérer l’élimination intratissulaire<br />

<strong>de</strong>s bacilles morts. À l’origine, la vaccination par le BCG (Bacille <strong>de</strong> Calmette-<br />

Guérin) s’inscrivait dans la prise en charge <strong>de</strong> la tuberculose, mais elle se révèle également<br />

efficace face à la lèpre et confère 40 à 50 % <strong>de</strong> protection contre cette maladie.<br />

Cependant, <strong>de</strong>s recherches approfondies s’imposent avant <strong>de</strong> pouvoir recomman<strong>de</strong>r<br />

cette stratégie dans le cadre <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> lutte systématique contre la lèpre.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’agent c<strong>au</strong>sal Mycobacterium leprae possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s caractéristiques originales: sa croissance<br />

est extrêmement lente, sa duplication s’étend en moyenne sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux semaines et les chercheurs ne sont toujours pas parvenus à cultiver le<br />

bacille. La bactérie prospère à <strong>de</strong>s températures légèrement inférieures à la température<br />

corporelle <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s mammifères, d’où son affinité pour les zones du corps<br />

humain les plus froi<strong>de</strong>s. Sa culture n’est possible que par inoculation chez une certaine<br />

espèce <strong>de</strong> tatou et dans le coussinet plantaire <strong>de</strong> souris.<br />

Entretemps, le séquençage du génome <strong>de</strong> Mycobacterium leprae a pu être achevé. Les<br />

in<strong>for</strong>mations moléculaires recueillies sur la nature du génome et le catalogue complet<br />

<strong>de</strong>s gènes qui le composent gui<strong>de</strong>ront les nouvelles approches du traitement <strong>de</strong> la<br />

lèpre. La priorité doit être donnée <strong>au</strong>x axes <strong>de</strong> recherche suivants: (i) mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transmission<br />

et métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détection précoce; (ii) développement <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x modèles<br />

anim<strong>au</strong>x; (iii) métho<strong>de</strong>s chimioprophylactiques; et (iv) étu<strong>de</strong>s immunologiques visant<br />

<strong>au</strong> développement d’un vaccin prophylactique.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

69


Lupus érythémateux<br />

Qu’est-ce que le lupus érythémateux<br />

Le lupus érythémateux (ou lupus dans le langage courant) doit son nom à l’aspect<br />

particulier <strong>de</strong> l’éruption cutanée <strong>au</strong> visage qui le caractérise et évoquait pour les<br />

mé<strong>de</strong>cins du XIXe siècle <strong>de</strong>s morsures <strong>de</strong> loup. Cette éruption cutanée “en aile <strong>de</strong><br />

papillon” survient classiquement après une exposition <strong>au</strong> rayonnement solaire. Il ne<br />

s’agit là toutefois que <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s nombreuses manifestations <strong>de</strong> cette maladie <strong>au</strong>toimmune<br />

qui, sous la <strong>for</strong>me du lupus érythémateux systémique (LES) – également<br />

dénommé lupus érythémateux disséminé (LED) – peut toucher pratiquement tous les<br />

organes. Les maladies <strong>au</strong>toimmunes ont en commun d’avoir pour origine l’incapacité<br />

du système immunitaire à faire la distinction entre les tissus <strong>de</strong> l’organisme (le “soi”)<br />

et les germes envahisseurs comme les bactéries et les virus (le “non-soi”). Le lupus est<br />

l’exemple typique d’une maladie <strong>au</strong>toimmune induite par <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

70<br />

Lorsqu’il y a réponse immunitaire aberrante, les lymphocytes B (une variété <strong>de</strong> globules<br />

blancs) produisent et libèrent <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps, c’est-à-dire <strong>de</strong>s anticorps anorm<strong>au</strong>x<br />

dirigés contre les propres molécules <strong>de</strong> l’organisme comme l’aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique<br />

(ADN) et certaines protéines, induisant inflammation et lésions tissulaires.<br />

La liaison <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps <strong>au</strong>x différents composants du “soi” aboutit à la <strong>for</strong>mation<br />

<strong>de</strong> complexes immuns et déclenche une casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> processus inflammatoires, notamment<br />

la libération <strong>de</strong> cytokines et l’activation du complément qui entraînent sur la<br />

pe<strong>au</strong> l’apparition <strong>de</strong> la rougeur (ou érythème) typique <strong>de</strong> la maladie.<br />

Certains <strong>au</strong>toanticorps sont décelables dans le sang <strong>de</strong> nombreuses années avant que<br />

soit même posé le diagnostic <strong>de</strong> lupus, tandis que d’<strong>au</strong>tres apparaissent juste avant<br />

la manifestation <strong>de</strong>s premiers symptômes <strong>de</strong> la maladie. Déterminer quels sont exactement<br />

les <strong>au</strong>toanticorps apparaissant en premier peut permettre <strong>de</strong> mieux comprendre<br />

les facteurs déclenchants potentiels du lupus.<br />

Qui est atteint du lupus érythémateux<br />

Le lupus est une maladie relativement rare, avec une prévalence <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 40<br />

cas pour 100 000, dont 95 % sont <strong>de</strong>s femmes. Sur la base <strong>de</strong> cette prévalence, on


estime à quelque 200 000 le nombre <strong>de</strong> patients lupiques en Europe. Il semble<br />

<strong>au</strong>jourd’hui que plus <strong>de</strong> 100 gènes sont impliqués dans le LES. Les gènes effectivement<br />

impliqués pouvant varier d’une population à l’<strong>au</strong>tre, il n’est pas surprenant que<br />

l’inci<strong>de</strong>nce du LES soit variable selon la région du globe considérée.<br />

Globalement, le lupus est plus fréquent chez les personnes <strong>de</strong> couleur et les Asiatiques<br />

que chez les Européens. Pour les femmes c<strong>au</strong>casiennes entre 15 et 64 ans, la<br />

prévalence est <strong>de</strong> 1 cas pour 700 femmes, tandis que pour les femmes afro-américaines<br />

dans la même tranche d’âge, la prévalence est <strong>de</strong> 1 cas pour 245 femmes.<br />

La maladie n’est pas contagieuse et peut surgir à n’importe quelle pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie,<br />

mais elle débute classiquement entre 20 et 30 ans. L’histoire familiale joue un rôle<br />

capital dans le LES, le fait d’avoir un parent proche atteint <strong>de</strong> la maladie exposant<br />

à un risque <strong>de</strong> la développer 20 fois plus élevé qu’en l’absence d’histoire familiale<br />

<strong>de</strong> LES.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Les anti-inflammatoires sont les <strong>médicaments</strong> les plus fréquemment employés dans le<br />

traitement du lupus, en particulier pour les symptômes tels que fièvre, arthrite (inflammation<br />

<strong>de</strong>s articulations) ou pleurésie (inflammation <strong>de</strong> la plèvre, membrane qui<br />

entoure les poumons). Chez la majorité <strong>de</strong>s patients, les anti-inflammatoires sont les<br />

seuls <strong>médicaments</strong> réellement nécessaires pour maîtriser la maladie. Il existe <strong>de</strong>ux<br />

catégories d’anti-inflammatoires: les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les<br />

corticoï<strong>de</strong>s.<br />

Le lupus érythémateux est<br />

une maladie complexe du<br />

système immunitaire. Sans<br />

traitement adéquat, les<br />

patients en meurent lorsqu’il<br />

est disséminé. Au<br />

cours <strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières<br />

années, la recherche pharmaceutique<br />

a mis sur le<br />

marché <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong><br />

qui ont permis à ces<br />

patients <strong>de</strong> survivre.<br />

Elle poursuit actuellement<br />

ses recherches sur les<br />

mécanismes sous-jacents<br />

<strong>de</strong> la maladie.<br />

Pour <strong>de</strong>s raisons que l’on ignore, il est fréquent qu’un patient répon<strong>de</strong> mieux à un<br />

AINS qu’à un <strong>au</strong>tre. Il se peut donc que l’on doive traiter un même patient avec plusieurs<br />

<strong>médicaments</strong> différents avant <strong>de</strong> pouvoir déterminer celui qui se montre le plus<br />

efficace. Chez les patients présentant <strong>de</strong>s symptômes du lupus plus sévères ou graves<br />

– insuffisance rénale, anémie ou thrombopénie (baisse du nombre <strong>de</strong> plaquettes sanguines),<br />

par exemple – il peut être nécessaire <strong>de</strong> prescrire <strong>de</strong>s corticoï<strong>de</strong>s dotés <strong>de</strong> propriétés<br />

immunodépressives et anti-inflammatoires. En outre, les antipaludéens sont<br />

largement utilisés dans la prise en charge <strong>de</strong>s symptômes lupiques. Ils s’avèrent particulièrement<br />

efficaces dans le traitement <strong>de</strong> l’arthrite, <strong>de</strong>s éruptions cutanées et <strong>de</strong>s<br />

ulcérations buccales.<br />

L’usage <strong>de</strong>s immunodépresseurs ou <strong>de</strong>s agents cytotoxiques est généralement réservé<br />

<strong>au</strong>x patients présentant <strong>de</strong>s manifestations lupiques plus graves, comme une néphrite<br />

ou une neuropathie, après échec <strong>de</strong> la corticothérapie. Ces molécules ont un effet<br />

majeur sur les cellules produites par la moelle osseuse, à savoir les globules blancs, les<br />

globules rouges et les plaquettes. Les patients traités avec <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> immunosuppresseurs<br />

ou cytotoxiques doivent faire l’objet d’une surveillance très étroite afin<br />

d’éviter l’apparition d’une thrombopénie et/ou d’une leucopénie, ou encore le développement<br />

d’infections virales graves.<br />

Non traité adéquatement, le LES est fatal. Les progrès accomplis en matière <strong>de</strong> traitement<br />

ces vingt <strong>de</strong>rnières années ont amené une diminution <strong>de</strong> la mortalité <strong>de</strong>s<br />

patients lupiques avec une survie à 10 ans <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 75 à 85 %, plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s<br />

patients survivant plus <strong>de</strong> 5 années.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Différents <strong>médicaments</strong> expériment<strong>au</strong>x <strong>de</strong>stinés <strong>au</strong> traitement du lupus font actuellement<br />

l’objet d’essais cliniques. Parmi les nouvelles options thérapeutiques visant à<br />

améliorer les symptômes lupiques et à limiter le recours <strong>au</strong>x corticoï<strong>de</strong>s, figurent les<br />

modifications hormonales, comme le blocage <strong>de</strong> la sécrétion <strong>de</strong> l’hormone prolactine<br />

par la bromocriptine, <strong>de</strong>s immunodépresseurs plus sélectifs et <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> biologiques.<br />

Ces <strong>médicaments</strong> biologiques, également appelés modificateurs <strong>de</strong> la<br />

réponse biologique – comme les anticorps monoclon<strong>au</strong>x humains et les modificateurs<br />

<strong>de</strong> la réponse immunitaire – sont utilisés pour bloquer <strong>de</strong> manière sélective la <strong>for</strong>mation<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

71


d’<strong>au</strong>toanticorps ou l’activation du processus inflammatoire; il s’agit là <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux stratégies<br />

<strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la maladie qui sont innovantes et séduisantes.<br />

Les princip<strong>au</strong>x candidats ayant le LES comme indication principale sont un inhibiteur<br />

du facteur activant les lymphocytes B et un immunoconjugué, tous <strong>de</strong>ux <strong>au</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

essais cliniques <strong>de</strong> phase II.<br />

Un médicament <strong>au</strong>torisé dans la prévention<br />

du rejet après transplantation d’organe peut<br />

être une solution pour les patients atteints <strong>de</strong><br />

néphrite lupique. <strong>Des</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase III sont<br />

en cours <strong>de</strong> réalisation dans le but <strong>de</strong> voir<br />

cette indication <strong>au</strong>torisée.<br />

Diverses étu<strong>de</strong>s cliniques <strong>de</strong> phase III évaluent<br />

actuellement un médicament expérimental<br />

<strong>de</strong>stiné à soulager les symptômes et<br />

réduire le recours à la corticothérapie standard.<br />

Son mécanisme d’action est celui d’un<br />

précurseur <strong>de</strong>s hormones sexuelles (ou “stéroïdiennes”),<br />

c’est-à-dire qu’une partie <strong>de</strong><br />

celui-ci se trans<strong>for</strong>me en un androgène actif.<br />

Il présente un intérêt thérapeutique dans la<br />

prise en charge du lupus en raison <strong>de</strong> la nette<br />

prépondérance <strong>de</strong>s femmes dans la population<br />

atteinte, étant donné que l’on a constaté<br />

que les estrogènes peuvent contribuer à l’activité <strong>de</strong> la maladie tandis que les<br />

androgènes peuvent avoir un effet protecteur.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

La compréhension <strong>de</strong>s principes d’équilibre <strong>de</strong>s mécanismes internes <strong>de</strong> l’organisme<br />

afin d’éviter la production d’<strong>au</strong>toanticorps est <strong>au</strong> centre d’une recherche active en ce<br />

qui concerne le lupus. Les cibles thérapeutiques potentielles comprennent les lymphocytes<br />

B, les lymphocytes T, les <strong>au</strong>toanticorps, les complexes immuns circulants, les<br />

cytokines et leurs récepteurs, les protéines du complément et les molécules d’adhésion<br />

intercellulaire.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

72<br />

La recherche a révélé que la production anormale d’interféron alpha (IFN-alpha) joue<br />

également un rôle crucial dans le développement du lupus. Apparemment, le matériel<br />

libéré par les cellules mourantes (ou apoptotiques) combiné <strong>au</strong>x <strong>au</strong>toanticorps<br />

déclenche la production d’IFN-alpha par <strong>de</strong>s cellules immunitaires spécifiques. Les<br />

résultats rapportés par d’<strong>au</strong>tres groupes <strong>de</strong> recherche semblent indiquer que l’incapacité<br />

partielle ou totale <strong>de</strong> l’organisme à éliminer les cellules apoptotiques (l’apoptose<br />

étant la mort cellulaire programmée) contribue <strong>au</strong> développement du lupus. Si<br />

ces cellules ne sont pas convenablement éliminées, les débris cellulaires résiduels<br />

peuvent favoriser la synthèse <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps antinucléaires déclenchant la production<br />

d’IFN-alpha.<br />

On a également émis l’hypothèse que l’IFN-alpha perturbe les actions d’un <strong>au</strong>tre<br />

médiateur immunitaire, l’interleukine 10 (IL-10). La plupart du temps, l’IL-10 possè<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s effets anti-inflammatoires qui permettent <strong>de</strong> contenir les lésions tissulaires en<br />

limitant la durée et l’intensité <strong>de</strong>s réactions immunitaire et inflammatoire. Toutefois,<br />

dans certaines situations d’hyperactivité du système immunitaire, l’IL-10 acquiert une<br />

activité pro-inflammatoire. <strong>Des</strong> étu<strong>de</strong>s ont montré que l’IFN-alpha peut modifier<br />

l’équilibre entre les actions pro-inflammatoire et anti-inflammatoire <strong>de</strong> l’IL-10, faisant<br />

basculer les maladies <strong>au</strong>toimmunes ou inflammatoires chroniques dans l’inflammation.<br />

L’interférence avec la <strong>for</strong>mation et l’action <strong>de</strong>s facteurs déclenchants <strong>de</strong> la production<br />

d’IFN-alpha constitue l’une <strong>de</strong>s stratégies envisagées pour <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements<br />

mieux ciblés.


Une protéine naturelle pourrait être en mesure d’inverser les lésions rénales chroniques<br />

chez les patients lupiques. Cette molécule appelée BMP-7 (pour bone morphogenetic<br />

protein 7 – protéine <strong>de</strong> morphogenèse osseuse 7) est connue pour stimuler<br />

l’ostéogenèse. Les chercheurs ont découvert que la BMP-7 inverse un processus générateur<br />

<strong>de</strong> tissu cicatriciel (appelé fibrose). La fibrose joue un rôle majeur dans le développement<br />

<strong>de</strong> l’insuffisance rénale terminale associée <strong>au</strong> lupus. Si dans l’avenir <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s confirment que la BMP-7 est active chez l’homme, la protéine pourrait être utilisée<br />

pour inverser les lésions rénales chroniques, réduire le recours à la dialyse et améliorer<br />

la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

73


Maladies métaboliques<br />

héréditaires<br />

Que sont les maladies<br />

métaboliques héréditaires<br />

Tandis que chacune <strong>de</strong>s maladies<br />

métaboliques héréditaires est rare,<br />

considérées dans leur ensemble,<br />

leur fréquence est importante. <strong>Des</strong><br />

mutations ponctuelles induisent <strong>de</strong>s<br />

anomalies <strong>de</strong> la synthèse ou <strong>de</strong> la<br />

dégradation <strong>de</strong>s protéines, <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s<br />

ou <strong>de</strong>s graisses. La plupart<br />

sont dues à une anomalie par carence,<br />

soit d’une enzyme, soit d’une<br />

protéine <strong>de</strong> transport, entraînant le<br />

blocage du processus <strong>de</strong> trans<strong>for</strong>mation<br />

<strong>de</strong> ces substances. Les effets<br />

sévères sont la conséquence <strong>de</strong> l’accumulation<br />

toxique <strong>de</strong> débris moléculaires.<br />

Les maladies métaboliques se présentent presque toutes sous plusieurs <strong>for</strong>mes, variables<br />

selon l’âge d’apparition <strong>de</strong>s premiers signes, la sévérité clinique et, souvent, le<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission intergénérationnelle. Le mo<strong>de</strong> d’hérédité détermine le rapport<br />

hommes/femmes parmi les sujets atteints. De nombreuses maladies métaboliques<br />

héréditaires revêtent <strong>de</strong> multiples <strong>for</strong>mes qui se distinguent par leur mo<strong>de</strong> d’hérédité.<br />

En ce qui concerne les maladies dues à <strong>de</strong>s modifications chromosomiques responsables<br />

d’une transmission selon les mo<strong>de</strong>s <strong>au</strong>tosomique dominant et <strong>au</strong>tosomique récessif,<br />

le rapport hommes/femmes est <strong>de</strong> 1/1. Il est également <strong>de</strong> 1/1 pour les anomalies<br />

à transmission dominante liée à <strong>de</strong>s mutations sur le chromosome X, lorsque<br />

la transmission se fait <strong>de</strong> la mère à l’enfant.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

74<br />

Les maladies peuvent toucher n’importe quel organe et n’en affectent rarement qu’un<br />

seul. Les symptômes sont le plus souvent non spécifiques et évoquent généralement<br />

une dysfonction ou une insuffisance organique majeure. L’éventail <strong>de</strong>s maladies métaboliques<br />

héréditaires s’étend <strong>de</strong> l’affection aiguë menaçant le pronostic vital à <strong>de</strong>s<br />

pathologies dégénératives moins dangereuses. Leur apparition peut être déclenchée<br />

et leur sévérité exacerbée par <strong>de</strong>s facteurs environnement<strong>au</strong>x, comme l’alimentation<br />

ou une maladie concomitante.<br />

Qui est atteint par les maladies métaboliques héréditaires<br />

Ces maladies sont susceptibles <strong>de</strong> survenir à tout moment, y compris à l’âge adulte.<br />

Dans l’Union européenne, on estime leur inci<strong>de</strong>nce à 1 cas pour 5 000 naissances<br />

vivantes. La fréquence <strong>de</strong> chaque maladie varie en fonction <strong>de</strong> la composition ethnique<br />

<strong>de</strong> la population et la plupart sont très rares. Ces maladies peuvent se subdiviser<br />

en maladies du métabolisme <strong>de</strong>s protéines, maladies du métabolisme glucidique<br />

et <strong>au</strong>tres maladies. Elles se manifestent le plus souvent dès la naissance ou dans la<br />

première enfance (0 à 2 ans) et sont généralement rapi<strong>de</strong>ment évolutives. Les variantes<br />

moins sévères apparaissent ordinairement plus tard dans la petite enfance (2 à 5<br />

ans) ou dans l’enfance et sont habituellement épisodiques. Leurs subtiles composantes<br />

neurologiques ou psychiatriques sont rarement diagnostiquées avant l’âge adulte.


