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juillet 2005 - Vol. 30 - No 3 - Chambre de la sécurité financière

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PROTECTION DU PUBLIC<br />

questions qu’il faut pour bien connaître<br />

son client et pouvoir exploiter cette<br />

dynamique <strong>de</strong> façon productive – même<br />

s’il arrive au client <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s qu’un initié peut trouver<br />

irréalistes ou contradictoires a priori (12 %<br />

<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment sans aucun risque, par<br />

exemple). C’est ce qui ressort c<strong>la</strong>irement<br />

d’un troisième élément clé du Règlement<br />

sur <strong>la</strong> déontologie dans les disciplines <strong>de</strong><br />

valeurs mobilières :<br />

Article 5 : Le représentant doit appeler à <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>nce<br />

le client qui passe un ordre non sollicité<br />

paraissant ne pas convenir à sa situation.<br />

Rappelons enfin, comme l’a aussi fait le<br />

comité <strong>de</strong> discipline <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chambre</strong>, que<br />

« <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s investissements recommandés<br />

par un représentant doit être<br />

fonction du profil du client investisseur et<br />

non pas seulement fonction du potentiel<br />

<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment. » 2<br />

Bien que nous ayons là un cas assez<br />

extrême à plusieurs égards, reste que tout<br />

part <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> profil rigoureux en<br />

début <strong>de</strong> mandat. Certes, rien n’obligeait<br />

le représentant à faire remplir et signer un<br />

questionnaire précis à cette dame qui<br />

sollicitait ses services. Mais comment bien<br />

connaître un client si l’on n’établit pas<br />

son profil détaillé d’entrée <strong>de</strong> jeu et si l’on<br />

ne s’assure pas hors <strong>de</strong> tout doute que le<br />

client est d’accord avec les données sur<br />

lesquelles reposeront ensuite les stratégies<br />

d’investissement <strong>de</strong> son capital Que<br />

d’ennuis et <strong>de</strong> pertes le représentant aurait<br />

évités, tant pour lui que pour sa cliente,<br />

en prenant une petite heure pour régler<br />

les choses avec professionnalisme!<br />

Des moyens simples <strong>de</strong> protéger<br />

vos clients… en vous protégeant<br />

aussi vous-même !<br />

• Bien que <strong>la</strong> loi et le Règlement ne l’exigent<br />

pas explicitement, vous <strong>de</strong>vez établir<br />

vous-même dès le départ un profil<br />

détaillé pour chacun <strong>de</strong> vos clients.<br />

• En outre, il est très fortement recommandé<br />

d’établir ce profil par écrit et <strong>de</strong> le faire<br />

signer au client en guise d’approbation,<br />

après vous être assuré(e) que le document<br />

traduisait bel et bien sa situation ainsi que<br />

ses contraintes et ses objectifs.<br />

• Si <strong>de</strong>ux conjoints, par exemple, partagent<br />

un même compte et font <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>cements<br />

communs, il est extrêmement sage <strong>de</strong><br />

dresser un profil distinct pour chacun<br />

d’eux, puisqu’ils n’ont pas forcément <strong>la</strong><br />

même tolérance au risque ni les mêmes<br />

objectifs exacts. Cette pratique vous<br />

permet notamment <strong>de</strong> déceler les éventuelles<br />

contradictions que vous risquez<br />

32 Sécurité financière <strong>Vol</strong>. <strong>30</strong>, n˚3<br />

d’avoir à gérer ou à tirer au c<strong>la</strong>ir pour<br />

procurer au couple le meilleur ren<strong>de</strong>ment<br />

possible <strong>de</strong> son capital. Encore une fois, il<br />

ne s’agit pas d’une stricte obligation<br />

réglementaire ou juridique, mais d’une<br />

pratique fort recommandable qui vous<br />

permet <strong>de</strong> prouver, au besoin, que vous<br />

n’avez rien à vous reprocher.<br />

•Il est également souhaitable <strong>de</strong> mettre<br />

chaque profil à jour <strong>de</strong> façon proactive –<br />

une fois l’an, ou chaque fois que vous<br />

constatez ou soupçonnez un changement<br />

dans <strong>la</strong> situation du client. Ce profil soustendant<br />

toute votre stratégie <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cement,<br />

c’est agir en professionnel que d’en<br />

vérifier régulièrement <strong>la</strong> pertinence, même<br />

si le client lui-même n’en prend pas l’initiative.<br />

Le moindre signe d’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa<br />

part <strong>de</strong>vrait vous mettre <strong>la</strong> puce à l’oreille.<br />

• Consultez attentivement le profil <strong>de</strong><br />

chaque client avant <strong>de</strong> prendre une<br />

décision ou <strong>de</strong> formuler une recommandation,<br />

et assurez-vous que cette décision<br />

ou cette recommandation colle<br />

parfaitement aux paramètres du profil.<br />

Car même le profil le plus complet et le<br />

plus à jour ne sert à rien si l’on en fait<br />

abstraction une fois le moment venu <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>cer <strong>de</strong>s fonds.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier conseil peut surprendre mais,<br />

hé<strong>la</strong>s, il s’impose. Au Bureau du syndic <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>Chambre</strong>, en effet, <strong>de</strong>s consommateurs<br />

se p<strong>la</strong>ignent notamment <strong>de</strong> représentants<br />

qui connaissent bel et bien leur profil,<br />

mais font <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cement qui n’en<br />

tiennent pas compte.<br />

De graves dérogations sous<br />

prétexte <strong>de</strong> nobles intentions<br />

En septembre 2004, par exemple, le comité<br />

<strong>de</strong> discipline a rendu un verdict <strong>de</strong> culpabilité<br />

