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ILS EN PARLENT<br />
PRODUITS COSMETIQUES,<br />
UNE PREMIERE APPROCHE<br />
Jean-François PLEINARD<br />
<strong>A3P</strong> Experts<br />
jean-francois.pleinard@wanadoo.fr<br />
Définition<br />
Les produits cosmétiques<br />
sont réglementés par la<br />
Directive Européenne<br />
N° 76 / 768 /CEE<br />
(27/07/76), et ses sept<br />
amendements. Cette<br />
Directive a été transcrite<br />
en droit français<br />
seulement à partir de<br />
l’année 2000 (L. 5132-1).<br />
La définition des produits<br />
cosmétiques est la<br />
suivante :<br />
« On entend par produit cosmétique toute substance<br />
ou préparation destinée à être mise en contact avec les<br />
diverses parties superficielles du corps humain<br />
(épiderme, système pileux et capillaire, ongles, lèvres<br />
et organes génitaux externes) ou avec les dents et les<br />
muqueuses buccales, en vue exclusivement ou<br />
principalement de les nettoyer, de les parfumer, d’en<br />
modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en<br />
bon état ou de corriger les odeurs corporelles. »<br />
Les Autorités de tutelle<br />
En France les autorités de tutelle sont :<br />
• AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire<br />
des Produits de Santé).<br />
• DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence de<br />
la consommation et de la Répression des Fraudes).<br />
L’AFSSAPS s’intéresse plus particulièrement aux aspects<br />
de la production et de la sécurité des produits. La<br />
DGCCRF se consacre plus aux allégations (dossier<br />
justificatif des propriétés cosmétiques revendiquées).<br />
Les Personnes Qualifiées<br />
Il peut exister plusieurs Personnes Qualifiées dans les<br />
sociétés cosmétiques. La plus importante à notre avis<br />
est celle qui statue sur la sécurité pour la santé humaine<br />
du produit. Les autres Personnes Qualifiées sont en<br />
relation avec la production, il s’agit des responsables<br />
de la fabrication, du conditionnement, de l’importation,<br />
des contrôles qualité, de la détention du stock de<br />
matières premières –produits finis, une seule et même<br />
personne peut bien évidemment couvrir tous les aspects<br />
de la production. Les Personnes Qualifiées sont déclarées<br />
auprès des autorités de tutelle.<br />
Le « dossier cosmétique »<br />
Il ne s’agit pas obligatoirement d’un dossier structuré<br />
comme celui destiné à l’obtention d’une AMM. Il n’y a<br />
pas d’autorisation préalable à la mise sur le marché de<br />
la part des autorités de tutelle. Le fabricant doit tenir<br />
à la disposition des autorités de tutelles les informations<br />
suivantes :<br />
• La formule qualitative et quantitative du produit. Il<br />
existe des matières premières dont l’utilisation est<br />
interdite dans les produits cosmétiques, d’autres sont<br />
interdites sauf dans des produits particuliers (c’est<br />
par exemple le cas du fluor qui est autorisé dans les<br />
produits d’hygiène buccale à une concentration<br />
inférieure à 1500 ppm). Les conservateurs, les filtres<br />
solaires et les colorants autorisés sont mentionnés<br />
dans la directive et ses amendements.<br />
• Les spécifications physico-chimiques et<br />
microbiologiques des matières premières et du produit<br />
fini<br />
• La méthode de fabrication conformément aux Bonnes<br />
Pratiques<br />
• L’évaluation de la sécurité pour la santé humaine du<br />
produit fini<br />
• Le nom et l’adresse des Personnes Qualifiées<br />
responsables de l’évaluation de la sécurité.<br />
• Les données existantes en matière d’effets indésirables<br />
(cosmétovigilance)<br />
• Les preuves de l’effet revendiqué par le produit<br />
cosmétique lorsque la nature de l’effet ou du produit<br />
le justifie, par exemple l’hydratation des couches<br />
superficielles de l’épiderme.<br />
• Le dépôt aux centres anti-poisons.<br />
La traçabilité des modifications apportées aux divers<br />
éléments du « Dossier Cosmétique » doit être assurée.<br />
Les Bonnes Pratiques de Production<br />
La Directive fait référence aux Bonnes Pratiques de<br />
Fabrication, or la réglementation n’a pas encore prévu<br />
de référentiel. Il ne peut s’agir des BPF<br />
pharmaceutiques. Le seul texte semi officiel est celui<br />
du Conseil de l’Europe de 1994. La profession utilise<br />
plus volontiers les Bonnes Pratiques émises par le Colipa<br />
( European Cosmetic Toiletry and Perfume Association)<br />
ou par l’IKW (Industrieverband Körperpflege und<br />
Waschmittel).<br />
Des textes sont en cours d’élaboration, l’un par l’UE<br />
(031/ENTR/COS/58), l’autre, beaucoup plus avancé, par<br />
l’ISO (ISO/CD.22716), ce dernier devrait être publié en<br />
janvier 2008. Ce texte pourra-t-il devenir opposable sur<br />
un plan européen ou devrait-il faire partie de la<br />
législation locale ?<br />
Evaluation de la sécurité<br />
Le protocole sur la protection et le bien être des animaux<br />
et sa déclinaison dans le 7ème amendement de la<br />
directive sur les produits cosmétiques fait que depuis<br />
le 11 septembre 2004, il n’est plus possible de tester les<br />
produits finis cosmétiques chez l’animal.<br />
L’évaluation de la sécurité se base donc sur le profil<br />
toxicologique de chaque composant. L’utilisation de<br />
méthodes alternatives, lorsqu’elles existent, est possible.<br />
Ces méthodes doivent avoir été préalablement validées<br />
par le Centre Européen pour la Validation des Méthodes<br />