Dans le cadre <strong>de</strong> cette synthèse, il est impossible <strong>de</strong> résumer <strong>de</strong> manière exh<strong>au</strong>stive<br />

toutes les variations <strong>de</strong>s maladies. Les domaines qui ont récemment connu <strong>de</strong>s avancées<br />

thérapeutiques notables, seront détaillés.<br />

La glycogénose <strong>de</strong> type II (ou maladie <strong>de</strong> Pompe (ou déficit en maltase aci<strong>de</strong>) est une<br />

maladie héréditaire, potentiellement fatale, qui touche entre 5 000 et 10 000 individus<br />

dans le mon<strong>de</strong>. La plupart <strong>de</strong>s nourrissons atteints meurent <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> leur première<br />

année <strong>de</strong> vie. La glycogénose <strong>de</strong> type II, qui appartient <strong>au</strong> groupe <strong>de</strong>s maladies<br />

<strong>de</strong> surcharge lysosomale, est due à un déficit en une enzyme, la maltase aci<strong>de</strong> (une<br />

a-glucosidase), et entraîne une dégénérescence musculaire sévère qui grève les habiletés<br />

motrices et compromet les fonctions cardiaque et pulmonaire. Parmi les maladies<br />

<strong>de</strong> surcharge lysosomale figurent la maladie <strong>de</strong> Niemann-Pick <strong>de</strong> type B (<strong>de</strong> prévalence<br />

extrêmement rare; il s’agit ici d’un déficit en sphingomyélinase aci<strong>de</strong>) associée<br />

à une dysfonction <strong>de</strong> la rate et du foie et à une dégénérescence musculaire, la maladie<br />

<strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher, la maladie <strong>de</strong> Fabry et les mucopolysaccharidoses <strong>de</strong> types divers.<br />

Environ 1 individu sur 60 000 est atteint <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher. Toutefois, chez<br />

les <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong>s Juifs d’Europe <strong>de</strong> l’Est (Ashkénazes), la maladie touche 1 sujet sur<br />

450 et le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> portage est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1 pour 14. Un simple test sanguin permet<br />

<strong>de</strong> détecter un porteur sain. Les trois types <strong>de</strong> la maladie sont secondaires à un déficit<br />

en la même enzyme, la glucocérébrosidase, indispensable à la dégradation d’un<br />

lipi<strong>de</strong> particulier: le glucocérébrosi<strong>de</strong>. Ce <strong>de</strong>rnier s’accumule alors <strong>de</strong> manière anormale,<br />

essentiellement dans <strong>de</strong>s cellules spécifiques – les cellules <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher – dans<br />

la moelle osseuse, la rate et le foie. La présence <strong>de</strong> cellules <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher dans la moelle<br />

osseuse entraîne douleurs et fractures ostéoarticulaires. Leur accumulation dans la<br />

rate et le foie est responsable d’une hypertrophie <strong>de</strong> ces organes (dénommée respectivement<br />

splénomégalie et hépatomégalie), ainsi<br />

que d’une anémie, d’ecchymoses spontanées et<br />

<strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> la coagulation. Chez un petit nombre<br />

<strong>de</strong> patients, le glucocérébrosi<strong>de</strong> s’accumule<br />

S<br />

S<br />

également <strong>au</strong> sein du système nerveux central et<br />

génère <strong>de</strong>s lésions neurologiques.<br />

Les maladies métaboliques<br />

héréditaires sont<br />

provoquées par <strong>de</strong>s<br />

déf<strong>au</strong>ts <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s<br />

gènes. Bien que rares, ces<br />

maladies peuvent avoir<br />

<strong>de</strong>s conséquences dévastatrices<br />

pour les patients<br />

et leurs familles. Les<br />

recherches menées par les<br />

entreprises pharmaceutiques<br />

se poursuivent<br />

dans la mise <strong>au</strong> point <strong>de</strong><br />

traitements spécialisés.<br />

P<br />

S<br />

On estime que la maladie <strong>de</strong> Fabry présente une<br />

inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> 1 cas pour 40 000 naissances. Le<br />

nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s dans le mon<strong>de</strong> entier est estimé<br />

à environ 5 000. La maladie est la conséquence<br />

d’un déficit <strong>de</strong> l’enzyme alpha-galactosidase<br />

A qui entraîne l’accumulation progressive <strong>de</strong><br />

lipi<strong>de</strong>s dans le rein, le cœur et d’<strong>au</strong>tres organes.<br />

Les symptômes incluent insuffisance rénale, acci<strong>de</strong>nts<br />

vasculaires cérébr<strong>au</strong>x, cardiopathies et douleurs.<br />

L’espérance <strong>de</strong> vie moyenne <strong>de</strong>s patients<br />

atteints est <strong>de</strong> 50 ans.<br />

La mucopolysaccharidose <strong>de</strong> type I est une maladie<br />

héréditaire rare qui frappe entre 3 000 et<br />

4 000 individus dans le mon<strong>de</strong>. C’est une maladie<br />

débilitante provoquée par un déficit en une enzyme,<br />

l’alpha-L-iduronidase. Les symptômes consistent<br />

en une atteinte progressive du cœur, <strong>de</strong>s poumons,<br />

du foie et <strong>de</strong>s reins et, dans certains cas, en<br />

une régression psychomotrice. La <strong>for</strong>me la plus<br />

sévère – la maladie <strong>de</strong> Hürler – est responsable<br />

d’un retard mental sévère et d’une insuffisance<br />

respiratoire obstructive, le décès survenant avant<br />

l’âge <strong>de</strong> dix ans. L’intelligence est conservée et les<br />

problèmes physiques sont moins évolutifs chez les<br />

S S S S S P S P<br />

G<br />

S<br />

P P P P S P P G<br />

G<br />

P<br />

P G P G G G G G<br />

individu sain<br />

(S)<br />

individu porteur<br />

<strong>de</strong> l’anomalie (P)<br />

Maladie <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher: modèle <strong>de</strong> transmission héréditaire<br />

P<br />

G<br />

P<br />

G<br />

individu atteint<br />

par la maladie<br />

<strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher G)<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

75


enfants souffrant <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me moins sévère qu’est la maladie <strong>de</strong> Scheie; toutefois, ils<br />

présentent une opacité <strong>de</strong> la cornée, une rai<strong>de</strong>ur articulaire et une atteinte cardiaque.<br />

L’espérance <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ces cas est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20 à 30 ans. Le diagnostic est généralement<br />

établi entre la naissance et l’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois ans.<br />

Chromosome 12: phénylcétonurie<br />

(trouble métabolique provoquant<br />

<strong>de</strong>s lésions organiques)<br />

La dystrophie musculaire <strong>de</strong> Duchenne (DMD) ou myopathie <strong>de</strong> Duchenne est un<br />

<strong>au</strong>tre exemple <strong>de</strong> maladie due à la mutation d’un gène se concrétisant par l’absence<br />

dans les cellules musculaires d’une protéine, la dystrophine. À <strong>de</strong> rares exceptions<br />

près, la maladie ne touche que les sujets <strong>de</strong> sexe masculin. S<strong>au</strong>f en cas <strong>de</strong> risque <strong>de</strong><br />

DMD connu en raison d’antécé<strong>de</strong>nts famili<strong>au</strong>x, il est peu probable qu’un garçon porteur<br />

<strong>de</strong> la maladie sera diagnostiqué avant l’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois ans. Un retard<br />

mental est également à craindre. Bien que le handicap intellectuel ne touche qu’une<br />

minorité <strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> DMD, il est cependant plus fréquent que chez les<br />

<strong>au</strong>tres enfants.<br />

Dans l’organisme humain, le cycle <strong>de</strong> l’urée est la voie métabolique qui permet la<br />

trans<strong>for</strong>mation <strong>de</strong> l’ammoniac en urée. Chez les enfants présentant un déficit en<br />

N-acétylglutamate synthétase (NAGS), l’anomalie aboutit à l’accumulation d’ammoniac<br />

dans le sang (hyperammoniémie) qui peut entraîner <strong>de</strong>s lésions cérébrales<br />

irréversibles ou le décès. L’inci<strong>de</strong>nce exacte du déficit en NAGS est inconnue. L’hyperammoniémie<br />

secondaire à un déficit en NAGS est à transmission <strong>au</strong>tosomique récessive,<br />

c’est-à-dire que les <strong>de</strong>ux parents lèguent chacun un gène défectueux à l’enfant.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Le traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher par perfusions hebdomadaires d’imiglucérase<br />

recombinante a été la première thérapie proposée pour une maladie métabolique<br />

héréditaire. Depuis 2003, un inhibiteur <strong>de</strong> la glucosylcérami<strong>de</strong> synthétase est <strong>au</strong>torisé<br />

dans l’Union européenne dans le traitement <strong>de</strong>s <strong>for</strong>mes légères et modérées <strong>de</strong> la<br />

maladie <strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher <strong>de</strong> type I en cas <strong>de</strong> contre-indication <strong>de</strong> l’enzymothérapie substitutive<br />

avec l’imiglucérase (cérébrosidase). Il s’agit là du premier traitement oral pour<br />

cette maladie.<br />

Depuis août 2001, il existe également une enzymothérapie substitutive pour la maladie<br />

<strong>de</strong> Fabry. Elle consiste en perfusions hebdomadaires d’agalsidase bêta.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Depuis février 2003, le laronidase recombinante pour perfusion est <strong>au</strong>torisée dans<br />

l’Union européenne dans le traitement <strong>de</strong> la mucopolysaccharidose <strong>de</strong> type I. Cette<br />

nouvelle molécule s’est avérée avoir un effet significatif sur la fonction et l’endurance<br />

pulmonaires. Les patients atteints d’une mucopolysaccharidose <strong>de</strong> type VI retirent<br />

un bénéfice prolongé du traitement enzymatique substitutif avec <strong>de</strong>s perfusions hebdomadaires<br />

d’arylsulfatase B.<br />

En présence d’un déficit en NAGS, le carbamylglutamate s’est révélé efficace pour<br />

normaliser l’ammoniémie. Depuis 2004, il est <strong>au</strong>torisé en Europe dans le traitement<br />

<strong>de</strong> l’hyperammoniémie secondaire à un déficit en NAGS chez l’enfant.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Grâce <strong>au</strong>x récentes avancées en matière <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong>s maladies<br />

métaboliques héréditaires, <strong>de</strong> nouvelles stratégies thérapeutiques faisant intervenir<br />

<strong>de</strong>s molécules recombinantes sont <strong>au</strong>jourd’hui explorées. Les essais cliniques multicentriques<br />

d’une enzymothérapie substitutive dans la glycogénose <strong>de</strong> type II se poursuivent.<br />

Ce traitement consiste en perfusions intraveineuses d’alpha-glucosidase, l’enzyme<br />

manquante chez les patients atteints.<br />

L’étu<strong>de</strong> d’un inhibiteur <strong>de</strong> la glucosylcérami<strong>de</strong> synthétase dans le traitement <strong>de</strong> la maladie<br />

<strong>de</strong> G<strong>au</strong>cher <strong>de</strong> type III, la maladie <strong>de</strong> Niemann-Pick <strong>de</strong> type C et d’une <strong>au</strong>tre affection,<br />

la maladie <strong>de</strong> Tay-Sachs <strong>de</strong> l’adulte (ou chronique) est également programmée.<br />

76


Les chercheurs ont récemment observé qu’une protéine, l’urotrophine, peut se substituer<br />

à la dystrophine, protéine à l’origine <strong>de</strong> la dystrophie musculaire <strong>de</strong> Duchenne,<br />

et s’attachent donc à explorer davantage cette voie.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

L’enzymothérapie substitutive à base <strong>de</strong> préparations recombinantes d’origine humaine<br />

sera également disponible pour d’<strong>au</strong>tres maladies métaboliques héréditaires rares.<br />

Une stratégie plus globale à long terme consistera à isoler les cellules primordiales<br />

ayant la faculté <strong>de</strong> se développer en différentes <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> tissus. Cette approche<br />

impliquerait l’insertion <strong>de</strong> gènes capables <strong>de</strong> corriger la maladie héréditaire <strong>de</strong> manière<br />

à conférer à la cellule la capacité <strong>de</strong> produire la substance dont le déficit est<br />

responsable <strong>de</strong> la maladie et le transfert <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière <strong>au</strong> patient.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

77


Maladie <strong>de</strong> Paget<br />

Qu’est-ce que la maladie <strong>de</strong> Paget<br />

La maladie <strong>de</strong> Paget (ou ostéite dé<strong>for</strong>mante hypertrophique) doit son nom à un chirurgien<br />

britannique, Sir James Paget, qui exerçait <strong>au</strong> St Bartholomew’s Hospital à Londres<br />

et la décrivit pour la première fois en 1877. Il s’agit d’une ostéopathie chronique,<br />

caractérisée par un remo<strong>de</strong>lage<br />

osseux anarchique. Le<br />

double processus parallèle<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction excessive<br />

(appelée “résorption”) et <strong>de</strong><br />

reconstruction aberrante<br />

(appelée “ostéo<strong>for</strong>mation”)<br />

aboutit à la <strong>for</strong>mation d’un<br />

tissu osseux <strong>de</strong> structure<br />

anormale, ce qui confère<br />

paradoxalement <strong>au</strong>x os<br />

atteints à la fois <strong>de</strong>nsité et<br />

fragilité. En outre, une hypervascularisation<br />

médullaire<br />

(par <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> néovaisse<strong>au</strong>x<br />

dans la moelle osseuse)<br />

et une accumulation <strong>de</strong><br />

tissu conjonctif fibreux dans<br />

les espaces médullaires adjacents<br />

sont caractéristiques<br />

<strong>de</strong> l’os remo<strong>de</strong>lé.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Dans la maladie <strong>de</strong> Paget,<br />

l’anomalie initiale est une<br />

accélération considérable <strong>de</strong><br />

la vitesse <strong>de</strong> résorption<br />

osseuse due <strong>au</strong>x ostéoclastes, cellules spécialisées dans la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’os. Chez le<br />

patient pagétique, la taille <strong>de</strong>s ostéoclastes est approximativement cinq fois supérieure<br />

à celle <strong>de</strong>s ostéoclastes adultes norm<strong>au</strong>x. La résorption osseuse étant le facteur<br />

déclenchant <strong>de</strong> l’ostéo<strong>for</strong>mation, avec le temps, la vitesse <strong>de</strong> résorption osseuse impose<br />

<strong>au</strong>x ostéoblastes (les cellules spécialisées dans la reconstruction <strong>de</strong> l’os) une vitesse<br />

d’ostéo<strong>for</strong>mation tout <strong>au</strong>ssi rapi<strong>de</strong>. Toutefois, bien que présents en grand nombre,<br />

les ostéoblastes ne montrent <strong>au</strong>cune anomalie dans la maladie <strong>de</strong> Paget.<br />

Ces processus parallèles <strong>de</strong> résorption/ostéo<strong>for</strong>mation peuvent se manifester dans un<br />

seul ou plusieurs éléments du squelette et induire la fragilisation et l’hypertrophie <strong>de</strong>s<br />

os atteints. Les os les plus fréquemment touchés sont le bassin, les vertèbres, le crâne,<br />

le fémur et le tibia. La nouvelle architecture osseuse peut être à l’origine <strong>de</strong> douleurs,<br />

<strong>de</strong> compression <strong>de</strong>s nerfs <strong>de</strong> voisinage ou <strong>de</strong> fractures spontanées. L’hypertrophie crânienne,<br />

associée à une surdité <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré variable secondaire à <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong>s nerfs crâniens,<br />

est fréquente; en cas d’atteinte <strong>de</strong>s os longs, du membre inférieur par exemple,<br />

on peut observer <strong>de</strong>s dé<strong>for</strong>mations à type d’incurvation arci<strong>for</strong>me (dite “en lame <strong>de</strong><br />

sabre”). Les articulations peuvent elles <strong>au</strong>ssi être touchées (arthralgies) en raison <strong>de</strong><br />

l’inégalité <strong>de</strong>s contraintes imposées par la courbure anormale <strong>de</strong>s os. L’évolution <strong>de</strong> la<br />

maladie <strong>de</strong> Paget est généralement lente. Son étiologie reste inconnue mais il existe<br />

<strong>de</strong>s arguments plaidant en faveur d’une infection <strong>de</strong> l’os par un virus “lent” et, éventuellement,<br />

d’un facteur héréditaire.<br />

78


Qui est atteint <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget<br />

La maladie est présente dans le mon<strong>de</strong> entier et chez les individus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes.<br />

Rare chez les moins <strong>de</strong> 40 ans, elle touche près <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong> la population européenne<br />

<strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet âge. L’épidémiologie a révélé le rôle notable <strong>de</strong> facteurs héréditaires<br />

(génétiques) dans la maladie <strong>de</strong> Paget, ce que semble indiquer le fait que jusqu’à<br />

15 % <strong>de</strong>s patients pagétiques ont ou ont eu un parent également atteint.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

La pharmacothérapie vise à freiner la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’os. Le traitement <strong>de</strong> la maladie<br />

<strong>de</strong> Paget a pour objectif majeur <strong>de</strong> ramener à la normale les concentrations sériques<br />

<strong>de</strong>s phosphatases alcalines, enzymes qui sont les marqueurs biologiques <strong>de</strong> l’activité<br />

<strong>de</strong> la maladie. Les experts recomman<strong>de</strong>nt l’inst<strong>au</strong>ration du traitement dès que les<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> phosphatases alcalines sériques <strong>au</strong>gmentent <strong>de</strong> 125 à 150 % par rapport <strong>au</strong>x<br />

valeurs normales. Ces t<strong>au</strong>x doivent faire l’objet d’une surveillance régulière, à intervalles<br />

<strong>de</strong> trois à douze mois. Les patients doivent être suivis sur le long terme en raison<br />

du risque accru <strong>de</strong> trans<strong>for</strong>mation maligne dans les cas <strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> Paget<br />

ancienne. Actuellement, il existe <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> inhibiteurs <strong>de</strong><br />

la résorption osseuse utilisés dans le traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget. Il s’agit <strong>de</strong>s<br />

biphosphonates et <strong>de</strong> la calcitonine. D’<strong>au</strong>tres <strong>médicaments</strong> peuvent être prescrits en<br />

même temps pour soulager les douleurs osseuses.<br />

Aujourd’hui, les biphosphonates constituent le traitement <strong>de</strong> première intention.<br />

Leur mécanisme d’action consiste à inhiber ou ralentir la résorption osseuse par<br />

les ostéoclastes. Ils y parviennent à la fois directement, en perturbant le recrutement<br />

et la fonction <strong>de</strong>s ostéoclastes, et sans doute indirectement, en stimulant<br />

la production par les ostéoblastes d’un inhibiteur <strong>de</strong> la <strong>for</strong>mation <strong>de</strong>s ostéoclastes.<br />

Les biphosphonates s’administrent par injection intraveineuse, soit par voie<br />

orale. Une supplémentation orale en calcium et en vitamine D est recommandée<br />

pour les patients traités avec les biphosphonates afin d’atténuer l’un <strong>de</strong><br />

leurs effets secondaires fréquent, mais rarement symptomatique : l’hypocalcémie.<br />

Entretemps, les chercheurs ont reconnu l’existence possible d’une résistance<br />

secondaire à certains biphosphonates. En conséquence, il se peut qu’un<br />

même patient doive utiliser successivement différents biphosphonates dans le<br />

cadre d’une prise en charge <strong>au</strong> long cours <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget. Compte tenu<br />

<strong>de</strong>s propriétés propres à chacune <strong>de</strong> ces molécules, les patients traités avec <strong>de</strong>s<br />

biphosphonates or<strong>au</strong>x doivent impérativement prendre ces <strong>médicaments</strong> en se<br />

con<strong>for</strong>mant strictement à la prescription, afin <strong>de</strong> pallier leur très faible absorption<br />

intestinale.<br />

La maladie <strong>de</strong> Paget est<br />

une maladie <strong>de</strong>s os caractérisée<br />

par une fragilisation<br />

et une dé<strong>for</strong>mation<br />

osseuses. Les recherches<br />

menées par les entreprises<br />

pharmaceutique ont permis<br />

d’améliorer <strong>de</strong> façon<br />

significative la thérapeutique<br />

<strong>de</strong> cette maladie. De<br />

nos jours, les mala<strong>de</strong>s<br />

atteints <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong><br />

Paget peuvent mener une<br />

vie plus normale.<br />

Crâne<br />

Colonne<br />

vertébrale<br />

Bassin<br />

La calcitonine est une hormone sécrétée par la thyroï<strong>de</strong> et les glan<strong>de</strong>s parathyroï<strong>de</strong>s,<br />

qui favorise la régulation du métabolisme calcique en réduisant la vitesse<br />

<strong>de</strong> résorption osseuse. Parallèlement à la diminution <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> substance<br />

osseuse, la calcitonine exerce un certain effet antalgique. La classe <strong>de</strong> la calcitonine<br />

comprend <strong>de</strong>s <strong>for</strong>mes pharmaceutiques pour administration intranasale<br />

et souscutanée. La calcitonine <strong>de</strong> s<strong>au</strong>mon en injection souscutanée a été le<br />

premier traitement d’utilisation courante dans la maladie <strong>de</strong> Paget. Dorénavant,<br />

il existe également une calcitonine humaine recombinante. La molécule<br />

s’avère réduire <strong>de</strong> 50 % le h<strong>au</strong>t <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> turnover osseux (<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la<br />

résorption supérieure à celle <strong>de</strong> l’ostéo<strong>for</strong>mation), atténue les symptômes <strong>de</strong><br />

douleur osseuse et <strong>de</strong> chaleur cutanée en regard <strong>de</strong>s lésions osseuses et améliore<br />

certaines complications neurologiques. À l’heure actuelle, son utilisation<br />

est limitée <strong>au</strong>x patients intolérants <strong>au</strong>x biphosphonates. En cas <strong>de</strong> résistance<br />

secondaire à la calcitonine <strong>de</strong> s<strong>au</strong>mon, un passage à la calcitonine humaine<br />

peut être envisagé.<br />

La douleur imputable à la maladie <strong>de</strong> Paget est généralement soulagée par le<br />

traitement antiostéoclastique décrit ci-avant. Les dé<strong>for</strong>mations osseuses et/ou<br />

les complications arthritiques ou neurologiques peuvent également être source<br />

