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Couverture 2005 - Académies et Sociétés savantes de Toulouse

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DÉCOR DES MANUSCRITS DE BERNARD DE CASTANET ET ENLUMINURE TOULOUSAINE 237l’épaisseur du volume actuel peut témoigner <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur histoire. Le nombre <strong>de</strong> folios dans chaquemanuscrit dépend <strong>de</strong> l’ampleur du contenu, mais <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts survenus pendant le parcours du manuscritpeuvent l’altérer. Certains auraient été soumis à une perte <strong>de</strong> pages plus ou moins importante, comme c’est lecas du Lat. 5767, composé <strong>de</strong> 25 feuill<strong>et</strong>s <strong>et</strong> contenant seulement, sur sa <strong>de</strong>rnière page actuelle, la table <strong>de</strong>smatières <strong>de</strong> l’Épitomé <strong>de</strong> Florus, précédée <strong>de</strong>s Commentaires <strong>de</strong> César. En ce qui concerne le ms 29 <strong>de</strong>Chambéry, il manque une cinquantaine <strong>de</strong> feuill<strong>et</strong>s au début du manuscrit, car une pagination, effectuée parune main du XVII e siècle, commence à « 101 » <strong>et</strong> correspond au f° 1r° actuel (46). Par contraste, le manuscrit leplus volumineux se compose <strong>de</strong> 368 feuill<strong>et</strong>s (Lat. 6428 B).Le co<strong>de</strong>x est formé par la réunion <strong>de</strong> cahiers <strong>de</strong> parchemin. Dans les dix-sept manuscrits <strong>de</strong> Bernard <strong>de</strong>Castan<strong>et</strong>, le type <strong>de</strong> cahier utilisé est le quinion (ou quinternus). Le quinion est formé <strong>de</strong> 5 bifeuill<strong>et</strong>s, soit 10feuill<strong>et</strong>s ou 20 pages. Comme Marie-Thérèse d’Alverny l’a rapporté, le quinion est le type <strong>de</strong> cahier le plusrépandu dans les manuscrits italiens. Selon les spécialistes <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s manuscrits juridiques, les manuscritsbolonais qui datent <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XIII e <strong>et</strong> du XIV e siècle sont ordinairement composés <strong>de</strong> cahiers duquinion (47). Pour former le cahier, la règle <strong>de</strong> Grégory est systématiquement respectée: le côté poil duparchemin fait face au côté poil <strong>et</strong> le côté chair du parchemin fait face au côté chair, afin que le livre ouvertprésente la surface d’une même couleur <strong>et</strong> d’une même texture. Il est à noter que dans ces dix-sept manuscritsles cahiers commencent toujours côté chair, peut-être une autre caractéristique partagée avec la productionitalienne (48). L’aspect <strong>de</strong>s parchemins utilisés est également homogène dans tous ces manuscrits. Ils paraissentsouvent jaunâtres, présentant quelques imperfections, comme <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its trous <strong>et</strong> déchirures colmatés; engénéral, ils sont plus soli<strong>de</strong>s que le type <strong>de</strong> parchemin appelé vélin.Dans les dix-sept manuscrits, la foliotation en chiffres arabes, portée dans l’angle supérieur droit <strong>de</strong> la pagerecto, est d’époque mo<strong>de</strong>rne (49). Dans l’état primitif <strong>de</strong>s manuscrits, le titre courant, inscrit en margesupérieure <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s pages, indique l’intitulé <strong>de</strong> l’ouvrage ou le numéro du livre <strong>et</strong> sert <strong>de</strong> repérage àl’intérieur <strong>de</strong> chaque volume. Au moment <strong>de</strong> la confection, n’ayant pas la possibilité <strong>de</strong> renvois aux folios, latable du contenu placée à la tête du manuscrit renseigne toujours sur les titres <strong>de</strong>s ouvrages (fig. 3).L’aspect <strong>de</strong>s écrituresLe type d’écriture <strong>de</strong>s livres d’étu<strong>de</strong> est caractérisé par <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> forme moins soutenues: une textualissimplifiée. Leurs textes sont souvent <strong>de</strong>nses, l’espace