Percevoir la forêt et la gestion forestière - Professorship of ...

17L’application du principe de durabilité favorisa plusieurs formes de traitement des forêts.Dans les régions où dominaient les chênaies et les hêtraies, le taillis sous futaiereprésentait un modèle d'exploitation systématique et à grande échelle. Ce régimecombinait la production de bois de feu par rejets de souche, et la production de grumespar sélection de certains arbres qu’on conservait sur plusieurs cycles de coupe de boisde chauffage. Le taillis sous futaie constitue encore aujourd'hui une forme de gestionimportante, mais de nombreuses forêts où cette forme prévalait, ont à partir du milieu duXIX° siècle été converties en futaie. En Allemagne, par exemple, la régénération deforêts par grandes surfaces et la gestion de forêts par peuplements réguliers devenaientles bases d'une sylviculture en plein développement. Des considérations à la foistechniques et économiques menaient à un aménagement de peuplements au termed'une période de révolution déterminée et au rajeunissement par surface. Le semis derésineux et des grandes plantations d'épicéas ou de pins permettaient de reboiser lessurfaces exploitées dont les conditions de rajeunissement naturelles étaient difficiles,voir impossibles, à l’époque. Les résineux furent systématiquement favorisés car ilscorrespondaient aux objectifs économiques selon lesquels les éclaircies et la coupefinale de peuplements d’un même âge devaient permettre un accroissement de laproduction ligneuse. Dans les Alpes et, dans une moindre mesure, dans les régions demoyenne montagne on continuera de pratiquer dans beaucoup de cas une exploitationsélective en combinaison avec un rajeunissement naturel. Ces pratiques ont entre-tempsévoluées vers diverses formes de traitement sylvicole comme la futaie jardinée où lesarbres sont exploités pied par pied, ou des futaies rajeunies par petites surfaces.L’apparition d'une exploitation soutenue des forêts fut suscitée par l'évolutiontechnologique et l'internationalisation des marchés du bois. L'essor économiquedéclencha une hausse de la demande de bois d'oeuvre et créa de nouvelles possibilitéspour commercialiser les assortiments de haute valeur. Parallèlement à cela, l'expansionrapide de l'utilisation du minerai de charbon au cours du XIX° siècle eut desconséquences majeures. En diminuant la pression sur le bois en tant que sourced'énergie, elle modifia de manière radicale les conditions cadres de l’utilisation desforêts. Elles étaient depuis lors perçues comme ressources renouvelables pouvant êtremises en valeur pour favoriser l'essor industriel et économique d’un pays. Cechangement d'attitude constitua l’élément décisif pour le passage d'une exploitation régielocalement à un système de production soutenue de bois à grande échelle. L’utilisationdes forêts est devenu la base d’un secteur de l’économie moderne fonctionnant d'aprèsle principe de la gestion d’une ressource renouvelable. Les solutions pour sa mise enoeuvre ont été développées à partir de modèles scientifiques qui permirent d'adapterl'intensité des coupes au potentiel de production des peuplements à long terme. La