Fémur (os<br />

<strong>de</strong> la cuisse)<br />

Tibia (os<br />

<strong>de</strong> la jambe)<br />

Les os les plus fréquemment atteints par<br />

la maladie <strong>de</strong> Paget<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

79


<strong>de</strong> douleurs. Dans ce cas, les antalgiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />

(AINS) ou les coxibs (inhibiteurs spécifiques <strong>de</strong> la cyclo-oxygénase 2) peuvent se révéler<br />

utiles dans la prise en charge <strong>de</strong> la douleur pagétique.<br />

En l’absence <strong>de</strong> symptômes et <strong>de</strong> signes d’évolution, la maladie <strong>de</strong> Paget localisée ne<br />

nécessite <strong>au</strong>cun traitement. Dans les cas sévères, la chirurgie orthopédique peut être<br />

indispensable pour corriger une dé<strong>for</strong>mation spécifique.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Le développement d’inhibiteurs spécifiques <strong>de</strong> la résorption médiée par les ostéoclastes,<br />

notamment les trois générations <strong>de</strong> biphosphonates, a considérablement bouleversé<br />

le traitement <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Paget, ces 25 <strong>de</strong>rnières années. Bien que l’on<br />

ignore les effets à long terme <strong>de</strong> la freination <strong>de</strong> la maladie, la possibilité <strong>de</strong> rétablir<br />

un processus <strong>de</strong> remo<strong>de</strong>lage osseux normal donne <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> penser que la réduction<br />

<strong>de</strong>s complications à distance est dorénavant envisageable. C’est là, à présent, l’un<br />

<strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x objets <strong>de</strong> la recherche clinique.<br />

Différentes <strong>for</strong>mules <strong>de</strong> biphosphonates <strong>de</strong> troisième génération pour<br />

administration orale et/ou intraveineuse font actuellement l’objet d’essais<br />

cliniques à gran<strong>de</strong> échelle dans la perspective <strong>de</strong> réduire le schéma<br />

posologique et la fréquence d’administration. Cette démarche <strong>au</strong>torisera<br />

très probablement un intervalle <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> trois mois entre chaque dose.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

La recherche a i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x inhibiteurs <strong>de</strong> la <strong>for</strong>mation et <strong>de</strong><br />

l’activation <strong>de</strong>s ostéoclastes susceptibles <strong>de</strong> donner naissance à <strong>de</strong> nouvelles<br />

molécules d’importance majeure. Ces nouve<strong>au</strong>x inhibiteurs bloquent<br />

la différenciation <strong>de</strong>s cellules précurseurs <strong>de</strong>s ostéoclastes.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Au fil <strong>de</strong>s années, la controverse quant à l’étiologie <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong><br />

Paget n’a cessé d’enfler. Dernièrement, l’intérêt s’est porté sur le rôle<br />

plus important que pourraient jouer <strong>de</strong>s facteurs génétiques. Les chercheurs<br />

ont i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s gènes susceptibles <strong>de</strong> déterminer la maladie et<br />

acquis la certitu<strong>de</strong> qu’<strong>au</strong> moins cinq <strong>au</strong>tres gènes restent à découvrir.<br />

Les mécanismes grâce <strong>au</strong>xquels un gène, appelé SQSTM1, peut induire<br />

la maladie <strong>de</strong> Paget présentent un intérêt tout particulier. Le gène<br />

SQSTM1 est connu pour être une composante <strong>de</strong> la voie impliquée dans<br />

la régulation <strong>de</strong> la résorption osseuse. Les chercheurs présument qu’il<br />

existe <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> ce gène chez les patients atteints <strong>de</strong> la maladie,<br />

lesquelles suscitent l’activation <strong>de</strong> cette voie et l’intensification <strong>de</strong> la<br />

résorption osseuse.<br />

Les chercheurs explorent également d’<strong>au</strong>tres régions du génome supposées contenir<br />

<strong>de</strong>s gènes codant la maladie <strong>de</strong> Paget. Toutes ces approches permettront <strong>de</strong> mieux<br />

comprendre comment survient la maladie et, ainsi, <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s stratégies préventives<br />

et thérapeutiques plus per<strong>for</strong>mantes. Elles permettront également le développement<br />

<strong>de</strong> marqueurs génétiques <strong>de</strong> la maladie, utilisables pour prédire quels sont<br />

les sujets à risque <strong>au</strong> sein d’une famille ou <strong>de</strong> la population générale. Ces nouvelles<br />

perspectives ouvriront la voie à une meilleure connaissance <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong><br />

l’activité cellulaire et du remo<strong>de</strong>lage osseux. Cette recherche sera également bénéfique<br />

pour les patients souffrant d’<strong>au</strong>tres affections ostéoarticulaires comme l’arthrose<br />

et l’ostéoporose.<br />

80


Maladie du sommeil<br />

Qu’est-ce que la maladie du sommeil<br />

“Maladie du sommeil”, voilà un nom <strong>de</strong> maladie qui, à première vue, n’évoque pas un<br />

grand danger alors que, non traitée, elle conduit inexorablement à une mort affreuse<br />

due à <strong>de</strong>s parasites dénommés trypanosomes. Ces parasites ne sont présents qu’<strong>au</strong><br />

sud du Sahara où ils déterminent <strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> trypanosomiase humaine africaine<br />

(ou THA), l’une aiguë et l’<strong>au</strong>tre chronique. Cette maladie sévit en Afrique <strong>de</strong>puis <strong>au</strong><br />

moins le XIVe siècle. Les pathogènes responsables sont Trypanosoma brucei gambiense<br />

en Afrique centrale et <strong>de</strong> l’Ouest et Trypanosoma brucei rho<strong>de</strong>siense en Afrique<br />

<strong>de</strong> l’Est. L’évolution <strong>de</strong> l’infection à T. b. gambiense est chronique et lente, pouvant<br />

s’étendre sur plusieurs années, tandis que celle <strong>de</strong> l’infection à T. b. rho<strong>de</strong>siense est<br />

aiguë et peut entraîner la mort en quelques mois, voire en quelques semaines. Les<br />

<strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> la THA sont fatales en l’absence <strong>de</strong> traitement.<br />

La maladie du sommeil est<br />

une maladie dévastatrice,<br />

c<strong>au</strong>sée par la piqûre <strong>de</strong>s<br />

mouches tsé-tsé inoculant<br />

le parasite qui va ensuite<br />

infecter le cerve<strong>au</strong>.<br />

Depuis 1920, la recherche<br />

pharmaceutique a mis plusieurs<br />

<strong>médicaments</strong> à<br />

disposition <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s.<br />

Elle continue ses recherches<br />

et collabore avec<br />

l’OMS pour tenter d’éradiquer<br />

ce flé<strong>au</strong>.<br />

Les parasites sont transmis à l’homme par la piqûre <strong>de</strong> la mouche tsé-tsé (ou glossine).<br />

Au cours <strong>de</strong> la phase initiale <strong>de</strong> la THA, les trypanosomes se multiplient dans le sang<br />

et les ganglions lymphatiques. Dans la THA à T.b. gambiense, cette phase, dite phase<br />

lymphatico-sanguine ou première pério<strong>de</strong>, peut durer plusieurs années sans que le<br />

sujet infecté remarque <strong>au</strong>tre chose que <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s fébriles anarchiques accompagnés<br />

<strong>de</strong> céphalées et <strong>de</strong> douleurs rhumatismales. Toutefois, c’est également <strong>au</strong> cours<br />

<strong>de</strong> cette première pério<strong>de</strong> qu’une <strong>au</strong>gmentation importante du volume <strong>de</strong>s ganglions<br />

lymphatiques dans la région du cou signe avec certitu<strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> la maladie.<br />

C’est dans sa phase méningo-encéphalitique, appelée également phase <strong>de</strong> polarisation<br />

cérébrale ou <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong>, que la THA <strong>de</strong>vient dangereuse, lorsque les parasites<br />

franchissent la barrière hémato-méningée et infectent le système nerveux central.<br />

S’installent alors un état confusionnel, <strong>de</strong>s troubles sévères <strong>de</strong> la sensibilité et une<br />

altération brutale du cycle <strong>de</strong> sommeil, le mala<strong>de</strong> s’endormant instantanément <strong>au</strong><br />

be<strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> ses activités, y compris en marchant, en mangeant ou en parlant.<br />

Apparaissent ensuite <strong>de</strong>s crises convulsives et <strong>de</strong>s troubles neurologiques <strong>de</strong> sévérité<br />

croissante, lesquels précè<strong>de</strong>nt le décès du patient. Si la THA est diagnostiquée et traitée<br />

à temps, la guérison est toujours possible. Cependant si le traitement est inst<strong>au</strong>ré<br />

trop tard, <strong>de</strong>s séquelles neurologiques peuvent persister même après la guérison<br />

effective <strong>de</strong> la maladie.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

81


Qui est atteint <strong>de</strong> la maladie du sommeil<br />

La maladie du sommeil est une menace permanente pour plus <strong>de</strong> 60 millions <strong>de</strong> personnes<br />

vivant dans les 36 pays <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne, 22 d’entre eux figurant<br />

parmi les pays les moins développés. Aujourd’hui, c’est en Angola, en République <strong>de</strong><br />

Centre-Afrique, <strong>au</strong> Congo-Brazzaville, en République démocratique du Congo, en Guinée<br />

et <strong>au</strong> Soudan que l’on déplore les flambées majeures. Seuls 3 à 4 millions d’habitants<br />

<strong>de</strong> ces pays font l’objet d’une surveillance et les 50 000 cas déclarés chaque<br />

année ne reflètent pas la réalité <strong>de</strong> la situation, mais sont simplement révélateurs <strong>de</strong><br />

l’inexistence du dépistage. On estime que le nombre réel <strong>de</strong> porteurs <strong>de</strong> la maladie<br />

doit se situer entre 300 000 et 500 000.<br />

Dans les années soixante, la maladie avait été circonscrite grâce à <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong><br />

dépistage extrêmement actifs, à un approvisionnement en <strong>médicaments</strong> en quantités suffisantes<br />

et à <strong>de</strong>s ef<strong>for</strong>ts acharnés <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’habitat <strong>de</strong>s glossines (débroussaillage,<br />

par exemple). Mais <strong>de</strong>puis, l’intérêt s’est émoussé tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national qu’international<br />

et les guerres civiles ont rendu l’accès à <strong>de</strong> nombreuses zones infestées très difficile.<br />

Aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, la THA arrive <strong>au</strong> septième rang <strong>de</strong>s maladies<br />

pour ce qui est <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> vie ajustées sur l’incapacité.<br />

La maladie du sommeil a un impact économique et social majeur sur le développement<br />

<strong>de</strong>s zones rurales, réduisant la main d’œuvre disponible et limitant les capacités <strong>de</strong> travail<br />

et <strong>de</strong> production. Elle <strong>de</strong>meure un obstacle majeur <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> régions entières.<br />

Dans <strong>de</strong>s pays comme l’Angola, la République démocratique du Congo ou le Soudan, les<br />

capacités opérationnelles <strong>de</strong> réponse à l’épidémie sont largement dépassées et, dans certaines<br />

zones d’endémie, la prévalence <strong>de</strong> la maladie est supérieure à 20 %.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Les <strong>médicaments</strong> essentiels dans les <strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> THA sont la suramine, la pentamidine,<br />

le mélarsoprol et l’éflornithine. Ils s’administrent, soit par voie intraveineuse,<br />

soit en intramusculaire. La suramine a été introduite pour la première fois dans les<br />

années vingt, la pentamidine à la fin <strong>de</strong>s années trente, le mélarsoprol dans les<br />

années quarante et l’éflornithine <strong>au</strong> début <strong>de</strong>s années quatre-vingt. Tous ces <strong>médicaments</strong>,<br />

en particulier le mélarsoprol, peuvent entraîner <strong>de</strong>s effets secondaires sévères<br />

et le schéma thérapeutique est souvent difficile à mettre en application.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

82<br />

La pathologie primitive <strong>de</strong> la THA à T.b. rho<strong>de</strong>siense est traitée avec la suramine,<br />

médicament que l’on prescrit encore <strong>au</strong>jourd’hui étant donné l’absence <strong>de</strong> pharmacorésistance<br />

significative, en dépit <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 80 années d’utilisation. La pentamidine<br />

est efficace dans la première pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la trypanosomiase à T. b. gambiense et est<br />

administrée par injection intramusculaire sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sept jours. Le mélarsoprol<br />

est le traitement <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s chroniques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>for</strong>mes<br />

à T. b. gambiense et T. b. rho<strong>de</strong>siense. La posologie<br />

consiste en trois injections intraveineuses quotidiennes<br />

pendant dix jours. L’éflornithine est prescrite chez les<br />

patients infestés par T.b. gambiense qui en raison <strong>de</strong> la<br />

résistance <strong>de</strong> l’agent c<strong>au</strong>sal ne répon<strong>de</strong>nt pas <strong>au</strong> mélarsoprol<br />

ou chez lesquels ce <strong>de</strong>rnier a provoqué <strong>de</strong>s effets<br />

secondaires sévères. Cette molécule est en outre utilisée<br />

en première intention chez les patients dont la maladie a<br />

évolué vers la chronicité. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, la posologie<br />

consiste en quatre perfusions <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures toutes<br />

les six heures pendant <strong>de</strong>ux semaines. Dans le traitement<br />

<strong>de</strong> la rechute, la posologie est <strong>de</strong> quatre perfusions quotidiennes<br />

pendant seulement sept jours.<br />

La maladie du sommeil est l’une <strong>de</strong>s rares maladies transmissibles qui exige un dépistage<br />

systématique <strong>de</strong> la population, en particulier pour ce qui concerne l’infection à<br />

T. b. gambiense qui est caractérisée par une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence pratiquement


asymptomatique. Diverses raisons justifient ce dépistage, notamment un diagnostic<br />

difficile à établir dans <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> soins primaires éloignées <strong>de</strong> tout, les problèmes<br />

et les risques non négligeables que pose le traitement médical <strong>de</strong> la phase avancée,<br />

qui exige <strong>de</strong>s compétences particulières, et la quasi-impossibilité <strong>de</strong> mettre en place<br />

une lutte antivectorielle. Par conséquent, l’essentiel <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> lutte contre la<br />

maladie repose sur un dépistage systématique <strong>de</strong> la population à l’ai<strong>de</strong> d’équipes<br />

mobiles chargées d’i<strong>de</strong>ntifier tous les foyers et cas <strong>de</strong> la maladie, notamment ceux en<br />

première et <strong>de</strong>uxième pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie, et sur leur traitement curatif.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

En mai 2001, l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé (OMS) a annoncé l’élargissement<br />

<strong>de</strong> son programme d’élimination <strong>de</strong> la maladie du sommeil, partenariat entre les secteurs<br />

privé et institutionnel en collaboration avec plusieurs groupes pharmaceutiques<br />

<strong>de</strong> premier plan, ayant pour objectif d’orchestrer tous les ef<strong>for</strong>ts <strong>de</strong> l’organisation dans<br />

sa lutte contre la maladie. Parmi les <strong>au</strong>tres partenaires figurent: Mé<strong>de</strong>cins Sans Frontières,<br />

les gouvernements français et belge ainsi que la Fondation Bill et Melinda<br />

Gates. Le consortium s’implique également dans les activités <strong>de</strong> lutte antivectorielle<br />

menées dans le cadre <strong>de</strong> la Campagne panafricaine d’éradication <strong>de</strong> la mouche tsétsé<br />

et <strong>de</strong> la trypanosomiase (PATTEC pour Pan African Trypanosomiasis and Tsetse<br />

Eradication Campaign), mise en place par l’Organisation <strong>de</strong> l’Unité africaine (OUA)<br />

lors <strong>de</strong> la réunion <strong>de</strong>s chefs d’État en juin 2000.<br />

Dans le cadre du programme <strong>de</strong> l’OMS, <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> sont à l’étu<strong>de</strong>, par<br />

exemple une nouvelle indication thérapeutique d’une molécule <strong>au</strong>torisée dans le traitement<br />

<strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Chagas, trypanosomiase américaine imputable à une <strong>au</strong>tre<br />

espèce <strong>de</strong> trypanosome. L’une <strong>de</strong>s questions primordiales en matière <strong>de</strong> développement<br />

<strong>de</strong> nouvelles molécules est <strong>de</strong> savoir si elles peuvent ou non franchir la barrière hématoméningée,<br />

filtre naturel entre la circulation sanguine et le système nerveux central.<br />

Globules rouges<br />

T. brucei gambiense<br />

Photographie <strong>au</strong> microscope <strong>de</strong><br />

Trypanosoma brucei gambiense,<br />

dans un frottis <strong>de</strong> sang périphérique.<br />

Au cours du premier semestre 2004, les essais cliniques <strong>de</strong> phase III d’un dérivé oral<br />

<strong>de</strong> la pentamidine sont arrivés à leur terme. Le mécanisme d’action <strong>de</strong> la molécule<br />

consiste à modifier l’ADN <strong>de</strong>s trypanosomes, bloquant ainsi les nombreuses étapes du<br />

cycle <strong>de</strong> métamorphose du parasite qui perturbent le système immunitaire <strong>de</strong> l’homme<br />

<strong>au</strong> point <strong>de</strong> l’empêcher <strong>de</strong> gérer l’agent pathogène. La FDA américaine a accordé<br />

à ce nouve<strong>au</strong> produit l’équivalent d’une <strong>au</strong>torisation temporaire d’utilisation (ATU)<br />

dans le traitement <strong>de</strong> la THA. Il s’agit là du premier traitement oral commercialisé<br />

dans cette indication. Apparemment, il s’est avéré efficace pour traiter la THA sans<br />

induire les effets secondaires associés <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres options thérapeutiques.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

<strong>Des</strong> ef<strong>for</strong>ts concertés <strong>de</strong> lutte contre cette maladie dévastatrice s’imposent comme<br />

une nécessité cruciale en Afrique subsaharienne. En l’absence <strong>de</strong> dépistage systématique<br />

<strong>de</strong>s populations exposées et <strong>de</strong> traitement, tout sujet infecté est voué à une<br />

mort certaine. Le dépistage <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong> la trypanosomiase humaine africaine et<br />

les soins que ceux-ci réclament nécessitent l’intervention d’un personnel qualifié, la<br />

mise en œuvre <strong>de</strong> ressources techniques <strong>de</strong> pointe, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong><br />

sophistiqués et la création <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> soins/dispensaires parfaitement équipés.<br />

Pour être en mesure <strong>de</strong> relever les défis scientifiques <strong>au</strong>xquels l’avenir va nous<br />

confronter, notamment la nécessité <strong>de</strong> favoriser <strong>de</strong> nouvelles activités <strong>de</strong> recherche et<br />

développement en matière <strong>de</strong> THA, il f<strong>au</strong>t concentrer tout particulièrement les ef<strong>for</strong>ts<br />

sur les domaines suivants; i) adaptation <strong>de</strong>s traitements existants: privilégier les <strong>for</strong>mes<br />

orales par rapport <strong>au</strong>x <strong>for</strong>mes injectables et chercher à abréger la durée du traitement;<br />

ii) i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s moyens susceptibles <strong>de</strong> contrecarrer la résistance <strong>au</strong>x<br />

traitements existants; iii) tester <strong>de</strong> nouvelles associations <strong>de</strong> molécules existantes; et<br />

iv) i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> nouvelles molécules pour les traitements <strong>de</strong> l’avenir.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

83


Maladies thyroïdiennes<br />

Que sont les maladies thyroïdiennes<br />

La thyroï<strong>de</strong> est une petite glan<strong>de</strong> en <strong>for</strong>me <strong>de</strong> papillon située sous la pe<strong>au</strong> et les muscles<br />

