Percevoir la forêt et la gestion forestière - Professorship of ...

7territoires où ils laissaient pâturer le bétail, étaient des forêt clairsemées, des pâturagesboisés ou un espace à usage alternant? Pouvait-on séparer la forêt des champs, lorsquel’agriculture et l’exploitation forestière se succédaient sur les mêmes lieux? Dansl’optique des paysans et des villageois d’autrefois il était dans doute plus important defaire la distinction entre les champs et les jardins cultivés par le foyer à proximitéimmédiate du village, et, les surfaces où s’exerçaient différents usages sur lesquellesl’ensemble la population villageoise avait des droits et qui étaient gérées en commun.L’approvisionnement en bois de chauffage et de construction se faisait aux abordsimmédiats des villages, mais les zones plus lointaines gagnèrent de l’importance avecl’augmentation de la population et des besoins. Les peuplements de feuillus et debuissons, avec des essences dont les rejets de souche pouvaient être régulièrementexploités, étaient favorisés. Des dictons comme ”Le bois et la mauvaise herbe croissentpour tous les hommes” ou ”Le bois et les dommages croissent chaque jour” exprimaientque le ravitaillement en bois était une évidente réalité mais aussi une nécessitéélémentaire pour tous les habitants. L’approvisionnement des villes avec des quantitésde bois toujours en augmentation demandait d’importants efforts. Elles acquirent desdroits d’exploitation et des titres de propriété dans les domaines forestiers voisins ouconclurent des contrats de fermage et de livraison pour assurer les quantités énormesde bois de chauffage et de construction qu’elles utilisaient chaque année. Desrèglements locaux furent établis dans le but de conserver le bois en tant que ressourcelocale. Le Frankenspiegel, où sont transcrits les droits coutumiers en vigueur vers 1330dans certaines régions d’Allemagne, contenait par exemple le principe de coupeslimitées et non dévastatrices. Les règlements de villages, de corporations, demonastères, de villes et ceux édictés ensuite par les seigneurs locaux posaient desemblables exigences. Des mesures précises concernaient l'interdiction d'abattre lesarbres fruitiers et les essences importantes pour couvrir les besoins locaux. A proximitédes villages et des villes, le bois était réservé pour l'approvisionnement local et attribuépar lots annuels. Après les coupes, les surfaces étaient protégées contre la pâturejusqu'à ce que le rajeunissement fût garanti.D’autres activités étaient pratiquées à grande échelle dans les forêts. Jusqu’au XIX°siècle, les noisettes, les fruits sauvages, les baies, les champignons, mais également lesfaines et les glands étaient largement récoltés. Racines, feuilles, fruits, écorces etbranches étaient employés en pharmacopée, comme colorants, ou pour nettoyer etfabriquer des ustensiles ménagers. Certains bois durs et tendres d’espèces très variéesétaient nécessaires à l'artisanat local. Les villageois et surtout les artisans avaient des