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La fréquence des accouchements gémellaires en France - Ined

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902 G. PISON, N. COUVERTtype ; la nouveauté est la hausse du taux de gémellité pour les femmesayant att<strong>en</strong>du longtemps pour concevoir; elle est particulièrem<strong>en</strong>t prononcéepour celles ayant 30-39 ans, qui ont sans doute recouru plus souv<strong>en</strong>taux traitem<strong>en</strong>ts contre la stérilité.<strong>La</strong> plus forte <strong>fréqu<strong>en</strong>ce</strong> de grossesses <strong>gémellaires</strong> chez les couplesobt<strong>en</strong>ant rapidem<strong>en</strong>t une grossesse après s’être mariés, relativem<strong>en</strong>t àceux qui mett<strong>en</strong>t plus longtemps à concevoir, s’observe donc quels quesoi<strong>en</strong>t l’âge de la femme et la période – le XVIII e siècle (<strong>en</strong>tre 1670et 1829), le milieu du XX e siècle (<strong>en</strong>tre 1940 et 1969) ou la fin duXX e siècle (<strong>en</strong>tre 1970 et 1999). Les couples hyperfertiles ont donc bi<strong>en</strong>une plus forte prédisposition à avoir <strong>des</strong> jumeaux que les autres. Et l’hypothèsed’une sélection <strong>des</strong> couples les plus fertiles pour expliquer le picde gémellité de la première guerre mondiale est bi<strong>en</strong> confirmée.Il n’y a pas eu de pic p<strong>en</strong>dant la seconde guerre mondiale. Aucontraire, le taux de gémellité standardisé a poursuivi la baisse amorcéedans les années 1920, pour atteindre pratiquem<strong>en</strong>t les plus bas niveaux dela première moitié du XX e siècle. On l’a expliqué par la sous-alim<strong>en</strong>tationdont souffrait une partie de la population, sous-alim<strong>en</strong>tation qui diminue la<strong>fréqu<strong>en</strong>ce</strong> <strong>des</strong> grossesses <strong>gémellaires</strong> lorsqu’elle est grave (Bulmer, 1970).À supposer qu’il y ait eu une baisse liée à la nutrition, elle n’a pas été comp<strong>en</strong>séepar un mouvem<strong>en</strong>t opposé à la hausse, comme p<strong>en</strong>dant la premièreguerre. Des couples ont bi<strong>en</strong> été séparés par la mobilisation <strong>des</strong> hommes audébut de la guerre, mais la mobilisation n’a pas duré et beaucoup d’hommessont r<strong>en</strong>trés, les autres étant faits prisonniers. Ces derniers n’avai<strong>en</strong>tpas de permission et leurs femmes, même les plus fertiles, ne pouvai<strong>en</strong>tconcevoir. À la fin de la guerre, les prisonniers sont r<strong>en</strong>trés, mais ils étai<strong>en</strong>tbeaucoup moins nombreux que ceux mobilisés p<strong>en</strong>dant la première guerremondiale ; l’év<strong>en</strong>tuel pic de gémellité provoqué par leur retour a parailleurs été noyé dans la hausse plus générale liée au début du baby-boom.ConclusionNous avons montré que la proportion d’<strong>accouchem<strong>en</strong>ts</strong> <strong>gémellaires</strong>avait varié dans une fourchette de près de 1 à 2 au cours <strong>des</strong> trois dernierssiècles <strong>en</strong> <strong>France</strong>. Proche de 15 p. 1 000 au début du XVIII e siècle, elle aretrouvé ce niveau élevé à la fin du XX e siècle après avoir baissé et être restéeà un niveau nettem<strong>en</strong>t plus bas <strong>en</strong>tre-temps. Le haut niveau actuel estlié à <strong>des</strong> causes semblables <strong>en</strong> partie seulem<strong>en</strong>t à celles qui opérai<strong>en</strong>t aucours du XVIII e siècle. <strong>La</strong> forte gémellité du début du XVIII e t<strong>en</strong>ait principalem<strong>en</strong>tà ce que les femmes avai<strong>en</strong>t leur premier <strong>en</strong>fant tardivem<strong>en</strong>t, car ellesse mariai<strong>en</strong>t tard ; elles continuai<strong>en</strong>t par ailleurs à avoir <strong>des</strong> <strong>en</strong>fantsjusqu’à <strong>des</strong> âges élevés, la limitation <strong>des</strong> naissances étant peu pratiquée.L’âge moy<strong>en</strong> à la maternité était donc élevé, avec une proportion notable dematernités aux âges où le taux de gémellité est maximum (<strong>en</strong>tre 35 et40 ans). Au début du XXI e siècle, les maternités sont redev<strong>en</strong>ues tardives,

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