<strong>de</strong> la partie antérieure du cou, exactement en-<strong>de</strong>ssous du cartilage thyroï<strong>de</strong> (ou<br />

pomme d’Adam) et en contact avec la partie inférieure du larynx et la partie supérieure<br />

<strong>de</strong> la trachée. La thyroï<strong>de</strong> tire son nom du grec “thyreoei<strong>de</strong>s” qui signifie “en<br />

<strong>for</strong>me <strong>de</strong> bouclier”. La glan<strong>de</strong> est une composante du système endocrine et joue un<br />

rôle important dans la régulation du métabolisme, ainsi que du développement du<br />

corps humain (croissance osseuse, développement mental), en libérant les hormones<br />

thyroïdiennes, à savoir la tétraiodotyronine (thyroxine) ou T 4 et la triiodothyronine<br />

ou T 3 .<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

84<br />

I<br />

I<br />

La T 4 et la T 3 sont synthétisées en réponse à une <strong>au</strong>tre hormone, la thyréostimuline<br />

ou TSH (pour thyroid-stimulating hormone), également dénommée hormone thyréotrope,<br />

sécrétée par la glan<strong>de</strong> hypophyse sous l’influence <strong>de</strong> la TRH (pour thyroid-releasing<br />

hormone – hormone <strong>de</strong> libération <strong>de</strong> la thyréostimuline) produite par la région<br />

hypothalamique du cerve<strong>au</strong>. La T 3 et la T 4 opèrent une sorte <strong>de</strong> rétrocontrôle sur<br />

l’hypothalamus et l’hypophyse afin <strong>de</strong> réguler la libération <strong>de</strong> la TSH et <strong>de</strong> la TRH.<br />

Cette voie <strong>de</strong> régulation peut être perturbée et aboutir à une surproduction ou à une<br />

sous-production d’hormones thyroïdiennes.<br />

NH 2<br />

HO O C C COOH<br />

3’<br />

3<br />

3’<br />

3<br />

HO O C C COOH<br />

Formules chimiques <strong>de</strong> T 3 et <strong>de</strong> T 4<br />

5’<br />

5<br />

5’<br />

5<br />

I<br />

I<br />

I<br />

3,5,3’, Triiodothyronine (T 3 ) 3,5,3’,5‘ Tétraiodothyronine (thyroxine, T 4 )<br />

I<br />

Les maladies <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> se subdivisent schématiquement en plusieurs catégories:<br />

L’hyperthyroïdie (du préfixe grec “hyper”: “<strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus” ou “<strong>au</strong>-<strong>de</strong>là”) constitue une affection<br />

qui se manifeste lorsque la thyroï<strong>de</strong> produit une trop gran<strong>de</strong> quantité d’hormones<br />

I<br />

NH 2


thyroïdiennes, provoquant une surconsommation d’énergie par l’organisme humain.<br />

L’hyperthyroïdie entraîne nervosité, irritabilité, sueurs excessives (hypersudation),<br />

perte <strong>de</strong> poids, fatigue, troubles du sommeil, palpitations, tachycardie et faiblesse<br />

musculaire. Les patients peuvent parfois présenter une tuméfaction (œdème) et une<br />

inflammation <strong>de</strong>s tissus adjacents à l’œil, les yeux apparaissant alors exorbités, phénomène<br />

dénommé “exophtalmie”. Une maladie <strong>au</strong>toimmune, la maladie <strong>de</strong> Basedow<br />

ou goitre exophtalmique, est la c<strong>au</strong>se la plus fréquente d’hyperthyroïdie. Cette maladie<br />

est déclenchée par la production d’<strong>au</strong>toanticorps dirigés contre les hormones thyroïdiennes<br />

qui incitent la thyroï<strong>de</strong> à produire les hormones thyroïdiennes en plus gran<strong>de</strong><br />

quantité.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> l’hypothyroïdie (du préfixe grec “hypo”: “<strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous” ou “sous”), la production<br />

d’hormones thyroïdiennes est inférieure à la normale. L’hypoactivité <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong><br />

finit par entraîner un ralentissement général <strong>de</strong>s fonctions organiques qui se traduit<br />

par une apathie (absence d’énergie et d’émotion) physique et mentale. Les symptômes<br />

peuvent être d’intensité légère à modérée, la <strong>for</strong>me la plus sévère étant le<br />

myxœdème (pénétration d’e<strong>au</strong> dans le tissu cutané donnant <strong>au</strong>x patients un aspect<br />

bouffi, avec coloration j<strong>au</strong>ne paille <strong>de</strong> la pe<strong>au</strong>) qui constitue une urgence médicale.<br />

La c<strong>au</strong>se la plus fréquente d’hypothyroïdisme est la thyroïdite d’Hashimoto qui voit le<br />

système immunitaire produire <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps dirigés contre la thyroï<strong>de</strong>. L’insuffisance<br />

<strong>de</strong> sécrétion <strong>de</strong> TSH par l’hypophyse est plus rarement à l’origine d’un hypothyroïdie.<br />

Parmi les <strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses figurent les anomalies congénitales et l’exérèse<br />

(ablation chirurgicale) ou l’irradiation <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>. Bien que l’hyper- et l’hypothyroïdie<br />

soient <strong>de</strong>ux entités distinctes, le volume <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> peut être, dans les <strong>de</strong>ux<br />

cas, supérieur à la normale.<br />

Les maladies thyroïdiennes<br />

se caractérisent par le fait<br />

que la thyroï<strong>de</strong> fonctionne<br />

trop ou pas assez. La thyroï<strong>de</strong><br />

(qui est une petite<br />

glan<strong>de</strong> située dans le cou)<br />

assure le contrôle du métabolisme<br />

corporel et <strong>de</strong> la<br />

croissance. Le traitement<br />

<strong>de</strong>s maladies thyroïdiennes<br />

constitue l’une <strong>de</strong>s réussites<br />

<strong>de</strong> la recherche pharmaceutique.<br />

Le cancer <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> peut revêtir différentes <strong>for</strong>mes. Le cancer papillaire est le<br />

plus fréquent et celui dont la malignité est la plus limitée. Il touche généralement la<br />

femme en âge <strong>de</strong> procréer. Le cancer folliculaire (ou vésiculaire) représente environ<br />

30 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> cancer et s’accompagne d’un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> récidive et <strong>de</strong><br />

métastatisation plus élevé. Le cancer médullaire correspond à une tumeur <strong>de</strong>s cellules<br />

d’origine non thyroïdienne présentes dans la glan<strong>de</strong>, les cellules C ou parafolliculaires.<br />

Il est caractérisé par une tendance héréditaire. Le cancer ou carcinome anaplasique,<br />

<strong>de</strong> type indifférencié, est la <strong>for</strong>me <strong>de</strong> cancer thyroïdien la plus agressive, mais<br />

également la plus rare.<br />

Les nodules thyroïdiens isolés sont <strong>de</strong>s tumeurs bénignes, sortes <strong>de</strong> petits kystes à la surface<br />

<strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>. Occasionnellement, ces nodules peuvent être cancéreux et nécessiter<br />

dès lors un traitement. La thyroïdite, inflammation <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>, peut s’accompagner<br />

<strong>de</strong> fièvre et <strong>de</strong> douleur, entre <strong>au</strong>tres symptômes, ou se manifester sous une <strong>for</strong>me silencieuse<br />

et être dans ce cas l’un <strong>de</strong>s mécanismes sous-jacents <strong>de</strong> l’hyper- ou <strong>de</strong> l’hypothyroïdie.<br />

Le goitre se manifeste par une hypertrophie notable du volume <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> maladies thyroïdiennes<br />

On estime que la maladie <strong>de</strong> Basedow touche 0,3 % <strong>de</strong> la population européenne<br />

avec un risque vie entière <strong>de</strong> 1 %. La plupart du temps, elle se manifeste à la trentaine<br />

ou la quarantaine et le rapport femmes/hommes et <strong>de</strong> huit pour un (8/1).<br />

L’hypothyroïdie est fréquente et elle peut passer inaperçue pendant <strong>de</strong>s années avant<br />

d’être i<strong>de</strong>ntifiée et traitée. Sa prévalence avoisine les 15 % chez la femme et est <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 10 % chez l’homme, avec environ 45 millions d’Européens touchés.<br />

Le cancer <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> est relativement rare, mais il peut frapper dans toutes les tranches<br />

d’âge. Les patients ayant reçu une radiothérapie <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> cervical sont davantage<br />

à risque. Les <strong>au</strong>tres facteurs <strong>de</strong> risque sont une histoire familiale <strong>de</strong> cancer thyroïdien<br />

et le goitre persistant. La maladie touche 1 individu sur 1 000 et environ<br />

20 000 nouve<strong>au</strong>x cas se déclarent chaque année en Europe.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

85


La prévalence <strong>de</strong> la thyroïdite <strong>au</strong>toimmune dans la population générale c<strong>au</strong>casienne<br />

est <strong>de</strong> 1 à 2 % chez la femme et <strong>de</strong> 0,1 à 0,2 % chez l’homme, tandis que l’on peut<br />

retrouver <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps antithyroïdiens chez 20 % <strong>de</strong>s femmes d’âge moyen.<br />

Ainsi, seule une fraction <strong>de</strong>s sujets présentant une séropositivité d’une <strong>au</strong>toimmunité<br />

thyroïdienne développent la <strong>for</strong>me clinique <strong>de</strong> la maladie. Près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong> la population<br />

générale sont porteurs d’<strong>au</strong> moins un nodule thyroïdien, toutefois une majorité<br />

<strong>de</strong> ces nodules est inoffensive, mais doit rester toutefois sous surveillance.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

En cas <strong>de</strong> suspicion clinique d’un trouble thyroïdien, le dosage <strong>de</strong> la TSH est le premier<br />

test pratiqué. Face à une maladie <strong>de</strong> Basedow, le traitement <strong>de</strong> première intention<br />

consiste à administrer <strong>de</strong>s thionami<strong>de</strong>s qui inhibent la production <strong>de</strong>s hormones<br />

thyroïdiennes. Les <strong>au</strong>tres traitements antithyroïdiens comprennent principalement les<br />

bêtabloquants et l’io<strong>de</strong> (sous <strong>for</strong>me d’iodure). En cas d’échec du traitement<br />

médicamenteux, la stratégie recommandée est l’administration<br />

orale d’io<strong>de</strong> radioactif (irathérapie). En quelques mois, la glan<strong>de</strong><br />

diminue <strong>de</strong> volume et les symptômes disparaissent progressivement.<br />

Dans la maladie <strong>de</strong> Basedow, l’<strong>au</strong>tre traitement radical est l’exérèse<br />

chirurgicale <strong>de</strong> la majeure partie <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>. Il est fréquent que l’association<br />

<strong>de</strong> ces trois métho<strong>de</strong>s s’avère indiquée, tandis que dans d’<strong>au</strong>tres<br />

cas la meilleure option consistera à mettre en œuvre un seul <strong>de</strong><br />

ces traitements.<br />

Thyroï<strong>de</strong><br />

Dans tous les types d’hypothyroïdie, le traitement est généralement<br />

simple et consiste en un traitement hormonal substitutif par administration<br />

d’hormones thyroïdiennes.<br />

Localisation <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> à la<br />

base du cou<br />

Le traitement <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s cancers <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> est l’ablation<br />

chirurgicale <strong>de</strong> la glan<strong>de</strong>, suivie d’une irathérapie et complétée par<br />

l’administration à vie <strong>de</strong> T 4 <strong>de</strong>stinée à inhiber la TSH sérique. La plupart<br />

<strong>de</strong>s patients ont <strong>de</strong> bonnes chances <strong>de</strong> survie à long terme. Par<br />

exemple, chez les patients les plus jeunes, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> guérison est<br />

supérieur à 95 % si le cancer reçoit le traitement approprié. La chirurgie<br />

s’applique également <strong>au</strong> goitre. Son exérèse est pratiquée non seulement pour<br />

<strong>de</strong>s raisons esthétiques, mais plus fréquemment en raison <strong>de</strong> la compression qu’il<br />

exerce sur les structures vitales présentes dans le cou, comme la trachée et l’œsophage,<br />

et qui est source <strong>de</strong> difficultés respiratoires et déglutitionnelles pour le<br />

patient.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

86<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Inhiber directement les effets <strong>de</strong> la T 4 et <strong>de</strong> la T 3 <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du récepteur peut représenter<br />

une amélioration significative du traitement <strong>de</strong> l’hyperthyroïdie. Différents<br />

groupes <strong>de</strong> recherche travaillent actuellement <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> petites molécules<br />

dans <strong>de</strong>s modèles anim<strong>au</strong>x.<br />

Le traitement <strong>de</strong>s maladies thyroïdiennes les plus fréquentes comme l’hyper- et l’hypothyroïdie<br />

étant satisfaisant, la recherche se concentre sur les troubles du mécanisme<br />

immunitaire et tente en particulier <strong>de</strong> trouver le moyen <strong>de</strong> suspendre la réaction<br />

délétère contre les <strong>au</strong>toantigènes sans perturber l’ensemble <strong>de</strong> la fonction immunitaire.<br />

Parmi les pistes les plus prometteuses figurent <strong>de</strong>s molécules thérapeutiques<br />

dirigées contre le facteur <strong>de</strong> nécrose <strong>de</strong>s tumeurs ou TNF (pour tumor necrosis factor).<br />

Le TNF est une protéine qui joue un rôle important dans la régulation du système<br />

immunitaire.<br />

En matière <strong>de</strong> cancer <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>, la recherche clinique porte le plus grand intérêt<br />

<strong>au</strong> gène BRAF, qui se trouve inactivé par une mutation ponctuelle dans un très grand<br />

nombre <strong>de</strong> cancers papillaires <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>. Le gène BRAF est présent dans les carcinomes<br />

anaplasiques <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>, ce qui laisse supposer que le BRAF puisse i<strong>de</strong>ntifier<br />

un sous-groupe <strong>de</strong> tumeurs évoluant vers un type plus agressif. Les traitements


<strong>de</strong>s cancers thyroïdiens peu différenciés visent à corriger les anomalies génétiques<br />

existant dans ces cancers, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> gènes et <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong><br />

tels que les inhibiteurs <strong>de</strong> l’histone désacétylase et les anti-tyrosine kinases.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Les chercheurs continuent à explorer la maladie <strong>de</strong> Basedow et la thyroïdite d’Hashimoto.<br />

La fonction <strong>de</strong>s lymphocytes T joue un rôle essentiel dans l’étiologie <strong>de</strong> ces maladies.<br />

L’efficacité <strong>de</strong>s lymphocytes T suppresseurs, qui freinent habituellement la<br />

réponse immunitaire, s’avère diminuée. Selon une hypothèse <strong>au</strong>jourd’hui admise, il y<br />

<strong>au</strong>rait dysfonctionnement <strong>de</strong>s molécules qui normalement modulent l’activité <strong>de</strong>s<br />

lymphocytes T, empêchant celles-ci d’activer les lymphocytes T suppresseurs en présence<br />

d’une maladie thyroïdienne <strong>au</strong>toimmune.<br />

L’application <strong>de</strong>s cellules souches pourrait être une approche intéressante. En cas d’attaque<br />

<strong>de</strong>s tissus par le système immunitaire, l’inflammation chronique aboutit à la<br />

constitution d’une cicatrice. La capacité <strong>de</strong>s cellules souches à se développer en nouvelles<br />

cellules peut permettre <strong>de</strong> générer un tissu sain se substituant à celui lésé par<br />

le processus <strong>de</strong> cicatrisation.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

87


Myasthénie grave<br />

Qu’est-ce que la myasthénie grave<br />

La myasthénie grave est une maladie <strong>au</strong>toimmune définie comme le trouble primitif<br />

<strong>de</strong> la transmission neuromusculaire le plus fréquent. Son nom vient du grec “mus”:<br />

muscle et “asthenos”: sans <strong>for</strong>ce et signifie littéralement “faiblesse musculaire”. La<br />

maladie est induite par <strong>de</strong>s <strong>au</strong>toanticorps dirigés contre les récepteurs à l’acétylcholine,<br />

ou récepteurs cholinergiques (RACh), situés sur la membrane post-synaptique <strong>de</strong><br />

la jonction neuromusculaire.<br />

Dans <strong>de</strong>s conditions normales,<br />

la terminaison du motoneurone<br />

(ou nerf moteur)<br />

présynaptique libère <strong>de</strong> l’acétylcholine<br />

(ACh) <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong> la jonction neuromusculaire<br />

(ou plaque motrice).<br />

L’ACh diffuse dans la fente<br />

synaptique (espace entre<br />

<strong>de</strong>ux cellules nerveuses permettant<br />

le passage du message<br />

chimique d’un neurone<br />

à l’<strong>au</strong>tre) et la remplit avant<br />

<strong>de</strong> se fixer sur les récepteurs<br />

fichés dans la membrane<br />

post-synaptique <strong>de</strong> la jonction<br />

neuromusculaire, c’est-àdire<br />

la membrane <strong>de</strong> la fibre<br />

musculaire, déclenchant ainsi<br />

la contraction du muscle.<br />

Dans la myasthénie, la membrane post-synaptique est altérée: la concentration <strong>de</strong><br />

RACh qu’elle renferme est réduite et on note la présence d’anticorps liés à la membrane.<br />

La libération présynaptique <strong>de</strong> l’ACh est normale, mais son effet sur la membrane<br />

post-synaptique est atténué. La probabilité qu’un influx nerveux génère un<br />

potentiel d’action musculaire est également réduite, ce qui se traduit par une fatigabilité<br />

<strong>de</strong> certains groupes musculaires volontaires (muscles striés squelettiques).<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

88<br />

L’évolution <strong>de</strong> la maladie est variable, mais généralement progressive. Avant l’avènement<br />

<strong>de</strong> la corticothérapie, l’évolution se faisait vers l’amélioration spontanée dans<br />

un tiers <strong>de</strong>s cas, vers l’aggravation dans un <strong>au</strong>tre tiers et vers l’issue fatale pour le <strong>de</strong>rnier<br />

tiers. L’amélioration spontanée s’observe fréquemment en début d’évolution. Chez<br />

les <strong>au</strong>tres patients, la sévérité <strong>de</strong>s symptômes <strong>au</strong>gmente progressivement sur plusieurs<br />

années. Au bout <strong>de</strong> 15 à 20 ans, on constate une chronicisation <strong>de</strong> la faiblesse musculaire<br />

– initialement fluctuante (aggravation à l’ef<strong>for</strong>t et amélioration <strong>au</strong> repos) – et<br />

un début d’atrophie <strong>de</strong>s muscles les plus sévèrement atteints. Dans les cas extrêmes,<br />

le patient décè<strong>de</strong> suite à une crise myasthénique caractérisée par une faiblesse généralisée<br />

sévère, une insuffisance respiratoire aiguë et une paralysie <strong>de</strong> la déglutition.<br />

Heureusement, grâce <strong>au</strong>x traitements existants, la plupart <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> myasthénie ne<br />

sont plus <strong>au</strong>ssi graves qu’<strong>au</strong>paravant. De fait, la maladie ne réduit pas l’espérance <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s patients.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> myasthénie grave<br />

La myasthénie frappe hommes et femmes <strong>de</strong> toutes origines ethniques, touchant<br />

toutefois la femme plus fréquemment que l’homme. Elle se rencontre à tout âge,<br />

avec une prédilection pour la <strong>de</strong>uxième et la troisième décennie chez la femme et


pour la sixième et la septième chez l’homme. La myasthénie n’est ni une maladie<br />

contagieuse, ni une maladie héréditaire, même si plusieurs membres d’une même<br />

famille peuvent en être atteints. En Europe, la prévalence <strong>de</strong> la myasthénie est estimée<br />

à 15 pour 100 000 habitants, soit environ 72 000 cas dans l’Union européenne.<br />

Cependant, la maladie est probablement sous-diagnostiquée.<br />

Chez le patient myasthénique, le déficit touche <strong>de</strong>s muscles spécifiques. Chez <strong>de</strong>ux<br />

tiers <strong>de</strong>s patients, les premiers symptômes sont <strong>de</strong>s troubles oculomoteurs: chute <strong>de</strong><br />

la p<strong>au</strong>pière (ptose) – parfois bilatérale, vision floue ou dédoublement <strong>de</strong> la vision<br />

(diplopie). La faiblesse <strong>de</strong>s muscles oropharyngés (cavité buccale et gorge), avec difficultés<br />

<strong>de</strong> mastication, <strong>de</strong> déglutition ou d’élocution (dysarthrie), constitue le symptôme<br />

initial chez environ 20 % <strong>de</strong>s patients. Tandis que, dans environ 15 % <strong>de</strong>s cas,<br />

celui-ci consistera en une faiblesse musculaire intéressant les membres supérieurs<br />

