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nuanCes 42 - HEMU

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DOSSIERTRAVAUX DE BACHELOR ET DE MASTER© Lisa BiardDOSSIERTRAVAUX DE BACHELOR ET DE MASTER« Au cœur des lames» :origine, fonctionnementet fabrication del'accordéon de concertTravail de bachelor de Lisa BiardSi l'on pouvait encore en douter il y a quelques années, l'accordéon aaujourd'hui sa place légitime dans les hautes écoles de musique. Etudiantede Stéphane Chapuis placée sous le tutorat d'Angelika Güsewell, Lisa Biardlivre un travail de bachelor richement documenté dans lequel on apprendbeaucoup non seulement sur l'histoire de l'instrument et de son répertoire,mais également sur les enjeux de sa facture actuelle. A la faveur d'un reportageréalisé dans la « capitale mondiale » de la fabrication des accordéonsclassiques – la petite ville de Castelfidardo en Italie, où Lisa est allée trouverles représentants des marques Zero Sette & Bugati et Pigni –, elle dresseun tableau étonnant de cette profession méconnue.« Lors de ma rencontre avec Monsieur RobertoOtavinelli, directeur de la fabrique Zero Sette &Bugari à Castelfidardo, nous avons beaucoup discutéde l'évolution des fabriques sur les cinquantedernières années et plusieurs constatationsintéressantes en sont ressorties. Jusque dans lesannées 1960-1970, les fabriques en Italie étaientplus grandes et avec beaucoup plus d'ouvriers(Farfisa ou Excelsior par exemple, avaient deux àtrois mille ouvriers). Puis, les syndicats ont luttépour de meilleurs salaires, les coûts de productionsont devenus plus élevés et, en quelques annéesseulement, ont explosé, entraînant la disparitionde plusieurs grandes maisons comme Soprani,Guerini, Paramante ou Universal.» Les ouvriers sont devenus plus indépendants,aidés par leur épouse à la maison, pour baisser lesprix de fabrication. En effet, à l'époque, l'accordéonétait un instrument cher et qui n'apportait pasbeaucoup de prestige dans les grandes familles.Les associations de marque ont permis de baisserles coûts de fabrication, permettant ainsi àl'accordéon d'avoir une vie acceptable. A l'avenir,on assistera certainement à une concentration demarques commerciales qui continueront leur viebien définie, mais sous un même toit. Actuellement,les principales fabriques d'accordéon classiquesont basées à Castelfidardo. Contrairement à il y aquelques années encore, il en reste très peu en Allemagne,à Trossingen (la marque Hohner est chinoiseà présent). Les usines en Chine ont compris que celacoûtait très cher et font une production type plutôtindustrielle. En Italie, les usines sont plus petites etdonc plus flexibles et précises.» Les manufactures que j'ai visitées comptententre trente et quarante personnes qui travaillentmain dans la main. Selon les possibilités, lesjeunes qui apprennent le métier suivent quelquescours, mais le principal de la formation se faitdans la fabrique même, où des maîtres expertstransmettent leur expérience, leur savoir-faire etleurs connaissances aux jeunes. Il faut une grandemotivation pour apprendre les différents métiersde la facture de l’accordéon. En effet, c'est untravail de précision, très difficile, qui demande unegrande concentration, une main agile, une bonneoreille. D’autres critères auxquels on pense moinssont également importants, comme avoir une mainsèche pour éviter les risques de rouille – l'acierétant trempé et non de l'inox, si l'artisan a de lasueur sur les mains, on pourra observer des pointsde rouille un an plus tard. En Italie (contrairementà la Chine par exemple), la vitesse de productionest moins importante que la qualité du travail. Lesfabriques veulent vraiment faire au mieux, avec letemps que cela demande.» Chaque partie de l'accordéon demande unmétier bien spécifique : un luthier pour le bois, unepersonne pour polir l'accordéon, une troisième quis'occupe des tiges en métal de la main gauche, dela main droite, une personne pour la pose des voix,des peaux aussi, une personne qui fait l'assemblageà la cire, une autre pour les registres, encoreune pour l'accordage manuel et une différente pourle contrôle d'accordage électronique… Chaqueouvrier a une spécialisation bien précise. Chaquemanufacture a son accordeur officiel [Lisa Biardtermine son travail par une rencontre fort intéressanteavec l'accordeur-réparateur Dominique Salgatde Fully, ndlr]. Chaque marque a son identité, que cesoit dans l'esthétique de l'instrument ou dans lesdétails du montage. Certaines fabriques utilisentplus de bois différents que d'autres, certainesrespectent des traditions de fabrication alors qued'autres cherchent toujours à se moderniser.» Il faut six à huit mois pour construire unaccordéon, depuis le moment où l'on scie le boisjusqu’au moment où il quitte la manufacture.La production italienne représente neuf centspièces par année. Cela peut paraître beaucoup,mais il faut savoir qu'au début des années 1970 lafabrique Guerini produisait cinq cents accordéonspar mois. Notons que la grande marque Yamaha, àla même période, est venue à Castelfidardo pour yfaire des accordéons et a abandonné, voyant combienc'était long et délicat ! Plus l'accordéon vieillit,plus il prend de la valeur. Monsieur Otavinelli m'aexpliqué que l'instrument se stabilise, que le boisgagne en sonorité, et que le tout s'amalgamepour devenir progressivement un corps unique.Les pièces s'épousent les unes les autres. Le toutmûrit pour ne former plus qu'un tout et atteindreainsi son maximum d'expression musicale. » .« Chaque partiede l'accordéondemande un métierbien spécifique. »08 nuancesn° <strong>42</strong>© Lisa Biard

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