3 contre un représentant ayant<br />

incité une cliente à contracter, sur une<br />

pério<strong>de</strong> d’environ <strong>de</strong>ux ans, pas moins <strong>de</strong><br />

quatre prêts d’investissement (souvent<br />

appelés « prêts leviers »). La cliente lui<br />

avait pourtant expliqué d’entrée <strong>de</strong> jeu<br />

qu’elle se trouvait dans une situation<br />

précaire, et à quelques années à peine <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> retraite. Elle avait également avoué sa<br />

profon<strong>de</strong> méconnaissance <strong>de</strong>s marchés<br />

financiers et sa faible tolérance au risque.<br />

Selon les conclusions du comité <strong>de</strong> discipline,<br />

le représentant a donc c<strong>la</strong>irement<br />

manqué à ses obligations réglementaires<br />

en choisissant pour elle une formule à<br />

long terme, et essentiellement réservée<br />

aux investisseurs audacieux – mentant même<br />

sur les enjeux pour <strong>la</strong> rallier à cette formule.<br />

Chose ironique : les premiers prêts ont<br />

effectivement permis d’atteindre rapi<strong>de</strong>-<br />

ment les objectifs <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cliente parce qu’il régnait une conjoncture<br />

favorable à cette époque. Jugeant sans<br />

doute que <strong>la</strong> fin justifiait les moyens et<br />

que le marché lui donnait raison, le représentant<br />

s’est alors acharné dans sa<br />

stratégie en recommandant <strong>de</strong>s prêts<br />

supplémentaires, mettant ainsi en péril les<br />

gains réalisés. Or, même les meilleures<br />

intentions du mon<strong>de</strong> et <strong>la</strong> quasi-certitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> pouvoir dépasser les objectifs d’un<br />

client ne peuvent légitimer pareil<br />

comportement <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’un professionnel<br />

du secteur financier. Car le respect<br />

d’un profil d’investisseur revêt tout autant<br />

d’importance que le contenu <strong>de</strong> ce profil,<br />

comme en témoigne une fois <strong>de</strong> plus cette<br />

décision du comité <strong>de</strong> discipline. ✛<br />

1 Dossier CD00-0522 : M e Françoise Bureau, cosyndic <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Une obligation qui donne<br />

matière à réflexion…<br />

Il n’y a pas que le comité <strong>de</strong> discipline <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>Chambre</strong> qui se soit prononcé, ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, sur l’obligation du<br />

représentant <strong>de</strong> bien connaître ses clients.<br />

On trouve aussi <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong> nos<br />

tribunaux qui parlent <strong>de</strong> « l’obligation<br />

primordiale <strong>de</strong> bien connaître son client et<br />

<strong>de</strong> bien i<strong>de</strong>ntifier les objectifs poursuivis ».<br />

Dans le cadre d’un recours en dommages<br />

et intérêts 4 , un juge a notamment condamné<br />

l’accusé à rembourser les pertes <strong>de</strong><br />

son client (une somme considérable),<br />

justement pour cause <strong>de</strong> non-respect <strong>de</strong><br />

cette obligation.<br />

Bien connaître ses clients, quand on œuvre<br />

sur <strong>la</strong> scène financière d’aujourd’hui, c’est<br />

ne rien tenir pour acquis et aller constamment<br />

au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> leurs véritables<br />

besoins, même tacites. <strong>No</strong>n seulement<br />

pour apporter les bonnes solutions, mais<br />

aussi pour pouvoir vite prouver, au besoin,<br />

que le ren<strong>de</strong>ment décevant <strong>de</strong> certains<br />

p<strong>la</strong>cements tient aux inévitables fluctuations<br />

du marché plutôt qu’à une quelconque<br />

erreur ou négligence <strong>de</strong> notre part.<br />

<strong>Chambre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité financière, c. Denis Bergeron, représentant.<br />

Décision sur culpabilité rendue le 25 mars <strong>2005</strong>.<br />

Au moment <strong>de</strong> mettre sous presse, Denis Bergeron avait<br />

porté <strong>la</strong> décision en appel.<br />

2 Voir aussi <strong>la</strong> décision sur culpabilité CD00-0521, rendue le<br />

4 novembre 2004 (Me Micheline Rioux, représentante,<br />

ès qualité <strong>de</strong> syndic <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chambre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité financière,<br />

c. <strong>No</strong>rmand Casaubon, conseiller en sécurité financière et<br />

représentant en épargne collective) : « … <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s<br />

investissements recommandés par un représentant doit être<br />

fonction du profil du client investisseur et non pas seulement<br />

fonction du potentiel <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment. » (page 9)<br />

3 Dossier CD00-0538 : Me Micheline Rioux, représentante,<br />

ès qualité <strong>de</strong> syndic <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chambre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité financière,<br />

c. Yves Patenau<strong>de</strong>, représentant. Décision sur culpabilité<br />

rendue le 14 décembre 2004.<br />

4 Roy c. P<strong>la</strong>cement Armand Laf<strong>la</strong>mme Inc.; [1998] R.J.Q. 765<br />

(CA).

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