(mains et doigts inclus), les membres inférieurs et le cou. La sévérité <strong>de</strong> la faiblesse<br />

musculaire est fluctuante, évoluant <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la journée: généralement modérée ou<br />

inexistante le matin, elle s’aggrave <strong>au</strong> fil <strong>de</strong>s heures, en particulier après mise à contribution<br />

<strong>de</strong>s muscles atteints dans le cadre d’un ef<strong>for</strong>t prolongé. On retrouve <strong>de</strong>s anticorps<br />

antirécepteurs <strong>de</strong> l’ACh dans le sérum d’environ 75 % <strong>de</strong>s patients présentant<br />

une myasthénie généralisée et <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> myasthénie oculaire.<br />

La myasthénie grave est<br />

une maladie <strong>de</strong> la jonction<br />

neuro-musculaire. Elle provoque<br />

un affaiblissement<br />

continu <strong>de</strong>s muscles pouvant<br />

mener à une insuffisance<br />

respiratoire. Les<br />

traitements actuels permettent<br />

chez la plupart<br />

<strong>de</strong>s patients d’éviter que<br />

la myasthénie grave ne<br />

raccourcisse leur vie, ni<br />

interfère avec leurs activités<br />

quotidiennes.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Les <strong>médicaments</strong> anticholinestérasiques (anti-ChE) retar<strong>de</strong>nt l’hydrolyse (processus <strong>de</strong><br />

dégradation enzymatique) <strong>de</strong> l’ACh <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s synapses cholinergiques. L’ACh s’accumule<br />

dans la jonction neuromusculaire et possè<strong>de</strong> un effet prolongé. Les anti-ChE<br />

induisent une amélioration considérable chez certains patients, négligeable voire nulle<br />

chez d’<strong>au</strong>tres. Il est rare que l’on assiste à un retour à la normale <strong>de</strong> la <strong>for</strong>ce musculaire.<br />

Le schéma posologique n’est en <strong>au</strong>cun cas polyvalent et doit être adapté à<br />

chaque patient. Le besoin en anti-ChE peut varier d’un jour à l’<strong>au</strong>tre, voire d’une heure<br />

à l’<strong>au</strong>tre.<br />

La corticothérapie induit une franche amélioration ou un soulagement total <strong>de</strong>s symptômes<br />

chez plus <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong>s patients. La meilleure réponse est obtenue chez les<br />

patients récemment atteints; toutefois les mala<strong>de</strong>s chroniques peuvent également y<br />

répondre.<br />

Les immunodépresseurs inversent les symptômes chez la plupart <strong>de</strong>s patients, mais<br />

leur effet est différé <strong>de</strong> quatre à huit mois. Une fois l’amélioration amorcée, celle-ci se<br />

maintient <strong>au</strong>ssi longtemps que le patient suit le traitement; toutefois les symptômes<br />

réapparaissent <strong>de</strong>ux à trois mois après l’arrêt du traitement. Les immunodépresseurs<br />

(<strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> la calcineurine) inhibant principalement les réponses<br />

immunitaires lymphocytes T – dépendantes sont également utilisés dans le traitement<br />

(A)<br />

Terminaison<br />

nerveuse<br />

Muscle<br />

Axone<br />

V<br />

AChR<br />

Normale<br />

M<br />

Site <strong>de</strong><br />

libération<br />

(B)<br />

Myasthénie grave (MG)<br />

AChR<br />

Schémas <strong>de</strong> la jonction neuromusculaire:<br />

(A) normale (B) dans<br />

la myasthénie grave;<br />

V: vésicules<br />

M: mitochondries<br />

Dans les cas <strong>de</strong> myasthénie grave,<br />

la jonction neuro-musculaire montre<br />

un nombre réduit <strong>de</strong> récepteurs<br />

AChR; <strong>de</strong>s plis post-synaptiques<br />

simplifiés et applatis, un espace<br />

synaptique élargi et une terminaison<br />

nerveuse normale.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

89


<strong>de</strong> la myasthénie. Chez la plupart <strong>de</strong>s patients, on constate une amélioration un à<br />

<strong>de</strong>ux mois après l’inst<strong>au</strong>ration du traitement, qui subsiste <strong>au</strong>ssi longtemps qu’il se<br />

poursuit.<br />

Différents groupes <strong>de</strong> recherche ont rapporté une réponse favorable à <strong>de</strong> <strong>for</strong>tes doses<br />

d’immunoglobulines en intraveineux. Le mécanisme d’action exact <strong>de</strong>meure obscur,<br />

mais il est probable qu’il s’agit d’une dérégulation (freination) non spécifique <strong>de</strong> la<br />

production d’<strong>au</strong>toanticorps.<br />

La plasmaphérèse (retransfusion <strong>au</strong> patient <strong>de</strong> ses propres globules rouges après avoir<br />

séparé et extrait le plasma du sang total) est une intervention à court terme en cas<br />

d’aggravation brutale <strong>de</strong>s symptômes myasthéniques, également utilisée par intermittence<br />

sur le long terme chez les patients réfractaires à tous les <strong>au</strong>tres traitements.<br />

La nécessité et la fréquence <strong>de</strong> la plasmaphérèse sont fonction <strong>de</strong> la réponse clinique<br />

<strong>de</strong> chaque patient.<br />

La thymectomie est une intervention chirurgicale (ablation totale ou partielle du thymus)<br />

recommandée chez la plupart <strong>de</strong>s patients, compte tenu du lien manifeste qui<br />

existe entre la myasthénie grave et <strong>de</strong>s anomalies du thymus; toutefois, la nature <strong>de</strong><br />

cette association reste à éluci<strong>de</strong>r. Le thymus est l’organe clé <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>totolérance immunologique,<br />

c’est-à-dire <strong>de</strong> la tolérance du soi (c’est effectivement un organe lymphoï<strong>de</strong><br />

central dans lequel les lymphocytes T font l’apprentissage <strong>de</strong> la distinction<br />

“soi/non-soi”). Dans 10 % <strong>de</strong>s cas, on retrouve une tumeur thymique. Le thymus <strong>de</strong><br />

70 % <strong>de</strong>s myasthéniques présente ce que l’on appelle <strong>de</strong>s “centres germin<strong>au</strong>x”, révélateurs<br />

d’une réponse immunitaire active, c’est-à-dire <strong>de</strong>s zones du tissu lymphoï<strong>de</strong> où<br />

les lymphocytes B interagissent avec les lymphocytes T <strong>au</strong>xiliaires (lymphocytes en<br />

anglais “T helper”) pour produire <strong>de</strong>s anticorps. Ces anomalies thymiques sont apparemment<br />

responsables d’une défaillance <strong>de</strong> la tolérance qui, dans la myasthénie, a<br />

pour conséquence le retournement du système immunitaire contre les récepteurs cholinergiques<br />

(RACh) du patient. La réponse à la thymectomie s’avère généralement<br />

favorable <strong>de</strong>ux à cinq ans après l’intervention. Les meilleurs résultats s’observent chez<br />

le sujet jeune pris <strong>au</strong> début <strong>de</strong> la maladie.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Différents groupes <strong>de</strong> recherche explorent actuellement la possibilité <strong>de</strong> traiter la<br />

myasthénie avec un médicament <strong>de</strong>stiné à l’origine à la prévention du rejet par le système<br />

immunitaire d’un organe transplanté. Par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres immunodépresseurs,<br />

son principal avantage pourrait être son délai d’action plus rapi<strong>de</strong>.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

90<br />

On compte environ 15 % <strong>de</strong> patients myasthéniques<br />

“séronégatifs”, c’est-à-dire dans le sang<br />

<strong>de</strong>squels on ne détecte pas d’anticorps anti-<br />

RACh. Chez certains d’entre eux ont été mis en<br />

évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s anticorps dirigés contre le récepteur<br />

musculaire <strong>de</strong> la tyrosine kinase – les anticorps<br />

anti-MuSK (pour muscle specific kinase –<br />

tyrosine kinase spécifique du muscle) – protéine<br />

contribuant à l’organisation <strong>de</strong>s récepteurs à l’acétylcholine<br />

à la surface <strong>de</strong> la fibre musculaire. Il<br />

semble que la répartition du déficit musculaire<br />

chez les patients myasthéniques anticorps anti-<br />

MuSK-positifs ne soit pas la même que chez les<br />

porteurs d’Ac anti-RACh. On ne manquera pas<br />

<strong>de</strong> remarquer que le traitement conventionnel<br />

avec les anticholinestérasiques (anti-ChE) et la<br />

thymectomie s’avère inefficace chez certains <strong>de</strong> ces patients. Le dépistage <strong>de</strong>s<br />

patients porteurs d’Ac anti-MuSK pourrait se révéler utile lors du choix d’un traitement<br />

“sur mesure” efficace.


Une étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> phase III portant sur un nouvel immunodépresseur, dont les<br />

résultats sont attendus bientôt, est en cours <strong>de</strong> réalisation. Dans une <strong>au</strong>tre perspective,<br />

on envisage l’utilisation d’un immunodépresseur <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> la<br />

calcineurine, déjà <strong>au</strong>torisé dans le traitement <strong>de</strong> la myasthénie <strong>au</strong> Japon.<br />

En novembre 2003, un oligonucléoti<strong>de</strong> antisens en administration orale s’est vu attribuer<br />

par la FDA américaine le statut <strong>de</strong> médicament orphelin dans le traitement <strong>de</strong><br />

la myasthénie grave. La molécule a été conçue pour réguler la production d’un variant<br />

induit par le stress d’une iso<strong>for</strong>me <strong>de</strong> l’acétylcholinestérase supposée jouer un rôle-clé<br />

dans l’apparition et l’évolution <strong>de</strong> la maladie.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Ces vingt <strong>de</strong>rnières années nous ont permis <strong>de</strong> bien mieux comprendre la pathogénie<br />

<strong>de</strong> la myasthénie grave. Cette maladie qui a longtemps été un mystère pour les scientifiques<br />

est <strong>au</strong>jourd’hui une maladie <strong>au</strong>toimmune parfaitement caractérisée et comprise.<br />

L’avenir est conditionné par l’élucidation <strong>de</strong> l’immunologie moléculaire <strong>de</strong> la<br />

réponse anti-RACh.<br />

À cette fin, on explore <strong>au</strong>jourd’hui plusieurs pistes thérapeutiques très diverses: i.) les<br />

traitements ayant pour cible les lymphocytes B spécifiques <strong>de</strong> l’antigène; ii.) les traitements<br />

ayant pour cible les lymphocytes T antigène-spécifiques; iii.) les traitements<br />

interférant avec la réponse co-stimulatrice à la présentation <strong>de</strong> l’antigène; et iv.) les<br />

traitements interférant avec la fonction <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> médiation (cytokines) et désamorçant<br />

la réaction inflammatoire <strong>au</strong>toimmune.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

91


N<strong>au</strong>sées<br />

Que sont les n<strong>au</strong>sées<br />

La n<strong>au</strong>sée est la sensation <strong>de</strong> malaise et d’incon<strong>for</strong>t digestif qui s’accompagne <strong>de</strong> l’envie<br />

<strong>de</strong> vomir. Le vomissement est un réflexe coordonné et complexe, orchestré par le<br />

centre du vomissement situé dans le cerve<strong>au</strong>. Il répond <strong>au</strong>x sign<strong>au</strong>x émis par l’appareil<br />

digestif – bouche, estomac, intestins, la circulation sanguine, les <strong>de</strong>ux systèmes<br />

d’équilibre <strong>de</strong> l’oreille interne et par le cerve<strong>au</strong> lui-même lorsqu’il est confronté à <strong>de</strong>s<br />

images, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs ou <strong>de</strong>s pensées pénibles. L’histamine, l’acétylcholine, la sérotonine<br />

et la dopamine sont les neurotransmetteurs fréquemment impliqués dans ces voies<br />

<strong>de</strong> signalisation et sont donc les cibles <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s stratégies thérapeutiques.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

92<br />

Le mot “n<strong>au</strong>sée” vient du grec “n<strong>au</strong>s”: nef ou navire et du latin “n<strong>au</strong>ta”: matelot et<br />

renvoyait donc à l’origine à l’idée <strong>de</strong> “mal <strong>de</strong> mer”. Une stimulation excessive <strong>de</strong> l’appareil<br />

vestibulaire <strong>de</strong> l’oreille interne par le mouvement est la principale c<strong>au</strong>se du mal<br />

<strong>de</strong>s transports. Les voies neuronales entre le labyrinthe postérieur (ou vestibule) dans<br />

l’oreille interne et le centre du vomissement dans le bulbe rachidien (ou medulla<br />

oblongata) <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous du cerve<strong>au</strong> ne sont pas déterminées, mais le mal <strong>de</strong>s<br />

transports ne se manifeste que lorsque le système nerveux <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’oreille interne<br />

est intact.<br />

La n<strong>au</strong>sée est un symptôme associé à <strong>de</strong> nombreux états et pathologies, par exemple<br />

la grossesse avec les n<strong>au</strong>sées matinales, notamment <strong>au</strong> premier trimestre, l’utilisation<br />

<strong>de</strong> certains <strong>médicaments</strong>, une intoxication ou une allergie alimentaire, une intoxication<br />

alcoolique, une tumeur cérébrale, une infection digestive d’origine virale et d’<strong>au</strong>tres<br />

maladies. Une quantité impressionnante <strong>de</strong> stimuli peut déclencher le vomissement,<br />

<strong>de</strong> la migraine <strong>au</strong>x calculs rén<strong>au</strong>x (lithiase rénale). La n<strong>au</strong>sée peut <strong>de</strong>venir préoccupante<br />

<strong>au</strong> cours <strong>de</strong> certaines chimiothérapies et après une anesthésie générale.<br />

En règle générale, les n<strong>au</strong>sées et vomissements <strong>de</strong> courte durée sont inoffensifs, tandis<br />

que la persistance <strong>de</strong> ces symptômes peut parfois être révélatrice d’une pathologie<br />

plus grave. <strong>Des</strong> vomissements chroniques peuvent finir par provoquer une déperdition<br />

hydrique dangereuse. Les n<strong>au</strong>sées et vomissements posent un <strong>au</strong>tre problème


chez le sujet âgé qui, du fait <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, peut omettre une ou plusieurs prises <strong>de</strong><br />

ses <strong>médicaments</strong> or<strong>au</strong>x habituels – par exemple antihypertenseurs, antidiabétiques –<br />

s’il ne peut les “gar<strong>de</strong>r” lors <strong>de</strong> l’expulsion du contenu gastrique. Les n<strong>au</strong>sées persistantes<br />

réclament une surveillance médicale particulière.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées<br />

La probabilité <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées et vomissements sur la vie entière d’un sujet<br />

est <strong>de</strong> 100 %. Pratiquement tous les enfants connaissent plusieurs épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vomissement<br />

pendant l’enfance. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, ceux-ci sont dus à une infection<br />

gastrointestinale d’origine virale. Plus tard, les n<strong>au</strong>sées et vomissements post-chirurgic<strong>au</strong>x<br />

sont les effets secondaires fréquents <strong>de</strong>s anesthésiques et <strong>de</strong>s antalgiques morphiniques.<br />

On estime qu’un opéré sur quatre souffre <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées et vomissements postopératoires<br />

(NVPO), soit environ 40 millions <strong>de</strong> patients par an dans l’Union européenne.<br />

Quelque 70 % <strong>de</strong>s cancéreux présentent, dans le cadre <strong>de</strong> leur traitement, <strong>de</strong> n<strong>au</strong>sées<br />

et vomissements induits par la chimiothérapie (NVIC). Certains protocoles chimiothérapiques<br />

entraînent <strong>de</strong>s NVIC jusque chez 90 % <strong>de</strong>s patients. La radiothérapie ciblant<br />

l’intestin peut également provoquer <strong>de</strong>s n<strong>au</strong>sées et vomissements dans près <strong>de</strong> 90 %<br />

<strong>de</strong>s cas. Les n<strong>au</strong>sées et vomissements par anticipation surviennent avant le début d’un<br />

nouve<strong>au</strong> cycle <strong>de</strong> chimiothérapie, en réponse à <strong>de</strong>s stimuli conditionnés tels que les<br />

o<strong>de</strong>urs ou la simple vue <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> soins. C’est un phénomène classique que l’on<br />

observe <strong>au</strong> bout <strong>de</strong> trois ou quatre cures ayant précé<strong>de</strong>mment entraîné <strong>de</strong>s NVIC<br />

aigus ou tardifs.<br />

Les n<strong>au</strong>sées se définissent<br />

comme une sensation <strong>de</strong><br />

malaise et d’incon<strong>for</strong>t <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’estomac,<br />

accompagnée d’une pressante<br />

envie <strong>de</strong> vomir. Les<br />

traitements actuels –<br />

parmi les gran<strong>de</strong>s réussites<br />

<strong>de</strong> la recherche pharmaceutique<br />

– soulagent<br />

les souffrances <strong>de</strong> millions<br />

<strong>de</strong> personnes subissant<br />

une intervention chirurgicale<br />

ou une chimiothérapie.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Le traitement symptomatique <strong>de</strong>s n<strong>au</strong>sées et <strong>de</strong>s vomissements peut consister à éviter<br />

l’ingestion <strong>de</strong> tout aliment soli<strong>de</strong> pendant une courte pério<strong>de</strong>. Le patient y parvient<br />

aisément car les n<strong>au</strong>sées s’accompagne le plus souvent d’une perte d’appétit. La<br />

déshydratation peut nécessiter la compensation <strong>de</strong>s pertes hydroélectrolytiques avec<br />

<strong>de</strong>s solutés <strong>de</strong> réhydratation orale ou intraveineuse.<br />

La prophylaxie du mal <strong>de</strong>s transports fait appel <strong>au</strong>x antihistaminiques,<br />

<strong>au</strong>x tranquillisants ou à <strong>de</strong>s substances à action<br />

anticholinergique comme les alcaloï<strong>de</strong>s. Les antihistaminiques<br />

inhibent l’action <strong>de</strong> l’histamine <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du récepteur<br />

H1. Quant <strong>au</strong>x anticholinergiques, ils bloquent l’acétylcholine<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s récepteurs muscariniques. Ces <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong>rnières classes <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> diminuent la stimulation<br />

du centre du vomissement à partir <strong>de</strong> l’appareil vestibulaire<br />

dans l’oreille interne, toutefois ils n’ont que peu d’effet sur les<br />

stimuli émis par l’estomac ou les intestins. Un traitement<br />

innovant se présente sous la <strong>for</strong>me d’un dispositif trans<strong>de</strong>rmique<br />

ou timbre (avec libération à travers la pe<strong>au</strong>). Imprégné<br />

du principe actif, il est appliqué <strong>de</strong>rrière l’oreille quatre heures<br />

avant le départ en voyage et peut être remplacé tous les<br />

trois jours.<br />

Les <strong>médicaments</strong> utilisés en monothérapie ou en association pour traiter les NVPO et<br />

les NVIC appartiennent <strong>au</strong>x classes suivantes: alcaloï<strong>de</strong>s, benzodiazépines, cannabinoï<strong>de</strong>s,<br />

corticoï<strong>de</strong>s, antidopaminergiques et antisérotoninergiques <strong>de</strong> type anti-5-HT 3 .<br />

Les antidopaminergiques tels que les benzami<strong>de</strong>s, les phénothiazines et les butyrophénones<br />

minimisent l’effet <strong>de</strong> la dopamine <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du récepteur D2 dans la zone<br />

gâchette, limitant ainsi l’influx émétique parvenant <strong>au</strong> centre du vomissement.<br />

Les anti-5-HT 3 sont considérés comme <strong>de</strong>s antiémétiques très efficaces et représentent<br />

la plus gran<strong>de</strong> avancée réalisée en matière <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s n<strong>au</strong>sées<br />

et vomissements dans le cadre <strong>de</strong> la chimiothérapie et <strong>de</strong> la radiothérapie. Leur<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

93


mécanisme d’action repose sur l’inhibition sélective du récepteur 5-HT 3 à la sérotonine.<br />

La sérotonine est libérée par les cellules <strong>de</strong> l’intestin grêle lorsque les patients<br />

reçoivent une chimiothérapie (et probablement en réponse à d’<strong>au</strong>tres événements).<br />

Une fois libérée, la sérotonine agit sur le nerf vague et déclenche ainsi n<strong>au</strong>sées et<br />

vomissements. Les <strong>médicaments</strong> inhibent les récepteurs situés sur le nerf vague, réussissant<br />

ainsi à réduire, voire à éliminer, les n<strong>au</strong>sées et vomissements.<br />

