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Atelier de Giuseppe Riva - ASPCo

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A propos <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> perfectionnement <strong>ASPCo</strong> du 2 juin 2012 donné par<strong>Giuseppe</strong> <strong>Riva</strong>“From technology to experience: the use of advanced technologies in clinicalpsychology”<strong>Giuseppe</strong> <strong>Riva</strong>, est Professeur Associé <strong>de</strong> Psychologie Générale et <strong>de</strong> Psychologie <strong>de</strong> la Communication à l’UniversitéCatholique <strong>de</strong> Milan, Italie. Il est également Directeur <strong>de</strong> l’Interactive Communication and Ergonomics of NewTechnologies – Laboratory et <strong>de</strong> l’Applied Technology for Neuro-Psychology Laboratory.Le Professeur <strong>Riva</strong> a conduit <strong>de</strong>s nombreuses recherches et publié <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s sur les métho<strong>de</strong>sd’évaluation en psychologie et sur l’utilisation <strong>de</strong> la réalité virtuelle en mé<strong>de</strong>cine et en psychologie.L’atelier donné par le Prof. <strong>Riva</strong> porte sur l’utilisation <strong>de</strong> la technologie avancée, en particulier la réalité virtuelle,dans le domaine <strong>de</strong> la psychologie clinique. L’exposé commence par une question fondamentale : « Pourquoi avonsnousbesoin <strong>de</strong> la technologie dans la pratique clinique ? ». La réponse à cette question fait l’objet <strong>de</strong> la premièrepartie <strong>de</strong> la journée, où le Prof. <strong>Riva</strong> cherche à mettre en évi<strong>de</strong>nce la pertinence, en termes théoriques etd’efficacité, d’une telle utilisation dans le cadre <strong>de</strong> la thérapie cognitivo-comportementale. La <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> lajournée porte plus précisément sur l’illustration <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la réalité virtuelle dans le traitement <strong>de</strong> certainsétats psychopathologiques, en particulier dans les troubles alimentaires.Le travail du Prof. <strong>Riva</strong> est issu du positive technology approach, qui utilise la technologie pour améliorer la qualité<strong>de</strong> l’expérience personnelle. Plus généralement, cette approche s’inscrit dans le cadre théorique <strong>de</strong> la psychologiepositive, qui met l’accent sur la force et les valeurs humaines, dans le but <strong>de</strong> promouvoir le développement <strong>de</strong>l’individu et <strong>de</strong> la société.Dans un tel contexte, la technologie permet <strong>de</strong> façonner l’expérience <strong>de</strong> l’individu <strong>de</strong> 3 manières différentes, enfonction du type <strong>de</strong> technologie employé :‣ La structuration : à travers la focalisations sur <strong>de</strong>s objectifs, la détermination <strong>de</strong> règles et la mise en place <strong>de</strong>stratégies pour orienter l’action <strong>de</strong> l’individu Social Media, Serious Gaming, Persuasive Technology, etc.‣ L’augmentation: <strong>de</strong> l’information mise à disposition <strong>de</strong> l’individu, qui peut se traduire dans une expériencemulti-sensorielle Augmented Reality (p.ex. smartphones), Mixed Reality, Neuroprosthetics, etc.‣ Le remplacement : <strong>de</strong> l’expérience réelle avec une expérience synthétique. La réalité virtuelle permet lasimulation d’un environnement non réel, dans lequel l’individu a la possibilité d’agir et <strong>de</strong> se sentir immergé Réalité Virtuelle (RV).Bien que toutes ces techniques puissent être utilisées, d’une façon ou d’une autre, à <strong>de</strong>s fins cliniques, l’atelierd’aujourd’hui se centre principalement sur la réalité virtuelle.La réalité virtuelle est à la fois une technologie permettant la simulation d’un environnement synthétique similaire àla réalité, et une interface <strong>de</strong> communication homme-ordinateur, permettant la présence et l’action <strong>de</strong> l’individudans le mon<strong>de</strong> virtuel.Du point <strong>de</strong> vue technologique, l’équipement hardware <strong>de</strong> base pour un emploi clinique <strong>de</strong> la RV n’est plus unproblème actuellement. Le matériel est facilement repérable et le prix contenu.Pour l’utilisation en clinique, la RV nécessite :‣ un ordinateur équipé d’une carte graphique permettant la visualisation en 3D.