d’entreligne est plus serré <strong>et</strong> le nombre <strong>de</strong> lignes plusgrand que dans la mise en page <strong>de</strong>s livres <strong>de</strong>stinés à un usage plus solennel comme les livres liturgiques. Lemodule <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres est réduit <strong>et</strong> la forme est simplifiée. Aucun traitement en losange du quadratus, ni d’aspectcarré <strong>de</strong> la tête <strong>et</strong> <strong>de</strong> la base du jambage du prescissus, l’exigence formelle <strong>de</strong> la textualis formata est atténuéedans les écritures employées pour la copie <strong>de</strong>s ouvrages d’étu<strong>de</strong> (50). Cependant, malgré la p<strong>et</strong>itesse <strong>de</strong>l’écriture, le moule <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres conserve une relative largeur, pouvant s’inscrire dans un carré, <strong>et</strong> elles ten<strong>de</strong>nt às’arrondir, particulièrement dans les manuscrits méridionaux. La clarté formelle <strong>de</strong> la minuscule caroline, très46. Cf. Cat. mss. datés, t. VI, p. 157; Caroline HEID-GUILLAUME <strong>et</strong> Anne RITZ, Manuscrits médiévaux <strong>de</strong> Chambéry…, p. 111.47. Marie-Thérèse D’ALVERNY, « Alain <strong>de</strong> Lille… », p. 326; Frank Pi<strong>et</strong>er Willem SOETERMEER, « À propos d’une famille <strong>de</strong> copistes. Quelquesremarques sur la librairie à Bologne aux XIII e <strong>et</strong> XIV e siècles », dans Studi medievali, ser. III, t. XXX (1989), p. 425-478, en particulier p. 448, n. 109.Nous tenons à remercier vivement M. Frank So<strong>et</strong>ermeer d’avoir bien voulu nous donner d’utiles conseils sur <strong>de</strong>s questions codicologiques <strong>de</strong>manuscrits juridiques.48. Dans les manuscrits <strong>de</strong> Moissac, <strong>de</strong>s XI e <strong>et</strong> XII e siècles, le premier recto du cahier est sur le côté poil du parchemin: Jean DUFOUR, Labibliothèque <strong>et</strong> le scriptorium…, p. 40. Le côté poil à l’extérieur du cahier est la disposition habituelle <strong>de</strong>s manuscrits latins dans les scriptoriamonastiques.49. Par c<strong>et</strong>te numérotation mo<strong>de</strong>rne, le feuill<strong>et</strong> qui porte sur son verso la table du contenu <strong>et</strong> l’ex-dono, placé en tête <strong>de</strong> huit manuscrits <strong>de</strong><strong>Toulouse</strong>, est tantôt folioté, tantôt sans foliotation. Les feuill<strong>et</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> certains manuscrits sont également foliotés, ce qui fait que le premierfeuill<strong>et</strong> du texte ne porte pas nécessairement la numérotation « 1 ».50. L’intention <strong>de</strong> ce paragraphe relève <strong>de</strong> la codicologie plutôt que <strong>de</strong> la paléographie: il s’agit d’essayer d’analyser le processus <strong>de</strong> fabricationdu livre. L’approche est empruntée à celle enseignée par Denis MUZERELLE dans Paul GÉHIN (dir.), Lire le manuscrit médiéval. Observer <strong>et</strong> décrire,Paris, <strong>2005</strong>, chapitre 4 « L’écriture » aux p. 85-121. Sur l’introduction générale à la paléographie latine, nous avons consulté: Gerard Isaac LIEFTINCK,« Pour une nomenclature <strong>de</strong> l’écriture livresque <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> dite gothique. Essai s’appliquant spécialement aux manuscrits originaires <strong>de</strong>s Pays-Bas médiévaux », dans Bernhard BISCHOFF, Gerard Isaac LIEFTINCK <strong>et</strong> Giulio BATTELLI, Nomenclature <strong>de</strong>s écritures livresques du IX e au XVI e siècle.Actes du premier colloque international <strong>de</strong> paléographie latine, Paris, 28-30 avril 1953, Paris, 1954, p. 15-34; Bernhard BISCHOFF, Paléographie <strong>de</strong>l’Antiquité romaine <strong>et</strong> du Moyen Âge occi<strong>de</strong>ntal, trad. Hartmut ATSMA <strong>et</strong> Jean VEZIN, Paris, 1985; Albert DEROLEZ, The Palaeography of GothicManuscript Books from the Twelfth to the Early Sixteenth Century, Cambridge, 2003.

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