Avec les premiers inhibiteurs <strong>de</strong>s récepteurs 5-HT 3 , la prévention du vomissement aigu<br />

était relativement <strong>de</strong> courte durée. Les nouve<strong>au</strong>x anti-5-HT 3 présentent un avantage<br />

particulier car, outre la prévention <strong>de</strong>s n<strong>au</strong>sées et vomissements aigus, ils préviennent<br />

également les n<strong>au</strong>sées et vomissements tardifs qui surviennent dans les <strong>de</strong>ux à cinq<br />

jours suivant le traitement. En ce qui concerne les n<strong>au</strong>sées et vomissements post-opératoires,<br />

les anti-5-HT 3 présentent un effet notable sur les vomissements mais peu<br />

significatif sur les n<strong>au</strong>sées.<br />

La prévention <strong>de</strong>s n<strong>au</strong>sées et vomissements compte <strong>au</strong>jourd’hui sur un nouve<strong>au</strong> mécanisme<br />

d’action: l’inhibition <strong>de</strong>s récepteurs NK1 (neurokinine 1) <strong>de</strong> la substance P. La<br />

molécule est administrée en association avec <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> interférant avec les<br />

récepteurs à la sérotonine (5-HT 3 ), à la dopamine ou <strong>au</strong>x corticoï<strong>de</strong>s, cibles <strong>de</strong>s traitements<br />

existants pour les n<strong>au</strong>sées et vomissements induits par la chimiothérapie.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

<strong>Des</strong> molécules <strong>au</strong>torisées dans d’<strong>au</strong>tres indications sont actuellement à l’étu<strong>de</strong> dans<br />

le traitement et la prévention <strong>de</strong>s NVIC. Par exemple, un nouvel antipsychotique indiqué<br />

dans la schizophrénie s’est avéré avoir <strong>de</strong>s propriétés antiémétiques dans une<br />

étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> phase II.<br />

D’<strong>au</strong>tres étu<strong>de</strong>s en cours <strong>de</strong> réalisation s’attachent davantage à<br />

déterminer précisément le moment opportun pour administrer un<br />

antiémétique qu’à évaluer ses effets. En outre, différentes stratégies<br />

nutritionnelles et comportementales peuvent améliorer les NVIC chez<br />

le patient cancéreux.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Plante dont dérive le cannabis. Le récepteur du<br />

cannabis est l’un <strong>de</strong>s nombreux récepteurs du cerve<strong>au</strong><br />

qui sert <strong>de</strong> cible <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x <strong>médicaments</strong> en cours<br />

<strong>de</strong> développement.<br />

Les propriétés antiémétiques du cannabis et <strong>de</strong>s cannabinoï<strong>de</strong>s sont<br />

étudiées chez <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> NVIC. Plusieurs étu<strong>de</strong>s cliniques<br />

<strong>de</strong> phase III réalisées dans le cadre <strong>de</strong> chimiothérapies anticancéreuses<br />

ont permis d’accumuler <strong>de</strong> nombreuses données à ce<br />

sujet. L’exploration <strong>de</strong> la base biochimique <strong>de</strong> cet effet antiémétique<br />

est toujours en cours, mais on sait que les cannabinoï<strong>de</strong>s inhibent<br />

l’activité <strong>de</strong>s récepteurs 5-HT 3 . De récents arguments sont également<br />

venus confirmer les propriétés antiémétiques du cannabidiol chez l’animal.<br />

L’association du cannabidiol et du tétrahydrocannabinol dans<br />

les extraits <strong>de</strong> cannabis pourraient effectivement avoir <strong>de</strong>s effets<br />

additifs ou synergiques qui mériteraient une étu<strong>de</strong> plus approfondie<br />

dans le cadre d’essais cliniques.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

La recherche <strong>de</strong> nouvelles molécules susceptibles <strong>de</strong> traiter n<strong>au</strong>sées et vomissements<br />

continue <strong>de</strong> progresser et il est donc vraisemblable que <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements<br />

seront disponibles dans l’avenir. En dépit <strong>de</strong> l’important arsenal thérapeutique existant,<br />

<strong>au</strong>cune molécule ne peut <strong>au</strong>jourd’hui prétendre être le remè<strong>de</strong> miracle à ce<br />

réflexe malheureusement sous-estimé. L’utilisation d’associations <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> <strong>au</strong>x<br />

mécanismes d’action différents pourrait être une solution, étant donné que l’on peut<br />

raisonnablement penser que l’administration d’<strong>au</strong> moins <strong>de</strong>ux molécules appartenant<br />

à <strong>de</strong>s classes pharmacologiques distinctes serait plus efficace pour inhiber ce réflexe<br />

émétique si complexe.<br />

94


Rage<br />

La rage est une maladie<br />

redoutée <strong>de</strong>puis la nuit<br />

<strong>de</strong>s temps. Le virus <strong>de</strong> la<br />

rage atteint le cerve<strong>au</strong> et<br />

provoque la mort en<br />

quelques jours. La prévention<br />

et le traitement par<br />

vaccins et immunoglobulines<br />

actuellement disponibles<br />

permettent d’obtenir<br />

pratiquement cent pour<br />

cent <strong>de</strong> succès.<br />

Qu’est-ce que la rage<br />

La rage est une maladie virale évitable qui frappe les mammifères. Elle est le plus souvent<br />

transmise par la morsure d’un animal enragé, le virus <strong>de</strong> la rage étant présent<br />

dans la salive. Toutefois, toute <strong>au</strong>tre <strong>for</strong>me <strong>de</strong> contact avec la salive ou les tissus cérébr<strong>au</strong>x<br />

d’un mammifère infecté peut également induire la maladie. Le virus rabique<br />

infecte le système nerveux central, entraînant l’infection du cerve<strong>au</strong> (encéphalite)<br />

dont l’issue est fatale. Depuis l’Antiquité, l’apparition <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> la rage équiv<strong>au</strong>t<br />

à une sentence <strong>de</strong> mort. La rage n’est pas, <strong>au</strong> sens naturel du terme, une maladie<br />

<strong>de</strong> l’espèce humaine – l’infection humaine est toujours dépendante du réservoir animal<br />

s<strong>au</strong>vage et domestique. Le mot “rage” est un héritage direct du latin “rabies”:<br />

“colère”, “fureur” et, déjà à cette époque, “maladie du chien”.<br />

Le délai entre l’exposition <strong>au</strong> virus et l’apparition <strong>de</strong>s premiers symptômes <strong>de</strong> la maladie<br />

est généralement <strong>de</strong> trois semaines à <strong>de</strong>ux mois, mais la pério<strong>de</strong> d’incubation<br />

est variable, pouvant aller <strong>de</strong> 10 jours à un an. Les tout premiers symptômes <strong>de</strong> la<br />

<strong>for</strong>me humaine sont non spécifiques puisqu’ils consistent en fièvre, céphalées et sensation<br />

<strong>de</strong> malaise généralisé. Avec l’évolution <strong>de</strong> la maladie apparaissent les symptômes<br />

neurologiques qui peuvent être les suivants: agitation, anxiété, confusion, excitation,<br />

hallucinations, insomnie, paralysie, hypersalivation, difficultés à avaler (spasme<br />

laryngopharyngé) et répulsion pour l’e<strong>au</strong>. Le décès survient généralement dans les<br />

quelques jours qui suivent l’apparition <strong>de</strong>s symptômes.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> la rage<br />

Au cours du siècle <strong>de</strong>rnier, la rage en Europe a considérablement évolué. À présent,<br />

plus <strong>de</strong> 95 % <strong>de</strong> la morbidité animale totale recensée chaque année concerne la<br />

f<strong>au</strong>ne s<strong>au</strong>vage; les anim<strong>au</strong>x domestiques (chien, chat et bétail) représentent moins <strong>de</strong><br />

5 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> rage, alors que jusqu’en 1950 ils représentaient la majorité <strong>de</strong>s cas.<br />

Aujourd’hui, les princip<strong>au</strong>x hôtes du virus <strong>de</strong> la rage sont les carnivores s<strong>au</strong>vages,<br />

essentiellement les renards, et les ch<strong>au</strong>ves-souris.<br />

En Europe, la mortalité humaine liée à la rage est inférieure à cinq cas par an grâce<br />

à la mise en place <strong>de</strong> programmes extrêmement stricts <strong>de</strong> lutte contre la rage et <strong>de</strong><br />

prévention <strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong> l’animal à l’homme. La prophylaxie qu’<strong>au</strong>torisent les<br />

vaccins mo<strong>de</strong>rnes s’est avérée couronnée <strong>de</strong> succès dans pratiquement 100 % <strong>de</strong>s cas.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

95


Les quelques décès associés à la rage enregistrés en Europe ne surviennent que<br />

lorsque le patient n’a pas pu consulter un mé<strong>de</strong>cin, généralement parce qu’il n’a pas<br />

eu conscience d’avoir été exposé <strong>au</strong> virus.<br />

La <strong>for</strong>me humaine <strong>de</strong> la rage est encore fréquente dans les pays en développement<br />

d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine où les chiens errants sont le vecteur majeur <strong>de</strong><br />

la maladie. Un contact direct avec <strong>de</strong>s anim<strong>au</strong>x s<strong>au</strong>vages comme le renard, le chat<br />

s<strong>au</strong>vage, la mangouste, la ch<strong>au</strong>ve-souris, le singe, le chacal et le loup constitue un<br />

<strong>au</strong>tre risque d’exposition à la rage. C’est dans le continent asiatique que se trouve<br />

concentré le plus grand nombre <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> rage humaine avec plus <strong>de</strong> 95 % <strong>de</strong> la morbidité<br />

totale mondiale et environ 35 000 décès par an. Dorénavant, l’exposition <strong>au</strong>x<br />

chiens enragés <strong>de</strong>meure la c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s contaminations humaines et<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 99 % <strong>de</strong> la mortalité humaine liée à la rage.<br />

Virus <strong>de</strong> la rage <strong>au</strong> microscope<br />

électronique<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> la rage cliniquement exprimée. Les mesures thérapeutiques<br />

prises une fois la maladie déclarée sont purement symptomatiques et le<br />

patient décè<strong>de</strong>ra en quelques jours.<br />

Il y a encore quelques dizaines d’années, la simple idée <strong>de</strong> se faire vacciner contre la<br />

rage était pratiquement tout <strong>au</strong>ssi effrayante que les symptômes mortels <strong>de</strong> la rage,<br />

car cette vaccination exigeait toute une série d’injections très douloureuses dans l’abdomen.<br />

Aujourd’hui, la recherche pharmaceutique a développé, pour les personnes<br />

susceptibles d’avoir été exposées à la rage, un schéma vaccinatoire antirabique efficace<br />

qui, administré en post-exposition ou à titre préventif avant une exposition,<br />

confère une immunité vis-à-vis <strong>de</strong> la maladie. Les vaccins actuels sont préparés à partir<br />

<strong>de</strong> cultures cellulaires <strong>de</strong> différents types, notamment sur cellules diploï<strong>de</strong>s humaines,<br />

lignée cellulaire rénale <strong>de</strong> singe, cellules embryonnaires <strong>de</strong> poussin ou cellules<br />

fœtales <strong>de</strong> singe rhésus. Bien que la <strong>for</strong>me humaine <strong>de</strong> la rage soit <strong>de</strong>venue très rare<br />

en Europe, on estime à 50 000 le nombre <strong>de</strong> personnes recevant un traitement prophylactique<br />

antirabique pré- ou post-exposition.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

La vaccination pré-exposition consiste en trois doses <strong>de</strong> vaccin antirabique administrées<br />

sur trois ou quatre semaines; elle est recommandée pour les groupes à h<strong>au</strong>t<br />

risque comme les vétérinaires, les chasseurs, les <strong>for</strong>estiers, les professionnels en<br />

contact avec les anim<strong>au</strong>x et les chercheurs qui travaillent avec le vaccin antirabique<br />

vivant dans les laboratoires <strong>de</strong> recherche ou les unités <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong>s vaccins. La<br />

prophylaxie pré-exposition doit également être envisagée pour les <strong>au</strong>tres personnes<br />

dont les activités les amènent à entrer fréquemment en contact avec <strong>de</strong>s anim<strong>au</strong>x<br />

potentiellement porteurs du virus. En outre, les voyageurs internation<strong>au</strong>x susceptibles<br />

<strong>de</strong> rési<strong>de</strong>r dans <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> rage canine, dite “rage <strong>de</strong>s rues”, dépourvues <strong>de</strong> structures<br />

<strong>de</strong> soins compétentes immédiatement accessibles doivent être considérés<br />

comme <strong>de</strong>s candidats à la vaccination pré-exposition.<br />

La prophylaxie pré-exposition n’écarte pas la nécessité d’une surveillance médicale<br />

attentive après exposition à la rage. Toutefois, elle simplifie le traitement en éliminant<br />

l’obligation <strong>de</strong> recourir <strong>au</strong>x immunoglobulines antirabiques humaines et en réduisant<br />

le nombre <strong>de</strong> doses <strong>de</strong> vaccin nécessaires. Il semble également qu’elle ren<strong>for</strong>ce l’immunité<br />

chez les sujets dont le traitement post-exposition viendrait à être différé.<br />

La vaccination post-exposition est indiquée chez les personnes susceptibles d’avoir été<br />

exposées à un animal porteur du virus, soit par morsure, soit par contamination <strong>de</strong>s<br />

muqueuses par <strong>de</strong>s tissus infectieux comme la salive. En cas <strong>de</strong> morsure par un animal<br />

suspect, la plaie doit être lavée soigneusement <strong>au</strong> savon et à gran<strong>de</strong> e<strong>au</strong>. Les morsures<br />

à la face, <strong>au</strong> cou, à la nuque ou <strong>au</strong>x mains doivent être prises très <strong>au</strong> sérieux.<br />

96


La prophylaxie post-exposition est le seul traitement efficace contre la rage. Le vaccin<br />

provoque dans l’organisme une réponse immunitaire qui neutralise le virus avant que<br />

celui-ci atteigne le système nerveux et le cerve<strong>au</strong>. La vaccination doit donc être inst<strong>au</strong>rée<br />

le plus tôt possible après l’exposition, selon un schéma comportant une dose d’immunoglobulines<br />

antirabiques et cinq doses <strong>de</strong> vaccin antirabique sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

28 jours. Celles-ci et la première dose <strong>de</strong> vaccin doivent être administrées <strong>au</strong>ssitôt<br />

après l’exposition.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

De nombreux aspects <strong>de</strong> cette maladie <strong>de</strong>meurent obscurs. Par exemple, on ne parvient<br />

pas à expliquer les variations <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’incubation, qui peut être très courte<br />

comme extrêmement longue. Malgré la persistance <strong>de</strong> ces problèmes, <strong>de</strong>s progrès<br />

<strong>for</strong>midables ont été accomplis. La vaccination orale <strong>de</strong> la f<strong>au</strong>ne s<strong>au</strong>vage avec <strong>de</strong>s vaccins<br />

antirabiques recombinants commence à réduire l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la rage chez le<br />

renard et les <strong>au</strong>tres vecteurs <strong>de</strong> la maladie.<br />

Les ressources en immunoglobulines étant limitées, la recherche se concentre sur les<br />

anticorps monoclon<strong>au</strong>x humains protecteurs. Deux nouve<strong>au</strong>x anticorps <strong>de</strong> ce type en<br />

sont <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’expérimentation préclinique. Les chercheurs s’ef<strong>for</strong>cent<br />

également <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s vaccins à moindre coût <strong>de</strong>stinés<br />

<strong>au</strong>x pays qui sont économiquement dans l’incapacité<br />

<strong>de</strong> se procurer les préparations vaccinales existantes. L’une<br />

<strong>de</strong>s stratégies envisagées est le développement d’un vaccin<br />

ADN.<br />

Quelles sont les perspectives à plus<br />

long terme<br />

Après la mise <strong>au</strong> point du premier vaccin antirabique par<br />

Louis Pasteur en 1885, on avait espéré éliminer la maladie.<br />

Cependant, cet objectif n’a pas été atteint, car le virus s’est<br />

trouvé préservé <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> nombreuses populations animales.<br />

Si étrange que cela puisse paraître, il est probable que<br />

la rage soit re<strong>de</strong>venue une maladie infectieuse émergente.<br />

Largement éradiqué chez le chien grâce <strong>au</strong>x programmes<br />

<strong>de</strong> vaccination, le virus a réémergé dans certains pays européens,<br />

s’affirmant comme un problème <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur dans les populations <strong>de</strong><br />

mammifères, en particulier le renard, le furet et la ch<strong>au</strong>ve-souris. De plus, la zone <strong>de</strong><br />

prévalence du virus s’est élargie; confinée à l’origine <strong>au</strong>x pays d’Europe centrale et<br />

orientale, elle s’étend <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong>x régions occi<strong>de</strong>ntales <strong>de</strong> la France et du Bénélux.<br />

La mortalité humaine associée à la rage sévit dans les pays où les ressources <strong>de</strong> santé<br />

publique sont insuffisantes, l’accès <strong>au</strong> traitement préventif est limité, les outils diagnostiques<br />

sont rares et les programmes <strong>de</strong> lutte contre la rage pratiquement inexistants.<br />

Bien que tout tend à démontrer que la lutte contre la rage canine à travers les<br />

programmes <strong>de</strong> vaccination animale et d’élimination <strong>de</strong>s chiens errants peut ramener<br />

l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la rage humaine à un t<strong>au</strong>x très faible, le coût <strong>de</strong> tels programmes est,<br />

pour le moment, rédhibitoire pour <strong>de</strong> nombreux pays en développement. Leur mise en<br />

œuvre n’y est souvent que partielle, car elle nécessite chaque année la revaccination<br />

<strong>de</strong> millions d’anim<strong>au</strong>x.<br />

S<strong>au</strong>f à consacrer davantage <strong>de</strong> ressources à ces programmes, la rage continuera <strong>de</strong><br />

constituer une menace majeure pour la santé publique en Asie, en Afrique et en Amérique<br />

latine.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

97


Syndrome<br />

du colon irritable<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

98<br />

Qu’est-ce que le syndrome du côlon irritable<br />

Le syndrome du côlon irritable (SCI) est une affection intestinale chronique. Le SCI est<br />

associé à une gêne ou <strong>de</strong>s douleurs abdominales, généralement dans le bas-ventre, et<br />

son installation est signée par une modification <strong>de</strong> la fréquence et <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me <strong>de</strong>s selles.<br />

Douleurs et gêne sont soulagées par la défécation. Quelque temps après apparaît<br />

un nouvel épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> douleurs abdominales. Les symptômes sont variables et parfois<br />

contradictoires en apparence, par exemple alternance <strong>de</strong> diarrhée et <strong>de</strong> constipation.<br />

Le SCI est une maladie <strong>au</strong>x multiples facettes. Selon toute vraisemblance, les symptômes<br />

sont la résultante d’un déséquilibre <strong>de</strong> l’interaction entre les intestins, le cerve<strong>au</strong><br />

et le système nerveux <strong>au</strong>tonome qui perturbe la régulation <strong>de</strong> la motilité ou <strong>de</strong><br />

la fonction sensorielle intestinales.<br />

Aucune observation physique ni <strong>au</strong>cun test diagnostique ne peut confirmer <strong>de</strong> manière<br />

catégorique le diagnostic <strong>de</strong> SCI. Le diagnostic se résume à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> certains<br />

symptômes cohérents avec la maladie et à l’exclusion d’<strong>au</strong>tres pathologies réalisant<br />

un table<strong>au</strong> clinique très voisin (diagnostic différentiel). Les critères diagnostiques<br />

<strong>de</strong> Rome II (outil <strong>de</strong> définition <strong>de</strong>s troubles fonctionnels digestifs en syndromes sur la<br />

base d’associations <strong>de</strong> symptômes) pour le SCI mettent davantage l’accent sur un diagnostic<br />

positif que sur une batterie <strong>de</strong> tests pour écarter d’<strong>au</strong>tres affections. Ces critères<br />

sont repris ci-après.<br />

Le SCI est caractérisé par la présence pendant un minimum <strong>de</strong> 12 semaines, non<br />

nécessairement consécutives, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s 12 mois précé<strong>de</strong>nts d’une gêne ou <strong>de</strong> douleurs<br />

abdominales présentant <strong>au</strong> moins <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s caractéristiques suivantes: i.) soulagement<br />

à la défécation; et/ou ii.) début associé à une modification <strong>de</strong> la fréquence<br />

<strong>de</strong>s selles; et/ou iii.) début associé à une modification <strong>de</strong> la <strong>for</strong>me ou <strong>de</strong> l’apparence<br />

<strong>de</strong>s selles.


