Percevoir la forêt et la gestion forestière - Professorship of ...

9glandées de l’Evêché de Spire, par exemple, fixait pour les 6000 ha du domaine forestierdu Lusshardt à 20 000 le nombre de porcs pouvant entrer en forêt. Pour quelquescommunes, les années de glandée totale ont probablement dû avoir la mêmesignification qu'actuellement une bonne année vinicole.Des modes de gestion spécifiques apparurent: le taillis produisait exclusivement le boisde feu alors que le taillis sous futaie fournissait le bois de feu, du bois d'oeuvre et desglands dont se nourrissaient les porcs. Du XIV° au XVI° siècle on trouve des documentstémoignant de plantations de feuillus, surtout de chênes. Plus tard vinrent les premièresplantations de résineux. Ces mesures de développement durable concrétisaient lesbesoins et les exigences primordiales inhérentes à la culture paysanne. Le cultivateurétait conscient de l'interdépendance entre l'utilisation et les données naturelles et étaitforcé d’aménager la production en fonction des besoins futurs. Plus l'habitat et plusl'utilisation du sol s’intensifiaient, plus une prévision à long terme et une réglementationsociale devenaient importantes. Un agriculteur pouvait constater de visu si l'utilisationd'un sol était adaptée à son potentiel et si des modifications de l'exploitation avaient deseffets favorables ou défavorables pour la production. Celui qui exploitait un champ, unpâturage ou une forêt était confronté avec le fait que la quantité produite et consomméeétait limitée par le potentiel offert par la nature. Il était ainsi indispensable d’ajuster laconsommation journalière à une quantité qui assurerait celle du lendemain. Beaucoup depaysages montrent encore à nos jours ce souci de soigner le sol, les arbres et les zonesboisées et d'en accroître la productivité.Les systèmes de production mixte agro-forestière, que nous trouvons encore dans despays en développement, étaient largement répandue du Moyen Age à la fin du XIX°siècle. Des désignations comme Hackwald (forêt travaillée à la houe), Hauwald (forêtabattue pour les semences), Reutberge (montagne défrichée) et Birkenberge (montagneoù apparaissent les bouleaux après une utilisation agricole temporaire) ou Schiffelland(terre où l’on gratte les cendres pour semer : culture sur brûlis) évoquent desparticularités typiques. La production de produits alimentaires après défrichement par lefeu et le travail du sol alternait avec celle du bois. Dans les régions de montagne à fortedensité d'habitants, où les vallées étroites n’offraient que peu de superficies agricoles etoù en même temps les feuillus permettaient une régénération par rejets de souche, laculture sylvo-agricole permettait de surmonter les difficultés d’approvisionnementlocales. De telles régions se trouvaient par exemple dans le Bas-Rhin, le Siegerland,l’Eifel, l’Hunsrück, l’Odenwald, la Forêt Noire et la Forêt bavaroise. Ce sont égalementdes régions où se pratiquaient des formes typiques d'exploitation de taillis dont la