2nombreux travaux de <strong>la</strong> dernière décennie qui analysent, soit au niveau local <strong>et</strong> régional,soit dans un contexte national, les conditions économiques, sociales <strong>et</strong> politiques qui ontdéterminé l’étendue des actions de l’homme sur <strong>la</strong> forêt. Les réflexions <strong>et</strong> les évolutionsesquissées se réfèrent ainsi essentiellement à ces trois pays. Elles peuvent cependantd’une manière générale, s’appliquer aux problématiques d’autres pays européens touten considérant que <strong>la</strong> diversité de <strong>la</strong> végétation forestière <strong>et</strong> les conditions quidéfinissent le développement des économies <strong>et</strong> des politiques forestières ont mené àdes évolutions bien spécifiques. 11. Végétation forestière <strong>et</strong> répartition des forêts - résultat du milieu naturel <strong>et</strong> del'action humaineLa répartition des forêts <strong>et</strong> l'intensité avec <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> végétation a été influencée parl’activité humaine sont le résultat de facteurs naturels <strong>et</strong> de processus dedéveloppements culturels. Ce<strong>la</strong> s’applique aux forêts exploitées durant des siècles avecdes modifications importantes de <strong>la</strong> végétation, mais également aux zones boisées quise trouvent en apparence encore dans un état peu influencé par l'homme. Les originespeuvent en être très différentes, comme une valeur particulière donnée par <strong>la</strong> collectivitéà <strong>la</strong> forêt ou bien le faible intérêt économique donné à son utilisation. Les limites entreune forêt <strong>et</strong> l’espace ouvert <strong>et</strong> les différences entre une forêt intensivement exploitée <strong>et</strong>une autre presque sans intervention humaine dépendent des valeurs <strong>et</strong> des besoinssociaux, des potentiels économiques <strong>et</strong> des réglementations politiques. Dans ce sens,toutes les forêts, y compris celles qui sont considérées comme des forêts proches de <strong>la</strong>nature, sont des espaces modelés par l'homme <strong>et</strong> des paysages formés par sa culture.Les zones climatiques <strong>et</strong> des étages de végétation en altitude, les sols <strong>et</strong> <strong>la</strong> morphologie,ainsi que les exigences spécifiques des essences sont des facteurs déterminants pour <strong>la</strong>végétation forestière. Ce sont avant tout les températures annuelles moyennes durant <strong>la</strong>période de végétation, les limites du froid <strong>et</strong> de sécheresse, les régimes hydriques dusol, ainsi que l’exposition des sites qui influencent <strong>la</strong> diversité des espèces <strong>et</strong> despeuplements. Les conditions naturelles de développement de <strong>la</strong> végétation fontapparaître que, sans les interventions de l'homme, de <strong>la</strong>rges superficies européennes1 Parmi les collections d‘articles sur les diverses conditions des forêts, de leurs utilisations <strong>et</strong> leurs <strong>gestion</strong>s dans différentesrégions <strong>et</strong> pays européens, on peut citer Arnould 1997, Cavaciocchi 1996, Schmithüsen 1996 <strong>et</strong> 1998, Semmler 1991. Pourl’évolution en France, voir en particulier les publications du Centre Historique des Archives Nationales 1997, Corvol 1997,Corvol <strong>et</strong> al. 1997, Ka<strong>la</strong>ora 1981 <strong>et</strong> celles notées dans <strong>la</strong> section 6 de <strong>la</strong> bibliographie.