Exacerbations et rémissions sont fréquentes; les symptômes ten<strong>de</strong>nt à s’améliorer avec<br />

le temps. Le SCI est une pathologie qui ne met pas en jeu le pronostic vital, toutefois<br />

la non-maîtrise <strong>de</strong>s symptômes peut compromettre la qualité <strong>de</strong> vie, perturber les activités<br />

personnelles et/ou professionnelles, avoir un effet néfaste sur le bien-être émotionnel<br />

et induire un comportement d’évitement social, l’anxiété et la dépression.<br />

L’origine exacte du SCI reste à éluci<strong>de</strong>r.<br />

Qui est atteint du syndrome du côlon irritable<br />

Le SCI est très fréquent – une personne sur cinq en souffre à un moment ou à un<br />

<strong>au</strong>tre. Dans les pays européens, la prévalence du SCI varie entre 5 et 25 %. La femme<br />

est plus fréquemment touchée que l’homme, avec un rapport hommes/femmes <strong>de</strong><br />

1/2. Le SCI est le diagnostic le plus couramment posé par le gastroentérologue et<br />

l’une <strong>de</strong>s principales affections rencontrées en mé<strong>de</strong>cine générale. Le syndrome du<br />

côlon irritable est parfois appelé syndrome <strong>de</strong> l’intestin irritable, côlon ou intestin irritable,<br />

colite spasmodique, colite ou entérite mucomembraneuse, colite muqueuse.<br />

Dans 50 % <strong>de</strong>s cas, les premiers symptômes se manifestent avant l’âge <strong>de</strong> 35 ans. Le<br />

début ou la récidive du syndrome sont souvent liés <strong>au</strong> stress engendré par les événements<br />

<strong>de</strong> la vie. Toutefois, le stress n’est pas la c<strong>au</strong>se du SCI et le SCI n’est ni un trouble<br />

psychologique, ni une maladie psychiatrique.<br />

En raison <strong>de</strong> la connexion qui existe<br />

entre le système nerveux central et l’intestin,<br />

les symptômes peuvent être exacerbés ou<br />

déclenchés par le stress chez certains patients.<br />

On estime que le SCI touche quelque 40<br />

millions <strong>de</strong> personnes en Europe.<br />

Quels sont les traitements<br />

existants<br />

La prise en charge du SCI s’appuie sur différentes<br />

options thérapeutiques, selon que les<br />

symptômes sont d’intensité légère, modérée ou<br />

sévère. De nombreux patients ne nécessitent Colon<br />

qu’un traitement intermittent, en fonction <strong>de</strong><br />

la sévérité <strong>de</strong>s symptômes. Les symptômes sont<br />

légers chez 70 % <strong>de</strong>s patients : ils sont peu fréquents<br />

et n’interfèrent qu’occasionnellement<br />

avec les activités quotidiennes. Dans 25 % <strong>de</strong>s<br />

cas, les symptômes sont modérés: ils se manifestent<br />

avec une intensité et une fréquence<br />

plus importantes et interfèrent avec les activités<br />

quotidiennes et les patients i<strong>de</strong>ntifient<br />

rapi<strong>de</strong>ment les facteurs qui les déclenchent. Les symptômes sévères touchent environ<br />

5 % <strong>de</strong>s patients atteints du SCI: fréquents et intenses, ils interfèrent avec les activités<br />

quotidiennes.<br />

Le traitement <strong>de</strong>s cas légers consiste à éduquer le patient, le rassurer, l’inciter à modifier<br />

son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie et à éviter les aliments censés être responsables <strong>de</strong>s symptômes<br />

éprouvés et éventuellement à prescrire un traitement médicamenteux. La pharmacothérapie<br />

obtient <strong>de</strong> meilleurs résultats chez les patients présentant <strong>de</strong>s symptômes<br />

modérés ou sévères, réfractaires <strong>au</strong>x mesures diététiques ou d’accompagnement. Par<br />

le passé, le traitement <strong>de</strong> première intention ciblait traditionnellement le symptôme<br />

le moins tolérable. Cependant, les nouve<strong>au</strong>x traitements proposés dans le SCI se sont<br />

avérés efficaces sur les nombreux symptômes du SCI.<br />

Les laxatifs <strong>de</strong> lest ne sont utiles qu’en cas <strong>de</strong> prédominance <strong>de</strong> la constipation. Les<br />

antidiarrhéiques qui ralentissent le transit intestinal et améliorent la consistance <strong>de</strong>s<br />

selles entraînent une diminution <strong>de</strong> la fréquence et <strong>de</strong> l’urgence <strong>de</strong> la défécation<br />

Le syndrome du colon irritable<br />

qui affecte le gros<br />

intestin se caractérise par<br />

<strong>de</strong>s douleurs abdominales<br />

et un grand incon<strong>for</strong>t. Les<br />

traitements actuels permettent<br />

<strong>de</strong> rendre la vie<br />

<strong>de</strong>s patients plus supportable.<br />

Les recherches<br />

menées par l’industrie<br />

pharmaceutique explorent<br />

<strong>de</strong> nouvelles approches<br />

prometteuses.<br />

Intestin<br />

grêle<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

99


chez les patients atteints du SCI. Ils n’améliorent ni la douleur abdominale, ni les<br />

ballonnements. Les antispasmodiques musculotropes (relaxant la musculature lisse)<br />

ou antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs muscariniques, sont efficaces pour soulager la douleur<br />

abdominale.<br />

En septembre 2004, les résultats d’une étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> phase III à gran<strong>de</strong> échelle<br />

ont mis en évi<strong>de</strong>nce la persistance <strong>de</strong> la réponse <strong>de</strong>s patients à un traitement intermittent<br />

avec une molécule dont le mécanisme d’action est celui d’un agoniste partiel<br />

<strong>de</strong>s récepteurs 5-HT 4 . Entre-temps, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> mise sur le marché<br />

(AMM) a été déposée pour l’Union européenne dans l’indication <strong>de</strong> SCI avec constipation<br />

prédominante chez la femme. Ce produit est déjà commercialisé avec cette<br />

même indication dans <strong>de</strong> nombreux pays. Aux États-Unis et dans certains pays, le<br />

médicament a été <strong>au</strong>torisé dans le traitement <strong>de</strong> la constipation chronique chez<br />

l’homme et la femme.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

On pensait <strong>au</strong>trefois que le SCI était un trouble fonctionnel, c’est-à-dire une affection<br />

que ni l’anatomie, ni la biologie ne pouvaient expliquer. Les nouvelles molécules dont<br />

le développement est parvenu à un sta<strong>de</strong> avancé sont conçues pour exploiter une<br />

cible, la sérotonine (5-HT).<br />

En septembre 2003, les résultats d’une étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> phase II conduite dans cinq<br />

pays européens ont mis en évi<strong>de</strong>nce un bénéfice chez <strong>de</strong>s patients atteints du SCI et<br />

présentant <strong>de</strong>s symptômes mixtes, c’est-à-dire alternance <strong>de</strong> diarrhée et <strong>de</strong> constipation.<br />

Il semble que les effets <strong>de</strong> la nouvelle molécule sur les patients souffrant <strong>de</strong> cette<br />

alternance <strong>de</strong>s symptômes soient dus à son double mécanisme d’action – en effet, la<br />

molécule est un parfait agoniste <strong>de</strong>s récepteurs 5-HT 4 doté toutefois <strong>de</strong> propriétés<br />

anti-5-HT 3 .<br />

Au début <strong>de</strong> l’année 2005, ont débuté <strong>de</strong>s essais cliniques <strong>de</strong> phase III portant sur un<br />

nouvel activateur <strong>de</strong>s can<strong>au</strong>x chlorure dans le traitement du SCI avec constipation<br />

prédominante. Le médicament est administré par voie orale et son action consiste à<br />

stimuler la sécrétion <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> intestinal via les can<strong>au</strong>x chlorure CIC-2 <strong>de</strong> la membrane<br />

<strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> la muqueuse intestinale.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Le rôle crucial du système nerveux central dans <strong>de</strong>s affections telles que le SCI est <strong>de</strong><br />

moins en moins contestable. Certaines substances neurotropes (qui ont une vive affinité<br />

pour le tissu nerveux) possè<strong>de</strong>nt un double mécanisme d’action qui présente un<br />

intérêt pour <strong>de</strong> nouvelles stratégies thérapeutiques. Un certain nombre <strong>de</strong> données<br />

suggèrent que les antidépresseurs pourraient être utiles pour soulager la douleur, les<br />

spasmes et la diarrhée. L’utilisation <strong>de</strong>s inhibiteurs sélectifs du recaptage <strong>de</strong> la sérotonine<br />

(ISRS) est en cours d’évaluation.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

En juin 2004 ont été publiés les résultats d’une étu<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s altérations moléculaires<br />

importantes <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> la sérotonine dans l’intestin <strong>de</strong> patients atteints du<br />

SCI. Dans l’intestin, la sérotonine se fixe à ses récepteurs situés à la surface <strong>de</strong>s cellules<br />

nerveuses, déclenchant ainsi les réflexes péristaltiques. Les résultats semblent<br />

confirmer l’hypothèse qu’un déséquilibre <strong>de</strong> la fonction digestive entraîne, dans le<br />

contexte du SCI, <strong>de</strong>s modifications <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’intestin. Les chercheurs ont constaté<br />

une baisse significative <strong>de</strong> la concentration en sérotonine chez les patients atteints<br />

du SCI, tandis que la libération <strong>de</strong> sérotonine <strong>de</strong>meurait inchangée. En outre, l’activité<br />

<strong>de</strong>s transporteurs <strong>de</strong> la sérotonine accusait une franche réduction. Il semblerait que<br />

cette réduction diminue la capacité <strong>de</strong>s cellules épithéliales à éliminer la sérotonine<br />

une fois celle-ci libérée, <strong>au</strong>gmentant ainsi la disponibilité <strong>de</strong> la sérotonine et entraînant<br />

<strong>au</strong> bout du compte <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> la fonction intestinale.<br />

100


Syndrome <strong>de</strong> détresse<br />

respiratoire<br />

Le syndrome <strong>de</strong> détresse<br />

respiratoire survient<br />

lorsque <strong>de</strong>s poumons<br />

mala<strong>de</strong>s sont incapables<br />

d’absorber suffisamment<br />

d’oxygène. Il survient chez<br />

les enfants nés avant<br />

terme et chez les adultes.<br />

D’importantes recherches<br />

ont apporté <strong>de</strong>s traitements<br />

qui ont s<strong>au</strong>vé la vie<br />

<strong>de</strong> nombreux patients.<br />

De nouvelles recherches<br />

s’avèrent toutefois nécessaires.<br />

Qu’est-ce que le syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire<br />

Le syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire (SDR) est un syndrome clinique pour lequel il n’existe<br />

<strong>au</strong>cun marqueur spécifique. Il est caractérisé par un déficit d’absorption <strong>de</strong> l’oxygène<br />

par les poumons, consécutif à une hypoxémie (diminution <strong>de</strong> la quantité d’oxygène<br />

transportée dans le sang) progressive. Les nombreuses alvéoles pulmonaires, à l’extrémité<br />

<strong>de</strong>s bronchioles, sont dans l’incapacité d’absorber l’oxygène en raison <strong>de</strong> leur rétraction<br />

(collapsus alvéolaire ou atélectasie) ou <strong>de</strong> leur comblement par <strong>de</strong>s exsudats ou l’œdème.<br />

Ce syndrome est associé à une diminution <strong>de</strong> la compliance pulmonaire, avec<br />

shunt intrapulmonaire (diminution du rapport ventilation/perfusion avec ventilation<br />

nulle) et œdème pulmonaire. Le SDR est secondaire, soit à une atteinte directe du poumon,<br />

par exemple pneumonie infectieuse, inhalation du contenu gastrique, quasi-noya<strong>de</strong><br />

(submersion sans issue fatale), lésion pulmonaire par inhalation <strong>de</strong> fumées et/ou brûlure<br />

thermique, soit à une atteinte systémique telle qu’une septicémie ou un choc hémorragique<br />

avec défaillance multiviscérale, compromettant dans les <strong>de</strong>ux cas l’intégrité <strong>de</strong><br />

la muqueuse pulmonaire permettant l’absorption <strong>de</strong> l’oxygène <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la membrane<br />

alvéolocapillaire.<br />

Trois sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité croissante caractérisent l’évolution <strong>de</strong> ce syndrome: i.) la phase<br />

exsudative ou oedémateuse, avec atteinte <strong>de</strong>s cellules tapissant les vaisse<strong>au</strong>x capillaires<br />

(endothélium capillaire) et <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> revêtement <strong>de</strong>s alvéoles pulmonaires (épithélium<br />

alvéolaire) entraînant un œdème pulmonaire lésionnel et la <strong>for</strong>mation <strong>de</strong> membranes<br />

hyalines. La phase exsudative est associée à une occlusion vasculaire (<strong>for</strong>mation<br />

<strong>de</strong> microthrombus artériolaires) et à une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP); ii.)<br />

la phase proliférative s’installe entre la première et la troisième semaine suivant l’atteinte<br />

initiale. Elle met en jeu une réponse complexe <strong>de</strong> l’hôte se traduisant par la sécrétion<br />

<strong>de</strong> toute une série <strong>de</strong> médiateurs d’origine humorale et cellulaire et est caractérisée<br />

par la prolifération <strong>de</strong> différentes cellules comme les pneumocytes et les fibroblastes,<br />

aboutissant à la trans<strong>for</strong>mation <strong>de</strong> l’exsudat intra-alvéolaire en tissu <strong>de</strong> granulation; iii.)<br />

enfin, en cas <strong>de</strong> survie du patient <strong>au</strong> bout <strong>de</strong> trois semaines, apparaît la phase <strong>de</strong><br />

fibrose, caractérisée par <strong>de</strong>s lésions pulmonaires irréversibles.<br />

Qui est atteint du syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire<br />

Le SDR frappe <strong>au</strong>ssi bien l’enfant que l’adulte. L’inci<strong>de</strong>nce annuelle en Europe est <strong>de</strong><br />

5 à 10 cas pour 100 000 habitants, soit <strong>de</strong> 25 000 à 50 000 nouve<strong>au</strong>x cas chaque<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

101


année. Le SDR s’observe partout où la qualité <strong>de</strong>s soins médic<strong>au</strong>x permet la survie <strong>de</strong><br />

patients victimes d’une agression directe <strong>de</strong>s cellules pulmonaires (SDR primitif) ou<br />

d’une agression indirecte <strong>au</strong> cours d’une réponse inflammatoire systémique aiguë<br />

(SDR secondaire). À partir du moment où se déclare la pathologie aiguë associée et<br />

s’installe le SDR, la situation évolue en quelques heures, voire en quelques jours. On<br />

observe fréquemment une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence pendant laquelle la détresse respiratoire<br />

est pratiquement silencieuse, à l’exception d’une respiration difficile avec murmure<br />

vésiculaire et radiographies pulmonaires norm<strong>au</strong>x.<br />

Le SDR est l’une <strong>de</strong>s pneumopathies les plus fréquentes chez le prématuré, qui touche<br />

environ 10 % <strong>de</strong>s naissances avant terme. L’inci<strong>de</strong>nce du SDR diminue en proportion<br />

inverse du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maturité à la naissance. Il se manifeste chez 60 % <strong>de</strong>s très grands<br />

prématurés (moins <strong>de</strong> 28 semaines <strong>de</strong> grossesse), 30 % <strong>de</strong>s grands prématurés (entre<br />

28 et 34 semaines <strong>de</strong> grossesse) et chez moins <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong>s prématurés ayant passé le<br />

cap <strong>de</strong> la 34ème semaine. Le SDR atteint rarement les enfants nés à terme.<br />

Chez le prématuré, le syndrome est dû <strong>au</strong> déficit ou à l’absence <strong>de</strong> surfactant pulmonaire<br />

naturel, substance chimique qui est normalement sécrétée par le poumon mature.<br />

Le surfactant est produit par <strong>de</strong>s cellules intra-alvéolaires, les pneumocytes <strong>de</strong><br />

type II. Il <strong>for</strong>me un film à la surface <strong>de</strong>s alvéoles qui a pour fonction <strong>de</strong> réduire le travail<br />

ventilatoire en diminuant la tension superficielle du liqui<strong>de</strong> alvéolaire. Les symptômes<br />

apparaissent généralement peu <strong>de</strong> temps après la naissance et s’aggravent progressivement.<br />

Les facteurs <strong>de</strong> risque sont la prématurité, le diabète maternel et le<br />

stress pendant l’accouchement. Le développement <strong>de</strong>s poumons ne s’achevant pas<br />

avant l’âge <strong>de</strong> huit ans, l’effet du SDR sur le jeune enfant peut être plus péjoratif que<br />

chez l’enfant plus âgé ou chez l’adulte.<br />

La mortalité est difficile à déterminer en raison du grand nombre <strong>de</strong> lésions et <strong>de</strong> processus<br />

pathologiques sous-jacents susceptibles <strong>de</strong> déclencher le SDR. En dépit <strong>de</strong> la<br />

sophistication <strong>de</strong>s normes <strong>au</strong>xquelles répon<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>jourd’hui les soins intensifs, on<br />

estime à près <strong>de</strong> 35 % la mortalité associée <strong>au</strong> SDR.<br />

Quels sont les traitements existants<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> traitement spécifique du SDR <strong>de</strong> l’adulte. Les patients reçoivent un<br />

traitement symptomatique, comme un remplissage vasculaire pru<strong>de</strong>nt en intraveineux.<br />

L’intubation trachéale et le recours à la ventilation mécanique – oxygénothérapie et<br />

application d’une pression positive sur les voies aériennes (PEP, pression expiratoire<br />

positive) afin d’éviter le collapsus alvéolaire – s’imposent généralement en présence <strong>de</strong><br />

signes cliniques et radiologiques évocateurs d’une aggravation <strong>de</strong> la pneumopathie.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

102<br />

Le monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO) inhalé s’avère normaliser le rapport ventilation/perfusion<br />

et le shunt intrapulmonaire; toutefois, <strong>au</strong>cun essai clinique randomisé n’a documenté<br />

une amélioration du sort du patient. Il semble qu’il existe une association entre<br />

l’amélioration induite par l’inhalation <strong>de</strong> NO et l’amélioration <strong>de</strong> l’issue clinique.<br />

L’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s résistances vasculaires pulmonaires observée dans le SDR entraîne<br />

un accroissement du travail cardiaque. L’adéquation du débit cardiaque est fonction<br />

<strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> du ventricule droit à <strong>au</strong>gmenter sa capacité <strong>de</strong> pompage. Les substances<br />

inotropes positives sont souvent employées en raison <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation du<br />

débit cardiaque qu’elles induisent sans effet vasoconstricteur notable sur les vaisse<strong>au</strong>x<br />

pulmonaires.<br />

Les agents modulateurs confirmés <strong>de</strong> la réaction inflammatoire comme les corticoï<strong>de</strong>s,<br />

la prostaglandine E1 (PGE1), les antioxydants, les antifongiques et les inhibiteurs <strong>de</strong><br />

la phosphodiestérase se sont jusqu’à présent révélés impuissants à améliorer la mortalité,<br />

bien que certaines étu<strong>de</strong>s aient pu mettre en évi<strong>de</strong>nce une amélioration du<br />

score LIS (pour lung injury score – score <strong>de</strong> lésion pulmonaire) et <strong>de</strong> l’oxygénation,<br />

ainsi qu’une diminution <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> nouvelles défaillances viscérales.