Alternatives (ECVAM). Depuis août 2004 les essais<br />
précliniques, doivent être réalisés selon les BPL (Bonnes<br />
Pratiques de Laboratoire).<br />
Des expérimentations peuvent être réalisées chez<br />
l’Homme, il est possible de citer à titre d’exemple les<br />
tests d’irritation primaire, la mesure des indices de<br />
protection solaire, les tests de sensibilisation, les tests<br />
d’usage, etc…. Pour certains de ces tests, il est<br />
nécessaire en particulier chez l’enfant ou lorsque l’on<br />
pratique des tests invasifs de travailler selon la loi Huriet.<br />
C’est une des raisons pour lesquelles ces tests in vivo<br />
sont souvent pratiqués à l’étranger.<br />
Le programme européen « REACH » devrait également<br />
impacter les évaluations de sécurité de ces produits.<br />
Publicité<br />
• Les mentions obligatoires sur le conditionnement<br />
découlent de diverses législations :<br />
- Nom du responsable de la mise sur le marché et lieu<br />
de détention du dossier cosmétique.<br />
- La fonction du produit<br />
- Formule qualitative dans l’ordre décroissant des<br />
ingrédients. Les ingrédients sont dénommés sous<br />
leur appellation commune dite INCI (International<br />
Nomenclature of Cosmetic Ingredients). Certaines<br />
substances allergisantes, même si elles sont<br />
contenues dans des compositions parfumantes,<br />
doivent être indiquées.<br />
- Les précautions particulières d’emploi liées à<br />
l’utilisation d’ingrédients à usage réglementé.<br />
- Les mentions variables : numéro de lot et<br />
péremption. La péremption appelée la durabilité<br />
maximale, doit figurer obligatoirement sur le<br />
conditionnement des produits si celle ci est<br />
inférieure à 30 mois. Dans le cas des produits dont<br />
la durabilité est supérieure à 30 mois, le responsable<br />
de la mise sur le marché doit indiquer la durée<br />
d’utilisation autorisée après ouverture (PAO), sous<br />
la forme d’un pictogramme constitué par un pot<br />
ouvert avec dans son corps un nombre de mois.<br />
- Poids ou volume (données métrologiques),<br />
éventuellement la conformité à la réglementation<br />
sur les produits pré-dosés. Il est nécessaire de<br />
disposer sur le conditionnement de l’adresse où<br />
l’administration des fraudes pourra trouver les<br />
enregistrements des contrôles métrologiques, elle<br />
est assez souvent indiquée sous la forme d’un code<br />
emballeur (Embxxxxx).<br />
- Mentions en relation avec le recyclage des articles<br />
de conditionnement.<br />
- etc.<br />
• La publicité pour les produits cosmétiques, n’est pas<br />
soumise à autorisation des autorités de tutelle.<br />
Toutefois, lorsque les produits cosmétiques souhaitent<br />
avoir des revendications de bienfait pour la santé, les<br />
messages publicitaires, y compris les textes des articles<br />
de conditionnement doivent solliciter auprès de<br />
l’AFSSAPS un visa PP. Il est possible de citer à titre<br />
d’exemple les produits contre la chute des cheveux<br />
ou favorisant la repousse, les produits destinés à<br />
prévenir ou à lutter contre les vergetures….<br />
• L’archivage des textes indiqués sur les articles de<br />
conditionnement et les publicités doit être organisé<br />
de telle sorte que les autorités de tutelle puissent<br />
vérifier les allégations par rapport au dossier<br />
cosmétique en vigueur lors de leur parution.<br />
EN CONCLUSION<br />
En fait c’est le responsable de la mise sur le marché qui<br />
s’autorise lui-même à commercialiser un produit<br />
cosmétique, après qu’il ait réuni les éléments du «<br />
Dossier Cosmétique » et que la Personne Qualifiée ait<br />
statué sur la sécurité du produit. Alors, le produit peut<br />
être commercialisé dans toute l’UE, les différences<br />
locales du point de vue réglementaire consistant<br />
essentiellement en l’information des centres antipoisons.<br />
La réglementation en matière de qualité se rapprochera<br />
dans les années prochaines de celles du médicament,<br />
toutefois il sera nécessaire de trouver des adaptations,<br />
car le nombre de lancement dans l’Industrie Cosmétique<br />
est sans commune mesure avec celui des médicaments,<br />
on est dans le domaine du rêve, de la mode !<br />
Le plus important problème auquel est confrontée<br />
l’Industrie Cosmétique est celui de l’évaluation de la<br />
sécurité des produits qu’elle met sur le marché. En effet<br />
contrairement au médicament, pour lequel la notion de<br />
bénéfice/ risque peut être admise, le risque ne peut être<br />
envisageable dans le cadre de produits de confort et<br />
d’esthétique. L’expert toxicologue, ne pouvant plus<br />
travailler sur l’animal, doit se baser sur le profil<br />
toxicologique des ingrédients, sur des données obtenues<br />
par de trop rares méthodes alternatives, sur ses<br />
connaissances concernant des formulations similaires<br />
pour autoriser les quelques essais sur l’homme qui lui<br />
permettront de se prononcer sur la sécurité du produit<br />
avant le lancement. Il faut noter en particulier, qu’étant<br />
donné la complexicité des formules cosmétiques, des<br />
réactions chimiques sont possibles entre les divers<br />
ingrédients des formules, et que celles-ci ne sont pas<br />
obligatoirement connues ou prévisibles. D’où une<br />
nécessité pour le toxicologue de s’entourer de l’avis d’un<br />
chimiste.<br />
Dans les années à venir les contrôles des autorités de<br />
tutelle vont être appelés à se renforcer. ■<br />
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