3seraient recouvertes de forêts de feuillus 2 . Mais ce ne sont pas uniquement lesprocessus naturels qui ont marqué l'enchaînement actuel de <strong>la</strong> végétation. L'influencemillénaire de l'homme fut dans une <strong>la</strong>rge mesure déterminante quant à <strong>la</strong> répartition <strong>et</strong> <strong>la</strong>composition floristique des forêts. Au cours de <strong>la</strong> longue histoire de <strong>la</strong> colonisation desterres, des surfaces forestières ont été transformées en champs <strong>et</strong> en pâturages, puisune partie des zones colonisées sont r<strong>et</strong>ournées en friche. Des paysages variés se sontformés dont les enchaînements de végétation sont parfois encore bien visibles. Larépartition actuelle des espèces ne reflète que partiellement <strong>la</strong> végétation forestière quisans l'intervention de l'homme serait encore présente. Une indication importante poursavoir dans quelle mesure les forêts correspondent ou se rapprochent de <strong>la</strong> végétationnaturelle est donnée par l'état <strong>et</strong> le développement des sols <strong>et</strong> de <strong>la</strong> flore au sol.C’est ainsi qu’aujourd’hui les zones boisées de l’Europe forment une mosaïque depaysages différenciés <strong>et</strong> souvent en rapide changement, où se succèdent notammentdes associations forestières proches de <strong>la</strong> végétation naturelle, formées de feuillus <strong>et</strong> derésineux, des forêts <strong>et</strong> des c<strong>la</strong>irières, <strong>la</strong>rgement modifiées par les activités humaines, oubien des associations de succession <strong>et</strong> des pâturages boisés. Les peuplements les plusfréquents <strong>et</strong> les plus étendus sont constitués de hêtres (Fagus silvatica), d'épicéas(Picea abies), de sapins (Abies alba), de pins sylvestres (Pinus silvestris), de chênespédonculés <strong>et</strong> sessiles (Quercus robur, Quercus p<strong>et</strong>raea), de charmes (Carpinusb<strong>et</strong>ulus), de bouleaux (B<strong>et</strong>u<strong>la</strong> pendu<strong>la</strong>), <strong>et</strong> d'aulnes glutineux (Alnus glutinosa). D'autresessences comme le frêne (Fraxinus excelsior), les érables sycomore <strong>et</strong> champêtre (Acerpseudop<strong>la</strong>tanus <strong>et</strong> Acer campestre), le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), l<strong>et</strong>remble (Populus tremu<strong>la</strong>), le merisier (Prunus avium), le bouleau pubescent (B<strong>et</strong>u<strong>la</strong>pubescens) <strong>et</strong> le saule (Salix fragilis), puis principalement en montagne le mélèze (Larixdecidua) <strong>et</strong> l'arole (Pinus cembra), sont re<strong>la</strong>tivement fréquentes mais dominent plutôtlocalement. Plus rarement <strong>et</strong> présents sur de p<strong>et</strong>ites surfaces, on trouve l'orme desmontagnes (Ulmus g<strong>la</strong>bra) <strong>et</strong> d'autres espèces d'ormes (Ulmus <strong>la</strong>evis, Ulmus minor),l'érable p<strong>la</strong>ne (Acer p<strong>la</strong>tanoides), les tilleuls à grandes <strong>et</strong> à p<strong>et</strong>ites feuilles (Tiliap<strong>la</strong>typhyllos, Tilia cordata), le saule (Salix alba), le peuplier noir (Populus nigra), le poirier(Pyrus pyraster) <strong>et</strong> le pommier (Malus silvestris) sauvages, l'alisier b<strong>la</strong>nc <strong>et</strong> torminal2 Pour le développement de <strong>la</strong> végétation en Europe depuis <strong>la</strong> période des g<strong>la</strong>ciations voir Lang 1994 ; pour <strong>la</strong> végétationactuelle <strong>et</strong> <strong>la</strong> répartition des ecosystèmes forestiers en Europe centrale <strong>et</strong> les Alpes, Ellenberg 1996 ; pour l’impact desactivités humaines <strong>et</strong> <strong>la</strong> répartition des peuplements <strong>et</strong> essences, Pott 1993. Konold 1996 <strong>et</strong> Küster 1995 montrent l’évolution<strong>et</strong> <strong>la</strong> diversité des paysages comme résultante des processus culturels <strong>et</strong> du milieu naturel. Dans une même optique Fischer1985 <strong>et</strong> Kempf 1985 donnent en exemple deux régions suisses en analysant principalement les conséquences deschangements de <strong>la</strong> superficie forestière.