Le traitement substitutif standard avec du surfactant exogène est utilisé chez le prématuré<br />

et l’enfant présentant un SDR. Il existe différentes <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> surfactant exogène,<br />

notamment un surfactant bovin et un surfactant <strong>de</strong> synthèse. Le produit d’origine<br />

bovine renferme <strong>de</strong>s protéines associées <strong>au</strong> surfactant et <strong>de</strong> l’alcool cétylique<br />

comme agent dispersant. Le surfactant synthétique contient <strong>de</strong>s protéines associées<br />

<strong>au</strong> surfactant et <strong>de</strong>s phospholipi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> surfactant pulmonaire humanisé facilitant<br />

l’adsorption <strong>de</strong>s lipi<strong>de</strong>s.<br />

Le SDR étant une pathologie susceptible <strong>de</strong> toucher le prématuré, tout doit être mis<br />

en oeuvre pour permettre à la mère <strong>de</strong> mener sa grossesse à terme. Une prise en charge<br />

prénatale adaptée est la meilleure garantie d’une diminution<br />

du nombre <strong>de</strong>s naissances prématurées. En cas d’entrée en travail<br />

trop précoce, on administre <strong>de</strong>s <strong>médicaments</strong> appelés bêta-<br />

2 mimétiques afin <strong>de</strong> contrôler la menace d’accouchement prématuré<br />

et différer celui-ci jusqu’<strong>au</strong> terme normal <strong>de</strong> la grossesse,<br />

ou <strong>au</strong> moins jusqu’à ce que l’indice <strong>de</strong> maturité pulmonaire fœtale<br />

soit satisfaisant. L’administration <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s à la mère <strong>de</strong>ux<br />

à trois jours avant l’accouchement peut stimuler la production <strong>de</strong><br />

surfactant et réduire la probabilité <strong>de</strong> SDR.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

Les modèles anim<strong>au</strong>x adultes et non-adultes <strong>de</strong> SDR suggèrent<br />

que la ventilation liqui<strong>de</strong> partielle avec <strong>de</strong>s perfluorocarbones peut<br />

s’avérer cliniquement utile. <strong>Des</strong> essais cliniques sont en cours.<br />

Capillaires<br />

Fin 2003, les résultats d’étu<strong>de</strong>s cliniques <strong>de</strong> phase III ont montré<br />

que le surfactant exogène synthétique humanisé est <strong>au</strong> moins<br />

équivalent <strong>au</strong> surfactant porcin dans le traitement du SDR chez le<br />

prématuré avec un poids <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> 600 à 1 200 g. Le surfactant<br />

synthétique humanisé offre l’avantage <strong>de</strong> pouvoir être produit<br />

en quantités pratiquement illimitées. Au premier trimestre 2004, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’agrément<br />

<strong>de</strong> ce produit dans la prévention du SDR chez le prématuré a été déposée<br />

<strong>au</strong>près <strong>de</strong> la FDA <strong>au</strong>x États-Unis. Fin 2004, la préparation a fait l’objet d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> mise sur le marché pour l’Union européenne dans l’indication <strong>de</strong> prévention<br />

et traitement du SDR.<br />

Artère<br />

Alvéoles pulmonaires<br />

Alvéole<br />

Veine<br />

À l’avenir, il est prévu <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s surfactants exogènes associés à <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

antibiotiques ciblant les pneumopathies. On a en outre suggéré l’utilisation <strong>de</strong>s surfactants<br />

dans le traitement du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui entre<br />

dans la catégorie <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong> détresse respiratoire aigus. Parmi les <strong>au</strong>tres surfactants<br />

en développement figurent <strong>de</strong>ux préparations, l’une d’origine bovine et l’<strong>au</strong>tre<br />

d’origine porcine, cette <strong>de</strong>rnière faisant actuellement l’objet d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase III<br />

dans la prise en charge <strong>de</strong>s lésions pulmonaires aiguës et le SDR <strong>de</strong> l’adulte.<br />

Les chercheurs s’emploient activement <strong>au</strong>jourd’hui à i<strong>de</strong>ntifier les patients à h<strong>au</strong>t<br />

risque <strong>de</strong> mortalité, ce qui permettra <strong>de</strong> mieux cerner ceux qui pourraient tirer bénéfice<br />

d’<strong>au</strong>tres options thérapeutiques comme l’oxygénation extracorporelle par oxygénateur<br />

à membrane.<br />

Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

Les améliorations apportées à la prise en charge symptomatique <strong>de</strong>s patients atteints<br />

<strong>de</strong> SDR et une meilleure compréhension <strong>de</strong> ce syndrome ont contribué à la baisse <strong>de</strong><br />

la mortalité qui lui est associée. En Europe, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> mortalité est tombé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

60 % en 1990 à environ 35 % en 2000. L’exploration <strong>de</strong> la réponse inflammatoire<br />

qui signe le SDR se poursuit et <strong>de</strong>vrait permettre d’orienter les thérapeutes vers <strong>de</strong>s<br />

options encore plus spécifiques <strong>de</strong> chaque sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie et, ainsi, <strong>de</strong> réduire<br />

encore davantage la mortalité.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

103


Troubles anxieux<br />

Que sont les troubles anxieux<br />

De toutes les maladies mentales, les troubles anxieux (<strong>au</strong>trefois dénommés “névrose<br />

d’angoisse”) sont ceux que l’on rencontre le plus fréquemment, essentiellement sous<br />

la <strong>for</strong>me d’anxiété généralisée, <strong>de</strong> trouble panique, d’anxiété sociale (<strong>au</strong>trefois<br />

dénommée “phobie sociale”) et <strong>de</strong> TOC (trouble obsessionnel compulsif). Chacune <strong>de</strong><br />

ces <strong>for</strong>mes constitue une entité pathologique; toutefois, elles sont toutes liées par un<br />

dénominateur commun, à savoir une terreur et un dégoût irrationnels.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

104<br />

L’anxiété généralisée est caractérisée par une tension psychologique et un souci/une<br />

préoccupation chroniques et excessifs, même en l’absence d’événement provocateur.<br />

Ce trouble est diagnostiqué chaque fois qu’un patient s’angoisse pendant plus <strong>de</strong> six<br />

mois <strong>au</strong> sujet <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> la vie quotidienne que tout un chacun surmonterait,<br />

par exemple petits problèmes <strong>de</strong> santé, financiers, <strong>de</strong> famille ou <strong>au</strong> travail. En règle<br />

générale, les sujets prennent conscience <strong>de</strong> la disproportion <strong>de</strong> leur(s) réaction(s) par<br />

rapport à la situation réelle. Ce trouble est habituellement d’intensité légère et les personnes<br />

qui en sont victimes ne se sentent pas particulièrement limitées dans leur vie<br />

sociale ou en situation d’évitement <strong>de</strong>vant certaines circonstances. Toutefois, les <strong>for</strong>mes<br />

sévères <strong>de</strong> ce trouble peuvent être extrêmement invalidantes, perturbant considérablement<br />

les activités quotidiennes.<br />

Les troubles paniques créent un sentiment <strong>de</strong> terreur soudain et répétitif, sans le<br />

moindre signe d’alerte. En cas <strong>de</strong> crise <strong>de</strong> panique, les patients décrivent palpitations,<br />

hypersudation, faiblesse, perte <strong>de</strong> conscience ou vertiges/étourdissements. Alors que<br />

la durée <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s crises <strong>de</strong> panique est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2 minutes, elle peut<br />

atteindre une quinzaine <strong>de</strong> minutes dans certains cas. <strong>Des</strong> patients évitent les activités<br />

quotidiennes telles que faire les courses et conduire un véhicule; fondamentalement,<br />

ils développent une peur morbi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s espaces libres et <strong>de</strong> rassemblement et évitent<br />

toute situation dans laquelle ils pourraient ne pas trouver <strong>de</strong> secours en cas <strong>de</strong><br />

nouvelle crise <strong>de</strong> panique. Lorsque la vie quotidienne comporte <strong>de</strong>s restrictions <strong>au</strong>ssi<br />

lour<strong>de</strong>s, on parle <strong>de</strong> “agoraphobie”, du grec “agora”, gran<strong>de</strong> place publique <strong>au</strong> centre<br />

<strong>de</strong> l’Athènes antique où étaient regroupés tribun<strong>au</strong>x, temples et bâtiments<br />

publics et où les hommes se rencontraient quotidiennement pour discuter affaires, et<br />

“phobia”: peur.


La phobie sociale est un trouble caractérisé par une peur intense, persistante et déraisonnable<br />

d’être observé(e) ou évalué(e) <strong>de</strong> manière négative par les <strong>au</strong>tres dans le<br />

cadre <strong>de</strong> situations <strong>de</strong> per<strong>for</strong>mance ou d’interactions sociales. Ce trouble s’accompagne<br />

d’une souffrance considérable et <strong>de</strong> la récurrence <strong>de</strong> pensées suicidaires. Près <strong>de</strong><br />

80 % <strong>de</strong>s patients présentent différentes <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> maladie mentale, essentiellement<br />

<strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s dépressifs majeurs, <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la personnalité et un abus <strong>de</strong> substances<br />

psychoactives. Il y a encore peu <strong>de</strong> temps, les symptômes <strong>de</strong> la phobie sociale<br />

étaient négligés ou assimilés, à tort, à <strong>de</strong>s traits norm<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la personnalité relevant<br />

<strong>de</strong> la timidité.<br />

Les personnes atteintes <strong>de</strong> TOC (trouble obsessionnel compulsif) sont tourmentées<br />

par <strong>de</strong>s pensées intolérables, inopportunes et persistantes ou par la nécessité impérative<br />

et irrésistible <strong>de</strong> s’adonner à certains rituels. Elles peuvent être obsédées par les<br />

microbes ou la poussière et se laver les mains <strong>de</strong> manière répétitive ou être constamment<br />

la proie <strong>de</strong> doutes les amenant à vérifier sans relâche les choses qui les entourent.<br />

Les pensées dérangeantes ou inquiétantes sont appelées “obsessions” et les<br />

rituels pratiqués pour évacuer celles-ci sont appelés “compulsions”. La plupart <strong>de</strong>s<br />

adultes souffrant <strong>de</strong> ces troubles reconnaissent l’absurdité <strong>de</strong> leur comportement tout<br />

en avouant ne pouvoir y mettre un terme. L’évolution <strong>de</strong> la pathologie est variable:<br />

avec le temps, les symptômes peuvent tout <strong>au</strong>ssi bien s’atténuer ou s’aggraver progressivement.<br />

Les troubles anxieux sont<br />

les plus répandus <strong>de</strong> toutes<br />

les affections mentales.<br />

Ils sont caractérisés<br />

par <strong>de</strong>s craintes et par<br />

une terreur exagérée et<br />

irrationnelle. Ils peuvent<br />

ainsi considérablement<br />

perturber la vie quotidienne.<br />

La recherche étudie les<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement<br />

du cerve<strong>au</strong> et espère mettre<br />

<strong>au</strong> point <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

traitements.<br />

Qui est atteint <strong>de</strong> troubles anxieux<br />

L’étroite corrélation qui existe entre dépression et anxiété se trouve à l’origine <strong>de</strong> l’extrême<br />

variabilité <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s épidémiologiques <strong>de</strong> l’anxiété. Le nombre <strong>de</strong><br />

patients souffrant uniquement d’anxiété sur les cinq princip<strong>au</strong>x marchés européens en<br />

2002 a été estimé à 30 millions. Le risque <strong>de</strong> développer <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la vie (risque<br />

“vie entière”) un trouble anxieux est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20 % dans la population masculine<br />

et <strong>de</strong> 30 % dans la population féminine.<br />

L’anxiété généralisée s’installe progressivement et frappe le plus souvent les patients<br />

dans l’enfance ou à l’adolescence, bien qu’elle puisse également surgir à l’âge adulte.<br />

Plus fréquente chez la femme que chez l’homme, elle touche près <strong>de</strong> trois millions<br />

<strong>de</strong> personnes en Europe. Les troubles paniques concernent quelque quatre millions<br />

d’Européens et sont <strong>de</strong>ux fois plus fréquents chez la femme que chez l’homme. Susceptibles<br />

d’apparaître à tout âge, ils se manifestent le plus souvent pour la première<br />

Ventricule<br />

Cortex<br />

frontal<br />

Striatum<br />

Hypothalamus<br />

Tronc cérébral<br />

Thalamus<br />

Locus<br />

niger<br />

Cervelet<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

Coupe simplifiée du cerve<strong>au</strong> humain<br />

105


fois chez le jeune adulte. Le fait d’avoir connu une fois une crise <strong>de</strong> panique ne signifie<br />

pas que le sujet développera un trouble panique. La phobie sociale touche environ<br />

cinq millions d’Européens adultes. Hommes et femmes sont ég<strong>au</strong>x <strong>de</strong>vant ce trouble,<br />

lequel apparaît généralement dans l’enfance ou la prime adolescence et semble être<br />

déterminé par <strong>de</strong>s facteurs génétiques. Cette affection s’accompagne souvent d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>for</strong>mes d’anxiété ou <strong>de</strong> dépression. Les TOC affectent environ trois millions d’Européens<br />

adultes, femmes et hommes étant touchés dans <strong>de</strong>s proportions approximativement<br />

égales, et se manifestent pour la première fois dans l’enfance, à l’adolescence<br />

ou dans les premières années <strong>de</strong> l’âge adulte.<br />

Quels sont les traitements actuels<br />

En général, la plupart <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> troubles anxieux répon<strong>de</strong>nt favorablement<br />

<strong>au</strong> traitement médicamenteux ou à une psychothérapie soigneusement<br />

ciblée. Le choix <strong>de</strong> l’une ou <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre <strong>de</strong> ces <strong>for</strong>mes <strong>de</strong> traitement, voire l’association<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux, est fonction <strong>de</strong>s préférences manifestées<br />

par le patient et le mé<strong>de</strong>cin mais également <strong>de</strong> la<br />

nature même du trouble anxieux. Dans tous les cas,<br />

l’inst<strong>au</strong>ration d’un traitement précoce <strong>de</strong>s troubles<br />

anxieux laisse théoriquement présager une diminution<br />

<strong>de</strong> la morbidité à long terme. Les principales<br />

classes <strong>de</strong> <strong>médicaments</strong> utilisées dans le traitement<br />

<strong>de</strong>s divers troubles anxieux sont les antidépresseurs,<br />

les tranquillisants et les bêtabloquants.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

La classe <strong>de</strong>s antidépresseurs se regroupe essentiellement<br />

<strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s molécules appartenant <strong>au</strong>x<br />

familles <strong>de</strong>s azapirones et <strong>de</strong>s inhibiteurs sélectifs<br />

<strong>de</strong> la recapture <strong>de</strong> la sérotonine (ISRS) ou <strong>de</strong>s composés<br />

tricycliques ou encore <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> la<br />

monoamine oxydase (IMAO). Avec ces <strong>médicaments</strong>,<br />

plusieurs semaines seront nécessaires pour<br />

voir les symptômes commencer à s’estomper. Les<br />

azapirones, agonistes partiels <strong>de</strong>s récepteurs (sérotoninergiques) 5-HT 1 , sont utilisées<br />

pour traiter les troubles anxieux en général. Les ISRS sont couramment prescrits dans<br />

les troubles paniques, la phobie sociale et les TOC. Les tricycliques sont utiles dans le<br />

traitement <strong>de</strong>s troubles anxieux et la dépression. Pareillement, le traitement débute à<br />

doses faibles qui seront <strong>au</strong>gmentées progressivement. Ils s’avèrent <strong>au</strong>ssi efficaces que<br />

les ISRS dans les troubles anxieux <strong>au</strong>tres que les TOC. Les IMAO constituent la classe<br />

d’antidépresseurs la plus ancienne. Ils sont utiles dans les cas <strong>de</strong> trouble panique et<br />

<strong>de</strong> phobie sociale.<br />

Les tranquillisants <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s benzodiazépines atténuent rapi<strong>de</strong>ment les symptômes<br />

anxieux et sont généralement bien tolérés. En raison du risque <strong>de</strong> développement<br />

d’une tolérance, les tranquillisants sont ordinairement prescrits sur <strong>de</strong> courtes<br />

pério<strong>de</strong>s, à l’exception <strong>de</strong>s troubles paniques, indication où ils peuvent être utilisés <strong>de</strong><br />

six mois à douze mois consécutifs. Enfin les bêtabloquants, couramment prescrits dans<br />

les pathologies cardiaques, ont également fait la preuve <strong>de</strong> leur utilité dans le traitement<br />

<strong>de</strong> la phobie sociale, en particulier lorsqu’il est possible <strong>de</strong> prévoir à l’avance une<br />

situation redoutée par le patient.<br />

Quels sont les traitements en développement<br />

De nouve<strong>au</strong>x antidépresseurs sont à l’étu<strong>de</strong> dans le traitement <strong>de</strong>s troubles anxieux<br />

dans le cadre d’essais cliniques <strong>de</strong> phase II et III. En outre, diverses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase<br />

III en cours <strong>de</strong> réalisation cherchent à déterminer si l’association <strong>de</strong> plusieurs molécules<br />

peut rapi<strong>de</strong>ment améliorer les symptômes qui caractérisent les troubles<br />

anxieux.<br />

106


Quelles sont les perspectives à plus long terme<br />

La recherche pharmacologique aboutit à la mise <strong>au</strong> point <strong>de</strong> traitements plus per<strong>for</strong>mants<br />

qui peuvent ai<strong>de</strong>r la plupart <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> troubles anxieux à mener<br />

une vie plus productive et plus satisfaisante. La recherche fondamentale s’attache<br />

également à explorer les c<strong>au</strong>ses, le diagnostic, la prévention et le traitement <strong>de</strong>s troubles<br />

anxieux. Dans ce but, les chercheurs exploitent les outils les plus sophistiqués qui<br />

existent <strong>au</strong>jourd’hui afin <strong>de</strong> déterminer les c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong>s troubles cérébr<strong>au</strong>x sous-jacents.<br />

Ceux-ci sont complexes et sont probablement la résultante d’une combinaison <strong>de</strong> facteurs<br />

génétiques, comportement<strong>au</strong>x et développement<strong>au</strong>x.<br />

Différentes parties du cerve<strong>au</strong> jouent un rôle clé dans l’inter-relation extrêmement<br />

dynamique qui donne naissance <strong>au</strong>x émotions <strong>de</strong> peur et d’anxiété. L’essentiel <strong>de</strong> la<br />

recherche se concentre sur l’amygdale, petite structure cérébrale profon<strong>de</strong> en <strong>for</strong>me<br />

d’aman<strong>de</strong> qui semble occuper la fonction <strong>de</strong> centre <strong>de</strong>s communications entre les<br />

zones cérébrales traitant les sign<strong>au</strong>x sensoriels entrants et les zones chargées <strong>de</strong> les<br />

interpréter. La recherche explore également l’hippocampe, <strong>au</strong>tre structure cérébrale<br />

responsable du traitement <strong>de</strong>s stimuli tr<strong>au</strong>matiques ou <strong>de</strong> peur. L’hippocampe joue un<br />

rôle crucial en permettant d’enco<strong>de</strong>r les in<strong>for</strong>mations dans les différentes mémoires.<br />

La recherche a également découvert que d’<strong>au</strong>tres zones du cerve<strong>au</strong>, le ganglion basal<br />

et le striatum, sont impliquées dans les TOC.<br />

Grâce à l’approfondissement <strong>de</strong> notre connaissance <strong>de</strong>s circuits cérébr<strong>au</strong>x impliqués<br />

dans la peur et l’anxiété, il <strong>de</strong>vient possible d’imaginer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x traitements plus<br />

spécifiques. Par exemple, il se peut que l’on soit capable d’accroître l’influence du “cerve<strong>au</strong><br />

rationnel” sur l’amygdale, mettant ainsi les réponses émotionnelles <strong>de</strong> peur et<br />

d’anxiété sous contrôle conscient.<br />

DES MÉDICAMENTS AU SERVICE DE L’HUMANITÉ<br />

107


© Geursen Consulting<br />

Heiligenbergstrasse 3<br />

D – 69121 Hei<strong>de</strong>lberg<br />

Courriel: robert.geursen@geursen-consulting.<strong>de</strong><br />

Internet: www.geursen-consulting.<strong>de</strong><br />

Editeur<br />

Robert G. Geursen, Docteur en Mé<strong>de</strong>cine, Ph. D.<br />

Conçu pour la Fédération européenne d’Associations<br />

et d’Industries pharmaceutiques (EFPIA).<br />

Traduction française:<br />

<strong>au</strong>torisée par Geursen Consulting, préparée<br />

par Cyril Sitbon (A. A. A. Traductions, Paris)<br />

et IPAC Traduction (Paris), revue par LEEM<br />

et supervisée par le Dr. Jean-Marie Muschart (HCS)<br />

Photos: ABPI, Fondation Damien, EFPIA-<br />

Lan<strong>de</strong>r Loeckx, Gal<strong>de</strong>rma, Roche, sanofi-aventis<br />

Illustrations: ABPI, Hilaire Pletinckx<br />

<strong>Des</strong>ign:<br />

Megaluna+Triumviraat, Bruxelles (Belgique)<br />

Imprimeur:<br />

Arte-Print, Bruxelles (Belgique)<br />

© La brochure «<strong>Des</strong> <strong>médicaments</strong> <strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>de</strong> l’humanité»<br />

est mise à disposition pour <strong>au</strong>tant qu’<strong>au</strong>cun<br />

élément (y compris les photos) n’en soit reproduit ou<br />

extrait sans l’<strong>au</strong>torisation préalable <strong>de</strong> la Fédération<br />

européenne d’Associations et d’Industries pharmaceutiques<br />

(EFPIA). Les photos publiées ne peuvent en<br />

<strong>au</strong>cun cas être utilisées à <strong>de</strong>s fins commerciales ou<br />

en relation avec <strong>de</strong>s activités commerciales et/ou<br />

promotionnelles.<br />

Edition anglaise: mai 2005<br />

Traduction française: juillet 2005

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