‣ un casque pour la visualisation <strong>de</strong> l’environnement virtuel.‣ un indicateur <strong>de</strong> position (souvent intégré dans le casque). Le tracking <strong>de</strong> l’orientation et <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>l’utilisateur est fondamental : les informations sont envoyées à l’ordinateur, qui met à jour les imagesprojetées dans le casque, ce qui donne l’impression <strong>de</strong> se déplacer dans l’espace.L’équipement software est légèrement plus problématique que l’équipement hardware. La RV nécessite un logicielpermettant la création d’un environnement virtuel 3D, en fonction <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’individu (p.ex., lorsd’une phobie sociale, une salle <strong>de</strong> théâtre permettant l’exposition au public). Certaines compagnies ont placé sur lemarché <strong>de</strong>s protocoles d’intervention en RV déjà formatés, facilement accessibles et prêts à l’utilisation. Lesdésavantages que ce genre <strong>de</strong> produits comporte sont un prix élevé et, surtout, l’impossibilité <strong>de</strong> personnaliserl’environnement virtuel en fonction du système <strong>de</strong> sens <strong>de</strong> l’individu (p.ex., à travers l’ajout <strong>de</strong> photos ou vidéos duclient).A ce propos, les logiciels mis à disposition sur la plateforme open source créé par le groupe du Prof. <strong>Riva</strong>(www.neurovr2.org) sont une alternative intéressante. Le thérapeute a la possibilité <strong>de</strong> les télécharger gratuitementet <strong>de</strong> les installer sur son propre ordinateur, suivant les instructions du manuel d’utilisation également disponible enligne. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’aspect gratuit, le neuroVR 2 permet à <strong>de</strong>s utilisateurs débutants <strong>de</strong> personnaliser différentsscénarios virtuels, en fonctions <strong>de</strong>s besoins thérapeutiques.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s aspects techniques, la RV est une interface <strong>de</strong> communication homme-ordinateur. A travers l’expériencevirtuelle, la RV induit chez l’utilisateur les mêmes réponses cognitives et émotionnelles que celles normalementproduitent dans le mon<strong>de</strong> réel. Cela se révèle possible uniquement si la personne a l’impression d’être présentedans le mon<strong>de</strong> virtuel. Un sujet est « présent » lorsqu’il est capable d’agir intentionnellement dans un mon<strong>de</strong>extérieur. La « présence » (sensation d’être là, to being there) est un concept central <strong>de</strong> la RV, et dépend <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxordres <strong>de</strong> variables :i. Caractéristiques du medium : qualité graphique <strong>de</strong> l’image, niveau <strong>de</strong> réalisme <strong>de</strong> l’imageii. Caractéristiques <strong>de</strong> l’utilisateur : sensation <strong>de</strong> présence seulement si l’environnement a du sens pourl’utilisateur (d’où l’importance <strong>de</strong> pouvoir personnaliser l’environnement).Mais donc, quel serait l’avantage <strong>de</strong> la RV dans la psychologie clinique ?Pour répondre à cette question, le Prof. <strong>Riva</strong> part du constat que toutes les approches thérapeutiques visent unchangement dans la trajectoire du patient, et cela à travers l’application <strong>de</strong> différentes métho<strong>de</strong>s. De manièregénérale, selon Safran et Greenberg (1991), <strong>de</strong>rrière les approches spécifiques, il y a <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> changement :i. processus bottom-up changement par la focalisation sur les sensations qui conduit à un changement auniveau comportemental et conceptuel. processus cognitif <strong>de</strong> l’intuitionii.processus top-down changement par l’exploration et la mise en question <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s schémas<strong>de</strong> pensée qui gui<strong>de</strong>nt le comportement, et qui conduit éventuellement à un changement au niveau <strong>de</strong>ssensations. processus cognitif du raisonnementPour un clinicien, l’avantage principal <strong>de</strong> la RV consiste à la possibilité d’exploiter les 2 systèmes cognitifs dans lamême séance, à travers une expérience d’apprentissage par l’action. Par exemple, le patient et le thérapeuteexplorent une situation problématique et définissent ensemble la stratégie plus adaptée pour y faire face ; dans lamême séance, le patient a l’occasion <strong>de</strong> mettre à l’épreuve cette stratégie grâce à la simulation créée en RV etd’analyser son ressenti avec le thérapeute.L’apprentissage par l’action offert par l’expérience en RV comporte également les avantages suivants : i) l’actionfacilite le maintient <strong>de</strong> l’attention pendant la séance ii) les situations problématiques peuvent être décomposées endifférentes étapes, pour se focaliser sur <strong>de</strong>s objectifs à difficulté progressive iii) le fait d’ « agir » facilite lamotivation.


Plus spécifiquement, la RV apporte une valeur ajoutée aux cinq techniques principales <strong>de</strong> la TCC :‣ Exposition : la RV produit <strong>de</strong>s images et <strong>de</strong>s sensations plus intenses que la simple imagination, sans lesproblèmes <strong>de</strong> l’in vivo.‣ Self monitoring : la RV place le patient dans une situation réaliste, pendant laquelle thérapeute et patientpeuvent observer les réactions.‣ Restructuration cognitive : les questions du thérapeute et les réponses du patient sont contextualisées.‣ Résolution <strong>de</strong> problèmes : la RV favorise le brainstorming et permet un premier test <strong>de</strong>s solutionspotentielles.‣ Prévention <strong>de</strong> la rechute : la RV permet <strong>de</strong> tester les stratégies apprises et d’anticiper les réactionsémotionnelles et comportementales.La RV peut s’appliquer au traitement <strong>de</strong> différentes problématiques (anxiété généralisé, phobies, PTSD), mais la<strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l’atelier se focalise principalement sur le traitement <strong>de</strong>s troubles alimentaires.Le Prof. <strong>Riva</strong> part du constat que <strong>de</strong>rrière les troubles alimentaires, il y aurait une insatisfaction <strong>de</strong> la personne parrapport à son image corporelle. Il formule l’hypothèse que l’expérience <strong>de</strong> notre propre corps serait le résultat <strong>de</strong><strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> représentations distinctes:‣ Egocentrée : le corps est vu <strong>de</strong>puis l’intérieur, avec une focalisation sur les sensations proprioceptives.‣ Allocentrée : le corps est vu <strong>de</strong>puis l’extérieur, avec une focalisation sur les aspects visuels.Ces <strong>de</strong>ux représentations interagissent dans la mémoire épisodique : les images allocentrées à long terme sont misesà jour sur la base <strong>de</strong> l’expérience d’images égocentrées actuelles. Si le processus <strong>de</strong> mise à jour se bloque (stress,troubles, etc.), une distorsion <strong>de</strong> l’image corporelle peut se produire, ce qui induit le patient à faire l’expérience d’uncorps « passé ». La distorsion <strong>de</strong> l’image correspond à l’activation (induite par un indice extérieur) d’une imagecorporelle allocentrée passée, qui momentanément influence la proprioception <strong>de</strong> l’individu dans le présent. Decette distorsion découle l’insatisfaction du patient envers son propre corps.Un <strong>de</strong>s buts <strong>de</strong> la thérapie est <strong>de</strong> faciliter la mise à jour <strong>de</strong> l’image corporelle, pour amener le patient à fairel’expérience <strong>de</strong> son corps réel. Pour traiter cette problématique, un protocole TCC en RV a été implémenté. Lepatient observe son propre corps projeté dans le mon<strong>de</strong> virtuel : l’information visuelle (le vu tel qu’il est) entre enconflit avec les informations proprioceptives (l’individu se perçoit plus gros <strong>de</strong> ce qu’il est réellement), et uneréorganisation sensorielle <strong>de</strong>vient nécessaire. Pendant cette réorganisation, le patient est amené à produire uneaction egocentrée (p.ex. passer à travers <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> différente taille), qui facilite la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> soncorps réel et stimule la mise à jour <strong>de</strong> l’ancienne image biaisée.A côté <strong>de</strong> ce type d’intervention, d’autres métho<strong>de</strong>s TCC peuvent être intégrées au protocole en RV (p.ex., l’imageryrescripting), en fonction <strong>de</strong>s besoins et <strong>de</strong>s buts thérapeutiques.D’un point <strong>de</strong> vue strictement pratique, les sessions en RV durent vingt minutes environ, car au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce temps,<strong>de</strong>s problèmes vestibulaires peuvent surgir (nausées, problèmes d’équilibre). Pour cette raison les expositions en RVsont fractionnées par <strong>de</strong>s pauses (discussion) à l’intérieur d’une séance d’environ une heure.La journée se termine par l’évocation <strong>de</strong>s perspectives futures <strong>de</strong> la technologie positive. Actuellement, la réalitévirtuelle offre un potentiel d’application clinique très intéressant mais encore trop peu exploité (une certaine allergieà la technologie <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s psys ?). Le challenge pour les années à venir sera <strong>de</strong> faire le pont entre RV et réalité(Interreality), en intégrant les expériences virtuelles à <strong>de</strong>s expériences réelles <strong>de</strong> la vie quotidienne.Paolo Cor<strong>de</strong>ra

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